Bulletin of Sri Aurobindo International

Centre of Education

Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo

 

Avril 1970

 

Contents :

Table des Matières:

The Synthesis of Yoga

The Yoga of Self-Perfection

The Instruments of the Spirit

— Sri Aurobindo

La Synthèse des Yogas

Le Yoga de la Perfection de Soi

Les Instruments de l'Esprit

— Sri Aurobindo

Sri Aurobindo:

Conversations with Pavitra

Sri Aurobindo:

Thoughts and Aphorisms

Questions and Answers

Notes on the Way

(Translation)

The Mother

Sri Aurobindo:

Conversations avec Pavitra

Pensées et Aphorismes

Entretiens

Notes sur le Chemin

(Original) 

 — La Mère

Sri Aurobindo —His Life and Work

Sri Aurobindo —Sa vie et son Œuvre

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

 

The Synthesis of Yoga

 

The Synthesis of Yoga

"All Life is Yoga"

 

Part IV

 

THE YOGA OF SELF-PERFECTION

 

CHAPTER V

 

THE INSTRUMENTS OF THE SPIRIT

 

IF there is to be an active perfection of our being, the first necessity is a purification of the working of the instruments which it now uses for a music of discords. The being itself, the spirit, the divine Reality in man stands in no need of purification; it is for ever pure, not affected by the faults of its instrumentation or the stumblings of mind and heart and body in their work, as the sun, says the Upanishad, is not touched or stained by the faults of the eye of vision. Mind, heart, the soul of vital desire, the life in the body are the seats of impurity; it is they that must be set right if the working of the spirit is to be a perfect working and not marked by its present greater or less concession to the devious pleasure of the lower nature. What is ordinarily called purity of the being, is either a negative whiteness, a freedom from sin gained by a constant inhibition of whatever action, feeling, idea or will we think to be wrong, or else, the highest negative or passive purity, the entire God-content, inaction, the complete stilling of the vibrant mind and the soul of desire, which in quietistic disciplines leads to a supreme peace; for then the spirit appears in all the eternal purity of its immaculate essence. That gained, there would be nothing farther to be enjoyed or done. But here we have the more difficult problem of a total, unabated, even an increased and more powerful action founded on perfect bliss of the being, the purity of the soul's instrumental as well as the spirit's essential nature. Mind, heart, life, body are to do the works of the Divine, all the works which they do now and yet more, but to do them divinely, as now they do not do them. This

La Synthèse des Yoga

"Toute la Vie est un Yoga"

 

Livre IV

 

LE YOGA DE LA PERFECTION DE SOI

 

CHAPITRE V

 

LES INSTRUMENTS DE L'ESPRIT

 

SI nous devons parvenir à une perfection active de notre être, la première nécessité est de purifier le fonctionnement des instruments qu'il utilise maintenant et qui font une musique de discordes. L'être lui-même, l'esprit, la Réalité divine dans l'homme, n'a pas besoin de purification , il est pur à jamais, non affecté par les fautes de ses instruments, les trébuchements du mental, du cœur et du corps dans leur travail, de même que le soleil n'est pas touché ni taché par les fautes de l'œil qui voit, ainsi qu'il est dit dans l'Oupanishad. Le mental, le cœur, l'âme vitale de désir, la vie dans le corps, sont les sièges de l'impureté, ce sont eux qui doivent être rectifiés si l'action de l'esprit doit devenir une action parfaite au lieu d'être entachée comme à présent par des concessions plus ou moins grandes aux plaisirs tortueux de la nature inférieure. Généralement, ce que l'on appelle pureté de l'être, est une blancheur négative, une absence de péché par inhibition constante de toute action, toute idée, toute volonté, tout sentiment que nous pensons être mauvais, ou encore, c'est une pureté passive et hautement négative, un contentement total en Dieu, une inaction, une immobilisation complète des vibrations mentales et de l'âme de désir, aboutissant à la paix suprême des disciplines quiétistes ; alors l'esprit apparaît dans toute la pureté éternelle de son essence immaculée. Ceci obtenu, il ne reste plus rien à faire ni à posséder. Mais ici, nous sommes en face d'un problème plus difficile, celui d'une action totale, non diminuée, voire même plus grande et plus puissante, fondée sur la béatitude parfaite de l'être, sur la pureté de la nature instrumentale de l'âme

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is the first appearance of the problem before him on which the seeker of perfection has to lay hold, that it is not a negative, prohibitory, passive or quietistic, but a positive, affirmative, active purity which is his object. A divine quietism discovers the immaculate eternity of the Spirit, a divine kinetism adds to it the right pure undeviating action of the soul, mind and body.

Moreover, it is a total purification of all the complex instrumentality in all the parts of each instrument that is demanded of us by the integral perfection. It is not, ultimately, the narrower moral purification of the ethical nature. Ethics deals only with the desire-soul and the active outward dynamical part of our being, its field is confined to character and action. It prohibits and inhibits certain actions, certain desires, impulses, propensities,—it inculcates certain qualities in the act, such as truthfulness, love, charity, compassion, chastity. When it has got this done and assured a base of virtue, the possession of a purified will and blameless habit of action, its work is finished. But the Siddha of the integral perfection has to dwell in a larger plane of the Spirit's eternal purity beyond good and evil. By this phrase it is not meant, as the rash hastily concluding intellect would be prone to imagine, that he will do good and evil indifferently and declare that to the spirit there is no difference between them, which would be in the plane of individual action an obvious untruth and might serve to cover a reckless self-indulgence of the imperfect human nature. Neither is it meant that since good and evil are in this world inextricably entangled together, like pain and pleasure,—a proposition which, however true at the moment and plausible as a generalisation, need not be true of the human being's greater spiritual evolution,—the liberated man will live in the spirit and stand back from the mechanical continued workings of a necessarily imperfect nature. This, however possible as a stage towards a final cessation of all activity, is evidently not a counsel of active perfection. But it is meant that the Siddha of the active integral perfection will live dynamically in the working of the transcendent power of the divine Spirit as a universal will through the supermind individualised in him for action. His works will therefore be the works of an eternal Knowledge, an eternal Truth, an eternal Might, an eternal Love, an eternal Ananda, but the truth, knowledge, force, love, delight will be the whole essential spirit of whatever work he will do and will not depend on its

autant que sur la pureté de la nature essentielle de l'esprit. Le mental, le cœur, la vie, le corps, doivent accomplir les œuvres du Divin—toutes les œuvres qu'ils font maintenant, et davantage encore — mais les accomplir divinement, ce qu'ils ne font pas maintenant. Tel est le premier problème qui se présente au chercheur de perfection et qu'il doit solidement empoigner ; son but n'est pas une pureté négative, prohibitionniste, passive ou quiétiste, mais une pureté positive, affirmative et active. Le quiétisme divin découvre l'éternité immaculée de l'Esprit, le "kinétisme" ou activisme divin y ajoute une action correcte, pure et sans déviation, de l'âme, du mental et du corps.

En outre, la perfection intégrale exige de nous une purification totale de tous les instruments complexes dans toutes les parties de chaque instrument. En somme, il ne s'agit pas d'une étroite purification morale de la nature éthique. L'éthique s'occupe seulement de l'âme de désir et de la partie dynamique et extérieurement active de notre être, son domaine se borne au caractère et à l'action. Elle prohibe et inhibe certaines actions, certains désirs, certaines impulsions, certaines propensions , elle inculque certaines qualités dans l'acte, tels la véracité, l'amour, la charité, la compassion, la chasteté. Ceci fait, et quand elle a assuré une base de vertu, obtenu une volonté purifiée et des habitudes d'action au-dessus de tout blâme, son travail est terminé. Mais le siddha de la perfection intégrale doit prendre assise sur un plan plus vaste, celui de la pureté éternelle de l'Esprit par-delà le bien et le mal. Ceci ne veut pas dire, comme serait tenté de l'imaginer un intellect imprudent et prompt à conclure, que le siddha fera le bien et le mal indifféremment, et déclarera que pour l'esprit il n'est pas de différence entre les deux, ce qui serait un mensonge évident sur le plan de l'action individuelle et pourrait servir à couvrir un assouvissement sans frein de la nature humaine imparfaite. Ceci ne veut pas dire non plus que le bien et le mal étant inextricablement mélangés en ce monde, comme le plaisir et la douleur (ce qui est vrai pour le moment et plausible en tant que généralisation, mais pas nécessairement vrai pour l'évolution spirituelle supérieure de l'être humain), l'homme libéré vivra en l'esprit et se retirera du fonctionnement d'une nature nécessairement imparfaite, qui continuera d'agir mécaniquement. Ceci est possible comme une étape vers la cessation finale de toute activité, mais ce n'est évidemment pas un conseil de perfection active. L'idée est que le siddha de

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form; they will determine his action from the spirit within and the action will not determine the spirit or subject it to a fixed standard or rigid mould of working. He will have no dominant mere habit of character, but only a spiritual being and will with at the most a free and flexible temperamental mould for the action. His life will be a direct stream from the eternal fountains, not a form cut to some temporary human pattern. His perfection will not be a sattwic purity, but a thing uplifted beyond the gunas of Nature, a perfection of spiritual knowledge, spiritual power, spiritual delight, unity and harmony of unity, the outward perfection of his works will be freely shaped as the self-expression of this inner spiritual transcendence and universality. For this change he must make conscient in him that power of spirit and supermind which is now superconscient to our mentality. But that cannot work in him so long as his present mental, vital, physical being is not liberated from its actual inferior working. This purification is the first necessity.

In other words, purification must not be understood in any limited sense of a selection of certain outward kinetic movements, their regulation, the inhibition of other action or a liberation of certain forms of character or particular mental and moral capacities. These things are secondary signs of our derivative being, not essential powers and first forces. We have to take a wider psychological view of the primary forces of our nature. We have to distinguish the formed parts of our being, find out their basic defect of impurity or wrong action and correct that, sure that the rest will then come right naturally. We have not to doctor symptoms of impurity, or that only secondarily, as a minor help,—but to strike at its roots after a deeper diagnosis. We then find that there are two forms of impurity which are at the root of the whole confusion. One is a defect born of the nature of our past evolution, which has been a nature of separative ignorance , this defect is a radically wrong and ignorant form given to the proper action of each part of our instrumental being. The other impurity is born of the successive process of an evolution, where life emerges in and depends on body, mind emerges in and depends on life in the body, supermind emerges in and lends itself to instead of governing mind, soul itself is apparent only as a circumstance of the bodily life of the mental being and veils up the spirit in the lower imperfections. This second defect of our nature is caused by this dependence of the higher on the

la perfection intégrale active vivra dynamiquement dans le fonctionnement du pouvoir transcendant de l'Esprit divin comme une volonté universelle s'exprimant à travers le supramental individualisé en lui pour l'action. Ses œuvres seront donc les œuvres d'une Connaissance éternelle, d'une Vérité éternelle, d'une Puissance éternelle, d'un Amour éternel, d'un Ânanda éternel ; mais la vérité, la connaissance, la force, l'amour, la félicité, seront l'esprit essentiel du travail qu'il fera, quel qu'il soit, et ne dépendront pas de la forme du travail ; ils détermineront l'action par l'esprit qui est au-dedans, mais l'action ne déterminera pas l'esprit ni ne le soumettra à une norme fixe ni au cadre d'un fonctionnement rigide. Le siddha n'aura pas purement et simplement certaines habitudes de caractère dominantes, mais seulement un être spirituel et une volonté spirituelle, et, tout au plus, un certain cadre de tempérament, libre et flexible, pour l'action. Sa vie sera un flot direct, jailli des fontaines éternelles, et non une forme taillée selon quelque gabarit humain temporaire. Sa perfection ne sera pas une pureté sattvique mais quelque chose de plus élevé que les gouna de la Nature, une perfection de connaissance spirituelle, de pouvoir spirituel, de félicité spirituelle, d'unité et d'harmonie d'unité ; la perfection extérieure de ses œuvres se façonnera spontanément pour exprimer cette transcendance et cette universalité. Pour opérer ce changement, le siddha de la perfection intégrale doit rendre conscient en lui le pouvoir de l'esprit et du supramental, maintenant supraconscient pour notre mentalité. Or, ce pouvoir ne peut pas agir en lui tant que l'être mental, vital et physique actuel, n'est pas libéré de son fonctionnement inférieur. Cette purification est la première nécessité.

En d'autres termes, la purification ne doit pas être comprise au sens limité d'une sélection parmi certains mouvements d'action extérieurs que l'on discipline, tandis que les autres sont inhibés, ni au sens d'une libération de certaines formes de caractère ou certaines capacités mentales et morales particulières. Ces choses sont les signes accessoires de notre être secondaire ou dérivé et non des pouvoirs essentiels ni des forces premières. Nous devons avoir une vision psychologique plus vaste des forces primordiales de notre nature. Nous devons distinguer les parties de notre être qui ont été formées, découvrir le défaut de base de leur impureté ou de leur action fausse et le corriger avec la certitude que le reste se rectifiera alors tout naturellement. Ce ne sont pas les symptômes de l'impureté

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lower parts, it is an immixture of functions by which the impure working of the lower instrument gets into the characteristic action of the higher function and gives to it an added imperfection of embarrassment, wrong direction and confusion.

Thus the proper function of the life, the vital force, is enjoyment and possession, both of them perfectly legitimate, because the spirit created the world for Ananda, enjoyment and possession of the many by the One, of the One by the many and of the many too by the many; but—this is an instance of the first kind of defect,—the separative ignorance gives to it the wrong form of desire and craving which vitiates the whole enjoyment and possession and imposes on it its opposites, want and suffering. Again, because mind is entangled in life from which it evolves, this desire and craving get into the action of the mental will and knowledge ; that makes the will a will of craving, a force of desire instead of a rational will and a discerning force of intelligent effectuation, and it distorts the judgment and reason so that we judge and reason according to our desires and prepossessions and not with the disinterested impartiality of a pure judgment and the rectitude of a reason which seeks only to distinguish truth and understand rightly the objects of its workings. That is an example of immixture. These two kinds of defect, wrong form of action and illegitimate mixture of action, are not limited to these signal instances, but belong to each instrument and to each combination of their functionings. They pervade the whole economy of our nature. They are fundamental defects of our lower instrumental nature, and if we can set them right, we shall get our instrumental being into a state of purity, enjoy the clarity of a pure will, a pure heart of emotion, a pure enjoyment of our vitality, a pure body. That will be a preliminary, a human perfection, but it can be made the basis and open out in its effort of self-attainment into the greater, the divine perfection.

Mind, life and body are the three powers of our lower nature. But they cannot be taken quite separately because the life acts as a link and gives its character to body and to a great extent to our mentality. Our body is a living body; the life-force mingles in and determines all its functionings. Our mind too is largely a mind of life, a mind of physical sensation; only in its higher functions is it normally capable of something more than the workings of a physical mentality subjected to life. We may put it in

que nous devons soigner, et ceci seulement d'une façon secondaire comme un adjuvant mineur, mais frapper l'impureté à sa racine même après un diagnostique plus profond. Nous découvrirons alors qu'il y a deux formes d'impureté, source de toute la confusion. La première est un défaut qui tient à la nature de notre évolution passée, qui fut une nature d'ignorance séparative, ce -défaut provient de la forme radicalement fausse et ignorante donnée à l'action spécifique de chaque partie de notre être instrumental. L'autre impureté tient au processus successif de l'évolution où la vie émerge dans le corps et dépend du corps, où le mental émerge dans la vie dans le corps et dépend de la vie dans le corps, où le supramental émerge dans le mental et se prête au mental au lieu de le gouverner, où l'âme elle-même apparaît seulement comme un accident de la vie corporelle de l'être mental, qui voile l'esprit dans les imperfections inférieures. Ce second défaut de notre nature vient de ce que les parties supérieures dépendent des parties inférieures ; il y a interférence de fonctions : l'action impure de l'instrument inférieur se mêle à l'action caractéristique de la fonction supérieure en y ajoutant une imperfection qui l'encombre, fausse la direction et sème la confusion.

Ainsi, la fonction spécifique de la vie, la force vitale, est la jouissance et la possession, qui sont toutes deux parfaitement légitimes puisque l'Esprit a créé le monde pour l'Ânanda, pour la jouissance et la possession de la multitude par l'Un, de l'Un par la multitude, et de la multitude par la multitude, mais (et c'est l'exemple du premier genre de défaut) l'ignorance séparative leur donne la forme fausse du désir et de l'envie, qui fausse toute la jouissance et toute la possession en leur imposant les formes contraires de la souffrance et du manque. En outre, du fait que le mental est emmêlé à la vie d'où est partie son évolution, ce désir et cette envie s'immiscent dans l'action de la volonté et de la connaissance mentales, et, par suite, la volonté devient une volonté d'envie, une force de désir, au lieu d'être une volonté rationnelle et une force de discernement et d'exécution intelligente, elle déforme le jugement et la raison au point que nous jugeons et raisonnons selon nos désirs et nos préjugés et non avec l'impartial désintéressement d'un jugement pur ni avec la rectitude d'une raison qui cherche seulement à discerner la vérité et à comprendre correctement l'objet de ses œuvres. Tel est l'un des exemples du mélange. Ces deux genres de défaut—fausse forme d'action et mélange

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this ascending order. We have, first, a body supported by the physical life-force, the physical prana which courses through the whole nervous system and gives its stamp to our corporeal action, so that all is of the character of the action of a living and not an inert mechanical body. Prana and physicality together make the gross body, sthūla śarīra. This is only the outer instrument, the nervous force of life acting in the form of body with its gross physical organs. Then there is the inner instrument, antahkarana, the conscious mentality. This inner instrument is divided by the old system into four powers, citta or basic mental consciousness ; manas, the sense mind, buddhi, the intelligence, ahankāra, the ego-idea. The classification may serve as a starting-point, though for a greater practicality we have to make certain farther distinctions. This mentality is pervaded by the life-force, which becomes here an instrument for psychic consciousness of life and psychic action on life. Every fibre of the sense-mind and basic consciousness is shot through with the action of this psychic prana, it is a nervous or vital and physical mentality. Even the buddhi and ego are overpowered by it, although they have the capacity of raising the mind beyond subjection to this vital, nervous and physical psychology. This combination creates in us the sensational desire-soul which is the chief obstacle to a higher human as well as to the still greater divine perfection. Finally, above our present conscious mentality is a secret supermind which is the proper means and native seat of that perfection.

Chitta, the basic consciousness, is largely subconscient; it has, open and hidden, two kinds of action, one passive or receptive, the other active or reactive and formative. As a passive power it receives all impacts, even those of which the mind is unaware or to which it is inattentive, and it stores them in an immense reserve of passive subconscient memory on which the mind as an active memory can draw. But ordinarily the mind draws only what it had observed and understood at the time,—more easily what it had observed well and understood carefully, less easily what it had observed carelessly or ill understood, at the same time there is a power in consciousness to send up to the active mind for use what that mind had not at all observed or attended to or even consciously experienced. This power only acts observably in abnormal conditions, when some part of the subconscious chitta comes as it were to the surface or when the subliminal being in us appears on the threshold and for a time plays some

d'action illégitime — ne se bornent pas aux exemples signalés ; ils se retrouvent dans chaque instrument et pour chaque combinaison de leur fonctionnement. Ils envahissent toute l'économie de notre nature. Tels sont les défauts fondamentaux de notre nature instrumentale inférieure ; si nous arrivons à les rectifier, nous mettrons notre être instrumental dans un état de pureté, nous jouirons de la clarté d'une volonté pure, d'un cœur émotif pur, d'une jouissance pure de notre vitalité, d'un corps pur. Ce sera une perfection préliminaire, une perfection humaine, mais elle peut servir de base à nos efforts de réalisation de soi et s'ouvrir à une perfection plus grande, divine.

Le mental, la vie et le corps sont les trois pouvoirs de notre nature inférieure. Mais on ne peut pas les prendre tout à fait séparément parce que la vie sert de trait d'union et communique ses caractéristiques au corps, et dans une grande mesure à notre mental. Notre corps est un corps vivant : la force de vie se mêle à tous ses fonctionnements et les détermine. Notre mental aussi est en grande partie un mental de la vie, un mental de sensation physique ; c'est seulement dans ses fonctions supérieures qu'il est normalement capable de quelque chose de plus haut que les opérations d'une mentalité physique soumise à la vie. Nous pouvons traduire cela dans un ordre ascendant. D'abord, nous avons un corps soutenu par la force de vie physique ou "prâna" physique qui circule à travers tout le système nerveux et marque de son empreinte notre action corporelle de sorte que tout est l'action caractéristique d'un corps vivant et non d'un corps mécanique inerte. Le prâna et le physique constituent à eux deux le "corps grossier", sthoûla sharîra. Mais ce n'est que l'instrument extérieur, c'est-à-dire la force nerveuse de la vie agissant dans la forme du corps et à travers ses organes physiques grossiers. Puis nous avons l'instrument intérieur, antahkarana, la mentalité consciente. Suivant l'ancien système, cet instrument intérieur était divisé en quatre pouvoirs : chitta ou conscience mentale de base ; manas, le mental sensoriel ; bouddhi, l'intelligence ; ahankâra, l'idée d'ego. Cette classification peut servir de point de départ, bien que certaines distinctions supplémentaires soient nécessaires à des fins plus pratiques. Cet instrument mental est imprégné par la force de vie, qui devient ici un instrument de la conscience psychique de la vie et de l'action psychique sur la vie. Chaque fibre du mental sensoriel et de la conscience de base est transpercée

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part in the outer chamber of mentality where the direct intercourse and commerce with the external world takes place and our inner dealings with ourselves develop on the surface. This action of memory is so fundamental to the entire mental action that it is sometimes said, memory is the man. Even in the submental action of the body and life, which is full of this subconscient chitta, though not under the control of the conscious mind, there is a vital and physical memory. The vital and physical habits are largely formed by this submental memory. For this reason they can be changed to an indefinite extent by a more powerful action of conscious mind and will, when that can be developed and can find means to communicate to the subconscient chitta the will of the spirit for a new law of vital and physical action. Even, the whole constitution of our life and body may be described as a bundle of habits formed by the past evolution in Nature and held together by the persistent memory of this secret consciousness. For chitta, the primary stuff of consciousness, is like prana and body universal in Nature, but is subconscient and mechanical in nature of Matter.

But in fact all action of the mind or inner instrument arises out of this chitta or basic consciousness, partly conscient, partly subconscient or subliminal to our active mentality. When it is struck by the world's impacts from outside or urged by the reflective powers of the subjective inner being, it throws up certain habitual activities, the mould of which has been determined by our evolution. One of these forms of activity is the emotional mind,—the heart, as we may call it for the sake of a convenient brevity. Our emotions are the waves of reaction and response which rise up from the basic consciousness, cittavrtti. Their action too is largely regulated by habit and an emotive memory. They are not imperative, not laws of Necessity, there is no really binding law of our emotional being to which we must submit without remedy, we are not obliged to give responses of grief to certain impacts upon the mind, responses of anger to others, to yet others responses of hatred or dislike, to others responses of liking or love. All these things are only habits of our affective mentality; they can be changed by the conscious will of the spirit; they can be inhibited , we may even rise entirely above all subjection to grief, anger, hatred, the duality of liking and disliking. We are subject to these things only so long as we persist in subjection to the mechanical action of the chitta

par l'action de ce prâna psychique : c'est une mentalité nerveuse ou vitale et physique. Même le bouddhi et l'ego sont dominés par lui, bien qu'ils aient le pouvoir de soulever le mental au-dessus de sa soumission à cette psychologie vitale, nerveuse et physique. Cette combinaison crée en nous l'âme de désir sensorielle, qui est l'obstacle principal à une perfection humaine plus haute ainsi qu'à une perfection divine encore plus grande. Finalement, au-dessus de notre mentalité consciente actuelle, se trouve un supramental caché qui est le vrai moyen de la perfection divine et son siège naturel.

Chitta, la conscience de base, est en grande partie subconsciente; son action visible ou cachée est de deux sortes : l'une passive et réceptrice, l'autre active ou réactive et formatrice. En tant que pouvoir passif, elle reçoit tous les impacts, même ceux dont le mental est inconscient ou auxquels il ne prête pas attention, et elle les emmagasine dans l'immense réserve de la mémoire passive subconsciente où le mental en tant que mémoire active, peut s'approvisionner. Mais généralement, le mental ne tire de cette réserve que ce qu'il a observé et compris sur le moment (plus facilement ce qu'il a bien observé et soigneusement compris, moins facilement ce qu'il a observé négligemment ou mal compris), pourtant la conscience a le pouvoir de faire monter jusqu'au mental actif et pour son usage, ce que le mental n'avait pas du tout observe ou ce dont il ne s'était pas occupé, ou même ce dont il n'avait pas eu l'expérience consciente. Ce pouvoir n'agit perceptiblement qu'en des conditions anormales, quand quelque partie du chitta subconscient vient à la surface, pour ainsi dire, ou quand l'être subliminal en nous apparaît sur le seuil et, pendant un temps, joue quelque rôle dans la chambre extérieure de la mentalité où se déroulent les échanges directs et le commerce avec le monde extérieur et où se manifestent à la surface nos relations internes avec nous-mêmes. Cette action de la mémoire est si fondamentale pour l'action mentale tout entière qu'il est dit parfois : la mémoire, c'est l'homme. Même dans l'action sub-mentale du corps et de la vie (qui est pleine de ce chitta subconscient, bien qu'elle ne soit pas sous la direction du mental conscient), il existe une mémoire vitale et physique. Les habitudes vitales et physiques sont principalement formées par cette mémoire sub-mentale. Pour cette raison, il est possible de les changer dans une mesure illimitée sous l'action plus puissante de la volonté consciente et du mental conscient

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in the emotive mentality, a thing difficult to get rid of because of the power of past habit and especially the importunate insistence of the vital part of mentality, the nervous life-mind or psychic prana. This nature of the emotive mind as a reaction of chitta with a certain close dependence upon the nervous life-sensations and responses of the psychic prana is so characteristic that in some languages it is called chitta and prana, the heart, the life soul, it is indeed the most directly agitating and powerfully insistent action of the desire-soul which the immixture of vital desire and responsive consciousness has created in us. And yet the true emotive soul, the real psyche in us, is not a desire-soul, but a soul of pure love and delight , but that, like the rest of our true being, can only emerge when the deformation created by the life of desire is removed from the surface and is no longer the characteristic action of our being. To get that done is a necessary part of our purification, liberation, perfection.

The nervous action of the psychic prana is most obvious in our purely sensational mentality. This nervous mentality pursues indeed all the action of the inner instrument and seems often to form the greater part of things Other than sensation. The emotions are especially assailed and have the pranic stamp ; fear is even more of a nervous sensation than an emotion, anger is largely or often a sensational response translated into terms of emotion. Other feelings are more of the heart, more inward, but they ally themselves to the nervous and physical longings or outward-going impulses of the psychic prana. Love is an emotion of the heart and may be a pure feeling,—all mentality, since we are embodied minds, must produce, even thought produces, some kind of life effect and some response in the stuff of body, but they need not for that reason be of a physical nature,— but the heart's love allies itself readily with a vital desire in the body. This physical element may be purified of that subjection to physical desire which is called lust, it may become love using the body for a physical as well as a mental and spiritual nearness , but love may, too, separate itself from all, even the most innocent physical element, or from all but a shadow of it, and be a pure movement to union of soul with soul, psyche with psyche. Still the proper action of the sensational mind is not emotion, but conscious nervous response and nervous feeling and affection, impulse of the use of physical sense and body for some action, conscious vital craving and desire. There is a side of receptive response, a side of dynamic reaction,

quand ceux-ci peuvent y être entraînés et trouver le moyen de communiquer au chitta subconscient, la volonté de l'esprit de créer une loi d'action nouvelle, vitale et physique. On peut même dire que toute la constitution de notre vie et de notre corps est une masse d'habitudes formées par l'évolution passée de la Nature et retenues ensemble par la mémoire persistante de cette conscience secrète. Car chitta, la substance primaire de la conscience, existe universellement dans la Nature, comme le prâna et le corps, mais elle est subconsciente et mécanique dans la nature matérielle.

En fait, toute l'action du mental ou de l'instrument intérieur jaillit de ce chitta ou conscience de base, qui est en partie consciente et en partie subconsciente ou subliminale pour notre mentalité active. Quand elle est frappée du dehors par les impacts du monde ou stimulée par les pouvoirs de réflexion de l'être intérieur, subjectif, elle envoie à la surface certaines activités habituelles dont la forme a été déterminée par notre évolution. L'une de ces formes d'activité est le mental émotif, que nous pouvons appeler le cœur par commodité, pour être bref. Nos émotions sont les vagues de réaction et de réponse qui s'élèvent de la conscience de base, chitta-vritti. Leur action aussi est en grande partie gouvernée par l'habitude et par une mémoire émotive. Elles ne sont pas obligatoires, ce ne sont pas des "lois" de la Nécessité ; il n'est pas de loi vraiment obligatoire dans notre être émotif, à laquelle nous devions nous soumettre sans rémission, nous ne sommes pas obligés de donner une réponse de chagrin à certains impacts sur le mental ni de répondre à d'autres par la colère, ni à d'autres par la haine et l'antipathie, ni à d'autres encore par la sympathie et l'amour. Toutes ces choses sont seulement des habitudes de notre mentalité affective ; elles peuvent être changées par la volonté consciente de l'esprit ; elles peuvent être inhibées , nous pouvons même nous élever tout à fait au-dessus de notre sujétion à la douleur, la colère, la haine, la dualité de la sympathie et l'antipathie. Nous ne sommes soumis à ces réactions que tant que nous persistons dans notre sujétion à l'action mécanique du chitta dans la mentalité émotive, chose difficile à éliminer en raison du pouvoir des habitudes passées, et surtout de l'insistance importune de l'élément vital de la mentalité, du mental de vie nerveux ou prâna psychique. La nature de ce mental émotif, ou réaction du chitta en étroite corrélation avec les sensations vitales nerveuses et les

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These things get their proper normal use when the higher mind is not mechanically subject to them, but controls and regulates their action. But a still higher state is when they undergo a certain transformation by the conscious will of the spirit which gives its right and no longer its wrong or desire form of characteristic action to the psychic prana.

Manas, the sense mind, depends in our ordinary consciousness on the physical organs of receptive sense for knowledge and on the organs of the body for action directed towards the objects of sense. The superficial and outward action of the senses is physical and nervous in its character, and they may easily be thought to be merely results of nerve-action, they are sometimes called in the old books prānas, nervous or life activities. But still the essential thing in them is not the nervous excitation, but the consciousness, the action of the chitta, which makes use of the organ and of the nervous impact of which it is the channel. Manas, sense-mind, is the activity, emerging from the basic consciousness, which makes up the whole essentiality of what we call sense. Sight, hearing, taste, smell, touch are really properties of the mind, not of the body; but the physical mind which we ordinarily use, limits itself to a translation into sense of so much of the outer impacts as it receives through the nervous system and the physical organs. But the inner Manas has also a subtle sight, hearing, power of contact of its own which is not dependent on the physical organs. And it has, moreover, a power not only of direct communication of mind with object—leading even at a high pitch of action to a sense of the contents of an object within or beyond the physical range,—but direct communication also of mind with mind. Mind is able too to alter, modify, inhibit the incidence, values, intensities of sense impacts. These powers of the mind we do not ordinarily use or develop , they remain subliminal and emerge sometimes in an irregular and fitful action, more readily in some minds than in others, or come to the surface in abnormal states of the being. They are the basis of clairvoyance, clairaudience, transference of thought and impulse, telepathy, most of the more ordinary kinds of occult powers,—so called, though these are better described less mystically as powers of the now subliminal action of the Manas. The phenomena of hypnotism and many others depend upon the action of this subliminal sense-mind; not that it alone constitutes all the elements of the phenomena, but it is the first supporting means of intercourse, communication and response, though

réponses du prâna psychique, est si caractéristique que dans certaines langues, on l'appelle chitta et prâna : le cœur, l'âme de vie. En fait, c'est l'action de l'âme de désir, la plus directement agitatrice et la plus puissamment insistante, créée en nous par l'intrusion du désir vital et par les réponses de la conscience. Et pourtant, l'âme émotive vraie, la psyché réelle en nous, n'est pas une âme de désir mais une âme d'amour pur et de félicité ; mais comme le reste de notre être véritable, elle ne peut émerger que quand la déformation créée par la vie de désir disparaît de la surface et cesse d'être l'action caractéristique de notre être. Arriver à cela est une partie nécessaire de notre purification, de notre libération et de notre perfection.

L'action nerveuse du prâna psychique est très évidente, surtout dans notre mentalité purement sensorielle. En fait, cette mentalité nerveuse assiège toute l'action de notre instrument intérieur et semble souvent former la plus grande part de tout ce qui n'est pas une sensation pure et simple. Les émotions sont particulièrement assaillies et portent l'empreinte prânique , la peur est plus une sensation nerveuse qu'une émotion, la colère est surtout ou souvent une réponse sensorielle traduite en termes d'émotion. D'autres sentiments relèvent davantage du cœur, sont plus intérieurs, mais ils s'allient aux désirs nerveux et physiques ou aux impulsions extraverties du prâna psychique. L'amour est une émotion du cœur et peut être un sentiment pur — tout mouvement mental, puisque nous sommes des êtres mentaux dans un corps, doit produire (y compris la pensée) une sorte d'effet sur la vie ou une réponse dans la substance du corps, mais ce n'est pas une raison pour que l'effet ou la réponse soient de nature physique—,mais l'amour du cœur s'allie volontiers à un désir vital dans le corps. Cet élément physique peut être purifié de la sujétion du désir physique, que l'on appelle luxure, il peut devenir l'amour et se servir du corps pour une proximité non seulement physique mais mentale et spirituelle ; mais l'amour peut aussi se séparer de tout, même de l'élément physique le plus innocent, ou n'en garder que l'ombre, et rester un mouvement pur d'union d'âme à âme, de psyché à psyché. En tout cas, l'action propre au mental sensoriel n'est pas l'émotion mais une réponse nerveuse consciente, un sentiment nerveux et une affection nerveuse, une impulsion à se servir des sens physiques et du corps pour quelque action ou pour les besoins et les désirs vitaux conscients. Il y a un

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much of the actual operation belongs to an inner Buddhi. Mind physical, mind supraphysical,—we have and can use this double sense mentality.

Buddhi is a construction of conscious being which quite exceeds its beginnings in the basic chitta; it is the intelligence with its power of knowledge and will. Buddhi takes up and deals with all the rest of the action of the mind and life and body. It is in its nature thought-power and will-power of the Spirit turned into the lower form of a mental activity. We may distinguish three successive gradations of the action of this intelligence. There is, first, an inferior perceptive understanding which simply takes up, records, understands and responds to the communications of the sense-mind, memory, heart and sensational mentality. It creates by their means an elementary thinking mind which does not go beyond their data, but subjects itself to their mould and rings out their repetitions, runs round and round in the habitual circle of thought and will suggested by them or follows, with an obedient subservience of the reason to the suggestions of life, any fresh determinations which may be offered to its perception and conception, Beyond this elementary understanding, which we all use to an enormous extent, there is a power of arranging or selecting reason and will-force of the intelligence which has for its action and aim an attempt to arrive at a plausible, sufficient, settled ordering of knowledge and will for the use of an intellectual conception of life.

In spite of its more purely intellectual character this secondary or intermediate reason is really pragmatic in its intention. It creates a certain kind of intellectual structure, frame, rule into which it tries to cast the inner and outer life so as to use it with a certain mastery and government for the purposes of some kind of rational will. It is this reason which gives to our J normal intellectual being our set aesthetic and ethical standards, our structures of opinion and our established norms of idea and purpose. It is highly developed and takes the primacy in all men of an at all developed understanding. But beyond it there is a reason, a highest action of the buddhi which concerns itself disinterestedly with a pursuit of pure truth and right knowledge, it seeks to discover the real Truth behind life and things and our apparent selves and to subject its will to the law of Truth. Few, if any of us, can use this highest reason with any purity, but the attempt to do it is the topmost capacity of the inner instrument, the antahkarana.

Buddhi is really an intermediary between a much higher Truth-mind

côté de réponse réceptive et un côté de réaction dynamique. Ces réactions et impulsions ont leur usage normal convenable quand le mental supérieur ne leur est pas soumis mécaniquement et qu'il contrôle et domine leur action. Cependant, il existe un état encore plus haut, quand le mental sensoriel subit une certaine transformation sous l'effet de la volonté consciente de l'Esprit, laquelle donne au prâna psychique sa vraie forme d'action caractéristique au lieu de sa forme fausse de désir.

Manas, le mental des sens, dépend, dans notre conscience ordinaire, des organes physiques de sensation réceptive pour connaître, et des organes du corps pour diriger l'action vers les objets des sens. L'action superficielle et extrovertie des sens est essentiellement physique et nerveuse et peut facilement être prise pour un simple résultat de l'action des nerfs ; dans les livres anciens, les activités des sens sont parfois appelées prânas, activités nerveuses ou de vie. Pourtant, l'élément essentiel en elles n'est pas l'excitation nerveuse mais la conscience, l'action du chitta, qui utilise l'organe et l'impact nerveux dont il est le canal. Manas, le mental sensoriel, est l'activité qui émerge de la conscience de base et constitue tout l'essentiel de ce que nous appelons la sensation. La vue, l'ouïe, le goût, l'odorat, le toucher, sont en fait des propriétés du mental et non du corps ; mais le mental physique que nous utilisons d'ordinaire se borne généralement à traduire en sensations les impacts extérieurs qu'il reçoit à travers le système nerveux et les organes physiques. Or, le Manas intérieur a aussi une vue subtile, une ouïe subtile, un pouvoir de contact qui lui est propre, et qui ne dépendent pas des organes physiques. En outre, il possède non seulement un pouvoir de communication directe du mental à l'objet (pouvant même aller, à certain haut degré d'action, jusqu'à donner la perception du contenu d'un objet qui se trouve dans notre rayon d'action physique ou même en dehors), mais aussi un pouvoir de communication directe de mental à mental. Le mental est capable aussi de changer, modifier, inhiber l'incidence, la valeur et l'intensité de l'impact des sens. D'ordinaire, nous ne cultivons pas et n'utilisons pas ces pouvoirs du mental, ils restent dans le subliminal et émergent parfois sous forme d'action irrégulière et capricieuse, plus facilement chez certains que chez d'autres, ou ils viennent à la surface dans les états d'être anormaux. Ils sont à la base de la clairvoyance, la clairaudience, la communication de pensée et d'impulsion, la télépathie et la plupart des pouvoirs occultes

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not now in our active possession, which is the direct instrument of Spirit, and the physical life of the human mind evolved in body. Its powers of intelligence and will are drawn from this greater direct Truth-mind or supermind. Buddhi centres its mental action round the ego-idea, the idea that I am this mind, life and body or am a mental being determined by their action. It serves this ego-idea whether limited by what we call egoism or extended by sympathy with the life around us. An ego-sense is created which reposes on the separative action of the body, of the individualised life, of the mind-responses, and the ego-idea in the buddhi centralises the whole action of this ego's thought, character, personality. The lower understanding and the intermediary reason are instruments of its desire of experience and self-enlargement. But when the highest reason and will develop, we can turn towards that which these outward things mean to the higher spiritual consciousness. The" "I" can then be seen as a mental reflection of the Self, the Spirit, the Divine, the one existence transcendent, universal, individual in its multiplicity; the consciousness in which these things meet, become aspects of one being and assume their right relations, can then be unveiled out of all these physical and mental coverings. When the transition to supermind takes place, the powers of the Buddhi do not perish, but have all to be converted to their supramental values. But the  consideration of the supermind and the conversion of the buddhi belongs to the question of the higher siddhi or divine perfection. At present we have to consider the purification of the normal being of man, preparatory to any such conversion, which leads to the liberation from the bonds of our lower nature.

 

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du genre le plus ordinaire ("occultes" soi-disant, car ces phénomènes peuvent mieux et moins mystiquement se décrire comme des pouvoirs d'action du Manas, subliminaux pour le moment). Les phénomènes d'hypnotisme, et bien d'autres, dépendent de l'action de ce mental sensoriel subliminal, non pas qu'il constitue à lui seul tous les éléments de ces phénomènes, mais c'est le premier moyen ou support de l'échange, de la communication et de la réponse, bien qu'en fait la plus grande part de l'opération relève de la bouddhi intérieure. Nous avons et pouvons utiliser une double mentalité sensorielle : un mental physique et un mental supraphysique.

La bouddhi est une construction de l'être conscient et elle dépasse considérablement ses premiers débuts dans le chitta de base : c'est l'intelligence avec son pouvoir de connaître et de vouloir. La bouddhi embrasse tout le reste de l'action mentale, vitale et corporelle. Par nature, c'est le pouvoir de pensée et le pouvoir de volonté de l'Esprit, traduits dans la forme inférieure d'une activité mentale. Nous pouvons distinguer trois degrés successifs dans l'action de cette intelligence. D'abord, une compréhension perceptive inférieure qui simplement reçoit, enregistre, comprend et répond aux communications du mental sensoriel, de la mémoire, du cœur et de la mentalité des sens. Par leur intermédiaire, la bouddhi crée un mental pensant élémentaire qui ne va pas plus loin que leurs données, qui se soumet à leur cadre, fait résonner leurs répétitions, tourne en rond dans le cercle habituel de la pensée et de la volonté qu'ils suggèrent, ou suit avec l'obéissante soumission de la raison aux suggestions de la vie, toutes les déterminations nouvelles qui s'offrent à sa perception et à sa conception. Par-delà cette compréhension élémentaire, que nous utilisons tous dans une énorme mesure, il existe un pouvoir de raison organisatrice ou sélectrice et une force de volonté intelligente, qui ont pour action et pour but d'arriver à une organisation plausible, suffisante et stable, de la connaissance et de la volonté afin de servir quelque conception intellectuelle de la vie.

En dépit de son caractère plus purement intellectuel, cette raison secondaire ou intermédiaire a, en fait, un dessein pragmatique. Elle crée une certaine sorte de structure intellectuelle, de cadre, de règle, où elle essaye de couler la vie intérieure et extérieure afin de pouvoir l'utiliser avec une certaine maîtrise et une certaine autorité aux fins de quelque

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volonté rationnelle. C'est cette raison qui donne à notre être intellectuel normal nos mesures fixes, esthétiques et éthiques, une structure d'opinions, des normes solides d'idées et de dessein. Elle est hautement développée et prend la première place en tout homme dont la compréhension est tant soit peu développée. Mais par-delà, il existe une raison ou une action supérieure de la bouddhi, qui se concentre d'une façon désintéressée sur la poursuite de la vérité pure et de la connaissance juste ; elle cherche à découvrir la Vérité réelle derrière la vie et les choses et derrière notre moi apparent, et à soumettre sa volonté à la loi de la Vérité. Rares parmi nous, s'il en est, sont ceux qui peuvent se servir de cette raison supérieure avec une certaine pureté ; pourtant l'effort pour ce faire, est la capacité la plus haute de l'instrument intérieur, l'antahkarana.

En réalité, la bouddhi est un intermédiaire entre un Mental-de-Vérité beaucoup plus élevé — qui n'est pas maintenant en notre possession active et qui est l'instrument direct de l'Esprit — et la vie physique du mental humain évolué dans un corps. Ses pouvoirs d'intelligence et de volonté proviennent de ce Mental-de-Vérité direct plus grand, ou supramental. La bouddhi centre son action mentale sur l'idée d'ego: l'idée que je suis ce mental, cette vie et ce corps, ou que je suis un être mental déterminé par leur action. Elle sert cette idée d'ego, soit que celle-ci se borne à ce que nous appelons l'égoïsme, ou s'élargisse par sympathie avec la vie autour de nous. Ainsi se crée un sens de l'ego qui repose sur l'action séparative du corps, de la vie individualisée, des réponses mentales ; l'idée d'ego dans la bouddhi centralise toute l'action de la pensée, du caractère et de la personnalité de cet ego. La compréhension inférieure et la raison intermédiaire sont les instruments de son désir d'expérience et d'élargissement de soi. Mais à mesure que la raison et la volonté supérieures se développent, nous pouvons nous retourner vers ce dont ces choses extérieures sont les signes, vers la conscience spirituelle plus haute, Alors, nous pouvons voir que le "je" est une réflexion mentale du Moi, de l'Esprit, du Divin, de l'unique existence transcendante, universelle et individuelle dans sa multiplicité ; et la conscience en laquelle cet individuel, universel et transcendant se rencontrent (où ils deviennent des aspects d'un être unique et assument leurs relations justes) peut alors être débarrassée de tous les voiles du physique et du mental. Quand la transition vers le supramental se produit, les pouvoirs de la bouddhi ne

disparaissent pas, mais ils doivent tous être convertis en leurs valeurs supramentales. Toutefois, l'examen du supramental et de la conversion de la bouddhi relèvent du domaine de la siddhi supérieure ou perfection divine. Pour le moment, nous examinerons la purification de l'être normal de l'homme, qui prépare à cette conversion et conduit à la libération hors de l'esclavage de notre nature inférieure.

SRI AUROBINDO

 

The individual does not owe his ultimate allegiance either to the State which is a machine or to the community which is a part of life and not the whole of life: his allegiance must be to the Truth, the Self, the Spirit, the Divine which is in him and in all, not to subordinate or lose himself in the mass, but to find and express that truth of being in himself and help the community and humanity in its seeking for its own truth and fullness of being must be his real object of existence.

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*

**

 

L'individu ne doit son ultime allégeance ni à l'État, qui est une machine, ni à la communauté, qui est une partie de la vie et non toute la vie — son allégeance doit aller à la Vérité, au Moi, à l'Esprit, au Divin, qui est en lui et en tout ; ce n'est pas de se subordonner à la masse ni de se perdre en elle, mais de trouver et d'exprimer cette vérité de l'être en lui-même et d'aider la communauté et l'humanité dans la recherche de leur propre vérité et de leur plénitude d'être, qui doit être le vrai objet de son existence.

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Sri Aurobindo

 

Conversations avec Pavitra

 

Lundi 19 avril 1926

 

Toute cette semaine j'ai essayé de me retirer de nouveau dans le mental silencieux ; mais sans grand succès. Je n'en suis pas encore revenu au point où j'étais avant l'arrivée de X.

Cette grande paix est là, derrière. J'ai l'impression d'un milieu transparent. Je me demande si ce n'est pas cette expérience que les mystiques chrétiens décrivent comme la mer vitreuse, et les Japonais comme le palais de cristal?

 

IL y a deux principales formes sous lesquelles on en prend conscience: l'une est analogue à la sensation d'une mer transparente agitée et l'autre d'une expansion éthérée.

 

La dernière fois, vous m'avez parlé de la connaissance psychique et de son caractère de vérité. Cette connaissance touche-t-elle les faits, êtres et événements du monde manifesté, ou simplement les vérités métaphysiques ?

 

Le mot métaphysique indique une connaissance mentale et il y a dans la connaissance psychique une proximité, une réalité concrète très différente de la spéculation intellectuelle.

Dire qu'elle apporte la connaissance matérielle serait erroné, ce n'est pas son domaine. Elle transforme l'être en un être de vérité, en une flamme d'aspiration vers la vérité. La connaissance psychique serait plutôt un contact, un sentiment. Lorsqu'on dit que "le cœur connaît mieux que le cerveau", on exprime quelque chose qui s'en rapprocherait, bien qu'il y ait un abîme entre l'émotion, le sentiment, et la psyché. L'être psychique

Sri Aurobindo

 

Conversations with Pavitra

 

Monday, April 19, 1926

 

This whole week I tried to withdraw again into the silent mind, but without much success. I have not yet come back to the point where I was before the arrival of X.

That great peace is there, behind. I have the feeling of a transparent milieu. I wonder whether this is not the experience the Christian mystics describe as the glassy sea and the Japanese as the Crystal Palace ?

 

THERE are two principal forms under which one becomes aware of it : one is analogous to the sensation of a transparent stirless sea and the other of an ethereal expanse.

 

Last time you spoke to me about psychic knowledge and its character of truth. Does this knowledge concern facts, beings and events of the manifested world, or simply metaphysical truths ?

 

The word "metaphysical" indicates a mental knowledge and there is in psychic knowledge a nearness, a concrete reality very different from intellectual speculation.

To say that it brings material knowledge would be wrong, that is not its field. It transforms the being into a being of truth, into a flame of aspiration for the truth. Psychic knowledge would be rather a contact, a feeling. When it is said that the heart knows better than the brain, one expresses something that would come near it, although there is a gulf between emotion, feeling and the psyche. The psychic being receives the

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reçoit la vérité mais ne la produit pas, au contraire du supramental. Il y a une différence entre les deux.

La faculté de reconnaître la vérité de prime abord relève de l'intuition, une des formes de la connaissance supramentale inférieure. La vraie connaissance qui ne faillit point est celle par identité.

 

Steiner distingue trois degrés de connaissance occulte : Imaginative, inspirative et unitive ; la dernière, qui ne peut tromper, est probablement la connaissance par identité ?

 

La première forme de l'intuition se revêt de formes mentales qui la déforment. De plus, le mental n'est pas satisfait de ce qu'il reçoit et il cristallise tout autour ses propres accrétions. Il y a un peu de vrai et beaucoup de faux.

En outre, le mental apprend à faire passer ses données sous l'apparence d'intuitions. Lorsque l'être commence à demander la connaissance intuitive, la personnalité envoie ses désirs et préjugés sous la forme déguisée d'intuitions. Ce qui fait qu'au début, la connaissance intuitive est bien peu sûre. Puis elle se développe ; mais avant même d'être portée à la perfection, d'autres modes de connaître se développent.

Il y a quatre degrés dans l'intuition, forme élémentaire de la vérité supramentale :

l'intuition

proprement dite, sporadique et irrégulière, qui fournit des éléments isolés. Elle donne l'impression de se souvenir d'une connaissance latente, passée ou subconsciente.

 la discrimination

Ici, il y a un processus, un travail non intellectuel qui accepte certains éléments et en rejette d'autres,

l'inspiration.

Quelque chose vient de l'extérieur et s'épanouit intérieurement. Analogie avec une voix qui parlerait en vous.

 la révélation.

Analogie avec une vision.

J'ai pensé que vous aimeriez vous joindre à nous le soir, une ou deux fois par semaine1 ? Quel jour vous convient ?

 

1 Jusqu'en novembre 19263 les disciples se réunissaient le soir autour de Sri Aurobindo (voir Mental-de-Vérité, Evening Talks with Sri Aurobindo)

truth but does not create it, as opposed to the supramental. There is a difference between the two.

The faculty of recognising the truth at first sight comes from intuition, one of the forms of the lower supramental knowledge. The true knowledge which never errs is that by identity.

 

Steiner distinguishes three degrees of occult knowledge: imaginative, inspired and unitive; the last, which cannot err, is probably knowledge by identity ?

 

The first form of intuition is clothed in mental forms which distort it. Moreover, the mind is not satisfied with what it receives and it crystallizes everything around its own accretions. There is something true and much that is false.

Besides, the mind learns to pass off its data under the appearance of intuitions. When the being begins to ask for intuitive knowledge, the personality sends its desires and prejudices under the guise of intuitions. And so at the beginning intuitive knowledge is not very sure. Then it develops; but even before it is brought to perfection, other modes of knowing develop.

There are four grades in intuition, the elementary form of supramental truth :

 

Intuition

proper, sporadic and irregular, which brings isolated elements. It gives the impression of remembering a latent, past or subconscient knowledge.

Discernment

Here there is a process, a non-intellectual work which accepts certain elements and rejects others.

Inspiration.

Something comes from outside and expands within. Analogy of a voice which speaks in you.

Revelation.

Analogy of a vision.

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Avec joie. Pour moi n'importe quel jour convient.

 

Je vous ferai connaître ultérieurement quels jours vous pourrez venir.

*

**

 

Lundi 26 avril 1926

 

Cette semaine, ma méditation a été meilleure, plus profonde et régulière. Je sens la force descendre dans les centres anâhata et moûlâdhâra et jusque dans les jambes. A certains moments, mes jambes sont raides. Aussi un calme plus grand qui, si je pouvais l'appliquer directement au mental, calmerait, par sa seule descente, tout le mental. Il m'est arrivé une fois de percevoir des éclairs de lumière.

 

Vous dites que vos jambes sont raides. Est-ce que vous sentez la force descendre dans les jambes ?

 

En tout cas, je deviens conscient de mes jambes; il y à un travail de la force là.

 

Il se pourrait, si vous ne sentiez pas la force y descendre mais que vous soyez seulement conscient de vos jambes, que la force qui essaie d'y descendre, rencontre un obstacle et que ce soit là la cause de la raideur observée. Lorsque la force descend et presse, après la méditation on reste quelque temps incapable de bouger. C'est une telle pression. On peut d'ailleurs enlever cette incapacité de bouger en appliquant la force elle-même. Mais s'il y a raideur, il y a peut-être lutte.

Le calme dont vous parlez, qu'est-ce ?

 

L'expérience n'est pas complète ; je sais que je pourrais faire agir cette force pour calmer le mental ; mais ce n'est pas réalisé.

 

Tout ce travail est nécessaire sur tous les plans afin de permettre l'ouverture et la prise de conscience totale.

 

Je veux dire quelques mots au sujet du tabac. J'ai été un fumeur. A

I thought you would like to join us in the evenings, once or twice a week.1 Which day suits you ?

 

With great joy. For me any day is suitable.

 

I shall let you know, later, on which days you may come.

*

**

 

Monday, April 26, 1926

 

This week my meditation was better, deeper and more regular. I feel the force descending into the centres: Anāhata and Mūlādhāra and even in the legs. At certain moments my legs become stiff. Also a greater calm which, if I could apply it directly to the mind, would quieten, by its single descent, the whole mind. Once I happened to see flashes of light.

 

You say your legs become stiff. Do you feel the force descending into the legs ?

 

In any case, I become conscious of my legs; the force is doing some I work there.

 

It is possible, if you do not feel the force descending there but are only conscious of your legs, that the force which is trying to descend meets with an obstacle and that this is the cause of the stiffness you feel. When the force descends and presses, after the meditation one remains for a while unable to move. It is such a pressure. One may, however, remove this inability to move by applying the force itself. But if there is stiffness, perhaps there is struggle.

 

l Till November 1926, the disciples used to gather around Sri Aurobindo in the evenings. (See A.B. Purani: Evening Talks-with Sri Aurobindo).

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mon arrivée ici j'ai cessé de fumer. Mais à l'arrivée des X... j'ai peu à peu repris, par moments. Puis j'ai recoupé. Dernièrement je suis resté dix jours sans fumer. Alors le désir revient très fort. Je voudrais bien m'en débarrasser, car je n'en suis pas maître.

 

Si le désir est simplement nerveux on peut facilement en venir à bout ; mais s'il trouve un support dans le vital et le mental, c'est plus difficile.

En principe il y a deux méthodes. La première consiste à tout couper brusquement. Prendre une ferme détermination, et par un acte de volonté refuser le consentement. Lorsque le désir vient, se retirer de lui et le laisser jouer dans le bas, à moins qu'on puisse le rejeter aussi. Le désir devient de plus en plus faible. L'autre méthode consiste, lorsque le désir vient, à lui donner une faible satisfaction puis à le rejeter. Lui accorder un peu de bhoga1. Mais il faut faire attention à ne faire de cela qu'un moyen pour arriver à la réjection. Ne pas s'y complaire, sans cela la résistance est indéfinie.

Ce sont les deux méthodes employées par les yogi.

 

J'ai bataillé plus ou moins depuis plusieurs années; mais il ne semble pas que je sois arrivé à un résultat quelconque. Je veux être libre de désir. Alors fumer devient indifférent.

Telle est mon expérience en matière sexuelle. J'ai eu à lutter très dur, plusieurs années. Puis brusquement le désir est parti, et il me laisse tranquille. Mais cependant je sais qu'il n'est pas mort et que si les circonstances étaient différentes, il pourrait se réveiller et revivre.

 

Cela arrive toujours ainsi lorsqu'on a vaincu (fight out). Moi-même je fume un peu, mais cela m'est tout à fait égal, et mon mental est aussi calme quand je ne fume pas.

 

Mais, dans mon cas, je deviens l'esclave du tabac; c'est pourquoi je veux m'en libérer. Enfin je vais faire pour le mieux.

 

*

**

1 Jouissance.

The calm you speak about, what is it ?

 

The experience is not complete; I know I could make this force act to calm the mind; but this is not realised.

 

All this work is necessary on all the planes, so as to make possible the opening and the total awareness.

 

I want to say something about smoking. I used to smoke. When I came here I stopped smoking. But when the Xs came slowly I began again, just sometimes. Then I stopped once more. Lately, for ten days I have not smoked. But the desire comes back very strongly. I would like to get rid of it very much, for I am not its master.

 

If the desire is simply nervous it can easily t>e managed; but if it finds a support in the vital and the mind, it is more difficult.

In principle there are two methods. The first is to cut off everything abruptly. To make a firm resolution and by an act of will refuse the consent. When the desire comes, to withdraw from it and to let it have its play below, unless one can throw it out also. The desire becomes weaker and weaker. The other method is to give the desire when it comes a little satisfaction and then to reject it. To give it a little bhoga1. But one I must take care to make this only a means to arrive at the rejection. Not to indulge in it, for without that the resistance is indefinite.

These are the two methods used by yogis.

 

I have fought more or less for several years; but I don't seem to have come to any result. I want to be free from desire. Then smoking becomes a matter of indifference.

This is my experience in sexual matters. I had to struggle very hard for several years. Then the desire vanished abruptly, and left me quiet. However, I know it is not dead and that if circumstances were different it could wake up and come to life again.

 

That always happens when one fights it out. As for myself, I smoke

 

1 Enjoyment

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Lundi 3 mai 1926

 

Rien de nouveau dans ma sâdhanâ. Le mental ne s'apaise pas, bien que je sente la force descendre en moi. Ce n'est plus, comme dans les débuts, des ondes vibrantes, allant directement à moûlâdhâra. Il s'agit maintenant d'une force plus calme qui s'épand doucement et me pénètre.

 

D'où vient cette force ? Du dessus ?

 

Si je la localise dans l'espace, je parlerai du dessus de la tête comme son origine. J'essaie, d'ailleurs, de me joindre à cette force en cet endroit.

 

Où est votre conscience ?

 

Dans la tête.

 

Au, sommet de la tête ?

 

Lorsque je peux me dégager et oublier mon corps et les sensations, ma conscience peut se centrer en dehors. Mais c'est extrêmement difficile pour moi.

 

Il n'est pas nécessaire d'oublier son corps. Si votre conscience s'établissait en cet endroit, vous pourriez continuer à recevoir les impressions des sens, mais vous les regarderez de cet endroit.

 

Je les verrais comme extérieures à moi?

 

Tout au moins comme différentes de la zone calme qui serait comme une couche extérieure de votre conscience.

 

Actuellement je m'identifie plutôt avec cette couche extérieure et je regarde la couche intérieure calme. Mais je tâche de m'ouvrir de

a little, but for me it is all the same, and my mind is as calm when I do smoke.

 

But in my case, I become the slave of tobacco ; that is why I want to free myself from it. Anyway, I am going to do my best.

 

*

**

 

Monday, May 3, 1926

 

Nothing new in my sadhana. The mind does not fall quiet, although I feel the force descending into me. It is no longer, as at the outset, vibrating waves going straight to Mūlādhāra. It is now a calmer force which flows gently and penetrates into me.

 

Where does this force come from ? From above ?

 

If I may localise it in space, I should speak of its origin as above the head. I try, besides, to unite with this force in this place.

 

Where is your consciousness ?

 

In the head.

 

At the top of the head?

 

When I can disengage myself and forget my body and sensations, my consciousness can be centred outside. But this is extremely difficult for me.

 

It is not necessary to forget one's body. If your consciousness were Bed in this place, you could continue to receive sense-impressions, but TO would look at them from this place.

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mon mieux à cette force. Où est la difficulté? Dans Je "mental ou dans le physique ?

 

C'est dans le mental. Mais il faut souvent un certain temps pour obtenir le premier résultat. Il n'y a qu'à persévérer.

 

Dans les efforts pour opérer cette séparation, je cause des mouvements dans le fluide nerveux, ainsi j'ai souvent des névralgies nerveuses.

 

Il n'est pas utile de faire ces efforts. C'est plutôt par une volonté calme que cette séparation arrive. Lorsqu'on fait des efforts, souvent des maux de tête ou autres petits troubles apparaissent.

Le mental ne sera pas toujours calme mais il y aura une région perpétuellement paisible, inaccessible aux mouvements qui n'atteignent que la partie extérieure.

 

*

**

Lundi 10 mai 1926

 

Sans grand changement. Mon mental m'apparaît progressivement comme extérieur à moi-même et je puis regarder impassiblement ses activités. Il cherche à profiter de tout pour se raccrocher à son ancienne manière de sentir et d'agir ; mais même ses soubresauts ne me dérangent plus comme ils le faisaient autrefois.

 

L'obtention de ce calme, qui repose sur la perception de l'inaltérable Pourousha, est le début de la réalisation.

 

Il y a quelques jours, j'ai eu dans la nuit une expérience. Je me suis réveillé vers minuit et demie et, en revenant dans ma conscience physique, le souvenir s'est transformé en un rêve, que voici. Je conduisais

I would see them as outside myself ?

 

At least as different from the calm zone which would be like an outer layer of your consciousness.

 

At present I am identified rather with this outer layer and I look at the inner calm layer. But I try to open myself as best I can to this force. Where is the difficulty ? In the mind or in the physical?

 

It is in the mind. But often a certain length of time is needed to obtain the first result. There is nothing for it but to persevere.

 

In my efforts to bring about this separation, I give rise to movements in the nervous fluid, and thus I often have nervous neuralgia.

 

It is not useful to make these efforts. It is rather through a calm will that this separation comes about. When one makes efforts, often headaches or other little disorders appear.

The mind will not be always calm but there will be one region perpetually peaceful, inaccessible to movements which reach only the outer part.

 

*

**

 

Monday, May 10, 1926

 

Not much change. My mind seems to be more and more outside myself and I can look at its activities unmoved. It seeks to profit by everything to cling to its old way of feeling and acting; but even its sudden starts, do not disturb me any longer as they used to do formerly.

 

To get this calm, which rests on the perception of the immutable Purusha, is the beginning of realisation.

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une automobile sur une grande et large route. Dans l'auto, plusieurs personnes, entre autre Mère et X. C'est Mère qui me dirigeait au travers des embûches dont la route était semée. Véhicules passant dans tous les sens, piétons embusqués pour tirer sur nous. "Attention à celui-ci, attention à celui-là", disait-elle. J'avais un revolver à portée de, la main... Il me semble que cela symbolise un passage à travers des forces hostiles. Dans ce passage, je me rappelle qu'à un moment, X a dit en me regardant "il se noie, il se noie". Je me suis aussitôt rendu compte que j'étais entraîné par ces forces. Immédiatement j'ai fait un appel à la force divine qui est descendue par sahasrâra jusqu'aux deux chakra inférieurs. Par cette force, j'ai repoussé les forces hostiles et me suis remis à flot. Peu après je me suis réveillé. Mais j'ai eu conscience pendant un certain temps que des forces hostiles essayaient de forcer la muraille et je les ai repoussées de la même façon. Les deux centres inférieurs vibraient rapidement.

 

Les voitures, chevaux et autres symboles de mouvement indiquent le progrès dans l'évolution occulte. C'est un symbole du plan vital.

 

Est-ce que le fait que je me suis réveillé, indique que je n'ai pas pu subir l'effort?

 

Pas du tout. Si vous ne vous étiez pas réveillé, vous n'auriez gardé probablement aucun souvenir de cela.

 

Certainement.

 

(puis je passe à un autre sujet)

 

Je suis extrêmement intéressé par les entretiens du soir sur la science et l'occultisme. Cela a été longtemps un dé mes idéaux de travailler à l'union entre science et occultisme. Mais un moment est venu où j'ai eu à abandonner mes idéaux, comme tout le reste, au Seigneur

Some days ago I had an experience during the night. I woke up about half an hour after midnight and, whilst coming back into my physical consciousness, the memory was transformed into a dream ;

here it is. I was driving a car on a great wide road. In the car, several people, among others Mother and X. It was Mother who was directing me past ambushes with which the road was sown. Carriages passing in all directions, men ambushed to fire at us. "Take care of this", "Look out there", she was saying. I had a revolver within my reach.... It seems to me that this symbolises a passage through hostile forces. In this passage, I remember that at one moment X said, looking at me, "He is drowning, he is drowning". Immediately I perceived that I was being dragged away by these forces. At once I called the divine force which descended through the Sahasrāra right down to the two lower chakras. With the help of this force, I pushed back the hostile forces and set myself afloat again. A little later I woke up. But for some time I was aware that the hostile forces were trying to force the wall and I pushed them back in the same way. The two lower centres were vibrating rapidly.

 

Carriages, horses and other symbols of movement indicate progress in occult evolution. This is a symbol of the vital plane.

 

Does the fact that I woke up mean that I was not able to sustain the effort?

 

Not at all. If you had not awakened, you would probably not have kept any remembrance of this.

 

Quite true.

 

(Then I passed on to another subject)

 

The evening talks on science and occultism interest me extremely. That was for long one of my ideals: to work for the union between

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du Yoga. Mais il se peut que le temps vienne où de nouveau je pourrai y travailler.

 

En effet, dans le Yoga, on doit tout abandonner, tous les idéaux comme tous les désirs. Un moment vient où ce qui est vrai dans l'être, ce qui n'est pas mental mais plus profond, et qui doit être utilisé par le Divin, le moment vient où cela est réveillé. C'est quand la force descend dans le plan physique. Ce qui était mental ou vital est rejeté, mais les vraies formes de l'action subsistent.

 

(à suivre)

 

 

 

 

Le but de la vie est-il d'être heureux ?

 

C'est juste mettre les choses sens dessus dessous.

Le but de la vie humaine est la découverte du Divin et sa manifestation. Naturellement cette découverte conduit au bonheur, mais ce bonheur est une conséquence et non une fin en soi. Et c'est cette erreur de prendre une conséquence comme but de la vie, qui a été la cause de la plupart des misères qui affligent l'humanité.

 

   

28.3.1970

science and occultism. But a moment came when I had to give up my ideals, as all the rest, to the Lord of Yoga. But it is possible a time may come when once again I could work at it.

 

Indeed, in Yoga, one must give up everything, all ideals even as all desires. A moment comes when what is true in the being, what is not mental but deeper, and which must be used by the Divine,—the moment comes when this is awakened. This happens when the force descends into the physical plane. What was mental or vital is rejected, but the true forms of action continue.

 

(To be continued)

 

 

 

Is the aim of life to be happy ?

 

This is just putting things topsy-turvy.

The aim of human life is to discover the Divine and to manifest It. Naturally this discovery leads to happiness, but this happiness is a consequence, not an aim in itself. And it is this mistake of taking a mere consequence for the aim of life that has been the cause of most of the miseries which are afflicting human life.

28.3.1970

THE MOTHER

 

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Sri Aurobindo

 

Pensées et Aphorismes

 

(suivis de quelques réponses de la Mère)

 

Note de l'éditeur

 

Après avoir interrompu ses commentaires sur les Aphorismes de Sri Aurobindo depuis 1966, la Mère a repris ce travail sous forme de brèves réponses écrites à des questions qui lui étaient posées.

 

126 — La loi la plus obligatoire de la Nature est seulement un processus fixe que le Seigneur de la Nature a formulé et dont Il se sert constamment. C'est l'Esprit qui l'a faite et l'Esprit peut la dépasser, mais nous devons d'abord ouvrir les portes de notre prison et apprendre à vivre dans l'Esprit plus que dans la Nature.

 

IL n'y a pas de loi de la Nature qui ne puisse être surmontée et changée si nous avons la foi que tout est régi par le Seigneur et que nous avons la possibilité d'entrer en contact direct avec Lui, si nous savons sortir de la prison des habitudes millénaires pour nous donner sans réserve à Sa volonté.

En vérité, il n'y a rien de fixe, tout est en perpétuel changement, et c'est cette transformation ascendante qui ramènera, d'étape en étape, cette création inconsciente et mortelle vers la conscience éternelle et toute-puissante du Seigneur.

3.8.1969

 

127 — Les lois sont des processus ou des formules, mais l'âme se sert des processus et dépasse les formules.

Sri Aurobindo

 

Thoughts and Aphorisms

 

( Followed by some answers by the Mother)

 

Editor's Note

 

Mothers commentaries on the Aphorisms of Sri Aurobindo had been stopped since 1966. She has taken up the work again in the form of short written answers to questions put to her.

 

126 — The most binding Law of Nature is only a fixed process which the Lord of Nature has framed and uses constantly ; the Spirit made it and the Spirit can exceed it, but we must first open the doors of our prison-house and learn to live less in Nature than in the Spirit.

 

THERE is no law of Nature that cannot be surpassed and changed, if we have the faith that all is governed by the Lord and that it is possible for us to come into direct contact with Him, if we know how to come out of the prison of the thousand-year old habits and give ourselves without reserve to His will.

In truth, nothing is fixed, all is under perpetual change ; and it is this ascending transformation that will bring back, (stage by stage) this inconscient and mortal creation towards the eternal and all-powerful consciousness of the Lord.

3.8.1969

 

127 — Law is a process or a formula, but the soul is the user of processes and exceeds formulas.

 

The laws of Nature are imperative for physical nature only when this nature is not under the influence of the psychic being (the soul);

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Les lois de la Nature ne sont impératives pour la nature physique que lorsque cette nature n'est pas sous l'influence de l'être psychique (l'âme) ; car l'être psychique est en possession du pouvoir divin qui peut se servir, pour ses propres fins, de tous les processus et de toutes les formules, et les transformer à volonté.

5.8.1969

 

128 — "Vis selon la Nature", telle est la maxime de l'Occident, mais quelle nature ? La nature du corps ou la nature qui dépasse le corps ? C'est cela que nous devons d'abord déterminer.

129 — O fils de l'Immortalité, ne vis pas selon la Nature mais selon Dieu ; et contrains aussi la Nature à vivre selon la divinité qui est en toi. ..

 

Douce Mère,

Qu'est-ce que Sri Aurobindo veut dire ici par "la nature qui dépasse le corps" ?

 

La nature qui dépasse le corps, c'est celle qui continue à vivre après la disparition du corps, c'est la nature psychique qui est immortelle et d'essence divine. Le psychique peut et doit prendre conscience du Divin qui est à son centre et s'unir consciemment à Lui.

7.8.1969 .

 

130 — La Fatalité est la pré-connaissance de Dieu en dehors de l'Espace et du Temps, qui voit tout ce qui doit arriver dans l'Espace et dans le Temps ; ce qu'il a prévu, le Pouvoir et la Nécessité l'exécutent par le conflit des forces.

for the psychic being possesses the divine power that can make use, for its own purposes, of all processes and formulas and transform them as it wills. :

5.8.1969

128 — Live according to Nature, runs the maxim of the West; but according to what nature, the nature of the body or the nature that exceeds the body ? This first we ought to determine.

129 — O son of Immortality, live not thou according to Nature, but according to God, and compel her also to live according to the deity within thee.

 

Mother, what does Sri Aurobindo mean here by "the nature that exceeds the body" ?

 

The nature that exceeds the body is that which goes on living even after the disappearance of the body, it is the psychic nature which is immortal and of divine essence. The psychic can and does become conscious of the Divine who is at its centre and unite consciously with Him.

7.8.1969

 

130 — Fate is God's foreknowledge outside space and time of all that in space and time shall yet happen ; what He has foreseen. Power and Necessity work out by the conflict of forces.

 

Mother, if all is foreseen, what then is the role of human aspiration and effort?

 

In each domain (physical, vital and mental) everything is foreseen; but the intrusion of a higher domain (overmental and beyond) introduces into the happenings another determinism and can change the course of things. It is that which aspiration can bring about.

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Douce Mère,

Si tout est prévu, quel est alors le rôle de l'aspiration et de l'effort humains ?

 

Dans chaque domaine (physique, vital et mental) tout est prévu; mais l'intrusion d'un domaine supérieur (surmental et au-dessus) introduit dans les événements un autre déterminisme et peut changer le cours des choses. C'est cela que l'aspiration peut accomplir.

Quant à l'effort humain, il fait partie des choses déterminées et son rôle est prévu dans l'ensemble du jeu des forces.

9.8.1969

 

131 — Ce n'est pas parce que Dieu a voulu et prévu toute chose que tu dois t'asseoir inactif et compter sur Sa providence, car ton action est l'une de Ses principales forces d'exécution. Lève-toi donc et agis, non pas avec égoïsme mais comme l'instrument des circonstances et la cause apparente de l'événement qu'il a prédéterminé.

132 — Quand je ne savais rien, j'abhorrais le criminel, le pécheur et l'impur, parce que j'étais moi-même plein de crimes, de péchés et d'impuretés ; mais quand je fus nettoyé et que mes yeux furent dessillés, alors je m'inclinai en mon esprit devant le voleur et le meurtrier et j'adorai les pieds de la prostituée ; car je vis que ces âmes avaient accepté le fardeau terrible du mal et drainé pour nous tous, la plus grande part du poison bouillonnant de l'océan du monde.

 

Pour celui qui a pleinement réalisé que le monde n'est pas autre chose que l'Un Suprême dans Sa manifestation, toutes les notions morales humaines disparaissent nécessairement pour faire place à une vision d'ensemble où toutes les valeurs sont changées — ô combien changées !

 

14.8.1969

As for human effort, it is part of the determined things and its role is foreseen in the totality of the play of forces.

9.8.1969

 

131 — Because God has willed and foreseen everything, thou shouldst not therefore sit inactive and wait upon His providence, for thy action is one of His chief effective forces. Up then and be doing, not with egoism, but as the circumstance-instrument and apparent cause of the event that He has predetermined.

132 — When I knew nothing, then I abhorred the criminal, sinful and impure, being myself full of crime, sin and impurity ; but when I was cleansed and my eyes unsealed, then I bowed down in my spirit before the thief and the murderer and adored the feet of the harlot; for I saw that these souls had accepted the terrible burden of evil and drained for all of us the greater portion of the churned poison of the world-ocean.

 

For him who has fully realised that the world is nothing but the Supreme in His manifestation, all human moral notions necessarily disappear giving place to a total vision in which all values are changed—oh, low much changed ! .

14.8.1969

 

133 — The Titans are stronger than the gods, because they have agreed with God to front and bear the burden of His wrath and enmity ; the gods were able to accept only the pleasant burden of His love and kindlier rapture.

134 — When thou art able to see how necessary is suffering to final delight, failure to utter effectiveness and retardation to the last rapidity, then thou mayst begin to understand something, however faintly and dimly, of God's workings.

135 — All disease is a means towards some new joy of health, all evil and pain a tuning of Nature for some intense

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133 — Les Titans sont plus forts que les dieux parce qu'ils se sont mis d'accord avec Dieu pour affronter et porter le fardeau de Sa colère et de Son inimitié ; les dieux n'ont su accepter que le fardeau plaisant de Son amour et de Son extase plus aimable.

134 — Quand tu es capable de voir combien la souffrance est nécessaire à la félicité finale, l'échec à la réalisation totale et le délai à la rapidité ultime, alors tu peux commencer, si vaguement que ce soit, à comprendre quelque chose à la façon dont Dieu travaille.

135 — Toute maladie est un moyen d'arriver à une nouvelle joie de santé, tout mal et toute douleur, une préparation de la Nature à une béatitude et à un bien plus intenses, toute mort, une ouverture sur une immortalité plus vaste. Pourquoi et comment doit-il en être ainsi, tel est le secret de Dieu que seule l'âme purifiée de l'égoïsme peut pénétrer.

136 — Pourquoi ton mental ou ton corps souffrent-ils ? Parce que ton âme, derrière le voile, souhaite la douleur et y trouve une félicité ; mais si tu veux — et si tu persévères dans ta volonté —, tu peux imposer à tes éléments inférieurs la loi de l'esprit et sa félicité sans mélange.

 

Il n'y a qu'à tenter l'expérience et persévérer dans l'effort, alors on trouvera que ce qui est affirmé ici est tout à fait vrai.

19.8.1969

 

137 — Il n'existe pas de loi de fer inexorable qui veuille que tel contact crée la douleur ou le plaisir ; c'est la manière dont ton âme reçoit du dehors l'assaut ou la pression du Brahman sur les différentes parties de ton être, qui détermine l'une ou l'autre de ces réactions.

 

Il est évident que le même événement ou le même contact produit chez l'un, le plaisir et chez l'autre, la souffrance, suivant l'attitude intérieure prise par chacun.

bliss and good, all death an opening on widest immortality. Why and how this should be so, is God's secret which only the soul purified of egoism can penetrate.

136 — Why is thy mind or body in pain ? Because thy soul behind the veil wishes for the pain or takes delight in it; but if thou wilt—and perseverest in thy will—thou canst impose the spirit's law of unmixed delight on thy lower members.

 

One has only to try the experience and persevere in one's effort, then one will find that what is stated here is perfectly true.

19.8.1969

 

 

137 — There is no iron or ineffugable law that a given contact shall create pain or pleasure; it is the way thy soul meets the rush or pressure of Brahman upon the members from outside them that determines either reaction.

 

Evidently, the same occurrence or the same contact produces in one pleasure and in another pain according to the inner attitude taken by each one.

And this observation takes you towards the way for a great realisation, for when you have not only understood but also felt that the Supreme Lord is the author of all things and when you are in constant contact with Him, everything becomes the result of His Grace and is changed into a luminous and calm felicity.

21.8.1969

 

138 — The force of soul in thee meeting the same force from outside cannot harmonise the measures of the contact in values of mind-experience and body-experience 5 therefore thou hast pain, grief or uneasiness. If thou canst learn to adjust the replies of the force in thyself to the questions of world-force, thou shalt find pain becoming pleasurable or turning into pure delightfulness. Right relation is the condition of blissfulness, Ritam1 the key of Ananda.

 

1 Truth

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Et cette constatation mène sur le chemin d'une grande réalisation, car lorsqu'on a non seulement compris mais aussi senti que le Seigneur Suprême est l'auteur de toutes choses et que l'on reste constamment en contact avec Lui, toute chose devient l'effet de Sa Grâce et se change en félicité lumineuse et calme.

21.8.1969

 

138 — La force d'âme en toi, rencontrant la même force du dehors, n'arrive pas à harmoniser le degré du contact en valeurs d'expérience mentale et d'expérience corporelle ; par suite, tu éprouves une douleur, un chagrin ou un malaise. Si tu es capable d'apprendre à ajuster les réponses de la force en toi-même aux questions de la force dans le monde, tu trouveras que la douleur devient agréable ou qu'elle se change en pur délice. La relation juste est la condition de la félicité, ritam1 la clef de l'ânanda.

 

Les êtres humains ont l'habitude de baser leur relation avec les autres sur les contacts physiques, vitaux et mentaux, c'est pourquoi il y a presque toujours discorde et souffrance. Si au contraire ils basaient leurs relations sur les contacts psychiques (d'âme à âme), ils s'apercevraient que derrière les apparences troublées, il y a une harmonie profonde et durable qui peut s'exprimer dans toutes les activités de la vie et grâce à laquelle le désordre et la souffrance seraient remplacés par la paix et la félicité.

 

28.8.1969

 

139 — Qui est le surhomme ? Celui qui peut s'élever au-dessus de cet individu mental humain fragmentaire aux yeux tournés vers la matière et se posséder lui-même, universalisé et déifié dans une force divine, un amour divin, une joie et une connaissance divines.

 

Le surhomme est en voie de formation maintenant et une nouvelle conscience s'est manifestée tout dernièrement sur la terre pour parfaire cette formation.

 

1 La vérité.

Human beings have the habit of basing their relation with others upon physical, vital or mental contacts; this is why there is almost always discord and pain. If, on the contrary, they had based their relations upon psychic contacts (soul to soul), they would see that behind the troubled appearances, there is a profound and durable harmony which can be expressed in all the activities of life and because of which disorder and pain would be replaced by peace and delight.

28.8.1969

 

139 — Who is the superman ? He who can rise above this matter-regarding broken mental human unit and possess himself universalised and deified in a divine force, a divine love and joy and a divine knowledge.

 

The superman is now on the way to formation and a new consciousness has manifested itself recently upon earth to perfect this formation.

But it is hardly probable that any human being has reached such a consummation, more so, since there must go with it a transformation of the physical body, which has not yet been done.

30.8.1969

 

140 — If thou keepest the limited human ego and thinkest thyself the superman, thou art but the fool of thy own pride, the plaything of thy own force and the instrument of thy own illusions.

 

It follows naturally that all ambitious people who now declare they are supermen are only impostors or full of vanity who deceive themselves and try to deceive others.

30.8.1969

 

141 — Nietzsche saw the superman as the lion-soul passing out of camelhood but the true heraldic device and token of the superman is the lion seated upon the camel which stands

Page – 50 - 51


Mais il est peu probable qu'aucun être humain soit encore arrivé à cet accomplissement, d'autant plus qu'il doit s'accompagner d'une transformation du corps physique, qui n'est pas encore accomplie.

30.8.1969

 

140 — Si tu gardes cet ego humain limité et que tu croies être un surhomme, tu n'es que la dupe de ton propre orgueil, le jouet de ta propre force et l'instrument de tes propres illusions.

 

Il s'ensuit naturellement que tous lés ambitieux qui se déclarent maintenant des surhommes, ne peuvent être que des imposteurs ou des orgueilleux qui se trompent eux-mêmes et essayent de tromper les autres,

30.8.1969

 

141 — Nietzsche a vu le surhomme comme une âme de lion sortant de l'état de chameau, mais le vrai emblème héraldique, le signe du surhomme, est le lion assis sur le chameau qui se tient debout sur la vache de la plénitude. Si tu ne peux pas être l'esclave de toute l'humanité, tu n'es pas capable d'en être le maître, et si tu ne peux pas rendre ta nature semblable à la vache d'abondance de Vasishtha afin que toute l'humanité puisse traire le pis son content, à quoi sert ta surhumanité léonine ?

 

Être l'esclave de toute l'humanité veut dire être prêt à servir l'humanité , et se rendre semblable à la vache d'abondance veut dire être capable de distribuer en abondance toutes les forces, les lumières, les pouvoirs, dont l'humanité a besoin pour sortir de son ignorance et de son incapacité ; car s'il n'en était pas ainsi, un être surhumain serait un fardeau plutôt qu'une aide pour la terre.

 

31.8.1969

upon the cow of plenty. If thou canst not be the slave of all mankind, thou art not fit to be its master, and if thou canst not make thy nature as Vasishtha's cow of plenty with all mankind to draw its wish from her udders, what avails thy leonine supermanhood ?

 

To be the slave of all mankind means to be ready to serve mankind; and to make oneself as the cow of plenty means to be able to give away plentifully the force, the light, the power that mankind needs to come out of its ignorance and incapacity : if it were not so, a superman would be a burden rather than a help to earth.

31.8.1969

 

142 — Be to the world as the lion in fearlessness and lordship, as the camel in patience and service, as the cow in quiet, forbearing and maternal beneficence. Raven on all the joys of God as a lion over its prey, but bring also all humanity into that infinite field of luxurious ecstasy to wallow there and to pasture.

 

Such are the qualities needed for the growth of the being till its divinisation, this is also a reminder that a transformation cannot be complete [without the ascension of mankind.

1.9.1969

THE MOTHER

 

 

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142 — Sois pour le inonde comme un lion d'intrépidité et de souveraineté, comme un chameau de patience et de service, comme une vache de bienfaisance maternelle, tranquille et endurante. Repais-toi de toutes les joies divines comme le lion se repait de sa proie, mais amène aussi toute l'humanité dans ce champ infini d'extase luxuriante afin qu'elle s'y vautre et y pâture.

 

Telles sont les qualités requises pour la croissance de l'être jusqu'à sa divinisation, c'est aussi un rappel qu'une transformation ne peut être complète sans l'ascension de l'humanité.

1.9.1969

 

 

 

 

 

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Entretiens

 

Le 2 septembre 1953

 

"Chacune des religions peut raconter la même histoire. L'occasion de sa naissance est la venue d'un grand instructeur dans le monde; il est l'incarnation d'une divine vérité et s'efforce de la révéler; mais les hommes s'en saisissent, en font commerce et en tirent une organisation pour ainsi dire politique. La religion est munie par eux d'un gouvernement, d'une administration et de lois, avec ses articles de foi et ses dogmes, ses règles et ses règlements, ses rites et ses cérémonies, tous imposés aux adhérents comme des choses absolues et inviolables. De même que les États, la religion ainsi construite distribue des récompenses au loyal et inflige des punitions à celui qui se révolte ou s'égare, à l'hérétique, au renégat... Le premier et principal article de foi de ces religions établies et formelles, est toujours: "Ma religion possède la vérité suprême, la seule; toutes les autres sont dans le mensonge ou, en tout cas, sont inférieures"... Cette attitude est naturelle à la mentalité religieuse; mais c'est précisément ce qui rend la religion si contraire à la vie spirituelle. Les articles et dogmes d'une religion sont des productions du mental, et si vous vous attachez à eux et que vous vous enfermiez dans un code de vie tout fait, vous ne connaissez pas et ne pouvez pas connaître la vérité de l'esprit qui se tient libre et vaste au-delà de tous les codes et de tous les dogmes. Quand vous vous arrêtez à une croyance religieuse, vous liant à elle et la prenant pour la seule vérité dans le monde, vous arrêtez du même coup la marche en avant et l'épanouissement de votre être intérieur."

(Entretiens 1929, p. 102)

 

Si l'on suit une religion et que l'on ait une bonne capacité, est-ce que l'on peut aller plus loin et arriver à l'identification avec le Divin ?

 

C'EST impossible.  

La religion est toujours une limite de l'esprit.

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Si un homme a une vie spirituelle indépendante de ses formations mentales et des cadres dans lesquels il vit, alors cette vie spirituelle le fait traverser, pour ainsi dire, les principes de la religion pour entrer dans quelque chose de supérieur. Mais il faut que cette consécration vienne du dedans et non de la forme. Si elle vient de la forme exclusivement, alors la limitation est si grande qu'il ne peut pas passer plus loin.

Il y a des êtres qui doivent nécessairement sortir de la religion s'ils ne veulent pas être arrêtés dans leur progrès. Mais ceux qui ont une activité mentale pratiquement nulle, qui ne se posent pas de questions, qui ont simplement une intense dévotion dans leur cœur et un besoin de se donner à quelque chose qui leur est infiniment supérieur, ceux-là, qu'ils aient une religion ou qu'ils n'en aient pas, cela revient au même. Mais si l'on est attaché aux formes, on ne peut jamais aller plus loin.

Il est difficile d'aller aussi loin que si le mental est libre, qu'il vit dans une lumière. C'est l'une des conditions assez indispensables (pas absolument indispensables). Mais enfin, il y a des êtres qui n'ont aucun pouvoir mental et qui acceptent n'importe quel dogme sans discuter ; ils sentent que rien ne peut les empêcher d'avoir cet élan intérieur qui les mettra en rapport avec le Divin. Mais généralement, ils n'ont pas de vie mentale. Elle est tout à fait réduite. Voilà.

 

Est-ce que les castes ont une importance dans la vie spirituelle ?

 

Les castes ? Qu'est-ce que cela a à voir avec la vie spirituelle ! Absolument rien. C'est simplement une organisation sociale, c'est tout.

 

On dit que les brahmanes sont plus avancés pour servir le Divin ?

 

On dit beaucoup de choses.

La vie spirituelle ne dépend pas de ces considérations, du tout. Certaines vertus sociales en dépendent, et uniquement parce que dans certains milieux, il existe certaines traditions d'éducation, et qu'il y a des éducations qui sont meilleures que d'autres. Mais c'est tout.

Quant à la question de ne pas mélanger les sangs, c'est sujet à discussion.

Questions and Answers

 

September 2, 1953

 

"All religions have each the same story to tell. The occasion for its birth is the coming of a great Teacher of the world. He is the incarnation of a divine truth and seeks to reveal it. But men seize upon it, trade upon it, make of it almost a political organisation. The religion is equipped by them with a government and policy and laws, with its creeds and dogmas, its rules and regulations, its rites and ceremonies all binding upon its adherents and inviolable. Like the State it also administers rewards to the loyal and assigns punishments for those who revolt or go astray, for the heretic and the renegade .... The first and principal article of these established and formal religions runs always: "Mine is the supreme, the only truth, all others are in falsehood or inferior."... This attitude is natural to the religious mind; but it is just that which makes religion stand in the way of the spiritual life. The articles and dogmas of a religion are mind-made things and if you cling to them and shut yourself up in a code of life made out for you, you do not know and cannot know the truth of the spirit that lives beyond all codes and dogmas, wide and large and free. When you stop at a religious creed, tie yourself in it, taking it for the only truth in the world, you stop the advance and widening of your soul."

(Conversations X)

 

If one follows a religion and possesses good capacity, can he go farther and reach identification with the Divine ?

 

IMPOSSIBLE.

Religion is always a limitation for the spirit.

If a man has a spiritual life independently of his mental formations [d the setting in which he lives, then this spiritual life makes him, so to

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Parce que, par exemple, si l'on prend les diverses espèces de chiens (excusez-moi, je ne veux pas faire une comparaison malhonnête) enfin, le chien qui est de sa sorte, de son espèce, quand on a très grand soin de garder le type pur, de ne permettre aucun mélange, il devient de plus en plus bête, tandis que le chien de la rue, celui qui provient d'une mésalliance et qui est quelquefois une horreur au point de vue physique — il est hideux, il est fait d'une espèce et d'une autre mélangée — ce chien-là est en général très supérieur au point de vue intelligence. Alors, même comme cela on ne peut pas dire. Les mariages dans les petites communautés, qui se font dans la caste, où l'on ne permet aucun mélange, aboutissent généralement à un amoindrissement progressif, graduel, de l'intelligence de l'espèce. Ce n'est pas une sélection, c'est le contraire. Il faut toujours des mélanges neufs pour produire des espèces neuves capables d'exprimer un progrès... Au point de vue social, c'est tout à fait défendable, et c'est très commode et simple, cela donne des cadres qui permettent justement une organisation plus facile, mais c'est toute la valeur que cela a.

Mais je crois que c'est la même chose pour les castes que pour les pays. Chaque caste est convaincue que c'est elle qui détient le maximum de progrès possible ! Et si l'on entend les gens parier, même ceux qui sont tout à fait hors caste, sont pleins de mépris pour les autres et ils se croient , supérieurs.

 

"Celui qui s'en tient à une foi particulière y ou qui a découvert quelque . vérité, est toujours enclin à penser que lui seul a trouvé la vérité pleine et entière. Telle est la nature humaine ! Un mélange de mensonge semble nécessaire aux êtres humains pour qu'ils se tiennent debout et avancent sur leur chemin. Si la vision de la vérité leur était donnée soudain, ils seraient écrasés sous son poids."

(Ibid., p. 106)

Les hommes avancent-ils de plus en plus vers le Divin ?

 

C'est difficile à dire. Logiquement, toute la création doit avancer de plus en plus vers le Divin, puisque c'est son but ultime. Mais en fait,

say, go through religious principles and enter into something higher. But his consecration must come from within and not be formal. If it is exclusively of the form, then the limitation becomes so great that it cannot go very far.

There are persons who have necessarily to come out of religion if they do not want to be halted in their progress. But they who have practically no mental activity, who have no questions to ask, who have only an intense devotion in their heart and an urge to give themselves to something that is infinitely greater for such, it does not matter whether they have a religion or have no religion. It is all the same. But if you are attached to forms, you can never go any further.

It is difficult to go so far unless your mind is free and dwells in the light. It is one of the very indispensable conditions (although not absolutely indispensable). However, there are people who have no mental power and they accept any dogma whatever without discussion, they feel that nothing can prevent them from having this inner urge that will put them in relation with the Divine. But generally they do not possess a mental life : it is very much restricted.

 

Have castes any importance in the spiritual life?

 

Caste? What has that got anything to do with spiritual life? Absolutely nothing. It is merely a social organisation, that is all.

 

It is said that the Brahmins are more advanced for serving the Divine ?

 

They say many things.

Spiritual life does not depend upon these considerations, not at all. Some social virtues depend upon them; solely because there exist in some environments certain traditions of education and a certain education is better than others. But that is all.

As for the question of not mixing blood, it is a subject for discussion. Because, for example, if you take the various kinds of dogs (excuse me, I do not mean to make a dishonest comparison), the dog belonging to his

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c'est une drôle de marche, parce que l'on fait trois pas en avant et deux pas en arrière ; on fait deux pas en avant et un de côté ! Alors, avant d'arriver au bout, cela prendra très longtemps. Ça a l'air comme cela.

Il y a une grande différence entre le principe général, la théorie vue d'ensemble au-dessus des millénaires, sans tenir aucun compte du nombre des années (pas des années, je dis des millénaires et des milliers de siècles) une grande différence entre cela et les faits pratiques. On peut dire que toute la création avance vers l'union avec le Créateur, mais il y a le fait, d'abord, que tout le mouvement évolutif est un mouvement en spirale. Alors, dans cette spirale, il y a d'innombrables points, et à chaque point on réalise un progrès vertical. Mais il faut faire tout le tour pour revenir encore à ce même point, mais un petit peu plus haut... Et alors, tout le temps que l'on passe à faire autre chose, à réaliser d'autres points, celui-là est comme oublié. Et cela se traduit ainsi dans l'histoire humaine :

Il y a une civilisation merveilleuse avec toutes sortes de productions extraordinaires au point de vue scientifique, au point de vue artistique, même au point de vue politique, au point de vue organisation, au point de vue social. On a de belles civilisations comme celles qui ont laissé une sorte de souvenir occulte d'un continent qui aurait relié l'Inde à l'Afrique, par exemple, et dont il ne reste aucune trace (à moins que certaines races humaines ne soient le résidu de cette civilisation-là). On a des civilisations comme cela, qui disparaissent tout d'un coup, puis toute une histoire, qui est pleine ... d'ombre, d'inconscience, d'ignorance, de races tout à fait primitives qui semblent tellement proches des animaux que l'on se demande s'il y a vraiment une différence. Et alors, il y a un grand trou dans l'obscurité, à travers toutes sortes de désordres de tous genres. Et puis, tout d'un coup, ça émerge en haut, encore à une hauteur plus grande, avec des vertus plus grandes, une réalisation plus grande ... comme si toutes ces heures de nuit et de travail dans la nuit, avaient préparé la matière pour qu'elle puisse exprimer quelque chose de supérieur. Puis encore, une autre obscurité, un oubli : la terre redevient barbare, obscure, ignorante, douloureuse. Tout d'un coup, quelques milliers d'années après, une nouvelle civilisation arrive ...

Alors, si vous regardez cela par en bas, vous vous demandez : "Où est le progrès ?" Parce que toujours cela disparaît, ça s'écroule, ou ça pourrit, ça s'abîme complètement. C'est oublié. Et l'humanité redevient

kind or breed, when great care is taken to keep the type pure, not allowing any mixture, becomes more and more stupid, on the other hand, & street-dog, product of mixed breed, sometimes a horror, from the physical point of view —it is hideous, made of one kind crossed with another—is generally superior from the point of view of intelligence. It cannot be said even in that way. Marriages in small communities, made within the caste, where no mixture is allowed, end generally in a gradually progressive decline of intelligence in the group. It is not a selection, rather the contrary. New admixtures are necessary to bring forth new kinds capable of manifesting new progress ... From the social point of view, this is quite defensible, and it is so convenient and simple: it gives frames allowing for just the easier organisation; that however is its one value.

But I believe it is the same for the caste as for the country. Each caste is convinced that it alone possesses the maximum progress possible ! And when you hear people speaking, even those who are outside caste, they are full of contempt for the others, they believe they are superior.

 

"One who holds a particular faith or who has found out some truth, is disposed to think that he alone has found the truth, whole and entire. This is human nature ! A mixture of falsehood seems necessary for human beings to stand on their own legs and move on their way. If the vision of the Truth were suddenly given to them they would be crushed under its weight."

(Conversations X)

 

Are men advancing more and more towards the Divine ?

 

It is difficult to say. Logically the whole creation must advance more and more towards the Divine, because it is its ultimate goal. But in fact it is a peculiar movement, for if one takes three steps forward, one takes two backward, one takes two forward, one sideways ! So, it will take very long to arrive at the goal. It looks like that.

There is a great difference between the general principle, the theory seen in its totality over the millenniums, taking no account of the number  of years (hot years, I say millenniums, thousands of centuries), a great

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quelque chose de très ordinaire, de très amorphe, de grouillant dans une semi-obscurité. Et puis encore une fois, tout d'un coup, une illumination. Alors, quand on est dans l'illumination, on se dit : "Maintenant, je tiens bon, c'est la bonne chose, maintenant il ne faut plus tomber"...

Jusqu'à présent on est toujours retombé.

Il faudra voir.

 

On retombera encore une fois?

 

Ça, mon petit, je ne l'ai pas dit. Je n'ai rien dit, j'ai dit : "On verra".

Au fond, je crois que cela dépend un peu de chacun de nous et de notre aspiration. Si chacun fait tout ce qu'il faut et le maximum de ce qu'il peut, il y a des chances que l'on arrive à un état de stabilisation où l'ascension se fera sans que rien ne soit détruit pour recommencer.

Ce n'est pas indispensable, mais cela a toujours été ainsi jusqu'à présent, et au fond, je ne sais pas si la Nature n'y prend pas un très grand plaisir...

Il se trouve que nous sommes obligés de nous appuyer sur ce que la Nature a fait, puisque c'est elle qui a travaillé jusqu'ici. Mais en même temps, nous n'approuvons pas ses façons de faire. Alors, cela produit un petit conflit interne (familial si je puis dire !) mais qui rend les choses un peu difficiles parce qu'elle n'aime pas que l'on dérange sa manière d'être. Et pourtant, si l'on fait comme elle veut, ce sera toujours la même histoire, il faudra toujours que ça disparaisse et que ça recommence, puisque c'est son amusement. Donc, il faut pouvoir l'empêcher de nuire. Mais si par hasard on trouvait un bon moyen de l'intéresser et de faire qu'elle collabore, alors, avec sa collaboration, il serait possible que l'on réussisse.

Au fond, tout ce qu'il faut, c'est qu'elle comprenne que l'on peut faire d'une autre manière que la sienne.

Et puis comme elle a (vous pouvez le voir) une ingéniosité merveilleuse et vraiment une imagination fantastique... Vous n'avez qu'à regarder ou photographier les animaux, si vous regardez cela et que vous compariez la petite souris à la girafe, l'éléphant et le chat, tous ces animaux qui étaient d'avant et tous ces animaux qui sont encore avec des formes

difference between that and the practical facts. It can be said that the whole creation is moving towards union with its Creator, but there is the fact, first of all, that the whole evolutionary movement is a spiral movement. And in this spiral there are innumerable points, and at each point a progress in the vertical line is achieved. But one has to make a whole round in order to come back once more to the same point, but it a higher level.... But all the while you are busy doing other things, reaching other points, the first one is as it were forgotten. In human history that is translated in this way.

A wonderful civilisation is there, with all kinds of productions, from the scientific point of view, from the artistic point of view, even from the political, organisational and social point of view ? There were fine civilisations like those which have left a kind of occult memory of a continent that might have linked India with Africa, for example, and there remains no trace of it (unless some human races be the remnants of that civilisation). There are civilisations like that which disappear suddenly and then a whole history, full of... darkness, unconsciousness, ignorance, of altogether primitive races which seem so close to the animals that one asks whether there is really any difference. And so there is a big hole in the darkness, passing through all kinds of disorders. Then all on a sudden there emerges on the top, and still to a greater height, with greater virtues, a greater realisation ... as though all these hours in the night, of work in the light had prepared Matter so that it might express something higher. Then again another darkness, an oblivion : the earth becomes again barbarous, obscure, ignorant, painful. And all on a sudden, some thousands of years after, a new civilisation comes ...

So if you look at that from below, you ask yourself : "Where is the progress?" Because always it disappears, collapses, rots, is ruined completely -and is forgotten. Mankind becomes once again something very ordinary, formless, grovelling in a half-obscurity. And then yet once more suddenly there is illumination. And while one is in the midst of the illumination one says, "Now, we have it, it is the right thing, henceforth no falling down" ...

Till now there has always been a fall.

It has to be seen.

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bizarres, extraordinaires — quelle imagination, quelle formidable imagination ! Si vous aviez été obligés de créer tous les animaux qui sont sur la terre, vous auriez trouvé cela très difficile ! Maintenant que vous les voyez, cela vous paraît tout naturel... J'ai vu l'autre jour une image qui représentait simplement une girafe qui cueillait des fruits tout en haut d'un arbre. J'ai dit : "Faut-il avoir une imagination pour trouver cela, un animal qui a le cou assez long pour aller jusqu'au bout de l'arbre pour manger les fruits !" C'est merveilleux. Et tout est comme cela. Cela nous paraît tout à fait naturel parce que nous avons toujours vécu avec cela, mais il faut avoir vraiment du génie.

Alors, cette personne qui a du génie, et qui a en même temps la force de réaliser tout ce qu'elle imagine, elle n'aime pas beaucoup qu'on  se mêle de ses affaires ! Elle dit : "Êtes-vous capables de faire ce que je fais ?"

Il faut la convaincre que l'on ne veut rien déranger de ce qu'elle fait, mais que l'on veut simplement apporter quelque chose de plus. Pour la convaincre, il n'y a qu'une façon : c'est de le faire. Tant que c'est une 1 aspiration, elle sourit, elle regarde, elle dit : "Voyons, voyons, qu'est-ce  que vous allez faire ?"

Mais quand on l'aura fait, je crois qu'elle dira : "C'est bien".

Alors il n'y a qu'une façon, c'est de le faire.

 

*

**

 

Le 9 septembre 1953

 

"Chaque fois que quelque parcelle de la vérité et de la force divines descend pour se manifester sur la terre, un changement est effectué dans l'atmosphère terrestre. Tous ceux qui sont réceptifs, au contact de cette descente, s'éveillent à une inspiration, à un commencement de vision. S'ils étaient capables de contenir et d'exprimer correctement ce qu'ils ont reçu, ils diraient : "Une grande force est descendue ; je suis en contact avec elle, et ce que j'en comprends, je

There will be a fall again ?

 

That, my child, I have not said. I said nothing, I said: "We shall see".

In reality, I believe it depends somewhat upon each one of us and on our aspiration. If everyone does all that is needed, the maximum of what he can do, there is just the chance of arriving at a stabilised stage where the upward movement will go on without the need to destroy one to begin another.

It is not indispensable, but it has been so till now, and after all, I do not know if Nature does not take great pleasure in it...

It happens we are obliged to take our support on what Nature has done, because it is she who has been at work till now. But at the same time we do not approve of her ways of doing. Therefore, it is that which produces a small inner conflict (in the family, I may say), but that makes things somewhat difficult, because she does not like to be disturbed in her way of being. And yet, if one goes on doing as she wants, then it would always be the same story, disappearing and beginning again, for it is her play. Therefore, one must be able to prevent her from destroying. But if by chance, a good way is found to make her interested, so that she might collaborate, then with her collaboration it would be possible to succeed.

In reality all that is needed is to make her understand that things can be done in another way than hers.

And then since she possesses (as you may see) wonderful ingenuity and a truly fantastic imagination.... You have only to look at the animals or to photograph them. If you look at that and compare the little mouse with the giraffe or the elephant with the cat, all these animals that were in the forefront and all the animals that have still extraordinary and grotesque forms—what an imagination, what a tremendous imagination ! If you had to create all the animals that are on earth, you would have found it rather difficult. Now that you are seeing it, it appears to you quite natural. I saw the other day a picture representing simply a giraffe picking fruits quite at the top of a tree. I said : "One must have an imagination to find that, an animal having a neck long enough to reach the top of a tree so that he may eat the fruit !" It is wonderful. And everything is like that. It appears to us quite natural because we have always lived with it, but one must truly have a genius

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vais vous le dire" Mais la plupart d'entre eux ne peuvent pas s'en tenir à cela, parce que leur mental est petit. Ils deviennent illuminés, possédés pour ainsi dire, et ils s'écrient: "J'ai la divine vérité : je l'ai reçue pleine et entière !"... La conscience divine unique travaille ici dans tous ces êtres, préparant son chemin à travers toutes ces manifestations. En ce jour, elle est à l'oeuvre sur terre plus puissamment qu'elle ne l'a jamais été. Quelques-uns sont touchés par elle, d'une certaine façon et à un certain degré ; mais ce qu'ils reçoivent, ils le déforment, ils en font quelque chose à eux. D'autres sentent le contact mais ne peuvent pas supporter la force et perdent l'esprit sous la poussée. Un petit nombre seulement ont la capacité de recevoir et la force de supporter, et ce sont eux qui deviennent les réceptacles de la pleine connaissance, ses instruments, ses agents choisis."

(Entretiens 1929, pp. 106-107)

 

Comment la Force divine choisit-elle l'instrument dans lequel elle veut se manifester?

 

Par affinité. Parce que la qualité, la nature de la conscience, est visible dans le domaine divin. Ça a une vibration spéciale, une lumière spéciale, et cela peut être perçu. Et alors, quand il y a une affinité (quelquefois seulement une affinité, quelquefois une identité, cela dépend du degré de perfection des êtres), la Force va là. Ceux qui sont encore en cours de formation mais dont le psychique est suffisamment développé, on les voit, on voit leur vibration, on voit l'être qui est là, et d'après cela, on décide quel est le degré de manifestation, la ligne exacte de la manifestation, et quelle est son importance, et dans quelles conditions. Tout cela appartient à la vision intérieure.

 

Mais il se peut que l'instrument ne comprenne pas, parce que l'homme en qui la Force se manifeste, quelquefois perd la tête et ne peut pas contenir la Force ?

 

Cela peut arriver, tout est possible. Mais généralement... Je vous ai dit cela l'autre jour, quand je vous ai parlé de la réincarnation des êtres

So, the person who has genius and who has at the same time the power to realise whatever she imagines, she does not like very much people meddling in her affairs ! She says : "Are you capable of doing what I do ?"

You must convince her that you are not going to upset anything she has been doing, but that one wishes to bring in something more. To convince her there is only one way : to do it; So long as it is an aspiration, she smiles, she looks upon, she says: "Let us see, let us see, what you are going to do."

But when it will have been done, I believe, she will say : "It is all Tight."

So there is only one way, i. e. to do it.

 

*

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September 9, 1953

 

"Each time that something of the Divine Truth and the Divine Force comes down to manifest upon earth, some change is effected in the earths atmosphere. In the descent, those who are receptive are awakened to some inspiration from it, some touch, some beginning of sight. If they were capable of holding and expressing rightly what they receive, they would say, "A great force has come down; I am in contact with it and what I understand of it, I will tell you". But most of them are not capable of that, because they have small minds. They get illumined, possessed, as it were, and cry, "I have the Divine Truth, I possess it whole and entire".... One Divine Consciousness is here working through all these beings, preparing its way through all these manifestations. At this day it is here at work upon earth wore powerfully than it has ever been before. There are some who receive its touch in some way or to some degree; but what they receive they distort, they make their own thing out of it. Others feel the touch but cannot bear the force and lose their head under the pressure. But some have the capacity to receive and the strength to hear, and it is they who will become the vessels of the full knowledge, the chosen instruments and agents"

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psychiques, je vous ai dit que, de leur domaine, ils voient une certaine vibration, une certaine lumière, et ils savent que c'est là qu'ils doivent aller. Mais quand ils tombent, la plupart du temps ils tombent dans une inconscience et ils perdent leurs facultés, au moins pour un moment. Ils finiront par se retrouver. Cela prend du temps pour se retrouver, cela vient à mesure que l'on progresse,par illuminations consécutives.

 

Entre le vital et le mental, lequel fait le progrès le plus rapide, en général ?

 

Cela dépend des gens. Ceux qui ont un vital plus fort, c'est le vital, et ceux qui ont un mental plus fort, c'est le mental. Tu veux dire dans le même être ? Cela dépend absolument de ce qui est le plus actif ou le plus fort. De quelle façon ? Dans chaque être la combinaison est différente, alors on ne peut pas faire une règle générale et dire comment ce doit être, On peut dire que dans certains genres de cas, c'est comme cela, et dans d'autres genres de cas, c'est comme cela.

Mais à vrai dire, je ne crois pas que l'on puisse faire de très grands progrès si les deux ne sont pas d'accord, si l'un tire d'un côté et l'autre tire de l'autre. Ce sera toujours difficile. Et généralement, il vaut mieux que ce soit le mental qui se convertisse en premier, parce que c'est lui qui doit avoir le pouvoir d'organisation sur les autres parties de l'être.

(Mère s'arrête et regarde brusquement parmi les disciples) Il y a quelqu'un qui a envoyé ici, tout de suite, une formation mentale qui... si vous voulez, a pris la forme d'un papier bleu sur lequel il y avait écrit quelque chose. C'est tombé en tournoyant, et c'est tombé sur l'un d'entre vous. Alors je voudrais bien savoir s'il y a quelqu'un qui a reçu tout d'un coup une réponse sensationnelle ? ... Personne ? ... Je ne saisis pas qui c'était d'entre vous, parce que ça a tournoyé ... Tant pis. Mais c'est tombé sur l'un d'entre vous. C'était comme un papier bleu, ça avait pris la forme d'un papier bleu, et il y avait une réponse très intéressante là-dessus. Personne n'a rien reçu ? Il n'y a pas une idée qui soit venue tout d'un coup dans votre tête ? Non ?

(personne ne répond)

How does the divine Force choose the instrument in which it wants to manifest itself?

(Conversations X)

 

Through affinity. Because the quality, the nature of the consciousness is visible in the divine domain. It has a special vibration, a special light and that can be perceived. So, when there is an affinity (sometimes merely an affinity, sometimes an identity, depending on the degree of perfection in the persons), the Force goes there. They who are still in the course of formation but still whose psychic being is sufficiently developed, they are seen, their vibrations are seen, the being that is there is seen and accordingly the degree of manifestation is determined, the exact line of manifestation, the importance of the manifestation, and the conditions of the manifestation. All that is included in the inner vision.

 

But it may happen that the instrument does not understand, for the man in whom the Force is manifested sometimes loses his head and is unable to contain the Force ?

 

That may happen, everything is possible. But generally... I told you the other day, when I spoke of the rebirth of psychic beings, I told you that from their domain they see some vibration, some light and they know that it is there that one must go. But when they drop down, most of the time they drop into unconsciousness and lose their faculties, at least, for the moment. In the end they will, of course, recover them. But it takes time to recover, it comes as one progresses through consecutive illuminations.

 

Between the vital being and the mental, which progresses faster

generally?

 

It depends on people. It is the vital in those who have a stronger vital, and it is the mental in those who have a stronger mental being. You mean in the same person? That depends absolutely on which one is more active and more strong. In what way? In each person the combination is

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Si le vital ne se convertit pas, et si le mental est convaincu ?

 

Eh bien, vous passez la vie à vous disputer avec vous-même ! L'un tire d'un côté, et l'autre essaie d'être un beau mentor, mais on ne l'écoute pas. Et alors on se sent comme cela, tiraillé. On sait ce que l'on devrait faire et on ne le fait pas. On sait ce qu'il ne faut pas faire et on le fait. Et puisque l'on fait des bêtises, on les regrette. Alors, il y a deux choses, on est malheureux pour deux raisons : d'abord pour les bêtises que l'on a faites, et puis pour les regrets qu'on en a. C'est une situation un peu pénible...

 

Est-ce que l'on ne peut pas convertir le vital?

 

Convertir le vital ? Sûrement on peut. C'est une besogne difficile, mais on peut. Si l'on ne pouvait pas, alors il n'y aurait pas d'espoir, Mais généralement le mental ne suffit pas. Parce que j'ai connu une quantité considérable de gens qui voyaient très clair, qui comprenaient très bien, qui étaient tout à fait convaincus mentalement, qui pouvaient même vous décrire et vous dire des choses remarquables, qui pourraient très bien donner d'excellentes leçons aux autres, mais dont le vital faisait les quatre cents coups et n'écoutait pas du tout tout cela. Il disait: "Ça m'est bien égal ce que tu peux raconter, moi, je vais mon propre chemin !"

Il n'y a que si le contact avec le psychique est établi, alors ça, ça peut convertir — n'importe quoi, le pire des criminels — et en un moment. Ce sont de ces illuminations qui vous saisissent et qui vous retournent complètement. Après cela, ça va bien. On peut avoir des petites difficultés d'ajustement, mais enfin ça va bien.

Tandis que le mental est très prédicateur, c'est sa nature : il vous fait des discours, des sermons, comme on en fait dans les églises. Alors le vital généralement s'impatiente et lui répond très peu poliment : "Tu m'embêtes ! C'est très bien pour toi ce que tu dis, mais pour moi, ça ne va pas," Ou bien, au mieux, quand le mental est doué de capacités spécialement remarquables et que le vital est d'une qualité un peu supérieure, il peut dire : "Oh ! comme c'est beau ce que tu me dis (cela arrive quelquefois), mais vois-tu, moi, je ne peux pas le faire ; c'est très beau, mais c'est en dehors de ma capacité."

different, so one cannot make a general rule and say how it must be. One can say that in certain types of cases, it is so, and in certain others it is like this. '

But to tell the truth, I do not believe that much progress can be made if the two do not agree, if one pulls to one side and the other to another. It will be always difficult. And generally it would be better if the mind got converted first, for it is the mind that must have the power to organise the other parts of the being.

(Mother stops and suddenly looks at the disciples) Is there anyone here who has sent just now a mental formation that... has taken, if you like, the shape of a blue paper on which something was written. It dropped down whirling, and it dropped upon one of you. So I would like to know if anyone has received all of a sudden some sensational answer? ... Nobody? ... I could not spot who it was among you, for it was twirling ... So much the worse. But it dropped upon one of you. It was some blue paper, it took the form of a blue paper and there was a very interesting answer upon it. Nobody received anything ? Some idea all of a sudden did not enter your head? No?

(Nobody answers)

 

If the vital is not converted and if the mind is convinced ?

 

Well, you pass your life in disputing with yourself ! One draws you to one side and the other tries to be your good mentor, although he is not heard. So you feel as though pulled from all sides. You know what to do and you do not do it. You know what not to do and you do it. And because you do stupid things you regret. So there are two things: you are unhappy for two reasons : first of all, for the stupid things you have done, and then for the regret that you have. It is a somewhat painful situation....

 

Can't the vital be converted?

 

Convert the vital? Surely one can. It is a difficult task, but it can be done. If it could not be done, then there would be no hope. But generally,

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Mais ce vital est un être curieux. C'est un être de passion, d'enthousiasme, naturellement de désir ; mais par exemple, il est très capable d'être enthousiasmé par quelque chose de beau, d'admirer, de sentir ce qui est plus grand et plus noble que lui. Et si vraiment quelque chose de tout à fait beau se passe dans l'être, s'il y a un mouvement qui ait une valeur exceptionnelle, eh bien, il peut être enthousiasmé et il est capable de se donner avec un dévouement total — avec une générosité que l'on ne trouve pas, par exemple, dans le domaine mental ni dans le domaine physique. Il a cette plénitude dans l'action, qui vient justement de sa capacité de s'enthousiasmer et d'être tout entier sans réserve dans ce qu'il fait. Les héros sont toujours des gens qui ont un vital puissant, et quand le vital s'enthousiasme pour quelque chose, ce n'est pas un être raisonnable mais c'est un guerrier, il est tout entier dans son action, et il peut faire des choses exceptionnelles parce qu'il ne calcule pas, il ne raisonne pas, il ne se dit pas : il faut prendre des précautions, il ne faut pas faire ceci, il ne faut pas faire cela. Il n'est pas prudent, il s'emballe comme on dit, il se donne tout entier. Alors il peut faire des choses magnifiques s'il est dirigé de la bonne manière.

Un vital converti est un instrument tout-puissant. Et il est converti quelquefois par quelque chose d'exceptionnellement beau, moralement ou matériellement. Quand il assiste, par exemple, à une scène d'abnégation totale, de don de soi sans calcul — une de ces choses qui sont excessivement rares mais qui sont splendidement belles —, il peut s'emballer pour cela, il peut être pris de l'ambition de faire la même chose. Ça commence par une ambition, ça finit par une consécration.

Il n'y a qu'une chose dont le vital ait horreur, c'est de la vie terne, monotone, grise, sans goût et sans valeur. En face de cela, il s'endort, il entre dans l'inertie. Il aime les choses extrêmement violentes, c'est vrai ; il peut être extrêmement méchant, extrêmement cruel, extrêmement généreux, extrêmement bon, et extrêmement héroïque. Il sera toujours extrême, et ce peut être d'un côté ou de l'autre suivant, mon dieu, le courant qui passe.

Et ce vital, si vous le mettez dans un mauvais entourage, il imitera le mauvais entourage et il fera les choses mauvaises avec violence et extrémité. Si vous le mettez en présence de quelque chose de merveilleusement beau, généreux, grand, noble, divin, il pourra s'emballer là aussi, oublier

the mind is not sufficient. For, I knew a large number of people who used to see very clearly, understand very well, were mentally thoroughly convinced, could describe to you and ten you extraordinary things, could easily give excellent lessons to others, but their vital must ride its own hobby-horse, and would not listen to all that. It said, "It is all the same for me whatever story you tell, as for myself, I go my own way."

It is only when contact with the psychic has been established that everything can be converted, whatever it is, even the worst criminal, in a moment. These are cases of "illuminations" which seize you and turn you upside down completely. After that all goes well. There may be still I some small adjustments to make, but now things go well.

Whereas the mind is a big preacher, its nature is that, it gives speeches, sermons, as it is done in the church. So the vital generally gets impatient and answers the mind not with much politeness : "You are a nuisance ! what you say is good for you, but for me it is of no use ", or, at the best, when the mind is gifted with especially remarkable capacities and the vital is of a little higher quality, it may say : "Oh ! how beautiful it is what you say (sometimes this happens), but do you see, as for me, I am unable to do it, it is very beautiful, but it is beyond my capacity".

But this vital is a curious creature. It is a being of passion, enthusiasm and naturally of desire; but, for example, it is quite capable of getting enthusiastic over something beautiful, admiring, sensing anything greater and nobler than itself. And if anything truly beautiful occurs in the being, if there is a movement having an exceptional value, well, it may get enthusiastic and be capable of giving itself in complete devotion—with a generosity that is not found, for example, in the mental domain nor in the physical, It has that fullness in action that comes precisely from its capacity to get enthused, throw itself wholly without reserve into what he does. Heroes are always people who have a strong vital, and when the vital is enthused over something, it is no longer a reasonable being, but a warrior, it is wholly in the action and it can perform exceptional things because it  does not calculate, it does not argue, it does not say : one must take precautions, one must not do this, one must not do that, it is not prudent, it flares up, as people say, it gives itself totally. Therefore, it can do magnificent things, if it is guided in the right way.

A vital converted is an all-powerful instrument. And sometimes it

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tout le reste et se donner tout entier. Il se donnera plus totalement que n'importe quelle autre partie de l'être, parce qu'il ne calcule pas. Il va selon ses passions et son enthousiasme. Quand il a des désirs, ses désirs sont violents, arbitraires, et il ne calcule pas du tout le bien ou le mauvais des autres, ça lui est tout à fait égal. Mais quand il se donne à quelque chose de beau, il ne calcule pas non plus, il se donnera tout entier sans savoir si ça lui fera du bien ou si ça lui fera du mal. C'est un instrument très précieux.

Mais c'est comme un cheval pur sang : s'il se laisse guider, alors il gagnera toutes les courses, il arrivera premier partout ; s'il est indompté, il piétinera les gens et il fera des dégâts, et il se cassera lui-même les pattes ou les reins ! C'est comme cela. Le tout est de savoir de quel côté il tournera. Il aime les choses exceptionnelles — exceptionnellement mauvaises ou exceptionnellement bonnes, mais il aime l'exceptionnel. Il n'aime pas la vie ordinaire. Il devient terne, il devient à moitié inerte. Et si on l'enferme dans un coin et qu'on lui dise : "Tiens-toi tranquille", alors il restera là et il deviendra de plus en plus comme quelque chose qui s'effrite et qui finit par devenir comme une momie : il n'y a plus de vie dedans, c'est desséché. Et on n'aura plus la force de faire ce que l'on veut faire. On aura de belles idées, on aura d'excellentes intentions, mais on n'aura pas d'énergie pour exécuter.

Alors, ne vous lamentez pas si vous avez un vital puissant, mais il faut avoir des rênes solides et puis le tenir assez fort. Alors i ça va.

 

La dépression vient du vital ?

 

Oh ! oui. Tout, tous vos embêtements, dépressions, découragements, dégoûts, fureurs, tout, tout cela vient du vital. C'est lui qui change l'amour en haine, c'est lui qui crée l'esprit de vengeance, la rancune, la mauvaise volonté, le besoin de détruire et de nuire. C'est lui qui vous décourage quand les choses sont difficiles ou quand elles ne sont pas suivant son goût. Et il a une capacité extraordinaire de faire grève ! Quand il n'est pas content, il se fourre dans un coin et il ne bouge plus. Et alors vous n'avez plus d'énergie, vous n'avez plus de force, vous n'avez plus de courage. Votre volonté est comme ... comme une plante

gets converted by something exceptionally beautiful, morally or materially. When it witnesses, for example, a scene of total self-abnegation or of uncalculating self-giving—one of those exceedingly rare, but splendidly beautiful—it can be carried off with it, it can be possessed by an ambition for doing the same. The thing begins by ambition, it ends by consecration.

There is one thing which the vital abhors , it is a life dull, monotonous, grey, without taste, without value. Faced with that it goes into sleep, falls into inertia. It likes extremely violent things, it is true; it is liable to be extremely wicked, extremely cruel and extremely generous, extremely good, extremely heroic. It is always in the extreme and can be on one side or the other, yes, as the current flows.

And this vital, if you place it in a bad environment, it will imitate the bad environment and do bad things with violence and to the extreme degree. If you place it in the presence of something wonderfully beautiful, generous, great, noble, divine, it can be carried away with that also, forgetting all the rest, giving itself wholly. It will give itself totally more than any other part of the being, because it does not calculate. It follows its passion and enthusiasm. If it has desires, the desires are violent, arbitrary and it does not calculate whether it is good or bad for others ; for it that matters little. But when it gives itself to something beautiful, there also it does not calculate, it will give itself entirely without knowing whether it will do good or do harm to it. It is a very precious instrument.

It is like a horse of pure breed : if it lends itself to control, then it will win all the races, everywhere it will come first. If it is untamed, it will trample people and cause havoc, break its own legs or waist ! It is so. The one thing to know is to which side it will turn. It loves exceptional things—exceptionally bad or exceptionally good, it loves the exceptional. It does not love the ordinary life. It becomes dull, it becomes half inert. And if it is shut lip in a comer and told: "Keep quiet there", it will remain there and become more and more like something withering away, in the end becoming as though a mummy : there is no more life in it, it is dried up. And one would no more have the strength to do what one wanted to do. One would have fine ideas, excellent intentions, but one would no more have the energy to execute them.

So do not repine if you have a powerful vital, but then you must have strong reins and hold them tight. Then it goes all right.

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qui se fane. Tous les dépits, tous les dégoûts, toutes les fureurs, tous les désespoirs, tous les chagrins, toutes les colères, tout cela vient de ce monsieur-là. Parce que c'est l'énergie en action.

Alors, cela dépend de quel côté elle se tourne. Et je vous dis, il a une très grande habitude de faire grève. Ça, c'est son arme puissante : "Ah ! vous ne faites pas ce que je veux, eh bien, je ne bouge plus, je ferai le mort." Et il le fait pour la moindre chose. Il a très mauvais caractère, il est très susceptible et il est très rancunier — il a très mauvais caractère. Parce que je crois qu'il est très conscient de son pouvoir, et il sent très bien que s'il se donne tout entier, il n'y a rien qui résistera au mouvement de sa force. Et comme tous les gens qui ont un poids dans la balance, eh bien, il fait du marchandage : "Je vous donnerai mon énergie, mais il faudra que vous fassiez ce que je veux. Si vous ne me donnez pas ce que je demande, eh bien, je retire mon énergie." Et vous serez plat comme une galette. Et c'est vrai, ça arrive comme cela.

C'est difficile à régler. Mais naturellement, quand on arrive à dompter ça, on a quelque chose de puissant entre les mains pour réaliser, C'est lui qui peut enlever d'assaut les plus grands obstacles. C'est lui qui est capable de rendre intelligent un idiot — c'est le seul, parce que si l'on se passionne pour faire un progrès, si le vital se met dans la tête que l'on progressera, même le plus idiot peut devenir intelligent ! Je l'ai vu, je n'en parle pas par ouï-dire ; j'ai vu cela, j'ai vu des gens qui étaient ternes, stupides, incapables de comprendre, qui ne comprenaient rien — on pouvait leur expliquer pendant des mois quelque chose, ça n'entrait pas, comme si l'on parlait à un morceau de bois — et puis, tout d'un coup, leur vital a été pris d'une passion ; ils ont voulu simplement plaire à quelqu'un ou réaliser quelque chose, et pour cela il fallait comprendre, il fallait savoir, c'était nécessaire. Eh bien, ils ont mis tout en mouvement, ils ont bousculé ce mental endormi, ils ont mis des énergies dans tous les coins où il n'y en avait pas, et ils ont compris, ils sont devenus intelligents. J'ai connu quelqu'un qui pratiquement ne savait rien, ne comprenait rien, et qui, lorsque le mental s'est mis en mouvement et que cette passion de progrès l'a pris, s'est mis à écrire des choses merveilleuses. Je les ai entre les mains. Et quand le mouvement s'est retiré, quand le vital faisait grève (parce que quelquefois il faisait grève, il se retirait), la personne redevenait absolument stupide.

Does depression come from the vital ?

 

Oh, yes. All trouble, depression, discouragement, disgust, fury, all, all come from the vital. It is that which turns love into hate, it is that which induces the spirit of vengeance, rancour, bad will, the urge to destroy and to harm. It is that which discourages you. when things are difficult and are not to your liking. And it has an extraordinary capacity for going on strike! When it is not satisfied, it sulks in a corner and does not budge. Then you have no more energy, you have no more strength, you have no more courage. Your will is as ... as a plant that is withering. All resentment, disgust, fury, despair, grief, anger all that comes from the gentleman. For it is energy in action.

Therefore, it depends on which side it turns. And I tell you, it has a strong habit of going on strike. That is its most powerful weapon: "Ah! you are not doing what I want, well, I do not move, I play at being dead." And it does the thing for the least reason. It has a very bad character; it is very susceptible and it is very spiteful—yes, it has a very bad character. Because I believe it is very conscious of its power and it feels clearly that if it throws itself in wholly, there is nothing that will resist the momentum of its force. And like all people who have a weight in the balance, the vital also does bargaining : "I will give you my energy, but you must do what I want. If you do not give me what I ask for, well, I withdraw my energy". And you will be flat as a pancake. And it is true, it happens like that.

It is difficult to rule over it. Naturally, however, when you have succeeded in taming it, you have something powerful in hand for realising. It is that which can remove by assault the biggest obstacles. It is that which is capable of turning an idiot into an intelligent person—it alone can do so, if you are full of the passion for progress, if the vital takes it into its head that you shall progress, even the greatest idiot can become intelligent ! I have seen this, I do not speak out of hearsay. I have seen it, I have seen people who were dull, stupid, incapable of understanding, who understood nothing—you could go on explaining to them something for months, it would not enter, as though you were speaking to a block of rod—and then all of a sudden their vital was caught in a passion; they wanted simply to please someone or to secure something, and for that

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N'est-ce pas, il est très difficile d'établir un contact constant entre la conscience physique la plus extérieure et la conscience psychique, et ouf! la conscience physique est de très bonne volonté, elle est très régulière, elle essaie beaucoup, mais elle est lente et lourde, et c'est long, c'est difficile. Elle ne se fatigue pas, mais elle ne fait pas d'effort, elle continue son chemin, tranquillement. Ça peut prendre des siècles pour mettre en contact la conscience extérieure avec le psychique. Mais pour une raison quelconque, voilà que le vital s'en mêle. Il lui prend une passion. Il veut ce contact (pour une raison quelconque, qui n'est pas toujours une raison spirituelle), mais il veut ce contact. Il le veut avec toute son énergie, toute sa force, toute sa passion, tout son enthousiasme : en trois mois l'affaire est faite.

Alors voilà. Prenez bien soin de lui. Traitez-le avec grande considération, mais ne lui obéissez jamais. Parce qu'il vous mènera à toutes sortes d'expériences fâcheuses. Et si vous arrivez d'une façon quelconque à le convaincre, alors vous ferez des pas de géant sur le chemin.

 

 

 

Top

one had to understand, one had to know, it was necessary. Well, they set everything moving, they shook up the sleeping mind, they poured energy into all the corners where there was none; and they understood, they became intelligent. I knew some one who practically knew nothing and who, as the mind started moving and the passion for progress took possession of him, began to write wonderful things. I have them here in my hand. And when the movement withdrew, when the vital went on strike (for sometimes it went on strike), and withdrew, the person became once again as dull as before.

Naturally it is very difficult to establish a constant contact between the most external physical consciousness and the psychic consciousness. Yes, the physical consciousness has considerable good will, it is very regular, it tries a great deal, but it is slow and heavy, it takes long, it is difficult to move it. It does not get tired, but if makes no effort; it goes on its way, quietly. That can take centuries to put the external consciousness in contact with the psychic. But for whatever reason the vital gets mixed up. A passion seizes it. It wants this contact (for some reason, that is not always a spiritual reason), anyhow it wants this contact. It wants with all its energy, all its force, all its passion, all its fervour: in three months the thing is done.

So then, take great care of it. Treat it with great consideration but never submit to it. For it will drag you to all kinds of troublesome and untoward experiments ; and if you succeed in convincing it in some way or other, then you will advance with a giant's strides on the way.

 

THE MOTHER

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Notes sur le Chemin

 

Le 27 décembre 1969

 

On a un peu l'impression d'être englouti dans la matière... En dépit de cette espèce d'apparent engloutissement par les problèmes et le travail pratique, est-ce que quelque yoga ou quelque chose se fait-, même si nous, extérieurement, sommes tellement absorbés que nous n'avons pas l'impression de faire quelque chose?

 

OH! mais maintenant l'être tout entier (le corps a bien compris), mais l'être tout entier sait que tout vient pour vous faire avancer aussi vite que possible, tout : les obstacles, les contradictions, les incompréhensions, les occupations superflues, tout, tout, tout pour faire avancer; c'est pour toucher un point, un autre point, un autre, et vous faire progresser aussi vite que possible. Si l'on ne s'occupe pas de cette matière, comment est-ce qu'elle va changer ?

Et c'est très clair, il est tout à fait évident que toutes les objections, toutes les contradictions viennent seulement d'un mental superficiel qui ne voit que l'apparence des choses. C'est justement pour mettre en garde la conscience contre cela, qu'elle ne soit pas trompée par ces choses, qu'elle puisse voir clairement que c'est tout à fait extérieur, superficiel, et que derrière cela, tout ce qui se fait est comme une marche aussi rapide que possible vers ... la transformation.

 

(long silence)

 

L'intelligence à son degré supérieur comprend très facilement qu'elle ne sait rien, et elle est très facilement dans l'attitude requise pour progresser, mais même ceux qui ont cette intelligence, quand il s'agit de choses matérielles, ils ont instinctivement l'impression que tout cela, c'est connu, c'est su, c'est fondé sur des expériences établies , et alors là, on est vulnérable ; et c'est justement cela que l'on est en train d'apprendre au

Notes on the Way

 

December 27, 1969

 

The feeling is somewhat that of being immersed in matter ...In spite of this kind of apparent absorption in problems and practical work, is any yoga or any thing being done even when we are externally so much absorbed that we have no perception that we are doing anything ?

 

OH !  But now the whole being (the body has understood it quite well), " the whole being knows that everything comes to make you go forward as quickly as possible, everything : obstacles, contradictions, ununderstandings, useless preoccupations, everything, everything, everything to make you go forward, it is for touching one point, then another, then yet another and make you advance as fast as possible. If you are not concerned with this matter, how can it change?

And it is very clear, it is quite evident that all objections, all contradictions come merely from a superficial mind which sees only the appearance of things. It is precisely to put your consciousness on guard against that, so that it might not be duped by such things and might see clearly that it is altogether external, superficial and behind this, all that is being done is moving as fast as possible towards ... transformation.

 

( long silence)

 

Intelligence at its higher degree understands very easily that it knows nothing and it falls quite easily into the attitude required for progress, but even they who have this intelligence, when it is a question of material things, have the instinctive feeling that all that is known, understood and founded on fixed experiences, and there, you become vulnerable; and that is exactly what the body is being made to learn, the uselessness of the present way of seeing and understanding things, based on the good, the bad, the fair, the foul, the luminous, the obscure... all the contradictories;

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corps, c'est l'inanité de cette actuelle façon de voir et de comprendre les choses, basée sur le bon, le mauvais, le bien, le mal, le lumineux, l'obscur ... toutes ces contradictions, et tout le jugement, toute la conception de la vie est basée là-dessus (la vie matérielle), et c'est pour vous apprendre l'inanité de cette perception. Et je vois cela. Le travail est devenu très aigu, très persistant, comme si l'on -voulait aller vite.

Il faut que même la partie pratique qui pensait avoir appris à vivre et savoir ce qu'il faut faire et comment il faut faire, il faut que ça aussi comprenne que ce n'est pas le vrai savoir et que ce n'est pas la vraie manière d'utiliser les choses extérieures.

(silence)

   

Il y a des choses même amusantes ... Cette Conscience qui l'oeuvre, c'est tout le temps comme si elle "taquinait" le corps ; tout le temps elle lui dit : "Tu vois, tu as cette sensation, eh bien, c'est basé sur quoi ? Tu crois savoir, sais-tu vraiment ce qu'il y a derrière ?" et pour toutes les petites choses de la vie de chaque minute. Et alors le corps est comme cela ( Mère ouvre de grands yeux étonnés) à se dire : c'est vrai, je ne sais rien. Mais sa réponse est toujours la même, il dit : "Moi, je ne prétends pas savoir, que le Seigneur fasse ce qu'il veut", il est comme cela. Et alors, il y a cette chose (si l'on pouvait attraper cela d'une façon permanente, ce serait bien) : la non intervention dans le travail du Seigneur (pour le dire d'une façon tout à fait simple).

 

(silence)

 

Il y a une démonstration par le fait, par l'expérience de chaque minute, que quand on fait les choses avec cette espèce de sensation d'une sagesse acquise, ou d'une compréhension acquise, d'une expérience qui a été vécue, etc., à quel point c'est... on peut dire "mensonger" (c'est trompeur en tout cas), et qu'il y a quelque chose d'autre qui est derrière, et qui se sert de cela (comme elle se sert de tout) mais qui n'est pas liée ni du tout dépendante de cette connaissance, ni de ce que nous appelons Inexpérience de la vie", ni de rien de tout cela. Ça a une vision beaucoup plus directe et beaucoup plus profonde, et beaucoup plus "lointaine",

and the whole judgment, the whole conception of life is based upon that (the material life), and it is to teach you the inanity of this perception. And I see it. The work has become very tense, very persistent, as though you were called upon to go quick.

Even the practical part that thought that it had learnt how to live and know what is to be done and how it is to be done, must also understand that it was not the true knowledge nor the true way of using external things.

 

(silence)

 

There are even amusing things.... This Consciousness which is at work all the time it is as though "teasing" the body: all the time it is saying : "You, you have this sensation, well, what is its basis ? You think you know it, do you really know what is there behind it ?" and for all the small things of life, things of every minute. And then the body is like that ( Mother opens her big astonished eyes) and tells itself: it is true, I bow nothing. But its answer is always the same, it says : "I do not claim that I know, let the Lord do whatever He wills", it is like that. And then there is this thing (if that could be caught permanently, it would be good) : Non intervention in the work of the Lord (to say the thing in the simplest way).

 

(silence)

 

It is demonstrated by fact, by the experience of every minute that when a thing is done with this kind of feeling of acquired wisdom or of acquired understanding, of an experience lived through, etc., to what degree is it... one may say, false (misleading, in any case) and that there is me other thing behind which makes use of that (as it does of everything) but is not tied to this knowledge nor dependent upon it nor upon what we call life-experience nor upon anything of that sort. It has a vision much more direct, much more profound, much more distant, that is to say seeing much farther, and is much more wide and much more ahead and no external experience can give it.... It is a modest growth, without any outburst, not making a show of anything : it is a little thing of every

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c'est-à-dire qu'elle voit beaucoup plus loin, beaucoup plus large et en avant, ce que toute expérience extérieure ne donne pas ... Et cela, c'est un développement modeste, sans éclats, qui ne peut pas "faire montre" de quelque chose : c'est une toute petite chose de chaque minute — chaque minute, chaque seconde, chaque chose. Comme si tout le temps, il y avait quelque chose qui vous montrait la façon ordinaire de vivre, de voir et de faire, et puis ... la vraie façon. Les deux comme cela. Pour toutes les choses.

C'est au point que l'attitude vis-à-vis de certaines vibrations vous donne un bien-être total, ou peut vous rendre tout à fait malade ! Et c'est la même vibration. Des choses comme cela, des choses ahurissantes. Et à chaque minute, c'est comme cela — à chaque minute, pour chaque chose.

N'est-ce pas, la conscience ici prend une certaine attitude, et alors elle a toute la joie et l'harmonie ; et la chose reste la même, mais alors ( Mère fait un geste de légère bascule à gauche) un tout petit changement dans l'attitude de la conscience, et ça devient presque insupportable ! Des expériences comme cela, tout le temps, tout le temps ... pour montrer vraiment qu'il n'y a qu'une chose qui ait de l'importance, c'est l'attitude de la conscience : la vieille attitude de l'être individuel ( Mère fait un geste de contraction sur soi), ou ça ( geste d'expansion'). Ce doit être probablement (pour le mettre en mots que nous comprenions), la présence de l'ego et l'abolition de l'ego. C'est cela.

Et alors, comme je l'ai dit, pour toutes les actions les plus ordinaires de la vie, il y a la démonstration que si la présence de l'ego est tolérée (pour vous faire comprendre ce que c'est, sûrement), cela peut mener vraiment à un déséquilibre de santé, et que le seul remède, c'est la disparition de l'ego — et en même temps la disparition de tout le malaise, Pour les choses que nous considérons les plus indifférentes, les plus... Et c'est pour tout, pour tout, pour tout, tout le temps, tout le temps, nuit et jour.

Et alors, ça vient se compliquer de toutes les incompréhensions et tous les mécontentements qui s'expriment ( geste comme un tombereau qui se déverse sur Mère), comme s'ils étaient débridés et qu'ils s'exprimaient, et alors tout cela tombe en même temps pour... pour que l'expérience soit totale et dans tous les domaines.

C'est comme si l'on démontrait pratiquement, à chaque minute,

minute—every minute, every second,' everything. As though all the while there was something that was showing you the ordinary way of living, of seeing and doing, and then... the true way. Both like that. For all things.

To such a degree that the attitude towards certain vibrations brings you complete ease or it can make you completely sick ! And it is the same vibration. Things like that, things bewildering. And every minute, it is like that—every minute, for everything.

Well, the consciousness here takes a certain attitude and it is all delight and harmony : the thing remains the same, but then ( Mother makes a gesture of just a tilt to the left), a slight change in the attitude of the consciousness, and the thing becomes almost unbearable ! Experiences of the kind, all the time, all the time... just to show that there is only one thing that has importance, the attitude of the consciousness : the old attitude of the individual being ( Mother makes a gesture of contraction towards Herself) or that (gesture a/expansion). It must be (to put into words that we understand) the presence of the ego and the abolition of the ego. It is that.

And then, as I have said, for all actions of life even the most ordinary, it is demonstrated that if the presence of the ego is suffered (surely to make you understand what it is), it can really lead to an imbalance of health, the only remedy being the disappearance of the ego—and at the same time the disappearance of all illness. For things that we consider quite indifferent, quite... and it is for everything, for everything, all the while, all the while, night and day.

And then it is complicated by all un-understandings and misunderstandings that come out (gesture as though a cart-load is being poured upon Her), as though they were unfastened and they came out, and all that falls at the same time in order... in order that the experience might be total and in all domains.

It is as though a practical demonstration was being given every minute of the presence of death and of the presence of immortality thus (Mother slightly tilts her hand to the right and to the left) in the smallest things— in all things, the smallest and the biggest and constantly, and constantly you see... whether you are here or you are there (the same gesture of tilting on one side or the other)., every second as if you were called

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la présence de la mort et la présence de l'immortalité, comme cela ( Mère fait légèrement basculer sa main à droite ou à gauche)., dans les moindres choses — dans toutes les choses, les moindres et les plus grandes, et d'une façon constante, et constamment on voit... si l'on est ici ou si l'on est là (même geste de bascule d'un côté ou de l'autre). A chaque seconde, comme si l'on était amené à choisir entre la mort et l'immortalité.

Et ça, je vois, il faut que le corps ait une préparation sérieuse et très complète pour pouvoir tenir le coup de l'expérience sans... sans vibration d'inquiétude ou de recul ou de... qu'il puisse garder sa paix et son sourire constants.

(long silence)

 

Il y a des choses... des choses invraisemblables. Comme si en toute chose, on voulait vous faire vivre la présence des opposés, pour trouver... pour trouver ce qui est quand les opposés se joignent — au lieu de se fuir, quand ils se joignent. Ça produit un résultat, Et cela, dans la vie pratique.

*

**

 

Le 31 janvier 1970

 

Je ne sais pas très bien quelle attitude avoir. Au fonds je pourrais résumer par une question le problème qui me tourmente un peu : est-ce que tout est conduit?

 

Tu sais, mon petit, de plus en plus et d'une façon absolue, je vois — je vois — n'est-ce pas, je vois, je sens : tout est décidé.

 

Tout est décidé.

 

Et chaque chose a une raison d'être, qui nous échappe parce que notre vision n'est pas assez large.

upon to choose—-between death and immortality.

And for that, I see the body must go through a serious and very thorough preparation in order to be able to bear the impact of the experience without... without any vibration of anxiety or recoil or... it must be able to maintain its constant peace and its constant smile.

 

(long silence)

 

There are things... things unlikely.

As though in everything we were required to live the presence of the opposites to find... to find what is there when the opposites join together— instead of running away when they join. That produces a result. And that in the practical life.

 

*

**

 

January 31, 1970

 

I don't know very well what attitude to take. I may however simply put into a question the problem that is troubling me: is it all directed?

 

You know, my child, more and more and in an absolute way, I see — yes, I see, I feel : everything has been decided.

 

Everything decided.

 

And everything has its reason for existence, which eludes us, because our vision is not wide enough.

And you understand, life, existence, indeed the world itself would have no sense if it were otherwise.

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Et tu comprends, la vie, l'existence, enfin le monde, n'aurait aucun sens s'il en était autrement.

 

Oui.

 

C'est... c'est une sorte de conviction absolue. Et je le vois, n'est-ce pas, c'est une chose que je vois.

Comment dire ? ... Je suis en train de la payer, cette conviction! Le corps, dans son transfert d'autorité (ce que j'appelle le transfert), a des moments difficiles, vraiment des moments difficiles, et alors, vu avec la vision ordinaire, cela n'aurait aucun sens parce que les difficultés semblent augmenter avec ce que l'on pourrait appeler la "conversion", mais ... pour la vraie vision, quand on est dans la vraie vision, c'est le restant du Mensonge qui est la cause de tous les désagréments (ce qui est encore mélangé). Et même tout à fait matériellement (moralement, c'est conquis depuis longtemps : avec la disparition des désirs, tous les tourments disparaissent, sont remplacés par un sourire perpétuel, et tout à fait sincère — pas voulu, pas avec un effort — naturel et spontané), mais ce que je veux dire, c'est physiquement, matériellement : malaises et difficultés et tout cela. C'est la même chose. C'est la même chose, seulement... on est moins prêt, n'est-ce pas, la matière est plus lente à se transformer, alors il y a plus de résistance.

Et la seule solution, à chaque minute et dans tous les cas, c'est ( geste d'abandon') : "Ce que Tu veux", c'est-à-dire l'abolition de la préférence et du désir. Même la préférence pour ne pas souffrir.

 

Mais ce que l'on a du mal à comprendre, c'est que cette Conscience... on comprend bien qu'elle dirige tout dans l'immensité et dans l'éternité, mais est-ce qu'elle dirige tout dans le tout petit détail, c'est cela...

 

Dans le microscopique.

 

Dans le microscopique.

Yes.

 

It is ... it is a kind of absolute conviction. I see it. Yes, it is a thing I am seeing.

How to say? ... I am now paying for this conviction! The body, in transferring its authority (what I call transferring) has difficult moments, really difficult moments, and so, seen with the ordinary vision, that would be senseless, because difficulties seem to increase with what might be called "conversion", but... to the true vision, when one is "within" the true vision, it is the remnant of Falsehood that is seen as the cause of all ailing (which is still a mixed thing). And it is so even quite materially (morally this has been conquered long ago: desires disappearing, all troubles disappear, they are replaced by a smile constant and wholly sincere—not made to order or with an effort, but natural and spontaneous), I mean to say physically, materially: illness and trouble and all that. It is the same thing. Only... you are less ready, matter is slower to transform, so there comes more resistance.

And the only solution, at every moment and in all cases, is (gesture of self-giving) : "what thou wiliest, that is to say, the abolition of preference and desire. Even the preference for not suffering.

 

But what is difficult to understand is whether this Consciousness... one understands easily that it governs all in the vast and in the eternal, but whether it governs all in all the small details, it is that...

 

In the microscopic.

 

In the microscopic ...

 

And it is exactly what I was seeing, I understand why. There was the problem, this morning the individual consciousness, even when it is very wide, is not able to realise, that is to say, understand concretely that it is possible to become conscious of all at the same time. For it is not of

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Et c'est justement ce que je voyais, je comprends pourquoi. Le problème était là, ce matin : la conscience individuelle, même très vaste, n'arrive pas à réaliser, c'est-à-dire à comprendre concrètement, la possibilité d'être conscient de tout en même temps. Parce qu'elle n'est pas comme cela. Et alors elle a de la difficulté justement à comprendre que la Conscience est consciente de tout en même temps, dans l'ensemble, dans la totalité, et dans le moindre détail. Ça...

 

Oui, c'est difficile... Mais c'est réconfortant.

 

Ah ! ça vous rend très tranquille, très tranquille ... Et je t'ai dit l'autre jour que le corps avait eu cette expérience de mourir sans mourir, et alors l'expérience a servi au corps à dire : "Bien, c'est bien", accepter sans ... (comment dire ?) sans effort—adhérer. Et alors, c'est fini. Toute la vieille illusion de disparaître avec la dissolution du corps, il y a longtemps qu'elle n'est plus là, n'est-ce pas, et maintenant le corps lui-même est tout à fait convaincu que même s'il était répandu comme cela, ça élargirait son champ de conscience ... Je ne sais pas comment expliquer parce que ce sens du personnel et de la nécessité du personnel pour la conscience, a disparu.

Et je vois bien, le corps se rend bien compte que ce n'est que par sa résistance — sa résistance à la Vérité — qu'il peut souffrir. Partout où il y a une adhésion complète, la souffrance disparaît immédiatement.

 

(silence)
 

Mais c'est la même chose pour les pays et les États : c'est le même changement d'autorité. Au lieu des autorités personnelles, cela va être une autorité divine, et le même changement d'autorité fait l'innommable chaos dans lequel on vit — à cause de la résistance.

 

( long silence)

 

Plus une partie de l'être (quelle qu'elle soit) s'approche du moment de la transition, c'est-à-dire plus elle est prête à cette transition, plus sa

that kind. It has just the difficulty of understanding that the consciousness of all is conscious at the same time, all together, in their totality and in the smallest detail. That...

 

Yes, it is difficult... But it is reassuring.

 

Ah ! that makes you quiet, quiet... I told you the other day that the body has had this experience of dying without dying, and the experience enabled the body to say : "Good, it is well and good, to accept without... (bow to say ?) without an effort—to adhere. And then, it is gone. All the old illusion of disappearance with the dissolution of the body—it is not there since long, and now the body itself is convinced that even if it is so scattered, that would enlarge its field of consciousness ... I do not know how to explain, for the sense of the personal and the necessity of the personal for the consciousness has disappeared.

And I see it very well that the body is quite aware that only because of its resistance—its resistance to Truth—that it can suffer. Wherever there is complete adhesion, suffering disappears immediately.

 

(silence)

 

But it is the same thing for countries and States : it is the same change-over of authority. Instead of personal authorities, there is going to be a divine authority and this very change of authority is creating all the unnameable chaos in which men live now—because of the resistance.

 

( long silence)

 

The more a part of the being (whatever it is) approaches the time for l transition, that is to say, the more it is ready for this transition, the more it grows in its sensitivity. And so, at the time when one is able to go beyond the stage of problems and see with the universal vision the problems acquire for the personal sensitivity a very sharp acuteness. This I had noticed before, now it is reproduced in the case of the body. It gains a sensitivity ...well, frightful. People who do not know why it is so are truly

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sensibilité croît. Et alors, au moment où l'on peut dépasser le stade des problèmes et voir de la vision universelle, les problèmes prennent pour la sensibilité personnelle une acuité tout à fait aiguë. Cela, je l'avais remarqué avant, maintenant, cela se reproduit pour le corps. Il prend une sensibilité ... terrifiante, n'est-ce pas. Les gens qui ne savent pas pourquoi c'est comme cela, sont vraiment terrifiés ... La possibilité du malaise, de ... Et c'est la même chose pour les problèmes. Seulement, pour ceux qui savent et qui ont compris, c'est l'occasion de faire le dernier progrès, de faire comme cela ( Mère ouvre les mains vers le haut).

Au fond, ce qui a encore l'illusion d'être quelque chose de séparé, doit se dissoudre. Ça doit se dire : ça ne me regarde pas, je n'existe pas. C'est la meilleure attitude que ça puisse prendre. Alors ... ça rentre dans le Grand Rythme universel.

 

 

 

Seule l'opinion

du Seigneur Suprême

a de l'importance.

 

Seul le Seigneur Suprême

mérite tout notre amour et

nous le rend au centuple.

 

11-2-1970

—LA MÈRE

frightened ... The possibility of illness, of... And it is the same for problems also. Only, for those who know and have understood, it is the occasion for making the final progress, to do this (Mother opens her hands upward).

In essence, that which still has the illusion of being something separate must dissolve. That must tell itself : It does not concern me, I do not exist. This is the best attitude that one can take. Then it is taken up in the Great Universal Rhythm.

 

THE MOTHER

*

**

 

The opinion

of the Supreme Lord

alone has importance.

 

The Supreme Lord

alone deserves all our love and

He returns it to us a hundredfold.

 

11-2-1970

—THE MOTHER

 

 

 

Top

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Sri Aurobindo—His Life and Work

 

Sri Aurobindo at Pondicherry -VII

 

WE reproduce below long passages from the Reminiscences of Nolini Kanta, as they are extremely valuable, being the only authentic record available about how the Mother lived and worked and moved about in the good old days and what the inmates of Sri Aurobindo's house and others who were connected with them learnt from the Mother's presence and example—a pen-picture with delicate touches, revealing the Mother's greatness in her little acts and movements.

"The first time I heard about the Mother was shortly after our arrival here. It was Sri Aurobindo himself who told us about a French lady, an advanced Sadhika (advanced in Yoga), who was desirous of establishing personal contact with him. Whether the Great Soul she was looking for was Sri Aurobindo would be proved by an emblem she would send for him to assign its significance. The emblem was Sri Aurobindo's own symbol in the form of a diagram, known as Solomon's Seal. Needless to add, after the proof of identity was received by the Mother, she made preparations for coming here. Monsieur Paul Richard was at that time much interested in spiritual thought and practice, and he found an opportunity for coming to India. He wished to stand as a candidate for election as a representative of French India in the French Parliament. In those days there used to be two elected representatives of French India—one in the Upper Chamber, the Sénat, the other in the Lower House, the Chambre des Députés....

"The first time he (Mon. Paul Richard) had come, he was alone. The next time the Mother came with him. To all outward appearances, they came here to canvass support for the election, though M. Richard did not in the end get many votes. But this provided an occasion for the Mother to meet Sri Aurobindo and attach a few faithful friends and followers to herself. In connection with the election, the Mother had to pay a visit to Karikal. It was her first direct experience of the actual India, that is to say, what India was then in its outward aspect. She gave us an amusing description of the room where she had been put up—an old tumble-down

Sri Aurobindo—Sa Vie et son Œuvre

 

Sri Aurobindo à Pondichéry—VII

 

NOUS allons donner de longs passages des Réminiscences de Nolini Kanta; elles ont en effet beaucoup de valeur, car elles représentent le seul témoignage vécu à notre disposition de la manière de vivre, de travailler et d'agir de la Mère dans le bon vieux temps ; elles nous disent aussi ce que sa présence et son exemple enseignaient aux habitants de la maison de Sri Aurobindo et à certaines de leurs relations. C'est un portrait fait de touches délicates qui révèlent la grandeur divine de la Mère jusque dans ses gestes habituels et son comportement courant.

"La première fois que j'ai entendu parler de la Mère, c'était peu de temps après notre arrivée. Sri Aurobindo nous parla lui-même d'une dame française de Paris, une disciple avancée (avancée dans le yoga) qui désirait établir un contact personnel avec lui. Elle aurait la preuve que Sri Aurobindo était bien la grande âme qu'elle cherchait s'il pouvait donner la signification d'un emblème qu'elle lui ferait parvenir. Cet emblème I n'était autre que le propre symbole de Sri Aurobindo, ayant la forme de ce que l'on appelle le Sceau de Salomon. Naturellement, quand la Mère eut la preuve de cette identité elle fit ses préparatifs pour venir ici. Monsieur Paul Richard, à ce moment-là, s'intéressait beaucoup à la pensée et aux pratiques spirituelles ; il trouva l'occasion de venir en Inde en posant sa candidature à l'élection d'un député de l'Inde française au Parlement fiançais. Il y avait alors deux représentants élus de l'Inde française, l'un ai Sénat, l'autre à la Chambre des Députés...

"A son premier voyage il (Monsieur Paul Richard) était seul. C'est à on deuxième que la Mère vint avec lui. Tout paraissait indiquer qu'ils venaient solliciter les suffrages pour son élection, bien qu'en fin de compte Monsieur Richard n'en ait pas recueilli beaucoup. Mais cela donna à la Mère l'occasion de rencontrer Sri Aurobindo et de s'attacher quelques amis et disciples dévoués. Pour les besoins de l'élection la Mère dut faire un voyage à Karikal. C'était son premier contact direct avec la vraie Inde, ou du moins avec son aspect extérieur. Elle nous a donné une description

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room, as dirty as it was dark, and infested with white ants. Thus it was that the Divine Mother, she who is fairer than the fairest and lovelier than infinite beauty, has had to come down and enter into the dirt and muck of human life; how else could we, helpless mortals, have a chance of deliverance ?

"When it was known that such a great lady was going to come and live close to us, we were faced with a problem: What should be our conduct and deportment towards her ? Should there be a change in our way of life? For we had been a pack of devil-may-care chaps, dressing and talking, sleeping and eating and moving about in an unconventional way which would not pass in a civilised society. Nevertheless, it was finally decided that we would stick as far as possible to our free and easy ways even in the new circumstances. Why should we let our freedom and ease be compromised or curtailed? This, indeed, is how the ignorance and egotism of man assert the arrogance of his individuality.

"The Mother arrived. She used to meet Sri Aurobindo in the afternoon sittings. She spoke very little. We were out most of that time, but occasionally we would drop in too. When it was proposed to bring out the journal, Arya, the Mother took charge of the necessary arrangements. She wrote out in her own hand the list of subscribers and kept the accounts. Perhaps those papers might still be found somewhere.... The ground floor of the Dupleix House was used as the stock room and the office was on the ground floor of the Guest House. The Mother was the chief executive in sole charge. Once a week all of us used to call at her residence with Sri Aurobindo and have our dinner there. On these occasions the Mother would cook one or two dishes with her own hands. Afterwards, too, when she came from France and settled here for good and all, the same arrangement continued at the Bayoud House.... About this time, she also formed a small group with a few young men... 1 A third line of her work, connected with business and trade, also began at about this time. Just as we have today among us men of business who are devotees of the Mother and work under her protection and guidance, so in that period also there appeared, as if in seed-state, this particular line of activity. Our Sourin founded the Aryan Stores, the chief object of which was to earn money.

 

1 We have spoken of it in the previous section.

amusante de la chambre où elle avait été logée : une vieille pièce délabrée, aussi sale que sombre et infestée de termites. C'est ainsi que la Mère Divine, belle parmi les belles et plus aimables que la beauté infinie, dut  s'abaisser et pénétrer dans la saleté et la fange de la vie humaine. Comment aurions-nous pu, infortunés mortels, avoir autrement quelque chance  de libération ?

 "Quand on apprit qu'une aussi grande dame allait venir vivre auprès de nous, nous eûmes un problème à résoudre : comment devrions-nous nous conduire et nous comporter vis-à-vis d'elle ? Devrions-nous changer notre manière de vivre ? Nous étions, à vrai dire, un tas de têtes brûlées, vêtus, causant, dormant, mangeant et vaquant à nos occupations d'une manière originale, inadmissible dans une société civilisée. Il fût décidé finalement que nous conserverions autant que possible nos habitudes libres et aisées même dans les nouvelles circonstances. Pourquoi laisserions-nous compromettre ou restreindre notre liberté et nos aises ? C'est ainsi que l'ignorance et l'égotisme de l'homme affirment son individualité avec arrogance.

"La Mère arriva. Elle voyait habituellement Sri Aurobindo pendant les audiences de l'après-midi. Elle parlait très peu. Le plus souvent nous  étions sortis mais parfois nous faisions aussi une apparition. Quand il fût ; question de faire paraître la revue Arya, la Mère se chargea de prendre les dispositions nécessaires. Elle tenait de sa main la liste des abonnés et faisait les comptes. On pourrait peut-être retrouver ces papiers quelque part... Le rez-de-chaussée de la maison Dupleix servait de magasin et les bureaux étaient au rez-de-chaussée de la maison des Hôtes La Mère était la directrice et tout lui était confié. Une fois par semaine nous lui rendions visite chez elle avec Sri Aurobindo et y prenions notre dîner. A cette occasion la Mère avait l'habitude de cuisiner elle-même un ou deux plats. Plus tard aussi, quand elle vint s'installer ici définitivement, les mêmes dispositions étaient prises à la maison Bayoud... C'est vers la même époque qu'elle fonda un petit groupe avec des hommes jeunes1... Son travail a présenté à peu près en même temps un troisième aspect en rapport avec le commerce et les affaires. Evactement comme nous avons à présent parmi nous des hommes d'affaires qui sont dévoués à la

 

1Nous en avons parlé dans le chapitre précédent.

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We were very hard up in those days — not that we are flush with money now, but still.... The Mother, even after her leaving here, corresponded with Sourin from Japan in connection with these business matters.

"Once for some time the Mother took keen interest in cats as a part of her work. Not only was she concerned with human beings, the animal creation and the world of plants, too,-were equally fortunate in coming into close touch with her living presence. The Veda speaks of the animal sacrifice; the Mother has also done animal sacrifice, but in a novel sense, by helping them forward on their upward way with a touch of her consciousness. She took a few cats as representatives of the animal world. She said that the king of the cats who rule in the occult world — one might call him the Supercat — had established a sort of amicable relation with her. How this feline brood appeared first in our midst is rather curious. One day all of a sudden a wild-looking cat made its appearance at the Guest House where we lived then; it just happened to come along and stayed on. It was wild enough when it came, but soon turned into a tame cat, very mild and polite. When it had its kittens, Sri Aurobindo gave to the firstborn the name of Sundari, for she was very fair with a pure white fur. One of Sundari's kittens was called Bushy for she had a bushy tail and her ancestress had now to be given the name of Grandmother. It was about this Bushy that the story runs: she used to pick up with her teeth all her kittens one after another and drop them at the Mother's feet as soon as they were old enough to use their eyes — as if she offered them to the Mother and craved her blessings. So you see how much progress this cat had made on the path of Yoga. Two of these kittens of Bushy were well-known by their names and became great favourites with the Mother : the older one was Big Boy and the younger Kiki. It is said about one of them — I forget which, perhaps it was Kiki — that he used to join in the collective meditation and meditated like any of us. He perhaps had visions during meditation and his body would shake and tremble while the eyes remained closed. But in spite of this sadhana, he remained in his outward conduct like many of us, rather crude in many respects. The two brothers, Big Boy and Kiki, could never get on well together and had always to be kept apart. Big Boy was a stout fellow and poor Kiki often got a good beating. Finally, both of them died of some illness and were buried in the courtyard. Their grandmother disappeared one day as suddenly as she

Mère et travaillent sous sa protection en suivant ses conseils, nous avons alors vu apparaître pour ainsi dire la semence de cette sorte d'activité. Notre homme Sourin ouvrit les Aryan Stores dont le but principal était de gagner de l'argent. En ce temps-là nous étions très gênés, non que nous nagions maintenant dans l'opulence, mais tout est relatif... Même après nous avoir quittés, la Mère a continué, du Japon, sa correspondance avec Sourin au sujet de ces questions d'affaires.

"Pendant un certain temps la Mère manifesta, dans le cadre de son travail, un vif intérêt pour les chats. Elle ne s'occupait pas seulement des êtres humains, les animaux et le règne végétal avaient également la chance de venir en contact étroit avec sa présence vivante. Le Véda parle de sacrifices d'animaux; la Mère a aussi fait des offrandes d'animaux, mais dans un sens nouveau, en leur apportant un peu de sa conscience pour les aider dans leur ascension. Elle prit quelques chats comme représentants du règne animal. Elle disait que le roi des chats, qui régnait dans le monde occulte (on pourrait l'appeler le Surchat), entretenait des rapports en quelque sorte amicaux avec elle. Cette gent féline apparut au milieu de nous d'une manière assez curieuse. Un jour, une chatte d'aspect sauvage fit tout à coup son apparition à la maison des Hôtes où nous vivions alors ; elle était arrivée comme ça et resta avec nous. Assez sauvage en arrivant, elle s'apprivoisa très vite et devint douce et polie. Quand elle eut ses petits, Sri Aurobindo donna à la premier-née le nom de Soundarî car elle était très jolie, avec une fourrure toute blanche. Un des petits de Soundarî s'appelait Bushy, car elle avait une queue touffue1, et l'ancêtre dut recevoir le nom de Grand-mère. L'histoire se rapporte à Bushy. Elle avait l'habitude de prendre ses petits dans sa gueule dès qu'ils pouvaient ouvrir les yeux, et de les déposer un par un aux pieds de la Mère, comme si elle les offrait à la Mère et implorait ses bénédictions. Vous voyez combien cette chatte avait progressé sur le chemin du yoga! Deux de ces petits, que nous connaissions bien par leurs noms, étaient les grands favoris de la Mère; l'aîné s'appelait Big Boy et le plus jeune Kiki. On raconte de l'un d'eux (je ne me rappelle pas lequel, peut-être Kiki) qu'il avait l'habitude de participer à la méditation collective et méditait comme n'importe lequel d'entre nous. Il avait peut-être des visions pendant la méditation, car son corps se mettait

 

1 Bushy veut dire touffue. (N.d.T.)

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had come and nobody knew anything about her again.

"The way in which these cats were treated was something extraordinary. The arrangements made for their food were quite a ceremony; it was for them alone that special cooking was done, with milk and fish and the appropriate dressings, as if they were children of some royal family, — all was according to rule. They  received an equally good training : they would never commit nuisance within doors, for they had been taught to use the conveniences provided for them. They were nothing like the gipsy-bedouin cats of our Ardhendu.

"In the days before the Mother came, we used to have a pet dog. Its story is much the same. All of a sudden one day there appeared from nowhere in our former residence a common street dog — it was a bitch; she too just came in and stayed on. Sri Aurobindo gave her the name of Yogini. He told us a story about her intelligence. It was already nightfall, and we did not know that she had not yet returned. She came to the front door, pushed against it and did some barking, but we heard nothing, as we were in the kitchen next to the backyard. Suddenly she recalled there was a door at the back through which she might perhaps gain entrance or at least draw our attention. She now ran around three corners of the house and appeared at the back door. From there she could make herself heard and was admitted. She too bore some puppies and two of them became particular favourites with Sri Aurobindo. I cannot now recall how they were called.

"You all know about the deep oneness and intimate relation the Mother has with plants, so I leave out that subject today. As with the world of animals and men, so with the beings of the occult worlds — from the little elves and fairies to the high and mighty gods, all have had their contacts with the Mother, all have shared in her Grace as you may have heard, but the Grace meant at times smacks too !

"Today I leave out the Mother's role as our Guide on the path of sadhana or yogic discipline. Let me speak in a very general way of an aspect of her teaching that concerns the first principles of the art of living.

"The core of this lies in elevating our life to a cleaner level, and the first and most important need is to put each thing in its place. The training that the Mother has throughout been giving us — I am not here referring to the side of spiritual practice but to the daily routine of our ordinary  

à trembler et à se secouer tandis que ses yeux restaient fermés. Mais, malgré cette sâdhanâ, il restait à maints égards, comme beaucoup d'entre nous, assez fruste dans sa conduite extérieure. Les deux frères, Big Boy et Kiki, ne s'entendaient pas et devaient toujours être tenus séparés. Big Boy était un solide gaillard et le pauvre Kiki était souvent rossé. Tous deux moururent finalement de quelque maladie et furent enterrés dans la cour. Leur grand-mère disparut un jour aussi soudainement qu'elle était venue et personne n'en entendit plus parler.

"Le traitement accordé à ces chats était quelque chose d'extraordinaire. Les dispositions prises pour leur nourriture étaient un vrai cérémonial, une cuisine spéciale était faite pour eux avec du lait, du poisson et l'assaisonnement approprié, comme s'ils étaient les enfants de quelque famille royale, tout était fait suivant les règles. Ils étaient également bien dressés, ils ne faisaient jamais leurs besoins à l'intérieur car on les avait dressés à utiliser les commodités prévues pour eux. Il ne ressemblaient pas du tout aux chats romanichels de notre Ardhendu.

"Avant l'arrivée de la Mère nous avions un chien favori. Son histoire est à peu près la même. Un chien errant apparut soudain dans notre résidence précédente, comme sorti du néant. C'était une chienne qui, elle aussi, arriva et demeura. Sri Aurobindo lui donna le nom de Yoguinî. Il nous raconta l'histoire suivante, illustrant son intelligence. La nuit était tombée et nous ne savions pas qu'elle n'était pas rentrée. Arrivant à la porte de devant, elle la poussa et aboya, mais nous n'entendions rien parce que nous étions dans la cuisine, près de la cour de derrière. Tout-à-coup elle se souvint de la porte de derrière par où elle pourrait peut-être entrer ou, tout au moins, attirer notre attention. Faisant le tour de la maison elle apparut à la porte de derrière. De là elle put se faire entendre et on la fit entrer. Elle eut des petits, elle aussi, et deux d'entre eux gagnèrent la faveur de Sri Aurobindo. Je ne peux pas, maintenant, me souvenir de leurs noms.

"Vous êtes tous au courant de la profonde unicité et de la relation intime de la Mère avec les plantes, et je laisserai ce sujet de côté aujourd'hui. Il en est des êtres du monde occulte comme des animaux et des hommes ; tous, depuis les petits elfs et les fées, jusqu'aux dieux grands et puissants, ont eu des contacts avec la Mère; tous ont éprouvé sa grâce, vous avez pu en entendre parler, mais parfois la Grâce donnait des gifles.

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life — is precisely this business of putting our things in order. We do not always notice how very disorderly we are; our belongings and household effects are in a mess, our actions are haphazard, and in our inner life we are as disorderly as in our outer life, or even more. Indeed, it is because we are so disorderly within that there is such disorder in our outer life. Our thoughts come to us pell-mell and our brains are crowded with stray bits of random thoughts. We cannot sit down quietly for a few minutes and pursue a particular line of thought with any kind of steadiness or order. Our heads are full of noise like a market-place without any peace or restraint or harmony. If the mind is in such a state, the vital being ( prāna) is still worse. You cannot keep count of the strange desires and impulses that play about there. If the brain is a market-place, the heart is no better than a mad-house. Well, I shall not now enlarge further on the state of our inner being. One of the things the Mother has been trying to teach us both by her word and her example is that to keep our outer life and its materials in proper order and neat and tidy is a very necessary element of our life upon earth. I do not know to what extent we have yet been able to assimilate this teaching in our individual or collective living. How many of us have realised that beauty is at least half the sense of life and serves to double its values? And even if we do sometimes realise it, how many are impelled to shape our lives accordingly ?

"The Mother taught us to use our things with care, but there was more to it than this. What is special about the Mother is that she uses things not merely with care but with love and affection. For, to her, material things are not inanimate objects, not mere lifeless implements. They are endowed with a life of their own, even a consciousness of their own, and each thing has its own individuality and character. The Mother says about material things what the ancients have said about the life of plants, that they have in them a latent consciousness that feels pleasure and pain, antah-sañjñāh bhavanti ete sukha-duhkha-samanvitāh. We are all aware how carefully the Mother treasures old things and does not like them to be thrown away simply because they are old. The reason for this is not niggardliness or a spirit of conservation; the reason is that old things are to her like old friends, living companions.

"The Mother did not appear to us,—the older people,—as the Mother at the outset; she came to us first perhaps as an embodiment of beauty,

"Je laisserai de côté aussi le rôle de guide dans la voie de la sâdhanâ et de la discipline yoguique que la Mère assume pour nous. Parlons, d'une manière très générale d'un aspect de son enseignement qui touche aux premiers principes de l'art de la vie.

"L'essentiel est d'élever notre vie jusqu'à un niveau plus propre et le premier besoin, le plus important, est de mettre chaque chose à sa place. Sans parler des pratiques spirituelles, mais simplement de la routine de la vie quotidienne, c'est constamment que la Mère nous a habitués à mettre nos affaires en ordre. Nous ne nous apercevons pas toujours à quel point nous sommes désordonnés, nos effets personnels et de ménage sont un fouillis, nous menons nos actions au hasard et, dans notre vie intérieure, nous sommes aussi désordonnés sinon pires que dans notre vie extérieure. En vérité, c'est parce que nous sommes tellement désordonnés intérieurement, qu'il y a autant de désordre dans notre vie extérieure. Nos pensées nous viennent pêle-mêle et notre cerveau est encombré de morceaux épars de pensées venues au hasard. Nous sommes incapables de nous tenir tranquilles pendant quelques instants pour suivre une idée avec un peu d'ordre et de persévérance. Nos têtes sont des places publiques pleines de bruit, sans paix, ni retenue, ni harmonie. Si le cerveau est dans un tel état, l'être vital (prâna) est pire encore. Il est impossible de dénombrer les désirs étranges et les impulsions bizarres qui s'y amusent. Si le cerveau est une place publique, le cœur n'est pas mieux qu'une maison de fous. Eh bien ! je n'en dirai pas plus sur l'état de notre être intérieur. L'une des choses que la Mère s'est efforcée de nous enseigner à la fois par ses paroles et par son exemple, c'est qu'un élément très nécessaire de notre vie sur terre est de tenir convenablement en ordre notre vie extérieur et ses accessoires et de les maintenir propres. Je ne sais pas dans quelle mesure nous avons pu assimiler cet enseignement dans notre vie soit individuelle, soit collective. Combien d'entre nous ont compris que la beauté fait au moins la moitié du sens de la vie et sert à en doubler la valeur ? Et même si nous le comprenons parfois, combien d'entre nous sont-ils poussés à modeler leurs vies en conséquence ?

"La Mère nous a enseigné à prendre soin de nos affaires, mais il y a plus dans cet enseignement que ce qu'il paraît. Ce que la Mère a de spécial, c'est qu'elle utilise les choses, non seulement avec soin mais avec affection et amour. Pour elle, en effet, les choses matérielles' ne sont pas

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grace and harmony. We received her as a friend, as one very close to ourselves, first, because Sri Aurobindo himself received her like that, and secondly because of her qualities. Now that we are on this subject of her qualities, although it is not necessary for a child to proclaim the virtues of his mother, I cannot help telling you about another thing we learnt from her, something deeper. The first time Sri Aurobindo happened to speak of her qualities, he said he had never seen anywhere a self-surrender so absolute and unreserved. He had also commented that perhaps it was only women who were capable of giving themselves so entirely and with such sovereign ease. This implies a complete obliteration of the past, erasing it with its virtues and faults. Referring to it in one of her Prayers and Meditations, the Mother has said that when she came here, she gave herself up to the Lord, Sri Aurobindo, with the candid simplicity of a child, blotting out all her past, all her spiritual attainments, all the riches of her consciousness. Like a new-born babe, she stripped herself of everything; she was to learn everything right from the beginning as if she had known or heard nothing.

"Now to come back to a personal experience. The first thing I had heard and come to know about the Mother was that she was a great spiritual person. I did not know then that she had other gifts too; these were revealed to me gradually. First I came to know that she was an accomplished painter, and afterwards that she was an equally gifted musician. But there were other surprises in store. For instance, she had an intellectual side no less richly endowed, that is to say, she had read and studied enormously, had cultivated her intellect even as the erudite do. I was still more surprised to find that while in France she had already studied and translated a good number of Indian scriptures like the Gita, the Upanishads, the Yoga-sutras, the Bhakti-sutras of Narada, etc. I mention all this merely to tell you that the Mother's capacity for making her mind a complete blank was as extraordinary as her enormous intellectual acquisitions. This was something unique in her. In the early days, when she had just taken charge of our spiritual life, she told me one day in private, perhaps seeing that I might have got a pride in being an intellectual, that at one time she used to take an interest in philosophy and other intellectual pursuits. But although all that had now gone below the surface, she could bring it up again at will. So, I need not have any apprehension on that

des objets inanimés, pas de simples ustensiles sans vie. Ils sont doués d'une vie qui leur est propre, et même d'une conscience qui leur est propre ; chaque chose a sa propre individualité et son caractère propre. La Mère parle des choses matérielles comme les anciens parlaient de la vie des plantes, qu'il y a en elles une conscience latente et qu'elles ressentent du plaisir et de la peine, antah-sanjnâh bhavanti été soukha-douhkha-samanvitâh. Nous savons tous de quel soin la Mère entoure les vieilles choses et n'aime pas qu'elles soient jetées simplement parce qu'elles sont vieilles. La raison n'en est pas de la mesquinerie, ni l'esprit de conservation; c'est que les vieilles choses sont, pour elle, de vieux amis, des compagnons vivants.

"Au début la Mère ne nous apparaissait pas, à nous les vieux, comme la Mère ; elle est venue à nous, d'abord, comme, peut-être, une incarnation de beauté, de grâce et d'harmonie. Nous la recevions comme une amie, comme quelqu'un de très proche de nous, en premier lieu parce que Sri Aurobindo lui-même l'accueillait ainsi, et ensuite à cause de ses qualités. Puisqu'il est question de ses qualités, et bien qu'un enfant n'ait pas à proclamer les vertus de sa mère, je ne puis m'empêcher de vous parler d'une autre chose que nous avons apprise d'elle, quelque chose de plus profond. La première fois que Sri Aurobindo vint à parler de ses qualités, il dit qu'il n'avait jamais, où que ce soit, vu un don de soi aussi absolu et sans réserve. Il dit aussi que les femmes étaient peut-être seules capables de se donner aussi complètement et avec autant de souveraine aisance. Ceci implique un effacement complet du passé, qui fasse disparaître les vertus comme les défauts. En s'y référant dans l'une de ses Prières et méditations la Mère a dit que, lorsqu'elle est arrivée ici, elle s'est donnée au Seigneur Sri Aurobindo avec la simplicité candide d'un enfant, effaçant tout son passé, toutes ses réalisations spirituelles, toutes les richesses de sa conscience. Comme un enfant nouveau-né, elle s'est dépouillée de tout, elle devait tout apprendre du commencement, comme si elle n'avait rien su et rien entendu.

"Revenons maintenant à une expérience personnelle. La première chose qui m'avait été dite, et que j'avais connue, de la Mère, c'est qu'elle était un grand personnage spirituel. J'ignorais alors ses autres dons qui me furent révélés peu à peu. D'abord j'appris qu'elle était un peintre accompli, et plus tard qu'elle était une musicienne également douée.

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score ! It was as if the Mother was trying to apologise for her deficiencies in scholarship. This was how she set an example of humility, what we call Divine Humility.

"As I was saying, this capacity for an entire annulment of the past has been one of the special powers of her spiritual consciousness and sadhana. It is not an easy thing for a human being to strip himself naked of all his past acquisitions, whether they are intellectual knowledge or the traits and tendencies of the vital, let alone the habits of the body. And yet this is the first and most important step in spiritual discipline, and the Mother has given us a living example of this. That is why she decided to shed all her past, forget all about it and begin anew the a-b-c of her training and initiation from Sri Aurobindo. And it was in fact at the hands of Sri Aurobindo that she received as a token and outward symbol her first lessons in Bengali and Sanskrit, beginning with the alphabet.

"However all this is simply an attempt on the part of the small to comprehend something of the Vast; it is as if a particle of sand was trying to reflect a little of the sun's rays, a dwarf trying to catch at the high treetop with his uplifted arms, a child prattling of his mother's beauty.

"In the beginning, Sri Aurobindo would refer to the Mother quite distinctly as Mira. Afterwards for some time (this may have extended over a period of years) we could notice that he stopped at the sound of M and uttered the full name Mira as if after a slight hesitation. To us it seemed rather enigmatic at the time, but later we came to know the reason. Sri Aurobindo's lips were on the verge of saying 'Mother', but we were not ready for it, so he ended with "Mira" instead of saying 'Mother'. No one knows for certain on which particular date, at what auspicious moment, the word 'Mother' was uttered by the lips of Sri Aurobindo. But that was a divine moment in unrecorded history, a crucial moment in the destiny of j man and earth; for it was at this supreme moment that the Mother was j installed in the external consciousness of man on this material earth.

"Let me now end this story with a last word about myself.

"I have said that so far the Mother had been to us only a friend and companion, a comrade almost, at the most an object of reverence. I was now about to start on my annual trip to Bengal — in those days I used to go there once every year, and that was perhaps my last trip. Before leaving, I felt a desire to see the Mother. The Mother had not yet come out of her

Mais d'autres surprises m'attendaient encore. Du côté intellectuel, par exemple, elle n'était pas moins abondamment douée, je veux dire qu'elle avait énormément lu et étudié, qu'elle avait cultivé son intelligence comme le font les érudits. Et pour comble, j'ai su qu'elle avait déjà traduit en France un bon nombre de textes sacrés indiens comme la Gita, les Oupanishad, le Yoga-soûtra, le Bhakti-soûtra '.de Nârada, etc. Je mentionne cela simplement pour vous dire que l'aptitude de la Mère à vider complètement son cerveau était aussi extraordinaire que son énorme acquit intellectuel. Cela, chez elle, est quelque chose d'unique. Dans les premiers jours, quand elle venait de prendre en charge notre vie spirituelle, elle me dit une fois en confidence, peut-être parce qu'elle voyait que je pouvais avoir un certain orgueil d'être un intellectuel, qu'elle s'était, pendant un temps, intéressée à la philosophie et à d'autres recherches intellectuelles. Tout cela était maintenant enterré mais elle pouvait le faire sortir à volonté. Je n'avais donc pas de crainte à avoir à cet égard ! C'était comme si la Mère essayait de s'excuser des déficiences de son savoir. C'est ainsi qu'elle nous donna un exemple d'humilité, ce que nous appellerons une humilité divine.

' Comme je le disais, cette aptitude à annuler entièrement le passé a été l'un des pouvoirs spéciaux de sa conscience spirituelle et de sa sâdhanâ. Il n'est pas facile, pour un être humain, de se dépouiller entièrement de toutes ses acquisitions passées, que ce soient connaissances intellectuelles, traits de caractère ou tendances du vital, sans même parler des habitudes du corps. Et, cependant, c'est le premier pas, le plus important, dans la discipline spirituelle, la Mère nous en a donné un exemple vivant. C'est pourquoi elle a décidé de se défaire de tout son passé, de l'oublier totalement et de recommencer par le début son éducation et son initiation auprès de Sri Aurobindo. C'est en fait Sri Aurobindo p lui donna, à titre de gage et de symbole, ses premières leçons de bengali et de sanscrit, en commençant par l'alphabet.

"Tout ceci n'est toutefois qu'un essai de la part du petit de comprendre quelque chose de l'Immense, c'est comme si un grain de sable s'efforçait de refléter quelques-uns des rayons du soleil, comme si un m, les bras levés, essayait d'atteindre les hautes branches d'un arbre, comme si un enfant babillait sur la beauté de sa mère.

Au début, en parlant de la Mère, Sri Aurobindo l'appelait tout à

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seclusion nor had Sri Aurobindo retired. I said to Sri Aurobindo 'I would like to see Her before I go'. — Her with a capital H, in place of the Mother, for we had not yet started using that epithet. Sri Aurobindo informed the Mother. The room now used by Champaklal was the Mother's room in those days. I entered and waited in the Prosperity room, for Sri Aurobindo used to meet people on the veranda in front. The Mother came in from her room and stood near the door. I approached her and said, 'I am going', and then bowed down to her. That was my first Pranam to the Mother. She said, 'Come back soon'. This 'come back soon' meant in the end, 'come back for good'."

Sri Aurobindo corrected the proofs of the Arya and saw to it that the printed copies were despatched to the subscribers regularly on the i5th of every month. Sometimes he would make drafts of his articles and type them, but mostly he would type them off without any drafts. Sometimes he would be typing away late into the night so that the matter could be sent to the press the next morning. Sourin was in charge of the Arya office and Moni was managing the household and the kitchen.

At about this time Sri Aurobindo translated C. R. Das's Bengali poem. Sugar Sangeet (songs of the sea) into English. It is a beautiful poem the last stanza of which we quote below :

 

"This shore and that shore,—I am tired, they pall.

Where thou art shoreless, take me from it all.

My spirit goes floating and can find oppressed

In thy unbanked immensity only rest.

Thick darkness falls upon my outer part,

A lonely stillness grips the labouring heart,

Dumb weeping with no tears to ease the eyes.

I am mad for thee, O king of mysteries.

Have I not sought thee on a million streams,

And wheresoever the voice of music dreams,

In wonderous lights and sealing shadows caught,

And every night and every day have sought ?

Pilot eternal, friend unknown embraced,

O, take me to thy shoreless self at last."

 

(To be continued)

fait clairement Mira. Plus tard, pendant quelque temps, et ce quelque temps peut avoir été quelques années, nous pouvions observer qu'il s'arrêtait sur le son M et ne prononçait le nom de Mira qu'après une légère hésitation. A l'époque, cela nous semblait assez énigmatique, mais nous en avons trouvé la raison plus tard. Les lèvres de Sri Aurobindo étaient sur le point de dire : "Mère", mais, nous n'y étions pas prêts, aussi il terminait en disant "Mira" au lieu de "Mère". Personne ne connaît avec certitude à quelle date précise, à quel moment propice, le mot "Mère" a été prononcé par les lèvres de Sri Aurobindo. Mais ce fut un instant divin de l'histoire non écrite, un instant crucial de la destinée de l'homme et de la terre. C'est à cet instant suprême que la Mère a été installée dans la conscience extérieure de l'homme sur cette terre matérielle.

"Terminons maintenant cette histoire par un dernier mot sur moi. "

"J'ai dit que, jusqu'au moment dont je parle, la Mère n'a été pour nous qu'une amie, une disciple comme nous et, tout au plus, un objet de révérence. J'étais alors sur le point de partir pour mon voyage annuel au Bengale, dans ce temps-là j'avais l'habitude d'y aller une fois chaque année, et c'était peut-être mon dernier voyage. Avant de partir je ressentis un  désir de voir la Mère. La Mère n'était pas encore sortie de sa retraite, et Sri Aurobindo n'y était pas encore entré. Je dis à Sri Aurobindo : "Je voudrais La voir avant de partir." La avec L majuscule au lieu de la Mère car nous n'avions pas encore commencé à la qualifier ainsi. Sri Aurobindo prévint la Mère. En ce temps-là la chambre de la Mère était celle que Champaklal utilise maintenant. J'entrai et attendis dans le hall de Prospérité, car Sri Aurobindo recevait habituellement les gens sur la véranda  qui est devant. Venant de sa chambre, la Mère entra et resta debout près de la porte. Je m'approchai d'elle et dis : "Je m'en vais", et m'inclinai devant elle. C'était mon premier pranâm à la Mère. Elle répondit : "Revenez bientôt." Ce "revenez bientôt" s'est montré signifier à la fin : revenez pour de bon."

Sri Aurobindo corrigeait les épreuves de l'Arya et s'assurait que la revue était régulièrement envoyée aux abonnés le 15 de chaque mois. Il faisait parfois des brouillons de ses articles et les tapait ensuite mais, le plus souvent, il les tapait directement sans aucun brouillon. Quelquefois il tapait fort tard dans la nuit pour que la copie puisse être envoyée à l'imprimerie dès le matin. Sourin avait la responsabilité du bureau de l'Arya

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et Moni dirigeait les domestiques et la cuisine.

C'est à cette époque que Sri Aurobindo a traduit le poème bengali de C. R. Das : Sâgar Sanguîte (Chants de la mer). Nous allons donner la traduction en français de la dernière strophe :

 

"Entre ces deux rivages je me sens à bout de forces

Emporte-moi loin de tout cela, là où tu es sans rivage.

Mon esprit, emporté par le flot, oppressé, ne trouve

Que dans ton immensité sans bornes le repos.

Une obscurité épaisse s'abat autour de moi,

Une immobilité silencieuse étreint mon cœur palpitant,

Qui pleure, sans larmes pour soulager les yeux.

Je suis fou de toi, ô roi des mystères.

Ne t'ai-je pas cherché en d'innombrables lieux,

Partout où la voix de ta musique résonne ?

Pris dans des lumières merveilleuses et des ombres étouffantes,

J'ai cherché chaque nuit et cherché chaque jour.

Pilote éternel, ô mon ami inconnu,

Prends moi enfin en toi où il n'y a pas de rivage."

 

(à suivre)

Knowledge, when it goes to the root of our troubles, has in itself a marvellous healing-power as it were. As soon as you touch the quick of the trouble, as soon as you, diving down and down, get at what really ails you, the pain disappears as though by a miracle. Unflinching courage to reach true Knowledge is therefore the very essence of yoga. No lasting superstructure can be erected except on a solid basis of true Knowledge. The feet must be sure of their ground before the head can hope to kiss the skies.

SRI AUROBINDO

*

**

 

La connaissance, quand elle va à la racine de nos tourments, a en soi, pour ainsi dire, un merveilleux pouvoir de guérison. Dès que vous touchez au vif le tourment, dès que vous plongez de plus en plus profondément et arrivez à ce qui vraiment vous fait mal, la peine disparaît comme par miracle. Un courage inébranlable pour atteindre à la vraie Connaissance est par conséquent l'essence même du yoga. Aucune superstructure durable ne peut être érigée, excepté sur la base solide de la Connaissance vraie. Les pieds doivent être sûrs de leur terrain avant que la tête puisse espérer embrasser les deux.

 

SRI AUROBINDO

 

Top

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Report on the Quarter

 

Darshan

 

"Truth is a difficult and strenuous conquest. One must be a real warrior to make this conquest, a warrior who fears nothing, neither enemies nor death, for with or against everybody, with or without a body, the struggle continues and will end by Victory."

 

THIS is the message The Mother gave on the 92nd Anniversary of Her birth which was celebrated in the Ashram on the 2ist February 1970.

There was a Meditation around the Samadhi in the morning followed by a visit to Sri Aurobindo's room. The Mother gave her Darshan in the evening to a very large number of people including many visitors from all over India and other countries.

After the Darshan there was the March Past at the playground to the accompaniment of J.S.A.S.A. Band terminating with Meditation.

In the morning Nolini unveiled a full-size picture of The Mother at the Hall of Harmony of the Centre of Education. The picture was an enlarged photo coloured by Sanjiban, our Art teacher.

 

The Second Anniversary of Auroville Inauguration

 

This was celebrated at the Auroville Centre on the 28th February 1970 with Meditation and a colourful pageant.

 

Education Academic : Extension Lectures

 

On the 31st January, Rolf gave demonstrations and a talk on Dance.

On the 11th February, Promode, our artist and writer, read an autobiographical poem in Bengali.

On the 20th February, Nolini gave a talk on "The Golden Life-Line" and read some lines from Savitri.

On the 25th February, Mr. P. K. Sanyal, the well-known Bengali

Rapport Trimestriel

 

Darshan

 

"La vérité est une conquête difficile et ardue. Il faut être un véritable guerrier pour faire cette conquête, un guerrier qui n'a peur de rien, ni des ennemis, ni de la mort, car envers et contre tous, avec ou sans un corps, la lutte continue et se terminera par la Victoire."

 

TEL est le message que la Mère a .donné pour le quatre-vingt-douzième anniversaire de sa naissance, célébré à extérieur le 21 février 1970.

Il y eut le matin une méditation autour du Samâdhi, suivie d'une visite de la chambre de Sri Aurobindo. L'après-midi la Mère donna son Darshan à de très nombreuses personnes parmi lesquelles se trouvaient beaucoup de visiteurs venus de toute l'Inde et de pays étrangers.

Après le Darshan eut lieu le défilé au Terrain de jeux, avec accompagnement de notre fanfare. Une méditation termina la soirée.

Dans la matinée Nolini avait inauguré, dans la Salle de l'harmonie du Centre d'éducation, un portrait grandeur nature de la Mère. Ce portrait est un agrandissement photographique rehaussé par Sanjiban, notre professeur d'art.

 

Deuxième anniversaire de l'inauguration d'Auroville

 

Cet anniversaire a été célébré le 28 février 1970 au Centre d'Auroville et a comporté un défilé pittoresque et une méditation.

 

Vie académique. Cours et conférences

 

Le 31 janvier Rolf a fait une causerie sur la danse avec des démonstrations.

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writer, known for his Himalayan travelogues, gave a talk about himself and his life.

 

New Age Association

 

The nineteenth Seminar of the New Age Association was held on the 22nd February 1970. The subject chosen by The Mother was :

"What is the big change for which the world is preparing ? How can one help it ?"

Answers by The Mother to the above questions were first read out;

a) A change of consciousness. And when our consciousness will change we will know what the change is.

b) The change does not need our help to come, but we need to open ourselves to the consciousness so that its coming is not in vain for us.

Five members of the Association spoke on the subject. At the end some extracts from the writings of The Mother and Sri Aurobindo pertaining to the subject were read.

 

Entertainments and Exhibitions

 

During the Darshan days there were exhibitions of needle-work of the Embroidery Section and of Batik. The Art Gallery exhibited typical Japanese and Modern paintings including some by Ashram artists.

On the 13th January, the Dancing Section celebrated Nolini's eighty first birthday with song and dance.

On the 26th January, Mr. P. Banerji of A. I. R., Calcutta, gave an enjoyable Guitar recital.

Ravindra's birthday on the 26th January was celebrated by his students with a programme of songs, recitations and short plays in Hindi, This was repeated in the Saturday programme on the 7th February,

On the 1st February, there was a concert programme of Western music.

On the 24th February, Mrs. M. Mitra of A.I.R. gave a sitar recital.

On the 26th February, Michel Gerard showed coloured slides on "Nouvelle Calédonie, île de lumière". '

On the 28th February, in the Saturday programme, were included

Notre artiste et écrivain Promode a lu, le il février, un poème autobiographique en bengali.

Le 20 février Nolini a fait une causerie intitulée "The Golden Life-Line" (La ligne de vie en or) et lu quelques vers de Savitri.

L'auteur bengali renommé P. K. Sanyal, bien connu par ses récits de voyages aux Himalaya, a fait le 2 février une causerie sur lui-même et sur sa vie.

 

L'Association du Nouvel Âge

 

Le dix-neuvième séminaire de l'Association du Nouvel Âge s'est tenu le 21 février 1970. Le sujet choisi par la Mère était le suivant :

"Quel est le grand changement pour lequel le monde se prépare ? Comment peut-on l'aider ?"

Les réponses de la Mère à ces deux questions ont été lues d'abord :

a) Un changement de conscience. Et quand notre conscience changera, nous saurons ce qu'est le changement.

b) Le changement n'a pas besoin de notre aide pour venir, mais nous avons besoin de nous ouvrir à la conscience afin qu'elle ne vienne pas en vain pour nous.

Cinq membres de l'association ont parlé sur le sujet. Quelques extraits d'écrits de Sri Aurobindo et de la Mère en rapport avec le sujet ont été lus à la fin.

 

Spectacles et expositions

 

Pendant les jours qui ont précédé et suivi le quel, des travaux de broderie et de bâtik ont été exposés. Des peintures japonaises et indiennes modernes ont été exposées à la Galerie d'art. Elles comprenaient quelques œuvres d'artistes de l'Ashram.

La section de danse a célébré le 13 janvier, par des chants et des danses, le quatre-vingt-unième anniversaire de Nolini

Le 26 janvier P. Banerji de la radiodiffusion indienne de Calcutta a donné un agréable récital de guitare. L'anniversaire de Ravindra a été célébré le même jour par ses élèves qui ont présenté des danses et des

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recitations in Sanskrit, dances and short plays.

In the Art Room, which arranges regular displays, was shown, during March, works of modern schools of painting.

At the Library there were the regular evening programmes of recorded music, Indian and European.

The Saturday programmes this quarter included the Mother's recorded music and talk, and recorded Indian songs.

Among the films we saw this quarter were Ashirwad (Hindi), Arogya Niketan (Bengali), National Velvet, Indian Documentaries, an Ashram documentary on the Mother and Ashram activities.

 

General  

 

Dr. Gabriel Monod-Herzen, now with us as one of our visiting professors, and Mme. Jacqueline Benezech, Ethnographer attached to the Paris University, have been commissioned by M. Maurice Schumann, Minister of Foreign Affairs, France, to study the educational and cultural activities of the Ashram.

Mention may be made here that, in 1947, M. Schumann, then a member of the French Parliament, was deputed by his government to see Sri Aurobindo and pay him the homage of the French Government and to propose to set up at Pondicherry an institution for research and study of Indian and European cultures with Sri Aurobindo as its head.

 

Education Physical

 

Up to the 31st March there were the normal group activities and in addition tournaments in Table Tennis and Cricket.

For Table Tennis there were 189 entries from all groups for league and knock out tournaments in singles and 80 pairs in the doubles.

In cricket there were 148 entries forming 12 teams.

Though normally we have tennis tournaments also in this period we could not have them this time owing to a shortage of tennis balls.

chansons et récitations en hindî. Le même programme a été présenté une seconde fois le samedi 7 février.

Un concert de musique occidentale a été donné le Ier février.

Le 24 février Shrîmatî M. Mitra de la radiodiffusion indienne a donné un récital de sitar.

Le 26 février Michel Gérard a projeté des diapositives en couleurs de la Nouvelle Calédonie "île de lumière".

Le programme du samedi 28 février comprenait des récitations en sanscrit, des danses et des saynètes.

A la Salle d'art, où des expositions sont organisées régulièrement, des peintures des écoles modernes ont été exposées en mars.

Les auditions habituelles de musique enregistrée indienne et occidentale ont été données à la Grande bibliothèque. 

Les programmes du samedi ont compris, pendant ce trimestre, des enregistrements de musique et de paroles de la Mère et des enregistrements de chants indiens.

Parmi les films que nous avons vus ce trimestre, citons : Ashirwad (en hindî), Arogya Niketan (en bengali). National Velvet (en anglais), des documentaires indiens et un documentaire de valeur sur la Mère et les activités de valeur

 

Général

 

Monsieur Maurice Schumann, Ministre des Affaires Étrangères dans le gouvernement français, a confié au professeur Gabriel Monod-Herzen, actuellement avec nous, et à Madame Jacqueline Bénézech, ethnographe attachée à l'Université de Paris, une mission d'étude des activités culturelles et d'éducation de valeur

On peut signaler à ce propos qu'en 1947 Monsieur Maurice Schumann, alors député au parlement français, a été envoyé par son gouvernement pour porter à Sri Aurobindo l'hommage du gouvernement français et lui proposer de fonder à Pondichéry un institut d'études et de recherches culturelles indiennes et occidentales en le plaçant, lui, Sri Aurobindo, à sa tête.

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Illustrations

 

Among the pictures published in this issue are included those of the Bronze Casting Department of the Ashram, of the Embroidery Section, of the new playground at the Nandanam gardens for the New Group children, the laying of the foundation stone of the Orissa Guest House, a scene from the Dortoir Anniversary celebrations and the opening of the Kindergarten for the children of the workers of the Hand Made Paper Factory. There are also pictures of the Sri Aurobindo Marg, New Delhi (formerly Mehrauli Road). This is one of the longest roads in New Delhi.

Then there are pictures of "Aurofood" which will be the flour mill of Auroville and the Auromodel complex which includes the Youth Camp at Auroville known as 'Aspiration' and Mme. Hergoz of UNESCO visiting the place and the bee-keeping set up there. Finally there are pictures of Floral Decorations in the Mother's Room in the playground.

 

New Publications

 

Sri Aurobindo — More lights on Yoga

Thoughts and Glimpses

Les Bases du Yoga

(Traduit de I'Anglais par la Mère)

Satprem — Sri Aurobindo or the Adventure of Consciousness

 

 

 

 

Top

Éducation physique

 

L'activité normale des groupes s'est poursuivie jusqu'au 31 mars avec, en plus, les tournois de ping-pong et de cricket.

Les championnats de ping-pong se sont disputés en poule et par élimination ; il y a eu 189 participants de tous les groupes pour les simples et 80 couples pour les doubles.

En cricket les 148 participants ont formé 12 équipes.

Les championnats de tennis qui, normalement, ont lieu à cette époque n'ont pas pu être disputés cette année en raison de la pénurie de balles.

 

Illustrations

 

Les illustrations qui figurent dans ce numéro montrent, entre autres, le département de fonte de bronze de valeur, la section de broderie, le nouveau terrain de jeux dans les jardins de Nandanam pour les enfants du Nouveau Groupe, la pose de la première pierre de la Maison des hôtes d'Orissa, une scène de la fête d'anniversaire du Dortoir et l'ouverture du jardin d'enfants pour les enfants des ouvriers de la fabrique de papier à la forme. Il y a aussi des vues du Sri Aurobindo Marg à New Delhi ancienne Mehrauli Road). C'est l'une des plus longues avenues de New Delhi.

Il y a encore des vues d'Aurofood qui sera la minoterie d'Auroville, i complexe Auromodel qui comprend le camp de jeunesse connue sous le nom d'Aspiration, de la visite qu'y a faite Madame Herzog de l'UNESCO, st du rucher qui y est installé. Enfin il y a des vues de la décoration florale de la chambre de la Mère au Terrain de jeux.

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Illustrations

 

 

On the Mother's Birthday, 21-2-70

Anniversaire de la Mère le 21 février 1970

 

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Sri Aurobindo Ashram Bronze-casting Department

Fonderie de bronze de l'Ashram de Sri Aurobindo

 

Page – II


 

Embroidery Exhibition on 21-2-70

Exposition de broderies le 21 février 1970

 

Page – III


 

Sri Aurobindo Marg, New Delhi

Sri Aurobindo Marg à New Delhi

 

Page – IV


 

Playground at Nandanam for

New Group Children

Terrain de jeux à Nandanam pour les

enfants du Nouveau Groupe

 

Page – V


 

Laying the Foundation-stone for

Orissa Guest House

Pose de la première pierre de la Maison des 

Hôtes d'Orissa

 

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Opening of the school for Children of

Handmade paper Factory Workers

Ouverture de l'école pour les enfants des

ouvriers de la manufacture de papier

 

 

Dortoir Anniversary

Fête d'anniversaire de "Dortoir"

 

Page – VII


 

Second Anniversary of Auroville

Deuxième anniversaire d'Auroville

 

 

The Lt. Governor of Pondicherry greets the former French Governor at Auroville

Le lieutenant-gouverneur de Pondichéry

accueille l'ancien gouverneur français à Auroville

 

Page – VIII


 

"Aurofood" flour-mill

Minoterie "Aurofood"

 

Page – IX


 

Auroville Block-making Unit

Atelier de cliches d'Auroville

 

 

"Aspiration"; Youth Camp in Auromodel

"Aspiration camp de jeunes à Auromodel

 

Page – X


 

Madame Herzog of UNESCO at Auromodel

 

Mme. Herzog de l'UNESCO à Auromodel

 
 

Bee-keeping for Auromodel

Ruches pour Auromodel

 

Page – XI


 

Floral Decorations in the Mother's Room

at the playground

Décoration florale dans la chambre de la Mère

au Terrain de jeux

 

Page – XII


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