Bulletin of Sri Aurobindo International
Centre of Education
Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo
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Contents : |
Table des Matières: |
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The Yoga of Self-Perfection The Perfection of Equality — Sri Aurobindo |
Le Yoga de la Perfection de Soi La Perfection de l'Égalité — Sri Aurobindo |
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(Translation) —The Mother |
(Original) — La Mère |
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Sri Aurobindo: |
Sri Aurobindo: |
A l'occasion du centenaire de Sri Aurobindo, beaucoup de gens vont
venir à l'Ashram. Que pouvons-nous faire pour leur montrer la
réalité de l'Ashram?
La vivre. Vivre cette réalité. Tout le reste — parler etc. — cela ne
sert à rien.
Comment nous y préparer?
Par la communion avec l'être psychique, le Divin incarné, profondément au-dedans de nous,
une intense aspiration,
une parfaite concentration,
une constante dédication.
L
On the occasion of Sri Aurobindo's centenary, many people will come to the Ashram, what can we do to show them the reality of the Ashram?
Live it. Live this reality. All the rest — talking etc., — is useless.
How to prepare ourselves for this?
By communion with the psychic being, the incarnate Divine, deep within us,
an intense aspiration,
a perfect concentration,
a constant dedication.
THE MOTHER
The Synthesis of Yoga
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The Synthesis of Yoga
"All Life is Yoga"
Part IV
THE YOGA OF SELF-PERFECTION
CHAPTER XI
THE PERFECTION OF EQUALITY
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"Toute la Vie est un Yoga"
Livre IV
LE YOGA DE LA PERFECTION DE SOI
C
LA PERFECTION DE L'ÉGALITÉ
LA toute première nécessité de la perfection spirituelle est une égalité parfaite. La perfection, au sens où nous employons ce terme dans le yoga, signifie le passage d'une nature inférieure non divine à une nature divine plus haute. En termes de connaissance, c'est l'être qui se revêt de son moi supérieur et rejette son moi inférieur, sombre et fragmentaire, ou c'est une transformation de notre état inférieur en la plénitude ronde et lumineuse de notre personnalité réelle et spirituelle. En termes de dévotion et d'adoration, c'est une croissance à l'image de la nature ou de la loi de l'être du Divin, c'est s'unir à celui auquel nous aspirons ; car, si cette similitude, cette unité de la loi de l'être fait défaut, l'unité de l'esprit transcendant et universel et de l'esprit individuel est impossible. La nature divine suprême est fondée sur l'égalité. Cet énoncé reste vrai, soit que nous considérions l'Être Suprême comme un pur Moi, pur Esprit silencieux, soit comme le Maître divin de l'existence cosmique. Le Moi pur est égal, immuable, témoin de tous les événements et de toutes les relations de l'existence cosmique dans une paix impartiale. Il n'a pas d'aversion pour cette existence (l'aversion n'est pas l'égalité, et si telle était l'attitude du Moi devant l'existence cosmique, comment l'univers aurait-il jamais pu commencer d'exister ni poursuivre ses cycles ?) mais le détachement, le calme du regard égal, la supériorité vis-à-vis des réactions qui troublent l'âme et font sa faiblesse désemparante lorsqu'elle est plongée dans la nature extérieure, telle est la substance même de la pureté de l'Infini silencieux et la condition de son assentiment et de son |
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The Master of things cannot be affected or troubled by the reactions of things; if he were, he would be subject to them, not master, not free to develop them according to his sovereign will and wisdom and according to the inner truth and necessity of what is behind their relations, but obliged rather to act according to the claim of temporary accident and phenomenon. The truth of all things is in the calm of their depths, not in the shifting inconstant wave form on the surface. The supreme conscious Being in his divine knowledge and will and love governs their evolution — to our ignorance so often a cruel confusion and distraction — from these depths and is not troubled by the clamour of the surface. The divine nature does not share in our gropings and our passions ; when we speak of the divine wrath or favour or of God suffering in man, we are using a human language which mistranslates the inner significance of the movement we characterise. We see something of the real truth of them when we rise out of the phenomenal mind into the heights of the spiritual being. For then we perceive that whether in the silence of self or in its action in the cosmos, the Divine is always Sachchidananda, an infinite existence, an infinite consciousness and self-founded power of conscious being, an infinite bliss in all his existence. We ourselves begin to dwell in an equal light, strength, joy — the psychological rendering of the divine knowledge, will and delight in self and things which are the active universal outpourings from those infinite sources. In the strength of that light, power and joy a secret self and spirit within us accepts and transforms always into food of its perfect experience the dual letters of the mind's transcript of life, and if there were not the hidden greater existence even now within us, we could not bear the pressure of the universal force or subsist in this great and dangerous world. A perfect equality of our spirit and nature is a means by which we can move back from the troubled and ignorant outer consciousness into this inner kingdom of heaven and possess the spirit's eternal kingdoms, rājyam samrddham, of greatness, joy and peace. That self-elevation to the divine nature is the complete fruit and the whole occasion of the discipline of equality demanded from us by the self-perfecting aim in Yoga. A perfect equality and peace of the soul is indispensable to change the whole substance of our being into substance of the self out of its present stuff of troubled mentality. It is equally indispensable if we |
soutien impartial aux innombrables aspects du mouvement universel. Mais cette même égalité est aussi la condition de base du pouvoir du Suprême quand il gouverne et déroule ces mouvements. Le Maître des choses ne peut pas être affecté ni troublé par les réactions des choses ; s'il l'était, il serait soumis aux choses et non leur maître ; il ne serait pas libre de les façonner selon sa volonté et sa sagesse souveraines ni selon la vérité et la nécessité intérieures de ce qui se trouve derrière leurs relations, mais contraint d'agir selon les exigences des accidents et des phénomènes temporaires. La vérité de toutes choses est dans le calme de leur profondeur, non dans la vague mouvante et inconstante des formes de la surface. C'est de cette profondeur que l'Être conscient suprême, en sa connaissance, sa volonté et son amour divins, gouverne leur évolution — qui, si souvent pour notre ignorance, ressemble à une confusion et à une démence cruelles —, et il n'est point troublé par les clameurs de la surface. La nature divine ne partage point nos tâtonnements ni nos passions ; quand nous parlons de la fureur ou de la faveur divine, ou de Dieu qui souffre dans l'homme, nous nous servons d'un langage humain qui traduit faussement la signification intérieure du mouvement que nous décrivons. Nous commençons à entrevoir la vérité réelle des choses quand nous sortons du mental phénoménal et nous nous élevons sur les hauteurs de l'être spirituel. Car, alors, nous percevons que dans le silence du Moi comme dans son action cosmique, le Divin est toujours Satchidânanda, une existence infinie, une conscience infinie et un infini pouvoir d'être conscient fondé en lui-même, une infinie béatitude en toute son existence. Et nous commençons nous-mêmes à demeurer dans une lumière, une force, une joie égales, car telle est la traduction psychologique de la connaissance, de la volonté et de la félicité divines en soi et dans les choses, la coulée active et universelle de ces sources infinies. S'appuyant sur cette lumière, sur ce pouvoir et cette joie, un moi, un esprit secret en nous, accepte la notation dualiste de cette transcription mentale de la vie et la transforme sans 'cesse en nourriture de son expérience parfaite, et si cette existence plus grande, cachée, n'était pas déjà là en nous, nous ne pourrions pas supporter la pression de la force universelle, ni subsister dans ce vaste et dangereux monde. L'égalité parfaite de notre esprit et de notre nature est un moyen de faire un pas en arrière et de se retirer de la conscience extérieure ignorante et troublée |
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aspire to replace our present confused and ignorant action by the self-possessed and luminous works of a free spirit governing its nature and in tune with universal being. A divine action or even a perfect human action is impossible if we have not equality of spirit and an equality in the motive-forces of our nature. The Divine is equal to all, an impartial sustainer of his universe, who views all with equal eyes, assents to the law of developing being which he has brought out of the depths of his existence, tolerates what has to be tolerated, depresses what has to be depressed, raises what has to be raised, creates, sustains and destroys with a perfect and equal understanding of all causes and results and working out of the spiritual and pragmatic meaning of all phenomena. God does not create in obedience to any troubled passion of desire or maintain and preserve through an attachment of partial preference or destroy in a fury of wrath, disgust or aversion. The Divine deals with great and small, just and unjust, ignorant and wise as the Self of all who, deeply intimate and one with the being, leads all according to their nature and need with a perfect understanding, power and justness of proportion. But through it all he moves things according to his large aim in the cycles and draws the soul upward in the evolution through its apparent progress and retrogression towards the higher and ever higher development which is the sense of the cosmic urge. The self-perfecting individual who seeks to be one in will with the Divine and make his nature an instrument of the divine purpose, must enlarge himself out of the egoistic and partial views and motives of the human ignorance and mould himself into an image of this supreme equality. This equal poise in action is especially necessary for the sādhaka of the integral Yoga. First, he must acquire that equal assent and understanding which will respond to the law of the divine action without trying to impose on it a partial will and the violent claim of a personal aspiration. A wise impersonality, a quiescent equality, a universality which sees all things as the manifestations of the Divine, the one Existence, is not angry, troubled, impatient with the way of things or on the other hand excited, over-eager and precipitate, but sees that the law must be obeyed and the pace of time respected, observes and understands with sympathy the actuality of things and beings, but looks also behind the present appearance to their inner significances and forward to the unrolling of their divine possibilities, is the first thing demanded of those who would do works as |
afin d'entrer dans le royaume des deux intérieurs et de posséder les royaumes éternels de l'esprit, râdjyam samriddham, dans la grandeur, la joie et la paix. Cette élévation de soi à la nature divine est tout le fruit et la raison d'être de la discipline d'égalité qu'exige de nous le but de la perfection de soi dans le yoga. Une égalité et une paix d'âme parfaites sont indispensables pour sortir de la trame actuelle de notre mentalité troublée et changer complètement la substance de notre être en la substance du moi. Elles sont également indispensables si nous aspirons à remplacer notre activité confuse et ignorante actuelle par des œuvres maîtresses d'elles-mêmes et lumineuses, jaillies d'un esprit libre qui gouverne sa nature à l'unisson de l'être universel. Une action divine, ou même une action humaine parfaite, est impossible si nous ne possédons pas l'égalité d'esprit et l'égalité des forces motrices de notre nature. Le Divin est égal pour tous, il soutient impartialement son univers, voit tout avec des yeux égaux, consent à la loi du développement de l'être qu'il a fait surgir des profondeurs de son existence, tolère ce qui doit être toléré, abaisse ce qui doit être abaissé, exalte ce qui doit être exalté, crée, conserve et détruit avec une égale et parfaite compréhension de toutes les causes et tous les résultats et de tout le cheminement de la signification spirituelle et pratique de tous les phénomènes. Dieu n'obéit pas à quelque trouble passion de désir quand il crée, ni ne maintient et conserve par attachement ou par préférence partiale, ni ne détruit dans la fureur de quelque courroux, dégoût ou aversion. Le Divin traite le grand et le petit, le juste et l'injuste, l'ignorant et le sage, comme le Moi de tous qui, profondément intime et uni à chaque être, les conduit tous suivant leur nature et leur besoin, avec une parfaite compréhension, une puissance et une justesse de mesure parfaites. Mais à travers tout, il meut les choses suivant son vaste but dans les cycles, et, par des progressions et des régressions apparentes, tire l'âme vers le haut dans l'évolution, vers ce développement de plus en plus élevé qui est le sens de la poussée cosmique. L'individu en perfectionnement qui veut unir sa volonté à celle du Divin et faire de sa nature un instrument des fins divines, doit s'élargir, sortir des points de vue partiels et des motifs égoïstes de l'ignorance humaine, et se modeler à l'image de cette égalité suprême. Cet équilibre égal dans l'action est particulièrement nécessaire au sâdhak du yoga intégral. D'abord, il doit acquérir cet assentiment égal |
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the perfect instruments of the Divine. But this impersonal acquiescence is'' only the basis. Man is the instrument of an evolution which wears at first the mask of a struggle, but grows more and more into its truer and deeper sense of a constant wise adjustment and must take on in a rising scale the deepest truth and significance—now only underlying the adjustment and struggle — of a universal harmony. The perfected human soul must always be an instrument for the hastening of the ways of this evolution. For that a divine power acting with the royalty of the divine will in it must be in whatever degree present in the nature. But to be accomplished and permanent, steadfast in action, truly divine, it has to proceed on the basis of a spiritual equality, a calm, impersonal and equal self-identification with all beings, an understanding of all energies. The Divine acts with a mighty power in the myriad workings of the universe, but with the supporting light and force of an imperturbable oneness, freedom and peace. That must be the type of the perfected soul's divine works. And equality is the condition of the being which makes possible this changed spirit in the action. But even a human perfection cannot dispense with equality as one of its chief elements and even its essential atmosphere. The aim of a human perfection, must include, if it is to deserve the name, two things, self-mastery and a mastery of the surroundings , it must seek for them in the greatest degree of these powers which is at all attainable by our human nature. Man's urge of self-perfection is to be, in the ancient language, svarāt and samrāt, self-ruler and king. But to be self-ruler is not possible for him if he is subject to the attack of the lower nature, to the turbulence of grief and joy, to the violent touches of pleasure and pain, to the tumult of his emotions and passions, to the bondage of his personal likings and dislikings, to the strong chains of desire and attachment, to the narrowness of a personal and emotionally preferential judgment and opinion, to all the hundred touches of his egoism and its pursuing stamp on his thought, feeling and action. All these things are the slavery to the lower self which the greater "I" in man must put under his feet if he is to be king of his own nature. To surmount them is the condition of self-rule ; but of that surmounting again equality is the condition and the essence of the movement. To be quite free from all these things, — if possible, or at least to be master of and superior to them, — is equality. Farther, |
et cette compréhension égale qui obéissent à la loi de l'action divine sans essayer de lui imposer une volonté partiale ni la revendication violente de quelque aspiration personnelle. Une sage impersonnalité, une égalité tranquille, une universalité qui voit en toutes choses des manifestations du Divin, de l'unique Existence, qui ne se fâche point, ne se tourmente point, ne s'impatiente point de la manière des choses, et, d'autre part, qui n'est pas excitée, trop ardente ni précipitée, mais qui voit que la loi doit être suivie et la marche du temps respectée, observe et comprend avec sympathie la réalité présente des choses et des êtres, mais regarde aussi, derrière les apparences actuelles, leur signification intérieure, et, en avant, le déroulement de leurs possibilités divines — telle est la première qualité exigée de ceux qui veulent travailler comme des instruments parfaits du Divin. Mais cet acquiescement impersonnel est seulement une base. L'homme est l'instrument d'une évolution qui commence par porter le masque de la lutte, mais qui trouve de plus en plus son sens profond et plus vrai, et perçoit un ajustement constamment sage, jusqu'à ce que, dans l'échelle ascendante, elle assume la vérité et la signification toute profonde de l'harmonie universelle maintenant cachée derrière la lutte et les ajustements. L'âme humaine parfaite doit toujours être un instrument qui hâte les chemins de l'évolution. Pour cela, il faut que la nature possède à quelque degré un pouvoir divin capable d'agir avec la royauté de la volonté divine. Mais pour être accompli et permanent, régulier dans l'action, vraiment divin, ce pouvoir doit œuvrer sur la base d'une égalité spirituelle, d'une calme identification impersonnelle et égale avec tous les êtres, d'une compréhension de toutes les énergies. Le Divin agit avec un pouvoir tout-puissant dans les myriades d'œuvres de l'univers, mais il s'appuie sur la lumière et la force d'une unité, d'une liberté et d'une paix imperturbables. Tel doit être le type des œuvres divines de l'âme parfaite. Et l'égalité est la condition d'être qui rend possible ce changement d'esprit dans l'action. Mais même une perfection humaine ne peut pas se passer d'égalité, c'est l'un de ses éléments principaux, et même son atmosphère essentielle. Le but de la perfection humaine doit inclure deux pouvoirs si elle veut être digne de ce nom : la maîtrise de soi et la maîtrise du milieu ; elle doit chercher ces pouvoirs au plus haut degré accessible à notre nature humaine. Suivant l'ancien langage, la soif humaine de perfection de soi consiste à |
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one who is not self-ruler, cannot be master of his surroundings. The knowledge, the will, the harmony which is necessary for this outward mastery, can come only as a crown of the inward conquest. It belongs to the self-possessing soul and mind which follows with a disinterested equality the Truth, the Right, the universal Largeness to which alone this mastery is possible, — following always the great ideal they present to our imperfection while it understands and makes a full allowance too for all that seems to conflict with them and stand in the way of their manifestation. This rule is true even on the levels of our actual human mentality, where we can only get a limited perfection. But the ideal of Yoga takes up this aim of Swarajya and Samrajya and puts it on the larger spiritual basis. There it gets its full power, opens to the diviner degrees of the spirit, for it is by oneness with the Infinite, by a spiritual power acting upon finite things, that some highest integral perfection of our being and nature finds its own native foundation. A perfect equality not only of the self, but in the nature is a condition of the Yoga of self-perfection. The first obvious step to it will be the conquest of our emotional and vital being, for here are the sources of greatest trouble, the most rampant forces of inequality and subjection, the most insistent claim of our imperfection. The equality of these parts of our nature comes by purification and freedom. We might say that equality is the very sign of liberation. To be free from the domination of the urge of vital desire and the stormy mastery of the soul by the passions is to have a calm and equal heart and a life-principle governed by the large and even view of a universal spirit. Desire is the impurity of the Prana, the life-principle, and its chain of bondage. A free Prana means a content and satisfied life-soul which fronts the contact of outward things without desire and receives them with an equal response, delivered, uplifted above the servile duality of liking and disliking, indifferent to the urgings of pleasure and pain, not excited by the pleasant, not troubled and overpowered by the unpleasant, not clinging with attachment to the touches it prefers or violently repelling those for which it has an aversion, it will be opened to a greater system of values of experience. All that comes to it from the world with menace or with solicitation, it will refer to the higher principles, to a reason and heart in touch with or changed by the light and calm joy of the spirit. Thus quieted, mastered by the spirit and no |
être souverain de soi et roi autour de soi, swarât et samrât. Mais il n'est pas possible d'être souverain de soi si l'on est soumis aux attaques de la nature inférieure, aux perturbations du chagrin et de la joie, aux contacts violents du plaisir et de la douleur, au tumulte des émotions et des passions, à l'esclavage des sympathies et des antipathies personnelles, aux boulets du désir et de l'attachement, à l'étroitesse d'une opinion ou d'un jugement personnels et émotionnels pleins de préférences, aux centaines de chocs de l'égoïsme et à son empreinte persistante sur la pensée, les sentiments et l'action. Toutes ces petitesses sont l'esclavage du moi inférieur—le "je" supérieur dans l'homme doit les tenir sous son talon s'il veut être le roi de sa propre nature. Surmonter ces choses est la condition de la souveraineté de soi, mais pour les surmonter, encore une fois, l'égalité est la condition et l'essence du mouvement. Être complètement libre de toutes ces atteintes (si possible, ou du moins les maîtriser et être au-dessus d'elles), telle est l'égalité. En outre, celui qui n'est pas souverain de lui-même, ne peut pas être le maître autour de soi. La connaissance, la volonté, l'harmonie nécessaires à la maîtrise extérieure, ne peuvent être qu'un couronnement de la conquête intérieure. Elles appartiennent à l'âme qui se possède elle-même et au mental qui poursuit avec une égalité désintéressée la Vérité, la Droiture et la Largeur universelle qui seules rendent possible cette maîtrise—obéissant toujours au grand idéal qu'elles présentent à notre imperfection, tout en comprenant et en tenant compte pleinement aussi de tout ce qui semble les contredire et barrer le chemin de leur manifestation. Cette règle est vraie même aux niveaux de notre mentalité humaine actuelle qui ne peut atteindre qu'à une perfection limitée. Mais l'idéal du yoga fait sien le but du swarâdjya et du sâmrâdjya en lui donnant une base spirituelle plus large. Là, la souveraineté de soi et autour de soi parvient à son plein pouvoir, elle s'ouvre aux degrés divins de l'esprit ; car c'est par l'unité avec l'Infini, par l'action du pouvoir spirituel sur le fini, qu'une perfection intégrale et suprême de notre être et de notre nature peut trouver son fondement naturel. Une égalité parfaite, non seulement du moi mais dans la nature, est la condition du yoga de la perfection de soi. Le premier pas évident de cette égalité sera la conquête de notre être émotif et vital, car c'est là que se trouvent les sources de trouble les plus grandes, les forces d'inégalité |
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longer trying to impose its own mastery on the deeper and finer soul in us, this life-soul will be itself spiritualised and work as a dear and noble instrument of the diviner dealings of the spirit with things. There is no question here of an ascetic killing of the life-impulse and its native utilities and functions; not its killing is demanded, but its transformation. The function of the Prana is enjoyment, but the real enjoyment of existence is an inward spiritual Ananda, not partial and troubled like that of our vital, emotional or mental pleasure, degraded as they are now by the predominance of the physical mind, but universal, profound, a massed concentration of spiritual bliss possessed in a calm ecstasy of self and all existence. Possession is its function, by possession comes the soul's enjoyment of things, but this is the real possession, a thing large and inward, not dependent on the outward seizing which makes us subject to what we seize. All outward possession and enjoyment will be only an occasion of a satisfied and equal play of the spiritual Ananda with the forms and phenomena of its own world-being. The egoistic possession, the making things our own in the sense of the ego's claim on God and beings and the world, parigraha, must be renounced in order that this greater thing, this large, universal and perfect life, may come. Tyaktena bhuñjīthāh, by renouncing the egoistic sense of desire and possession, the soul enjoys divinely its self and the universe. A free heart is similarly a heart delivered from the gusts and storms of the affections and the passions, the assailing touch of grief, wrath, hatred, fear, inequality of love, troubled of joy, pain of sorrow fall away from the equal heart, and leave it a thing large, calm, equal, luminous, divine. These things are not incumbent on the essential nature of our being, but the creations of the present make of our outward active mental and vital nature and its transactions with its surroundings. The ego-sense which induces us to act as separate beings who make their isolated claim and experience the test of the values of the universe, is responsible for these aberrations. When we live in unity with the Divine in ourselves and the spirit of the universe, these imperfections fall away from us and disappear in the calm and equal strength and delight of the inner spiritual existence. Always that is within us and transforms the outward touches before they reach it by a passage through a subliminal psychic soul in us which is the hidden instrument of its delight of being. By equality of the |
et de sujétion les plus effrénées, les plus persistantes revendications de notre imperfection. L'égalité de ces parties de notre nature s'obtient par la purification et par la liberté. Nous pouvons dire que l'égalité est le signe même de la libération. Pour être libre de la domination des poussées du désir vital et de l'orageuse sujétion de l'âme aux passions, il faut un cœur calme et égal et un principe de vie gouverné par la large vision impartiale d'un esprit universel. Le désir est l'impureté du Prâna, ou principe de vie, et la chaîne de son esclavage. Un Prâna libre signifie une âme de vie satisfaite et contente qui affronte sans désir le contact des choses extérieures et les reçoit avec une égale réponse ; délivrée, soulevée au-dessus de la dualité asservissante de l'attraction et de la répulsion, indifférente aux sollicitations du plaisir et de la douleur, non excitée par l'agréable, non troublée ni accablée par le désagréable, ne s'accrochant pas avec attachement aux contacts qu'elle préfère ni ne repoussant violemment ceux qui lui répugnent, l'âme de vie s'ouvrira à un système de valeurs d'expérience plus grand. Tout ce qui lui vient du monde, avec menace ou séduction, elle le référera aux principes supérieurs, à une raison et à un cœur en contact avec la lumière et avec la joie calme de l'esprit, ou changés par elles. Ainsi tranquillisée, maîtrisée par l'esprit et n'essayant plus d'imposer sa propre maîtrise à l'âme profonde et fine en nous, cette âme de vie sera elle-même spiritualisée et travaillera comme un instrument clair et noble des relations divines de l'esprit avec les choses. Il n'est pas question ici d'une destruction ascétique de l'impulsion de vie ni de ses services ou ses fonctions naturelles. Ce n'est pas sa mort que l'on exige, mais sa transformation. La fonction du Prâna est la jouissance; mais la vraie jouissance de l'existence est un Ânanda spirituel, intérieur ; ce n'est pas une jouissance partielle et troublée comme celle de nos plaisirs vitaux, émotifs ou mentaux, dégradés comme ils le sont maintenant par la domination du mental physique, mais une jouissance universelle, profonde, une concentration massive de béatitude spirituelle possédée dans la calme extase de soi et de toute existence. Posséder est sa fonction ; par la possession, l'âme a la jouissance des choses ; mais la vraie possession est large et intérieure, elle n'a point besoin de s'emparer extérieurement des choses, car c'est encore se soumettre à ce que nous saisissons. Toute possession extérieure, toute jouissance extérieure sera seulement l'occasion d'un jeu satisfait et égal de l'Ânanda spirituel avec les formes |
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heart we get away from the troubled desire-soul on the surface, open the gates of this profounder being, bring out its responses and impose their true divine values on all that solicits our emotional being. A free, happy, equal and all-embracing heart of spiritual feeling is the outcome of this perfection. In this perfection too there is no question of a severe ascetic insensibility, an aloof spiritual indifference or a strained rugged austerity of self-suppression. This is not a killing of the emotional nature but a transformation. All that presents itself here in our outward nature in perverse or imperfect forms has a significance and utility which come out when we get back to the greater truth of divine being. Love will be not destroyed, but perfected, enlarged to its widest capacity, deepened to its spiritual rapture, the love of God, the love of man, the love of all things as ourselves and as beings and powers of the Divine, a large, universal love, not at all incapable of various relation, will replace the claimant, egoistic, self-regarding love of little joys and griefs and insistent demands afflicted with all the chequered pattern of angers and jealousies and satisfactions, rushings to unity and movements of fatigue, divorce and separation on which we now place so high a value. Grief will cease to exist, but a universal, an equal love and sympathy will take its place, not a suffering sympathy, but a power which, itself delivered, is strong to sustain, to help, to liberate. To the free spirit wrath and hatred are impossible, but not the strong Rudra energy of the Divine which can battle without hatred and destroy without wrath because all the time aware of the things it destroys as parts of itself, its own manifestations and unaltered therefore in its sympathy and understanding of those in whom are embodied these manifestations. All our emotional nature will undergo this high liberating transformations; but in order that it may do so, a perfect equality is the effective condition.The same equality must be brought into the rest of our being. Our whole dynamic being is acting under the influence of unequal impulses, the manifestations of the lower ignorant nature. These urgings we obey or partially control or place on them the changing and modifying influence of our reason, our refining aesthetic sense and mind and regulating ethical notions. A tangled strain of right and wrong, of useful and harmful, harmonious or disordered activity is the mixed result of our endeavour, a shifting standard of human reason and unreason, virtue and vice, honour |
et les phénomènes de son propre être cosmique. Il faut renoncer à la possession égoïste, à faire nôtres les choses, comme l'ego le voudrait de Dieu, des êtres et du monde, parigraha, afin que cette Chose plus grande, cette vie large, universelle et parfaite, puisse venir. Tyakténa bhoundjîthâh, en renonçant au sens égoïste du désir et de la possession, l'âme jouit divinement d'elle-même et de l'univers. De même, un cœur libre est un cœur délivré des rafales et des orages des affections ou des passions , les assauts du chagrin, de la colère, de la haine et de la peur, l'inégalité de l'amour, le trouble de la joie et de la peine et de la souffrance, quittent le cœur égal et le laissent large, calme, apaisé, lumineux, divin. Ces choses ne sont pas obligatoires pour la nature essentielle de notre être, ce sont des créations de la texture actuelle de notre nature extérieure active, mentale et vitale, et ses transactions avec le milieu. Le sens de l'ego qui nous pousse à agir comme des êtres séparés faisant de leurs exigences et de leurs expériences isolées le critère des valeurs de l'univers, est responsable de ces aberrations. Quand nous vivons en unité avec le Divin en nous-même et avec l'esprit de l'univers, ces imperfections nous quittent et s'effacent dans la force et la félicité calmes et égales de l'existence spirituelle intérieure. Cette existence est toujours là, au-dedans de nous, et elle transforme les contacts extérieurs avant qu'ils ne la touchent, par un passage à travers une âme subliminale, psychique en nous, qui est l'instrument caché de sa félicité d'être. Par l'égalité du cœur, nous échappons à cette âme de désir troublée à la surface, nous ouvrons les portes de cet être plus profond, ramenons ses réponses et imposons leurs vraies valeurs divines à tout ce qui sollicite notre être émotif. Le résultat de cette perfection est un cœur aux sentiments spirituels, libre, heureux, égal et qui embrasse tout. Dans cette perfection aussi, il n'est pas question d'une insensibilité sévère et ascétique, d'une indifférence spirituelle et lointaine ni de l'âpre contrainte d'une austère répression de soi. Ce n'est pas la mort de la nature émotive, mais sa transformation. Tout ce qui, ici, dans notre nature extérieure, se présente sous des formes perverses ou imparfaites, possède un sens et une utilité qui se révèlent quand nous retournons à la vérité plus grande de l'être divin. L'amour ne sera pas détruit mais rendu parfait, élargi à sa plus vaste capacité, approfondi en une extase spirituelle, et ce sera l'amour de Dieu, l'amour de l'homme, l'amour de toutes les |
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and dishonour, the noble and the ignoble, things approved and things disapproved of men, much trouble of self-approbation and disapprobation or of self-righteousness and disgust, remorse, shame and moral depression. These things are no doubt very necessary at present for our spiritual evolution. But the seeker of a greater perfection will draw back from all these dualities, regard them with an equal eye and arrive through equality at an impartial and universal action of the dynamic Tapas, spiritual force, in which his own force and will are turned into pure and just instruments of a greater calm secret of divine working. The ordinary mental standards will be exceeded on the basis of this dynamic equality. The eye of his will must look beyond to a purity of divine being, a motive of divine will-power guided by divine knowledge of which his perfected nature will be the engine, yantra. That must remain impossible in entirety as long as the dynamic ego with its subservience to the emotional and vital impulses and the preferences of the personal judgment interferes in his action. A perfect equality of the will is the power which dissolves these knots of the lower impulsion to works. This equality will not respond to the lower impulses, but watch for a greater seeing impulsion from the Light above the mind, and will not judge and govern with the intellectual judgment, but wait for enlightenment and direction from a superior plane of vision. As it mounts upward to the supramental being and widens inward to the spiritual largeness, the dynamic nature will be transformed, spiritualised like the emotional and Pranic, and grow into a power of the divine nature. There will be plenty of stumblings and errors and imperfections of adjustment of the instruments to their new working, but the increasingly equal soul will not be troubled overmuch or grieve at these things, since, delivered to the guidance of the Light and Power within self and above mind, it will proceed on its way with a firm assurance and await with growing calm the vicissitudes and completion of the process of transformation. The promise of the Divine Being in the Gita will be the anchor of its resolution, "Abandon all dharmas and take refuge in Me alone; I will deliver thee from all sin and evil; do not grieve." The equality of the thinking mind will be a part and a very important part of the perfection of the instruments in the nature. Our present attractive self-justifying attachment to our intellectual preferences, our judgments, opinions, imaginations, limiting associations of the memory |
choses comme nous-même et comme des êtres et des pouvoirs du Divin, un amour large et universel, parfaitement capable de relations variées, remplacera l'amour revendicateur et égoïste, pensant à soi, fait de petites joies et de petits chagrins et de demandes insistantes, affligé par son habituel tableau mouvementé de colères et de jalousies et de satisfactions, ses ruées vers l'unité et ses mouvements de fatigue, ses divorces et ses séparations, auquel nous attribuons maintenant une si haute valeur. Le chagrin cessera d'exister, une sympathie et un amour universels prendront sa place, mais ce ne sera pas une sympathie qui souffre, ce sera un pouvoir qui, lui-même libéré, aura la force de soutenir, d'aider, de délivrer. Pour l'esprit libre, la colère et la haine sont impossibles, mais non la forte énergie divine de Roudra 1 qui peut se battre sans haine et détruire sans colère, parce que, tout le temps, il perçoit que ce qu'il détruit est une partie de lui-même, l'une de ses propres manifestations, et, par conséquent, rien n'altère sa sympathie ni sa compréhension de ceux qui incarnent ces manifestations. Toute notre nature émotive sera soumise à cette haute transformation libératrice ; mais pour qu'il puisse en être ainsi, une égalité parfaite est la condition effective.Cette même égalité doit être amenée dans le reste de notre être. Notre être dynamique tout entier agit sous l'influence d'impulsions inégales qui sont des manifestations de la nature inférieure ignorante. Nous obéissons à ces poussées, ou nous les contrôlons partiellement, ou nous exerçons sur elles l'influence de nos sentiments esthétiques qui les raffinent, de notre mental et de nos notions éthiques qui les disciplinent. Une trame enchevêtrée de bien et de mal, d'utile et de nuisible, d'activité harmonieuse ou désordonnée, tel est le résultat mélangé de notre entreprise, une conception variable de la raison humaine et de la déraison, de la vertu et du vice, de l'honneur et du déshonneur, du noble et de l'ignoble, des choses approuvées et désapprouvées par les hommes, un grand tourment d'approbation et de désapprobation de soi, ou de pharisaïsme et de dégoût, de remords, de honte et de répression morale. Sans doute, ces choses sont-elles très nécessaires à présent pour notre évolution spirituelle. Mais le chercheur d'une perfection plus grande se retirera de toutes ces dualités, les regardera d'un œil égal et, par l'égalité, arrivera à l'action impartiale
1 L'aspect destructeur de Shiva. |
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which makes the basis of our mentality, to the current repetitions of our habitual mind, to the insistences of our pragmatic mind, to the limitations even of our intellectual truth-mind, must go the way of other attachments and yield to the impartiality of an equal vision. The equal thought-mind will look on knowledge and ignorance and on truth and error, those dualities created by our limited nature of consciousness and the partiality of our intellect and its little stock of reasonings and intuitions, accept them both without being bound to either twine of the skein and await a luminous transcendence. In ignorance it will see a knowledge which is imprisoned and seeks or waits for delivery, in error a truth at work which has lost itself or got thrown by the groping mind into misleading forms. On the other side it will not hold itself bound and limited by its knowledge or forbidden by it to proceed to fresh illumination, nor lay too fierce a grasp on truth, even when. using it to the full, or tyrannously chain it to its present formulations. This perfect equality of the thinking mind is indispensable because the objective of this progress is the greater light which belongs to a higher plane of spiritual cognisance. This equality is the most delicate and difficult of all, the least practised by the human mind; its perfection is impossible so long as the supramental light does not fall fully on the upward looking mentality. But an increasing will to equality in the intelligence is needed, before that light can work freely upon the mental substance. This too is not an abnegation of the seekings and cosmic purposes of the intelligence, not an indifference or impartial scepticism, nor yet a stilling of all thought in the silence of the Ineffable. A stilling of the mental thought may be part of the discipline, when the object is to free the mind from its own partial workings, in order that it may become an equal channel of a higher light and knowledge; but there must also be a transformation of the mental substance; otherwise the higher light cannot assume full possession and a compelling shape for the ordered works of the divine consciousness in the human being. The silence of the Ineffable is a truth of divine being, but the Word which proceeds from that silence is also a truth, and it is this Word which has to be given a body in the conscious form of the nature. But, finally, all this equalisation of the nature is a preparation for the highest spiritual equality to take possession of the whole being and make a pervading atmosphere in which the light, power and joy of the |
et universelle d'un tapas dynamique, d'une force spirituelle en laquelle sa force et sa volonté personnelles se changeront en purs et justes instruments d'un calme supérieur, secret de l'action divine. Les conceptions mentales ordinaires seront dépassées à partir de cette égalité dynamique. L'œil de sa volonté regardera plus loin, vers la pureté de l'être divin, et verra les mobiles d'une volonté divine guidée par la connaissance divine, dont sa nature parfaite sera l'agent, yantra. Ceci n'est pas possible d'une façon complète tant que l'ego dynamique et sa soumission aux impulsions émotives et vitales ou aux préférences du jugement personnel, s'immiscera dans son action. Une égalité parfaite de la volonté est le pouvoir qui dissout le nœud des instigations inférieures à l'action. Cette égalité ne répondra pas aux impulsions inférieures mais attendra l'impulsion d'une vision plus grande venue de la Lumière au-dessus du mental; elle ne jugera pas ni ne gouvernera par le jugement de l'intellect mais attendra l'illumination et la direction qui viennent d'un plan de vision supérieur. À mesure qu'elle s'élève vers l'être supramental et s'élargit au-dedans à la mesure de la largeur spirituelle, la nature dynamique se transforme, se spiritualise, ainsi que la nature émotive et prânique, et se change en un pouvoir de la nature divine. Il y aura d'innombrables trébuchements, bien des erreurs et des imperfections dans l'ajustement des instruments à leur fonctionnement nouveau, mais dans son égalité grandissante, l'âme ne sera pas troublée outre mesure ni chagrinée par ces accidents, parce que, abandonnée à la direction de la Lumière et du Pouvoir qui sont au-dedans du moi et au-dessus du mental, elle ira son chemin avec une ferme assurance, et, dans un calme grandissant, sera prête aux vicissitudes, jusqu'à ce que le processus de transformation soit complet. La promesse de l'Être Divin dans la Guîtâ sera l'ancré de sa résolution : "Abandonne tous les dharma et prends refuge en Moi seul ; je te délivrerai de tout péché et de tout mal, ne t'afflige point."L'égalité du mental pensant fera partie — une très importante partie — de la perfection des instruments de la nature. Notre attachement séduisant et plein de bonnes justifications pour nos préférences intellectuelles, nos jugements, nos opinions, nos imaginations, pour les associations limitées de la mémoire, base de notre mentalité, pour les répétitions courantes de notre mental habituel, pour les insistances de notre mental pratique, et même pour les limitations de notre mental de vérité intellectuel, |
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Divine can manifest itself in man amid an increasing fullness. That equality is the eternal equality of Sachchidananda. It is an equality of the infinite being which is self-existent, an equality of the eternal spirit, but it will mould into its own mould the mind, heart, will, life, physical being. It is an equality of the infinite spiritual consciousness which will contain and base the blissful flowing and satisfied waves of a divine knowledge. It is an equality of the divine Tapas which will initiate a luminous action of the divine will in all the nature. It is an equality of the divine Ananda which will found the play of a divine universal delight, universal love and an illimitable aesthesis of universal beauty. The ideal equal peace and calm of the Infinite will be the wide ether of our perfected being, but the ideal, equal and perfect action of the Infinite through the nature working on the relations of the universe will be the untroubled outpouring of its power in our being. This is the meaning of equality in the terms of the integral Yoga, S RI AUROBINDO |
doivent suivre le même chemin que les autres attachements et céder la place à l'impartialité d'une vision égale. Le mental pensant, dans son égalité, regardera en spectateur la connaissance et l'ignorance, la vérité et l'erreur, ces dualités créées par la nature limitée de notre conscience, ainsi que la partialité de notre intellect avec son petit magasin de raisonnements et d'intuitions, acceptera l'une et l'autre sans se laisser lier d'un côté ni de l'autre aux fils de l'écheveau, et restera dans l'attente d'une transcendance lumineuse. Dans l'ignorance, il verra une connaissance prisonnière qui cherche ou attend sa délivrance ; dans l'erreur, une vérité en marche qui s'est égarée ou qui a été précipitée en des formes trompeuses par le mental tâtonnant. De l'autre côté, il ne se considérera pas lié ni limité par sa connaissance, ni ne sentira qu'elle lui interdit de s'acheminer vers de nouvelles illuminations, et il ne se saisira pas trop férocement non plus de la vérité, même quand il s'en servira pleinement, ni ne l'enchaînera tyranniquement à ses formules actuelles. Cette égalité parfaite du mental pensant est indispensable, parce que le but de ce progrès est la lumière plus grande qui vient d'une région de cognition spirituelle plus élevée. Cette égalité est délicate et difficile entre toutes, c'est celle que le mental humain pratique le moins ; sa perfection est impossible à obtenir tant que la lumière supramentale ne tombe pas pleinement sur une mentalité qui regarde vers le haut. Mais il faut une volonté grandissante d'égalité dans l'intelligence avant que cette lumière puisse travailler librement sur la substance mentale. Ceci ne signifie pas non plus un reniement des recherches de l'intelligence ni de ses desseins cosmiques, pas une indifférence ni un scepticisme impartial, non plus qu'une immobilisation de toute censée dans le silence de l'Ineffable. Une immobilisation de la pensée mentale peut faire partie de la discipline, quand le but est de libérer le mental de son propre fonctionnement partiel afin qu'il puisse devenir le canal égal d'une lumière et d'une connaissance plus hautes, mais il faut aussi une transformation de la substance mentale elle-même, sinon la lumière supérieure ne peut pas prendre pleinement possession du mental ni revêtir une forme irrésistible pour accomplir les œuvres ordonnées par la conscience divine dans l'être humain. Le silence de l'Ineffable est une vérité de l'être divin, mais le Verbe qui jaillit de ce silence est aussi la vérité, et c'est à ce Verbe qu'il faut donner corps dans la forme consciente de la nature. |
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Mais, finalement, toute cette égalisation de la nature est une préparation afin que l'égalité spirituelle suprême prenne possession de l'être tout J entier et crée une atmosphère générale où la lumière le pouvoir e± la joie i du Divin puissent se manifester dans l'homme avec une plénitude de plus en plus grande. Cette égalité est l'égalité éternelle du Satchidânanda. C'est l'égalité de l'être infini existant en soi, l'égalité de l'esprit éternel, mais qui façonnera selon son moule, le mental, le cœur, la volonté, la vie et l'être physique. C'est l'égalité de la conscience spirituelle infime qui contiendra et sous-tendra la coulée béatifique et les vagues satisfaites de la connaissance divine. C'est l'égalité du Tapas divin qui insufflera l'action lumineuse de la volonté divine dans toute la nature. C'est l'égalité de l'Ânanda divin qui servira de fondement au jeu d'une félicité divine universelle, à l'amour universel et à la perception illimitée de la beauté universelle. L'égale paix idéale et l'égal calme idéal de l'Infini seront le vaste éther de notre être parfait, mais en même temps, l'action idéale et parfaite de l'Infini se servant de notre nature pour agir sur les relations de l'univers, sera la coulée sans trouble du pouvoir de l'Infini dans notre être. Tel est le sens de l'égalité dans le langage du yoga intégral.
SRI AUROBINDO
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Strength is all right for the strong — but aspiration and the Grace answering to it are not altogether myths ; they are great realities of the spiritual life.
(Letters on Yoga, Tome I, p. 505)
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What is needed for you is to live more deeply within, less in
the outer vital and mental part which is exposed to these touches. The inmost psychic being is not oppressed by them; it stands in
its own closeness to the Divine and sees the small surface movements as surface things foreign
to the true Being.
SRI AUROBINDO
La force est très bien pour les forts, mais l'aspiration et la
Grâce qui lui répond, ne sont pas tout à fait des mythes, ce sont
de grandes réalités de la vie spirituelle.
(Lettres on Yoga, Tome I, p. 505)
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Ce qui est nécessaire pour vous, c'est de vivre plus profondément au-dedans, moins dans les parties mentales et vitales extérieures qui sont exposées à ces contacts. L'être psychique profond
n'est pas accablé par eux, il reste dans son intimité avec le Divin
et voit les petits mouvements de la surface comme des choses superficielles et étrangères à l'Être vrai.
S |
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Sri Aurobindo
X
Saturday, October 16, 1926
I feel the working of two forces. One goes straight to the psychic centre and remains there.... The other comes from above and permeates the outer consciousness, the mind first then the vital. The first is more inner, but calls the second one into action.
THESE are two workings of the force.
I have difficulties in keeping my mind concentrated upon the inner experience. When I am watching these movements, I don't watch the thoughts and they often carry me off.
But that is the correct movement that has to be made. The thoughts come in and go out without being noticed, without attention paid to them. But you must watch the inner movement and not the outer one. At first you had to act upon the mind to quiet it to some extent, in order to allow the force to begin its work. But now you must detach yourself from the mind itself.
Are there not two methods ? One consists in looking at the thoughts as they cross the field of the mind. The other in losing consciousness of them by concentrating upon the inner movement?
I think you can now enter the second movement. And you must keep |
Sri Aurobindo
X
Samedi 16 octobre 1926
Je sens l'action de deux forces. L'une qui va directement au centre
psychique et reste là. L'autre qui entre par le haut et imprègne la conscience extérieure, le mental d'abord-, puis le vital. La première est
plus intérieure, mais déclenche la seconde.
C E sont deux actions de la force.
J'ai des difficultés à garder mon mental concentré sur l'expérience
intérieure. Lorsque j'observe ses mouvements, je n'observe plus les
pensées et souvent elles m'entraînent.
Mais c'est exactement le mouvement à faire. Les pensées entrent et
sortent sans que l'on s'en aperçoive, sans qu'on leur prête aucune attention. Vous devez observer le mouvement intérieur et non le mouvement
extérieur. Au début, vous avez été obligé d'agir sur le mental pour le
calmer dans une certaine mesure, afin que la force puisse commencer son
travail. Mais maintenant, vous devez vous détacher du mental lui-même.
N'y a-t-il pas deux méthodes ? L'une qui consiste à regarder les
pensées lorsqu'elles traversent le champ mental. L'autre qui consiste à ne pas être conscient des pensées en se concentrant sur le
mouvement intérieur? |
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in mind that the more you can overcome the idea of working by yourself, the quicker you will go. Allow things to be done for you.
I think that means keeping always the inner connection with the force within.
Yes. Till you become one with the force. All things will be directed from within. The inner consciousness will remain calm and peaceful though for some work you may enter again the outer movement and come back again.
I suppose this idea of self will also disappear, for it has no raison d'être" and is troublesome.
Yes, it will.
I have at times the sense of transparency, the thoughts happening as local activities which I am looking at.
There are two ways : one by oneself — it is slow — one by allowing everything to be done by the Divine — it is quick. Mother has told you about your taking part in their meditation ?
I think I misunderstood. I thought she meant my meditation with the group here with you.
No. With them.
What I got in my meditations with Mother is invaluable. And I know that much more has been received than I am conscious of. In fact I am but little conscious of what happened. |
Je crois que vous pouvez maintenant entrer dans le second mouvement. Et vous devez vous souvenir que plus vous pourrez surmonter l'idée de travailler par vous-même, plus vous avancerez vite. Laissez les choses se faire pour vous.
Je crois que cela veut dire qu'il faut toujours garder le contact intérieur avec la force au-dedans.
Oui — jusqu'à ce que vous ne fassiez plus qu'un avec la force. Tout sera dirigé de l'intérieur. La conscience intérieure restera calme et tranquille même si, pour un travail quelconque, vous entrez encore dans le mouvement extérieur, puis rentrez de nouveau.
Je suppose que la notion de moi disparaîtra aussi-, car il n'a aucune raison d'être et il est gênant.
Oui, il disparaîtra.
J'ai parfois un sentiment de transparence ; les pensées se produisent comme des activités locales que je regarde.
Il y a deux moyens : l'un (que vous suivez), par vos propres forces — il est lent, l'autre, laisser le Divin faire tout pour vous — il est rapide. Mère vous a-t-elle parlé de participer à la méditation ?
Je crois que j'ai mal compris. Je pensais qu'elle voulait parler de ma méditation dans le groupe, avec vous.
Non, avec eux.
Ce que j'ai reçu durant mes méditations avec Mère est inestimable. |
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But Mother told me that you received well enough.
Yes., certainly. But I only feel a deep and strong and luminous force coming down. My knowledge is informal.
Anyhow you are able to follow the movement. Very few are conscious of all that happens.
I am thankfully willing to participate in the meditation. But I will do what you decide, as you know better. Now, Mme. W. told me of the possibility of my being invited to dinner by the British Consul. There is an architect from Madras for some time here. I don't think there is any reason to accept.
I neither. But I will speak with Mother and answer later. * **
Sunday, October 17, 1926
With Mother:
I think I have understood what you meant. Since yesterday I have changed everything in my meditation. Instead of doing things myself as though I was directing the force, I quite simply open myself and remain passive. Almost the whole day through I could keep the contact with the force and opened myself to its action.
Mother : I felt you very dose all the day. |
Et je sais que j'ai reçu beaucoup plus que ce dont je suis conscient, En fait, je suis très peu conscient de ce qui se passe.
Mais Mère m'a dit que vous receviez assez bien.
Oui, certainement. Mais je sens seulement une force profonde et puissante, lumineuse, qui descend. Ma connaissance est fragmentaire.
En tout cas, vous êtes capable de suivre le mouvement. Très peu de gens sont conscients de tout ce qui se passe.
Je participerais volontiers et avec reconnaissance à la méditation. Mais je ferai ce que vous déciderez parce que vous savez mieux que moi. Autre chose. Mme W. m'a parlé de la possibilité d'être invité à dîner chez le consul de Grande-Bretagne. Un architecte de Madras est là pour quelque temps, etc. Je ne pense pas qu'il y ait de raison d'accepter.
Moi non plus. Mais j'en parlerai à Mère et je vous répondrai plus tard.
*
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Dimanche 17 octobre 1926
Avec Mère :
Je crois que j'ai compris ce que vous vouliez dire. Depuis hier, j'ai tout changé dans ma méditation. Au lieu de faire par moi-même comme si je dirigeais la force, je m'ouvre tout simplement et reste passif. |
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But this puts me to sleep.
There is nothing against that. During sleep, in you as in many others, there is no resistance left. Everything opens and the working is perfect. If you feel inclined to sleep don't resist it.
About the meditation, what have you decided?
It is decided if you are yourself ready within.
I consider this meditation as infinitely valuable, and accept it gratefully.
I must ask you not to feel surprised in your outer consciousness if you see certain things which could set you wondering. They consider this room (for meditation) a temple and behave as they would in a temple only replacing the idol by a human figure. That gives them the plenitude they need. You are brought up differently ...
Do not fear. First of all, this won't surprise me, I understand very well their feeling. I do not act altogether like them, probably because, as you say, I am brought up in other conditions and have less need of outer manifestations. I obey, however, what I feel within. As for being surprised, why?
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Presque toute la journée j'ai pu conserver le contact avec la force et m ouvrir a son action.
Mère : Je vous ai senti très proche toute la journée.
Mais cela me donne sommeil.
Il n'y a rien contre cela. Pendant le sommeil, chez vous comme chez
plusieurs autres, il n'y a plus aucune résistance. Tout s'ouvre et l'action
est parfaite. Si vous vous sentez poussé à dormir, ne résistez pas.
Pour la méditation, qu'avez-vous décidé?
C'est décidé si vous êtes intérieurement décidé vous-même ?
Je considère cette méditation comme infiniment précieuse, et j'accepte
avec reconnaissance.
Je dois vous demander de ne pas être étonné dans votre conscience
extérieure s'il se passe certaines choses qui pourraient vous surprendre.
Eux, considèrent cette chambre (de méditation) comme un temple et ils
se conduisent comme dans un temple, mais en remplaçant l'idole par
une figure humaine. Cela leur donne la plénitude dont ils ont besoin.
Vous êtes élevé différemment...
Ne craignez rien. D'abord, cela ne m'étonnera pas, je comprends
très bien le sentiment qui les anime. Je n'agis pas tout à fait comme
eux, probablement, parce que, comme vous le dites, j'ai été élevé dans
d'autres conditions et j'ai moins besoin de manifestations extérieures.
J'obéis cependant à ce que je ressens intérieurement. Quant à être
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Tuesday, October 19, 1926
Meditation with Mother at 12-15 a.m.
Something deep must have happened. I followed the movement on the whole. It seems to me there were two different forces. The first calm and luminous. The second, stronger, was fixed there (solar plexus).
Mother: A force of strength ?
Yes — a force of strength. My mind was more calm today.
When you came, you were well prepared. Your psychic being had prepared and adorned — under a symbolic form — a sort of bed of roses and gold leaves to receive what was going to come down. It was very pretty. The force which descended is a force of transformation. It will act from the centre now—fully conscious of the movements.
........................................
(Here several pages from Pavitra's notebook were torn)
Mother : ... for want of a better word, I would say : several exams — or "tests" if you like. You have passed them all successively and regularly, which shows that you were quite sincere. Now all will go well till the end — all will be easy. I am sure of it. Tomorrow he will see you after your meditation.
In this way, I won't miss the meditation !
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Mardi 19 octobre 1926
Méditation avec Mère
à 12h 15.
Quelque chose de profond a dû se passer. J'ai suivi le mouvement
dans F'ensemble. Il me semble qu'il y a eu deux forces différentes.
La première, calme et lumineuse. La deuxième-, plus forte, s'est
établie là (plexus solaire).
Mère : Une force de puissance ?
Oui, une force de puissance. Mon mental était plus calme aujourd'hui.
Quand vous êtes venu, vous étiez bien préparé. Votre être psychique
avait préparé et orné (sous une forme symbolique) comme un lit de rosés
et de feuilles d'or pour recevoir ce qui allait descendre. C'était très joli.
La force qui est descendue, est une force de transformation. Elle
agira du centre maintenant — pleinement consciente des mouvements.
..................................................
(Ici, plusieurs feuilles du cahier de Pavitra ont été déchirées')
Mère : ... faute d'un nom meilleur, je dirai : plusieurs examens —
ou "tests" si vous voulez. Vous les avez tous passés successivement et
régulièrement ; ce qui montre que vous étiez bien sincère. Maintenant,
tout ira bien jusqu'au bout — tout ira facilement. J'en suis sûre.
Demain, il vous verra après votre méditation.
Comme cela, je ne perdrai pas la méditation !
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Saturday, October 23, 1926
At first, I will speak of my meditation alone. Then I feel, as I said, two workings of force, one is behind the heart. The impression it gives me is of living fire, but obscure. On the contrary the force coming from above in the mind has a light behind : though I don't see it, I know it is there. Taking for instance my meditation with Mother today, I will say what happens when meditating with her. I feel at first a preparatory period, when the force comes down to the head and remains there a certain time. Then it goes down and takes possession of the central being. There it remains. My consciousness is then drawn backwards, but as it is a new movement for my body, there is some difficulty arising from it, in the chest and throat, as for instance a choking sensation. With Mother my mind is quiet; its activity is greatly diminished and does not disturb me. But when alone, as I don't act upon it now, it is sometimes very chaotic and disturbs me very much.
What kind of movements ?
Always the same old movement. A noise awakens some association and the mind spins around it and goes on. Then I find myself carried away and have to come back again and again.
Do you see what kind of movements they are ? Are they true mental movements or do they arise from below?
They arise from below and I don't think there is anything new in them. But there is also another kind of mental movement. Very often now I find myself thinking of you or of Mother, thinking that I will see you tomorrow, for instance, what I will say to you, or seeing myself offering flowers to Mother...
Seeing ? |
Samedi 23 octobre 1926
Tout d'abord, je parlerai de ma méditation quand je suis seul. Je
sens alors, comme je l'ai dit, deux actions de la force, dont l'une est
derrière le coeur. L'impression qu'elle me donne est celle d'un feu
vivant, mais obscur. Par contre, la force qui descend d'en haut dans
le mental a une lumière derrière elle —je ne la vois pas mais je sais
qu'elle est là. Prenons par exemple ma méditation avec Mère aujourd'hui, je vais vous dire ce qui se passe quand je médite avec elle.
Je sens d'abord une période préparatoire pendant laquelle la force
descend jusqu'à la tête et reste là un certain temps. Puis elle descend et
prend possession de l'être central. Là, elle demeure. Ma conscience
est alors tirée en arrière, mais comme c'est un mouvement nouveau
pour mon corps, il en résulte certaines difficultés dans la poitrine et la
gorge, comme par exemple une sensation d'étouffement.
Avec Mère, mon mental est tranquille, son activité diminue
beaucoup et ne me dérange pas. Mais quand je suis seul, puisque je
n'agis plus sur lui maintenant, il est parfois très chaotique et me
dérange beaucoup.
Quelles sortes de mouvements ?
Toujours le même vieux mouvement. Un bruit suscite une association
et le mental tourne et retourne autour, et ça continue. Alors je
m'aperçois que je suis entraîné et il faut revenir et encore revenir.
Est-ce que vous voyez quel genre de mouvement ? Est-ce que ce sont
de vrais mouvements mentaux ou est-ce qu'ils montent d'en bas ?
Ils montent d'en bas et je ne crois pas qu'il y ait là rien de très
nouveau. Mais il y a aussi une autre sorte de mouvement mental.
Très souvent maintenant, je m'aperçois que je pense à vous ou à |
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Not seeing, imagining rather. The process is the ordinary mental one, it seems. But as I am awaking to the reality of what I had only an intuition formerly, and as I come in touch with the light here above, my mind is directed towards you. It may be there is something genuine, but then the mind immediately works according to its old fashion. What have I to do here?
You have nothing to do. The two movements you are conscious of are movements of the same force. When it comes to the centre in the chest, it awakens the being to the truth and turns it upwards. It is the human way of establishing the communication with what is above, a straight line with the supramental truth. When the force will be established there and the central being come out, seize upon the outer being, it will effect the transformation. It will direct the force downwards, everywhere, and effect the change.
I am so tired of my mind.
But these movements are not so important. They are the remnants of the old way of working and they will fade away.
I am awaiting a more radical change. Up to the present, though something very luminous is dawning in me, there is no radical change of consciousness. I am still the old self.
What are you expecting ?
Well ! Many things. For instance I will see my lower self as I see others' selves. I will be no more bound by the body ...
Of course the time will come when you will see the movements of nature in you as in others. But what you are waiting for, is it not a mental demand ? It is better not to make such demands, for they always misrepresent |
Mère : je pense que je vous verrai demain, par exemple, à ce que je vous dirai, ou je me vois offrant des fleurs à Mère ...
Vous voyez ?
Je ne vois pas, je m'imagine plutôt. C'est le processus mental ordinaire, semble-t-il. Mais à mesure que je m'éveille à la réalité de ce
qui, pour moi, n'était qu'une intuition autrefois, et plus j'entre
en contact avec la lumière ici, en haut, plus mon mental se dirige
vers vous. Il se peut que ce soit quelque chose d'authentique, mais
aussitôt le mental se met à travailler de la vieille manière. Que
dois-je faire -dans ce cas ?
Vous n'avez rien à faire. Les deux mouvements dont vous êtes conscient, sont des mouvements de la même force. Lorsqu'elle arrive au
centre de la poitrine, elle éveille l'être à la vérité et le tourne vers le haut.
C'est la façon humaine d'établir la communication avec le haut, une
ligne directe avec la vérité supramentale. Quand la force sera établie là
et que l'être central sortira et prendra possession de l'être extérieur, il
effectuera la transformation. Il dirigera la force vers le bas et partout, et
il effectuera le changement.
Je suis tellement fatigué de mon mental !
Mais ces mouvements n'ont pas tellement d'importance. Ce sont des
restants de la vieille manière de travailler, et ils s'effaceront.
J'attends un changement plus radical. Jusqu'à maintenant, bien que
quelque chose de très lumineux commence à poindre en moi, il n'y a
pas de changement de conscience radical. Je suis toujours le vieux
moi.
Qu'est-ce que vous attendez ? |
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the Truth. What you are asking is the Truth and you must not state in advance that the Truth must be so and so. The mental representations, even the best ones, are imperfect and they become obstacles. What is needed is to realise the experiences as a part of yourself.
Then it is too much to wait for such a change ? I am awaiting a change. Perhaps it is wrong to await something?
No, but it is wrong to state in advance what the change will be.
Now, in meditation I only open myself to the force and allow it to work. I am not acting upon my mind any longer ; that is why it is so restless at times. This change in my meditation occurred last Saturday. I was then very conscious of the presence in me and I kept the touch with it the whole day. But since that day, though it is still working, I am not so much conscious of it. Sometimes the force acts in the mind, sometimes in the central being. What shall I do ? I have left the idea of directing the force.
(Sri Aurobindo smiles).
But shall I follow all its movements ?
Remain open and passive and follow. That is what you have to do. The force will transform by itself and by its own means and ways. The way of doing it with the mind is slow and imperfect, though the mind sometimes thinks it to be the best, because it feels itself acting. That is wrong. The mind does not know the conditions and the means. That force acts with a directness of which the mind is incapable. And you are receptive enough to allow it to work. Obstacles may arise, obstacles in the physical, vital or mental, as they arise always. But that does not matter. They will be worked out and rejected. Do not try to do something by yourself. |
Eh bien, beaucoup de choses! Par exemple, je verrai mon moi inférieur comme je vois le moi des autres. Je ne serai plus limité par le corps ...
Bien sûr, un jour viendra où vous verrez les mouvements de la nature en vous comme dans les autres. Mais ce que vous espérez, n'est-ce pas une revendication mentale ? Il vaut mieux ne pas faire ce genre de revendication, car elles représentent toujours faussement la Vérité. Ce que vous voulez, c'est la Vérité, et vous ne devez pas déclarer d'avance que la Vérité doit être telle ou telle. Les représentations mentales, même les meilleures, sont imparfaites et deviennent des obstacles. Ce qui est nécessaire, c'est de réaliser les expériences, qu'elles fassent partie de vous-même.
Alors, est-ce trop demander d'attendre ce changement ? y attends un changement. Peut-être est-il mauvais d'attendre quoi que ce soit?
Non, mais il est mauvais de déclarer d'avance ce que sera le changement.
Maintenant, dans la méditation, je m'ouvre seulement à la force et je la laisse travailler. Je n'agis plus sur mon mental ; c'est pourquoi il est parfois tellement agité. Ce changement dans ma méditation a eu lieu samedi dernier. J'étais alors très conscient de la présence en moi et je suis resté en contact avec elle toute la journée. Mais depuis ce jour-là, bien qu'elle agisse encore, je n'en suis plus tellement conscient. Parfois, la force agit dans le mental, parfois dans l'être central. Que dois-je faire ? J'ai abandonné l'idée de diriger la force.
(Sri Aurobindo sourit).
Mais est-ce que je dois suivre tous ses mouvements ?
Restez ouvert et passif, et suivez. C'est tout ce que vous avez à faire. |
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I feel also an increasing need for peace, tranquillity. And even the little work I do outside disturbs me for the present. I would like to minimise it, or even to give it up. But I suppose I have to keep it.
Yes. It is better to keep it. And you will arrive at a state where you will do that work only with the outer part of yourself. It will then no longer disturb you.
Yes. But for the present, it is a little difficult and painful. It seems a period of transition.
Yes. It is a period of transition.
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(Here, several pages of conversations with Mother were torn)
*
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Saturday, October 30, 1926
Nothing remarkable is to be said. Meditation is becoming deeper and more luminous. I feel my consciousness as if bathing in light. Also it happened that I felt to some extent separated from my outer consciousness. Yesterday evening, in meditation, my consciousness was very much withdrawn inside and I nearly lost consciousness of the body. Thinking it to be a help, I called Mother, but instead of helping me to go beyond, it seemed that she brought me hack to the physical consciousness. It is only an impression, I have not spoken to her since. |
La force vous transformera d'elle-même et par ses propres méthodes. La façon de faire par le mental est lente et imparfaite, bien que le mental pense parfois que ce soit la meilleure façon, puisqu'il a l'impression d'agir. C'est une erreur. Le mental ne connaît pas les conditions ni les moyens. Cette force agit d'une façon directe, ce dont le mental est incapable. Or, vous êtes suffisamment réceptif pour la laisser agir. Des obstacles peuvent surgir — des obstacles dans le physique, le vital ou le mental, comme il arrive toujours. Mais cela ne fait rien. Ils seront traités et rejetés. N'essayez pas de faire par vous-même.
Je sens aussi un besoin grandissant de paix et de tranquillité. Même le peu de travail que je fais au-dehors me dérange à présent. Je voudrais le réduire au minimum ou même l'abandonner. Mais je suppose que je dois le continuer.
Oui, il vaut mieux le garder. Et vous arriverez à un état où vous ferez ce travail seulement avec la partie extérieure de vous-même. Alors il ne vous dérangera plus.
Oui. Mais pour le moment c'est un peu difficile et pénible. C'est
probablement une période de transition.
Oui, c'est une période de transition.
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(Ici, plusieurs pages d'entretiens
avec Mère ont été déchirées) |
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It is not always equally easy. Some days are better than others. But apart from these slight variations and from the recurring thoughts of the mind there are no special difficulties now. The force is working mainly in front of the face, where it purifies and pacifies, and on the vital. I feel the force as luminous, white. It pervades the mind but not yet the whole being. My physical body feels a little the strain resulting from the different movements. Today I woke up with a pain in the back. I don't know if it has any relation to yoga or is simply due to cold? It may perhaps have a connection with the psychic centre ? But why is the vital not opening?
It is opening. Much more work is being done than is felt by your ordinary consciousness. Mother tells me sometimes what is happening during the meditation. It is all very good. The task of connecting the two consciousnesses is going on. When this will be done, it will go quickly.
In meditation I don't remain completely passive but I follow what the force does. I talked with Mother about the matter and she said that passivity was required in the beginning of the meditation but that when the force has begun to work cooperation is to be practised.
Of course following the movement was understood. To follow the movement, and see what it is doing there. Complete passivity would be inconscience.
Completely passive I would go to sleep. I became conscious of a centre in the middle of the head, a centre connected with both ears. I don't know yet more about it, only its existence.
* ** |
Samedi 30 octobre 1926
Rien de remarquable à signaler. La méditation devient plus profonde et plus lumineuse, y ai l'impression que ma conscience est
baignée de lumière. Aussi, il m'est arrivé de me sentir séparé de ma
conscience extérieure, dans une certaine mesure. Hier soir, pendant la
méditation, ma conscience s'était beaucoup retirée à l'intérieur et
j'ai presque perdu conscience du corps. Croyant que cela m'aiderait,
j'ai appelé Mère, mais au lieu de m'aider à passer au-delà, il semble
qu'elle m'ait ramené à la conscience physique! Ce n'est qu'une
impression. Je ne lui ai pas parlé depuis.
Ce n'est pas toujours également facile. Certains jours sont
meilleurs que d'autres. Mais à part ces légères variations et les
pensées du mental qui reviennent, il n'y a plus de difficultés particulières maintenant. La force travaille principalement devant le visage,
où elle purifie et apaise, et sur le vital. Je sens que la force est lumineuse, blanche. Elle emplit le mental mais pas encore tout l'être. Mon corps physique sent un peu la tension des différents mouvements. Aujourd'hui, je me suis réveillé avec un mal dans le dos. Je ne sais pas si cela a un rapport quelconque avec le yoga ou si c'est simplement à cause du froid? Peut-être cela a-t-il un rapport avec le centre psychique. Mais pourquoi le vital ne s'ouvre-t-il pas ?
Il s'ouvre. Un travail beaucoup plus considérable que vous ne le
sentez dans votre conscience ordinaire est en train de se faire. Mère me
dit quelquefois ce qui se passe pendant la méditation. C'est tout à fait
bien. Le travail de jonction des deux consciences continue. Quand ce
sera fait, ça marchera vite.
Pendant la méditation, je ne reste pas complètement passif mais
je suis ce que fait la force. J'ai parlé de cela à Mère et elle m'a dit
que la passivité était nécessaire au début de la méditation, mais |
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Sunday, October 31, 1926
Interview with Mother
My meditation was calm and deep. A great force descended. But the last two days were not very luminous. Yesterday particularly was a little cloudy. The evening the day before, during meditation, I almost lost consciousness of my body. I called you to help me; but instead of helping me to free myself you put me back into my physical consciousness.
Mother : Yes. To leave one's consciousness in order to enter another state is not what one must seek. That may be interesting as an experience; but the present movement is different. It is a question of linking up the two consciousnesses, but that means to bring down the higher consciousness into the physical body. Everything must be present there in the natural consciousness. You will be brought back thus every time you try to escape.Something is being prepared for you. That was said yesterday. It is as though the divine will had traced the goal, and the road; it is as though it had told you : "You will be like that". It was very clear. The Goal is known to us, but it is reserved for us two. To you it is rather the road that this indicated. And this road is very different from what you expected in your outer consciousness. I wouldn't know how to express it. You would not understand me in your outer consciousness. Your inner being knows : it almost told me sometime ago something very similar. That must become conscious. You are on the eve of something. Don't be surprised if it is very different from what you expect or if it is very intense. It is so willed. ... ? ...
Today I saw that a shadow had tried to cloud things. But there is nothing left of it now. When something like this descends, the first effect |
que quand la force commençait à travailler, il fallait pratiquer la coopération.
Bien sûr, il va de soi qu'il faut suivre le mouvement. Suivre le mouvement et regarder ce qu'il fait là. Une passivité absolue serait de l'inconscience.
Si j'étais absolument passif, je m'endormirais. Je suis devenu conscient d'un centre au milieu de la tête, un centre qui est en rapport avec les deux oreilles. Je n'en sais pas davantage encore, sauf qu'il existe.
*
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Dimanche 31 octobre 1926
Entrevue avec Mère
Ma méditation a été calme et prof onde. Une grande force est descendue. Mais ces deux derniers jours n'étaient pas très lumineux. Hier
en particulier, c'était un peu obscurci.
Avant hier soir, en méditation, j'ai presque perdu conscience
de mon corps. Je vous ai appelé pour m'aider ; mais au lieu de
m'aider à me dégager, vous m'avez remis dans ma conscience
physique.
Mère : Oui. Le fait de quitter sa conscience pour entrer dans un
autre état n'est pas ce qu'il faut chercher. Cela peut être intéressant
comme expérience, mais le mouvement actuel est différent. Il s'agit
de lier les deux consciences, mais cela veut dire de faire descendre la conscience supérieure dans le corps physique. Il faut que tout soit présent
là, dans la conscience naturelle. Vous serez ramenés ainsi toutes les fois |
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is to raise up all the oppositions. All that is unsubdued in the being bristles up. Then there is a waiting in the darkness, for one sees nothing yet. That must be the cause of your difficulties yesterday. Remain calm and concentrated.
*
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(Several conversations which followed were torn)
*
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(to be continued)
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que vous essaierez de vous évader. Quelque chose se prépare pour vous. Cela a été dit hier. C'est comme si la volonté divine avait tracé le but et le chemin — c'est comme si elle vous avait dit : "Tu seras comme cela". C'était très net. Le But nous est connu, mais il est réservé à nous deux. À vous, c'est plutôt le chemin que cela indiquait. Et ce chemin est très différent de ce que vous attendez dans votre conscience extérieure. Je ne saurais comment l'exprimer. Vous ne me comprendriez pas dans votre conscience extérieure. Votre être interne sait : il m'a presque dit, il y a quelque temps, quelque chose de très approchant. Il faut que cela devienne conscient. Vous êtes à la veille de quelque chose. Ne vous étonnez pas si c'est très différent de ce que vous attendez, ni si c'est très intense. C'est voulu comme cela.
... ? ...
Aujourd'hui j'ai vu qu'une ombre avait essayé d'obscurcir. Mais
il n'en reste plus rien. Lorsqu'une chose comme cela descend, le premier
effet est de soulever toutes les oppositions. Tout ce qu'il y a d'insoumis
dans l'être se rebiffe. Puis il y a une attente dans l'obscurité, car on ne
voit encore rien. Ce doit être la cause de vos difficultés d'hier.
Restez calme et concentré.
*
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(Plusieurs entretiens suivants ont été déchirés.)
*
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(à suivre) |
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Sri Aurobindo
(suivis de quelques réponses de la Mère)
208 — La béatitude est le but de Dieu pour l'humanité ; obtiens
209 — Celui qui acquiert pour lui seul, acquiert mal, même
s'il appelle cela ciel et vertu.
29.11.1969
Douce Mère,
Quelle est la différence entre "l'oubli de soi" et "le don de soi" ?
L'oubli de soi peut simplement être un état passif résultant de l'absence totale d'égoïsme. Le don de soi, qui prend toute sa valeur quand il
est fait au Divin, est un mouvement actif qui comporte l'amour sous sa
forme la plus pure et la plus élevée.
Le don total de soi au Divin est la vraie raison d'être de l'existence.
30.11.1969
210 — Dans mon ignorance, je pensais que la colère pouvait
être noble, et la vengeance, grandiose; mais mainte |
Sri Aurobindo
(With some answers from the Mother)
208 — Beatitude is God's aim for humanity ; get this supreme good for thyself first that thou mayst distribute it entirely to thy fellow-beings.209 — He who acquires for himself alone, acquires ill though he may call it heaven and virtue.
MAN has a right to beatitude because he was created for that. But all egocentric movement is the exact opposite of this beatitude. Therefore, by seeking it for oneself alone, one repels it instead of attracting it. It is in self-forgetfulness, in self-giving without asking anything in return, in merging oneself so to say in this beatitude so that it may radiate on all, that one finds the inner peace and joy which never leave you. 29.11.1969 Sweet Mother, What is the difference between "self-forgetfulness and "self-giving ?
Self-forgetfulness may simply be a passive state resulting from a total lack of egoism. Self-giving, which takes its full value when it is to the Divine, is an active movement that carries in itself love in its purest and highest form. A total self-giving to the Divine is the true "raison être" of existence. 30.11.1969
210 — In my ignorance I thought anger could be noble and vengeance grandiose ; but now when I watch Achilles |
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quand j'observe Achille en sa furie épique, je vois un très beau bébé dans une très belle rage et cela me fait plaisir et m'amuse. 211— Le pouvoir est noble quand il s'élève au-dessus de la colère ; la destruction est grandiose, mais elle déchoit quand elle naît de la vengeance. Laisse ces choses, car elles appartiennent à une humanité inférieure.
La colère et la vengeance appartiennent à une humanité inférieure, l'humanité d'hier et non celle de demain. 1.12.1969
212 — Les poètes font grand cas de la mort et des afflictions extérieures, mais les seules tragédies sont les échecs de l'âme, et la seule épopée, l'ascension triomphante de l'homme vers la divinité.
Usually man is not afflicted with the only thing truly tragic,
the failure to find one's soul and to live according to its law
En vérité, la seule chose vraiment tragique est de ne pas devenir conscient de son âme, l'être psychique, et de ne pas avoir sa vie entièrement
guidée par elle.
Mourir avant d'avoir trouvé son âme et d'avoir vécu selon sa loi,
voilà la vraie défaite.
Et la vraie épopée, la vraie gloire est de trouver le Divin en soi et de
vivre selon Sa loi.
3.12.1969
213 — Les tragédies du cœur et du corps sont des larmes d'enfants sur leurs petits chagrins et leurs jouets cassés.
Souris au-dedans de toi, mais réconforte les enfants — et si
tu le peux, prends part aussi à leur jeu.
C'est l'étroitesse de la conscience humaine qui rend tragiques des
événements qui pour la Conscience Divine sont seulement des mouvements
1 (En anglais dans le texte). D'habitude, l'homme n'est pas affligé par la seule chose qui soit vraiment tragique, l'échec à trouver son âme et à vivre selon sa loi. : |
in his epic fury, I see a very fine baby in a very fine rage and I am pleased and amused. 211 — Power is noble, when it overtops anger ; destruction is grandiose, but it loses caste when it proceeds from vengeance. Leave these things, for they belong to a lower humanity.
Anger and vengeance belong to a lower humanity, the humanity of yesterday and not that of tomorrow. 1.12.1969
212 — Poets make much of death and external afflictions, but the only tragedies are the soul's failures and the only epic man's triumphant ascent towards godhead.
Usually man is not afflicted with the only thing truly tragic, the failure to find one's soul and to live according to its law1. In truth, the only truly tragic thing is not to become conscious of one's soul — the psychic being — and not to have one's life entirely guided by it. To die before having found one's soul and lived according to its law, that is the true failure. And the true epic, the true glory is to find the Divine in oneself and to live according to His law. 3.12.1969
213 — The tragedies of the heart and the body are the weeping of children over their little griefs and their broken toys. Smile within thyself, but comfort the children; join also, if thou canst, in their play.
It is the narrowness of the human consciousness that makes events tragic which, for the Divine Consciousness, are only movements of general evolution. But even when one sees that, one can and must keep a profound sympathy for those who still live in the pain of ignorance. 4.12.1969
1 This sentence was in English in the original. |
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de l'évolution générale. Mais même quand on voit cela, on peut et doit garder une sympathie profonde pour ceux qui vivent encore dans les douleurs de l'ignorance. 4.12.1969
214 — "II y a toujours quelque chose d'anormal et d'excentrique dans les hommes de génie", dites-vous. Et pourquoi pas ? Car le génie même est une naissance anormale hors du centre ordinaire de l'homme. 215 — Le génie est la première tentative de la Nature pour délivrer le dieu emprisonné dans le moule humain ; le moule doit souffrir dans le processus. Il est étonnant que les fêlures soient si peu nombreuses et si peu importantes.
Dès qu'un homme a pris conscience du Divin et s'unit à Lui, il devient certainement anormal aux yeux ordinaires parce qu'il n'a plus les
faiblesses qui constituent la nature humaine ordinaire.
Mais heureusement pour lui, par le fait même de sa réalisation intérieure, il perd l'habitude que les hommes ont de se vanter, et ainsi il peut
éviter l'attention malveillante des autres.
5.12.1969
216 — Parfois, la Nature entre en fureur contre sa propre
Il est sage, en effet, de tout regarder avec le calme sourire de la parfaite confiance. Car, avec la conscience que l'homme a pour le moment, il
ne peut guère comprendre les fins du Seigneur Suprême.
7.12.1969
217 —-Qui peut supporter Kâli quand elle se précipite dans
l'organisme avec sa terrible force et sa divinité incendiaire ? — Seul l'homme qui est déjà possédé par Krishna. |
214 — "There is always something abnormal and eccentric about men of genius". And why not ? For genius itself is an abnormal birth and out of man's ordinary centre.215 — Genius is Nature's first attempt to liberate the imprisoned god out of her human mould; the mould has to suffer in the process. It is astonishing that the cracks are so few and unimportant.
As soon as a man becomes conscious of the Divine and unites with Him, he certainly becomes abnormal to ordinary eyes because he no longer has the weaknesses that constitute the ordinary human nature. But fortunately for him, by the very fact of his inner realisation, he loses the habit which men have of boasting, and he can thus avoid the ill-will of others. 5.12.1969
216 — Nature sometimes gets into a fury with her own resistance, then she damages the brain in order to free the inspiration ; for in this effort the equilibrium of the average material brain is her chief opponent. Pass over the madness of such and profit by their inspiration.
It is wise, indeed, to look at everything with the calm smile of perfect confidence. For, with the consciousness that man has at present, he cannot at all understand the purpose of the Supreme Lord. 7.12.1969
217 — Who can bear Kali rushing into the system in her fierce force and burning godhead ? Only the man whom Krishna already possesses.
It is a charming and most expressive way of saying that only the conscious Divine Presence is capable of mastering and conquering all violence. 8.12.1969 |
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C'est une manière charmante et très expressive de
dire que seule la
Présence Divine consciente est capable de maîtriser et de conquérir toutes
les violences.
8.12.1969
218 — Ne hais pas l'oppresseur, car, s'il est fort, ta haine augmente sa force de résistance ; s'il est faible, ta haine
était inutile.
219 — La haine est une épée de puissance, mais c'est une lame
220 — Aime Dieu dans ton adversaire, même quand tu le
221 — Les hommes parlent d'ennemis, mais où sont-ils ? Je
Tout ceci est écrit dans le but d'éveiller l'humanité au sens de son
unité. Quand on est devenu conscient de cette Unité et que l'on voit le
Divin en tout être, il est facile de sentir comme Sri Aurobindo recommande de le faire. 9.12.1969 (à suivre)
1 Acte rituel de n'importe quel genre (invocation, mantra, figures, etc.) |
218 — Hate not the oppressor, for, if he is strong, thy hate increases his force of resistance; if he is weak, thy hate was needless.219 — Hatred is a sword of power, but its edge is always double. It is like the Kriyā1 of the ancient magicians which, if baulked of its prey, returned in fury to devour its sender.220 — Love God in thy opponent, even while thou strikest him ; so shall neither have hell for his portion. 221 — Men talk of enemies, but where are they ? I only see wrestlers of one party or the other in the great arena of the universe.
All this is written with a view to awakening humanity to the sense of its unity. When one has become conscious of this Unity and when one sees the Divine in all beings, it is easy to feel what Sri Aurobindo recommends. 9.12.1969 (to be continued) THE MOTHER
1 Rituals of any kind (invocation, mantra, diagrams, etc.)
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Le 28 octobre 1953
"L'art véritable est un tout et un ensemble; il est un et d'une
seule tenue avec la vie. Vous pouvez constater quelque chose de ce
tout intime et harmonieux dans l'ancienne Grèce et l'ancienne
Égypte ; car là, tableaux, statues, objets d'arts, avaient leur place
et leur. raison d'être dans le plan architectural d'un monument;
chaque détail n'était qu'une portion du tout et concourait à l'harmonie
de l'ensemble. Il en est de même au Japon ; tout au moins en était-il ainsi hier encore, avant l'invasion d'un modernisme utilitaire et
pratique. Une maison purement japonaise est un tout merveilleusement artistique ; chaque chose y est exactement à sa place ;
il n'y a rien de trop, mais rien ne manque non plus. On a l'impression, tant le tout se tient, que chaque chose est juste ce qu'elle
devait être ; et la maison elle-même est admirablement adaptée
à la nature environnante. De même dans l'Inde, la peinture, la
sculpture et l'architecture s'unissaient dans une beauté intégrale,
dans un mouvement coordonné d'adoration pour le Divin."
(Entretiens 1929, p. 147)
Douce Mère, je n'ai pas compris ce que tu as dit: "L'art véritable
est un tout et un ensemble ; il est un et d'une seule tenue avec la vie."
CE que j'ai dit ? Pas autre chose que l'art véritable est l'expression de la beauté dans le monde matériel ; et dans un monde entièrement converti, c'est-à-dire exprimant totalement la réalité divine, l'art doit servir de révélateur et d'instructeur de cette beauté divine dans la vie, c'est-à-dire qu'un artiste devrait être capable d'entrer en communion avec le Divin et de recevoir l'inspiration de ce que doit être la forme, ou les formes, pour exprimer matériellement la beauté divine. Et alors, |
October 28, 1953
"True art is a whole and an ensemble ; it is one and of one piece with life. You see something of this intimate wholeness in ancient Greece and ancient Egypt; for there pictures and statues and all objects of art were made and arranged as part of the architectural plan of a building, each detail a portion of the whole. It is like that in Japan, or at least it was so till the other day before the invasion of a utilitarian and practical modernism. A Japanese house is a wonderful artistic whole; always the right thing is there in the right place, nothing wrongly set, nothing too much, nothing too little. Everything is just as it needed to be, and the house itself blends marvellously with the surrounding nature. In India too, painting and sculpture and architecture were one integral beauty, one single movement of adoration of the Divine." (Conversations 1929, p. 147)
Mother, I did not understand what you have said: "True art is a whole and an ensemble ; it is one and of one piece with life."
WHAT I have said ? Nothing else but that true art is the expression of beauty in the material world ; and in a world entirely changed spiritually, that is to say, one expressing completely the divine reality, art must function as a revealer and teacher of this divine beauty in life, that is to say, an artist should be capable of entering into communion with the Divine and of receiving inspiration about what form or forms ought to be used to express the divine beauty in matter. And thus, if it does that, art can be a means of realisation of beauty, and at the same time a teacher of what beauty ought to be, that is to say, art ought to be an element in the education of men's taste, of young or old, and it is the teaching |
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étant cela, l'art peut être un instrument de réalisation de beauté, et en même temps un instructeur de ce que doit être la beauté, c'est-à-dire que l'art devrait être un élément d'éducation du goût des gens, petits et grands, et c'est l'instruction de la beauté véritable, c'est-à-dire la beauté essentielle qui exprime la vérité divine. Telle est la raison d'être de l'art. Maintenant, entre cela et ce qui se fait, il y a une grande différence, mais c'est la vraie raison d'être de l'art. Compris ? Un peu !
Pourquoi les peintres d'aujourd'hui ne sont-ils pas aussi bons que
du temps de Léonard de Vinci?
Parce que l'évolution humaine se fait en spirale. J'ai expliqué cela
1 Voir p. 147 ibid. |
of true beauty, that is, the essential beauty which expresses the divine truth. This is the raison être of art. Now, between this and what is done there is a great difference, but this is the true raison être of art. Have you understood? A little !
Why are today's painters not so good as those of the days of Leonardo da Vinci?
Because human evolution goes in spirals. I have explained this.1 I said that art had become an altogether mercenary affair, obscure and ignorant, from the beginning of the last century till its middle. It had become something very commercial and quite remote from the true sense of art. And so, naturally, the artistic spirit does not come ! It followed bad forms, yet it tried to manifest to counteract the degradation of taste which prevailed. But naturally, as with every movement of Nature in man, some went to one extreme, others to the other extreme; and as these made a sort of servile copy of life — not even that, in those days it was called "a photographic view" of things, but now one can no longer say that, for photography has progressed so much that it would be doing it an injustice to say this, wouldn't it ? Photography has become artistic; so a picture cannot be criticised by calling it photographic ; nor can one call it "realistic" any longer, for there is a realistic painter who is not at all like that — but it was conventional, artificial and without any true life, so the reaction was to the very opposite, and naturally to another absurdity : "art" was no longer to express physical life but mental life or vital life. And so came all the schools, like the Cubists and others, who created from their head. But in art it is not the head that dominates, it is the feeling for beauty. And they produced absurd and ridiculous and frightful things. Now they have gone farther still, but that, that is due to the wars — with every war there descends upon earth a world in decomposition which produces a sort of chaos. And some, of course, find all this very beautiful and admire it very much. I understand what they want to do, I understand it very well, but I cannot say that I find they do it well. All I can say is that they are trying.
1 See Ibid. p. 147. |
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ce n'est pas la tête qui commande, c'est le sentiment de beauté. Et ils ont fait des choses absurdes et ridicules et affreuses. Maintenant, ils sont allés encore plus loin; mais ça, c'est à cause des guerres — avec chaque guerre, il y a un monde en décomposition qui descend sur la terre, et qui produit une sorte de chaos. Et certains, bien entendu, trouvent cela très beau, et l'admirent beaucoup. Je comprends ce qu'ils veulent faire, je le comprends très bien, mais je ne peux pas dire que je trouve qu'ils le font bien. Tout ce que je peux dire, c'est qu'ils essaient. Mais c'est peut-être (dans toute son horreur, à un certain point de vue), c'est peut-être mieux que ce que l'on faisait à cette époque de bourgeoisie intense et pratique : l'âge de Victoria, ou le Second Empire en France. Alors, on part d'un point où il y avait une harmonie, et l'on décrit une courbe, et avec cette courbe, on sort totalement de cette harmonie et on peut entrer dans une obscurité totale ; puis on monte, et quand on se trouve en ligne avec l'ancienne réalisation d'art, on s'aperçoit de la vérité qu'il y avait dans cette réalisation, mais avec la nécessité d'exprimer quelque chose de plus complet et de plus conscient. Mais en faisant le cercle, on oublie que l'art est l'expression des formes, et on essaie d'exprimer des idées ou des sentiments avec un minimum de formes. Cela donne ce que nous avons, ce que vous pouvez voir (je crois que nous avons des reproductions de peintres tout à fait modernes à la bibliothèque de l'Université). Mais si l'on va encore un peu plus loin, cette idée et ces sentiments qu'ils veulent exprimer, et qu'ils expriment d'une façon très maladroite, si l'on retourne au même point de la spirale (seulement un peu plus haut), on découvrira que c'est l'embryon d'un art nouveau, qui sera un art de beauté et qui n'exprimera pas seulement la vie matérielle mais essaiera aussi d'exprimer son âme. Enfin, nous n'en sommes pas encore là, mais il faut espérer qu'on y arrivera bientôt. Voilà.
Pourquoi V évolution se fait-elle en spirale au lieu d'être en progrès constant?
C'est un progrès constant. Mais si tu le faisais en ligne droite, tu ne |
But it is perhaps (with all its horror, from a certain point of view), it is perhaps better than what was produced in that age of extreme and practical philistinism : the Victorian age or in France the Second Empire. So, one starts from a point where there was a harmony and describes a curve, and with this curve one goes completely out of this harmony and may enter into a total darkness ; and then one climbs up, and when one finds oneself in line with the old realisation of art, one becomes aware of the truth there was in this realisation, but with the necessity of expressing something more complete and more conscious. But in describing the circle one forgets that art is the expression of forms and one tries to express ideas and feelings with a minimum of forms. That gives what we have, what you may see (I believe we have reproductions of the most modern painters at the University Library). But if one goes a little farther still, this idea and these feelings they wish to express and express very clumsily — if one returns to the same point of the spiral (only a little higher), one will discover that it is the embryo of a new art, which will be an art of beauty and will express not only material life but will also try to express its soul. Anyway, we have not yet come to that, but let us hope we shall reach there soon. So that's all.
Why does evolution go in spirals instead of being a constant progress ?
It is a constant progress. But if you made it in a straight line, you would cover only a single part — the world is a globe, it is not a line.
If it were a cylinder !
Even for a cylinder, if you drew only one line, one part of the cylinder would escape you altogether. This movement in a spiral is precisely to try and make everything enter this phenomenon of evolution — that there may not be only one thing which advances whilst the others remain behind. And so, according to the centre where the progress is concentrated, one seems to move away from one thing and enter into another. |
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couvrirais qu'une seule partie — le monde est un globe, ce n'est pas une ligne.
Si c'était un cylindre !
Même pour un cylindre, si tu ne faisais qu'une ligne, il y a une partie
du cylindre qui t'échapperait tout à fait. Ce mouvement en spirale est justement pour essayer que tout entre dans le phénomène d'évolution—
qu'il n'y ait pas seulement une chose qui avance tandis que les autres
restent en arrière. Et alors, suivant le centre où est concentré le progrès,
on semble s'éloigner d'une chose et on va dans une autre. Mais en fin
de compte, quand on évoluera consciemment, on n'oubliera pas une chose
pour en faire une autre. Ce qui est mauvais maintenant, c'est l'oubli,
c'est que quand on est dans une activité pour une réalisation, on oublie
toutes les autres, ou elles entrent dans un arrière-plan, elles n'ont plus
d'intensité. Mais c'est un défaut humain qui peut être corrigé — il doit
être corrigé.
Est-ce que tous les progrès vont en spirale ensemble ou séparément ?
Je crains que ce ne soit pas très harmonieux, parce que le monde me
paraît plutôt chaotique ! Si vraiment la marche était totalement organisée,
ce serait un développement harmonieux, et si l'on pouvait voir vers quoi
l'on va — en ayant la ligne de ce qui a été fait, on peut prolonger ces lignes
et voir ce qui viendra. Mais pour le moment c'est seulement ouvert à
une élite. Et la masse suit le mouvement, et tous les mouvements ne sont
pas homogènes et simultanés — certaines choses sont plus lentes à mettre
en ligne et à mettre en mouvement que d'autres. Alors, il suffit même
d'une petite différence comme cela pour que cela crée une immense différence dans le mouvement.
Il y a même un nombre considérable de spirales qui s'entrecroisent
et qui donnent l'impression de contradiction. Si l'on pouvait suivre dans
l'ensemble le mouvement du progrès universel, on verrait qu'il y a une
si grande quantité de spirales qui s'entrecroisent, que, finalement, on ne |
But in the long run, when one evolves consciously, one does not forget one thing in order to do another. What is bad at present is forgetfulness , it is that when following a certain activity for a realisation, one forgets all the others or they go into the back-ground, they have no longer any intensity. But this is a human short-coming which can be corrected —it ought to be corrected.
Do all progress in a spiral, and all together or separately?
I fear it is not very harmonious, for the world seems to me rather chaotic ! If indeed the march were totally organised, it would be a harmonious development, and if one could see where one was going — having the line of what has been done, one can prolong these lines and see what will come. But for the moment this is open only to an elite. And the mass follows the movement, and all the movements are not homogeneous and simultaneous. Certain things are slower to put into line and movement than others. So, even a little difference like this suffices for it to create an immense difference in the movement. There is even a considerable number of spirals intersecting and giving the impression of contradiction. If one could follow in the ensemble the movement of the universal progress, one would see that there is such a great number of spirals which intersect, that finally one does not know at all whether one is advancing or going back. For, at the same moment some things are going up and others falling back into the darkness, and all these are not absolutely independent of one another. There is a kind of coordination. But instead of imagining a spiral like that, we should have to think of spherical spirals. If this could be described, the ensemble of all these spirals would be an immense globe. And it is at the intersection of these spirals that there are moments of progress. But before the progress is coherent, total, there must be an inner organisation of life, different from that of Nature, arranged in accordance with a plan. For Nature, — her plan is only made with an aspiration, a decision and a goal. And the road seems quite fantastic, following the impulses of every minute— trials, set backs, contradictions, progress and demolition of what has already been done, and it is such a chaos that one can understand |
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sait pas du tout si l'on avance ou si l'on recule. Parce que, au même moment, il y a des choses qui sont en ascension et d'autres qui retombent dans l'obscurité, et tout cela n'est pas absolument indépendant l'un de l'autre. Il y a une sorte de coordination, si bien qu'au lieu de concevoir une spirale comme cela, il faudrait concevoir des spirales en globe. Si l'on pouvait décrire cela, l'ensemble de toutes ces spirales ferait un globe immense. Et c'est à l'entrecroisement de ces spirales qu'il y a des minutes de progrès. Mais avant que le progrès ne soit cohérent, total, il faut qu'il y ait une organisation intérieure de la vie qui soit différente de celle de la Nature, arrangée selon un plan. Pour la Nature, son plan est seulement fait d'une aspiration, d'une décision, et d'un but. Et le chemin paraît tout à fait fantastique suivant les impulsions de chaque minute — des essais, des reculs, des contradictions, des progrès et des démolitions de ce qui a été déjà fait ; et c'est un tel chaos que l'on n'y comprend plus rien. Elle a l'air de quelqu'un qui fait les choses par impulsion ; qui répand certaines impulsions, puis les détruit, qui en recommence d'autres, et ainsi de suite comme cela. Elle fait, elle défait, elle refait, elle redéfait, elle mélange, elle détruit, elle construit — et tout cela en même temps. C'est incompréhensible. Et pourtant, elle a évidemment un plan, et elle-même va vers un certain but, qui est très clair pour elle mais qui est très voilé pour la conscience humaine ... C'est très intéressant. Si l'on pouvait construire quelque chose comme cela, cela donnerait une idée : un globe fait de spirales s'entrecroisant et ayant des couleurs différentes, et chacune représentant un aspect de la création de la Nature. Et ces aspects sont faits pour se compléter — mais jusqu'à présent, ils sont plutôt en compétition qu'en collaboration, et il semble toujours qu'elle soit obligée de détruire quelque chose pour en faire une autre, ce qui fait un gaspillage terrible, et un désordre encore plus grand. Mais si tout cela était vu dans son ensemble, ce serait extrêmement intéressant. Parce que c'est l'entrecroisement extrêmement complexe et dans tous les sens possibles, d'une ascension en spirale. Maintenant, pour ta question, on pourrait répondre une autre chose. Ce que j'ai dit là, c'est exactement la même chose pour l'art :il suit lui-même une évolution, et à un certain moment il semble s'éloigner de son but, et à d'autres moments il se rapproche à une hauteur plus grande. Mais il y a autre chose, c'est un point de vue social : il y a une époque, |
nothing there. She has the air of somebody doing things impulsively, — giving out certain impulses and destroying them, beginning others again, and going on and on like that. She makes and unmakes, she remakes and again demolishes, she mixes, destroys, constructs and all this at the same time. It is incomprehensible. And yet, she evidently has a plan, and herself goes towards a certain goal which is very clear to her but quite veiled to human consciousness.... It is very interesting, if one could construct something like that, that would give an idea : a globe made of intersecting spirals of different colours, and each representing one aspect of Nature's creation ; and these aspects are made to complete one another — but so far they are rather in competition than collaboration, and it seems she is always obliged to destroy something in order to make another, which makes for a terrible wastage, and a still greater disorder. But if all this were seen in its ensemble, it would be extremely interesting. For it is an extremely complex crisscrossing, in all possible directions, of a spiralling ascension. Now, for your question, there could be another answer. What I have said just now is also exactly the same for art, it also follows an evolution, and at a certain moment it seems to drift away from its goal and at others it draws close to a greater height. But there is something else, — that is a social point of view : there is an age, like the Age of Louis XIV for example, in which what predominated was the sense of artistic creation, and that seems to have given a certain perception at that moment; but afterwards social evolution brought in other needs and other ideas, and now, for more than a century it is commercialism which is uppermost in the world, and there is nothing more in contradiction with art than commerce. For it is precisely the vulgarisation of something which ought to be exceptional. It is putting within everybody's range a thing which could be understood only by an elite. And as we are in an age of mechanisation and commercialism, it is a time altogether uncongenial for a blossoming of art. And probably this is why art, not finding the conditions necessary for its flowering, tries to seek another outlet and enters the mental and vital field for its expression. That is the reason. When the time comes to shake off, so to say, to reject this mercantilism and to wake up to a more beautiful reality, then art too will be reborn in a greater consciousness of harmony. |
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comme par exemple l'époque de Louis XIV où ce qui dominait tout, était le sens de la création artistique, et ce sens semble avoir donné une sorte de perception de beauté à ce moment-là ; mais après, l'évolution sociale a fait naître d'autres besoins et d'autres idées, et actuellement, depuis plus d'un siècle, c'est le commercialisme qui triomphe dans le monde, et il n'y a rien qui soit plus opposé à l'art que le commerce. Parce que c'est justement la vulgarisation de quelque chose qui devrait être exceptionnel. C'est mettre à la portée de tous une chose qui ne devrait être comprise que d'une élite. Et comme nous sommes à une époque de mécanisation et de commercialisme, c'est une époque très contraire à un épanouissement de l'art. Et c'est probablement pourquoi l'art, qui n'a pas les conditions nécessaires à son plein épanouissement, essaie de trouver un autre débouché et entre dans le domaine mental et vital pour s'exprimer. C'est la raison. Quand le temps sera venu de secouer, pour ainsi dire, de rejeter ce mercantilisme et de s'éveiller à une réalité plus belle, alors l'art aussi renaîtra dans une conscience d'harmonie plus grande.
La satisfaction de soi-même est-elle un obstacle à l'art?
Oui, c'est même un obstacle à l'intelligence. La fatuité est l'une
des plus grosses sottises humaines. Il y a une très grande différence entre
avoir la foi en ce qui peut être fait, la volonté de le réaliser, la certitude
des possibilités ouvertes dans la création (et la certitude aussi que ces
possibilités seront réalisées), et puis la satisfaction de soi-même ; ce sont
deux choses qui se tournent tout à fait le dos. Être convaincu que rien
n'est impossible à faire si l'on y met le temps, l'énergie, la volonté, la confiance, la sincérité et le reste, est très nécessaire, mais être content de soi
d'une façon quelconque, c'est toujours une sottise, sans exception. Et
c'est l'une des choses qui vous éloigne le plus de la réalisation divine,
parce que cela vous rend ridicule. Et c'est en même temps l'une des choses
qui sont le plus contraire à la bonne volonté de la Nature, parce que la
Nature se moque de vous immédiatement. Vous devenez un objet de
ridicule, tout de suite. Parce que, au fond, il n'y a pas un être humain qui
soit quelque chose par lui-même. Il n'est qu'une possibilité créée par le
Divin, et qui ne peut être développée que par le Divin, et qui n'existe |
Is self-complacency cm obstacle to art?
Yes, it is even an obstacle to intelligence. Fatuity is one of the greatest of human follies. There is a very great difference between having faith in what can be done, the will to realise it, the certitude of the possibilities open in creation (and also the certitude that these possibilities will be realised), and self-complacency; these are two things which turn their backs completely to each other. To be convinced that nothing is impossible if one puts in the time, energy, will, trust, sincerity and all else, is very essential, but to be self-satisfied in any way whatever is always, without exception, a folly. And this is one of the things that takes you farthest away from the divine realisation, for it makes you look ridiculous. And it is at the same time one of the things most contrary to the good will of Nature, for Nature laughs at you immediately. You become an object of ridicule at once. For, in truth, there is no human being who is something by himself. He is only a possibility created by the Divine and one which can be developed only by the Divine, which exists only by the Divine, and which should live only for the Divine. And so, in this I do not see any place for self-complacency; for, as we are nothing in ourselves but what the Divine makes of us, and as we can do nothing by ourselves except what the Divine wants to do through us, I don't see what satisfaction one can have in that. One can only have the feeling of one's perfect powerlessness. Only, what is very bad is to have that the wrong side out — for there is always a wrong side and a right to every state of consciousness — and, fundamentally, it is the same vanity which makes you say : "I can do nothing, I am good for nothing, I am incapable of doing anything whatsoever" ; that, that is the wrong side of "I can, I am great, I have all sorts of powers in me." It is the same thing. One is the shadow and the other the light, but they are exactly alike : one is no better than the other. And if really one were aware of being nothing at all, one would not bother to know what one is like. That would already be something. But truly, sincerely, I tell you, and I have a sufficiently long experience of life, I know nothing so grotesque as people who are satisfied with themselves. It is truly ridiculous. They make themselves utterly ridiculous. There are people like that, some of them came to see Sri Aurobindo telling him all that they were capable of, all that they had done |
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que par le Divin, et qui ne devrait vivre que pour le Divin. Et alors, dans cela, je ne vois pas de place pour la satisfaction de soi, parce que, comme on n'est rien en soi-même que ce que le Divin fait de nous, et comme on ne peut rien par soi-même que ce que le Divin veut faire de nous, je ne vois pas quelle satisfaction on peut avoir là-dedans. On ne peut avoir que le sentiment de sa parfaite impuissance. Seulement, ce qui est très mauvais, c'est d'avoir l'envers de cet endroit-là —parce qu'il y a toujours l'envers et l'endroit de tout état de conscience — et, au fond, c'est la même vanité qui vous fait dire : "Je ne peux rien, je ne suis bon à rien, je suis incapable de quoi que ce soit", ça, c'est l'envers de : "Je peux, je suis grand, j'ai toutes sortes de pouvoirs en moi." C'est la même chose. L'un est l'ombre et l'autre est la lumière, mais c'est pareil exactement : l'un ne vaut pas mieux que l'autre. Et si l'on avait vraiment conscience de n'être rien du tout, on ne se tourmenterait pas de savoir comment l'on est. Ce serait déjà quelque chose. Mais vraiment, sincèrement, je vous le dis, et j'ai une assez longue expérience de la vie, je ne connais rien d'aussi grotesque que les gens qui sont satisfaits d'eux-mêmes. C'est vraiment ridicule. Ils se rendent absolument ridicules. Il y a des gens comme cela, qui sont venus trouver Sri Aurobindo en disant tout ce dont ils étaient capables, tout ce qu'ils avaient fait et tout ce qu'ils pouvaient faire, tout ce qu'ils avaient réalisé, et alors, Sri Aurobindo les regardait très sérieusement et leur répondait : "Oh ! vous êtes trop parfaits pour être ici. Il vaut mieux que vous vous en alliez."
"De même, la musique est essentiellement un art spirituel et elle
a toujours été associée au sentiment religieux et à la vie intérieure.
Mais elle a été aussi détournée de son sens véritable ; elle est devenue
indépendante, se suffisant à elle-même, un champignon d'art, comme
la musique d'opéra, par exemple. La majeure partie des productions
musicales sont de ce genre et intéressantes tout au plus du point de
vue de la technique.
"Je ne veux pas dire que même la musique d'opéra ne puisse
servir de médium à l'expression d'un art supérieur ; car quelle que
soit la forme, elle peut être utilisée dans un but profond. Tout dépend
de la chose elle-même, de ce qui est derrière elle et de l'usage qu'on |
and all they could do, all that they had realised, —and so Sri Aurobindo looked at them very seriously and replied : "Oh ! you are too perfect to be here. It would be better for you to go away."
"Music too is an essentially spiritual art and has always been associated with religious feeling and an inner life. But, here too, we have turned it into something independent and self-sufficient, a mushroom art, such as is operatic music. Most of the artistic productions we come across are of this kind and at best interesting from the point of view of technique. I do not say that even operatic music cannot be used as a medium of a higher art expression; for whatever the form, it can be made to serve a deeper purpose. All depends on the thing itself, on how it is used, on what is behind it. There is nothing that cannot be used for the Divine purpose—just as anything can pretend to be the Divine and yet be of the mushroom species." (Ibid., p. 149)
What do you mean by "mushroom species" ?
Don't you know what a mushroom is? how mushrooms grow? Mushrooms spring up anywhere and seem not to belong to any cultivation, for instance. The idea is of a kind of spontaneous growth which has no roots in the totality of creation. These are things which do not belong to a whole, which are as though extraneous. Instead of mushrooms I could have said parasites on trees. You know there are parasites on trees, like the mistletoe on the oak; here too I have seen them on certain trees ; I have seen plants growing clinging to the tree, plants which lived on the life of the tree, which did not have their own separate life, their own roots, which did not take their food directly from the soil, they clung to another plant, as though they made use of others' work. The others work to obtain the food and these cling upon them and live by it. Really, how parasites live on animals ! I don't know, I thought I went into great detail. But I have said enough about it for those who know .... In the old days, I mean in the |
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en fait ; il n'est rien qui ne puisse être mis au service des fins divines. De même que n'importe quoi peut prétendre venir du Divin et n'appartenir cependant qu'à l'espèce "champignon". (Ibid., p. 149)
Qu'entends-tu par "espèce champignon" ?
Vous ne savez pas ce qu'est un champignon ? Comment les champignons poussent ? Les champignons poussent n'importe où et semblent ne pas faire partie d'une culture. L'idée, c'est une espèce de croissance spontanée qui n'a pas ses racines dans l'ensemble de la création. Ce sont des choses qui ne font pas partie du tout, qui sont comme surajoutées. Au lieu de champignons, j'aurais pu dire des parasites sur les arbres. Vous savez qu'il y a des parasites sur les arbres, comme le gui sur les chênes, ici aussi j'en ai vu sur certains arbres ; j'ai vu des plantes qui poussaient, qui étaient accrochées dans l'arbre, qui vivaient de la vie " de l'arbre, qui n'avaient pas leur vie propre, leurs racines propres, qui ne prenaient pas leur nourriture directement de la terre — elles s'accrochaient à une autre plante, comme si elles se servaient du travail des autres. Les autres travaillent pour obtenir de la nourriture, et elles s'accrochent là-dessus et eu vivent. Ma foi, comme les parasites vivent sur les animaux. Je ne sais pas, je croyais être entrée dans plus de détails. Mais j'en ai dit assez pour ceux qui savent... Dans le temps, je veux dire aux belles époques comme en Grèce par exemple, ou même pendant la renaissance italienne (mais beaucoup plus en Grèce et en Égypte), on bâtissait des monuments qui avaient une utilité publique. La plupart du temps aussi, en Grèce et en Égypte, ils construisaient comme un sanctuaire pour y loger leurs dieux. Eh bien, ce qu'ils essayaient de faire, c'était une chose totale, belle en soi, complète. Et là-dedans, ils utilisaient l'architecture, c'est-à-dire le sens de l'harmonie des lignes, et la sculpture pour ajouter à l'architecture le détail d'une expression, et la peinture pour compléter cette expression, mais tout cela se tenait dans une unité coordonnée qui était le monument que l'on créait. La sculpture faisait partie du monument et la peinture faisait partie du monument. Ce n'étaient pas des choses à part et qui étaient mises là, on ne sait pas pourquoi — cela faisait partie |
artistic ages, as for instance in Greece or even during the Italian renaissance (but much more in Greece and Egypt), buildings were made for public utility. Mostly too, in Greece and Egypt, a kind of sanctuary was built to house their gods. Well, what they tried to do was something total, beautiful in itself, complete. And in that they used architecture, that is to say, the sense of harmony of lines, and sculpture to add to the architecture the detail of expression, and painting to complete this expression, but all this was held in a coordinated unity which was the created monument. The sculpture formed a part of the building, the painting was a part of the building. These were not things apart, just put there one knew not why—they belonged to the general plan. And so, when these people made a temple, for example, it was a whole wherein were found almost all the manifestations of art, united in a single will to express the beauty they wished to express, that is to say, a garment for the god they wished to adore. All the beautiful periods of art were of this kind. But precisely, in these times, not quite recent — the end of the last century, art became commercial, mercenary, and pictures were made to be sold; they were painted on canvas, a frame was put and then, without any definite reason, a picture was put here or another there, or else some sculpture was made representing one thing or other, and it was put no matter where. It had nothing to do with the house in which it was placed. It did not fit in. Things could be beautiful in themselves, but they had no meaning. It was not a whole having cohesion and attempting to express something: it was an exhibition of talent, cleverness, the ability to make a picture or a statue. It was like the architecture of those days, it had no precise meaning. One did not build with the idea of expressing the force one wanted to incarnate in that building, the architecture was not the expression of an aspiration or of something that uplifts your spirit or the expression of the magnificence of the godhead one wanted to house. It was simply just mushrooms. They put up a house here, a house there, made this and that, pictures, statues, objects of all kinds. So, on entering a house one saw, as I have just told you, a bit of sculpture here, a bit of painting there, show-cases with a heap of bizarre objects having no connection with one another. And all this, why? To make a sort of exhibition, a show of art-objects which had nothing to do with art and beauty! But that,—one must understand the deep meaning of art to feel to what an extent that |
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du plan général. Et alors, quand ils produisaient un temple, par exemple, c'était un tout où l'on trouvait presque toutes les manifestations de l'art, qui étaient unies dans une seule volonté d'exprimer la beauté qu'ils voulaient exprimer, c'est-à-dire un vêtement pour le dieu qu'ils voulaient adorer. Toutes les belles époques d'art ont été comme cela. Mais justement, dans les temps pas tout à fait modernes (la fin du dernier siècle), C'était devenu une chose commerciale, mercantile, et on faisait des tableaux pour les vendre — on faisait des tableaux sur une toile, on mettait un cadre, et puis, sans avoir de raison précise, on mettait ce tableau ici, ou un autre tableau là, ou alors on faisait une sculpture qui représentait une chose ou une autre, et on la mettait n'importe où. Cela n'avait rien à voir avec la maison dans laquelle on était. Ça ne se tenait pas. Les choses pouvaient être belles en soi, mais elles n'avaient pas de sens. Ce n'était pas un tout qui avait une cohésion, qui tendait à l'expression de quelque chose : c'était une exhibition de talent, d'habileté, de capacité de faire de la peinture ou de faire de la sculpture. De même l'architecture, elle n'avait pas un sens précis. On ne faisait pas de l'architecture avec l'idée d'exprimer la force que l'on voulait incarner dans ce bâtiment, ce n'était pas l'expression d'une aspiration, ou de quelque chose qui vous élève l'esprit, ou l'expression de la magnificence de la divinité que l'on voulait loger. C'était tout simplement des champignons. On mettait une maison ici, une maison là, on faisait ceci, on faisait cela, des tableaux, des sculptures, des objets de toutes sortes. Alors, on entrait dans une maison, on voyait, comme je vous dis, un bout de sculpture ici, un bout de peinture là, des vitrines avec des tas d'objets bizarres qui n'avaient rien à voir les uns avec les autres. Tout cela pourquoi ? Pour faire une sorte d'exposition, d'exhibition d'objets d'art qui n'avaient rien à voir avec l'art et la beauté ! Mais cela, il faut comprendre le sens profond de l'art pour sentir à quel point c'est choquant. Autrement, quand on est habitué, quand on a vécu à cette époque-là et dans ce milieu-là, cela paraît tout naturel — mais ce n'est pas naturel. C'est une déformation commerciale. Il n'y a qu'une légitimation, c'est d'en faire un moyen d'éducation. Alors c'est un musée. Si vous faites un musée, c'est un échantillonnage historique de tout ce que l'on a fait. C'est pour vous donner une connaissance historique des choses. Mais un musée n'est pas une chose belle en soi, il s'en faut de beaucoup ! Pour un artiste, c'est une chose très |
was shocking. Otherwise, when one is accustomed to it, when one has lived in that period and that milieu, it seems quite natural — but it is not natural. It is a commercial deformation. There is only one justification, that is to make it a means of education. Then that becomes a museum. So, if you make a museum, that is a historical sampling of all that has been done. That serves to give you a historical knowledge of things. But a museum is not something beautiful in itself, far from it! For an artist it is something quite shocking. From the point of view of education it is very good, for specimens of all kinds of things have been collected there in a single place , and in this way you may learn, acquire erudition. But from the point of view of beauty, it is frightful. And so there was an attempt, later, to return (for instance, at the beginning of this century — I am speaking of the first years of this century) an attempt to create what was called "decorative art", that is to say, to try to get back to a vision of the ensemble and to make, when arranging a house, a coordinated whole in which things were in a certain place because they were meant to be there, and where every object had not only its raison être but its exact place and could not be displaced. An ensemble was created, a whole. So that was already a little better. They were trying. Here, (in India), it is altogether different, for there is a tradition of art which has remained, the whole country is full of things which were made at a fine moment of the artistic history of the country. One lives in its midst. One has hardly undergone the after-effects of what happened in the rest of the world, above all in Europe. Only those parts of India which are a little too anglicised have lost the sense of beauty. There are certain schools in Bombay, schools of artists, which are frightful. And then, there was that attempt of the Calcutta school to revive Indian art, but that was only on a very small scale. From the point of view of art what you have most within your reach are the old creations, the old temples, old pictures. All that was very good. And that had been made to express a faith. And it was done precisely with a sense of the whole, not of disorder. You have followed very little of this movement of art I am speaking about, which is related to the European civilisation, it has not been felt much here — just a little but not deeply. Here, the majority of creations |
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choquante. Au point de vue de l'éducation, c'est très bon parce qu'on a rassemblé dans un seul endroit des échantillons de toutes sortes de choses, et vous pouvez comme cela apprendre, faire de l'érudition. Mais au point de vue beauté, c'est affreux. Et alors, il y a eu une tentative, après, pour revenir (par exemple, au commencement de ce siècle — je parle des premières années de ce siècle) une tentative pour faire ce qu'on appelait de l'"art décoratif", c'est-à-dire essayer de revenir à une vision d'ensemble et de faire, quand on arrangeait une maison, un tout coordonné où les choses étaient à une place donnée parce qu'elles devaient être là, et où chaque objet avait, non seulement sa raison d'être mais sa place précise et ne devait pas être déplacé. On faisait un ensemble, un tout. Alors c'était déjà un peu mieux. On essayait. Ici (en Inde), c'est tout à fait différent, parce qu'il y a une tradition d'art qui est restée, tout le pays est plein de créations qui ont été faites au beau moment de l'histoire artistique du pays. On vit là-dedans. On a très peu subi le contrecoup de ce qui s'est passé dans le reste du monde, surtout en Europe. Il n'y a que les parties de l'Inde un peu trop anglicisées qui ont perdu le sens de la beauté. Il y a certaines écoles de Bombay, des écoles d'artistes qui sont effroyables. Et puis, il y a eu cette tentative de l'École de Calcutta pour ressusciter l'art indien, mais c'est seulement à une toute petite échelle. Au point de vue de l'art, ce que vous avez le plus à votre portée, ce sont les vieilles créations, les vieux temples, les vieilles peintures. Tout cela était très bien. Et cela avait été fait pour exprimer une foi. Et c'était fait justement avec le sens de l'ensemble, pas du désordre. Vous avez très peu suivi ce mouvement d'art dont je vous parle, qui est en rapport avec la civilisation européenne, il n'a pas beaucoup touché ici — un petit peu mais pas profondément. Ici, la plupart des créations (c'est un très bon exemple) la plupart des œuvres, je crois même presque toutes les belles œuvres, ne sont pas signées. Toutes ces peintures dans les caves, ces sculptures dans les temples, ce n'est pas signé. On ne sait pas du tout qui a fait cela. Et on ne le faisait pas avec l'idée de se faire un nom comme maintenant. On était un grand sculpteur, un grand peintre, un grand architecte, et puis c'est tout, il n'était pas question de mettre son nom sur tout et d'annoncer cela à grand fracas dans les journaux pour que personne ne l'oublie ! Dans ce temps-là, l'artiste faisait ce |
(this is a very good example) the majority of works, I believe even almost all the beautiful works, are not signed. All those paintings in the caves, those statues in the temples — these are not signed. One does not know at all who created them. And all this was not done with the idea of making a name for oneself as at present. One happened to be a great sculptor, a great painter, a great architect, and then that was all, there was no question of putting one's name on everything and proclaiming it aloud in the newspapers so that no one might forget it! In those days the artist did what he had to do without caring whether his name would go down to posterity or not. All was done in a movement of aspiration to express a higher beauty, and above all with the idea of giving an appropriate abode to the godhead who was evoked. In the cathedrals of the Middle Ages, it was the same thing, and I don't think that there too the names of the artists who made them have remained. If any are there, it is quite exceptional and it is only by chance that the name has been preserved. Whilst today, there is not a tiny little piece of canvas, painted or daubed, but on it is a signature to tell you: it is Mr. So-and-so who made this.
It is said that a synthesis of western and eastern art could be made ?
Yes. One can make a synthesis of everything if one rises sufficiently high.
What will come out of it ?
If it is necessary, it will be done. But fundamentally, these are things in the course of making. For, the advantage of modern times and specially of this hideous commercialism is that everything is now mixed up; that things from the East go to the West, and things from the West to the East, and they influence each other. For the moment this creates a confusion, a sort of pot-pourri. But a new expression will come out of it — it is not so far from its realisation. People cannot intermix, as men today are intermixing, without its producing a reciprocal effect. For instance, with their mania of conquest, the nations of the West which conquered all sorts of |
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qu'il devait faire sans se soucier si son nom resterait à la postérité ou non. C'était fait dans un mouvement d'aspiration pour exprimer une beauté supérieure, et surtout avec l'idée de donner un logement approprié à la divinité que l'on évoquait. Dans les cathédrales au Moyen Âge, c'était la même chose, et je ne crois pas que, là non plus, les noms soient restés des artistes qui avaient fait ces choses. S'il y en a, c'est tout à fait exceptionnel et c'est par hasard que le nom a été conservé. Tandis que maintenant, il n'y a pas un bout de toile peinte ou barbouillée sur lequel il n'y ait une signature pour vous dire : c'est monsieur un tel qui a fait cela !
On dit que l'on pourrait faire une synthèse de Fart occidental et
oriental ?
Oui. On peut faire une synthèse de tout si l'on monte assez haut.
Qu'est-ce qui en sortira ?
Si c'est nécessaire, ce sera fait. Mais au fond, ce sont des choses qui
sont en train de se faire. Parce que l'avantage des temps modernes, et
justement de ce commercialisme hideux, c'est que tout est mélangé
maintenant ; que les choses d'Orient vont en Occident, que les choses
d'Occident vont en Orient, et les unes sont influencées par les autres.
Pour le moment, cela fait une confusion, une espèce de pot-pourri. Mais
il sortira de là une expression nouvelle — ce n'est pas si loin de se réaliser.
On ne peut pas se mélanger comme les peuples se mélangent maintenant,
sans que cela produise un effet réciproque. Par exemple, avec leur manie
de conquête, les peuples d'Occident qui ont conquis toutes sortes de pays
dans le monde, ont subi très fortement l'influence des pays qu'ils ont conquis. Dans les temps anciens, quand Rome a conquis la Grèce, elle a subi
l'influence de la Grèce beaucoup plus que si elle ne l'avait pas conquise.
Et les Américains, tout ce qu'ils font maintenant, est plein de choses
japonaises, et peut-être ne s'en rendent-ils même pas compte. Mais depuis
qu'ils ont occupé le Japon, je vois les magazines que l'on reçoit d'Amérique, c'est plein de choses japonaises. Et même dans certains détails d'objets
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countries in the world, have undergone a very strong influence of the conquered countries. In the old days, when Rome conquered Greece it came under the influence of Greece much more than if it had not conquered it. And the Americans — all that they make now is full of Japanese things, and perhaps they are not even aware of it. But since they occupied Japan, I see that the magazines received from America are full of Japanese things. And even in certain details of objects from America, one now feels the influence of Japan. That happens automatically. It is quite strange, there always comes about a sort of equilibrium, and he who made the material conquest is conquered by the spirit of the vanquished. It is reciprocal. He made the material conquest, he possesses materially, but it is the spirit of the conquered one who possesses the conqueror. So, through mixing .... The ways of Nature are slow, obscure and complicated. She takes a very long time to do a thing which could probably be done much more rapidly, easily and without wastage by means of the spirit. At present there is a terrible wastage in the world. But the thing is done. She has her own way of mixing people.
Is it intentional?
Not the way men understand "intentional". But it is certainly the expression of an intention and a goal towards which one is going. Only, all depends on the amount of consciousness. For a man this would seem a confusion for he can only see details, and it appears to be a terrible loss of time, because for him the idea of time is limited to the duration of his person. But Nature has eternity before her. And it is all the same to her to waste, because she is like someone who had a huge cauldron; she throws things in and makes a mixture, and if that does not succeed she throws all this out, for she knows that by taking back the same things she will make another mixture. And that is how it is. Nothing is lost, for it comes into use again all the time. Forms are broken and the substance is taken back, and it goes on constantly like that. It is made, it is unmade, it is turned inside out — what harm can it do her to try a hundred thousand times if it so pleases her ! For there is nothing that is wasted, except her work. But her work is her pleasure. Without work she would not exist. |
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que l'on reçoit d'Amérique, on sent l'influence du Japon maintenant. Cela se fait automatiquement. C'est assez curieux, il y a toujours une sorte d'équilibre qui se produit, et celui qui fait la conquête matérielle, est conquis par l'esprit de celui qu'il a vaincu. C'est réciproque. Il a fait une conquête matérielle, il possède matériellement, mais c'est l'esprit de celui qui est conquis qui possède le conquérant. Alors, à force de mélange ... Les voies de la Nature sont lentes, obscures et compliquées. Elle met très longtemps pour faire une chose qui pourrait probablement, par les moyens de l'esprit, se faire beaucoup plus rapidement, plus facilement et sans déchet. Maintenant, il y a dans le monde un déchet terrible. Mais cela se fait. Elle a sa manière de mélanger les gens.
C'est exprès?
Pas de la façon dont les hommes comprennent "exprès". Mais c'est certainement l'expression d'une intention et d'un but vers lequel on tend. Seulement, tout dépend de la proportion de la conscience. Pour un homme, cela paraît une confusion parce qu'il ne peut voir que des détails, et cela paraît une perte de temps terrible, parce que, pour lui, la notion de temps est limitée à la durée de sa personnalité. Mais la Nature a l'éternité devant elle. Et cela lui est bien égal de gaspiller, parce que, pour elle, c'est comme quelqu'un qui aurait une marmite formidable : elle jette des choses dedans et elle en fait un mélange, et si cela ne réussit pas, elle rejette tout cela parce qu'elle sait qu'en reprenant les mêmes choses, elle fera un autre mélange. Et c'est comme cela. On ne perd pas, parce que cela ressert tout le temps. On brise les formes et on reprend la substance, et c'est constamment comme cela. C'est fait, c'est défait, c'est retourné— qu'est-ce que cela peut lui faire d'essayer cent mille fois si cela lui plaît ! Parce qu'il n'y a rien qui soit gaspillé, excepté son travail. Mais son travail, c'est son plaisir. Sans travail elle n'existerait pas. |
It is a pleasure for her not for men !
No, certainly, I quite agree. I find it a little too cruel an amusement.
Voilà.
THE MOTHER
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Suite de la page 82
C'est un plaisir pour elle, pas pour les hommes!
Non, certainement, je suis pleinement d'accord. Je trouve que c'est
un amusement un peu trop cruel. Voilà.
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Le 17 juillet 1971
J'AI compris que si la Conscience Suprême avait eu une seule minute
le genre de conscience qu'ont les hommes, le monde serait dissous...
Tout spontanément, nous, notre réaction, notre réaction spontanée vis-à-vis des choses, de ce qui nous paraît mauvais : dissoudre le mensonge.
Les réactions spontanées. Pas transformer : dissoudre — tu comprends,
il y a un abîme entre les deux.
Oui.
Et c'est spontané, c'est l'idée d'abolir — abolir le mensonge. Mais si
une seule seconde le Seigneur suprême avait eu ce mouvement-là, il n'y
aurait plus de monde !... Et alors, je crois que le corps a compris. Je crois
qu'il a compris, c'était extraordinaire ... Qu'est-ce que nous sommes !
Qu'est-ce que les hommes sont ! Ils se croient, mon dieu (Mère se rengorge), ils se croient... oh ! ... S'ils ont une petite compréhension, ou
s'ils font un petit effort de perfection, oh ! (même geste) ils se croient, ils
se croient extraordinaires ! (Mère prend sa tête entre ses mains et rit).
Quelque part, Sri Aurobindo a dit que quand on touchait à la Conscience Divine, tout d'un coup cela vous donnait le sens ... à quel point
le monde est risible dans sa fatuité. La fatuité des hommes ... Mais
même—j'ai eu des contacts avec les animaux—même déjà chez les
animaux ça commence. Vanité, vanité, vanité, vanité ...
(silence)
Tu sais, la tromperie et les tentatives de tromperie sont prises presque
partout pour de la bonne volonté. Et ceux qui ne veulent pas tromper mais
qui se trompent eux-mêmes, sont déjà des êtres exceptionnels. |
July 17, 1971
I HAVE understood that if the Supreme Consciousness had for one minute the kind of consciousness that men have, the world would be dissolved .... Quite spontaneously, for us, our reaction, our spontaneous reaction about things, about what seems to us bad : is to destroy what is false. The spontaneous reactions. Not to transform, but to destroy — you understand, there is an abyss between the two.
Yes.
It is quite spontaneous, this idea of doing away — do away with falsehood. But if for a single second the supreme Lord were to have that movement, there would be no world any more .... And this, I believe the body has understood. I believe it has understood, it was extraordinary.... What are we ! What are men ! They believe. God (Mother puffs up), they believe .... oh ! .... If they had a little understanding or if they put in a little effort for perfection, oh ! (the same gesture) they believe they are, they believe they are extraordinary ! (Mother takes her head between her hands and laughs.) Somewhere Sri Aurobindo has said that when you are in touch with the divine consciousness, it gives you all of a sudden the sense ... to what extent the world is ridiculous in its fatuity. The fatuity of men .... But even (I had contacts with animals), even with the animals (Mother puffs up), that has begun. Fatuity, vanity, vanity, vanity.... (silence)
You know, deception, and attempts at deception are taken almost |
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Ce ne sont pas des découvertes, ce sont des choses que je voyais ; mais on les voit occasionnellement, exceptionnellement, ou pour ceci ou pour cela — mais alors, j'ai eu la vision du monde tout entier, de la terre tout entière, de l'effort humain tout entier, de tous les hommes, tout... nous vivons dans une tromperie ... c'est effroyable ! ... Et encore plus, on se trompe soi-même que de vouloir tromper les autres.
(silence)
C'est-à-dire que nous ne voyons rien comme c'est.
(long silence)
.
Il n'y a qu'un salut : s'accrocher au Divin, comme ça
(geste à deux
poings).
Pas s'accrocher à ce que l'on pense du Divin, même pas à ce que
l'on sent du Divin ... à une aspiration ... une aspiration aussi sincère
que possible. Et s'accrocher à ça. (silence)
Tu sais, une chose que je t'avais déjà dite, c'est que maintenant, le
corps—la conscience du corps—sait d'avance ce qui va arriver, elle sait
d'avance ce que les gens vont lui dire. Mais elle ne sait pas ... (comment
dire? ) exactement comme cela arrive matériellement, mais l'esprit dans
lequel c'est fait... constamment... C'est tout à fait curieux. Je suis là,
immobile, essayant de n'appartenir qu'au Divin, et alors il vient des
choses — ça vient comme cela (geste comme sur un écran devant Mère), ça
passe comme cela : des choses, des faits, des gens qui parlent... Et alors,
d'abord je croyais que c'était ma conscience matérielle qui ne savait pas
se taire, et puis je me suis aperçue que ça me venait du dehors et que ça
se réalisait sur le plan matériel. Ce qui fait que, maintenant, si je mentalisais ces choses, je pourrais prévoir, dire ce qui va se passer, ce qui va
arriver ... Seulement, dans l'humanité ordinaire, c'est le mental qui en
profite pour faire des prophéties — mais heureusement, le mental, il
n'y en a pas, il est tranquille, il est absent. Seulement, quand on me dit |
everywhere as goodwill. And they who do not want to deceive but deceive themselves are already exceptional beings. These are not discoveries, but things that I saw, but they are seen occasionally, exceptionally, either for this or for that — but then I had the vision of the whole world, of the whole earth, of the whole human effort, of all men, everything ... We live in a deception ... it is frightful!... And then one deceives oneself even more than one seeks to deceive others. (silence)
That is to say, we see nothing as it is.
(a long -silence)
There is only one safety : cling to the Divine, like this (gesture of joint fists). Not clinging to what one thinks to be the Divine, not even to that which one feels to be the Divine .... As sincere an aspiration as possible. And cling to that.
(silence)
You know, one thing I have already told you, it is that now the body, the consciousness of the body knows in advance what is going to happen, it knows beforehand what people are going to tell it. But it does not know ... (how to say ?) exactly as it happens materially but the spirit in which it is done ... constantly ... it is very strange. I am there, without moving, trying to belong to the Divine alone and then things happen —they happen like this (gesture as though upon a screen in front of her things come, objects, facts, people speaking .... And then at first I believed it was my material consciousness that could not hold itself silent and then I found that it was coming from outside and it was getting materialised on the material plane. That is how if I mentalised now these things I could foresee, tell what is going to happen .... Only in the ordinary man the mind makes use of it for prophesying — happily the mind is not there, it is quiet, it is absent.... Only when things are told to me or spoken before me ... nothing surprises |
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les choses, qu'on me les annonce, plus rien n'étonne ce corps, il semble savoir. C'est curieux ... Une sorte d'universalisation.
*
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Le 21 juillet 1971
Le corps devient de plus en plus conscient, mais conscient d'une
façon tout à fait intéressante.
Par exemple?
Ça, il faut mentaliser, je ne peux pas.
(silence)
Je commence à savoir ce qui va se passer, ce que les gens vont me
dire, tout cela ... Comment expliquer ? ... C'est comme si j'étais devenue
les circonstances, les gens, les paroles, les ...
Le corps est de plus en plus conscient, mais pas à la manière mentale
du tout—comme ... comme des choses vécues. Je ne sais comment
expliquer. C'est difficile à dire ... C'est sentir (mais, ma foi, je ne sais
comment expliquer cela) comment, dans la manifestation, la conscience
humaine déforme l'Action divine (geste de coulée directe)... C'est la constitution qui est misérable. Nous rapetissons, nous déformons, nous
diminuons tout — tout. Nous savons les choses — la Connaissance est
là, autour de nous, en nous — et nous sommes tellement compliqués que
nous la déformons. Tout le monde comme cela ... Alors, c'est comme
une sensation très précise, en même temps, de tout ce qui est organisé du
Dedans, par le Divin au-dedans, et à mesure que ça vient à la surface, ça
se déforme. Ce que l'on ait est idiot, et c'est pourtant ce qu'il y a de plus
proche. C'est notre manière idiote de dire quelque chose qui est... si |
this body, it seems to know. Strange. A kind of universalisation.
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July 21, 1971
The body is becoming more and more conscious, but conscious in a very interesting manner.
For example?
For that one must mentalise and I cannot.
(silence)
I am beginning to know what is going to happen, what the people are going to tell me and all that... how to explain ? ... It is as though I had become the circumstances, the people, the words, the ... The body is more and more conscious but not in the mental way, not at all — but as ... as things lived. I do not know how to explain. It is difficult to say ... it is to be felt (but, really, I do not know how to explain that) how in manifestation the human consciousness deforms the divine Action (gesture of a direct flow)... It is the constitution that is miserable. We shorten, we deform, we belittle everything, — everything. We know the things, the Knowledge is there, around us, in us—and we have so much complicated ourselves that we deform it. Everybody is like that... So it is at the same time a very precise sensation of all that has been organized from within by the Divine within, and as it comes out on the surface it gets deformed. Said thus it is senseless but this is the nearest thing to be said. This is our senseless way of saying a thing which is ... so simple and so wonderful !... We are so perverted that we always choose what is deformed. |
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simple et si merveilleux ! ... Et nous sommes tellement pervertis que nous choisissons toujours ce qui est déformé. Je ne sais pas, mes mots eux-mêmes déforment la chose, mais c'est... c'est quelque chose que je sens si simple, si lumineux, si pur—si absolu. Et puis, nous en faisons ce que nous voyons : une vie compliquée, presque incompréhensible.
(silence)
N'est-ce pas, je suis là, il y a des tas de circonstances, de complications,
de gens, de ... tout, tout tellement embrouillé, et alors, il y a comme
derrière... ce n'est pas seulement une Force, c'est une Conscience-Force —
c'est une Conscience — et c'est comme un ... c'est comme un sourire —
un sourire... un sourire qui sait tout. C'est cela, n'est-ce pas. Alors,
quand je suis tranquille (geste mains ouvertes), c'est comme s'il n'y avait
plus rien et tout est merveilleux. Et puis, dès que les gens me parlent, ou
dès que je vois quelqu'un, toutes les complications viennent — ils font un
gâchis de tout.
Je suis sûre que c'est le passage de cette vie à cette Vie ... Quand on
sera tout à fait de ce côté-là, oh ! on cessera de spéculer, de vouloir "expliquer", de vouloir déduire, conclure, arranger — tout cela, ce sera fini...
Si on savait... être — ÊTRE, être simplement, être. Mais pour nous
(j'ai remarqué cela), si l'on ne parle pas, si l'on ne pense pas, si l'on ne
décide pas, on croit que l'on est en dehors de la vie ... Et puis ce n'est pas
toujours le même silence. Le silence de la parole qu'on n'exprime pas, ce
n'est pas cela : le silence de la contemplation ... agissante. Silence d'une
contemplation agissante. C'est cela.
C'est certainement le nouveau mode de vie qui se prépare. Alors il
faut que l'autre cède la place.
On peut dire : rien ne sait — nulle part ni personne — mais il y a
ceux qui aspirent (comment dire ?) qui ont la volonté, la tendance, l'aspiration, le besoin de savoir — de savoir et d'être —, et puis, tous ceux qui
s'en fichent... qui vivent-vivotent leur petite-vie-grande-vie — que ce
soit un chef d'État ou que ce soit un balayeur, cela ne fait pas de différence. C'est la même chose, les vibrations sont les mêmes.
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I do not know whether even my words themselves are deforming the thing but it is ... something that I feel to be so simple, so luminous, so pure — so absolute. And then we make of it just as we see it : a complicated almost incomprehensible life. (silence)
Well, I am there, and there is such a mass of circumstances, complexities, people etc. all, all, such a confusion : and then there is as though behind ... it is not merely a force, it is Consciousness-Force — it is a Consciousness — it is like ... it is like a smile — a smile ... a smile that knows everything. Yes, it is that. Then when I am quiet (gesture of open hands), it is as though there was nothing any more and all were wonderful. And then as soon as people begin to speak to me or as soon as I see someone all the complexities come in — they make a mess of everything. I am sure, it is the passage from this life to that life ... when one will completely go over to that side, oh ! all speculation will stop, all desire to explain, all desire to deduce, conclude, arrange — to all that there will be an end .... If one could ... be — BE, be simply, be, but for us (I have noticed it), if we do not speak, if we do not think, if we do not decide, we believe we are outside life ... and then it is not always the same silence. The silence of the unspoken word, it is not that: it is the silence of contemplation ... that is dynamic. Silence of dynamic contemplation. It is that. Certainly it is the new mode of life that is preparing; therefore the other one must give place to it. One may say, nothing knows — nowhere, none — but there are those who aspire, (how to say ?) who have the will, the pull, the aspiration, the need to know — to know and to become — and then there are those who care a fig for such things, who live, eke out their small or big existence — be it as the chief of State or as a sweeper, that makes no difference. It is the same thing, the vibrations are the same.
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Le 28 août 1971
Alors, quoi de neuf?
Rien, ou toujours la même chose.
Quoi ?
J'attends.
Ah ! tu attends — moi aussi ! (rires)
(silence)
C'est comme si toutes les manières de voir le monde passaient l'une
après l'autre : les plus détestables et les plus merveilleuses — comme ça,
comme ça, comme ça ... (Mère tourne sa main comme un kaléidoscope),
et toutes viennent comme pour dire : voilà, on peut regarder comme ça,
voilà on peut regarder comme ça, voilà on peut... Et la Vérité ... Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est vrai ? ... Tout ça
(même geste de kaléidoscope) et "Quelque chose" que l'on ne sait pas.
D'abord, j'ai la conviction que cette nécessité de voir les choses, de
les penser, c'est purement humain et c'est un moyen de transition. C'est
une période de transition, qui nous paraît à nous longue, longue, mais qui
en fait est assez courte.
Même notre conscience est une adaptation de la Conscience—la
Conscience, la vraie conscience, c'est autre chose.
Et alors, la conclusion pour mon corps, c'est... (ce que je peux
traduire le mieux) : se blottir dans le Divin. Pas essayer de comprendre,
pas essayer de savoir—essayer d'être ... et se blottir. Et je passe mon
temps comme cela.
Pas "essayer" : il suffit d'une minute comme cela
(geste légèrement
en retrait) et le temps ne compte plus. C'est très curieux, je fais des
expériences
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August 28, 1971
So, anything new ?
Nothing, or always the same thing.
What is it ?
I am waiting.
Ah ! You are waiting — I too ! (laughter)
(silence)
It is as though all the ways of seeing the world passed by one after another : the most detestable and the most wonderful — like this, like this, like this ... (Mother turns her hands like a kaleidoscope), and all of them come as though to say : there one can see like this, there one can see like that, there one can ... And the Truth ... what is the Truth ? What is the Truth ? ... All that (the same movement of kaleidoscope) and "Something" which one does not know. First of all I am sure that this necessity of seeing things, thinking things, is purely human, it is a means for transition. It is a period of transition, to us it appears long, long but it is in fact quite short. Even our consciousness is an adaptation of the Consciousness — the Consciousness, the true Consciousness, that is another thing. And so the conclusion for my body is ... (as far as I can best translate) : to nestle in the Divine. Not to try to understand, not to try to know — but to try to be ... and to nestle. And I pass my time that way. Not to "try" : one minute in this way (gesture of slight withdrawal) is enough, time no longer counts. Very strange, I experiment with all the small movements of life, well, when I nestle myself like this, when I stop thinking, simply the consciousness like this (gesture of going inward), all |
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pour tous les petits mouvements de la vie, eh bien, quand je me blottis comme cela, que j'arrête la pensée, simplement la conscience comme cela (geste d'intériorisation), tout paraît instantané. Il n'y a pas de temps. Quand je suis dans la conscience extérieure (ce que j'appelle extérieure, c'est une conscience qui voit la création), alors cela prend un temps plus ou moins long suivant l'attention qui est donnée. Alors tout, tout paraît... il n'y a rien qui paraisse être (comment dire ?) absolu, au sens de réel — réel, d'une réalité concrète —, il n'y a rien qui paraisse comme cela. Excepté les choses désagréables dans le corps ; alors on se rend bien compte que c'est l'imperfection. C'est l'imperfection qui rend la chose sensible, autrement c'est comme cela (même geste d'intériorisation, blotti dans le Seigneur). Et "comme cela", le Pouvoir est formidable, dans le sens que ... par exemple, pour les gens, une maladie disparaît (et en fait, sans que je fasse rien extérieurement, sans même que je parle à la personne, rien, rien — guérie), pour une autre qui veut s'en aller ... c'est la fin, elle bascule de l'autre côté. Et alors, cet autre côté est devenu, à la fois, tout à fait familier et... absolument inconnu. Je me souviens d'un temps où le souvenir des vies passées, le souvenir des activités nocturnes était tellement concret, ce monde soi-disant invisible était tout à fait concret — maintenant... maintenant tout est comme un rêve — tout —, tout est comme un rêve qui voile une Réalité ... une Réalité ...inconnue et pourtant sensible. J'ai l'air de dire des bêtises.
Non, non!
Parce que ça ne peut pas s'exprimer.
Tu m'as demandé l'autre jour (ta question est restée), tu m'as demandé : quand je suis comme cela, silencieuse et immobile, qu'est-ce qu'il
y a ? ... C'est justement un essai (je ne peux pas dire une aspiration, on
ne peut pas dire un effort—c'est le mot urge en anglais) : la vérité telle
qu'elle est. Et non pas essayer de la savoir ni de la comprendre, tout cela
est tout à fait indifférent : être — être — être ... Et alors ... (Mère a
un sourire plein de douceur).
(silence) |
appears to be instantaneous. There is no time. When I am in the external consciousness (what I call external is a consciousness which sees the creation), then that takes time more or less long according to the attention that is given. Then all, all appears ... there is nothing that appears (how to say ?) absolute, in the sense of the real — real, with a concrete reality —, there is nothing that appears like that — excepting the unpleasant things in the body : then one is aware that it is an imperfection. It is imperfection that makes it perceptible to the senses otherwise it is like this (same gesture of going inward nestled within the Lord). And "like that" the Power is tremendous, in the sense that... for example, in the case of people an illness disappears (and in fact without my doing anything externally, without even my speaking to the person, nothing, nothing, — is cured) In the case of another who wants to "leave ... it is the end, it is tilting over to the other side and so the other side has become at the same time altogether familiar and ... absolutely unknown. I remember a time when the memory of past lives, the memory of nightly activities was so concrete, this so-called invisible world was altogether concrete — now ... now all is like a dream — dream —, all is like a dream veiling a Reality ... a Reality ... unknown and yet perceptible to the senses. I seem to be talking nonsense.
No, No !
Because, the thing cannot be expressed. You asked me the other day (your question hangs over), you asked me : when I am like that, silent and still, what is it that is there ? ... If is just an attempt (I cannot say it is an aspiration, nor can I say it is an effort — it is the word urge as it is used in English) : the truth as it is and not trying to know it or to understand it, all that is altogether beside the point : to be — to be — to be ... (Mother has a smile full of sweetness).
(silence)
So it is altogether strange : at the same time — at the same time — not one in the other nor one with the other, but one and the other, at the |
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Alors, c'est tout à fait curieux : en même temps — en même temps —, pas l'un dans l'autre ni l'un avec l'autre, mais l'un et l'autre, en même temps (Mère tient les doigts de sa main droite entre les doigts de sa main gauche) : merveilleux et effroyable ... La vie telle qu'elle est, telle que nous la sentons dans notre conscience ordinaire, telle qu'elle est pour les hommes, paraît une chose ... mais tellement effroyable que l'on se demande comment on peut vivre là-dedans seulement une minute ; et l'autre, en même temps : une merveille. Une merveille de lumière, de conscience, de pouvoir — merveilleux. Oh ! pouvoir ! un pouvoir !... Et ce n'est pas un pouvoir d'une personne (Mère pince la peau de ses mains), c'est quelque chose ... c'est quelque chose qui est tout... Et puis on ne peut pas exprimer. Alors, tout naturellement, ce qu'il y a de plus intéressant c'est de trouver Ça. Tout naturellement quand je n'ai rien à faire ... (geste d'intériorisation, blotti dans le Seigneur).
(long silence)
Seulement Toi — voilà.
Et il est de toute évidence que la création a ça comme but, cette joie
merveilleuse ... de se sentir Toi.
(Mère part dans un sourire)
* **
Le Ier septembre 1971
Le corps, on lui apprend à n'exister que par le Divin, sur le Divin,
pour tout — tout, tout, tout sans exception. C'est seulement quand la
conscience est liée autant qu'elle peut à la Conscience Divine qu'il y a le
sens de l'existence. C'est devenu d'une intensité extraordinaire. Quand
le physique sera converti, ce sera une chose SOLIDE, tu sais ! qui ne |
same time (Mother holds the fingers of her right hand in between those of the left) : wonderful and frightful... the life as it is, as we feel it in our ordinary consciousness, as it is for men, seems to be a thing ... but so frightful that you ask how can one live there even for a minute, and the other, at the same time : a wonder. A wonder of Light, of Consciousness, of Power — wonderful. Oh ! Power ! a Power ! ... And it is not the power of a person (Mother pinches the skin of her hand), it is something ... it is something which is all and then one cannot express. So, quite naturally, what is most interesting is to find That. Quite naturally when I have nothing to do ... (gesture of going within and nestling within the Lord).
(long silence)
Only Thou— And it is quite evident that the creation has That as its goal, that wonderful delight... of feeling Thee.
(Mother ends with a smile)
* **
September 1, 1971
As for the body it is being trained to live only through the Divine, on the Divine, for everything — everything, everything, everything, without exception. It is only when the consciousness is linked as much as it can with the Divine Consciousness that there comes the sense of existence. It has now an extraordinary intensity. When the physical will get converted, it will be a SOLID thing, you know, that does not move — and is complete. And so concrete ... the difference between being in the Divine, existing only by Him and in Him, and then being in the (not ordinary naturally but human) consciousness, is so great that one seems to |
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bouge pas —et complet. Et si concrète ... La différence entre être dans le Divin, n'exister que par Lui et en Lui, et puis être dans la conscience (pas ordinaire, naturellement, mais la conscience humaine), est si grande que l'une semble la mort par rapport à l'autre, tellement c'est... C'est-à-dire que la réalisation physique est vraiment une réalisation concrète. Il commence à y avoir une concentration d'énergie — oh ! ce n'est pas encore ça, il s'en faut de beaucoup, mais ... Il y a le commencement de perception de ce que ce sera. Ça, c'est... c'est vraiment merveilleux. C'est d'une puissance ! d'une puissance et d'une réalité dans la conscience, que rien, rien d'autre ne peut avoir — tout ce qui est vital, mental, tout ça, ça paraît flou et incertain. Ça, c'est concret (Mère serre ses poings). Et si fort. Il y a encore des problèmes à résoudre, mais pas avec des mots ni avec des pensées. Et les choses viennent comme des démonstrations — non seulement les choses personnelles mais les choses de l'entourage : les gens, les circonstances —, tout cela, c'est pour apprendre, apprendre au corps à avoir la vraie conscience. Ça, c'est... merveilleux.
(Mère plonge)
Le problème semble avoir été de créer un physique capable de
supporter le Pouvoir qui veut se manifester — toutes les consciences
corporelles ordinaires sont trop minces et trop fragiles pour supporter ce
Pouvoir formidable qui doit se manifester. Et alors, le corps est en train
de s'habituer. Et il est... tu sais, comme s'il apercevait tout d'un coup un
horizon tellement, tellement merveilleux, mais formi-da-blement merveilleux , et puis, on le laisse aller seulement autant qu'il peut le supporter.
Il y a une adaptation qui doit se faire. La transition ... en pleine transition.
Est-ce qu'il aura la plasticité suffisante, je ne sais pas?
C'est une question de plasticité. Pouvoir supporter et transmettre
(geste de coulée d'en haut à travers Mère), n'offrir aucun obstacle à la Puissance qui veut se manifester.
Les apparences, ce sont seulement des conséquences futures. C'est
pour cela que ... L'apparence, c'est ce qui changera en dernier. |
be death beside the other which is to such an extent... that is to say, the physical realisation is truly a concrete realisation. There has begun to take place a concentration of energy — oh ! it is not yet that, very far from it, but... there is a beginning of the perception of what it will be. That, yes, ... it is truly wonderful. It is so full of power ! So full of power and reality in the consciousness that nothing else can have that — all that is vital, mental, everything else appears vague and uncertain. That it is concrete (Mother holds her hands tight). And so strong it is. There are still problems to be solved but not with words and thoughts. And things are coming just to demonstrate — not only personal things but things all around : people, circumstances, all that, to teach the body to have the true consciousness. That, it is ... it is wonderful. (Mother goes within herself)
The problem seems to have been to create a physical capable of bearing the Power that wants to manifest itself. Every ordinary body consciousness is too thin and too fragile to bear the tremendous Power which must manifest itself. And so the body is in the process of training itself. And it is ... you know, it is as though it perceived all on a sudden so wonderful, so wonderful a horizon, but wonderful tremendously; and then it is left to proceed as far as it can bear ; a process of adaptation is needed. The transition ... in full transition. Will it be sufficiently plastic, I do not know? It is a question of plasticity. To be able to bear and transmit (gesture of a flow from above passing through the Mother) presenting no obstruction to the Power that wants to manifest itself. The appearances are only the future consequences. That is why ... the appearance will be the last thing to change. (Mother enters into contemplation)
That can continue indefinitely... the feeling of having touched something and (gesture of escaping). What did you feel ? |
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(Mère entre en contemplation)
Ça peut durer indéfiniment... L'impression de toucher à quelque
chose et ... (geste qui échappé).
Qu'est-ce que tu as senti ?
C'est Z. qui m'a fait comprendre une fois ce que je sens près de toi ;
elle a dit : "Quand on est près de toi, c'est comme si ça faisait prier
le corps." Eh bien, c'est cela, ce que je sens, c'est une puissance qui a
l'air de prendre dans toutes les parties du corps et de les ... je ne sais
pas, de les emplir d'une aspiration intense.
Oui. Mais ça, c'est ce que mon corps sent.
Oui, ça fait prier le corps. Ça l'emplit d'une Puissance qui ...je ne
sais pas, c'est comme un or chaud qui soulève tout.
Oui, c'est comme cela qu'il est tout le temps.
(silence)
Je sens ... Ça coule comme ça (geste à travers Mère)
constamment.
C'est peut-être cela, l'Amour Divin dans la matière ?
(Mère rit beaucoup)
C'est tellement intense, et chaud en même temps—chaud. Mais
c'est si fort... c'est si fort qu'on a du mal à dire le mot "amour",
parce que ça ne correspond à rien de ce qu'on comprend.
Oui, mais moi non plus ! ... Je suis comme cela
(geste au front) |
It is Z who made me once understand what I feel near you; she had said : "When one is near you it is as though that made the body pray". Well, it is that; what I feel is a power which seems to take up all the parts of the body and ... I do not know-, fill them with an intense aspiration to the brim.
Yes. But that is what my body feels.
Yes, it makes the body pray, it fills the body up with a Power that ... I do not know, it is like glowing gold that lifts up everything.
Yes, it is like that all the while.
(silence)
I feel... it flows in this way (gesture across herself) constantly.
It is perhaps that, Divine Love in matter.
(Mother laughs a great deal)
It is so intense and so glowing at the same time — glowing. And it is so strong ... it is so strong that one can hardly call it by the name "Love" for it does not correspond to anything that one understands by the word.
Yes, I too do not... I am like this (gesture towards forehead):... nothing, nothing, nothing, empty, empty, empty, ... there (gesture upward and wide) there it is ... yes, it is a golden vastness.
Yes. (silence) |
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rien, rien, rien, vide, vide, vide... Là (geste haut et large) là, c'est.... oui, c'est une immensité dorée.
Oui. (silence)
J'ai une curieuse impression que c'est une espèce de ... comme des
écailles, ou des écorces d'arbre, des écailles de tortue, qui fondent, et que
le corps n'est pas lui-même comme cela (Mère fait le geste de s'épanouir
comme si le corps éclatait au soleil). Ce qui, pour l'homme, semble la
matière, c'est... c'est comme quelque chose de racorni qui doit tomber
parce que ça ne reçoit pas. Et dans ce corps-là (Mère touche la peau de
ses mains), il essaye ... ça essaye de ... (même geste d'épanouissement).
Oh ! c'est curieux. C'est une sensation curieuse.
Si l'on pouvait durer assez longtemps pour que tout ça se fonde,
alors ce serait le vrai commencement.
Pour pouvoir connaître la Vérité, il faut être sans préférences
et sans désirs, et quand vous aspirez à la Vérité, votre mental doit
être silencieux.
L
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I have a queer feeling that a kind of... as though scales or bark of trees, scales of a tortoise were melting and the body itself is not like this (Mother makes the gesture opening out as though the body were bursting out towards the Sun). That which seems to man as matter is ... as though something hardened that must fall away because it does not receive. And in this body, here (Mother touches the skin of her hand) it tries ... it tries to ... (the same gesture of opening out). Oh ! it is strange, it is a strange sensation. If one could sustain long enough for the thing to melt then that would be the true beginning. T HE MOTHER
To be able to know the Truth you must be without preferences
and without desires, and when you aspire for the Truth your mind
must be silent.
T
Quand les hommes seront dégoûtés du mensonge dans lequel
ils vivent, le monde sera prêt pour le règne de la Vérité.
L
When men will be disgusted with the falsehood in which they
live, then the world will be ready for the reign of the Truth.
T |
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Sri Aurobindo
Correspondence with Nirodbaran
I
Editor's Note
In the last issue we started "The Correspondence with Nirodbaran" as it had appeared in book-form for the first time, classified according to the subject-matter. We feel it would be interesting to present this correspondence just as it had taken place, in its chronological order, showing the gradual development of the special relationship that existed between Sri Aurobindo and Nirodbaran. Besides, this chronological order will allow us to include a great number of letters or fragments of them which were omitted from the original edition. Thus it will be in a way a new book that we are giving our readers.
February 1933
I wrote to you regarding my staying permanently. My aspiration and decision still stand the same. May I hear from you about it ?
BEFORE deciding for ever, we can fix a period of time and see — say till August.
I am thinking a/learning French but will it help me in my sadhana1 ? Will you kindly suggest what I should do by way of some work or studies?
1 Spiritual discipline. |
Sri Aurobindo
Correspondance avec Nirodbaran
I
Note de l'éditeur
Dans le précédent numéro, nous avions commencé à présenter la
"Correspondance avec Nirodbaran" telle quelle avait paru en
anglais pour' la première fois, classée par sujets. Il nous a semblé
qu'il serait intéressant de présenter cette correspondance telle qu'elle
a jailli spontanément au cours des années, dans son ordre chronologique, montrant peu à peu le déroulement vivant de cette relation
si spéciale qui existait entre Sri Aurobindo et Nirodbaran. En outre,
cette disposition chronologique nous permettra d'inclure un grand
nombre de lettres ou de fragments de lettres qui avaient été omis de
l'édition originale anglaise. C'est donc, en quelque sorte, un nouveau
livre que nous présentons aux lecteurs.
Février 1933
Je vous avais écrit au sujet de mon séjour permanent ici. Mon aspiration et ma décision restent les mêmes. Pourriez-vous me dire quelque
chose ?
J'ai l'idée d'apprendre le français, mais cela m'aidera-t-il dans
ma sâdhanâ
1 La discipline spirituelle. |
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There is some work in the Building Department — if you like, you can ask Khirod1 — telling him how many hours you want to work. There are not much facilities for French just now. The classes have been stopped for a time owing to the illness of the eyes of the teacher.
*
**
March 1, 1933
What shall I do about the scattering of the mind?
The method of gathering of the mind is not an easy one. It is better to watch and separate oneself from the thoughts till one becomes aware of a quiet space within into which they come from outside.
Is there any difference between doing meditation in a sitting position and doing it whilst walking ? I feel that whilst walking, it is not possible to get the same amount of concentration as in the other —for beginners, at least.
It is as each finds convenient. Some meditate better walking, some sitting.
I suppose meditation whilst walking is more likely to be a prayer than meditation proper.
Not at all. One can meditate very well when walking.
As soon as I start meditating I lapse into sleep.
The sleep does come like that when one tries to meditate. It has to
1 Disciple in charge of the Building Department. |
faire comme travail ou comme étude ?
Il y a du travail au Service de Construction — si vous voulez, vous pouvez demander à Khirod1 en lui disant le nombre d'heures que vous voulez travailler. Nous n'avons guère de possibilités pour le français en ce moment. Lès classes ont été momentanément interrompues, le professeur ayant une maladie des yeux.
* **
Comment venir à bout de cette dispersion mentale?
Rassembler le mental n'est pas une méthode facile. Il vaut mieux
observer et se séparer des pensées, jusqu'à ce que l'on s'aperçoive d'un
espace tranquille au-dedans, où elles entrent du dehors.
Y a-t-il une différence entre méditer assis et méditer en marchant?
Il me semble qu'en marchant-, il n'est pas possible d'arriver au même
degré de concentration qu'autrement — pour les débutants, du moins.
À chacun de trouver ce qui lui est commode. Certains méditent
mieux en marchant, d'autres assis.
Je suppose que la méditation en marchant risque d'être plus une
prière qu'une méditation proprement dite.
Pas du tout. On peut méditer parfaitement bien en marchant.
1 Le disciple qui dirige le Service de Construction.
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be dealt with, where that is possible, by turning it into a conscious inner and indrawn state and, where not, by remaining in a quietly concentrated wakefulness open (without effort) to receive.
*
**
March 4, 1933
Some days I feel intensely happy after doing pranam1 seeing your smiling face. On other days, -there is calmness, but no joy. Has it anything to do with your smile ?
Don't start having that idea. It is quite untrue and those who indulge it, raise vital reactions and imaginations in themselves and provoke much unnecessary trouble. It is in yourself that there is the variation, not of the psychic being, which is always all right, but of the rest, mind, vital or body.
* ** March 10, 1933
Should one write about everything? or according to the need of each ?
Only those who feel the need, write their experiences or condition daily to the Mother. Even so, they need not write the same thing daily, but only what they feel the necessity to write.
1 Pranam is an act of bowing down before the Guru to receive his blessings. |
Dès que je me mets à méditer, je glisse dans le sommeil.
En effet, le sommeil vient comme cela quand on essaye de méditer. Il faut traiter cela, si possible, en le changeant en un état intérieur conscient, absorbé au-dedans, ou, si ce n'est pas possible, en restant dans un état de veille tranquillement concentré et ouvert (sans effort) pour recevoir.
*
**
Le 4 mars 1933
Certains jours, je me sens intensément heureux après le "pranâm
Ne commencez pas à avoir ce genre d'idées. C'est tout à fait erroné, et ceux qui s'y livrent, soulèvent en eux-mêmes des réactions ou des imaginations vitales et appellent bien des ennuis inutiles. C'est en vous-même qu'il y a une différence —pas dans l'être psychique, qui va toujours très bien, mais dans le reste : mental, vital ou corps.
* **
Le 10 mars 1933
Faut-il tout écrire, ou chacun selon son besoin ?
Seuls ceux qui en sentent le besoin, écrivent tous les jours
leurs expériences ou leur état à la Mère. Cependant, ils n'ont pas besoin
1 Le pranâm est l'acte par lequel le disciple s'incline devant le Gourou et reçoit ses bénédictions. |
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Do I profit. Mother1, by simply looking at you or your photo ?
Yes, very many do.
I want to know whether I am pursuing the right line.
Yes. * **
March 13, 1933
I think the significance of my dream was that life outside will be a hell for me. I am meant for this life and must stick to what I am called for.
Yes, obviously.
The hostile thoughts which may and do arise in me sometimes, can they not be partly due to my relatives' thought-waves disturbing my poise and equilibrium?
Yes.
Then how to prevent them ? By constant aspiration and your kind help and blessings?
Yes, and by elimination of old interests and attachments.
1 Nirodbaran used to address all his letters to the Mother, for it is she who, in 1926, when Sri Aurobindo went into seclusion, took charge of the Ashram. But except on rare occasions (which we shall indicate) it was always Sri Aurobindo who replied to him. (Editor's note) |
d'écrire la même chose tous les jours mais seulement ce qu'ils sentent nécessaire.
Mère 1, est-ce que je reçois quelque chose, simplement en vous regardant ou en regardant votre photo?
Oui, beaucoup reçoivent.
Je voudrais savoir si je suis sur le bon chemin. Oui.
*
**
Le 13 mars 1933
Je pense que mon rêve signifie que la vie à l'extérieur serait un enfer
pour moi. Je suis fait pour cette vie et dois m'accrocher à l'appel.
Oui, évidemment.
Les pensées hostiles qui peuvent surgir et surgissent parfois en moi,
sont-elles dues en partie aux ondes de pensée qui viennent de ma
famille et qui dérangent mon état et mon équilibre ?
Oui.
Alors comment lès empêcher? — Par une aspiration constante et
avec votre aide bienveillante et vos bénédictions?
1 Notons que Nirodbaran adressait toutes ses lettres à la Mère, parce que c'est elle qui avait la direction de l'Ashram depuis 1926, date à laquelle Sri Aurobindo s'était retiré; mais à quelques rares exceptions près (que nous signalerons), c'est toujours Sri Aurobindo qui répondait à Nirodbaran. |
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I read Galsworthy's book "Flowering Wilderness" which is a very good one, still it did not help me, for I felt unhappy.
Why should something that belongs to quite another order of consciousness help the sadhana?
Can one be in a serious mood throughout the day ?
It is quite possible — only it is not a mood, but a quiet and ardent consciousness.
*
**
March 18, 1933
I hear there will be music1 tomorrow at 4.30 or so. May I come away at 4 p.m. from my work to get a good seat ?
It is at 5 o'clock.
I have read in the Mother's "Conversations" that if one prays to her before going to bed to be conscious in sleep, it helps.
You have to start by concentrating before you sleep always with a specific will or aspiration. The will or aspiration may take time to reach the subconscient, but if it is sincere, strong and steady, it does reach after a time so that an automatic consciousness and will are established in the sleep itself which will do what is necessary. * **
1 Dilip Kumar Roy and Sahana's musical performances, both of them disciples of the Ashram. |
Oui, et en éliminant les vieilles préoccupations et attachements.
Je lis le livre de Galsworthy, "Flowering Wilderness", qui est excellent, et pourtant cela ne m'a pas aidé puisque je me suis senti malheureux.
Pourquoi ce qui appartient à un tout autre ordre de conscience aiderait-il la sâdhanâ ?
Peut-on être d'une humeur sérieuse d'un bout à l'autre de la journée?
C'est tout à fait possible — seulement ce n'est pas une "humeur", c'est une conscience tranquille et ardente.
*
**
Le 18 mars 1933
J'ai entendu dire qu'il y aurait de la musique
C'est à 17h.
J'ai lu dans les "Entretiens" de la Mère que si on lui faisait une
prière avant d'aller se coucher, afin d'être conscient dans le sommeil,
cela aidait.
Il faut commencer par vous concentrer avant de dormir et toujours
avec une volonté ou une aspiration précises. La volonté ou l'aspiration
1 Musique de Dilip Kumar Roy et chants de Sahana, tous deux disciples de l'Ashram. |
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March 26, 1933
I am having a peculiar experience for the past few days. After pranam I usually go to the reception room and gaze at Sri Aurobindo's portrait for about fifteen minutes. Then I pass a few minutes over the newspapers. When I get up my eyes get dizzy, head reels and I have at once to sit down. Is it connected with Sadhana, and if so what am I to do ?
It seems to be connected not with sadhana but with newspapers. After fifteen minutes' concentration to plunge into newspapers may not unnaturally lead to such a result.
Last night I went to hear music and sat beside N. I felt an intense joy, not to be equalled by the joy of music. Is it merely an imagination ?
No, it means there is a vital sympathy.
*
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March 29, 1933
You have said that inspiration comes as a result of a certain state of receptivity. Are we supposed to be more receptive at times?
Yes.
But the difference is hardly perceptible. It means that you cannot perceive it. |
peuvent prendre un certain temps pour atteindre le subconscient, mais si elles sont sincères, fortes et persistantes, elles y parviennent finalement, si bien qu'une conscience et une volonté automatiques s'établissent dans le sommeil même et font tout ce qui est nécessaire.
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Le 26 mars 1933
J'ai eu une curieuse expérience ces
jours derniers. Après le pranâm, je vais d'habitude dans la salle de réception
et contemple le portrait de Sri Aurobindo pendant environ quinze minutes. Puis
je passe quelques minutes à parcourir les journaux. Quand je me lève, mes yeux
sont pris de vertige, la tête me tourne et je dois m'asseoir immédiatement. Cela
a-t-il quelque rapport avec la sâdhanâ, et si oui, que dois-je faire?
Il me semble que cela n'a pas de rapport avec la sâdhanâ mais avec
les journaux. Après quinze minutes de concentration, se plonger dans les
journaux peut assez naturellement aboutir à ce résultat.
La nuit dernière, je suis allé écouter de la musique et m'étais assis
à coté de N. y ai senti une joie intense, qui surpassait la joie de la
musique. Est-ce simplement une imagination?
Non, cela veut dire une sympathie vitale.
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As regards the "opening of the channel" can it be done sooner by more concentration, meditation, etc., disregarding the literary side for the time being ?
One can get the power of receptivity to inspiration by concentration and meditation making the inner being stronger and the outer less gross, tamasic1 and insistent.
Can literary activity be taken as a part of one's sadhana ?
Any activity can be taken as part of the sadhana if it is offered to the Divine or done with the consciousness or faith that it is done by the Divine Power. That is the important point.
*
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March 30, 1933
Mother, I took your permission to walk about or meditate in the pranam hall when you play on the organ in the morning. But some days I am late due to miscalculation of time.
Mother never plays before 9.30.
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1 In Indian psychology, tamas is the principle of inertia and obscurity. |
Le 29 mars 1933
Vous avez dit que l'inspiration résultait d'un certain état de réceptivité. Sommes-nous censés être plus réceptifs à certains moments ?
Oui.
Mais la différence n'est guère perceptible.
C'est-à-dire que vous ne pouvez pas la percevoir.
En ce qui concerne réouverture du passage", peut-on la hâter par
davantage de concentration, méditation, etc., en laissant l'aspect
littéraire momentanément de côté?
On peut acquérir le pouvoir de réceptivité à l'inspiration par la concentration et la méditation—elles rendent l'être intérieur plus fort et
l'être extérieur moins épais, tâmasique
L'activité littéraire peut-elle faire partie de notre sâdhanâ ?
N'importe quelle activité peut faire partie de la sâdhanâ si on l'offre
au Divin ou si elle est faite avec la conscience ou la foi que c'est le Pouvoir
divin qui fait le travail. C'est le point important.
* **
1 Dans la psychologie indienne, tamas est le principe d'inertie et d'obscurité. |
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April 2, 1933
I feel a great longing to express myself in literature but sometimes it gets mixed with a desire to be a great writer. But on the other hand my language is poor, style immature and thoughts meagre.
There should be no "desire" to be a "great" writer. If there is a genuine inspiration or coming of power to write, then it can be done, but to use it as a means of service for the Divine is the proper spirit.
* **
April 6, 1933
I had been to J's place and came back/idling depressed. May I have caught the depression from her or did it come like that without any apparent reason ?
Both are possible.
I think I have read in "Conversations that depression is contagious and one may get it just like the germs of a disease. Is it true and what might have been the cause in my case ?
Yes. She must have dropped it upon you (not intentionally of course) and also perhaps your vital forces went to her leaving you for the moment empty.
I don't think I have ever had good meditation. It begins in earnestness and ends in sleep with dreams. |
Le 30 mars 1933
Mère, je vous ai demandé la permission de marcher de long en large
ou de méditer dans le hall de pranâm quand vous jouez de l'harmonium le matin. Mais parfois, je suis en retard parce que je calcule
mal mon temps.
Mère ne joue jamais avant 9h. 30.
*
**
Le 2 avril 1933
J'éprouve un ardent désir de m'exprimer en littérature, mais parfois
il s'y mélange un désir d'être un grand écrivain. Par ailleurs, ma
connaissance de la langue est piètre, mon style n'est pas mûr et mes
pensées sont maigres.
Il ne devrait pas y avoir de "désir" d'être un "grand" écrivain. S'il
y a une inspiration authentique ou une descente de pouvoir pour écrire,
c'est possible. Mais l'esprit vrai est d'utiliser cela comme un moyen de
servir le Divin.
*
**
Le 6 avril 1933
Je suis allé chez J. et en suis sorti avec un sentiment de dépression.
Est-ce d'elle que j'ai attrapé la dépression ou est-ce venu comme
cela, sans raison apparente? |
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What kind of dreams?
*
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April 7, 1933
I do not quite understand what is meant by "your vital forces went up to her leaving you for the moment empty''
There is always an interchange of vital forces going on between people. If you sit near one who is weak and depressed and needs vital force, you may have your forces pulled from you by his or her need and yourself feel depressed or weak or empty.
If is very difficult to say what kind f dreams they are. They are incomplete, incoherent and indistinct. But I remember one : some chickens were going about with their mother, and some crows appeared, suddenly one of them caught hold of a chicken and flew away. How on earth such a dream could take place and what significance can there be ?
Naturally, these dreams have no value except when they are symbolic , but it counts only in the beginning of an inward going movement. It is probable that you have begun to go inside and possibly got into touch with a world very near to the physical and are seeing things there.
I quite realise that there should be no craving for anything. But when a cup of tea is offered can it be harmful to our sadhana ? I thought it all depends on the attitude. |
Les deux sont possibles.
Je crois avoir lu dans les "Entretiens" que la dépression est contagieuse et qu'elle peut s'attraper tout comme on attrape le microbe d'une maladie. Est-ce vrai, et quelle a pu être la cause dans mon cas?
Oui. Elle a dû laisser tomber sur vous la dépression (pas intentionnellement, bien sûr) et aussi, peut-être, vos forces vitales étaient-elles allées à elle, vous laissant momentanément vide.
Je ne pense pas avoir jamais eu une bonne méditation. Ça commence avec ferveur et ça finit dans le sommeil avec des rêves.
Quel genre de rêves ?
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Le 7 avril 1933
Je ne comprends pas très bien ce que signifie "vos forces vitales
sont allées à elle, vous laissant momentanément vide" ?
Il y a un échange de forces vitales continuel entre les gens. Si vous
vous asseyez à côté de quelqu'un qui est faible et déprimé, et qui a besoin
de force vitale, vos forces vitales peuvent être tirées de vous par son besoin
et vous vous sentirez déprimé, ou faible ou vide.
Il est très difficile de dire le genre de rêves. C'est incomplet-, incohérent et vague. Mais je me souviens de l'un d'eux : des poussins |
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Yes, but the attitude of craving can be encouraged by taking. If there is the right attitude one can take, but one will not perhaps care to !
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April 8, 1933
Is this vital interchange one of the reasons why many sadhaks1 segregate themselves ?
Yes. Not the drawing of vital forces alone, but the invasion by the ideas, feelings, atmosphere of others hampering the sadhana, is one of the chief reasons of the turn towards segregation and solitude.
How to increase the vital resistance by which these indrawings or outgoings can be prevented?
It is partly by being vigilant and having a self-protecting will, partly by a capacity to call in and replenish the forces at any moment that one can best meet the difficulty.
I tried to meditate but I had to simply give it up and sleep came in and with it what confused dreams !
When you cannot meditate, remain quiet and call in the Mother's Peace or Force.
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1 Disciples. |
allaient ici et là avec leur mère, quand plusieurs corbeaux sont apparus, et, soudain, l'un d'eux s'est abattu sur un poussin et envolé. Comment diable pareil rêve peut-il venir et qu'est-ce que cela peut signifier ?
Naturellement, ces rêves sont sans valeur, sauf quand ils sont symboliques, et ils n'ont de sens que s'il s'agit d'un commencement de mouvement d'intériorisation. Il est probable que vous avez commencé à aller au-dedans, peut-être êtes-vous entré en contact avec un monde très proche du physique, où vous voyez toutes sortes de choses.
Je comprends parfaitement qu'il ne doit y avoir aucun désir de quoi que ce soit. Mais quand on vous offre une tasse de thé, se peut-il que ce soit néfaste pour la sâdhanâ ? Je pensais que tout dépendait de l'attitude.
Oui, mais l'attitude de désirer peut être encouragée par le fait de prendre. Si l'attitude est juste, on peut prendre, mais on ne s'en souciera peut-être pas !
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Le 8 avril 1933
Est-ce à cause de ces échanges vitaux que beaucoup de sâdhak
Oui. Non seulement le tirage des forces vitales, mais l'invasion des
idées, des sentiments et de l'atmosphère des autres entrave la sâdhanâ;
1 Disciples. |
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April 12, 1933
About that "legal action", I do not know exactly what they intend. I suppose they would like very much to have a personal warrant issued and so get me back for some debts. Even then it will not be possible looking from the material aspect, as there are either mortgages, securities or personal properties.
Pondicherry is a place where people often come as a refugee — because there can be no personal warrant for debts against them here. I know a Parsi from Bombay loaded with debts who was here for three or four years and only went back when his affairs were settled by others in Bombay itself.
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April 13, 1933
Whenever I receive letters from a friend I go into ecstasies, and constantly Pm thinking of what I should write etc. Evidently such an upsetting is not good for our sadhana, is it ?
It is not likely to be much of an obstacle. But there should be no attachment or depression if it does not happen as you would like.
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April 14, 1933
When I get up in the morning I find that the previous day's sadhana is forgotten. What should be done to keep up the continuity ? |
Comment augmenter la résistance vitale pour empêcher ces absorptions ou ces ponctions?
En partie par une vigilance et une volonté de se protéger, en partie par une faculté de faire descendre les forces et de se recharger à n'importe quel moment — c'est la meilleure manière de résoudre la difficulté.
J'ai essayé de méditer, mais j'ai dû tout simplement abandonner — puis le sommeil est venu et quels rêves confus!
Quand vous ne pouvez pas méditer, restez tranquille et appelez la Paix ou la Force de la Mère.
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Le 12 avril 1933
A propos de cette affaire judiciaire, je ne sais pas exactement quelles
sont leurs intentions. Je suppose qu'ils aimeraient beaucoup obtenir
un mandat d'arrêt et ainsi m'obliger à revenir pour quelque dette.
Mais même alors, cela ne servira à rien d'un point de vue matériel,
parce qu'il n'y a guère que des hypothèques, des titres ou des
propriétés personnelles.
Pondichéry est un endroit où les gens viennent souvent en réfugiés —
parce que, ici, on ne peut pas lancer de mandat d'arrêt contre eux pour
dettes. Je connais un Parsi de Bombay, criblé de dettes, qui a passé trois
ou quatre ans ici et n'est reparti que quand ses affaires ont été réglées
par d'autres à Bombay même.
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The gap made by the night and waking with the ordinary consciousness is the case with everybody almost (of course, the "ordinary" consciousness differs according to the progress), but it is no use wanting to be conscious in sleep , you have to get the habit of getting back the thread of the progress as soon as may be and for that there must be some concentration after rising. You need not meditate at once — but for a few moments take a concentrated attitude calling the Mother's presence for the day. At night, you have to pass into sleep in the concentration — you must be able to concentrate with the eyes closed, lying down and the concentration must deepen into sleep — that is to say, sleep must become a concentrated going inside away from the outer waking state. If you find it necessary to sit for a time you may do so, but afterwards lie down keeping the concentration till this happens.
But I find that the concentration before going to bed merges unconsciously into sleep.
These things cannot have their effect in a moment. You must persevere till the physical consciousness is penetrated.
(to be continued)
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Le 13 avril 1933
Chaque fois que je reçois des lettres d'un de mes amis, je suis transporté de joie et je pense sans arrêt à ce que je devrais
écrire, etc.
Évidemment, ce genre de bouleversement n'est pas bon pour la
sâdhanâ, n'est-ce pas ?
Ce ne sera probablement pas un gros obstacle. Mais il ne devrait pas
y avoir d'attachement ni de dépression si les choses n'arrivent pas comme
vous le voudriez.
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Quand je me lève le matin, je m'aperçois que la sâdhanâ du jour précédent est oubliée. Que faut-il faire pour garder la continuité ?
La lacune de la nuit et le réveil avec une conscience ordinaire arrive
à presque tout le monde (naturellement cette conscience "ordinaire"
varie suivant le progrès), mais vouloir être conscient dans le sommeil
ne vous avancera pas ; vous devez prendre l'habitude de rattraper le fil
du progrès aussitôt que possible, et pour cela, il faut une certaine concentration après le lever.
Vous n'avez pas besoin de méditer tout de suite, mais pendant quelques instants ayez une attitude concentrée et appelez la présence de la
Mère pour la journée.
La nuit, il faut passer dans le sommeil en concentration (vous devez
être capable de vous concentrer les yeux clos, allongé, et la concentration
doit s'approfondir en sommeil), c'est-à-dire que le sommeil doit devenir
une intériorisation concentrée, à distance de l'état de veille extérieur. Si
vous trouvez nécessaire de vous asseoir un certain temps, vous pouvez le |
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faire, mais allongez-vous après en gardant la concentration, jusqu'à c que l'intériorisation se produise.
Mais je m'aperçois que la concentration avant de se mettre au lit,
se transforme inconsciemment en sommeil.
Ces choses ne peuvent pas avoir d'effet en une minute. Vous
devez
(à suivre)
Tant qu'ils ne sont pas tous résolus à suivre la Vérité je ne
peux rien pour eux extérieurement.
Pas la Vérité telle qu'ils la voient mais la Vérité telle qu'elle
est.
8.7.1971
L
As long as they are not determined to follow the Truth I can
do nothing for them outwardly.
Not the Truth as they see it but the Truth as it is.
8.7.1971
T
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Darshan
THE 15th August this year was the 99th birth anniversary of Sri Aurobindo. The following words of Sri Aurobindo were distributed as the Message of the Day :
"A veil behind the heart, a lid over the mind divide us from the Divine. Love and devotion rend the veil, in the quietude of the mind the lid thins and vanishes."
There was Meditation around the Samadhi in the morning and the Mother's Darshan in the evening. Later, there was March Past at the Playground to the accompaniment of the J.S.A.S.A. Band. This was followed by a slide show on the Mother. On 14.8.71 All-India Radio of Pondicherry broadcast a series of talks on Sri Aurobindo by Vasanti, Madhav, Anjani Dayanand, Keshavamurthi, Arindam Basu, A.B.Patel, Udar and Navajata, in inauguration of the year of the Birth Centenary of Sri Aurobindo. On 15.8.71 All-India Radio Delhi, broadcast Mother's Message on Sri Aurobindo's Birth Centenary (published in the August issue). The same evening All-India Radio, Calcutta, broadcast Nolini's talk on Savitri, and All-India Radio, Pondicherry, broadcast Charupada's talk on Sri Aurobindo.
Education Academic
Extension lectures. On the 10th July Udar spoke on the Mantra given by The Mother for the people to meet the present crisis (The Mantra was published in our last issue). On 17th July was given a recorded talk by the Mother on the Story of Creation; after which Medhananda spoke on the subject (Saturday Programme). |
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On 21st July Kireet addressed our students on Sri Aurobindo. On 23rd July Nolini gave a talk in Bengali, and read his Bengali rendering of Sri Aurobindo's poem "A God's Labour". On 11th August Arindam addressed our students on Sri Aurobindo. On 11th August Nolini gave a talk on "Sweetness and Delight" for a group of our students. On 4th September Dr. M. K. Mukherji, of the Space Science and Technology Centre of Trivandrum, spoke of "Space Research in India". On 18th September Jugal Kishore spoke on the early prose writings of Sri Aurobindo. On 23rd September Dr. A. Tulsiram of Kalvar Corporation, U.S.A., gave a talk on how to get a photographic image without the use of silver Halide, known as "Kalvar Vesicular Photographic Process". He also showed a Cinema film printed by this process. On 26th September Dr. Vithalbhai Patel, of the University of Denver, Colorado, gave a talk on "Recent Advance in Space physics". On 8th October Manoj Das, who has recently returned from a research project in England to find material on Sri Aurobindo, spoke on "The Master: as others saw him", on 6.10.71 he addressed our students on "Sri Aurobindo in the House of Commons". On 15th October Dr. R. C. Majumdar, the eminent Indian author and historian, gave a talk on "Sri Aurobindo and Indian Freedom", on 13.10.71 he addressed our students on "Sri Aurobindo as I saw Him". During the quarter, Nirodbaran gave weekly talks on Sri Aurobindo, and Arindam on The Life Divine in English, and on the teachings of the Mother and Sri Aurobindo in Bengali.
Education Physical
The second term of normal group activities continued till the 3ist August. There were tournaments in combatives—boxing and wrestling —open to all members above Group B. There were 30 entries. There were also competitions in bag punching and skipping and wrestling holds. Eight days were for practice and eight for the tournaments. The third season commenced in September and was as follows; |
Darshan
CETTE année le 15 août était le quatre-vingt-dix-neuvième anniversaire de la naissance de Sri Aurobindo.
Les paroles suivantes de Sri Aurobindo ont été distribuées comme
message du jour :
"Un voile derrière lé cœur, un écran au-dessus du mental, nous
séparent du Divin. L'amour et la dévotion déchirent le voile,
dans la tranquillité du mental, l'écran s'amincit et finit par s'évanouir."
Ont eu lieu : dans la matinée une méditation autour du Samâdhi
et le soir le Darshan de la Mère. Un peu plus tard la fanfare de la J.S.A.
S.A. a accompagné le défilé. La projection de diapositives de la Mère
a suivi.
Le 14 août, pour inaugurer l'année du centenaire de Sri Aurobindo,
la station de radio All-India de Pondichéry a diffusé une récitation en
sanscrit par Vasanti suivie par une série de causeries sur Sri Aurobindo
par Madhav, Anjani Dayanand, Keshavamurthi, Arindam Basu, Conscience-Force
Patel, Udar et Navajata.
Le 15 août la station d'aujourd'hui de Delhi a diffusé le message de la
Mère sur le centenaire de la naissance de Sri Aurobindo. Ce message
a paru dans notre numéro d'août.
Le même soir la station d'aujourd'hui de Calcutta a diffusé une causerie
de Noiini sur Savitri et la station de Pondichéry une causerie de Charupada sur Sri Aurobindo.
Vie académique. Cours et conférences
Le 10 juillet Udar a parlé du mantra donné au peuple par la Mère
pour lui permettre de surmonter la crise actuelle. Ce mantra a paru dans
notre dernier numéro. |
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Games for men; Athletics for the ladies; Gymnastics for Juniors and Aquatics for the children. In games there were 157 entries from Groups D,F,H, Captains and Non-Group for Basket-Ball, Football, Hockey, Volley-Ball, Hand-Ball, Soft-Ball and Kabaddi. Besides this there were skill tests in Basket-Ball and Volley-Ball. From the ladies in Athletics there were 110 entries from Groups C, E, G, Captains and Non-Group for standard athletic events including the pentathlon. Six Ashram records and 14 age group records were improved. The Season ended with relay races and Tug-of-war. Novelty races had to be cancelled owing to the rains. For the Junior gymnastics from groups Bl and B2, there were 80 entries in Olympic events and Mass Exercises, ending with a display on the 1st October. 65 children of groups Ai and A2 entered for Aquatics being allowed 15 days practice for the 15 days of competition. These were in standard and substandard events in swimming and diving. A display was given on the 1st July.
New Age Association
The Eighth Annual Conference of the New Age Association was held on the 22nd August 1971. At the beginning the following message, specially given by the Mother for this Conference, was read out:
"Have faith and be sincere".
After that a poem of Sri Aurobindo and two other passages from His writings were read out by three members of the Association. Then four other members spoke on the following subjects:
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Le 17 juillet a été donnée une causerie enregistrée par la Mère sur l'histoire de la création, Medhananda a ensuite parlé sur le même sujet (programme du samedi). Le 21 juillet Kireet a parlé de Sri Aurobindo à nos étudiants. Le 23 juillet Noiini a fait une causerie en bengali et lu sa version bengalie du poème de Sri Aurobindo : "A God's Labour" (La besogne d'un dieu). Le 11 août pouvoir a fait à nos étudiants une conférence sur Sri Aurobindo. Le 11 août également Noiini a parlé à un groupe de nos étudiants de "Douceur et béatitude". . Le 4 septembre M.K. Mukherji du Centre de science et technologie de l'espace (Trivandrum) a parlé des recherches spatiales en Inde. Le 18 septembre Jugal Kishore a fait un exposé sur les premiers écrits en prose de Sri Aurobindo. Le 23 septembre A. Tulsiram, de la Kalvar Corporation (États-Unis), a fait une causerie sur la méthode, connue sous le nom de procédé photographique vésiculaire Kalvar, qui permet d'obtenir une image photographique sans avoir besoin d'halogénures d'argent. Il a aussi montré un film de cinéma tiré avec ce procédé. Le 26 septembre Vithalbhai Patel, de l'Université de Denver (Colorado), a parlé des progrès récents de la physique spatiale. Le 8 octobre Manoj Das, revenu récemment d'Angleterre où il a recherché des documents sur Sri Aurobindo, a parlé du "Maître comme d'autres l'ont vu" ; le 6 octobre il avait fait à nos étudiants une causerie sur "Sri Aurobindo à la Chambre des Communes". Le 15 octobre R.C. Majumdar, l'éminent auteur et historien indien, a fait une conférence sur Sri Aurobindo et la libération de l'Inde ; le 13 il avait parlé à nos étudiants de "Sri Aurobindo comme je l'ai vu". Pendant ce trimestre, chaque semaine ont parlé : Nirodbaran de Sri Aurobindo et pouvoir en anglais de la Vie divine et, en bengali, de l'enseignement de la Mère et de Sri Aurobindo.
Éducation physique
La deuxième saison des activités normales de groupe s'est poursuivie |
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The New Age Association, during the last seven years since its inception in July 1964, has kept its activities confined to the Higher Course students of the Centre of Education at Sri Aurobindo Ashram. In this year of Sri Aurobindo's Birth Centenary an idea was proposed to the Mother if the activities of the Association could now be extended to cover a wider field in order to make contacts with outside students in India and abroad. The Mother's reply to this proposal was that the Youth Camps, to be organised by Sri Aurobindo's Action at the Ashram during the Centenary year "seem an excellent opportunity" to realise the idea. In pursuance of this direction of the Mother, two special Seminars were organised for the First Youth Camp held at the Ashram from 2yth September to 10th October 1971. Four members of the Association— Romen, Debranjan, Swadesh and Anand Arya—read papers on different subjects at these Seminars followed by discussions with the visiting students of the Youth Camp.
Entertainments and Exhibitions
On the occasion of the Darshan, exhibitions were arranged of the products of the Marbling Group, of the Art Department, Batik Work, Needlework. The 17th Pondicherry International Salon of Photography was held as usual from the i5th August to 23rd August. There were 1156 entries from 27 countries and 94 were exhibited. The standard of colour prints was very high. An elegant brochure was published on this occasion. At the same time an exhibition by Ashram photographers was held. There was a marked improvement in the photographs. On 10.7.71 our Primary children presented a variety programme in French, English and Sanskrit. On 16.7.71 children of our Dancing section gave a performance. On 23.7.71 our students and teachers presented a programme of Bengali and Sanskrit songs, called "Prakash". "Manifestation". It was repeated on the Saturday Programme of 26.7.71. On 31.7.71 there was poetry reading in French arranged by Svetlana (Saturday Programme). On 7.8.71 our students gave a recital of Hindi and Bengali songs on |
jusqu'au 31 août. Il y a eu des tournois de sports de combat, boxe et lutte, ouverts à tous les membres au-dessus du groupe B. Il y a eu trente inscriptions. Il y a eu aussi des concours de bag-punching, de saut à la corde et de prises de lutte. Après huit jours d'entraînement les tournois ont duré huit jours. La troisième saison a commencé en septembre avec le programme suivant :
Jeux pour les hommes, athlétisme pour les dames, gymnastique pour les juniors et sports aquatiques pour les enfants.
Il y a eu pour les jeux cent cinquante-sept inscriptions des groupes D, F et H, des capitaines et des sans-groupe. Ces jeux étaient le basket-ball, le football, le hockey, le volley-ball, le hand-ball, le soft-ball et le kabaddi. En outre ont eu lieu des épreuves d'adresse en basket-bail et en volley-ball. Cent dix inscriptions de dames des groupes C, E et G, des capitaines et des sans-groupe ont été notées pour les épreuves normales d'athlétisme, y compris le pentathlon. Six records de l'Ashram et quatorze records de groupes d'âge ont été améliorés. La saison s'est terminée par des courses de relais et la lutte à la corde. Les courses de fantaisie ont du être annulées à cause de la pluie. Pour la gymnastique des juniors quatre-vingts inscriptions des groupes Bi et B2 ont été notées pour les épreuves olympiques et les exercices d'ensemble. Une démonstration a eu lieu le Ier octobre. Soixante-cinq enfants des groupes Ai et A2 se sont inscrits pour les sports aquatiques. Quinze jours d'entraînement leur ont été accordés pour les quinze jours de concours. Il s'agissait d'épreuves normales et sous-normales pour la natation et les plongeons. Une démonstration a été donnée le Ier juillet.
Association du Nouvel Age
La huitième conférence annuelle de l'Association du Nouvel Âge
s'est tenue le 22 août. Au début le message suivant a été lu, donné spécialement
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Mother and Sri Aurobindo. On 11.8.71 our students and teachers sang songs composed by Pranab, and set to music by Tinkari. On 15.8.71 songs on Mother's prayers and Meditations were sung. On 16.8.71 was arranged a programme of dance, music and songs in Telugu for the Andhra Pradesh workers. On 17.8.71 our children staged a Kannada play on a devotee's vision of God. On 18.8.71 Nolini Sarkar recited three Bengali poems and sang two Bengali songs composed by him on Sri Aurobindo's Action. On 21.8.71 one of our Primary sections presented a play called "The Grand Circus". On 24.8.71 our students and teachers presented a programme of songs, dance, and a dramatic version of Sri Aurobindo's Bengali story Kshamar Adarsha, "The Ideal of Forgiveness". On 27.8.71 students of our Dramatics Section staged selected scenes from Sri Aurobindo's Rodogune and Vasavadutta. This was repeated on the Saturday Programme of 28.8.71 On 27.8.71 our children presented a variety programme of songs, dance and a play in Oriya, directed by Shrimati Kalyani Datta and Shrimati Archana Nayak, both of Orissa. On 13.9.71 Hemanta Kumar Mukherji, a well-known singer, sang some songs. On 29.9.71 some of our students staged a Sanskrit play on the last days of Socrates. On 4.10.71 our students gave a recital of the Gujarati Garba dance and Rasa. On 16.10.71 our younger students staged two plays on Sri Krishna, one in English and the other in Hindi. , , , There were end-of-the-year exhibitions of paintings, drawings, and the products of handwork by children of our Kindergarten, Progrès, Vers 1'Avenir classes. On 26.10.71 Kindergarten children staged two Sanskrit play on Shiva and Arjuna, and recited hymns on gods and goddesses. During the quarter, our Art Section displayed photographs of sketches and paintings by the Mother; "Marbled" paintings (titles by students); |
par la Mère pour cette conférence ;
"Ayez la foi et soyez sincères".
Un poème de Sri Aurobindo et deux passages de ses œuvres ont ensuite été lus par trois membres de l'Association. Puis quatre autres membres ont parlé des sujets suivants :
Pendant les sept dernières années, depuis son début en juillet 1964, l'Association du Nouvel Âge a limité son activité aux étudiants du cours supérieur du Centre international d'éducation Sri Aurobindo. Pour l'année du centenaire de Sri Aurobindo l'idée a été soumise à la Mère d'étendre l'activité de l'Association pour couvrir un champ plus vaste et établir des contacts avec des étudiants de l'extérieur, en Inde et à l'étranger. La réponse de la Mère à cette proposition a été que les rassemblements de jeunes organisés par Sri Aurobindo's Action "semblent une excellente occasion" de mettre l'idée en œuvre. Suivant ces instructions de la Mère deux séminaires spéciaux ont été organisés pour le premier rassemblement de jeunes à l'Ashram du 27 septembre au 10 octobre. Quatre membres de l'Association : Romen, Debranjan, Swadesh et Anand Arya, ont fait à ces séminaires, sur différents sujets, des communications suivies de discussions avec les étudiants venus participer au rassemblement.
Spectacles et expositions
A l'occasion du Darshan des expositions de bâtik, de travaux d'aiguille
et de produits du groupe de "marbrage" et du Département d'art ont
été organisées.
Le dix-septième Salon international de photographie de Pondichéry |
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paintings—pastels and water colours—by students; attempts in water colour by Damodar, and a few reproductions of Abanindranath Tagore. At the Library, there were regular weekly programmes of Indian and European recorded music. Among the films we saw this quarter were German documentary films on The Himalayas, Neel Kamal (Hindi), Interview (Bengali), Dr. Zhivago, Kakhono Megh (Bengali), Carnival of Thieves, Chemeen (Malayalam).
Eye Education
The School for Perfect Eyesight has developed a new technique called the 'art of seeing'. Two girls suffering from Amblyopia (semi blindness) were much benefited by this method.
General
On 14 and 15 August 1971, Sri Aurobindo Society workers from Andhra Pradesh met in a conference, under the guidance of Navajata. It was inaugurated by Counouma, and presided over by P.V.G. Raju, M. P.; and addressed by the following on the teachings of the Mother and Sri Aurobindo: Nirodbaran, Norman, D. S. Murthy, Narayan Raju, Jugal Kishore, Kittu, Kameshwar, Ravindia, A.B. Pate], Sisir, Madhav, Kishorilal, Navajata. Udar, Prapatti and Chhotenarayan spoke on Sri Aurobindo's Action. The Conference decided to bring out low-priced publications and expand their activities.
Youth Camps
Sri Aurobindo's Action has organised a series of Youth Camps to be held at the Ashram. This is open to youths from various parts of India and is intended to give the participants, in the atmosphere of the Ashram, a knowledge of what Sri Aurobindo has said on the problems of the country and how the youth can take a lead to bring truth into the lives of the people. |
a été ouvert, comme d'habitude, du 15 au 23 août. Mille cent cinquante-six œuvres venant de vingt-sept pays ont été reçues dont quatre-vingt-quatorze ont été exposées. Le niveau des photographies en couleurs était très élevé. Une brochure élégante a été publiée à cette occasion. Une exposition des photographes de l'Ashram a été ouverte en même temps. Les photographies étaient en progrès marqué. Le 10 juillet les enfants de nos classes primaires ont présenté un programme de variétés en français, en anglais et en sanscrit. Le 16 juillet des enfants de notre section de danse ont donné un spectacle. Le 23 juillet nos étudiants et nos professeurs ont présenté un programme de chants bengalis et sanscrits appelé : Prakâsh, manifestation. Une deuxième séance a eu lieu le 26 juillet au programme du samedi. Le 31 juillet Svetlana a organisé une lecture de poésie en français (programme du samedi). Le 7 août nos étudiants ont donné un récital de chansons sur la Mère et sur Sri Aurobindo en hindi et en bengali. Le 11 août nos étudiants et nos professeurs ont chanté des chansons écrites par Pranab et mises en musique par Tinkari. Le 15 août des chansons sur les prières et méditations de la Mère ont été chantées. Le 16 août un programme de danse, de musique et de chant en télégou a été arrangé pour les travailleurs d'Andhra Pradesh. Le 17 août nos enfants ont joué une pièce en kannada sur la vision de Dieu d'un adorateur. Le 18 août Noiini Sarkar a récité trois poèmes bengalis et chanté deux chansons bengalies qu'il a composées sur Sri Aurobindo's Action. Le 21 août une de nos sections primaires a présenté une pièce intitulée : "Le grand cirque". Le 24 août nos étudiants et nos professeurs ont présenté un programme de chant et de danse et une adaptation scénique de l'histoire bengalie de Sri Aurobindo : Kshamâr Adarsha, l'idéal du pardon. Le 27 août des étudiants de notre section théâtrale ont joué des scènes choisies des drames de Sri Aurobindo : Rodogune et Vasavadutta. Une deuxième représentation a été donnée au programme du samedi 28 août. |
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At each camp there will be 20 youths drawn from different States. The camp period is 15 days. The first camp was inaugurated on the 26th September at our Theatre and ended on the 10th October. Shri D. P. Yadav, Union Deputy Minister for Education and' Social Welfare inaugurated the first camp under the presidency of the Lt. Governor of Pondicherry, Shri B. D. Jatti. The Mother gave a special message for this Camp, which was as follows:
26.9.71 "Our life ought to be governed by the Love for Truth and the thirst for Light. Blessings."
Messages were also received from the President and Vice President of India, from Dr. Karan Singh, Minister of Civil Aviation and Tourism, Shri K. K. Shah, Governor of Tamil Nadu, Dr. S. Chakravarti, Governor of Himachal Pradesh and Dr. C. D. Deshmukh.
Annual Recess
The Centre of Education in all its academic sections remains closed for the annual recess from 1 November to 15 December 1971. It reopens on Thursday, 16 December 1971.
Visitor's
Shri D. P. Yadav, Union Deputy Minister of Education and Social Welfare who was with us from 25 to 27 September 1971. Dr. R. C. Majumdar who was with us from 9 to 18 October 1971. |
Le 27 août aussi nos enfants ont présenté un programme de variétés comprenant des chants, de la danse et une pièce en oriya mise en scène par Kalyani Datta et Archana Nayak, toutes deux d'Orissa. Le 13 septembre le chanteur bien connu Hemanta Kumar Mukherji a chanté quelques chansons. Le 29 septembre quelques étudiants ont joué une pièce en sanscrit sur les derniers jours de Socrate. Le 4 octobre nos étudiants ont donné un récital de danses goudjeraties : garbâ et rasa. Le 16 octobre nos jeunes étudiants ont joué deux pièces sur Shrî Krishna, l'une en anglais et l'autre en hindi. Des expositions de fin d'année de peintures, de dessins et de travaux manuels ont été présentées par les enfants de notre jardin d'enfants et des classes "L'avenir" et "Progrès". Le 26 octobre les enfants du jardin d'enfants ont joué deux pièces en sanscrit sur Shiva et lui-même et récité des hymnes aux dieux et aux déesses. Pendant le trimestre notre Section d'art a exposé des photographies de croquis et de peintures de la Mère, des peintures "marbrées" dont les titres avaient été donnés par les étudiants, des tableaux (pastels et aquarelles) d'étudiants, des essais d'aquarelles de Damodar et quelques reproductions Progrès Tagore. Les programmes musicaux hebdomadaires de musique enregistrée indienne et européenne ont été régulièrement donnés à la Grande bibliothèque. Citons, parmi les films que nous avons vus pendant ce trimestre, des documentaires allemands sur les Himalayas, Neel Kamal (hindi), Interview (bengali), Docteur Jivago, Kakhono Megh (bengali), Carnival of Thieves, Chemeen (malayalam).
Éducation de l'oeil
L'École pour une vision parfaite a mis au point une nouvelle technique appelée : "l'art de voir". Deux jeunes filles souffrant d'amblyopie
(faiblesse de la vue) se sont bien trouvées de cette méthode. |
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Général
Les 14 et 15 août des travailleurs de la Sri Aurobindo Society,
venant d'Andhra Pradesh, ont tenu une conférence sous la conduite de
Navajata. Cette conférence a été ouverte par Counouma et présidée par
P.V.G. Raju, membre du parlement. Les orateurs suivants ont parlé de
l'enseignement de la Mère et de Sri Aurobindo : Nirodbaran, Norman,
D.S. Murthy, Narayan Raju, Jugal Kishore, Kittu, Kameshwar, Ravindra,
Conscience-Force Patel, Sisir, Madhav, Kishorilal, Navajata. Udar, Prapatti et
Chhotenarayan ont parlé de Sri Aurobindo's Action.
Les participants à la conférence ont décidé de faire paraître des publications à bas prix et d'étendre leur activité.
Camp de jeunes
Sri Aurobindo's Action a organisé une série de camps de jeunes
à l'Ashram. Ces rassemblements concernent des jeunes de différentes
parties de l'Inde et ont pour but de donner aux participants, dans
l'atmosphère de l'Ashram, connaissance de ce que Sri Aurobindo a dit
des problèmes du pays et comment la jeunesse peut montrer la voie qui
fera pénétrer la vérité dans la vie des gens.
Il y aura, à chaque rassemblement, vingt jeunes gens venant d'États
différents. La durée du camp est de quinze jours.
Le premier camp a été inauguré le 26 septembre à notre théâtre
et s'est terminé le 10 octobre.
D. P. Yadav, Ministre délégué de l'Union pour l'Éducation et la
Sécurité Sociale a ouvert le premier camp sous la présidence de B. D. Jatti,
Lieutenant-Gouverneur de Pondichéry. La Mère a donné un message .
spécial à ce camp, en voici la traduction :
"26.9.71
Notre vie devrait être gouvernée par l'amour de la vérité
bénédictions"
Des messages ont été aussi reçus du Président de l'Inde, du Vice-Président |
de l'Inde, de Karan Singh, Ministre de l'aviation civile et du tourisme, de K. K. Shah, Gouverneur du Tamil Nadu, S. Chakravarti, Gouverneur d'Himachal Pradesh et de C. D. Deshmukh.
Vacances annuelles
Toutes les sections académiques du Centre d'éducation sont fermées
du Ier novembre au 15 décembre pour les vacances annuelles. Elle?
rouvrent le jeudi 16 décembre.
Visiteurs
D. P. Yadav, Ministre délégué de l'Union pour l'Éducation et la
Sécurité Sociale est resté avec nous du 25 au 27 septembre.
R. C. Majumdar est resté avec nous du 9 au 18 octobre.
Nouvelles publications
The Mother — Conversations
Prayers and Meditations
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Floral decoration at the playground in the Mother's room |
Décoration florale de la chambre de la Mère au terrain de jeux |
Page – I

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Auropress in Aspiration — Auroville |
Auropress à Aspiration, Auroville |
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A general view of the Last School at Aspiration |
Vue générale de la "Dernière école" à Aspiration |

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André opening the Last School on October 6, 1971 |
André ouvre la "Dernière école" le 6 octobre 1971 |
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Chorus of Malayali song |
Chant malayali |
Garba Dance |
Danse garbâ |

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Dhanvana Jayem — a play by children |
Dhanvana Jayem, joué par les enfants |
Bhangra dance by students |
Danse bhangra par des étudiants |
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Recital by Hemanta Mukherjee |
Récital d'Hemanta Mukherjee |

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Dhanvana Jayem |
Dhanvana Jayem |

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The four aspects of the Mother |
Les quatre aspects de la Mère |
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Boxing competition |
Concours de boxe |
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Batik exhibition at Art House |
Exposition de bâtik à la Maison d'art |

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Participants of the youth camp |
Participants au Camp de jeunes |
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Riches (Cactus flower) |
Richesse (fleur de cactus) |
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