Bulletin of Sri Aurobindo International
Centre of Education
Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo
|
Contents : |
Table des Matières: |
|
The Yoga of Self-Perfection The Way of Equality — Sri Aurobindo |
Le Yoga de la Perfection de Soi La Voie de l'Égalité — Sri Aurobindo |
|
Sri Aurobindo's Centenary (Translation) —The Mother |
Le Centenaire de Sri Aurobindo (Original) — La Mère |
The Synthesis of Yoga
|
"All Life is Yoga"
Part IV
THE YOGA OF SELF-PERFECTION
CHAPTER XII
THE WAY OF EQUALITY
IT will appear from the description of the complete and perfect equality that this equality has two sides. It must therefore be arrived
at by two successive movements. One will liberate us from the action of
the lower nature and admit us to the calm peace of the divine being; the
other will liberate us into the full being and power of the higher nature
and admit us to the equal poise and universality of a divine and infinite
knowledge, will of action, Ananda. The first may be described as a passive or negative equality, an equality of reception which fronts impassively the impacts and phenomena of existence and negates the dualities
of the appearances and reactions which they impose on us. The second
is an active, a positive equality which accepts the phenomena of existence,
but only as the manifestation of the one divine being and with an equal
response to them which comes from the divine nature in us and transforms
them into its hidden values. The first lives in the peace of the one Brahman and puts away from it the nature of the active Ignorance. The
second lives in that peace, but also in the Ananda of the Divine and imposes on the life of the soul in nature the signs of the divine knowledge,
power and bliss of being. It is this double orientation united by the
common principle which will determine the movement of equality in the
integral Yoga.
The effort towards a passive or purely receptive equality may start
from three different principles or attitudes which all lead to the same result and ultimate consequence, — endurance, indifference and submission.
The principle of endurance relies on the strength of the spirit within us
|
"Toute la Vie est un Yoga"
Livre IV
LA YOGA DE LA PERFECTION DE SOI
Chapitre XII
LA VOIE DE L'ÉGALITÉ
LA description de l'égalité complète et parfaite nous a montré que cette égalité avait deux aspects. On peut donc y parvenir par deux
mouvements successifs. L'un nous libère de l'action de la nature inférieure et nous fait entrer en la calme paix de l'être divin; l'autre nous
libère en l'être de la nature supérieure, dans son plein pouvoir, et nous
fait entrer dans la position égale et l'universalité d'une connaissance, d'une
volonté d'action et d'un Ânanda divins et infinis. Le premier mouvement
peut se décrire comme une égalité passive ou négative, une égalité de
réception qui fait face impassiblement aux chocs et aux phénomènes de
l'existence, nie les dualités des apparences et les réactions qu'elles nous
imposent. Le deuxième est une égalité active, positive, qui accepte les
phénomènes de l'existence, mais seulement en tant que manifestations de
l'être divin unique, et donne une réponse égale à tous les phénomènes,
mais avec la nature divine en nous qui les transforme en leurs valeurs cachées. Le premier mouvement vit dans la paix du Brahman unique et
écarte la nature de l'Ignorance active. Le deuxième vit dans cette paix,
mais aussi dans l'Ânanda du Divin, et il impose à la vie de l'âme dans la
nature les signes de la connaissance, de la béatitude et du pouvoir divins.
Cette double orientation, unie par un principe commun, détermine tout
le mouvement d'égalité dans le yoga intégral.
L'effort d'égalité passive ou purement réceptive peut partir de trois
principes différents ou trois attitudes qui mènent toutes au même résultat, à une même conséquence ultime : l'endurance, l'indifférence et la
|
Page – 4 - 5
|
to bear all the contacts, impacts, suggestions of this phenomenal Nature that besieges us on every side without being overborne by them and compelled to bear their emotional, sensational, dynamic, intellectual reactions. The outer mind in the lower nature has not this strength. Its strength is that of a limited force of consciousness which has to do the best it can with all that comes in upon it or besieges it from the greater whirl of consciousness and energy which environs it on this plane of existence. That it can maintain itself at all and affirm its individual being in the universe, is due indeed to the strength of the spirit within it, but it cannot bring forward the whole of that strength or the infinity of that force to meet the attacks of life; if it could, it would be at once the equal and master of its world. In fact, it has to manage as it can. It meets certain impacts and is able to assimilate, equate or master them partially or completely, for a time or wholly, and then it has in that degree the emotional and sensational reactions of joy, pleasure, satisfaction, liking, love, etc., or the intellectual and mental reactions of acceptance, approval, understanding, knowledge, preference, and on these its will seizes with attraction, desire, the attempt to prolong, to repeat, to create, to possess, to make them the pleasurable habit of its life. Other impacts it meets, but finds them too strong for it or too dissimilar and discordant or too weak to give it satisfaction; these are things which it cannot bear or cannot equate with itself or cannot assimilate, and it is obliged to give to them reactions of grief, pain, discomfort, dissatisfaction, disliking, disapproval, rejection, inability to understand or know, refusal of admission. Against them it seeks to protect itself, to escape from them, to avoid or minimise their recurrence; it has with regard to them movements of fear, anger, shrinking, horror, aversion, disgust, shame, would gladly be delivered from them, but it cannot get away from them, for it is bound to and even invites their causes and therefore the results , for these impacts are part of life, tangled up with the things we desire, and the inability to deal with them is part of the imperfection of our nature. Other impacts again the normal mind succeeds in holding at bay or neutralising and to these it has a natural reaction of indifference, insensibility or tolerance which is neither positive acceptance and enjoyment nor rejection or suffering. To things, persons, happenings, ideas, workings, whatever presents itself to the mind, there are always these three kinds of reaction. At the same |
soumission. Le principe d'endurance S'appuie sur la force de l'esprit en nous pour supporter tous les contacts, les chocs et les suggestions de la Nature phénoménale qui nous assiègent de tous côtés, sans être terrassés par eux ni contraints de subir leurs réactions émotives, sensorielles, dynamiques et intellectuelles. Le mental extérieur dans la nature inférieure n'a pas cette force. Sa force est celle d'une conscience limitée qui doit faire du mieux qu'elle peut avec tout ce qui tombe sur elle ou l'assiège de ce grand tourbillon de conscience et d'énergie qui l'environne sur ce plan d'existence. Le seul fait qu'il puisse subsister tant soit peu et affirmer son être individuel dans l'univers, est certainement dû à la force de l'esprit en lui, mais il est incapable de tirer la totalité de cette force ni l'infinitude de cette puissance pour affronter les attaques de la vie ; s'il le pouvait, il serait tout à la fois l'égal et le maître de son monde. En fait, il doit se débrouiller comme il peut. Il affronte certains chocs et peut les assimiler, les égaler ou les maîtriser partiellement ou complètement, pour un temps ou tout à fait, et, alors, dans cette mesure, il a les réactions émotives et sensorielles de joie, de plaisir, de satisfaction, de sympathie, d'amour, etc., ou les réactions intellectuelles et mentales d'acceptation, d'approbation, de compréhension, de connaissance, de préférence, et sa volonté s'en saisit avec attraction et désir pour tenter de les prolonger, les répéter, les créer, les posséder, d'en faire l'habitude agréable de sa vie. Il affronte certains autres chocs, mais les trouve trop forts pour lui ou trop dissemblables et discordants, ou trop faibles pour y trouver satisfaction, ce sont les éléments qu'il ne peut pas supporter ni mettre en accord avec lui-même, ni assimiler, et il est obligé de leur donner des réactions de chagrin, de douleur, de malaise, d'insatisfaction, de dégoût, de désapprobation, de rejet, d'incapacité de comprendre ou de connaître, de refus d'admettre. Contre eux, il essaye de se protéger, d'y échapper, d'éviter ou de diminuer leur retour ; devant eux, il a des mouvements de peur, de colère, de recul, d'horreur, d'aversion, de dégoût, de honte, et il serait heureux d'en être délivré, mais n'arrive pas à s'en débarrasser, car il y est attaché ou même invite leurs causes et par conséquent les résultats, ces chocs font partie de la vie, ils sont mêlés aux choses mêmes que nous désirons, et l'incapacité d'y faire face fait partie de l'imperfection de notre nature. Il existe d'autres chocs encore, que le mental normal réussit à tenir en échec ou |
Page – 6 - 7
|
time, in spite of their generality, there is nothing absolute about them;
they form a scheme for a habitual scale which is not precisely the same for all
or even for the same mind at different times or in different conditions. The
same impact may arouse in it at one time and another the pleasurable or
positive, the adverse or negative or the indifferent or neutral reactions.
The soul which seeks mastery may begin by turning upon these reactions the encountering and opposing force of a strong and equal endurance. Instead of seeking to protect itself from or to shun and escape the
unpleasant impacts it may confront them and teach itself to suffer and to
bear them with perseverance, with fortitude, an increasing equanimity
or an austere or calm acceptance. This attitude, this discipline brings
out three results, three powers of the soul in relation to things. First, it
is found that what was before unbearable, becomes easy to endure; the
scale of the power that meets the impact rises in degree ; it needs a greater
and greater force of it or of its protracted incidence to cause trouble, pain,
grief, aversion or any other of the notes in the gamut of the unpleasant
reactions. Secondly, it is found that the conscious nature divides itself
into two parts, one of the normal mental and emotional nature in which
the customary reactions continue to take place, another of the higher will
and reason which observes and is not troubled or affected by the passion
Of this lower nature, does not accept it as its own, does not approve, sanction or participate. Then the lower nature begins to lose the force and
power of its reactions, to submit to the suggestions of calm and strength
from the higher reason and will, and gradually that calm and strength
take possession of the mental and emotional, even of the sensational, vital and physical being. This brings the third power and result, the power
by this endurance and mastery, this separation and rejection of the lower
nature, to get rid of the normal reactions and even, if we will, to remould
all our modes of experience by the strength of the spirit. This method
is applied not only to the unpleasant, but also to the pleasant reactions ; the soul refuses to give itself up to or be carried away by them; it endures
with calm the impacts which bring joy and pleasure, refuses to be excited by them and replaces the joy and eager seeking of the mind after
pleasant things by the calm of the spirit. It can be applied too to the
thought-mind in a calm reception of knowledge and of limitation of
|
à neutraliser, et pour eux il a une réaction naturelle d'indifférence, d'insensibilité ou de tolérance, qui n'est ni une acceptation positive
et une jouissance, ni un rejet et une souffrance. Devant les personnes, les choses,
les événements, les idées, les actions et tout ce qui peut se présenter au
mental, nous trouvons toujours ces trois genres de réactions. Pourtant,
en dépit de leur généralité, elles n'ont rien d'absolu, elles forment le
coloris d'une gamme habituelle qui n'est pas précisément la même pour
tous ni même pour un même mental à différents moments ou en diverses
conditions. Le même choc peut éveiller dans le même mental, à un
moment donné, des réactions plaisantes ou positives, et à un autre, des
réactions adverses ou négatives, ou indifférentes et neutres.
L'âme qui cherche la maîtrise peut commencer par opposer à ces
réactions la force combative d'une endurance ferme et égale. Au lieu
d'essayer de se protéger contre les chocs déplaisants, de les fuir et d'y
échapper, elle peut y faire face et apprendre à les supporter et les endurer
avec persévérance et courage, avec une égalité croissante ou une austère
et calme acceptation. Cette attitude ou discipline amène trois résultats,
trois pouvoirs d'âme devant les choses. Premièrement, on s'aperçoit
que ce qui tout d'abord était insupportable, devient facile à endurer : la gamme de pouvoir qui reçoit les chocs s'élève en degré, il faut un
choc d'une force de plus en plus grande ou d'une durée de plus en plus
prolongée pour causer le trouble, la douleur, le chagrin, l'aversion
ou quelque autre note du clavier des réactions déplaisantes. Deuxièmement, on s'aperçoit que la nature consciente se scinde en deux parties : l'une qui appartient à la nature mentale et émotive normale où les réactions habituelles continuent de se dérouler, l'autre qui appartient à une
volonté et à une raison plus hautes, qui observe et n'est pas troublée ni
affectée par la passion de la nature inférieure, qui ne l'accepte pas comme
sienne, ne l'approuve pas, ne l'autorise pas et n'y participe point. Dès
lors, les réactions de la nature inférieure commencent à perdre de leur
force et de leur pouvoir, à se soumettre aux suggestions de calme et de
fermeté de la raison et de la volonté supérieures, et, peu à peu, ce calme
et cette fermeté prennent possession de l'être mental et émotif, même de
l'être sensoriel, du vital et du physique. Ceci amène le troisième pouvoir
et son résultat, c'est-à-dire, par cette endurance et cette maîtrise, par
cette séparation de la nature inférieure et son rejet, le pouvoir de se débarrasser
|
Page – 8 - 9
|
knowledge which refuses to be carried away by the fascination of this
attractive -or repelled by dislike for that unaccustomed or unpalatable
thought-suggestion and waits on the Truth with a detached observation
which allows it to grow on the strong, disinterested, mastering will and
reason. Thus the soul becomes gradually equal to all things, master of
itself, adequate to meet the world with a strong front in the mind and an
undisturbed serenity of the spirit.
The second way is an attitude of impartial indifference. Its method
is to reject at once the attraction or the repulsion of things, to cultivate
for them a luminous impassivity, an inhibiting rejection, a habit of dissociation and desuetude. This attitude reposes less on the will, though
will is always necessary, than on the knowledge. It is an attitude which
regards these passions of the mind as things born of the illusion of the
outward mentality or inferior movements unworthy of the calm truth of
the single and equal spirit or a vital and emotional disturbance to be rejected by the tranquil observing will and dispassionate intelligence of the
sage. It puts away desire from the mind, discards the ego which attributes these dual values to things, and replaces desire by an impartial and
indifferent peace and ego by the pure self which is not troubled, excited
or unhinged by the impacts of the world. And not only is the emotional
mind quieted, but the intellectual being also rejects the thoughts of the
ignorance and rises beyond the interests of an inferior knowledge to the
one truth that is eternal and without change. This way too develops three
results or powers by which it ascends to peace.
First, it is found that the mind is voluntarily bound by the petty
joys and troubles of life and that in reality these can have no inner hold
on it, if the soul simply chooses to cast off its habit of helpless determination by external and transient things. Secondly, it is found that here
too a division can be made, a psychological partition between the
lower or outward mind still subservient to the old habitual touches
and the higher reason and will which stand back to live in the indifferent calm of the spirit. There grows on us, in other words, an
inner separate calm which watches the commotion of the lower members
without taking part in it or giving it any sanction. At first the higher
reason and will may be often clouded, invaded, the mind carried
away by the incitation of the lower members, but eventually this calm
|
des réactions normales, et même, si nous le voulons, de remodeler tous nos modes d'expérience par la force de l'esprit. Cette méthode
s'applique non seulement aux réactions déplaisantes mais aux réactions
plaisantes aussi ; l'âme refuse de s'y abandonner ou de se laisser emporter par elles ; elle endure avec calme les chocs qui apportent la joie et le
plaisir, refuse d'être excitée par eux et remplace la joie et l'avide recherche
mentale des choses plaisantes par le calme de l'esprit. Cette méthode
peut s'appliquer aussi au mental pensant dans une calme réception de la
connaissance et de la limitation de la connaissance, en refusant de se laisser
emporter par la fascination de telle suggestion de pensée attrayante ou
d'être repoussé par le dégoût de telle autre suggestion de pensée inaccoutumée ou désagréable et en servant la Vérité avec une observation
détachée, lui laissant le temps de croître sur le terrain d'une volonté et
d'une raison fortes, désintéressées, maîtresses. Ainsi, peu à peu, l'âme
devient égale devant toutes choses, maîtresse d'elle-même et capable
de faire face au monde avec une forte surface mentale et une sérénité
d'esprit invariable.
La deuxième manière est une attitude d'indifférence impartiale. La
méthode consiste à rejeter immédiatement l'attirance ou la répulsion
des choses, de cultiver à leur égard une lumineuse impassibilité, un rejet
inhibiteur, une habitude de dissociation et de désuétude. Cette attitude
repose moins sur la volonté que sur la connaissance, quoique la
volonté soit toujours nécessaire. C'est une attitude qui considère les
passions du mental comme nées de l'illusion de la mentalité extérieure
ou comme des mouvements inférieurs indignes de la vérité calme de
l'esprit unique et égal, ou comme un dérangement vital et émotif qui doit
être rejeté par la tranquille volonté observatrice et l'intelligence sans passion du sage. Elle écarte le désir du mental, rejette l'ego qui attribue aux
choses ces valeurs dualistes et remplace les désirs par une paix impartiale et indifférente, et l'ego, par le moi pur, non troublé, non excité ni
déséquilibré par les chocs du monde. Et non seulement le mental émotif
est tranquillisé, mais l'être intellectuel également rejette les pensées de
l'ignorance et dépasse les curiosités de la connaissance inférieure pour
monter vers l'unique vérité, éternelle et sans changement. Cette méthode
amène également trois résultats ou trois pouvoirs qui permettent de s'élever à la paix.
|
Page – 10 - 11
|
becomes inexpugnable, permanent, not to be shaken by the most violent touches, na duḥkhena guruṇāpi vicālyate. This inner soul of calm regards the trouble of the outer mind with a detached superiority or a passing uninvolved indulgence such as might be given to the trivial joys and griefs of a child, it does not regard them as its own or as reposing on any permanent reality. And, finally, the outer mind too accepts by degrees this calm and indifferent serenity, it ceases to be attracted by the things that attracted it or troubled by the griefs and pains to which it had the habit of attaching an unreal importance. Thus the third power comes, an all-pervading power of wide tranquillity and peace, a bliss of release from the siege of our imposed fanatic self-torturing nature, the deep undisturbed exceeding happiness of the touch of the eternal and infinite replacing by its permanence the strife and turmoil of impermanent things, brahmasamsparśam atyantam sukham aśnute. The soul is fixed in the delight of the self, ātmaratiḥ, in the single and infinite Ananda of the spirit and hunts no more after outward touches and their griefs and pleasures. It observes the world only as the spectator of a play or action in which it is no longer compelled to participate. The third way is that of submission, which may be the Christian resignation founded on submission to the will of God, or an unegoistic acceptance of things and happenings as a manifestation of the universal Will in time,, or a complete surrender of the person to the Divine, to the supreme Purusha. As the first was a way of the will and the second a way of knowledge, of the understanding reason, so this is a way of the temperament and heart and very intimately connected with the principle of Bhakti. If it is pushed to the end, it arrives at the same result of a perfect equality. For the knot of the ego is loosened and the personal claim begins to disappear, we find that we are no longer bound to joy in things pleasant or sorrow over the unpleasant, we bear them without either eager acceptance or troubled rejection, refer them to the Master of our being, concern ourselves less and less with their personal result to us and hold only one thing of importance, to approach God, or to be in touch and tune with the universal and infinite Existence, or to be united with the Divine, his channel, instrument, servant, lover, rejoicing in -him and in our relation with him and having no other object or cause of joy or sorrow. Here too there may be for some time a division between the lower |
D'abord, on s'aperçoit que le mental est volontairement lié aux petites joies et aux petits troubles de la vie et qu'en réalité ceux-ci ne peuvent pas avoir de prise intérieure sur lui, si l'âme choisit simplement de rejeter son habitude d'obéissance impuissante aux choses extérieures et transitoires. Deuxièmement, on s'aperçoit que, ici aussi, une scission peut s'opérer, une séparation psychologique entre le mental inférieur ou extérieur encore soumis aux vieux contacts habituels, et la raison, la volonté supérieures qui se tiennent en arrière et vivent dans le calme indifférent de l'esprit. En d'autres termes, un calme intérieur séparé grandit en nous et observe les commotions des parties inférieures sans y prendre part ou sans y donner le moindre assentiment. Au début, la raison et la volonté supérieures peuvent souvent être voilées, envahies, le mental emporté par les incitations des parties inférieures, mais finalement ce calme devient inexpugnable, permanent, inébranlé par les contacts les plus violents, na douhkhéna gourounâpi vichâlyaté. Cette âme intérieure de calme regarde les troubles du mental extérieur avec une supériorité détachée ou une indulgence passagère qui ne se laisse pas prendre, comme celle que l'on pourrait avoir pour les joies et les chagrins futiles d'un enfant ; elle ne les considère pas comme siens ni qu'ils reposent sur une réalité permanente. Et finalement, peu à peu, le mental extérieur lui-même accepte aussi cette sérénité calme et indifférente, il cesse d'être attiré par les choses qui l'attiraient ou troublé par les chagrins et les douleurs auxquels il avait l'habitude d'attacher une importance si irréelle. Ainsi, survient le troisième pouvoir, un pouvoir qui imprègne tout de sa paix et de sa vaste tranquillité, une béatitude de délivrance du siège d'une nature qui s'impose à elle-même des tortures fantastiques, et le bonheur extrême, profond et invariable du contact de l'éternel et infini qui remplace par sa présence permanente la lutte et le tumulte des choses impermanentes, brahmasamsparsham atyantam soukham ashnouté. L'âme est fixée en la félicité du moi, âtmaratih, en l'Ânanda unique et infini de l'esprit et n'est plus à la chasse des contacts extérieurs ni de leurs chagrins et de leurs plaisirs. Elle observe simplement le monde comme le spectateur d'une pièce de théâtre ou d'une action à laquelle elle n'est plus contrainte de participer. La troisième manière est celle de la soumission; ce peut être une résignation chrétienne fondée sur la soumission à la. volonté de Dieu, ou |
Page – 12 - 13
|
mind of habitual emotions and the higher psychical mind of love and
self-giving, but eventually the former yields, changes, transforms itself, is
swallowed up in the love, joy, delight of the Divine and has no other interests or attractions. Then all within is the equal peace and bliss of that
union, the one silent bliss that passes understanding, the peace that abides untouched by the solicitation of lower things in the depths of our
spiritual existence.
These three ways coincide in spite of their separate starting-points,
first, by their inhibition of the normal reactions of the mind to the touches
of outward things, bāhya-sparśān, secondly, by their separation of the self
or spirit from the outward action of Nature. But it is evident that our
perfection will be greater and more embracingly complete, if we can have
a more active equality which will enable us not only to draw back from or
confront the world in a detached and separated calm, but to return upon it
and possess it in the power of the calm and equal Spirit. This is possible
because the world. Nature, action are not in fact a quite separate thing,
but a manifestation of the Self, the All-Soul, the Divine. The reactions
of the normal mind are a degradation of the divine values which would
but for this degradation make this truth evident to us, — a falsification,
an ignorance which alters their workings, an ignorance which starts
from the involution of Self in a blind material nescience. Once we
return to the full consciousness of Self, of God, we can then put a true
divine value on things and receive and act on them with the calm, joy,
knowledge, seeing will of the Spirit. When we begin to do that, then the
soul begins to have an equal joy in the universe, an equal will dealing with
all energies, an equal knowledge which takes possession of the spiritual
truth behind all the phenomena of this divine manifestation. It possesses
the world as the Divine possesses it, in a fullness of the infinite light,
power and Ananda.
All this existence can therefore be approached by a Yoga of positive
and active in place of the negative and passive equality. This requires,
first, a new knowledge which is the knowledge of unity, — to see all things
as oneself and to see all things in God and God in all things. There is
then a will of equal acceptance of all phenomena, all events, all happenings,
all persons and forces as masks of the Self, movements of the one energy,
results of the one power in action, ruled by the one divine wisdom ; and
|
une acceptation non égoïste des choses et des événements en tant que
manifestations de la Volonté universelle dans le temps, ou un abandon
complet de notre personne au Divin, au Pourousha suprême. De même
que la première manière était une méthode de la volonté, et la deuxième,
une méthode de la connaissance et du discernement de la raison, de même celle-ci est une méthode du caractère et du cœur et elle est très intimement liée au principe de la bhakti. Poussée jusqu'au bout, elle arrive au
même résultat : une égalité parfaite. Car le nœud de l'ego est desserré
et l'exigence personnelle commence à disparaître ; nous nous apercevons
que nous ne sommes plus liés par la joie des choses agréables, ni affligés
par les choses déplaisantes ; nous les supportons sans acceptation empressée ni rejet troublé, nous les référons toutes au Maître de notre être
en nous occupant de moins en moins de leurs résultats personnels pour
nous, et nous n'attachons d'importance qu'à une seule chose : nous approcher de Dieu, ou être en contact et en harmonie avec l'Existence universelle et infinie, ou être uni au Divin, son canal, son instrument, son
serviteur, son amant, et nous réjouir en Lui et de notre relation avec Lui
sans autre objet ni autre cause de joie ou de chagrin. Ici aussi, une scission
peut se produire pendant un certain temps entre le mental inférieur des
émotions habituelles et le mental supérieur d'amour psychique et de don
de soi, mais finalement le premier cède, change et se transforme, il est
englouti dans l'amour, la joie et la félicité du Divin, et n'a d'autre
intérêt ni d'autre attirance. Alors, au-dedans, tout est paix et béatitude
égales de cette union, tout est l'unique béatitude silencieuse qui dépasse
toute compréhension, une paix qui demeure dans les profondeurs de
notre existence spirituelle, non touchée par les sollicitations des remous
inférieurs.
En dépit de leur point de départ différent, ces trois manières coïncident,
d'abord par leur inhibition des réactions normales du mental aux contacts
extérieurs, bâhya-sparshân, puis par la scission qu'elles opèrent entre le
moi ou esprit et l'action extérieure de la nature. Mais il est évident que
notre perfection sera plus grande et plus complète, qu'elle embrassera
davantage de choses, si nous pouvons avoir une égalité plus active qui
nous permettra, non seulement de nous retirer du monde ou d'y faire face
avec un calme détaché et séparé, mais de revenir à lui et de le posséder
dans le pouvoir de l'Esprit calme et égal. Ce retour est possible parce que,
|
Page – 14 - 15
|
on the foundation of this will of greater knowledge there grows a strength
to meet everything with an untroubled soul and mind. There must be an
identification of myself with the self of the universe, a vision and a feeling
of oneness with all creatures, a perception of all forces and energies and
results as the movement of this energy of my self and therefore intimately
my own; not, obviously, of my ego-self which must be silenced, eliminated,
cast away, — otherwise this perfection cannot come, — but of a greater
impersonal or universal self with which I am now one. For my personality is now only one centre of action of that universal self, but a centre
intimately in relation and unison with all other personalities and also with
all those other things which are to us only impersonal objects and forces: but in fact they also are powers of the one impersonal Person (Purusha),
God, Self and Spirit. My individuality is his and is no longer a thing incompatible with or separated from universal being ; it is itself universalised, a knower of the universal Ananda and one with and a lover of all
that it knows, acts on and enjoys. For to the equal knowledge of the universe and equal will of acceptance of the universe will be added an equal
delight in all the cosmic manifestation of the Divine.
Here too we may describe three results or powers of the method.
First, we develop this power of equal acceptance in the spirit and in the
higher reason and will which respond to the spiritual knowledge. But
also we find that though the nature can be induced to take this general
attitude, there is yet a struggle between that higher reason and will and
the lower mental being which clings to the old egoistic way of seeing the
world and reacting to its impacts. Then we find that these two, though
at first confused, mingled together, alternating, acting on each other,
striving for possession, can be divided, the higher spiritual disengaged
from the lower mental nature. But in this stage, while the mind is still
subject to reactions of grief, trouble, an inferior joy and pleasure, there
is an increased difficulty which does not act to the same extent in a more
sharply individualised Yoga. For not only does the mind feel its own
troubles and difficulties, but it shares in the joys and griefs of others,
vibrates to them in a poignant sympathy, feels their impacts with a subtle
sensitiveness, makes them its own , not only so, but the difficulties of
others are added to our own and the forces which oppose the perfection
act with a greater persistence, because they feel this movement to be an
|
en fait, le monde, la Nature, l'action, ne sont pas quelque chose de complètement séparé mais une manifestation du Moi, de l'Âme-Totale, du
Divin. Les réactions du mental normal sont une dégradation des valeurs
divines ; sans cette dégradation, cette vérité nous apparaîtrait évidente ; elles sont une falsification, une ignorance qui altère le jeu des valeurs, ignorance qui commence avec l'involution du Moi dans une nescience matérielle aveugle. Dès que nous revenons à la pleine conscience du Moi, de
Dieu, nous pouvons attribuer une vraie valeur divine aux choses, les recevoir et agir sur elles avec le calme, la joie, la connaissance, la volonté
clairvoyante de l'Esprit. Quand nous commençons à procéder de la sorte,
l'âme commence à trouver une joie égale dans l'univers, à avoir une volonté égale vis-à-vis de toutes les énergies, une connaissance égale qui
prend possession de la vérité spirituelle derrière tous les phénomènes de
cette manifestation divine. Elle possède le monde comme le Divin le possède, dans une plénitude de lumière, de pouvoir et d'Ânanda infinis.
On peut donc aborder toute cette existence par un yoga d'égalité positive et active au lieu d'une égalité négative et passive. Ceci exige, d'abord,
une nouvelle connaissance, qui est une connaissance de l'unité : voir
toutes choses comme soi-même et voir toutes choses en Dieu, et Dieu en
toutes les choses. Dès lors, nous avons la volonté d'accepter également
tous les phénomènes, tous les événements, toutes les circonstances, toutes les personnes et toutes les forces comme des masques du Moi, des
mouvements de l'unique énergie, des résultats de l'unique pouvoir en
action, gouvernés par l'unique sagesse divine, et sur le fondement de
cette volonté de connaissance plus grande, grandit une force de faire face
à toute chose avec une âme et un mental sans trouble. Nous devons identifier notre moi avec le Moi de l'univers, voir et sentir notre unité avec toutes
les créatures, percevoir que toutes les forces, toutes les énergies, tous les
résultats sont le mouvement de l'énergie de notre moi, et, par conséquent,
intimement nôtres — bien entendu, pas ceux de notre moi égoïste qui
doit être réduit au silence, éliminé, rejeté, sinon cette perfection ne pourrait pas venir, mais d'un moi plus grand, impersonnel ou universel, avec
lequel nous ne faisons désormais plus qu'un. Car, désormais, notre personnalité n'est plus qu'un centre d'action de ce moi universel, mais un
centre en relation intime avec toutes les autres personnalités et en harmonie avec elles, et aussi avec toutes ces autres choses qui, pour nous, sont
|
Page – 16 - 17
|
attack upon and an attempt to conquer their universal kingdom and not
merely the escape of an isolated soul from their empire. But finally, we
find too that there comes a power to surmount these difficulties, the
higher reason and will impose themselves on the lower mind, which sensibly changes into the vast types of the spiritual nature; it takes even a
delight in feeling, meeting and surmounting all troubles, obstacles and
difficulties until they are eliminated by its own transformation. Then
the whole being lives in a final power, the universal calm and joy, the
seeing delight and will of the Spirit in itself and its manifestation.
To see how this positive method works, we may note very briefly its
principle in the three great powers of knowledge, will and feeling. All
emotion, feeling, sensation is a way of the soul meeting and putting
effective values on the manifestations of the Self in nature. But what the
self feels is a universal delight, Ananda. The soul in the lower mind on
the contrary gives it, as we have seen, three varying values of pain, pleasure and neutral indifference, which tone by gradations of less and more
into each other, and this gradation depends on the power of the individualised consciousness to meet, sense, assimilate, equate, master all that comes
in on it from all of the greater self which it has by separative individualisation put outside of it and made as if not-self to its experience. But all
the time, because of the greater Self within us, there is a secret soul which
takes delight in all these things and draws strength from and grows by all
that touches it, profits as much by adverse as by favourable experience.
This can make itself felt by the outer desire soul, and that in fact is why
we have a delight in existing and can even take a certain kind of pleasure
in struggle, suffering and the harsher colours of existence. But to get the
universal Ananda all our instruments must learn to take not any partial
or perverse, but the essential joy of all things. In all things there is
a principle of Ananda, which the understanding can seize on and the aesthesis feel as the taste of delight in them, their rasa;
but ordinarily they put upon them instead arbitrary, unequal and contrary values
: they have to be led to perceive things in the light of the spirit and to
transform these provisional values into the real, the equal and essential, the
spiritual Rasa. The life-principle is there to give this seizing of the
principle of delight, rasa-grahaṇa, the form of a strong possessing enjoyment, bhoga, which r
makes the whole life-being vibrate with it and accept and rejoice in it; |
simplement des objets et des forces impersonnelles — mais qui, en fait,
sont aussi des pouvoirs de l'unique Personne impersonnelle, Pourousha,
Dieu, Moi et Esprit. Notre individualité est la sienne et n'est plus une
chose incompatible avec l'être universel ni séparée de lui ; elle s'est universalisée, elle connaît l'Ânanda universel, elle est une avec tout et amante
de tout ce qu'elle connaît, tout ce sur quoi elle agit et tout ce dont elle
jouit. Car, à notre connaissance égale de l'univers et à notre volonté égale
d'acceptation de l'univers, s'ajoutera une félicité égale en toute la manifestation cosmique du Divin.
Ici aussi, nous pouvons décrire trois résultats ou pouvoirs de cette
méthode. D'abord, nous acquérons un pouvoir d'acceptation égale en
esprit, dans la raison et la volonté supérieures, qui se mettent à répondre
à la connaissance spirituelle. Mais nous nous apercevons aussi que, bien
que la nature puisse être induite à prendre cette attitude générale, il reste
encore un conflit entre la raison ou la volonté supérieures et l'être mental
inférieur qui s'accroche à la vieille manière égoïste de voir le monde et de
réagir à ses chocs. Puis nous nous apercevons que l'être supérieur et l'être
inférieur — bien qu'ils soient tout d'abord enchevêtrés, mélangés l'un
à l'autre et qu'ils alternent, agissent l'un sur l'autre et luttent pour prendre
le dessus —, peuvent être scindés, et la nature spirituelle supérieure séparée de la nature mentale inférieure. Mais à ce stade, tant que le mental
est encore soumis aux réactions de chagrin, de trouble, aux joies et aux
plaisirs inférieurs, nous nous heurtons à une difficulté accrue, qui n'existe
pas dans la même mesure dans les yoga plus strictement individualistes.
Car, non seulement le mental éprouve ses propres troubles et ses propres
difficultés, mais il partage les joies et les chagrins des autres, vibre à leur
contact avec une sympathie poignante, sent leur choc avec une sensibilité subtile, et les faits siens , en outre, les difficultés des autres viennent
s'ajouter aux nôtres et les forces qui s'opposent à la perfection agissent
avec une opiniâtreté d'autant plus grande qu'elles sentent que ce mouvement est une attaque contre leur royaume universel, une tentative de
conquête, et qu'il ne s'agit pas seulement d'une âme isolée qui échappe
à leur emprise. Mais finalement, nous nous apercevons aussi que vient
un pouvoir de surmonter ces difficultés ; la raison et la volonté supérieures s'imposent au mental inférieur, qui se change visiblement en l'un
des vastes types de la nature spirituelle ; il trouve même une félicité à
|
Page – 18 - 19
|
but ordinarily it is not, owing to desire, equal to its task, but turns it into
the three lower forms, — pain and pleasure, sukha-bhoga duḥkha-bhoga,
and that rejection of both which we call insensibility or indifference. The
Prana or vital being has to be liberated from desire and its inequalities
and to accept and turn into pure enjoyment the rasa which the understanding and aesthesis perceive. Then there is no farther obstacle in the
instruments to the third step by which all is changed into the full and pure
(
ecstasy of the spiritual Ananda.
In the matter of knowledge, there are again three reactions of the mind
to things, ignorance, error and true knowledge. The positive equality
will accept all three of them to start with as movements of a self-manifestation which evolves out of ignorance through the partial or distorted
knowledge which is the cause of error to true knowledge. It will deal
with the ignorance of the mind, as what it is psychologically, a clouded,
veiled or wrapped-up state of the substance of consciousness in which
the knowledge of the all-knowing Self is hidden as if in a dark sheath; it will dwell on it by the mind and by the aid of related truths already
known, by the intelligence or by an intuitive concentration deliver the knowledge out of the veil of the ignorance. It will not attach itself only to the
known or try to force all into its little frame, but will dwell on the known
and the unknown with an equal mind open to all possibility. So too it will
deal with error; it will accept the tangled skein of truth and error, but
attach itself to no opinion, rather seeking for the element of truth behind
all opinions, the knowledge concealed within the error, — for all error is
a disfiguration of some misunderstood fragments of truth and draws its
vitality from that and not from its misapprehension; it will accept, but
not limit itself even by ascertained truths, but will always be ready for
new knowledge and seek for a more and more integral, a more and more
extended, reconciling, unifying wisdom. This can only come in its fullness by rising to the ideal supermind, and therefore the equal seeker of
truth will not be attached to the intellect and its workings or think that
all ends there, but be prepared to rise beyond, accepting each stage of
ascent and the contributions of each power of his being, but only to lift
them into a higher truth. He must accept everything, but cling to nothing,
be repelled by nothing however imperfect or however subversive of fixed
notions, but also allow nothing to lay hold on him to the detriment of the
|
sentir, à affronter et surmonter tous les troubles, tous les obstacles et
les difficultés, jusqu'à ce qu'ils soient éliminés par sa propre transformation. Dès lors, l'être tout entier vit dans un pouvoir définitif, dans la
joie et le calme universels, dans la félicité et la volonté clairvoyantes de
l'Esprit en soi et dans sa manifestation.
Pour comprendre le fonctionnement de cette méthode positive, nous
pouvons noter très brièvement son principe dans les trois grands pouvoirs de connaissance, de volonté et de sentiment. Toute émotion, tout
sentiment, toute sensation est, pour l'âme, une manière d'entrer en contact avec les manifestations du Moi dans la nature et de leur donner des
valeurs réelles. Mais ce que le Moi éprouve, est une félicité universelle,
Ânanda. Tandis que l'âme dans le mental inférieur, nous l'avons vu,
donne à cette félicité trois valeurs variables, de douleur, de plaisir et
d'indifférence neutre, qui passent de l'une à l'autre par des gradations plus
ou moins fortes, et ces gradations dépendent du pouvoir de la conscience
individualisée de rencontrer, sentir, assimiler, neutraliser ou maîtriser
tout ce qui vient à elle du Moi plus grand qu'elle a exilé d'elle-même par
son individualisation séparatrice et changé en un non-moi dans son expérience. Mais tout le temps, à cause de ce Moi plus grand en nous,
une âme secrète est là qui trouve une félicité à toutes ces choses, qui y
puise de la force, croît par tout ce qui la touche, et profite autant des expériences adverses que des expériences favorables. Cette félicité peut même
être perçue pan l'âme extérieure de désir, et, en fait, c'est à cause d'elle
que nous avons de la joie à exister et pouvons même trouver un certain
genre de plaisir dans la lutte, la souffrance et les couleurs plus stridentes de
l'existence. Mais pour acquérir l'Ânanda universel, tous nos instruments
doivent apprendre à trouver la joie essentielle de toutes choses au lieu
d'une joie partielle et pervertie. En toutes choses, il existe un principe
d'Ânanda, que la compréhension peut saisir et la sensibilité sentir tel
un goût de félicité qui est en elles, leur rasa ; mais d'ordinaire, au lieu de
cela, elles leur donnent des valeurs arbitraires, inégales, contradictoires ;
il faut donc les amener à percevoir les choses à la lumière de l'esprit
et à transformer ces valeurs provisoires en le rasa réel, égal, essentiel et
spirituel. Le principe de vie est là pour donner à cette préhension du
principe de félicité, rasagrahana, la forme d'une forte jouissance de possession, bhôga, qui fait que tout l'être vital vibre, l'accepte et s'en réjouit ;
|
Page – 20 - 21
|
free working of the Truth-Spirit. This equality of the intelligence is an
essential condition for rising to the higher supramental and spiritual knowledge.
The will in us, because it is the most generally forceful power of our
being, — there is a will of knowledge, a will of life, a will of emotion, a
will acting in every part of our nature, — takes many forms and returns
various reactions to things, such as incapacity, limitation of power, mastery, or right will, wrong or perverted will, neutral volition, — in the
ethical mind virtue, sin and non-ethical volition, — and others of the kind.
These too the positive equality accepts as a tangle of provisional values
from which it must start, but which it must transform into universal
mastery, into the will of the Truth and universal Right, into the freedom
of the divine Will in action. The equal will need not feel remorse, sorrow or discouragement over its stumblings, if these reactions occur in
the habitual mentality, it will only see how far they indicate an imperfection and the thing to be corrected, — for they are not always just indicators, — and so get beyond them to a calm and equal guidance. It
will see that these stumblings themselves are necessary to experience
and in the end steps towards the goal. Behind and within all that occurs
in ourselves and in the world, it will look for the divine meaning and the
divine guidance, it will look beyond imposed limitations to the voluntary
self-limitation of the universal Power by which it regulates its steps and
gradations, — imposed on our ignorance, self-imposed in the divine knowledge, — and go beyond to unity with the illimitable power of the Divine.
All energies and actions it will see as forces proceeding from the one
Existence and their perversions as imperfections, inevitable in the developing movement, of powers that were needed for that movement; it
will therefore have charity for all imperfections, even while pressing
steadily towards a universal perfection. This equality will open the nature to the guidance of the divine and universal Will and make it ready
for that supramental action in which the power of the soul in us is luminously full of and one with the power of the supreme Spirit.
The integral Yoga will make use of both the passive and the active
methods according to the need of the nature and the guidance of the inner
spirit, the Antaryamin. It will not limit itself by the passive way, for that
would lead only to some individual quietistic salvation or negation of an
|
mais d'ordinaire, à cause du désir, il n'est pas égal à sa tâche et change
cette félicité en trois formes inférieures, de douleur, de plaisir,
soukha-bhôga douhkha-bhôga, ou de rejet de l'un et de l'autre, ce que nous appelons l'insensibilité ou indifférence. Le prâna, ou être vital, doit se libérer
du désir et de ses inégalités, il doit accepter et changer en jouissance pure
le rasa perçu par la compréhension et la sensibilité. Dès lors, les
instruments n'offrent plus d'obstacle au troisième pas où tout se change
en l'extase pleine et pure de l'Ânanda spirituel.
Dans le domaine de la connaissance, de même, il existe trois réactions mentales vis-à-vis des choses : l'ignorance, l'erreur et la vraie
connaissance. L'égalité positive les acceptera toutes trois pour commencer, comme des mouvements de la manifestation du moi qui part de
l'ignorance et, à travers la connaissance partielle et déformée qui est la
cause de l'erreur, arrive à la vraie connaissance. Elle traitera l'ignorance
du mental pour ce qu'elle est psychologiquement, un état où la substance
de la conscience est obscurcie, voilée ou enveloppée, où la connaissance
du Moi Tout-Connaissant est cachée comme dans une enveloppe obscure ; elle se concentrera sur le Moi par le mental, et à l'aide des vérités
apparentées déjà connues, avec l'intelligence ou par une concentration
intuitive, elle délivrera la connaissance de son voile d'ignorance. Elle ne
s'attachera pas seulement à ce qui est connu, ni n'essayera de tout faire
entrer de force dans son petit cadre, mais traitera le connu et l'inconnu
avec un mental égal, ouvert à toute .possibilité. Elle traitera de même
l'erreur ; elle acceptera l'écheveau embrouillé de la vérité et de l'erreur
mais ne s'attachera à aucune opinion et cherchera plutôt l'élément de
vérité qui est derrière toutes les opinions, la connaissance cachée dans
l'erreur — car toute erreur est un fragment de vérité incompris et défiguré, et c'est de cela, et non de son interprétation fausse que l'erreur tire
sa vitalité ; elle acceptera, mais ne se laissera pas limiter même par les
vérités établies, elle sera toujours prête à une connaissance nouvelle et à
la recherche d'une sagesse réconciliatrice et unificatrice toujours plus
intégrale, toujours plus étendue. Celle-ci ne peut venir pleinement qu'en
s'élevant au supramental idéal, par conséquent, le chercheur égal de la
vérité ne s'attachera pas à l'intellect et à ses opérations et ne pensera
pas que tout s'arrête là, il sera prêt à s'élever plus haut, acceptant chaque
étape de l'ascension et la contribution de chacun des pouvoirs de son être,
|
Page – 22 - 23
|
active and universal spiritual being which would be inconsistent with the
totality of its aim. It will use the method of endurance, but not stop short
with a detached strength and serenity, but move rather to a positive
strength and mastery, in which endurance will no longer be needed, since
the self will then be in a calm and powerful spontaneous possession of
the universal energy and capable of determining easily and happily all its
reactions in the oneness and the Ananda. It will use the method of impartial indifference, but not end in an aloof indifference to all things, but rather move towards a high-seated impartial acceptance of life strong to
transform all experience into the greater values of the equal spirit. It will
use too temporarily resignation and submission, but by the full surrender
of its personal being to the Divine it will attain to the all-possessing
Ananda in which there is no need of resignation, to the perfect harmony
with the universal which is not merely an acquiescence, but an embracing
oneness, to the perfect instrumentality and subjection of the natural self to
the Divine by which the Divine also is possessed by the individual spirit.
It will use fully the positive method, but will go beyond any individual
acceptance of things which would have the effect of turning existence into a field only of the perfected individual knowledge, power and Ananda.
That it will have, but also it will have the oneness by which it can live in
the existence of others for their sake and not only for its own and for their
assistance and as one of their means, an associated and helping force in
the movement towards the same perfection. It will live for the Divine,
not shunning world-existence, not attached to the earth or the heavens,
not attached either to a supracosmic liberation, but equally one with the
Divine in all his planes and able to live in him equally in the Self and in
the manifestation.
S |
mais seulement pour les hausser à une vérité plus haute. Il doit tout
accepter, mais ne s'accrocher à rien, n'être repoussé par aucune chose,
si imparfaite soit-elle ou subversive des notions établies, mais il ne doit
pas non plus permettre que rien ne s'empare de lui au détriment du libre
fonctionnement de l'Esprit de Vérité. Cette égalité de l'intelligence est
une condition essentielle pour s'élever à la connaissance supérieure,
supramentale et spirituelle.
La volonté en nous, parce qu'elle est généralement le pouvoir le plus
puissant de notre être (il existe une volonté de connaissance, une volonté
de vie, une volonté des émotions, une volonté agissant dans chaque partie
de notre nature), prend bien des formes et répond aux choses par des réactions variées, telles 'l'incapacité, la limitation du pouvoir, la maîtrise,
ou la volonté juste, la volonté fausse ou pervertie, la volition neutre (dans
le mental éthique, la vertu, le péché et la volition non éthique), et d'autres
du même genre. L'égalité positive accepte aussi tout cela comme un enchevêtrement de valeurs provisoires qui représentent son point de départ,
mais qu'elle doit transformer en une maîtrise universelle, en une volonté
de Vérité et de Rectitude universelle, en la liberté de la Volonté divine
en action. La volonté égale n'a pas besoin de sentir de remords, de douleur ni de découragement pour ses trébuchements, si ces réactions se
produisent dans sa mentalité habituelle, elle verra seulement dans quelle
mesure elles indiquent une imperfection et ce qui est à corriger (car elles
ne sont pas toujours des indices justes) et ainsi les dépassera pour trouver
au-delà une gouverne égale et calme. Elle verra que même ces trébuchements sont nécessaires à l'expérience, et finalement que ce sont des pas qui
conduisent au but. Derrière et dans tout ce qui arrive en nous-mêmes et
dans le monde, elle cherchera la signification divine et la direction divine,
par-delà les limitations imposées, elle verra une limitation volontaire du
Pouvoir universel, par laquelle il règle ses pas et ses degrés — imposée
à notre ignorance, volontaire dans la connaissance divine —, et elle les
dépassera pour s'unir au pouvoir illimité du Divin. Elle verra toutes les
énergies et toutes les actions comme des forces qui viennent de l'unique
Existence, et leurs perversions comme des imperfections — inévitables
dans le déroulement du mouvement — de pouvoirs qui étaient nécessaires à ce mouvement. Ainsi, elle sera charitable pour toutes les imperfections, tout en poussant fermement à une perfection universelle.
|
Page – 24 - 25
|
Cette égalité ouvrira la nature à la direction de la Volonté divine et universelle et la préparera à l'action supramentale en laquelle le pouvoir de
l'âme en nous est lumineusement plein du pouvoir de l'Esprit suprême
et ne fait qu'un avec lui.
Le yoga intégral se servira des deux méthodes, passive et active, selon le besoin de la nature et la direction de l'esprit intérieur,
l'antaryâmine.
Il ne s'en tiendra pas à la méthode passive, qui conduirait seulement à
quelque salut individuel quiétiste ou à la négation de l'être actif universel
et spirituel, ce qui serait en contradiction avec la totalité de son but. Il
se servira de la méthode de l'endurance mais ne se contentera pas d'une
force et d'une sérénité détachées, il s'acheminera plutôt vers une force
et une maîtrise positives où l'endurance ne sera plus nécessaire parce que
le moi sera spontanément, calmement et puissamment en possession de
l'énergie universelle, et capable de décider facilement et joyeusement de
toutes ses réactions dans l'unité de l'Ânanda. Il se servira de la méthode
de l'indifférence impartiale mais ne finira pas dans une indifférence lointaine vis-à-vis de toutes choses, il s'acheminera plutôt vers une haute
acceptation impartiale de la vie, suffisamment forte pour transformer
toutes les expériences en les valeurs plus grandes de l'esprit égal. Il se
servira aussi, temporairement, de la résignation et de la soumission mais,
par l'abandon complet de son être personnel au Divin, il parviendra à
l'Ânanda qui possède tout, et là il n'est point besoin de résignation ; à
l'harmonie parfaite avec l'universel, qui n'est point simplement un
acquiescement mais une unité qui embrasse tout ; au service parfait et à
la sujétion parfaite du moi naturel au Divin, qui donnent aussi la possession du Divin par l'esprit individuel. Il se servira pleinement de la méthode positive mais ne s'arrêtera pas à une acceptation individuelle des
choses, qui changerait simplement l'existence en un terrain de connaissance, de pouvoir et d'Ânanda individuels parfaits. Ceci, il l'aura, mais il
aura aussi l'unité qui permet de vivre dans l'existence des autres, pour leur
bien et pas seulement pour le sien, pour leur donner assistance et comme
l'un de leurs moyens, comme une force associée aidant au même mouvement de perfection. Il vivra pour le Divin, ne fuira pas l'existence du
monde, ne sera pas attaché à la terre ni aux cieux, pas attaché non plus à
quelque libération supracosmique ; il sera uni au Divin sur tous ses plans
également et capable de vivre en lui également, dans le Moi comme dans
la manifestation.
S
|
The tree of the knowledge of good and evil with its sweet and bitter fruits
is secretly rooted in the very nature of the Inconscience from which our being
has emerged and on which it still stands as a nether soil and basis of our
physical existence ; it has grown visibly on the surface in the manifold branchings of
the Ignorance which is still the main bulk and condition of our consciousness in its difficult
evolution towards a supreme consciousness and an integral awareness. As long as there is this soil with
the unfound roots in it
and this nourishing air and climate of Ignorance, the tree will grow and flourish
and put forth its dual blossoms and its fruit of mixed nature. It would follow
that there can be no final solution until we have turned our inconscience into
the greater consciousness, made the truth of self and spirit our life-basis and
transformed our ignorance into a higher knowledge. All other expedients will
only be makeshifts or blind issues ; a complete and radical transformation of our nature is
the only true solution.
S
(The Life Divine, XIV.
558)
L'arbre de la connaissance avec ses fruits doux et amers est secrètement
enraciné dans la nature même de l'Inconscience d'où notre être a émergé et sur
laquelle il repose encore, tels le sol et la base de notre existence physique —
il a grandi visiblement à la surface avec les nombreuses ramifications de
l'Ignorance qui constituent encore la majeure partie et la condition principale
de notre conscience en sa difficile évolution vers une suprême conscience et
une perception intégrale. Tant que ce sol restera avec ses racines non découvertes et cet air nourrissant, ce climat d'Ignorance, l'arbre grandira, foisonnera
et fera pousser sa double floraison et ses fruits de nature mélangée. Il s'ensuit
qu'il ne peut pas y avoir de solution finale tant que nous n'aurons pas changé
notre inconscience en une conscience plus grande et fait de la vérité du moi
et de l'esprit la base de notre vie, transformé notre ignorance en une connaissance plus haute. Tous les autres expédients seront seulement des moyens
de fortune et des voies sans issue — une transformation complète et radicale
de notre nature est la seule vraie solution.
SRI
AUROBINDO
(Thé Life Divine, XIV. 558) |
Page – 26 - 27
|
Sri Aurobindo
XI
Saturday, November 6, 1926
During the first part of the week I was disturbed by some movements
of the vital which were possibly due to a hostile influence. And even
when the possibility of the influence was removed some anxiety was
still felt, due perhaps only to the novelty of the movement. But later
this anxiety was thrown away and calm came again.
The chief difficulty is always the activity of the mind. It is neither
possible to quiet it completely nor to stand aside from it. Even when
for some very short time it does not interfere with the concentration,
it is not truly quiet and resumes its activity at the very first opportunity. It seems to me that if it were possible to quiet it, progress would be
rapid, for concentration would be easy. Now I am always disturbed
and concentration is very imperfect.
THIS
activity of the physical mind will only be completely transformed when the physical itself will be changed, but what should
be arrived at is that during meditation, it be simply dropped off.
But what of the activity of the mind that observes what is going on
and expresses it? Shall I try to suppress it?
Not suppress, but simply discard it. But there are movements of
the mind more true in character, that are reflections from above and bear
some stamp of truth. Are these not of this kind ?
|
Sri Aurobindo
XI
Samedi 6 novembre 1926
Pendant la première partie de la semaine, j'ai été dérangé par certains mouvements du vital, dus peut-être à une influence hostile. Et même quand la possibilité de cette influence a été éliminée, je sentais encore une certaine inquiétude, peut-être seulement à cause de la nouveauté du mouvement. Mais ces jours derniers, cette inquiétude a été rejetée et le calme est revenu. La difficulté principale reste toujours cette activité du mental. Il n'est ni possible de la faire taire complètement ni de s'en dégager. Même quand (pour très peu de temps) il n'intervient pas dans la concentration, il n'est pas vraiment tranquille et recommence son activité à la première occasion. Il me semble que si l'on pouvait le rendre silencieux, le progrès serait rapide, car la concentration deviendrait facile. Actuellement, je suis constamment dérangé, et la concentration est très imparfaite.
CETTE activité du mental physique ne sera complètement transformée
que quand le physique lui-même sera changé. Mais on doit parvenir
à la laisser tomber purement et simplement pendant la méditation.
Mais que faire de l'activité du mental qui observe ce qui se passe et
l'exprime ? Dois-je essayer de la refouler ?
Pas la refouler — tout simplement la laisser de côté. Mais il existe
des mouvements du mental qui sont d'un caractère plus vrai, qui sont |
Page – 28 - 29
|
I don't think so. There is nothing of a special true character in them.
They are ordinary mental movements, as far as I can see.
Nowadays at the beginning of every meditation I call in the force to
effect this silencing of the mind and, open to it, let it work it out.
I suppose this is correct.
Yes, it is.
(silence)
What did you say to Mme. X. ?
I told her what you said, but as coming from me. I told her that
you would not allow any of us to make any political move and that
from the very beginning you have kept the same attitude. I suggested that a third party should go and meet these gentlemen from Ch.
and hint at what was behind the present situation, explaining also
the attitude of the Governor and of X's family towards us. And I
said that if their suspicion had been aroused, they would have come
here for information and that they would have been told the truth,
etc., etc.,...
Nolini told me that she said she was surprised that we would not
move for them after what they did for us.
No. I did not mean that. I said simply that I took care to explain in
the right way in order to avoid such feeling.
They must understand that I cannot and will not take any step in
any political affair.1
And what they might expect from me is purely
spiritual. The only thing they can expect for the help they gave you and
1 Let us recall that Sri Aurobindo was a political refugee in French India and that the British
would have been only too happy to seize the least opportunity to obtain his extradition.
|
des reflets d'en haut et ont un certain cachet de vérité. N'avez-vous
rien vu de ce genre ?
Je ne crois pas. Aucun de ces mouvements est d'un caractère particulièrement vrai. Ce sont des mouvements mentaux ordinaires, autant que je sache.
Ces jours-ci, au début de chaque méditation, je fais appel à la
force pour effectuer le silence mental, puis, m'étant ouvert à elle,
je la laisse faire. Je suppose que c'est correct ?
Oui, c'est correct.
(silence)
Qu'avez-vous dit à Mme X. ?
Je lui ai dit ce que vous aviez dit, mais comme si cela venait de moi.
Je lui ai expliqué que vous n'autorisiez aucune démarche politique
à aucun d'entre nous, et que depuis le début, vous aviez gardé la
même attitude. J'ai suggéré qu'une troisième personne devrait aller
rencontrer ces messieurs de Ch. et leur dire un mot des dessous de
la situation actuelle, expliquant en même temps l'attitude du Gouverneur et de la famille
de X. vis-à-vis de nous. Et je lui ai dit que si
leurs soupçons avaient été éveillés, ils seraient venus ici s'informer
et on leur aurait dit la vérité, etc., etc., ...
Nolini m'a raconté qu'elle avait dit être surprise de ce que nous ne
fassions aucune démarche pour eux après ce qu'ils avaient fait pour
nous ?
Non, je n'ai pas voulu dire cela. J'ai simplement dit que j'avais
pris soin d'expliquer les choses de la vraie manière afin d'éviter ce
genre de sentiments.
|
Page – 30 - 31
|
Mme. Z. is a spiritual return. And if they can receive it, it is «& s%&.,
My only action is on a spiritual plane and when I decide to act in a case
like this, it is from above. When C. R. came to me asking for help I did
not act otherwise. For sometime he remained open and was able to
receive something. He succeeded in all he did and even recovered from ill
health. After sometime he severed the connection. He had asked me for
some public recognition, some public blessing, etc. This I refused to
give. And if the Xs use the power for public good ... But you know how
the political atmosphere is corrupt here!
May I tell her this ?
Well ! by and by, and if the opportunity offers itself. You may tell
her that I have retired completely from physical action for the present
and am engaged only in spiritual work.
*
**
Saturday, November 6, 1926
Interview with Mother
7 p.m.
The day was calm and peaceful. During my meditation this evening,
all the work was in the outer consciousness. A peaceful and calm
light descended which filled all the upper part of the body, without
it being possible to tell exactly whence it emanated. And a work of
calming went on in the outer mind. The lowest centre was also active — in short, the entire outer consciousness. In this case I make
no effort to concentrate within myself.
Mother : Yes, naturally it is necessary to follow the movement of the
|
Ils doivent comprendre que je ne peux pas et ne veux pas me mêler d'affaires politiques1. Et que ce qu'ils peuvent attendre de moi, est d'ordre purement spirituel. La seule chose qu'ils peuvent espérer en retour de l'aide qu'ils vous ont donnée, ainsi que Mme. Z., est un gain spirituel. Et s'ils le reçoivent, c'est très bien. Ma seule action concerne le plan spirituel et quand je décide d'agir dans un cas comme celui-ci, la décision vient d'en haut. Lorsque C.R. est venu me voir pour me demander de l'aide, je n'ai pas fait autrement. Pendant un certain temps, il est resté ouvert et il a été capable de recevoir quelque chose. Il a réussi dans tout ce qu'il entreprenait, et il a même été guéri de sa mauvaise santé. Au bout de quelque temps, il a rompu le contact. Il m'avait demandé certaine reconnaissance publique, des bénédictions publiques etc., et cela, j'ai refusé de le faire. Et si les X. utilisent le pouvoir pour le bien public ... Mais vous savez comme l'atmosphère politique est corrompue ici !
Puis-je lui dire cela ?
Hem ! plus tard, et si l'occasion se présente. Vous pouvez dire que
je me suis complètement retiré de toute action physique pour le moment
et que je m'occupe seulement du travail spirituel.
*
**
Samedi 6 novembre 1926
Entrevue avec Mère
7h du soir.
La journée a été calme et paisible. Pendant ma méditation ce soir,
tout le travail a été dans la conscience extérieure. Une lumière paisible
1 Rappelons que Sri Aurobindo était un réfugié politique en Inde dite française et que les
Britanniques auraient été trop heureux de saisir la moindre occasion pour obtenir son extradition.
|
Page – 32 - 33
|
force. It is a work of stopping this outer consciousness so that there would be only one consciousness henceforth.
There is an entire part of the mind which always remains active, it is
that which observes. Rather the one which formulates what I observe
in words. It follows the experience and expresses it. I can't stop it.
For the moment that does not matter. You are not conscious of a
thing except when it is expressed in words. For the moment this is still
necessary.
But later even that must disappear?
You will be conscious directly, without this intermediary. Naturally for expression words will always be necessary. But even then the mind
is no longer required.
When he wrote the Arya, his mind was absolutely silent, passive.
The consciousness was high above in the supermind, and only that kind
of consciousness which is in the hand formed the words. He was conscious of them as they were being expressed. From the intellectual point
of view the Arya is perfect : clarity, order, logic. And yet the mind has
no part in it. That does not mean that the mind is useless. It has certain useful activities, but it is a ...
(here, eight pages are torn out)
|
et calme est descendue qui occupait tout le haut du corps, sans qu'il soit possible de dire exactement d'où elle émanait. Et un travail de pacification se produisait dans le mental extérieur. Le centre le plus inférieur était aussi actif — bref, toute la conscience extérieure. Dans ce cas, je ne fais aucun effort pour me concentrer intérieurement.
Mère : Oui, naturellement il faut suivre le mouvement de la force.
C'est un travail de suppression de cette conscience extérieure afin qu'il
n'y ait plus qu'une seule conscience.
Il y a toute une partie du mental qui reste toujours active, c'est celle
qui observe. Plutôt qui formule en paroles ce que j'observe. Elle suit
l'expérience et exprime. Je ne peux pas l'arrêter.
Pour le moment, cela ne fait rien. Vous n'êtes conscient d'une chose
que lorsqu'elle est exprimée en paroles. Pour le moment, c'est encore
nécessaire.
Mais plus tard, ceci même doit disparaître?
Vous serez conscient directement, sans cet intermédiaire. Naturellement, pour l'expression, la parole sera toujours nécessaire. Mais même
alors le mental n'est plus nécessaire.
Lorsqu'il écrivait l'Arya, son mental était absolument silencieux,
passif. La conscience était en haut, dans le supramental, et c'est l'espèce
de conscience qui est dans la main, qui formait les paroles. Il en était
conscient au fur et à mesure qu'elles s'exprimaient. Au point de vue
intellectuel, l'Arya est parfait : clarté, ordre, logique. Et pourtant, le
mental n'y est pour rien. Cela ne veut pas dire que le mental soit inutile.
Il a certaines activités utiles, mais c'est un...
(ici, huit pages ont été déchirées)
*
**
|
Page – 34 - 35
|
... ?
The beginning of this conversation
with Mother is torn out.
Mother : ... manifestation.
It is not possible that some mental elements come from one source
and others from another?
Yes, but this is not generally important. In some cases, as in Egypt
for instance, there was an advanced occult knowledge. Certain men accumulated a mental occult knowledge which remained there, quite ready.
And when you enter into contact with it, it is at your disposal. But such
cases are rare. Generally, these are tendencies or perhaps it is a faculty
or some more or less important remembrance.
This divine aspect is, in shorts the individual Higher Self?
You are speaking of the jiva, the individual element which persists
and presides over the reincarnations ? It is more than that. These jivas,
mostly, except for certain very rare cases, are like emanations of divine
beings who have put forth outside themselves numerous jivas. And it
is these jivas that incarnate.
In your case the divine aspect in question has put itself forth in
jivas. But there is one of these which represents more directly this aspect
— as the direct projection or emanation by which it will find its fulfilment. And this jiva, from what I can see, has already incarnated thrice
upon earth, you would be the fourth. When an emanation like this
prepares and chooses its vehicle, that preparation is made all the same
under the distant guidance of this force. And often there are certain tendencies in childhood which cannot be understood till the day one becomes conscious of the aim of one's life. Then these tendencies, sometimes quite opposed to the milieu, to heredity, take on their
raison d'être.
|
Le ...?
Le début de cette conversation avec Mère a été déchiré.
Mère : ... manifestation.
Ne se peut-il pas que certains éléments mentaux proviennent d'une source et tels autres d'une autre ?
Oui, mais ce n'est pas en général important. Dans certains cas, comme
en Égypte par exemple, il y avait une connaissance occulte avancée.
Certains ont accumulé une connaissance occulte mentale qui est restée
là, toute prête. Et lorsqu'on entre en contact, cela se trouve à votre disposition. Mais de tels cas sont rares. En général, ce sont les tendances,
ou peut-être une faculté ou quelque souvenir plus ou moins important.
Cet aspect divin, c'est en somme le Soi supérieur individuel?
Vous voulez parler du jîva, l'élément individuel qui persiste et préside aux réincarnations ? C'est plus que cela. Ces jîva, en général et
sauf certains cas très rares, sont comme les émanations d'êtres divins qui
ont projeté hors d'eux-mêmes de nombreux jîva. Et ce sont ces jîva qui
s'incarnent.
Dans votre cas, l'aspect divin dont il s'agit s'est projeté en des jîva.
Mais il y en a un qui représente plus directement cet aspect, comme la
projection ou l'émanation directe par laquelle il aura son accomplissement.
Et ce jîva, d'après ce que je peux percevoir, s'est déjà incarné trois fois
sur terre, vous seriez le quatrième. Lorsqu'une émanation comme cela
prépare et choisit un véhicule, cette préparation est tout de même faite
sous la direction lointaine de cette force. Et souvent, il y a certaines tendances dans l'enfance que l'on ne peut s'expliquer, jusqu'au jour où l'on
devient conscient du but de sa vie. Alors, ces tendances, quelquefois |
Page – 36 - 37
|
Besides, it is only when one penetrates the depths of consciousness that
one really becomes aware of the reason of things.
And what is there behind you is your real Self, clothed with all the
experiences of a terrestrial life.1
*
**
Saturday, November 13, 1926
My vital being begins to take part fully in the meditation. And I
have the sensation that my consciousness extends from the head to
the feet, like a transparent and calm medium. It would be quite
limpid if the physiological sensations of sight would stop, which
they do sometimes but not always.
Then I have the consciousness of a presence behind me, the sensation
of which is a duplicate of my consciousness. Even I feel it as if it
were of the same size as my physical body and it presses to unite with
my outer consciousness.
Today the unification was nearly done, though I did not experience
any change of consciousness. I have the impression it came into
me and only a slight touch would have been required to awake my
full consciousness of it.
This luminous consciousness, is it not the physical consciousness ?
I mean the whole physical, physical mind, vital and body ?
It is, I suppose, the normal consciousness, including the physical,
and the consciousness behind is the inner one, which tries to unite with
the outer one.
1 The following note is part of a preceding
page torn from Pavitra's notebook :
Mother : At the beginning it (the
Jiva in question or the real "Self") remained behind. But gradually as your consciousness grew dear, it came close. I spoke to you about it only when your
consciousness was sufficiently transparent for you to begin to perceive.
|
contraires au milieu, à l'hérédité, prennent leur raison d'être. C'est
d'ailleurs seulement lorsqu'on pénètre dans la conscience profonde, que
l'on prend réellement connaissance de la raison des choses.
Et ce qui est là, derrière vous, c'est votre vrai Soi, revêtu de toutes
les expériences d'une vie terrestre1.
*
**
Samedi 13 novembre 1926
Mon être vital commence à participer pleinement à la méditation.
Et j'ai la sensation que ma conscience s'étend de la tête aux pieds
comme un milieu transparent et calme. Il serait tout à fait limpide si
les sensations physiologiques de la vue cessaient — ce qu'elles font
parfois, mais pas toujours.
A ce moment-là, je suis conscient d'une présence derrière moi,
qui me donne la sensation d'un double de ma conscience. J'ai même
l'impression qu'elle est de la même taille que mon corps physique et
qu'elle presse pour s'unir à ma conscience extérieure.
Aujourd'hui, l'unification était presque accomplie, bien que je n'aie eu l'expérience d'aucun changement de conscience. J'ai l'impression que cette présence est entrée en moi et qu'il aurait suffi d'une toute petite touche pour éveiller toute ma conscience à elle. Cette conscience lumineuse, n'est-elle pas la conscience physique ? Je veux dire le physique tout entier, le mental physique, le vital et le corps physiques ?
1 Le fragment de note suivant renvoie à une page précédente du cahier de Pavitra, qui a été déchirée :
Mère : Au début il (le jîva en
question ou le vrai "Soi") restait derrière. Mais au fur et à
mesure que votre conscience s'est clarifiée, il s'est approché. Je ne vous ai parlé de cela que lorsque
votre conscience a été assez transparente pour que vous commenciez à percevoir.
|
Page – 38 - 39
|
I became also conscious of the movements of the vital which we may call egoistic movements. They rise from the vital and become conscious at the emotional centre. The thoughts by themselves have no character of vanity or selfishness, but when dwelling on certain thoughts, vital movements of this character appear and I cannot stop them. I suppose they will disappear?
Yes. The first thing is to become conscious that they do not come from the mind. Then when the mind is free from them and the emotional being sufficiently free, they rise but don't cloud the mind. They are then located in their proper place and by refusing them the consent and calmly putting them aside they will disappear. Most men cannot get rid of them because they cannot make this separation and are not conscious of this rising.
I feel as before something very deep and grand.
Yes.
*
**
...?
Here, several pages of conversations
with Mother are torn out.
...philosopher's stone. And they said that this stone could even
transform the physical body. Does this not prove a realisation in the
physical?
Mother : Yes. This is something that has always been known, this
possibility of transformation. But their vision was very partial. They
were rather the scientists of the age.
|
C'est, je suppose, la conscience normale, y compris celle du physique, et la conscience derrière est la conscience intérieure qui essaye de s'unir à la conscience extérieure.
Aussi, je suis devenu conscient des mouvements du vital, de ce que nous pouvons appeler les mouvements égoïstes. Ils montent du vital et deviennent conscients au centre émotif. Les pensées n'ont rien de particulièrement vaniteux ni égoïste en elles-mêmes, mais quand je m'arrête à certaines pensées, des mouvements vitaux de ce genre apparaissent, et je ne peux pas les arrêter. Je suppose qu'ils disparaîtront ?
Oui. La première chose à faire est de devenir conscient qu'ils ne
proviennent pas du mental. Ainsi, lorsque le mental est libre de ces
mouvements et l'être émotif suffisamment libre, ils montent mais n'obscurcissent plus le mental. Ils sont alors mis à leur vraie place, et si on leur
refuse le consentement et les écarte tranquillement, ils disparaîtront.
La plupart des gens ne peuvent pas s'en débarrasser parce qu'ils ne
peuvent pas faire cette distinction, alors ils ne sont pas conscients de cette
montée.
Je sens, comme avant, quelque chose de très profond et de très grand.
Oui.
*
**
Le ... ?
Ici, plusieurs pages d'entretiens
avec Mère ont été déchirées.
... philosophale. Et ils disaient que cette pierre pouvait même
transformer le corps physique. Cela ne prouve-t-il pas une réalisation dans le physique ?
|
Page – 40 - 41
|
What did you see yesterday ?
My physical eyes did not see anything special. But I felt very
powerfully the force and majesty.
One must not expect to see a complete change. Yet, some see very
different aspects.
I saw a luminosity, a halo.
Yes, it scarcely goes further. Still, some see changing aspects.
I saw in fact modifications of the shadows of faces which could give
this idea of successive changes; but as this was unsteady, I did not
pay much attention to it.
There are different aspects which manifest successively. The modifications are still imperfect, for the flesh and what is most physical is not
transformed; it penetrates into the blood. Yesterday it was above all
the wisdom aspect which manifested in all its power — the knowledge
in the Word.
There is quite a work going on in your eyes. You feel it ?
Yes. I have spoken about it several times.
All depends on how much your outer consciousness is united with
the inner. When you have overcome the difficulties of your outer being,
you will pass through a progressive initiation. I shall show you, through
the eyes, all that is there in the universe .... You will then see the exact
place of all these things.
You must get rid of all these difficulties.
|
Mère : Oui. C'est une chose que l'on a toujours su. Cette possibilité de transformation. Mais leur vision était bien partielle. C'étaient plutôt les scientifiques de l'époque. Qu'avez-vous perçu hier ?
Mes yeux n'ont pas perçu grand-chose. Mais j'ai senti puissamment la force et la majesté.
Il ne faut pas s'attendre à voir un changement complet. Pourtant,
certains voient des aspects très différents.
J'ai perçu une luminosité, un nimbe.
Oui, cela ne va guère au-delà. Cependant, certains voient des aspects
changeants.
J'ai vu, en effet, des modifications des ombres des visages, qui pouvaient donner cette idée de changements successifs; mais comme
c'était instable, je n'y ai pas attaché d'attention.
Il y a différents aspects qui se manifestent successivement. Les modifications sont encore imparfaites, car la chair et ce qui est le plus physique
n'est pas transformé; cela pénètre dans le sang. Hier, c'était surtout
l'aspect de sagesse qui s'est manifesté dans sa puissance — la connaissance dans le Verbe.
Il y a tout un travail qui se produit dans vos yeux. Vous le sentez ?
Oui. J'en ai parlé plusieurs fois.
Tout dépend de la mesure dans laquelle votre conscience extérieure
est unie à la conscience intérieure. Lorsque vous aurez surmonté les
difficultés de votre être extérieur, vous passerez par une initiation progressive. Je vous montrerai, par les yeux, tout ce qu'il y a dans l'univers ...
Vous verrez alors la place exacte que tiennent toutes ces choses.
Il faut vous débarrasser de toutes ces difficultés. |
Page – 42 - 43
|
Is there something special I should do?
The best thing, as you know, is to open yourself and ask that it be
done.
*
**
Saturday, November 20, 1926
I suppose she must have told you the way I am going on.
Yes.
There is nothing much that's important to add. I am conscious of
the process of identification with that greater consciousness which
is behind me, but it is not yet done. The difficulty resides always in
the outer consciousness and the mechanical part of the mind which
carries me away.
That is again the old story. You are paying too much attention to
these workings.
I am not trying to suppress them by force. But is it really that they
have no importance?
It is only an outer working which will be left and cast away in the
process. This outer being is only the aggregate of what belongs to this
life-time with a personality that is not your true personality.
How will it disappear ?
When the inner consciousness will be fully awake, it will absorb the
|
Y a-t-il quelque chose de spécial à faire?
Le mieux, vous le savez, est de vous ouvrir et de demander que cela
soit fait.
*
**
Samedi 20 novembre 1926
Je suppose qu'elle vous a parlé de la manière dont j'avançais.
Oui.
Il n'y a rien de très important à ajouter. Je suis conscient du processus d'identification avec la conscience plus grande qui est derrière
moi ; mais ce n'est pas encore/ait. La difficulté réside toujours dans
la conscience extérieure et dans la partie mécanique du mental qui
m'entraîne.
C'est encore la vieille histoire. Vous prêtez trop d'attention à ces
fonctionnements.
Je ne tâche pas de les refouler de force. Mais vraiment, n'ont-ils
aucune importance ?
C'est simplement un fonctionnement extérieur et il sera laissé et
rejeté au cours du processus. Cet être extérieur est simplement l'agrégat
de ce qui appartient à cette époque-ci, avec une personnalité qui n'est
pas votre vraie personnalité.
Comment disparaîtra-t-il?
Quand la conscience intérieure sera pleinement éveillée, elle absorbera |
Page – 44 - 45
|
outer one. Or what cannot be absorbed will be rejected. There is no
doubt that the change will occur.
You spoke of your experience with Lele.1
At that time did this mechanical working stop?
Yes. Everything had stopped. But everybody cannot do it. I could
do it because there had always been a tendency to calm in my being and
because I became aware of the thoughts coming from outside. When I
rejected them the calm descended upon me. Everything appears in the
mind but does not evoke any response in it. I see, I hear, but no responses are awakened. At that time a complete silence came down. Everything that happened was like a cinema. After that I had to take things
back again into me, but in their right place.
So, this should not be expected for me?
It will come, as a thing pressed from above. But it may not come in
the beginning. Of course the faculty of silence at will is needed and has
to come.
Up to now no fundamental change in consciousness has occurred.
I feel that my mind is deeper, has some deep background behind. I
am more and more conscious of the working of the forces in me. But
no radical change yet.
(The last ten pages of Pavitra's
note-book are torn out.)
THE END
' Vishnu Bhaskar Lele, a "temporary guru" whom Sri Aurobindo met in December 1907 and
with whom he spent three days in meditation. At the end of the third day Sri Aurobindo had
the experience of Nirvana. .
|
la conscience extérieure. Ou bien, ce qui ne pourra pas être absorbé, sera rejeté. Il n'y a aucun doute que le changement se fera.
Vous avez parlé de votre expérience avec Lélé1. A ce moment-là, ce fonctionnement mécanique a-t-il cessé ?
Oui. Tout avait cessé. Mais tout le monde ne peut pas le faire. Je
pouvais le faire parce qu'il y avait toujours eu une tendance au calme
dans mon être et parce que je m'étais aperçu que les pensées venaient
du dehors. Quand je les eus rejetées, le calme est descendu en moi. Tout
apparaît dans le mental mais n'y évoque aucune réponse. Je vois, j'en. tends, mais aucune réponse ne s'éveille. À ce moment-là, un silence
absolu est descendu. Tout ce qui arrivait était comme un cinéma. Après
cela, j'ai dû reprendre les choses en moi, mais à leur vraie place.
Ainsi, je ne dois pas m'attendre à cela.
Cela viendra comme quelque chose qui presse d'en haut. Mais cela
ne viendra peut-être pas au début. Bien sûr, la faculté de silence à volonté est nécessaire et doit venir.
Jusqu'à maintenant, aucun changement fondamental ne s'est produit
dans la conscience. Je sens que mon mental est plus profond, qu'il a
une sorte d'arrière-plan profond derrière. Je suis de plus en plus
conscient de l'action des forces en moi. Mais encore, pas de changement radical.
(les dix dernières pages du cahier
de Pavitra ont été déchirées)
FIN
1 Vishnou Bhâskar Lélé, "gourou provisoire" que Sri Aurobindo avait rencontré pendant
trois jours en décembre 1907. Au bout du troisième jour de méditation, Sri Aurobindo eut l'expérience du Nirvana.
|
Page – 46 - 47
Le Centenaire de Sri Aurobindo
SRI Aurobindo est venu dire au monde la beauté de l'avenir qui doit
se réaliser.
Il est venu donner, non pas un espoir mais une certitude de la splendeur vers laquelle le monde va. Le monde n'est pas un accident malheureux, c'est une merveille qui va vers son expression.
Le monde a besoin d'une certitude de beauté future. Et Sri
Aurobindo en a donné l'assurance.
27.11.1971
Sri Aurobindo est venu nous dire comment Te trouver et comment
Te servir.
Permets qu'en cette année de son centenaire nous comprenions
vraiment ce qu'il nous a enseigné et que nous le mettions en pratique
en toute sincérité.
6.12.1971
Le lotus rouge est la fleur de Sri Aurobindo, mais spécialement pour
son centenaire nous choisirons le lotus bleu qui est de la couleur de son
aura physique, pour signifier le centenaire de la manifestation du Suprême
sur la terre.
21.12.1971
Sri Aurobindo a donné sa vie pour nous faire naître à la Conscience
Divine.
24.12.1971
|
SRI Aurobindo came to tell the world of the beauty of the future that must be realised.
He came to give not a hope but a certitude of the splendour towards
which the world moves. The world is not an unfortunate accident, it is a
marvel which moves towards its expression.
The world needs the certitude of the beauty of the future. And Sri
Aurobindo has given that assurance.
27.11.1971
Sri Aurobindo came to tell us how to find Thee and how to serve
Thee.
Grant that in this year of his centenary we may truly understand
what he has taught us and in all sincerity put it into practice.
6.12.1971
The red lotus is the flower of Sri Aurobindo, but specially for his
centenary we shall choose the blue lotus, which is the colour of his physical aura, to symbolise the centenary of the manifestation of the Supreme
upon earth.
21.12.1971
Sri Aurobindo gave his life so that we may be born into the Divine
Consciousness.
24.12.1971
|
Page – 48 - 49
1972
BONNE ANNÉE
C'est l'année consacrée à Sri Aurobindo.
Comprendre mieux son enseignement et nous efforcer de le mettre
en pratique, est certainement la meilleure façon de lui exprimer notre gratitude pour toute la lumière, la connaissance et la force qu'il a si généreusement apportées à la terre.
Que son enseignement nous éclaire et nous guide, et ce que nous ne
pouvons pas faire aujourd'hui, nous le pourrons demain.
Prenons la bonne attitude en toute sincérité, et ce sera vraiment
UNE BONNE ANNÉE.
31.12.1971
Sans le Divin, nous sommes des êtres limités, incapables et impuissants ; avec le Divin, si nous nous donnons entièrement à Lui, tout est
possible et notre progrès est sans limite.
Une aide spéciale est venue sur la terre en cette année du centenaire
de Sri Aurobindo, sachons en profiter pour surmonter l'ego et jaillir
dans la lumière.
BONNE ANNÉE
1.1.1972
En quittant son corps, Sri Aurobindo a dit qu'il -ne nous abandonnerait pas. Et en fait, durant ces vingt et une années, il a été toujours
avec nous, guidant et aidant tous ceux qui sont réceptifs et ouverts à son
influence.
En cette année de son centenaire, son aide sera encore plus forte.
À nous d'être plus ouverts et de savoir en profiter. L'avenir est à ceux
qui ont des âmes de héros. Plus notre foi est forte et sincère, plus l'aide
reçue est puissante et efficace.
2.1.1972
|
1972
BONNE ANNÉE
This year is consecrated to Sri Aurobindo.
To understand his teaching better and try to put it into practice, is
certainly the best way of showing our gratitude to him for all the light,
knowledge and force which he has so generously brought to the earth.
May his teaching enlighten and guide us, and what we cannot do
today, we shall do tomorrow.
Let us take the right attitude in all sincerity, and it will truly be a
BONNE ANNÉE.
31.12.1971
Without the Divine we are limited, incompetent and helpless beings;
with the Divine, if we give ourselves entirely to Him, all is possible and
our progress is limitless.
A special help has come on to the earth for Sri Aurobindo's centenary
year; let us take advantage of it to overcome the ego and emerge into the
light.
BONNE ANNÉE
1.1.1972
When Sri Aurobindo left his body he said that he would not abandon
us. And, in truth, during these twenty one years, he has always been with
us, guiding and helping all those who are receptive and open to his influence.
In this year of his centenary, his help will be stronger still. It is up to
us to be more open and to know how to take advantage of it. The future
is for those who have the soul of a hero. The stronger and more sincere
our faith, the more powerful and effective will be the help received.
2.1.1972
T
|
Page – 50 - 51
Sri Aurobindo
(suivis de quelques réponses de la Mère)
222 — Le saint et Fange ne sont pas les seules divinités ; admire aussi le Titan et le Géant. 223 — Les anciennes Écritures disent que les Titans sont "les aînés des dieux". Us le sont encore ; et nul dieu n'est entièrement divin à moins qu'un Titan ne soit caché aussi en lui. 224 — Si je ne puis être Rama, je voudrais être Râvana, car il est le côté sombre de Vishnou.
CECI veut dire que la douceur sans la force, et la bonté sans la puissance, sont incomplètes et ne peuvent exprimer totalement le
Divin.
Je pourrais dire, pour continuer le genre d'image employé par Sri
Aurobindo, que la charité et la générosité d'un Asoura converti sont infiniment plus efficaces que celles d'un ange innocent.
11.12.1969
225 — Sacrifice, sacrifice et encore sacrifice — mais pour
l'amour de Dieu et de l'humanité, non par amour du
sacrifice.
226 — L'égoïsme tue l'âme — détruis-le. Mais prends garde
que ton altruisme ne tue pas l'âme des autres.
227 — Le plus souvent, l'altruisme est seulement la forme la
plus sublime de l'égoïsme.
Douce Mère,
Comment l'altruisme peut-il tuer l'âme des autres ?
|
Sri Aurobindo
(With some answers from the Mother)
222 — The saint and the angel are not the only divinities; admire also the Titan and the Giant. 223 — The old writings call the Titans the elder gods. So they still are, nor is any god entirely divine unless there is hidden in him also a Titan.
224 — If I cannot be Rama, then I would be Ravana; for he is
the dark side of Vishnu.
IT means that sweetness without strength and goodness without power, are incomplete and cannot totally express the Divine.
I could say, to continue the kind of imagery used by Sri Aurobindo,
that the charity and the generosity of a converted Asura are infinitely more
effective than those of an innocent angel.
11.12.1969
225 — Sacrifice, sacrifice, sacrifice always, but for the sake of
God and humanity, not for the sake of sacrifice.
226 — Selfishness kills the soul; destroy it. But take care that
your altruism does not kill the souls of others.
227 — Very usually, altruism is only the sublimest form of
selfishness.
Sweet Mother,
How can altruism kill the soul of others?
If, when helping others materially (altruism), you want at the same |
Page – 52 - 53
|
En aidant les autres matériellement (altruisme), si tu veux en même
temps leur imposer ta manière de voir, tu tueras leur âme, parce que les
règles morales et sociales ne peuvent d'aucune façon remplacer la loi
intérieure que chacun doit recevoir de son âme.
13.12.1969
228 — Celui qui ne tue pas quand Dieu le lui ordonne, sème
dans le monde un ravage incalculable.
229 — Respecte la vie humaine aussi longtemps que tu le peux ;
mais respecte encore plus la vie de l'humanité.
230 — Les hommes tuent par fureur incontrôlable, par haine
ou par vengeance — ils en souffriront tôt ou tard le
contre-coup ; ou ils tuent froidement pour servir une cause
égoïste — Dieu ne leur pardonnera pas. Si les hommes tuent,
il faut d'abord que leur âme soit sûre que la mort est un soulagement et qu'elle ait vu Dieu dans celui qui est frappé, dans le
coup et dans celui qui frappe.
Douce Mère,
Dans quelles sortes de circonstances Dieu donne-t-il l'ordre de tuer ?
Voilà justement une question à laquelle je ne puis répondre parce
que Dieu ne m'a jamais dit de tuer.
14.12.1969
231 — Le courage et l'amour sont les seules vertus indispensables ; même si toutes les autres sont éclipsées ou endormies, ces deux-là garderont l'âme vivante.
232 — La bassesse et l'égoïsme sont les seuls péchés que je
trouve difficile de pardonner ; pourtant, ce sont les seuls j
à être à peu près universels. Par conséquent, ceux-là aussi ne
doivent pas être haïs chez les autres ; mais en nous-mêmes,
ils doivent être annihilés.
233 — La noblesse et la générosité sont le firmament éthéré
de l'âme ; sans elles, nous sommes comme un insecte
dans un donjon.
|
time to impose on them your viewpoint, you will kill their soul, because moral and social rules can in no way replace the inner law which each must receive from his soul. 13.12.1969
228 — He who will not slay when God bids him, works in the world an incalculable havoc. 229 — Respect human life as long as you can; but respect more the life of humanity. 230 — Men slay out of uncontrollable anger, hatred or vengeance ; they shall suffer the rebound now or hereafter; or they slay to serve a selfish end, coldly; God shall not pardon them. If men slay, first let their soul have known death for a relief and seen God in the stricken, the stroke and the striker.
Sweet Mother, In what kind of circumstances does God command to slay ?
Here is precisely a question which I cannot answer, because God has
never asked me to slay.
14.12.1969
231 — Courage and love are the only indispensable virtues;
even if all the others are eclipsed or fall asleep, these
two will save the soul alive.
232 — Meanness and selfishness are the only sins that I find
it difficult to pardon; yet they alone are almost universal. Therefore these also must not be hated in others, but in
ourselves annihilated.
233 — Nobleness and generosity are the soul's ethereal firmament ; without them, one looks at an insect in a dungeon.
234 — Let not thy virtues be such as men praise or reward,
but such as make for thy perfection and God in thy
nature demands of thee.
|
Page – 54 - 55
|
234 — Que tes vertus ne soient pas du genre que les hommes louent ni récompensent, mais de celles qui contribuent & ta perfection et que Dieu dans ta nature exige de toi.
Douce Mère,
Peux-tu me donner tes définitions des termes suivants:
1) Le courage et l'amour
2) La bassesse et l'égoïsme
3) La noblesse et la générosité.
1) Le courage est l'absence totale de peur sous toutes ses formes.
2) L'amour est le don de soi sans rien demander en échange.
3) La bassesse est une faiblesse qui calcule et exige des autres les
vertus que l'on n'a pas.
4) L'égoïsme est de se mettre au centre de l'univers et de vouloir que
tout existe pour notre propre satisfaction.
5) La noblesse est de se refuser à tout calcul personnel.
6) La générosité est de trouver sa propre satisfaction dans la satisfaction des autres.
15.12.1969
235 — L'altruisme, le devoir, la famille, la patrie, l'humanité,
sont des prisons de l'âme quand ils ne sont pas ses instruments.
236 — Notre patrie est Dieu la Mère ; n'en dis point de mal
à moins que tu ne puisses le faire avec amour et tendresse.
237 — Les hommes sont traîtres à leur patrie par profit ; pourtant, ils continuent de penser qu'ils ont le droit de se
détourner avec horreur du matricide.
Douce Mère,
L'altruisme, le devoir, la famille, la patrie. Inhumanité — comment peuvent-ils devenir de vrais instruments de l'âme?
|
Sweet Mother, Could you give me your definitions of the following terms ?
1) Courage and love 2) Meanness and selfishness 3) Nobleness and generosity.
1) Courage is the total absence of fear in all its forms.
2) Love is self-giving without asking anything in return.
3) Meanness is a weakness that calculates and demands from others
the virtues it does not itself possess.
4) Selfishness is to put oneself at the centre of the universe and to
want everything to exist for one's own satisfaction.
5) Nobleness is to refuse all personal calculation.
6) Generosity is to find one's own satisfaction in the satisfaction of
others.
15.12.1969
235 — Altruism, duty, family, country, humanity are the
prisons of the soul when they are not its instruments.
236 — Our country is God the Mother; speak not evil of her
unless thou canst do it with love and tenderness.
237 — Men are false to their country for their own profit;
yet they go on thinking they have a right to turn in horror
from the matricide.
Sweet Mother,
Altruism, duty, family, country, humanity — how can they
become true instruments of the soul?
The soul belongs to the Divine, and to the Divine alone owes obedience and service. If it is the Divine who commands it to work for family, for country or humanity, then that is all right and it can do so without
being imprisoned.
|
Page – 56 - 57
|
L'âme appartient au Divin, et doit au Divin seul obéissance et service. Si c'est le Divin qui lui donne l'ordre de travailler pour la famille j, ou pour la patrie ou pour l'humanité, alors c'est très bien, et elle peut le faire sans être emprisonnée.
Si l'ordre ne vient pas du Divin, servir ces choses, c'est seulement
obéir à des conventions sociales et morales.
17.12.1969
238 — Brise les moules du passé, mais garde intacts son génie
et son esprit, sinon tu n'as pas d'avenir.
239 — Les révolutions mettent en pièces le passé et le jettent à la
fonte dans le chaudron, mais ce qui en émerge est le
vieil Ésons avec un visage neuf.
240 — Le monde n'a eu qu'une demi-douzaine de révolutions
réussies, et même parmi celles-là, la plupart ressemblaient surtout à des échecs ; cependant, c'est par de grands et
nobles échecs que l'humanité progresse.
Douce Mère,
Qu'entend Sri Aurobindo par "de grands et nobles échecs" ?
La grandeur et la noblesse d'un événement ne dépendent pas de la
réussite matérielle, mais des sentiments qui l'animent et du but que les
hommes ont poursuivi.
Ce n'est pas le succès qui confère la grandeur mais le mobile de l'action et la noblesse des sentiments qui l'animent.
18.12.1969
|
If the command does not come from the Divine, then to serve these
things is only obeying social and moral conventions.
17.12.1969
238 — Break the moulds of the past, but keep safe its genius
and its spirit, or else thou hast no future.
239 — Revolutions hew the past to pieces and cast it into a cauldron, but what has emerged is the old Aeson with
a new visage.
240 — The world has had only half a dozen successful revolutions and most even of these were very like failures ; yet it is by great and noble failures that humanity advances.
Sweet Mother,
What does Sri Aurobindo mean by "great and noble failures" ?
The greatness and nobleness of an event do not depend on material
success, but on the sentiments which actuate it and the goal that men have
pursued.
It is not success that confers greatness but the motive of the action
and the nobleness of the sentiments which inspire it.
18.12.1969
T
|
Page – 58 - 59
Page – 60 - 61
l'on demande pourquoi les gens faisaient des sacrifices matériels, il faudrait en être sûr. Pour moi, je n'en suis pas sûre. C'est possible. Cela
dépend de la façon dont on regarde la vie. Et en tout cas, si l'on s'arroge
le droit de se servir de l'existence d'un autre pour faire un sacrifice
au Divin, ou si on le regarde d'une certaine façon, c'est une assez vilaine
attitude. Je le disais au début, je ne vois pas pourquoi on ferait une
différence entre quelque animal ou un animal humain. C'est une chose
assez curieuse.
Dans la plupart des religions, je crois que c'était comme c'est encore
ici à l'endroit où il y a un temple de Kâlî sans tête1 — c'est une chose extrêmement obscure et ignorante. Cela vient d'une sorte de crainte malsaine d'une divinité monstrueuse qui a besoin, soit de sang, soit de force,
soit de n'importe quoi pour être satisfaite et ne pas faire de mal. Et tout
vient d'une frayeur et d'une conception du Divin qui est une monstruosité. Mais même si on l'admettait, il n'y aurait qu'un sacrifice tolérable,
c'est le sacrifice de soi. Si l'on veut sacrifier quelque chose au Divin, je
ne vois pas de quel droit on va chercher la vie d'un autre, que ce soit un
être humain ou un animal, pour l'offrir à sa place. Si l'on veut se sacrifier, c'est soi que l'on doit sacrifier, non les autres. Et comme le mouvement lui-même est suffisamment laid et obscur et inconscient, je ne vois
pas pourquoi il y aurait tant de différence entre sacrifier une chèvre et
sacrifier un être humain. Au point de vue chèvre, c'est une idée intolérable — si l'on demandait à une chèvre pourquoi...
Les hommes ont des idées bizarres sur leur importance dans le
monde et sur les valeurs respectives de leurs personnes. Cela ne fait pas
beaucoup de différence. Si l'on dit : "Vous n'avez pas le droit de prendre
la vie d'un autre", c'est défendable ; mais alors ne faites pas de sacrifice,
ou si vous voulez sacrifier, sacrifiez-vous vous-même; si vous croyez
qu'il y a un Dieu terrible qui a besoin qu'on lui donne du sang, ou je ne
sais quoi, des forces vitales pour le satisfaire, faites-le. Mais de quel
droit allez-vous prendre la vie des autres pour la donner ? C'est une tyrannie intolérable. Même ne serait-ce que tous ces poulets que l'on tue.
Seulement cela, je crois qu'il y a une autre raison — c'est que les gens font
bombance ! C'est simplement une occasion d'avaler une quantité considérable
1 En l'honneur de qui, chaque année, on égorge une quantité de poulets.
|
first be sure about it. As for me, I am not sure of it. It is possible. It depends on the way one looks at life. And in any case, if one arrogates to oneself the right to make use of another man's existence to offer a sacrifice to the Divine, or if one looks at it in a certain way, it is a pretty bad attitude. I was saying at the beginning I don't see why one should make a difference between any other animal and a human animal. It is a very curious thing. In the majority of religions, I believe it used to be as it still is here where there is a temple of the headless Kali 1 — it is an extremely dark and ignorant affair. It comes from a sort of unhealthy fear of a monstrous god who needs either blood or force or no matter what in order to be satisfied and not to do harm. And all this comes from a dread and a conception of the Divine which is a monstrosity. But even if it were admitted, there would be only one tolerable sacrifice, the sacrifice of oneself. If one wants to sacrifice something to the Divine, I don't see by what right one can seek the life of another, be it human being or animal, to offer it in one's own stead. If one wants to sacrifice, it is one's own self one must sacrifice, not others. And as the movement itself is sufficiently ugly and obscure and unconscious, I don't see why there should be such a difference between sacrificing a goat and sacrificing a human being. From the goat's point of view it is an intolerable idea — if a goat were to be asked why ...
Men have strange ideas about their own importance in the world
and the respective worth of their person. It does not make much difference. If they are told, "You have no right to take the life of another",
it is defensible; but then do not offer sacrifices, or if you want to sacrifice,
sacrifice your own self; if you believe there is a terrible God who needs
to be given blood or whatever else it may be, vital forces to satisfy him,
do it. But by what right are you going to take the life of others to give it ?
That is an intolerable tyranny. Even were it only all those chickens one
kills ! But, I believe there is another reason for that — it is that men have
a fine feast ! It is simply an opportunity to swallow a considerable amount
of food.
I don't know, for me it does not make a great difference.
1 In whose honour, every year, men wring the necks of a huge lot of chicken.
|
Page – 62 - 63
|
de nourriture.
Je ne sais pas, pour moi cela ne fait pas beaucoup de différence.
Est-il possible de sentir la Présence divine même quand on a autour
de soi une mauvaise atmosphère, une confusion mentale et vitale?
À condition que l'atmosphère ne soit pas au-dedans de soi ! Parce
que là, c'est difficile. Et encore ! On a eu des exemples fréquents de
gens qui menaient une vie plus que douteuse et qui ont eu des révélations. On donne l'exemple d'un ivrogne qui, dans son ivrognerie, a tout
d'un coup eu un contact avec le Divin — qui a transformé d'ailleurs son
existence et qui, je dois le dire, l'a empêché de boire à l'avenir. Mais enfin, au moment où il a eu la révélation de la Présence divine, il était en
état d'ivrognerie. Je ne crois pas — encore là nous retombons dans les
mêmes choses —, je ne crois pas que le Divin soit un moraliste. C'est
l'homme qui est moraliste, ce n'est pas le Divin. S'il se trouve que, justement, à ce moment-là, il y a un concours de circonstances et qu'il y ait
dans l'être une ouverture, le Divin, qui est toujours présent, se manifeste.
/Tandis que le sage ou le saint qui est tout à fait infatué de son importance
et de sa valeur, et qui est plein d'orgueil et de vanité, il n'y a pas beaucoup
de chances que le Divin se manifeste en lui, parce qu'il n'y a pas de place
pour l'expression du Divin ! Il n'y a de place que pour l'importante
personnalité du sage et sa valeur morale.
Naturellement, il y a un état où l'on peut être parfaitement pur, parfaitement sage, et être en rapport avec le Divin ! Mais alors, cela veut dire
que l'on a atteint un certain degré de perfection et que l'on a perdu le sens
de son importance personnelle et de sa valeur personnelle. Je crois que
c'est le plus important. Le plus grand obstacle au contact avec le Divin,
c'est l'orgueil, et le sens de sa valeur personnelle, de ses capacités personnelles, de sa puissance personnelle—la personne devient très grosse,
tellement grosse qu'il n'y a pas de place pour le Divin.
Non, la seule chose vraiment importante, c'est l'intensité de l'aspiration. Et cette intensité d'aspiration vient dans toutes sortes de circonstances.
Il y a deux choses qu'il ne faut pas confondre : certaines nécessités
|
Is it possible to feel the divine Presence even when one is surrounded by a bad atmosphere, a mental and vital disturbance ?
Provided the atmosphere is not within oneself ! For if so, it is difficult. And still ! We have had frequent instances of people who used to lead a more than doubtful life and who had revelations. There is the instance of a drunkard who, in his drunkenness, suddenly had a contact with the Divine — which indeed changed his life and which, I must tell you, prevented him from drinking in future. But still, at the time he had the revelation of the divine Presence, he was in an intoxicated state. I don't think — here again we fall back into the same things — I don't think the Divine is a moralist. It is man who is a moralist, not the Divine. If it happens that, just then, at that moment, there is a concurrence of events and perhaps an opening in the being, the Divine, who is always present, manifests himself. As for the wise man or the saint who is quite infatuated with his own importance and his own worth, and full of pride and vanity, there is not much chance that the Divine will manifest in him, for there is no place for the expression of the Divine ! There is no place except for the important personality of the wise man and his moral worth.
Naturally, there is a state in which one may be perfectly pure, perfectly wise, and be in contact with the Divine ! But then, that means that
one has reached a certain degree of perfection and lost the sense of one's
personal importance and personal worth. I believe that's most important.
The greatest obstacle to the contact with the Divine is pride, and the sense
of one's personal worth, one's personal capacities, one's personal power —
the person becomes very big, so big that there is no place for the Divine.
No, the one truly important thing is the intensity of the aspiration.
And this intensity of aspiration comes in all kinds of circumstances.
There are issues we must not confuse : certain necessities (which
are purely necessities if one wants to succeed in completely controlling
physical matter), and then moral notions. These are two very different
things. One may, for instance, refrain from poisoning one's body or
besotting one's brains or annulling one's will because one wants to become
master of one's physical consciousness and capable of transforming one's
body. But if one does these things solely because one thinks one will gain
moral merit by doing so, that will lead you nowhere, to nothing at all.
|
Page – 64 - 65
|
(qui sont purement des nécessités si l'on veut arriver à contrôler complètement la matière physique), et puis les notions morales. Ce sont deux choses
tout à fait différentes. On peut, par exemple, s'abstenir d'empoisonner
son corps, ou d'abrutir son cerveau, ou d'annuler sa volonté, parce que l'on
veut devenir le maître de sa conscience physique et pouvoir transformer
son corps. Mais si l'on fait ces choses uniquement parce que l'on considère
qu'on gagnera un mérite moral en le faisant, cela ne vous mène nulle part,
à rien du tout. Parce que ce n'est pas pour cela. On le fait pour des raisons
purement pratiques : pour la même raison, par exemple, que l'on n'a pas
l'habitude de prendre du poison, parce qu'on sait que cela vous empoisonne. Et alors, il y a des poisons assez lents que prennent les gens (impunément, croient ils, parce que l'effet est si lent qu'ils ne peuvent pas le
discerner facilement), mais si l'on veut arriver à devenir entièrement
maître de ses activités physiques et pouvoir mettre la lumière dans les
réflexes de son corps, alors il faut s'abstenir de ces choses — mais non
pour des raisons morales : pour des raisons tout à fait pratiques, au point
de vue de la réalisation du yoga. Il ne faut pas faire cela avec l'idée que l'on
va gagner du mérite, et parce qu'on gagnera du mérite. Dieu sera bien
content et viendra se manifester au-dedans de vous ! Ce n'est pas du tout
cela, pas du tout ! Peut-être même se sent-Il plus proche de celui qui a
fait des fautes, qui est conscient de ses fautes, et qui a le sens de son infirmité, et qui aspire sincèrement à en sortir —
Il se sent peut-être plus
proche de lui que de celui qui n'a jamais fait de faute et qui est content
de sa supériorité extérieure sur les autres êtres humains. En tout cas,
cela ne fait pas beaucoup de différence. Ce qui fait beaucoup de différence, c'est la sincérité, la spontanéité, l'intensité de l'aspiration — le
besoin, ce besoin qui vous prend et qui est tellement puissant que rien
d'autre au monde ne compte.
Comme je l'ai dit quelque part ailleurs à propos de la soumission et
du sacrifice, si l'on regrette quelque chose, cela veut dire que l'on n'est
pas dans un état de conscience spirituel. Si l'on regrette de ne plus pouvoir satisfaire ses désirs, cela veut dire que les désirs sont au moins aussi
importants, sinon plus, que la chose à laquelle vous aspirez. Vous pouvez
dire : "Les désirs sont une chose dont je suis tout à fait conscient, tandis
que si j'abandonne mes désirs avec l'idée d'acquérir le Divin, je ne suis
pas sûr que je l'aurai ; par conséquent j'appelle cela un sacrifice." Mais
|
Because it is not meant for that. One does it for purely practical reasons : for the same reason, for instance, that you are not accustomed to taking poison, for you know it will poison you. And then, there are some very slow poisons taken by people (they think, with impunity, because the effect is so slow that they cannot discern it easily), but if one wants to succeed in becoming entirely master of one's physical activities and capable of putting the light into the reflexes of one's body, then one must abstain from these things — but not for moral, reasons : for altogether practical reasons, from the point of view of the realisation of the yoga. One must not do this with the idea of gaining merit, or the idea that because you will gain merit God will be very pleased and come and manifest within you ! It is not at all that, not at all ! Perhaps even. He feels closer to him who has made mistakes, who is conscious of his faults and has the sense of his weakness, and aspires sincerely to come out of it all — He feels perhaps closer to him than to one who has never made a mistake and is satisfied with his external superiority over other human beings. In any case, that does not make a great difference. What does make a lot of difference is the sincerity, the spontaneity, the intensity of the aspiration — the need, that need which seizes you and which is so powerful that nothing else in the world counts. As I have said elsewhere about surrender and sacrifice, if one regrets something, that means that one is not in a spiritual state of consciousness. If one regrets that one can no longer satisfy one's desires, that means the desires are at least as important, if not more, than the thing one aspires for. You may say, "Desires are something of which I am quite conscious, whilst if I give up my desires with the idea of getting the Divine, I am not sure that I shall have him; hence I call this a sacrifice". But I, I call that bargaining! It is bargaining with the Divine. One tells Him, "Give and take; I, I give Thee the joy I have in satisfying my desires, Thou must give me in exchange the joy of feeling Thee within myself, else it is not just." — This is not self-giving, this is bargaining. This is something I have heard so often, so often : "I have sacrificed so many things, I have made so much effort, have taken so much trouble, and now see, I have nothing in exchange". All that I can answer is, "No wonder !" |
Page – 66 - 67
|
moi, j'appelle cela du commerce ! C'est du commerce avec le Divin.
On lui dit : "Donnant, donnant ; moi, je te donne la joie que j'ai à satisfaire mes désirs, il faut que tu me donnes en échange la joie de te sentir
au-dedans de moi, sinon ce n'est pas juste." — Ce n'est pas un don de
soi, c'est du marchandage.
C'est une chose que j'ai entendue si souvent, si souvent : "J'ai tant
sacrifié de choses, j'ai fait tant d'efforts, je me suis donné tant de mal, et
puis voilà, je n'ai rien en échange." Tout ce que je peux répondre, c'est :
"Ça ne m'étonne pas !"
Une personne très orgueilleuse peut-elle avoir une grande aspiration ?
Pourquoi pas ? La personne très orgueilleuse peut recevoir des coups,
et être sensible ; puis, quand elle reçoit un coup, ça peut l'éveiller un peu !
Alors elle a une aspiration. Et si c'est une personne qui a de l'intensité
dans son caractère et qui a de la puissance, eh bien, son aspiration est
puissante.
Et sans recevoir de coups?
Cela peut arriver. Seulement, dans ce cas-là, ce sera très mélangé.
Dans tous les cas ce sera très mélangé — mais toujours tout est mélangé.
Il faut longtemps pour que les choses se clarifient. On peut commencer
n'importe où, à n'importe quel état et dans n'importe quelle condition.
On peut toujours commencer. Seulement, dans certains cas cela prend
très longtemps. Parce que le mélange est tel que, à chaque pas en avant,
on fait un demi-pas en arrière. Mais il n'y a pas de raison. Au fond, comme
c'est la raison d'être véritable de la vie et de l'existence individuelle, de
prendre conscience du Divin, cela peut surgir n'importe où, à n'importe
quel moment. S'il y a la moindre possibilité, ça jaillit. Naturellement, si
l'on est parfaitement satisfait, alors c'est un obstacle, parce que l'on s'endort dans la satisfaction. Mais ça ne peut pas durer. Dans la vie, dans le
monde tel qu'il est maintenant, une satisfaction égoïste, une satisfaction
personnelle ne peut pas durer, et tant qu'elle dure, oui, on peut s'endurcir,
|
Can a very proud person have a great aspiration ?
Why not ? The very proud person may receive blows and become
sensible; besides, when he receives a blow, that may awaken him a
little ! Then he has an aspiration. And if it is someone who has intensity
in his nature and some strength, well then, his aspiration is powerful.
And without receiving blows?
That may happen. Only in that case it will be very mixed up. In all
instances it will be very mixed — but always everything is mixed. A long
time is necessary for things to become clear. One may begin anywhere
at all, at any state whatever and in any condition. One can always begin.
Only, in some cases it takes a very long time. For the mixture is such that
with every step forward one takes half a step back. But there is no reason
for this. Fundamentally, as it is the true
raison être
of life and of individual existence to become aware of the Divine, that may emerge anywhere
at all, at any moment whatsoever. If there is the least possibility, it springs
up. Naturally, if one is perfectly satisfied, then that is an obstacle, because one sleeps in self-satisfaction. But that cannot last. In life, in the
world as it is at present, an egoistic satisfaction, a personal satisfaction
cannot last, and—as long as it lasts, yes, one can grow hard, not aspire at
all. But that does not last.
Anything else ?
Nobody has anything to say ?
Then,
au revoir my children, good-night!
THE
MOTHER
|
Page – 68 - 69
ne plus aspirer du tout. Mais ça ne dure pas.
Autre chose ?...
Personne n'a rien à dire ? ...
Alors, au revoir mes enfants, bonne nuit !
Le Divin a un amour égal pour tous les êtres humains, mais
c'est l'obscurité de la conscience de la plupart des hommes qui les
empêche de percevoir cet amour divin.
La vérité est merveilleuse. C'est dans notre perception qu'elle
se déforme.
26-11-1971
LA MÈRE
The Divine has an equal love for all human beings but it is
the obscurity of consciousness of most men which prevents them from perceiving this divine love.
Truth is wonderful. It is in our perception that it is distorted.
26-11-1971
THE MOTHER
|
Le 29 septembre 1971
Vijaya Dashamî
C'ETAIT
clair, très clair aujourd'hui, une forte Pression pour dire : la Victoire, c'est l'Harmonie ; la Victoire, c'est le Divin ; et pour
le corps, la Victoire c'est la bonne santé. Tout, tout malaise et toute maladie est un mensonge. C'est venu ce matin. Et c'était très clair. C'était
convaincant.
Alors, ça va. C'est comme si, par la Pression, tout le Mensonge était sorti. Les choses les plus inattendues — dans les gens, les choses, les circonstances. Et c'est vraiment ... il n'y a pas d'imagination qui puisse égaler cela. C'est incroyable.
Mais c'est bon signe, non?
Oh ! oui. Oh ! oui... C'est comme s'il y avait un poison, n'est-ce pas, et qu'en pressant, le poison sortait pour s'en aller — et il sort ! ... Plus tard, on pourra en parler. C'est vraiment intéressant, vraiment. Oui, c'est bon signe, c'est très bon signe.
Oui, cela veut dire que toutes ces forces qui pendant des millénaires étaient cachées dessous...
Oui.
|
Page – 70 - 71
Page – 72 - 73
c'est... Probablement on dirait une réceptivité passive (Mère ouvre les
mains dans un sourire), mais je ne sais pas comment expliquer.
Tous les mots sont faux, mais on pourrait dire : Toi seul existes —
n'est-ce pas, que les cellules sentent : Toi seul existes. Comme cela.
Mais tout cela, c'est comme si cela durcissait — les mots durcissent l'expérience. C'est une espèce de plasticité ou de souplesse (souplesse confiante, très confiante) : ce que Tu veux, ce que Tu veux ...
(silence)
Dans une certaine attitude (mais c'est difficile à expliquer ou à définir),
dans une certaine attitude, tout devient divin. Et là, ce qui est merveilleux,
c'est que quand on a l'expérience que tout devient divin, tout ce qui est
contraire tout naturellement (suivant les choses : vite ou lentement, tout
de suite ou peu à peu), disparaît.
Ça, c'est merveilleux. C'est-à-dire que de devenir conscient que tout
est divin, est le meilleur moyen de rendre tout divin — d'annuler les
oppositions.
*
**
Le 30 octobre 1971
J'ai comme l'impression de savoir le pourquoi de la création.
C'était pour réaliser le phénomène d'une conscience qui, à la fois,
aurait la conscience individuelle — la conscience individuelle que nous
avons naturellement — et la conscience du tout, la conscience (comment
dire ?) ... on pourrait dire globale. Mais les deux consciences s'unissent
dans quelque chose ... qui nous reste à trouver.
Une conscience à la fois individuelle et totale. Et tout ce travail,
c'est pour que les deux consciences s'unissent dans une conscience qui
soit cela à la fois. Et cela,
c'est la réalisation prochaine.
|
We shall see. It is not time yet to speak of it. Later on. Unbelievable, my child! .
But a Power ! Power, oh ! ...(Mother shuts Her eyes and smiles).
*
**
October 16, 1971
How to master physical suffering ?
It is just the experiences I am having now.
The body is in a state in which it sees that everything depends simply
on how it is linked with the Divine — upon the state of its receptive surrender. I have had the experience also in these last days. The same
thing which is the cause of a — more than discomfort — a suffering, an
almost unbearable ailment, with just a change in the receptivity of the
body towards the Divine disappears all on a sudden — and even, that can
move to a blissful state. I have had the experience several times. For me
it is only a question of sincerity become intense — in the consciousness
that everything is the action of the Divine and his action moves towards
a quickest possible realisation, being given the conditions.
I might say : the cells of the body must learn to seek their support
only in the Divine, until the moment when they are able to feel that they
are the expression of the Divine.
This is indeed the experience at present. The experience of changing
the effects of things, that I have; but it is not mentalised, so I cannot
tell it in words. But truly, the cells have begun to feel, first of all that they
are wholly ruled by the Divine (this is translated by : what Thou wiliest,
what Thou wiliest...), this state and then a kind of receptivity which is
(how to say ?) passive — not immobile, it is ... probably, one might say,
a passive receptivity (Mother opens her hands with a smile), but I do not
know how to explain.
All words are false. But one might say : Thou alone art — yes, the
|
Page – 74 - 75
(silence)
C'est pour nous que cela prend du temps (ce qui se traduit pour nous
par le temps) comme si ça "se faisait", comme quelque chose qui est "à
faire". Mais cela, c'est l'illusion dans laquelle nous sommes. Parce que
nous n'avons pas ... nous n'avons pas traversé de l'autre côté.
Mais la conscience individuelle n'est pas du tout un mensonge, elle
doit être associée à la conscience du tout de telle façon que cela fasse une
autre conscience, que, pour le moment, nous n'avons pas encore. Ce n'est
pas qu'elle doive abolir l'autre, tu comprends ? Il doit y avoir un ajustement, un aspect différent, je ne sais pas ... où les deux sont manifestées
simultanément.
Par exemple, en ce moment, il y a toute une série d'expériences sur le
pouvoir de création qui est latent dans la conscience individuelle, c'est-à-dire la capacité que les choses soient connues — connues ou ce que nous
appelons voulues — dans la conscience individuelle avant qu'elles ne
soient. Nous disons "nous voulons ça", mais c'est un intermédiaire1, c'est
la conscience qui est en route vers quelque chose où elle est, à la fois, la
vision de ce qui doit être et la capacité de le réaliser.
Ça, c'est la prochaine étape. Après ...
Alors, pour nous, c'est-à-dire pour la conscience individuelle, ça se
traduit par le temps, le temps qu'il faut pour ... Je ne sais pas comment
dire...
Je sens cela comme cela : on n'est plus ça, on n'est pas encore ça, et
il ne faut pas quitter ça pour être ça — il faut que les deux s'unissent et
forment quelque chose de nouveau.
Et cela explique tout — tout, tout, tout. Et ça n'annule rien.
C'est cent fois plus merveilleux que nous ne pouvons l'imaginer.
La question est de savoir si ça (le corps) va pouvoir suivre ... Pour
suivre, il faut non seulement que ça dure mais que ça acquière une nouvelle forme, une nouvelle vie. Ça, je ne sais pas. En tout cas, cela ne fait
rien—la conscience est claire, et la conscience n'est pas soumise à ça
(Mère désigne le corps). Si ça peut être utilisé, tant mieux, sinon ... On a
encore des choses à trouver.
Mère veut dire une conscience intermédiaire.
|
cells feel : Thou alone art. Yes, it is like that. But all this, it is as though the thing got hardened — words harden the experience. There is a kind of plasticity or suppleness (a trustful, very trustful suppleness) : what Thou wiliest, what Thou wiliest... (silence)
In a certain attitude (but it is difficult to explain or define), in a certain attitude all becomes Divine. And there, what is wonderful is this
that when one has the experience of everything becoming Divine, all that
is contrary disappears quite naturally (depending on things) quickly or
slowly, instantly or little by little.
That is indeed wonderful, that is to say, to become conscious that all
is Divine is the best way of making all Divine — annulling all oppositions.
*
**
October 30, 1971
I have as though a feeling that I know the why of creation.
The question was to realise the phenomenon of a consciousness which
would have at the same time the individual consciousness — the
individual consciousness that we naturally have — and the consciousness
of the whole, the consciousness (how to say ?) ... one might say global.
But the two consciousnesses unite in something ... which we have to find.
A consciousness at the same time individual and total. And all this
labour is for the sake of uniting the two consciousnesses into one consciousness which is that at the same time, and that
is the next realisation.
(silence)
For us it seems to take time (it is translated for us by time) as though
it "is being done", as though something is "to be done". But that is the
illusion in which we are. Because we have not... crossed over to the other
side.
|
Page – 76 - 77
Mais on a des choses à trouver ! La vieille routine est finie. C'est fini;
C'est la plasticité de la matière qu'il faut trouver — que la matière
puisse toujours progresser. Voilà.
Combien de temps il faudra ? Je ne sais pas. Combien d'expériences
il faudra ? Je ne sais pas. Mais maintenant le chemin est clair.
Le chemin est clair.
*
**
Le 17 novembre 1971
C'est très étrange, toute la vision des choses a changé ... Et puis,
oublié.
Si totalement changé ...
Mais dans ce changement de vision, qu'est-ce qui/ait la différence?
(Après un long silence souriant) C'est comme si la conscience n'était
pas dans la même position vis-à-vis des choses — je ne sais pas comment
dire. Alors elles apparaissent tout à fait différentes.
(silence)
Je ne sais pas comment expliquer ... La conscience humaine ordinaire, même si elle a les idées les plus larges, est toujours au centre, et les
choses sont comme cela (geste convergent de tous les côtés comme une toile
d'araignée). Les choses existent (tout ce que l'on dit, rapetisse), elles
existent par rapport à un centre. Tandis que ... (Mère dessine une multitude de points éparpillés). C'est ce qui exprime le mieux, je crois : dans
la conscience humaine ordinaire, on est dans un point et toutes les
choses existent dans leur relation avec ce point de conscience (même
geste en toile d'araignée). Et maintenant, le point n'existe plus, alors les
|
But the individual consciousness is not at all a falsehood, it must be
linked with the consciousness of the whole in such a way that it makes
another consciousness which we have not, we do not possess yet. Not
that it must abolish the other, there has to be an adjustment, a different
aspect... in which the two are manifested simultaneously.
For example, at this moment there is a whole series of experiences
about the power of creation that is latent in the individual consciousness,
that is to say, the capacity for knowing things — knowing or willing as
we call it — in the individual consciousness before they are, before they
have become. We say "we want that", but it is an intermediary1, it is the
consciousness which is on the way towards something where it is at the
same time the vision of what has to be and the capacity to realise it.
That is the next step. Afterwards ...
So, for us, that is to say, for the individual consciousness, the thing is
translated by time, the time needed for ... I do not know how to say.
I feel it like that : you are not this, you are not yet that and you must
not leave this to become that — the two must become one and form something new.
And that explains everything — everything, everything, everything,
and that annuls nothing.
It is a hundred times more wonderful than anything we can imagine.
The question is to know whether that (the
body) will be able to
follow.... In order to follow, not only must it endure but acquire a new
form, a new life. That, I do not know. In any case, it does not matter —
the consciousness is clear and the consciousness is not subject to that
(Mother points to the body). If that can be made use of so much the better,
otherwise.... There are things still to be found.
Yes, things to be found ! The old routine is ended, ended.
What is to be found is the plasticity of Matter so that Matter is able
to progress always. There you are.
How long it will take ? I do not know. How much experience is
needed ? I do not know. But now the way is clear.
The way is clear.
*
**
1 Mother means an intermediary consciousness.
|
Page – 78 - 79
|
choses existent en elles-mêmes.
C'est ce qui est le plus exact. Ce n'est pas cela mais ...
N'est-ce pas, ma conscience est dans les choses — elle n'est pas
"quelque chose" qui reçoit. C'est beaucoup mieux que cela mais je ne
sais pas comment dire.
C'est mieux que cela parce que ce n'est pas seulement "dans les
choses", c'est dans "quelque chose" qui est dans les choses et qui... les
fait mouvoir.
Je pourrais faire une phrase. Je pourrais dire : ce n'est plus un être
parmi les autres, c'est..., je pourrais dire "c'est le Divin en toutes choses".
Mais ce n'est pas comme cela que je le sens ... "Ce qui fait mouvoir les
choses, ou ce qui est conscient dans les choses".
C'est évidemment une question de conscience, mais pas une conscience comme les êtres humains l'ont ordinairement. C'est la qualité de
la conscience qui a changé.
*
**
Le 18 décembre 1971
J'ai entendu quelque chose que Sri Aurobindo a écrit, disant que
pour que le Supramental soit manifesté sur la terre, il faut que le mental
physique le reçoive et le manifeste — et c'est justement le mental physique, c'est-à-dire le mental corporel, le mien, le seul qui me reste maintenant. Et alors, il m'est venu d'une façon tout à fait claire que c'est pour
cela que seul celui-là est resté. Et il est en train de se convertir d'une
façon très rapide et très intéressante. Ce mental physique est en train de
se développer sous l'Influence supramentale. Et c'est justement cela que
Sri Aurobindo a écrit, que c'était indispensable pour que le Supramental
puisse se manifester d'une façon permanente sur la terre.
Alors, cela va bien ... Ce n'est pas commode ! (Mère rit)
|
November 17, 1971
Very strange. The whole view of things has changed ... and then forgotten.
So totally changed ...
But in this change of view what makes the difference ?
(After a long silence smiling) It is as if the consciousness was not in
the same position with regard to things — I do not know how to say it.
So they appear altogether different.
(silence)
I do not know how to explain.... The ordinary human consciousness,
even when it has the widest ideas, is always at the centre and things are
like this (gesture converging from all sides like a spider's web). Things exist
(all that one says only narrows down), they exist in relation to a centre
whereas ... (Mother makes a gesture showing a multitude of scattered points).
I believe that is how it is best expressed : in the ordinary human consciousness one is at a point and all things exist in their relation to this point
of consciousness (same gesture of spider's web). And now the point exists
no more, so things exist in themselves.
This is the most exact thing to say. It is not that but...
So my consciousness is in the things — it is not "something" which
is receiving, it is much better than that but I do not know how to say.
It is better than that because it is not merely "in the things", it is in
"something" which is in the things and which makes them move.
I could say it in words. I could say : it is no more a being among
others, it is ..., I could say : it is the Divine in all things". But it is not
that way I feel... "what moves things or what is conscious in things".
Evidently it is question of consciousness but not a consciousness
as human beings have ordinarily. It is the quality of consciousness that
has changed.
*
**
|
Page – 80 - 81
|
Oui, justement, c'est un problème que je me suis posé. Parce que j'ai vu une chose, que cette transformation notait pas possible à moins qu'il n'y ait une sorte de radical changement de position dans la conscience, ou de changement de vision...
Oui.
À moins de voir autrement les choses et les êtres.
Oui, oui.
Mais alors, je me demande comment est-ce possible ?
C'est possible comme cela.
Mais il faut que ce soit quelque chose de très radical.
Mais c'est radical, mon petit ! Tu n'imagines pas, c'est comme ... Je
pourrais dire vraiment que je suis devenue une autre personne. Il n'y a
que ça (Mère touche l'apparence de son corps) qui reste comme ça, semblable à lui-même ... Dans quelle mesure il pourra changer ? Sri Aurobindo
a dit que si le mental physique était transformé, la transformation du
corps suivrait tout naturellement. Nous verrons.
Mais pourrais-tu me donner une clefs ou un levier, pour opérer ce
changement radical?
Ah ! je ne sais pas, parce que, pour moi, on m'a simplement enlevé
tout — le mental parti complètement. Si tu veux, en apparence, j'étais
devenue imbécile, je ne savais rien. Et c'est le mental physique qui s'est
développé petit à petit, par des révélations successives. Moi, je ne sais pas,
on a fait le travail pour moi — je n'ai rien fait. Ça a été fait comme
|
December 18, 1971
I heard something written by Sri Aurobindo saying that for the supramental to manifest upon earth the physical mind must receive it and manifest it — and it is just the physical mind, that is to say, the body mind, the only thing that remains in me now. And then the reason why only this part has remained became quite clear to me. It is on the way of being converted in a very rapid and interesting manner. This physical mind is being developed under the supramental Influence. And it is just what Sri Aurobindo has written, that this is indispensable so that the supramental may manifest itself permanently upon earth.
So, it is going on well... but it is not easy.
(Mother laughs)
Yes, this is just the problem which I put to myself because I have seen
one thing, that this transformation is not possible unless there is some
sort of radical change of position in the consciousness or a change
of view.
Yes.
Unless one sees things and beings in another way.
Yes, yes.
But then I ask myself how is this possible ?
It is possible that way.
But it must be something very radical.
But it is radical, my child! Don't imagine it is like.... I could say truly
that I have become another person. It is only that (Mother touches the
|
Page – 82 - 83
|
cela, d'une façon tout à fait radicale.
Ça a pu se faire parce que j'étais très consciente de mon psychique
(de l'être psychique qui s'est formé à travers toutes les existences), j'étais
très consciente, et lui est resté ; il est resté et justement il a permis que
j'aie affaire avec les gens sans que cela fasse de différence, grâce à cette
présence psychique. C'est pour cela qu'il y a eu très peu d'apparents
changements. Alors je ne peux dire que ce que je sais, et je dirai cela : il faut que le psychique reste très dominant tout l'être — tout l'être corporel — et guidant la vie, alors le mental a le temps de se transformer.
Le mien, on l'a simplement renvoyé.
N'est-ce pas, la transformation du mental corporel était indispensable, parce que je n'avais plus que celui-là tu comprends ?... Il y a peu de
gens qui accepteraient cela. (Riant') Moi, ça a été fait sans me demander
mon avis ! Le travail était très facile.
C'est cela justement qui s'est passé.
Je voudrais bien quelque chose de radical...
(Mère rit) Mais est-ce que tu accepterais ce qui m'est arrivé, c'est-à-dire que l'individu, la personne se sente absolument imbécile?
Je suis prêt.
Est-ce que cela ne te désespérerait pas ?
Non, non — non.
N'est-ce pas, c'est une chose qui s'installe d'une façon pour ainsi
dire permanente : la nullité de la personne — absolument la nullité,
l'incapacité. Et alors, on est... on est bien, on est tout naturellement
comme un enfant, on dit au Divin : "Fais tout pour moi" (il n'y a plus
rien, on ne peut rien faire ! ) alors ça va bien tout de suite — tout de
suite.
|
outer form of her body) which remains as it was .... To what extent would
it be able to change ? Sri Aurobindo has said that if the physical mind was
transformed the transformation of the body would follow quite naturally.
We shall see.
But could you give me a key or a lever to bring about this radical
change?
Ah ! I do not know, because, for me everything has been simply
taken away from me — the mind has left completely. If you like, in
appearance, I became stupid, I knew nothing. And it is the physical mind
that developed little by little, through successive revelations. For me, I
do not know, the work has been done for me — I did nothing. It has been
done in a quite radical way.
It could be done because I was very conscious of my psychic (the psychic being which has been formed through all the lives), I was very conscious and it has remained; it has remained and it has precisely allowed
me to have dealings with men without that making any difference, due
to this psychic presence. That is why there has been so little of apparent
change. So I can say only what I know and I say this : the psychic must
remain there dominating the whole being — the whole bodily being —
and guiding the life, then the, mental being has time to transform itself.
My own mind proper has been simply sent away.
Well, the transformation of the bodily mind was indispensable because I had only that, nothing more, do you understand ? ... Very few
people would accept that. (laughing) As for me it has been done without
asking my opinion. The work was very easy.
That is exactly what has happened.
I would like to have something radical...
(Mother laughs) But would you accept what has happened to me, that
is to say, the individual, the person feeling absolutely imbecile? |
Page – 84 - 85
|
N'est-ce pas, le corps s'est donné entièrement, il avait même dit au
Divin : "Je Te prie de me faire vouloir ma dissolution si je dois mourir",
afin que e même là je ne résiste pas s'il est nécessaire que ce corps meure —
vouloir ma dissolution. Voilà son attitude, il était comme cela (geste mains
ouvertes). Et au lieu de cela, est venue une sorte de ... (je pourrais traduire par des mots mais ce n'étaient pas des mots) : "Si tu acceptes la souffrance et les malaises, la transformation est mieux que la dissolution."
Et alors, quand il a du malaise, il accepte.
Ce n'est pas ça, ce que je dis est... Ce n'est pas vraiment cela, mais
c'est quelque chose de difficile à expliquer. C'est vraiment une attitude
nouvelle et une sensation nouvelle, je ne peux pas dire.
Et évidemment, pour chacun, ce doit être différent... Pour moi,
ça a été très radical—je n'avais pas le choix, tu comprends : c'était
comme cela, c'est comme cela. Voilà.
Mais il faut vraiment... Ce qui a rendu la chose facile, c'est que la
conscience psychique était tout à fait en avant et gouvernait la vie, alors
elle a continué tranquillement sans s'occuper de ça.
C'est comme la vue et l'ouïe, je me suis aperçue que ce n'était pas
une déchéance physique, c'était simplement que : je ne comprends et
je n'entends les gens que quand ils pensent clairement ce qu'ils disent.
Et je ne vois que ce qui est... ce qui exprime la vie intérieure, autrement
c'est... flou ou voilé, et ce n'est pas que les yeux ne voient pas, c'est
"quelque chose", c'est quelque chose d'autre — tout est nouveau.
(silence)
C'est vrai, il faut que le corps soit de très bonne volonté — il se trouve
que le mien est de bonne volonté. Et ce n'est pas une bonne volonté
mentale, n'est-ce pas, c'est vraiment une bonne volonté corporelle. Il
accepte, il accepte tous les inconvénients ... Mais c'est l'attitude qui
est importante, ce ne sont pas les conséquences (je suis convaincue que
les inconvénients ne sont pas indispensables), c'est l'attitude qui est importante. N'est-ce pas, il faut que ce soit comme cela
(geste mains ouvertes).
Vraiment, je me suis aperçue que dans la majorité des cas, la soumission
au Divin ne veut pas dire confiance en le Divin — parce que l'on fait
la soumission au Divin, on dit : "Même si Tu me fais souffrir, je me soumets",
|
I am ready.
Would that not make you despair ?
No, no, no.
Well, it is a thing that settles itself so to say, in a permanent way :
the nothingness of the person, its absolute nothingness, incapacity and
then you are ... you are at ease, you are quite naturally like a child, you
say to the Divine : "Do everything for me" (there is nothing else I am
to do, there is nothing else I can do !), then everything becomes all right
immediately — immediately.
Well, the body has given itself entirely, even it had said to the Divine :
"I pray to you to make me will for my dissolution if I am to die", so that
even there I do not resist if it is necessary for the body to die — even to
will for the dissolution. That is its attitude, it was like that (gesture
with open hands). And instead of that there came a sort of... (I could
translate it by words but they were not words) : "if you accept suffering and ailments, transformation is better than dissolution". And so
when there is ailment it accepts.
It is not that. What I say is ... it is not really that but it is something
difficult to explain. It is really a new attitude and a new sensation. I am
not able to say.
And evidently for each one it must be different... for me it was very
radical — I had no choice, you understand : it was like that, it is like that,
there you are.
But really it is necessary ... what has made the thing easy is that the
psychic consciousness was wholly in front and governed the life. So it
continued quietly without being disturbed.
As in the way of seeing and hearing. I came to know that it was
not a physical decline, it was simply this that I understand and hear people
when they think clearly what they say. I see only that which is ... which
expresses the inner life, otherwise it is ... hazy or veiled; and it is not that
the eyes do not see, it is "something else", it is some other thing—everything is new.
|
Page – 86 - 87
mais c'est un manque absolu de confiance ! Ça, c'est vraiment.
amusant, la soumission n'implique pas la confiance, la confiance c'est
quelque chose d'autre, c'est... une espèce de connaissance—de connaissance "unshakable", que rien ne peut troubler — que c'est nous qui
changeons en difficultés, en souffrances, en misère, ce qui, dans la Conscience divine, est... Paix parfaite. C'est nous qui faisons cette petite
transformation.
Et des exemples extraordinaires sont venus ... Il faudrait des heures
pour expliquer.
Vraiment, c'est la conscience qui doit changer — et même la conscience des cellules, tu comprends ?... Ça, c'est un changement radical.
Et nous n'avons pas de mots pour exprimer cela, parce que ça n'existe
pas sur la terre — c'était latent mais ce n'était pas manifesté. Tous les
mots sont... à côté, ce n'est pas tout à fait ça.
(silence)
Si tu veux, on pourrait dire qu'à chaque minute on a l'impression que,
ou on peut vivre ou on peut mourir (geste de légère bascule d'un côté ou de
l'autre), ou on peut vivre éternellement. À chaque minute c'est comme
cela. Et la différence (entre les deux côtés) est tellement insensible que
l'on ne peut pas dire : faites ça et vous serez de ce côté, faites ça et vous
serez de l'autre côté — ce n'est pas possible. C'est une manière d'être
presque indescriptible1.
*
**
1 Au moment de la publication de cette conversation. Mère a ajouté ceci, le 15 janvier 1972 :
"Cette expérience-là est de plus en plus constante—tantôt c'est une chose, tantôt c'est une autre.
Et c'est devenu aigu. Et en même temps, la connaissance (Mère lève un index) : "C'est le moment
de remporter la Victoire"., comme cela, qui vient par le psychique, qui vient d'en haut... "Tiens
bon, c'est le moment de remporter la Victoire."
|
(silence)
It is true, the body must have a very good will, — mine happens
to have goodwill. And it is not a mental goodwill, it is truly a bodily
goodwill. It accepts all inconveniences ... But it is the attitude that is important, not the consequences. (I am sure that the inconveniences are
not indispensable). It is the attitude that is important. Well, it must be
so (gesture of open hands). In fact I have found that in the majority of
cases surrender to the Divine does not necessarily include trust in the
Divine — because you surrender to the Divine, you say, "Even if you
make me suffer, I surrender myself", but it is an absolute lack of trust !
Yes, it is really amusing, surrender does not imply trust; trust is something else, it is ... a kind of knowledge—an "unshakable" knowledge
that nothing can disturb—that it is we who change into difficulties,
sufferings and miseries what is in the Divine Consciousness ...perfect
Peace. It is we who bring about this little transformation.
And extraordinary examples have come ... hours would be needed
to explain.
Indeed it is the consciousness that must change, even the consciousness of the cells, you understand?... That is the radical change.
We have no words to express that, because that does not exist upon
earth, it was latent but it was not manifested. All words are ... by the
side, it is not altogether that.
(silence)
If you like, one might say that at every minute one has the feeling
that one may live or one may die (gesture of slight tilt on one side or the
other) or one may live eternally. At every minute it is like that and the
difference (between the two sides) is so imperceptible that one cannot
say : do this and you will be on this side, do that and you will be on
the other side. This is not possible. It is a way of being that is almost
indescribable.1
*
**
1 At the time of publishing this conversation. Mother added on January 15, 1972
:
"That experience is becoming more and more constant — at one time it is this, at another it is
that and it has become very acute. At the same time the knowledge (Mother raises her index finger) :
"This is the moment of winning the Victory", which comes from the psychic and through it
from above .... "Hold fast, it is the moment of winning the Victory." |
Page – 88 - 89
|
Le 22 décembre 1971
J'ai entendu une lettre de Sri Aurobindo où il disait que pour que le
Supramental soit fixé ici (il avait vu que le Supramental venait en lui
et puis se retirait, et puis il revenait et il se retirait—qu'il n'était
pas stable), pour qu'il soit stable, il faut qu'il entre et qu'il s'installe
dans le mental physique1. Et c'est ce travail qui se fait maintenant
depuis des mois en moi : le mental avait été retiré, et c'est le mental
physique qui prend sa place, et j'avais justement remarqué depuis quelque temps qu'il était... (je te disais qu'il voyait tout d'une façon différente, que son rapport avec les choses était différent), j'avais remarqué
que ce mental physique, le mental qui est dans le corps, devenait vaste,
il avait des visions d'ensemble, et toute sa manière de voir, absolument
différente. J'ai vu, c'est cela : le Supramental est en train de travailler
là. Et je passe des heures extraordinaires.
Ce qu'il y a, ce sont seulement les choses qui résistent — on a l'impression (je te l'ai dit) que c'est comme si à chaque minute (et cela devient
de plus en plus fort), à chaque minute : veux-tu la vie, veux-tu la mort ;
veux-tu la vie, veux-tu la mort... Et c'est comme cela. Et alors, la vie,
c'est l'union avec le Suprême, et la conscience, une conscience tout à fait
nouvelle qui vient. Et c'est comme cela, comme cela (Mère fait un geste
de bascule d'un côté à l'autre). Mais hier ou avant-hier, je ne sais pas, tout
d'un coup le corps a dit : non ! c'est fini —je veux la vie, je ne veux plus
rien d'autre. Et alors, ça va mieux depuis.
1 Nous ne savons pas exactement à quel texte Mère fait allusion, mais ce doit être un écrit très
voisin de celui-ci :
"... Il existe aussi un mental obscur, un mental du corps, des cellules mêmes, des molécules, des
corpuscules. Haeckel, le matérialiste allemand, a parlé quelque part d'une volonté dans l'atome, et
la science récente, en présence des imprévisibles variations individuelles dans les activités de l'électron, est sur le point de s'apercevoir que ce n'est pas une métaphore mais l'ombre portée d'une
réalité secrète. Ce mental corporel est très tangiblement réel; par son obscurité, son attachement
obstiné et mécanique aux mouvements passés, sa facilité à oublier, son refus du nouveau, il s'avère
l'un des principaux obstacles à l'infusion de la Force supramentale dans le corps et à la transformation du fonctionnement corporel. Par contre, une fois effectivement converti, ce sera l'un des
instruments les plus précieux pour stabiliser la Lumière et la Force supramentales dans la Nature
matérielle."
(Letters on Yoga, I. 340)
|
December 22, 1971
I heard a letter of Sri Aurobindo read to me in which he said that for the supramental to be fixed here (he had seen that the supramental came into him and then it withdrew, and then it came back again and again withdrew — it was not stable), and he said, to become stable it must enter and settle itself in the physical mind.1 It is this work that is being done in me for months together : the mind has been withdrawn and the physical mind has taken its place, and I have just noticed since sometime ago that it was.... (I was telling you that it was seeing everything in 'a different way, that its relation with things was different), I have noticed that this physical mind, the mind that is in the body, had become wide, it had a global view of things and the entire way of its seeing was absolutely different. I saw, it is that : the supramental is at work there. I am passing through extraordinary hours.
What is happening is that only the things resist — one feels (I have
already told you) that it is as though at every moment (and it is becoming
stronger and stronger), at every moment : Do you want life, do you want
death, do you want life, do you want death ? ... And it is like that. And
then, life, that means union with the Supreme, and the consciousness, an
altogether new consciousness comes. And it is this way, it is that way,
(Mother makes a gesture of tilting one way or the other). But yesterday or
1 We do not know exactly the text to which Mother refers here, but it must be some writing
similar to the following :
"There is too an obscure mind of the body, of the very cells, molecules, corpuscles. Haeckel,
the German materialist, spoke somewhere of the will in the atom and recent science, dealing with the
incalculable variations in the activities of the electrons, comes near to perceiving that this is not a
figure but the shadow thrown by a secret reality. This body mind is a very tangible truth, owing to
its obscurity and mechanical clinging to past movements and facile oblivion and rejection of the
new, we find in it one of the chief obstacles to permeation by the supermind Force and the
transformation of the functioning of the body. On the other hand, once effectively converted it
will be one of the most precious instruments for the stabilisation of the supramental Light and
Force in material Nature." (Letters on Yoga : I. 340 : Centenary edition.)
|
Page – 90 - 91
|
Oh ! il faudrait des volumes pour raconter ce qui se passe ... C'est
extraordinairement intéressant, et tout à fait nouveau. Tout à fait
nouveau.
(Mère plonge)
À cause de la mort physique, le subconscient est défaitiste. N'est-ce
pas, le subconscient a l'impression que, quel que soit le progrès, quel que
soit l'effort, ça finira toujours par ça, parce que, jusqu'à présent, ça a toujours fini comme cela. Et alors, le travail qui est en train de se faire, c'est
de tâcher de faire entrer la foi, la certitude de la transformation, dans le
subconscient. Et ça ... c'est une lutte de chaque instant.
*
**
Le 25 décembre 1971
C'est la fête de la Lumière — Noël est la fête de la Lumière qui revient ... C'est beaucoup plus vieux que le christianisme !
Et samedi prochain, c'est le premier janvier.
J'espère que 72 va être meilleur!
(Mère hoche la tête) De plus en plus je suis convaincue que nous
avons une façon de recevoir les choses et de réagir qui crée les difficultés —
j'en suis de plus en plus convaincue. Parce que j'ai des expériences
peu plaisantes, physiquement, matériellement, et alors, tout change suivant que l'on y fait attention ou non, suivant une attitude comme cela
(geste tourné sur soi) où l'on se regarde vivre, ou bien une attitude où l'on
est (geste vaste) dans les choses, dans le mouvement, dans la vie, et une
attitude où l'on ne donne d'importance qu'au Divin ; si l'on arrive à être
comme cela tout le temps, il n'y a pas de difficultés — et les choses sont
|
the day before, I do not know, all of a sudden the body said : No ! It is finished — I want life, I want nothing else. And then things are getting better since. Oh ! Volumes would be needed to narrate what is happening ... it is ... extraordinarily interesting and altogether new. New altogether.
(Mother goes deep within)
Because of the physical death, the subconscient is a defeatist. Well,
the subconscient has the feeling that whatever be the progress, whatever the
effort, it will always end by that, because till today it has always ended that
way. So the work that is being done is to try to introduce faith, the
certitude of transformation into the subconscient. And that ... it is a
struggle of every moment.
*
**
December 25, 1971
It is the festival of the Light — Noel is the festival of the returning
Light... it is very much older than Christianity.
And next Saturday it is the first of January.
I hope ' 72 is going to be better !
(Mother shakes her head). I am getting more and more convinced that
we receive things and react in a way that creates difficulties — I am being
convinced of it more and more. Because I have experiences hardly agreeable, physically, materially, and then everything changes according to
whether one pays attention to it or not, according to an attitude like
this (gesture turned to oneself) in which one looks at oneself living, or
an attitude in which one is (gesture of wideness) in all things, in movement, |
Page – 92 - 93
les mêmes. C'est l'expérience : la chose en elle-même est d'une certaine
manière, et c'est notre réaction vis-à-vis de la chose qui diffère. L'expérience est de plus en plus probante. N'est ce pas, il y a trois catégories :
notre attitude vis-à-vis des choses, les choses en elles-mêmes (ces deux-là
donnent toujours des difficultés), et il y a une troisième catégorie où tout,
tout est par rapport au Divin, dans la Conscience du Divin — tout va merveilleusement ! Facile ! Et je parle de choses matérielles, de la vie physique matérielle (les choses morales, on le sait depuis longtemps, c'est
comme cela), mais les choses matérielles, c'est-à-dire les petits inconvénients du corps, les réactions, avoir des douleurs ou non, les circonstances
vont mal, ne pas pouvoir avaler — les choses les plus banales, auxquelles
on ne fait pas attention quand on est jeune et fort et bien portant ; on n'y
fait pas attention, et c'est comme cela pour tout le monde, mais quand
on vit dans la conscience de son corps et de ce qui lui arrive et de sa façon
de recevoir ce qui vient et tout cela — oh ! c'est la misère ! Quand on
vit dans la conscience des autres, de ce qu'ils veulent, de ce qu'il faut, de
leur rapport avec vous — c'est la misère ! Mais si l'on vit dans la Présence
divine et que c'est le Divin qui fait tout, qui voit tout, qui est tout... c'est
la Paix — c'est la Paix, le temps n'a plus de durée, tout est facile et... Ce
n'est pas que l'on sente une joie ni que l'on sente ... ce n'est pas cela ...
c'est le Divin qui est là. Et c'est la seule solution. Et c'est vers cela que le
monde va : la Conscience du Divin — le Divin qui fait, le Divin qui est,
le Divin ... Et alors, identiquement la même circonstance (je ne parle
pas de circonstances différentes), identiquement la même circonstance
(c'est mon expérience de ces jours-ci, tellement concrète !) avant-hier,
j'étais malade comme tout et hier les circonstances étaient les mêmes,
mon corps était dans le même état, tout était semblable, et... tout a été
paisible.
Ça, je suis absolument convaincue.
Ça explique tout. Ça explique tout, tout, tout.
Le monde est le même — il est vu et senti d'une façon absolument
opposée.
Tout est un phénomène de conscience — tout. Seulement, pas cette
conscience, ni celle-ci ni celle-là, ce n'est pas cela, c'est notre façon, la
façon humaine d'être conscient, ou la façon divine d'être conscient. Voilà.
C'est toute l'affaire. Et je suis absolument convaincue.
|
in life, and an attitude in which importance is given only to the Divine , if one is able to have this all the time there is no difficulty—and the things remain the same. This is the experience : the thing in itself is of a certain kind but it is our reaction in respect of the thing which diners. The experience is proving the point more and more. There are three categories : our attitude towards things, the things in themselves (these two bring always difficulties), and there is a third category in which everything, everything exists in relation to the Divine, in the Consciousness of the Divine — everything goes on wonderfully! easy! and I speak of material things, of the material physical life (morally speaking it has long been known to be like that) but things material, that is to say, the small inconveniences of the body, its reactions, having pain or not, circumstances going bad, not being able to swallow, things most trivial to which no attention is paid when one is young and strong and healthy, no attention is paid and for everybody it is so, but when one lives in the consciousness of his body, with the consciousness of what happens to it, the way it receives, what comes and all that — oh ! it is misery. When one lives in the consciousness of others, of what they want, of what is needed for them and their relation with you — it is misery ! But if you live in the Divine Presence and if the Divine does all, sees all, is all... it is Peace — it is Peace — time has no more duration, everything is easy and ... it is not that one feels a joy nor that one feels ... it is not that, it is the Divine who is there, that is the only solution. And it is towards that that the world is moving : towards the Consciousness of the Divine — the Divine who does, the Divine who is, the Divine ... then the same identical circumstances (I do not speak of different circumstances), the same identical circumstances (this is my experience of the days, so concrete !) — day before yesterday I was rather quite unwell and yesterday the circumstances were the same, my body was in the same state, everything the same and ... all was peaceful. Of that I am absolutely convinced.
That explains everything. That explains everything, everything,
everything.
The world is the same — it is seen and felt in an absolutely opposite
way.
Everything is a phenomenon of consciousness — everything. Only |
Page – 94 - 95
|
(silence)
En somme, le monde est comme il doit être, à chaque instant.
Oui.
C'est nous qui le voyons mal, ou le sentons mal ou le recevons mal.
C'est comme la mort, n'est-ce pas. C'est un phénomène de transition, et il nous paraît que cela dure depuis toujours (pour nous, c'est depuis toujours parce que notre conscience est comme cela — Mère découpe
un petit carré dans l'espace), mais quand on a cette conscience divine,
oh ! ... Les choses deviennent presque instantanées, tu comprends.
Je ne peux pas expliquer.
Il y a un mouvement, il y a une progression, il y a ce qui se traduit
pour nous par le temps, ça existe, c'est quelque chose ... c'est quelque
chose dans la conscience ... C'est difficile à dire ... C'est comme une
image et sa projection. C'est un peu comme cela. Toutes les choses sont,
et, pour nous, c'est comme quand nous les voyons projetées sur l'écran,
elles viennent l'une après l'autre. C'est un peu comme cela.
Oui, Sri Aurobindo disait que dans la conscience supramentale, le passé, le
présent et l'avenir existaient côte à côte, comme sur une seule carte de
connaissance1.
Oui, c'est cela. C'est cela. Mais pour moi, c'est une expérience.
Ce n'est pas une chose que je "pense" (je ne pense pas), c'est une expérience. Et c'est difficile à expliquer.
1 "... tandis que la raison avance de moment en moment dans le temps, perd et acquiert, perd
encore pour acquérir encore, la gnose domine le temps d'un seul regard et d'un pouvoir sans rupture , elle relie le passé, le présent et l'avenir dans leurs connexions indivisibles, côte à côte, en une
seule carte de connaissance continue. La gnose part de la totalité, qu'elle possède immédiatement ;
elle ne voit les parties, les ensembles et les détails que par rapport à la totalité et de la même vision
que la totalité..."
( |
not this consciousness, neither this one nor that one, it is not that. It is
our way, the human way of being conscious or the Divine way of being
conscious. There you are. The whole matter is there. And I am absolutely convinced.
(silence)
After all the world is as it should be at every instant.
Yes.
It is we who see it wrongly, or feel wrongly or receive wrongly.
It is like death. Well, it is a transitional phenomenon and it appears
to us that it has been always so, for us it has been always so because our
consciousness is so — (Mother cuts up a small square in the air) but when
you have this Divine Consciousness, oh !... things become almost instantaneous, you understand. I cannot explain.
There is a movement, there is a progress forward, there is what is
translated for us by time, that exists, it is something... it is something
in the consciousness... it is difficult to say... it is like a picture and its
projection. It is something like that. All things are, and for us it is as
though we see them projected on-'the screen, they come one after another, it is somewhat like that.
Yes, Sri Aurobindo said that in the
supramental consciousness the past, the present and the future existed side by
side as though on a single map of consciousness.
1 " .., while the reason proceeds from moment to moment of time and loses and
loses and
again loses and again acquires, the gnosis dominates time in a one view and perpetual power and
links past, present and future in their indivisible connections, in a single continuous map of knowledge, side by side. The gnosis starts from the totality which it immediately possesses ; it sees parts,
groups and details only in relation to the totality and in one vision with it..."
(The Synthesis of Yoga:
p. 464. Centenary edition)
|
Page – 96 - 97
|
Et l'effet que cela nous produit, la sensation que nous en avons, dépend exclusivement de l'attitude de notre conscience. Et alors, la conscience d'être en soi-même ou d'être dans le tout (être dans le tout est déjà
un peu mieux que d'être égoïstement soi-même, mais cela a des avantages, des inconvénients, et ce n'est pas la vérité), la Vérité, c'est... le
Divin en tant que totalité — totalité dans le temps et totalité dans l'espace.
Et ça, c'est une conscience que le corps peut avoir, parce que ce corps-là
l'a eue (momentanément, pour des moments), et pendant qu'il l'a, tout
est tellement... n'est-ce pas, ce n'est pas la joie, ce n'est pas le plaisir, ce
n'est pas le bonheur, ce n'est rien de tout cela ... une sorte de paix béatifique ... et lumineuse ... et créatrice. C'est magnifique. Seulement, ça
vient, ça va, ça vient, ça va ... Et quand on en sort, on a l'impression de
tomber dans un trou horrible — notre conscience ordinaire (la conscience
humaine ordinaire, je veux dire), est un trou horrible. Mais on sait aussi
pourquoi cela a été momentanément comme cela, c'est-à-dire que c'est
nécessaire pour passer de ceci à cela — tout ce qui arrive est nécessaire
au plein développement du but de la création. On pourrait dire : le but
de la création est que la créature devienne consciente comme le Créateur.
Voilà. C'est une phrase, mais c'est dans ce sens-là. Le but de cette création, c'est cette Conscience de l'Infini, Éternel qui est tout-puissant —
Infini, Éternel, Tout-Puissant (que nos religions ont appelé Dieu : pour
nous, par rapport à la vie, c'est le Divin) — Infini et Éternel, Tout-Puissant... hors du temps, chaque parcelle individuelle possédant cette
Conscience, chaque parcelle individuelle contenant cette même Conscience.
C'est la division qui a créé le monde, et c'est dans la division que
l'Éternel se manifeste.
Notre langage est... (ou notre conscience) inadéquat. Plus tard, je
pourrai dire.
Il se passe quelque chose—voilà (Mère rit).
Bon Noël, mon petit — la fête de la Lumière ...
|
Yes, it is that. It is that. But for me, it is an experience. It is not a
thing that I "think" (I do not think), it is an experience25and it is difficult
to explain.
And the effect the thing produces on us, the sensation it brings
to us depends exclusively on the attitude of our consciousness and then
the consciousness of being in oneself or in every thing (to be in everything is already a little better than to be oneself egoistically but it has its
advantages, its inconveniences and it is not the Truth), the Truth is...
the Divine as the totality — the totality in time and in space and that is
a consciousness which the body can have, for this body had it (momentarily, for moments) and so long as it has that, everything is so much...
well, it is not delight, it is not pleasure, it is not happiness, it is nothing of
the kind... a kind of blissful peace... and luminous... and creative...
It is magnificent. Only it comes, it goes, it comes, it goes ... and when
you come out of it, you have the feeling of dropping into a horrible hole
—our ordinary consciousness (I mean the ordinary human consciousness), is a horrible hole. But you know also why it was so momentarily
that is to say it is necessary for one in order to pass from one to the other —
all that happens is necessary for the full unfoldment of the goal of the
creation. One might say : the goal of the creation is that the creature must
become conscious like the Creator. There. It is a phrase but it is in the
direction. The goal of this creation is this Consciousness of the Infinite,
the Eternal, that is Omnipotent — Infinite, Eternal, Omnipotent (called
God by our religions : for us, in relation to life, it is the Divine, — Infinite
and Eternal, Omnipotent... beyond time : each individual particle
possessing this Consciousness, each individual particle containing this One
Consciousness.
It is division that has created the world and it is in division that the
Eternal manifests itself.
Our language is ... (or our consciousness) inadequate. Later on I
shall be able to tell.
Something is happening — there you are. (Mother laughs)
Bon Noel, my child — the festival of the Light.
T |
Page – 98 - 99
|
Sri Aurobindo
|
Sri Aurobindo
|
||
|
April 22, 1933
This is a letter from J. He asked
me to pray for him and to take
a flower from you. And he
would also like to come here.
I have marked that if we write to you about some defects', some wrong movements etc. they are immediately rectified but only for a day or two. Then gradually the old habits, wrong turns of the mind, creep in.
Again, transformation does not happen by a miracle in a day. It must be gained by constant aspiration, patient perseverance and persistence.
Just now I received P's telegram. I am sure you will give him permission, won't you ? |
The permission may be given, but does he want to stay in the Ashram ? If so, does he know the ways of life here and that he must conform to them and also about the expenses ? Or will he stay outside ? For how long is he likely to come ? All this should be understood before you answer,
Some days I walk out of the Pranam hall with joy and warmth
filling my whole being; on some
other days the whole being seems
calm and quiet. Which one is a
better condition?
Both are good and there is no harm
in their alternating till the joy and peace
can combine.
*
**
April 23, 1933
Last night while I was concentrating lying in bed I entered into a half-wakeful state which made me a little afraid. I tried to fall |
Le 22 avril 1933
Voici une lettre de J. Il m'a demandé de prier pour lui et voudrait recevoir une fleur de vous. Il voudrait aussi venir ici.
VOUS devez comprendre que si nous persistons à refuser la demande de J., c'est que nous avons une bonne raison de le faire. Je ne comprends vraiment pas ce qu'il veut de vous. Généralement, les fleurs sont distribuées à certaines occasions spéciales, et il peut en avoir à ce moment-là.
J'ai remarqué que si nous vous écrivons à propos de certains défauts ou certains mouvements faux, etc., ils sont immédiatement rectifiés, mais seulement pendant un jour ou deux. Puis, peu à peu, les vieilles habitudes et les mauvaises tournures mentales se glissent de nouveau.
Encore une fois, la transformation ne se fait pas en un jour par miracle. Il faut la gagner par une aspiration constante, une persévérance patiente et de la persistance. |
À l'instant, je reçois un télégramme de P. Je suis certain que vous lui donnerez la permission, n'est-ce pas?
La permission peut lui être donnée, mais est-ce qu'il veut rester à l'Ashram ? Si oui, est-ce qu'il sait les usages d'ici et qu'il doit s'y conformer, et aussi, est-il au courant des dépenses ? Ou bien veut-il rester à l'extérieur ? Pour combien de temps doit-il venir ? Tout cela doit être su avant de répondre.
Certains jours, je sors du Hall de Pranam avec une joie et une chaleur qui emplissent tout mon être ; d'autres jours, tout l'être semble calme et tranquille. Quelle est la meilleure condition?
Les deux sont bonnes et il n'y a rien de mal à ce qu'elles alternent, jusqu'à ce que la joie et la paix puissent se combiner.
* **
Le 23 avril 1933
La nuit dernière, pendant que je me concentrais étendu sur mon lit, |
Page – 100 - 101
|
asleep but the state of concentration would not leave me. At
last sleep came. Is this an intermediate stage?
Yes. I don't know why you should
have any fear ! It is a quite usual experience of the concentrated state when
one is going inside.
As the meditation deepens a sense
of pressure is felt on the head. I
don't suppose it is anything abnormal?
It is on the contrary the most normal thing everybody feels at a certain
initial stage.
I hear that one can pray for
a friend and write to you about
him.
Yes; but don't do it for people who
have not the turn for Yoga. Each has
his own movement — his own time in
this life or another.
*
**
April 30, 1933
For some days there is joy and
enthusiasm, sadhana goes on
|
well. Then there comes a lapse when they are less — meditation needs effort.
These alternations are quite normal. In the low periods one has to
remain quiet, assimilate what one has
received and aspire for more.
*
**
May I, 1933
S writes to me that he is suffering
from some urinary trouble and he
refuses to have any treatment except your blessings.1
You can send blessings, but he
ought to use every means to get rid of his
illness. It is only if he has a calm mind
and a sound body that he can do yoga.
His present state is too disorganised to
bear any pressure.
*
**
May 4, 1933
I read in "The Synthesis of Yoga"
that every act, movement etc. must
1 Nirodbaran was a doctor by profession.
|
je suis entré dans un état semi-éveillé qui m'a fait un peu peur. J'essayais de m'endormir, mais l'état de concentration ne voulait pas me quitter. Finalement, le sommeil est venu. Est-ce un stade intermédiaire ?
Oui. Je ne vois pas pourquoi vous devriez avoir peur ! C'est l'expérience tout à fait habituelle de l'état de concentration quand on s'intériorise.
A mesure que la méditation s'approfondit, on a une sensation de pression dans la tête. Je suppose qu'il n'y a rien d'anormal à cela ?
C'est au contraire la chose la plus normale qui soit — tout le monde la sent à un certain stade du début.
J'ai entendu dire que l'on pouvait prier pour un ami et vous écrire à son sujet.
Oui, mais ne le faites pas pour ceux qui n'ont pas d'inclination pour le yoga. Chacun suit son propre mouvement— chacun a son temps, en cette vie ou une autre.
* ** |
Le 30 avril 1933
Pendant un certain nombre de jours, la joie et l'enthousiasme sont là, la sâdhanâ marche bien. Puis vient une chute et tout diminue — la méditation demande de l'effort.
Ces alternances sont tout à fait
normales. Pendant les périodes de baisse,
il faut rester tranquille, assimiler ce que
l'on a reçu et aspirer à recevoir davantage.
*
**
Le Ier mai 1933
S. m'écrit qu'il souffre de difficultés urinaires et il refuse tout
traitement, sauf vos bénédictions1.
Vous pouvez lui envoyer les bénédictions, mais il devrait se servir de tous
les moyens pour se débarrasser de sa
maladie. C'est seulement s'il a un mental tranquille et un corps sain qu'il peut
faire le yoga. Son état actuel est trop
désorganisé pour supporter la pression.
*
**
1 Notons que Nirodbaran était médecin. |
Page – 102 - 103
|
be done as an offering, even if by
a mental effort. This mental discipline is easy in acts of mechanical nature but not so easy in those
of concentrative nature where the
attention gets divided.
It is because people live in the
surface mind and are identified with it.
When one lives more inwardly, it is only
the surface consciousness that is occupied and one stands behind it in another
which is silent and self-offered.
What is meant exactly by "opening oneself" ?
These are acts of the mind, openness is a state of consciousness — which
keeps it turned to the Mother, free from
other movements, expecting and able to
receive what may come from the Divine.
I hear, you have some special
hours when you work for us ?
No, it is not so.
*
**
May 6, 1933
Mother, today after pranam as
|
I raised my eyes, I could not but
mark something different in your
look, as if some surprise, some
concern, even a suggestion of some
reproach, trying to express itself.
Not at all.
On analysis I found that I had
some vital thoughts but then I
thought they may be due to yoga,
and my mind settled down.
(Sri Aurobindo underlined "due to
yoga" and put a question mark in the margin).
I had to go to the pier1 with J. as
she was not feeling well. But I
came back depressed.
The pier itself has a very bad atmosphere nowadays.
You gave a searching look at me during the pranam.
You looked depressed, so Mother
looked at you — there was no other
search.
I feel much better when alone but
sometimes I have to attend to J.
1 The old pier of Pondicherry which is now
broken down.
|
Le 4 mai 1933
Je lis dans "La Synthèse des Yoga" que chaque acte, chaque mouvement, etc., doit être fait comme une offrande, même si c'est par un effort mental. Cette discipline mentale est facile pour les actes de nature mécanique mais plus difficile pour les actes de nature concentrée où l'attention se divise.
Parce que les gens vivent dans leur mental de surface et s'y identifient. Quand on vit plus à l'intérieur, seule la conscience de surface est occupée, tandis que l'on se trouve en arrière, dans une autre conscience qui est silencieuse et spontanément offerte.
Qu'entend-on exactement par "s'ouvrir" ?
Il était question d'actes du mental, tandis que l'ouverture est un état de conscience — un état qui garde la conscience tournée vers la Mère, exempte d'autres mouvements, en attente et capable de recevoir ce qui peut venir du Divin.
J'ai entendu dire que vous aviez des heures spéciales pendant lesquelles vous travailliez pour nous ? |
Non, ce n'est pas exact.
*
**
Le 6 mai 1933
Mère, aujourd'hui après le pranâm, comme je levais les yeux,
je n'ai pas pu m'empêcher de
remarquer quelque chose de différent dans votre regard, comme
une surprise, une inquiétude, même
une nuance de reproche qui
essayait de s'exprimer.
Pas du tout.
A l'analyse, j'ai découvert que
j'avais eu certaines pensées vitales,
mais j'ai pensé qu'elles étaient
peut-être dues au yoga; alors mon
mental s'est apaisé.
(Sri Aurobindo souligne "dues au
yoga" et met un point d'interrogation
dans la marge.)
J'ai dû aller sur la jetée1 avec J.
parce qu'elle ne se sentait pas
bien. Mais j'en suis revenu
déprimé.
La jetée elle-même a une très mauvaise
1 L'ancien embarcadère de Pondichéry,
maintenant démoli. |
Page – 104 - 105
|
in her illness or I have to go to market with her. I wish I could do all this with a calm mind. I hope I am clear.
Quite and you are right — but I
don't see the way out for the moment
—unless you can separate yourself
within and put a guard of calm aloofness
around you.
*
**
May 7, 1933
Mother, one mistaken idea seems to trouble me for some time. I feel that in the evening whenever my eyes catch your look, you suddenly turn it away. I come to see you with some misapprehension lest you do not look at me. I am. sure there is no truth in my imagination.
No, there is no truth in it. It is your own idea — your apprehension and misapprehension that produce in you the misconception that Mother does not want to look at you !
* ** |
May 9, 1933
Last night I had a funny dream; my sleep suddenly broke off and I heard somebody saying to me, standing near my head that Sri Aurobindo has asked him to use my soap and I had the distinct sweet smell of the soap. I was frightened and trembled all over. Any significance ?
In itself the dream was absurd and has no significance — but it may be the transcription made by the mind was false and the man standing at the head was a vital force approaching. That alone would explain the fear. But this kind of fear ought to be got over. The sadhak has to be able to face the vital world, in waking or sleep, with courage, calm and confidence in the protection. * **
May 11, 1933
I hear, many people here have been on the point of going away due to the pressure of yoga ?
It is not due to the pressure of yoga, but to the pressure of something in them that negates the yoga. If one follows one's |
atmosphère maintenant.
Vous m'avez regardé d'un air inquisiteur pendant le pranâm.
Vous aviez l'air déprimé, alors Mère vous a regardé — il n'y avait pas d'autre inquisition.
Je me sens beaucoup mieux quand je suis seul, mais je dois m'occuper de J. et de sa maladie, ou bien je dois l'accompagner au marché, je voudrais bien pouvoir faire tout cela avec un mental calme. J'espère que je suis clair.
Tout à fait, et vous avez raison— mais je ne vois pas comment faire autrement pour le moment —, à moins que vous ne soyez capable de vous séparer intérieurement et de dresser une garde de calme distance autour de vous.
* **
Le 7 mai 1933
Mère, certaine idée fausse semble me déranger depuis quelque temps. Le soir, chaque fois que mon regard croise le vôtre, je sens que vous détournez vos yeux brusquement. |
Je finis par vous voir, avec une certaine appréhension fausse, de crainte que vous ne me regardiez pas. Je suis sûr que cette imagination n'est pas vraie.
Non, ce n'est nullement vrai. C'est votre propre idée — c'est votre appréhension et votre fausse crainte qui mettent en vous l'idée fausse que Mère ne veut pas vous regarder !
* **
Le 9 mai 1933
La nuit dernière, j'ai eu un rêve plutôt bizarre. Mon sommeil a été brusquement interrompu et j'ai entendu quelqu'un qui se tenait debout près de ma tête, me dire que Sri Aurobindo lui avait demandé de se servir de mon savon! Et j'ai senti distinctement l'odeur douce du savon ! J'étais effrayé et me suis mis à trembler de tous mes membres. Quel sens?
Le rêve en soi est absurde et n'a pas de sens — mais, par contre, si la transcription mentale est fausse, il se peut que l'homme qui se tendit près de la tête, fût une force vitale qui s'approchait. Ceci suffirait à expliquer la peur. Mais ce genre de peur doit être surmonté. |
Page – 106 - 107
|
psychic being and higher mental will, no amount of pressure of yoga can produce such results. People talk as if the yoga had some maleficent force in it which produces these results. It is on the contrary the resistance to yoga that does it.
*
**
May 12, 1933
The Mother, in her "Conversations", says that the first effect
of yoga is to take away the
mental control so that the ideas
and desires which were so long
checked become surprisingly prominent and create difficulties.
They were not prominent because
they were getting some satisfaction or
at least the vital generally was getting
indulged in one way or another. When
they are no longer indulged then they
become obstreperous. But they are not
new forces created by the yoga — they
were there all the time.
What is meant by the mental control being removed is that the mental
simply kept them in check but could not
remove them. So in yoga the mental
has to be replaced by the psychic or spiritual self-control which could do what
the vital cannot, only many sadhaks do
|
not make this exchange in time and
withdraw the mental control merely.
I find already that at certain
moments this life seems distasteful, dull and dreary.
What is meant by dull and dreary is that the
ordinary preoccupations and amusements of the vital are not there. The whole of
one's life and action is to be turned into sadhana and then it is not dull.
I hear you do not like the gatekeepers to do any writing, reading
etc. when on duty. Is it true?
It was because people were neglecting their duty in the absorption of reading
and writing, allowing undesirable people
to enter etc. If that does not happen,
one can read or write — only when one
is on duty, the duty comes first.
*
**
May 21, 1933
N says you have arranged Budi
House for P. I suppose, no nearer
house is available.
|
Le sâdhak doit être capable d'affronter le monde vital, dans le sommeil comme dans la veille, avec courage, calme et confiance en la protection. * **
Le 11 mai 1933
J'ai entendu dire que beaucoup de gens ici ont été sur le point de s'en aller à cause de la pression du yoga?
Ce n'est pas à cause de la pression du yoga mais à cause de la pression de quelque chose en eux-mêmes qui refusait le yoga. Si l'on suit son être psychique et la volonté mentale supérieure, aucune somme de pression yoguique ne peut avoir cet effet. Les gens parlent comme si le yoga recelait quelque force "maléfique" qui produisait ce résultat. C'est au contraire la résistance au yoga qui produit cela.
* **
Le 12 mai 1933
Dans ses "Conversations, la Mère dit que le premier effet du yoga |
est d'enlever le contrôle mental, si bien que les idées et les désirs depuis longtemps réprimés se manifestent avec une étonnante vigueur et créent des difficultés.
Ils ne se manifestaient pas parce
qu'ils trouvaient quelque satisfaction,
ou du moins parce que le vital en général se nourrissait d'une façon ou
d'une autre. Quand ils ne trouvent plus
à se nourrir, ils regimbent. Mais ce ne
sont pas de "nouvelles" forces créées
par le yoga — ils étaient là tout le temps.
Quand on dit que le contrôle
mental est enlevé, cela signifie que le
mental réprimait simplement les désirs
et les idées sans pouvoir les extirper.
Ainsi, le yoga doit remplacer le contrôle
mental par un contrôle psychique ou
spirituel qui seul peut faire ce que le
vital ne peut pas ; mais de nombreux
sâdhak ne font pas ce transfert en temps
voulu et se contentent simplement de
retirer le contrôle mental.
Parfois, à certains moments, je
trouve déjà cette vie rebutante,
morne et monotone.
Par morne et monotone, vous voulez dire que les préoccupations et les
amusements ordinaires du vital ne sont
plus là. Toute la vie et toute l'action
doivent devenir une sâdhanâ, alors plus
rien n'est monotone.
|
Page – 108 - 109
|
There is another house less breezy and almost as far.
May 24, 1933
Mother, in the pranam your looks
vary so much from day to day that one cannot but realise at
once that they have a significance.
Today, I could make out that
you wanted to tell me something
but I could not understand what
it was. I went over all the incidents of the day —no result !
It was only to keep yourself clear from all influences except the Mother's,
Can I have tea at Dilip's place,
in the morning?
Yes.
I hope there won't be any "encouragement of cravings". Of
course, I have not been able to trace any outward bad effects
from such occasional indulgences.
If it is occasional and you have no
attachment, it is all right
|
I am trying to give S1 a general idea in Anatomy lessons of the surface of the body to help him in his painting. I almost as far.
Yes, that is it; especially the proportions and
forms and the deformations coming by movement e.g. contraction of muscles in
different positions etc.
*
**
May 28, I933
Sometimes I think that you are giving me a taste of the cup of
bliss in very small drops, and at
long intervals, but I do not at all despair.
There is no room certainly for despair. The bliss
always comes in drops at first, or a broken trickle You have to
go on cheerfully and in full confidence,
till there is the cascade.
*
**
May 31, 1933
B writes that one can receive
,
1 He was sent by the Mother.
|
J'ai entendu dire que vous n'aimiez pas que les gardiens de la porte écrivent ou lisent, etc., pendant qu'ils sont de garde. Est-ce vrai?
Parce que les gens négligeaient leur
service en s'absorbant dans leur lecture
ou leurs écritures et laissaient passer
des gens indésirables. Si cela ne se
produit pas, ils peuvent lire ou écrire
—seulement, quand on est de garde,
la garde passe d'abord.
*
**
Le 21 mai 1933
N. m'a dit que vous destiniez
"Boudi House" à P. Je suppose
qu'aucune autre maison plus proche n'est disponible?
Il y en a une autre, moins aérée et
presque aussi loin.
*
**
Le 24 mai 1933
Mère, pendant le pranâm, vos regards varient tellement d'un jour |
à l'autre, que l'on ne peut s'empêcher de penser tout de suite qu'ils ont un sens. Aujourd'hui, j'ai cru deviner que vous vouliez me dire quelque chose, mais je ne suis pas arrivé à comprendre quoi. J'ai passé en revue tous les incidents de la journée — sans succès !
C'était simplement pour écarter de
vous toutes les influences, sauf celle de
la Mère.
Puis-je prendre le thé chez Dilip,
le matin?
Oui.
J'espère qu'il n'y aura pas d'"encouragement au désir". Bien sûr
je n'ai pas trouvé que ces petits
agréments occasionnels avaient le
moindre mauvais effet extérieur.
Si c'est occasionnel et si vous n'avez
pas d'attachement, c'est très bien.
J'essaie de donner à S.1 quelques
notions générales d'anatomie relatives à la surface du corps, pour
l'aider dans sa peinture.
Oui, c'est cela — surtout des proportions, des formes et des déformations
1 Envoyé à Nirodbaran par la Mère. |
Page – 110 - 111
|
forces even unconsciously. Many
people who were once hostile or
had no opening to yoga had a
sudden change. At the same time
I've heard you say that one receives when one opens oneself—
which is true?
It is more complex than that. Of
course a hostile mind can be changed
by a sudden experience, but the experience shows that something in him was
open though not on the surface.
How to remember the Mother
during work? I have tried to
follow a mental rule, but it is not
a success. Or is it the inner consciousness that remembers while
the outer is busy?
One starts by a mental effort, afterwards it is an inner consciousness that
is formed which need not be always
thinking of the Mother, because it is
always conscious of her.
June l6, 1933
After these few months of peace
and cheerfulness, why now upsurge of vital thoughts and desires
which don't leave me ?
|
The only thing to do with such
depressing thoughts is not to indulge
them, to send them away at once. Vital
difficulties are the common lot of every
human being and of every sadhak — they
are to be met with a quiet determination?
and confidence in the Divine Grace.
*
**
June 17, 1933
Now I realise that my efforts are
not everything, they can be more
effective by your help and Grace.
But should I write to you every time I have a difficulty?
You can always write.
*
**
June l8, 1933
During my gate-duty visitors enquire sometimes about the nature
of food, number of people, and
other informations. Should we
give them?
No inner details about the Ashram
can be given to outsiders — there is an
express rule against it.
|
qui viennent des mouvements, par exemple de la contraction des muscles en différentes positions, etc.
* **
Le 28 mai 1933
Par fois, je pense que vous me donnez à goûter de la coupe de béatitude par toutes petites gouttes, et , à de longs intervalles. Mais je ne désespère pas du tout.
Il n'y a certainement pas lieu de désespérer. La béatitude vient toujours par gouttes au début, ou en filets intermittents. Il faut continuer avec bonne humeur et pleine confiance — jusqu'à ce que vienne la cascade.
* **
Le 31 mai 1933
B. écrit que l'on peut recevoir les forces même inconsciemment. Bien des gens qui étaient autrefois hostiles ou n'avaient pas d'ouverture pour le yoga, ont soudain changé. Mais par contre, je vous ai entendu dire que l'on recevait |
seulement quand on s'ouvrait— qu'est-ce qui est vrai?
La chose est plus complexe que
cela. Bien sûr, un mental hostile peut
être changé par une expérience soudaine, mais l'expérience montre que
quelque chose en lui était ouvert, bien
que ce ne fût pas manifeste à la surface.
Comment se souvenir de la Mère
pendant le travail? J'ai essayé
de suivre une règle mentale, mais
ce n'est pas brillant. Ou bien, est-ce la conscience intérieure qui se
souvient tandis que la conscience
extérieure est occupée?
On commence par un effort mental,
puis une conscience intérieure se forme,
qui n'a pas besoin d'être toujours en
train de "penser" à la Mère, parce
qu'elle est toujours consciente d'elle.
*
**
Le l6 juin 1933
Après ces quelques mois de paix
et de bonne humeur, pourquoi
maintenant ce jaillissement de
pensées vitales et de désirs qui ne
me laissent pas tranquille?
|
Page – 112 - 113
|
Some people get disappointed
when they learn that they cannot see Sri Aurobindo. Shall I
suggest to them to write or tell
them anything about you ?
No, certainly not. They can be
shown the photograph in the Reception
Room — if they want. There is no necessity to volunteer information about the
Mother.
*
**
July 4, 1933
Do you think I
should allow myself
these moods of recreation or occasional enjoyments ? I think, there
is a little craving for a cup of tea!
You can if you feel the need.
*
**
July l4, 1933
R. asks me to take some food outside. I am rather tempted. But
should I?
You do not expect the Mother to
|
give sanction for these things? Those
who take food outside, do it on their own
responsibility.
*
**
July 15, 1953
I find that French grammar is
.very annoying. Will it not be,
better to read for the present
some easy story-books?
If you like. But if you do not learn
the grammar, you'll never know French
well.
*
**
July 28, 1933
I offered to work in N's vegetable garden. Should I try at
least?
Yes, you can try.
*
**
|
La seule chose à faire avec ces pensées déprimantes, est de ne pas s'y laisser aller, de les renvoyer sur-le-champ. Les difficultés vitales sont le lot commun de tous les êtres humains et de tous les sâdhak — il faut y faire face avec une détermination tranquille et la confiance en la Grâce divine.
* **
Le 17 juin 1933
Maintenant, je comprends que mes efforts ne font pas tout, et qu'ils peuvent être plus efficaces avec votre aide et votre Grâce. Mais dois-je vous écrire chaque fois que j'ai une difficulté?
Vous pouvez toujours écrire.
* **
Le 18 juin 1933
Pendant que je suis de garde à la porte, il arrive que des visiteurs demandent des renseignements sur le genre de nourriture que nous prenons, le nombre de personnes, et autres informations. Faut-il les leur donner ? |
Aucun détail intérieur sur l'Ashram ne doit être donné à des étrangers
— c'est une règle formelle.
Certains sont déçus quand ils apprennent qu'ils ne peuvent pas
voir Sri Aurobindo. Dois-je leur
suggérer d'écrire, ou leur dire quelque chose à votre sujet?
Non, certainement pas. On peut
leur montrer la photographie qui se
trouve dans la salle de réception—
s'ils le veulent. Il n'est pas nécessaire
d'aller volontairement offrir des renseignements sur la Mère.
*
**
Le 4 juillet 1933
Pensez-vous que je puisse me
laisser aller de temps en temps
à ces humeurs de récréation ou
à ces petits agréments? Je crois
avoir un peu très soif d'une tasse
de thé!
Vous pouvez, si vous en sentez le
besoin.
*
**
|
Page – 114 - 115
|
July 29, 1933
Why does human love so beautiful
to begin with lose its charm ?
And clash and conflict become
frequent?
It is the way that the vital love
usually takes when there is no strong
psychic force to correct and uphold it.
After the first vital glow is over, the
incompatibility of the two egos begins
to show itself and there is more and more
strain in the relations — for one or both
|
the demands of the other become intolerable to the vital part, there is constant irritation and the claim felt as a burden and a yoke. The other elements of which you speak have nothing to do with this particular relation, they could have existed in a purely mental friendship or psychic relation without any vital demand on either side. Naturally in a life of sadhana there is no room for vital relations — they are a stumbling block preventing the wholesale turning of the nature towards the Divine.
(to be continued)
|
Le 14 juillet 1933
R. m'invite à déjeuner dehors. Je suis plutôt tenté. Mais dois-je accepter ?
Vous n'espérez pas que la Mère va
autoriser ce genre de choses ? Ceux qui
prennent des repas au-dehors, le font
sous leur propre responsabilité.
*
**
Le 15 juillet 1933
Je trouve la grammaire française très agaçante. Ne vaudrait-il pas mieux, pour le moment, lire
des histoires faciles ?
Si vous voulez. Mais si vous n'apprenez pas la grammaire, vous ne saurez jamais bien le français.
*
**
Le 28 juillet 1933
Je me suis offert pour, travailler
dans le jardin potager de N.
Puis-je essayer, au moins?
|
Oui, vous pouvez essayer.
*
**
Le 29 juillet 1933
Pourquoi l'amour humain, si beau
pour commencer, perd-il de son
charme? Puis les heurts et les
conflits deviennent fréquents.
C'est généralement ainsi que tourne
l'amour vital quand il n'est pas corrigé
ni soutenu par une forte puissance
psychique. Une fois les premières
ardeurs vitales passées, l'incompatibilité
des deux ego commence à se montrer
et les relations sont de plus en plus
tendues — pour l'un ou pour les deux,
les exigences de l'autre deviennent
intolérables pour la partie vitale, il y a
irritation constante et les revendications
se font sentir comme un fardeau et un
joug. Les autres éléments (beauté,
charme) dont vous parlez, n'ont rien à
voir avec cette relation particulière, ils
auraient très bien pu exister dans une
amitié purement mentale ou dans une
relation psychique sans exigence vitale
de part et d'autre. Naturellement, dans
une vie de sâdhanâ, il n'est pas question de relations vitales — c'est un
traquenard qui empêche de tourner
massivement la nature vers le Divin.
(à suivre)
|
Page – 116 - 117
|
Report on the Quarter
Darshan
FOR the Darshan of the 24th November, Mother gave the following message :
"One must rely on the Divine and yet do some enabling sadhana —
the Divine gives the fruits not by the measure of the sadhana but by the
measure of the soul and its aspiration. Also worrying does no good—
I shall be this, I shall be that, what shall I be ? Say "I am ready to
be not what I want but what the Divine wants me to be" — all the
rest should go on that base."
S
In the morning there was a meditation around the Samadhi and the
Darshan of the Mother in the evening. After this there was a March
Past at the playground to the J.S.A.S.A. band. Later, there was a meditation at the playground to the Mother's recorded reading from Savitri
accompanied by music composed by Sunil.
5th and 9tfi December
These mark the days of Sri Aurobindo's Mahasamadhi. On the 5*
morning there was a meditation in and around Sri Aurobindo's room and
on the 9 around His Samadhi.
Education Academic
The period was one mostly of vacation. Extension lectures were as
follows :
On 30.11.1971 Kireet addressed the students of The Mother's International School at Delhi, on the Ashram and Auroville.
|
Darshan
LE 24 novembre était le jour du Darshan. À cette occasion, la Mère a donné le message suivant :
"Il faut s'en remettre au Divin, et cependant faire une certaine sâdhanâ pour se mettre en état — le Divin donne le résultat, non pas à la mesure de la sâdhanâ mais à la mesure de l'âme et de son aspiration. Ainsi, se tourmenter ne sert à rien — je serai ceci, je serai cela, que serai-je ? Dites : "Je suis prêt à être, non pas ce que je veux mais ce que le Divin veut de moi" — tout le reste s'ensuivra." SRI AUROBINDO
Le matin eut lieu une méditation autour du Samâdhi, et le soir le
Darshan de la Mère, depuis sa terrasse. Ensuite le défilé se déroula au
Terrain de jeux avec la participation de la fanfare de la J. S.A. S.A. Cette
journée s'est terminée par une méditation au Terrain de jeux et des
enregistrements des lectures de Savitri par la Mère, accompagnés de la
musique de Sunil.
Les 5 et 9 décembre
Ces journées marquent le Mahâsamâdhi de Sri Aurobindo. Le matin
du 5 décembre, il y eut méditation dans et autour des appartements de
Sri Aurobindo et, le 9 décembre au matin il y eut également méditation
collective au Samâdhi.
Activité éducative
Ce fut principalement une période de vacances.
Le 30 novembre 1971, Kireet, s'adressant aux élèves de l'École internationale de la Mère, à Delhi, leur a parlé de l'Ashram et d'Auroville.
|
Page – 118 - 119
|
On 18.12.1971 Dr. Fred Storrer, a Belgian Physicist, spoke on "Science and Knowledge".
On 7.1.1972 Nirod gave a talk on "Some Personal Glimpses of Sri
Aurobindo".
On 10.1.1972 Nolini gave a talk to a group of our children on how
they could grow in their soul. He also read from the first canto of
Savitri.
The Annual Session for 1972 commenced on the i6th December.
From this year we have a new location for our Higher Course in the
building that has been erected specially for this purpose. It is situated
on the Sea front, almost opposite to our Library. The ground floor is
for the technological laboratory where the various testing machines are
installed. The first floor is for the Higher Course. This is a large hall
commanding a fine view of the sea.
The Mother has named this building 'Knowledge' and it Was inaugurated by Nolini on the i4th December.
The Mother's message to the Centre of Education is as follows :
"We are here to do better than is done elsewhere and to prepare ourselves for a supramental future. This must never be forgotten.
I call upon the sincere good will of all so that our ideal may be realised.
Blessings."
Education — Physical
During October we had our fourth season in which there were competitions as follows :
Aquatics for men. Gymnastics for ladies. Games for the juniors and
athletics for the children.
For aquatics there were 52 entries from Groups D, F, H, Captains
and Non-groups. Items included the 3,000 metres crawl and water polo.
The competitions concluded with these two together with medley relay
races. 5 age group and 5 Ashram records were improved.
In gymnastics there were 56 entries from Groups C, E and Captains.
The competitions showed a marked improvement in the standard. There
was a display on the 3ist October at the end of the competitions,
|
Le 18 décembre 1971, le docteur Fred Storrer, physicien belge, a
fait un exposé sur "La Science et la Connaissance."
Le 7 janvier 1972, Nirod a parlé de "Quelques aperçus personnels
sur Sri Aurobindo."
Le 10 janvier 1972, Nolini a fait une causerie à un groupe de nos enfants sur la manière de faire croître leur âme. Il a également lu des passages du premier chant de Savitri.
L'année scolaire de 1972 a commencé le 16 décembre.
À partir de cette année, nous avons un nouvel emplacement pour
notre Cours Supérieur. Un immeuble, situé sur le front de mer,
presqu'en face de notre Bibliothèque, a été spécialement construit dans
ce but. Au rez-de-chaussée se trouve le laboratoire technologique et différents appareils de démonstration y sont installés. Le premier étage est
réservé au Cours Supérieur. C'est un grand hall ayant une belle vue sur
la mer.
La Mère a nommé cet immeuble "Connaissance". Il a été inauguré
par Nolini le 14 décembre dernier.
Le message suivant a été donné par la Mère au Centre d'éducation :
"Nous sommes ici pour faire mieux qu'ailleurs et nous préparer à
un avenir supramental. Ceci ne doit jamais être oublié.
Je fais appel à la sincère bonne volonté de tous pour que notre idéal
soit réalisé.
Bénédictions"
Éducation physique
La quatrième saison a commencé en octobre et des compétitions ont
eu lieu, en sports aquatiques pour les hommes, gymnastique pour les
dames, jeux pour les juniors et athlétisme pour les plus petits.
152 membres des groupes D,F,H, Hors-groupe et Capitaines se sont
inscrits pour les épreuves de natation dont un 3.000 mètres crawl et des
matches de water-polo. Les compétitions se sont terminées par ces deux
dernières épreuves et par des courses de relais. 5 records de groupes
d'âge et 5 records de l'Ashram ont été améliorés.
En gymnastique, il y eut 56 inscriptions des groupes C, E et Capitaines. |
Page – 120 - 121
|
In the games tournaments there were 79 entries from Group B. Most
of the games were played on a league basis.
Children's athletics attracted 37 entries from the A Group. The
programme concluded with blindfold and novelty races.
The 2nd December programme. The whole of November was devoted to practise for the annual physical demonstration on the 2nd December. Besides the mass exercises in which 339 members of all groups participated there were many interesting and colourful items which were well
performed.
On the day itself, although it rained throughout the demonstration
the programme went through without a hitch.
After the 2nd December programme we had our annual picnics but
restricted to children only because of the national emergency.
We also had our usual vacation tournaments.
Judo
This has been one of the items of our system of physical education
for quite some time. This year the members who have opted for this
training are as follows :
Judo and Jujutsu — 68 (16 girls and 52 boys)
from Groups A, B and C.
Judo and Aikido — 15 (1 girl and 14 boys) from Groups D, F, Non-groups and Captains.
Jujutsu — 39 boys from Groups D, F, H and Captains.
Sports Star
The Sports Star awards for all round progress in physical activities
along with good behaviour and discipline went to —
Debdas Chatterjee
and Minoti Mahanti.
It may be noted that Debdas has been awarded this Star three years
consecutively,
|
Le niveau des compétitions s'est notablement amélioré et, le 31 octobre, une manifestation sportive a marqué leur fin.
79 juniors du groupe B ont pris part aux compétitions des jeux, jeux
d'équipes pour la plupart.
Les épreuves d'athlétisme des enfants ont été disputées par 37 membres du groupe A. Le programme s'est terminé par une innovation : des
courses, les yeux bandés.
Tout le mois de novembre a été consacré à la préparation de la
démonstration sportive annuelle du 2 décembre. En plus des exercices
d'ensemble, auxquels 339 membres, appartenant à tous les groupes, ont
participé, il y eut de nombreux numéros pittoresques qui tous ont été bien
exécutés.
Bien qu'il ait plu pendant toute la durée de la démonstration sportive de ce jour, le programme s'est déroulé sans à-coup.
À cause de l'état d'urgence nationale, nos pique-niques annuels,
après le programme du 2 décembre, ont été limités aux enfants seulement.
Nous avons eu également nos habituels tournois de vacances.
Judo
Depuis quelque temps déjà, le judo fait partie de notre système
d'éducation physique. Ont opté cette année pour cet entraînement :
Judo et Jiu-jitsu : 68 Çi6 filles et 52 garçons) des groupes A, B et C.
Judo et Aïkido : 15 (i fille et 14 garçons) des groupes D, F, H et
Capitaines.
Jiu-jitsu : 39 garçons des groupes D,F,H, et Capitaines.
L'Étoile des Sports
L'Étoile des Sports, récompensant des progrès dans toutes les activités physiques, ainsi qu'une bonne conduite et une bonne discipline, a
été attribuée à
Debdas Chatterjee
et Minoti Mahanti. |
Page – 122 - 123
|
In the new session our group memberships stand as follows
A-5 : 20 boys and 10 girls
A-4 : 18 boys and 12 girls
A-3 : 16 boys and 14 girls
A-2 : 22 boys and 17 girls
A-1 : 25 boys and 16 girls
B-2 : 32 boys and 13
girls
B-1 : 25 boys and
19
girls
C : 75 ladies
D : 90 men
E : 98
ladies
F : 122
men
G : 53
ladies
H : 81
men
Captains
and
instructors : 39
men
and
24 ladies
Non-groups : 122
men
and
50 ladies
Total — 1,013
Comprising 612
men
and
boys
and
401 ladies
and
girls
.
Christmas 1971
This year we did not have the Christmas Tree distribution at the
Theatre owing to the national emergency. Instead we had a smaller distribution at the School itself — in the Hall of Harmony — only for the
children.
For the others there was a distribution of the Message and biscuits
in the Ashram Meditation Hall. This distribution was found to be very
impressive and profound.
The Message given by the Mother for this occasion is as follows :
"The time has come for the rule of falsehood to end.
In the Truth alone is salvation."
|
Cela fait trois années de suite que cette Étoile est attribuée à Debdas.
Pour la nouvelle saison nos groupes se composent comme suit :
A-5 : 20 garçons et 10 filles
A-4 : 18
garçons et 12 filles
AA-3 : 16 garçons et 14 filles
A-2 : 22 garçons et 17 filles
A-1 : 25
garçons et 16 filles
B-2 : 32 garçons et 13 filles
B-1 : 25 garçons et 19 filles
C : 75 dames
D : 90 hommes
E : 98 dames
F : 122 hommes
G : 53 dames
H : 81 hommes
Capitaines
et instructeurs : 39 hommes et 24 dames
Hors groupes : 122 hommes et 50 dames
soit un total de 1.013 personnes dont 612 hommes et garçons
et 401 dames et filles.
Noël 1971
Du fait de l'état d'urgence nous n'avons pas eu cette année, au
théâtre, la distribution de l'Arbre de Noël. À sa place, une distribution
moins importante a été effectuée à l'École même, dans la Salle d'Harmonie,
mais pour les enfants seulement.
Pour les adultes, le message et des biscuits ont été distribués dans la
Salle de Méditation de qui n'ont Cette distribution a laissé une profonde
impression.
La Mère donna à cette occasion le message suivant :
"Il est temps que le règne du mensonge prenne fin.
Dans la vérité seule est le salut." |
Page – 102 - 103
|
New Year 1972
This year the meditation to the New Year's music was at midnight
of the 3ist December at the Ashram around the Samadhi. First there
was a distribution of the Message and sweets as at Christmas and then at
midnight was the meditation to the wonderful music composed by Sunil
for this occasion.
The Message given by Mother for the New Year is —
"Let us all try to be worthy of Sri Aurobindo's Centenary".
In addition. Mother has given the following Messages for this year :
1972
BONNE ANNÉE
"This year is consecrated to Sri Aurobindo.
To understand his teaching better and to make an effort to put it into practice is certainly the best way of expressing our gratitude to him for
all the light, knowledge and force which he has so generously brought
down to the earth.
May his teaching enlighten us and guide us, and what we cannot do
today we shall be able to do tomorrow.
Let us take the right attitude in all sincerity and this will truly be
A HAPPY NEW YEAR
BONNE ANNÉE"
On the 1st January was the distribution of Calendars with Mother's
and Sri Aurobindo's coloured photographs. In the evening there was
a programme of songs and hymns on the Mother and Sri Aurobindo and
readings from Savitri by Nolini.
Entertainments
On the 11th November at the annual Sanskrit Sabha our Kindergarten children presented short plays and dialogues in Sanskrit.
|
Le nouvel an 1972
Cette année, le 31 décembre, il y eut d'abord la distribution du message et de bonbons et, ensuite, à minuit, la méditation au son de la
merveilleuse musique composée par Sunil pour cette occasion.
Les deux messages de Nouvel An, donnés par la Mère, sont :
"Il nous faut tous être dignes du centenaire de Sri Aurobindo".
et
1972
BONNE ANNÉE
"C'est l'année consacrée à Sri Aurobindo.
Comprendre mieux son enseignement et nous efforcer de le mettre
en pratique est certainement la meilleure façon de lui exprimer notre gratitude pour toute la lumière, la connaissance et la force qu'il a si
généreusement apportées à la Terre.
Que son enseignement nous éclaire et nous guide, et ce que nous ne
pouvons pas faire aujourd'hui, nous le pourrons demain.
Prenons la bonne attitude en toute sincérité et ce sera vraiment une
BONNE ANNÉE
Une distribution de calendriers, avec les photographies en couleur
de la Mère et de Sri Aurobindo, a été faite le 1er janvier. Dans la soirée,
il y eut un programme de chants et d'hymnes, sur la Mère et Sri
Aurobindo, et de lectures de Savitri par Nolini
Divertissements
Le 11 novembre, pour la Sanscrit Sabhâ annuelle, nos enfants du
Kindergarten ont présenté des saynètes et des dialogues en sanscrit.
Le 28 novembre, les élèves de l'École internationale de la Mère, à
Delhi, en visite, ont présenté un programme de variétés. Environ 50
élèves, accompagnés de 6 professeurs, venus par autocar de Delhi, sont
restés ici du 23 novembre au 3 décembre. Ils ont visité différents Services |
Page – 126 - 127
|
On the 28th November the students of the Mother's International
School at Delhi who were here on a visit, presented a variety programme.
About 50 students with six teachers had come from Delhi by bus and
stayed here from the 23rd November to the 3rd December. They visited
various Ashram Departments and Auroville and all had Darshan of the
Mother in small batches.
On the 1st, 2nd and 3rd December we celebrated the twenty-eighth
anniversary of the Ashram School from which our Centre of Education
has grown.
On the 1st and 3rd December we staged at our Theatre Sri
Aurobindo's translation of Kalidasa's Sanskrit play Vikramorvasie. This
year there were no invitations sent out for these functions.
On the 2nd December was our physical demonstration which has
been already reported.
On the 12th December our students presented a variety programme
in Hindi.
On the 27th December some of our students and teachers staged selected scenes from Marlowe's Dr. Faustus.
On the 29th December Shrimati Lalita Ubhaykar of All India Radio, Bangalore, sang Sanskrit hymns and a few songs.
On the 8th January the Saturday programme was inaugurated by
Nolini with a talk on Vikramorvasie as staged by our students and teachers
on the occasion of the school anniversary.
Among the films we saw this quarter were :
Moon Spinners, Kohinoor (Hindi), To Sir, with Love, A Challenge
for Robin Hood, World Cup Football, Upahaar (Hindi), Arabesque, Tunaivan (Tamil) Ahpan Jan (Bengali), and Olympics in Mexico.
On the 19th January Aspiration, Auroville staged for our students
and teachers a short play called "The Ball of the Gods", written by Christophe and directed by Svetlana. French, English and Tamil were used
in the dialogues in a clever and novel manner.
|
de l'Ashram ainsi qu'Auroville et ont tous eu, par petits groupes, le Darshan de la Mère.
Les 1er, 2 et 3 décembre nous avons commémoré le 28e anniversaire de l'École de l'Ashram, de laquelle est sorti notre Centre d'éducation.
Les 1er et 3 décembre nous avons mis à la scène, à notre théâtre,
Vikramorvasie, pièce de Kalidasa traduite du sanscrit par Sri Aurobindo.
Cette année, on n'envoya pas d'invitations pour ces représentations.
Le 2 décembre eût lieu la manifestation sportive dont nous avons
déjà parlé.
Le 12 décembre, nos élèves ont présenté un programme de variétés
en hindi.
Le 27 décembre, quelques-uns de nos élèves et professeurs ont joué
des scènes sélectionnées du Dr. Faustus, de Marlowe.
Le 29 décembre, Shrimati Lalita Ubhaynkar, de
All India Radio,
Bangalore, a chanté des hymnes et chants sanscrits.
Le 8 janvier, Nolini a inauguré le programme du samedi par une
causerie sur Vikramorvasie, pièce mise à la scène par nos élèves et professeurs à l'occasion de l'anniversaire de l'école.
Citons, parmi les films que nous avons vu pendant ce trimestre :
Moon Spinners, Kohinor (hindi), To Sir, With Love, A Challenge for
Robinhood, World Cup Football, Upahar (hindi). Arabesque, Tunaivan
(tamoul), Ahpan Jan (bengali) et Olympics in Mexico.
Le 19 janvier. Aspiration à AUROVILLE, a mis à la scène, à l'intention de nos élèves et professeurs, une saynète intitulée "Le ballon des
dieux", écrite par Christopher et dirigée par Swetlana. Les dialogues innovèrent une manière habile de l'usage du français, anglais et tamoul.
Généralités
Les Reliques de Sri Aurobindo
Le 5 décembre 1971 des reliques sacrées de Sri Aurobindo ont été
déposées à Proddatur, en Andhra Pradesh, dans un Mantapam spécialement construit à cet effet. Les reliques ont été reçues à l'aéroport de Hyderabad par le ministre en chef d'Andhra Pradesh, Shri P.V. Narasimha
|
Page – 128 - 129
|
General
Relics of Sri Aurobindo
Sacred relics of Sri Aurobindo were installed at Proddatur in Andhra
Pradesh in a specially constructed Mantapam on the 5th December 1971.
The relics were received at Hyderabad Airport by the Chief Minister of
Andhra Pradesh Shri P. V. Narasimha Rao. The relics were received
from the Mother by Dr. S. Narasimham, accompanied by Navajata,
Kameshwar and Raju.
Eye Education. A four year course in Opthalmic Science synthesising all existing systems was started at the School for Perfect Eyesight
this year. During the vacation a teachers training course was held.
A child using + 2.5 corrective glasses was cured in 3 days by this system.
Youth Camps. The 3rd Youth Camp started on the i9th December
and ended with the members going to the Mother for Darshan and their
badges on the 2nd January. At this camp the participants were as follows:
Orissa 10 Youths ; Mysore State 5 Youths;
Bihar 3 Youths, Jammu and Kashmiri Youth.
On the 14th November Shri B. D. Jatti, Lt. Governor of Pondicherry
inaugurated the Karnatak Nilayam with Mother's Blessings.
A Project: A group of quite young students with their teachers had
taken up a project of making a working model of a bathyscope (submarine)
on fully scientific principles. They took it to show to Mother on the 9th
January and Mother named it and wrote on it Herself HARD I (Bold).
This submarine I m. long and 28 Kilos in weight is a remarkable project
for such young people.
|
Rao. Ces reliques jurent rémises par la Mère au docteur S. Narasimham, alors accompagné de Navajata, Kameshwar et Raju. ,
Éducation de l'œil. Cette année, un cours d'ophtalmologie d'une durée de quatre ans, synthétisant tous les systèmes existants, a été commencé
à l'École pour une vision parfaite. Un cours de formation pour les professeurs a eu lieu pendant les vacances.
Un enfant utilisant des verres correcteurs+2,5 fut guéri en trois jours
par ce système.
Camp déjeunes. Le troisième camp de jeunes a débuté le 19 décembre et s'est terminé le 2 janvier lorsque ses membres se sont rendus chez
la Mère pour le Darshan et pour recevoir leurs insignes. Ont participé
à ce camp :
Orissa - 10 jeunes gens; État du Mysore - 5 jeunes gens ;
Bihar - 3 jeunes gens ; Jammu et Kashmir - 1 jeune.
Le 14 novembre, Shri B.D. Jatti, Lieutenant-Gouverneur de Pondichéry, a inauguré le Karnatak Nilayam avec les bénédictions de la Mère.
Un projet. Un groupe de très jeunes élèves, avec leurs professeurs,
a entrepris la construction, selon des principes entièrement scientifiques,
du modèle d'un bathyscaphe (sous-marin) en mesure de fonctionner. Le 9
janvier ils l'ont montré à la Mère. La Mère lui a donné le nom de HARDI
qu'Elle a Elle-même inscrit sur le modèle. Ce sous-marin, d'un mètre
de long et d'un poids de 28 kilos est une remarquable réalisation pour de
si jeunes gens.
Nouvelles Publications
Sri Aurobindo — Le Cycle Humain
The Mother — Questions and Answers (1950-51)
|
Page – 130 - 131

|
Sri Aurobindo's relics for Andhra Pradesh |
Reliques de Sri Aurobindo à destination de l'Andhra Pradesh |

|
Annual visit of students from Mother's International School, New Delhi |
Visite annuelle des étudiants de l'École Internationale de la Mère, de Delhi |
Page – I

|
Opening of the hand-made paper exhibition by Lt.Governor B.D.Jatti |
Ouverture, par le Lt.-gouverneur, B.D.Jatti, de l'exposition de papier fait à la main |

|
Students making a model of a submarine |
Étudiants construisant un modèle de bathyscaphe |
Page – II

|
Opening of "Knowledge", a new section of the Centre of Education |
Ouverture de "Connaissance, nouvelle section du Centre d'éducation |
Page – III

|
Sports' Stars, 1971 |
"Étoiles des sports", pour l'année 1971 |
Best student of the year, 1971 |
Le meilleur étudiant de l'année 1971 |
Page – IV
|
28th School Anniversary December 1, 1971 |
28e anniversaire de École le 1er décembre 1971 |

|
Scenes from "Hero and the Nymph", a play by Kalidasa, translated by Sri Aurobindo |
Scènes de "Le héro et la nymphe", pièce de Kalidasa traduite par Sri Aurobindo |
Page – V

|
Scenes from "Hero and the Nymph", a play by Kalidasa, translated by Sri Aurobindo |
Scènes de "Le Héro et la nymphe", pièce de Kalidasa traduite par Sri Aurobindo |
Page – VI

|
Scenes from "Hero and the Nymph", a play by Kalidasa, translated by Sri Aurobindo |
Scènes de "Le Héro et la nymphe", pièce de Kalidasa traduite par Sri Aurobindo |
Page – VII

|
Scenes from "Hero and the Nymph", a play by Kalidasa, translated by Sri Aurobindo |
Scènes de "Le Héro et la nymphe", pièce de Kalidasa traduite par Sri Aurobindo |
Page – VIII
|
Physical demonstration December 2, 1971 |
Démonstration éducation physique le 2 décembre 1971 |

|
March past |
Défilé |
Page – IX

|
Welcome |
Bienvenue |

|
Brass Band |
Fanfare |
Page – X

|
Mass Exercises |
Exercices d'ensemble |

|
Movements with poles |
Mouvements avec perches |
Page – XI

|
Movements with tambourines |
Mouvements avec tambourins |

|
Movements with paper-chains |
Mouvements avec chaînes de papier |
Page – XII

|
Movements with planks |
Mouvements avec planchettes |

|
Formations and stunts on cycles |
Formations et acrobaties sur bicyclettes |
Page – XIII

|
Figures on trampoline |
Figures sur trampoline |
Page – XIV

|
Rhythmic Movements |
Mouvements rythmiques |
Page – XV

|
Acrobatics |
Acrobaties |

|
Exercises with Ribbons |
Exercices avec rubans |
Page – XVI

|
Invocation (Sri Aurobindo's Symbol) |
Invocation |

|
Au revoir |
Au Revoir |
Page – XVII

|
Annual Picnics |
Pique-niques annuels |
Page – XVIII

|
Annual Picnics |
Pique-niques annuels |
Page – XIX

|
Christmas day at the school |
Noël à l'école |
Page – XX