Bulletin of Sri Aurobindo International

Centre of Education

Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo

 

Août 1969

 

Contents :

Table des Matières:

The Synthesis of Yoga

The Yoga of Self-Perfection

The Integral Perfection

— Sri Aurobindo

La Synthèse des Yogas

Le Yoga de la Perfection de Soi

La Perfection Intégrale

— Sri Aurobindo

Sri Aurobindo Says

Sri Aurobindo: Conversations with Pavitra

Notes on the Way

(Translation)

The Mother

Sri Aurobindo a Dit

Sri Aurobindo: Conversations avec Pavitra

Notes sur le Chemin

(Original) 

 — La Mère

Sri Aurobindo —His Life and Work

Sri Aurobindo —Sa vie et son Œuvre

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

 

The Synthesis of Yoga

 

The Synthesis of Yoga

"All Life is Yoga'

 

Part IV

 

THE YOGA OF SELF-PERFECTION

 

CHAPTER II

 

THE INTEGRAL PERFECTION

 

A DIVINE perfection of the human being is our aim. We must know then first what are the essential elements that constitute man's total perfection; secondly, what we mean by a divine as distinguished from a human perfection of our being. That man as a being is capable of self-development and of some approach at least to an ideal standard of perfection which his mind is able to conceive, fix before it and pursue, is common ground to all thinking humanity, though it may be only the minority who concern themselves with this possibility as providing the one most important aim of life. But by some the ideal is conceived as a mundane change, by others as a religious conversion.

The mundane perfection is sometimes conceived of as something outward, social, a thing of action, a more rational dealing with our fellow-men and our environment, a better and more efficient citizenship and discharge of duties, a better, richer, kindlier and happier way of living, with a more just and more harmonious associated enjoyment of the opportunities of existence. By others again a more inner and subjective ideal is cherished, a clarifying and raising of the intelligence, will and reason, a heightening and ordering of power and capacity in the nature, a nobler ethical, a richer aesthetic, a finer emotional, a much healthier and better governed vital and physical being. Sometimes one element is stressed, almost to the exclusion of the rest, sometimes, in wider and more well-balanced minds, the whole harmony is envisaged as a total perfection, A change of education and social institutions is the outward means adopted

La Synthèse des Yoga

" Toute Vie est Yoga "

 

Livre IV

 

LE YOGA DE LA PERFECTION DE SOI

 

CHAPITRE II

 

LA PERFECTION INTÉGRALE

 

NOTRE but est la perfection divine de l'être humain. Nous devons donc savoir d'abord quels sont les éléments essentiels qui constituent la perfection totale de l'homme ; ensuite, ce que nous entendons par une perfection divine de notre être et en quoi elle se distingue d'une perfection humaine. Que l'homme soit un être capable de se développer lui-même et de se rapprocher plus ou moins d'un certain état idéal de perfection que son mental est en mesure de concevoir, de se proposer et de poursuivre, est admis couramment par toute l'humanité pensante, encore que seule une minorité considère cette possibilité comme le but le plus important de la vie. Mais certains conçoivent cet idéal comme un changement mondain ; d'autres, comme une conversion religieuse.

La perfection mondaine est parfois comprise comme quelque chose d'extérieur, de social, comme un problème d'action, un rapport plus rationnel avec nos semblables et notre entourage, une citoyenneté meilleure et plus efficace, un soin plus grand dans l'accomplissement des devoirs, une meilleure manière de vivre, plus riche, plus généreuse et plus heureuse, ainsi qu'une association plus juste et plus harmonieuse dans la jouissance des opportunités de l'existence. Les autres chérissent un idéal plus intérieur et plus subjectif : une clarification et une élévation de l'intelligence, de la volonté et de la raison, un accroissement des pouvoirs et des capacités de notre nature et leur bonne organisation, un être plus noblement éthique, plus richement esthétique, plus raffiné dans ses émotions, plus sain et mieux gouverné vitalement et physiquement. Parfois,

Page – 4 - 5


or an inner self-training and development is preferred as the true instrumentation. Or the two aims may be clearly united, the perfection of the inner individual, the perfection of the outer living.

But the mundane aim takes for its field the present life and its opportunities ; the religious aim, on the contrary, fixes before it the self-preparation for another existence after death, its commonest ideal is some kind of pure sainthood, its means a conversion of the imperfect or sinful human being by divine grace or through obedience to a law laid down by a scripture or else given by a religious founder. The aim of religion may include a social change, but it is then a change brought about by the acceptance of a common religious ideal and way of consecrated living, a brotherhood of the saints, a theocracy or kingdom of God reflecting on earth the kingdom of heaven.

The object of our synthetic Yoga must, in this respect too as in its other parts, be more integral and comprehensive, embrace all these elements or these tendencies of a larger impulse of self-perfection and harmonise them or rather unify, and in order to do that successfully it must seize on a truth which is wider than the ordinary religious and higher than the mundane principle. All life is a secret Yoga, an obscure growth of Nature towards the discovery and fulfilment of the divine principle hidden in her which becomes progressively less obscure, more self-conscient and luminous, more self-possessed in the human being by the opening of all his instruments of knowledge, will, action, life to the Spirit within him and in the world. Mind, life, body, all the forms of our nature are the means of this growth, but they find their last perfection only by opening out to something beyond them, first, because they are not the whole of what man is, secondly, because that other something which he is, is the key of his completeness and brings a light which discovers to him the whole high and large reality of his being.

Mind is fulfilled by a greater knowledge of which it is only a half-light, life discovers its meaning in a greater power and will of which it is the outward and as yet obscure functioning, body finds its last use as an instrument of a power of being of which it is a physical support and material starting-point. They have all themselves first to be developed and find out their ordinary possibilities , all our normal life is a trying of these possibilities and an opportunity for this preparatory and tentative self-training.

toute l'importance est donnée à un seul élément, presque à l'exclusion du reste ; parfois, des intelligences plus vastes et mieux équilibrées envisagent l'harmonie complète comme une perfection totale. Un changement dans l'éducation et les institutions sociales est le moyen extérieur adopté par les uns ; les autres préfèrent l'instrument vrai d'une discipline et d'un développement intérieurs. Ou encore, les deux buts peuvent être clairement unis : la perfection de l'individu au-dedans et la perfection de l'existence au-dehors.

Mais le but mondain choisit pour champ d'action la vie présente et ses opportunités, le but religieux se fixe au contraire sur la préparation à une autre existence après la mort, son idéal le plus répandu est une sorte de pure sainteté, son moyen est la conversion de l'être humain imparfait et pécheur, par la grâce divine ou par l'obéissance à une loi prescrite dans les Écritures ou donnée par le fondateur de la religion. Le but de la religion peut inclure un changement social, mais seulement dans la mesure où ce changement découle de l'acceptation d'un idéal religieux commun et d'une manière de consacrer sa vie : une fraternité des saints, une théocratie ou un royaume de Dieu reflétant sur la terre le royaume des cieux.

Ici, comme dans les autres parties, l'objet de notre yoga synthétique doit être plus intégral et plus compréhensif, embrasser tous ces éléments ou ces tendances, issus d'une plus large impulsion à la perfection de soi, et les harmoniser, ou plutôt les unifier, et pour y réussir, il doit se saisir d'une vérité plus vaste que le principe religieux ordinaire et plus élevé que le principe mondain. Toute la vie est un yoga secret, une obscure croissance de la Nature vers la découverte et l'accomplissement du principe divin qui est caché en elle et qui devient progressivement moins obscur, plus conscient de soi et plus lumineux, plus maître de lui-même dans l'être humain à mesure que celui-ci ouvre ses instruments de con naissance, de volonté, d'action et de vie à l'Esprit qui est en lui et dans le monde. Le mental, la vie, le corps, et toutes les formes de notre nature, sont les moyens de cette croissance, mais ils ne trouvent leur perfection finale que quand ils s'ouvrent à quelque chose d'autre qui les dépasse, d'abord, parce qu'ils ne sont pas la totalité de l'homme, ensuite parce que ce "quelque chose d'autre" que l'homme est, possède la clef de sa plénitude et apporte une lumière qui lui découvre la haute totalité et la large réalité de son être.

Page – 6 - 7


But life cannot find its perfect self-fulfilment till it opens to that greater reality of being of which by this development of a richer power and a more sensitive use and capacity it becomes a well-prepared field of working.

Intellectual, volitional, ethical, emotional, aesthetic and physical training and improvement are all so much to the good, but they are only in the end a constant movement in a circle without any last delivering and illumining aim, unless they arrive at a point when they can open them selves to the power and presence of the Spirit and admit its direct workings. This direct working effects a conversion of the whole being which is the indispensable condition of our real perfection. To grow into the truth and power of the Spirit and by the direct action of that power to be made a fit channel of its self-expression,—a living of man in the Divine and a divine living of the Spirit in humanity,—will therefore be the principle and the whole object of an integral Yoga of self-perfection.

In the process of this change there must be by the very necessity of the effort two stages of its working. First, there will be the personal endeavour of the human being, as soon as he becomes aware by his soul, mind, heart of this divine possibility and turns towards it as the true object of life, to prepare himself for it and to get rid of all in him that belongs to a lower working, of all that stands in the way of his opening to the spiritual truth and its power, so as to possess by this liberation his spiritual being and turn all his natural movements into free means of its self-expression. It is by this turn that the self-conscious Yoga aware of its aim begins: there is a new awakening and an upward change of the life motive. So long as there is only an intellectual, ethical and other self-training for the now normal purposes of life which does not travel beyond the ordinary circle of working of mind, life and body, we are still only in the obscure and yet unillumined preparatory Yoga of Nature, we are still in pursuit of only an ordinary human perfection. A spiritual desire of the Divine and of the divine perfection, of a unity with him in all our being and a spiritual perfection in all our nature, is the effective sign of this change, the precursory power of a great integral conversion of our being and living.

By personal effort a precursory change, a preliminary conversion can be effected, it amounts to a greater or less spiritualising of our mental motives, our character and temperament, and a mastery, stilling or changed

Le mental trouve sa plénitude dans une connaissance plus grande, dont il n'est qu'une pénombre ; la vie découvre son sens dans une volonté et un pouvoir plus grands, dont elle n'est que le fonctionnement extérieur encore obscur, le corps trouve son ultime utilité quand il devient l'instrument d'un pouvoir d'être dont il est le support physique et le point de départ matériel. Mais d'abord, il faut qu'ils se développent tous eux mêmes et qu'ils découvrent leurs propres possibilités ordinaires; toute notre vie normale met à l'essai ces possibilités, elle est l'occasion d'un développement de soi expérimental et préparatoire. Mais la vie ne peut pas trouver sa plénitude parfaite tant qu'elle ne s'est pas ouverte à cette réalité d'être plus grande, dont elle devient un champ d'action bien pré paré par ce développement d'un pouvoir plus riche et d'une utilisation plus raffinée des capacités.

La culture et le développement intellectuels, volitifs, éthiques, émotifs, esthétiques et physiques sont tous très bons, mais finalement, ils tournent constamment en rond sans but final illuminateur et libérateur, à moins qu'ils n'arrivent au point où ils peuvent s'ouvrir au pouvoir et à la présence de l'Esprit et admettre leur action directe. Cette action directe effectue une conversion de tout l'être, et elle est la condition indispensable de notre perfection vraie. Croître en la vérité et en le pouvoir de l'Esprit, et par l'action directe de ce pouvoir, devenir le pur canal de son expression—une vie de l'homme dans le Divin, et une vie divine de l'Esprit dans l'humanité —, tels sont donc le principe et l'objet complets d'un yoga intégral de la perfection de soi.

De par la nécessité même de l'effort, le processus de changement comprend deux étapes de travail. Tout d'abord, il faut l'effort personnel de l'être humain, dès que son âme, son mental et son cœur auront pris conscience de cette possibilité divine, et qu'il se sera tourné vers elle comme vers le but véritable de la vie, il faudra qu'il s'y prépare et se débarrasse de tout ce qui en lui appartient aux activités inférieures, tout ce qui bloque le chemin de l'ouverture à la vérité spirituelle et à ses pouvoirs, afin que par cette libération, il entre en possession de son être spirituel et change tous ses mouvements naturels en des moyens d'exprimer purement cet être. C'est par ce changement que commence le yoga conscient, un yoga qui sait son propre but, il y a un éveil nouveau, le mobile de la vie change vers le haut. Tant que nous poursuivons un développement  

Page – 8 - 9


action of the vital and physical life. This converted subjectivity can be made the base of some communion or unity of the soul in mind with the Divine and some partial reflection of the divine nature in the mentality of the human being. That is as far as man can go by his unaided or indirectly aided effort, because that is an effort of mind and mind cannot climb be yond itself permanently : at most it arises to a spiritualised and idealised mentality. If it shoots up beyond that border, it loses hold of itself, loses hold of life, and arrives either at a trance of absorption or a passivity. A greater perfection can only be arrived at by a higher power entering in and taking up the whole action of the being. The second stage of this Yoga will therefore be a persistent giving up of all the action of the nature into the hands of this greater Power, a substitution of its influence, possession and working for the personal effort, until the Divine to whom we aspire becomes the direct master of the Yoga and effects the entire spiritual and ideal conversion of the being.

This double character of our Yoga raises it beyond the mundane ideal of perfection, while at the same time it goes too beyond the loftier, intenser, but much narrower religious formula. The mundane ideal regards man always as a mental, vital and physical being and it aims at a human perfection well within these limits, a perfection of mind, life and body, an expansion and refinement of the intellect and knowledge, of the will and power, of ethical character, aim and conduct, of aesthetic sensibility and creativeness, of emotional balanced poise and enjoyment, of vital and physical soundness, regulated action and just efficiency. It is a wide and full aim, but yet not sufficiently full and wide, because it ignores that other greater element of our being which the mind vaguely conceives as the spiritual element and leaves it either undeveloped or insufficiently satisfied as merely some high occasional or added derivatory experience, the result of the action of mind in its exceptional aspects or dependent upon mind for its presence and persistence. It can become a high aim when it seeks to develop the loftier and the larger reaches of our mentality, but yet not sufficiently high, because it does not aspire beyond mind to that of which our purest reason, our brightest mental intuition, our deepest mental sense and feeling, strongest mental will and power or ideal aim and purpose are only pale radiations. Its aim besides is limited to a terrestrial perfection of the normal human life.

intellectuel, éthique et autre aux fins maintenant normales d'une vie qui ne voyage pas au-delà du cercle ordinaire du fonctionnement mental, vital et corporel, nous sommes encore seulement dans le yoga préparatoire de la Nature, un yoga obscur et non illuminé ; nous sommes encore à la poursuite de la seule perfection humaine ordinaire. Le désir spirituel du Divin et de la perfection divine, de l'unité avec le Divin dans tout notre être et d'une perfection spirituelle dans toute notre nature, est le signe concret du changement, le pouvoir précurseur d'une grande conversion intégrale de notre être et de notre existence.

Par l'effort personnel, un changement précurseur, une conversion préliminaire peuvent s'effectuer, c'est-à-dire une spiritualisation plus ou moins grande de nos mobiles mentaux, de notre caractère et de notre tempérament, une maîtrise et une tranquillisation de la vie physique et vitale, un changement de mouvement. Cette subjectivité convertie peut devenir la base d'une certaine communion ou d'une certaine unité de l'âme dans le mental avec le Divin, le commencement de quelque réflexion partielle de la nature divine dans la mentalité de l'être humain. C'est le maximum auquel l'homme puisse atteindre par son propre effort sans aide ou avec une aide indirecte, parce que c'est un effort du mental et que le mental ne peut pas s'élever au-dessus de lui-même d'une façon permanente , tout au plus, il peut s'élever à une mentalité spiritualisée et idéalisée. S'il pousse au-delà de cette frontière, il perd prise sur lui-même, perd prise sur la vie et aboutit à une transe absorbée ou à une passivité. Pour arriver à une perfection plus grande, il faut l'intervention d'un pou voir supérieur qui entrera dans l'être et se saisira de toute son action. La deuxième étape de ce yoga consiste donc à abandonner avec persistance toute l'action de notre nature entre les mains de ce Pouvoir plus grand et à remplacer l'effort personnel par l'influence, la possession et l'action de ce Pouvoir, jusqu'à ce que le Divin auquel nous aspirons, devienne le maître direct du yoga et effectue la complète conversion spirituelle et idéale de notre être.

Par ce double mouvement, notre yoga s'élève au-dessus de l'idéal mondain de perfection en même temps qu'il dépasse la formule religieuse (plus intense et plus altière peut-être, mais aussi beaucoup plus étroite). L'idéal mondain considère toujours l'homme comme un être mental, vital et physique, et il vise à une perfection humaine dans le cadre de ces limites :

Page – 10 - 11


A Yoga of integral perfection regards man as a divine spiritual being involved in mind, life and body; it aims therefore at a liberation and a perfection of his divine nature. It seeks to make an inner living in the perfectly developed spiritual being his constant intrinsic living and the spiritualised action of mind, life and body only its outward human expression. In order that this spiritual being may not be something vague and indefinable or else but imperfectly realised and dependent on the mental support and the mental limitations, it seeks to go beyond mind to the supramental knowledge, will, sense, feeling, intuition, dynamic initiation of vital and physical action, all that makes the native working of the spiritual being. It accepts human life, but takes account of the large supra terrestrial action behind the earthly material living, and it joins itself to the divine Being from whom the supreme origination of all these partial and lower states proceeds so that the whole of life may become aware of its divine source and feel in each action of knowledge, of will, of feeling, sense and body the divine originating impulse. It rejects nothing that is essential in the mundane aim, but enlarges it, finds and lives in its greater and its truer meaning now hidden from it, transfigures it from a limited, earthly and mortal thing to a figure of infinite, divine and immortal values.

The integral Yoga meets the religious ideal at several points, but goes beyond it in the sense of a greater wideness. The religious ideal looks, not only beyond this earth, but away from it to a heaven or even beyond all heavens to some kind of Nirvana. Its ideal of perfection is limited to what ever kind of inner or outer mutation will eventually serve the turning away of the soul from the human life to the beyond. Its ordinary idea of perfection is a religio-ethical change, a drastic purification of the active and the emotional being, often with an ascetic abrogation and rejection of the vital impulses as its completest reaching of excellence, and in any case a supraterrestrial motive and reward or result of a life of piety and right conduct. In so far as it admits a change of knowledge, will, aesthesis, it is in the sense of the turning of them to another object than the aims of human life and eventually brings a rejection of all earthly objects of aesthesis, will and knowledge. The method, whether it lays stress on personal effort or upon divine influence, on works and knowledge or upon grace, is not like the mundane a development, but rather a conversion; but in the end the aim is not a conversion of our mental and physical nature,

une perfection du mental, de la vie et du corps, une expansion et un raffine ment de l'intellect, de la connaissance, de la volonté et du pouvoir, du caractère, du but et de la conduite éthiques, de la sensibilité et du pouvoir créateur esthétiques, une harmonie équilibrée des émotions et des jouissances, une santé vitale et physique solide, une action bien réglée et d'une rigoureuse efficacité. C'est un but vaste et plein, et pourtant insuffisamment vaste et insuffisamment plein parce qu'il ignore un élément plus grand de notre être, l'élément spirituel, que le mental conçoit vaguement mais laisse inculte ou insuffisamment satisfait, n'y voyant qu'une expérience dérivée ou additionnelle, haute mais fortuite, un effet de l'action du mental sous certains de ses aspects exceptionnels, et dont la présence ou la persistance dépendent du mental. Le but mondain peut devenir un haut but quand il cherche à développer les régions plus sublimes et plus vastes de notre mentalité, et pourtant il n'est pas assez haut, car il n'aspire pas à dépasser le mental ni à trouver ce dont notre raison la plus pure, notre intuition mentale la plus brillante, notre perception mentale la plus profonde, notre volonté et notre puissances mentales les plus fortes ou notre but le plus idéal, sont seulement de pâles radiations. Et finalement, son but se limite à une perfection terrestre de la vie humaine normale.

Le yoga de la perfection intégrale considère l'homme comme un être spirituel et divin emmêlé dans le mental, dans la vie et dans le corps ; par conséquent, il vise à la libération et à la perfection de sa nature divine. Il cherche à faire de la vie réelle et constante de l'homme, une existence intérieure dans un être spirituel parfaitement développé, l'action spiritualisée du mental, de la vie et du corps n'étant que l'expression humaine extérieure de cette vie plus profonde. Et pour que cet être spirituel ne soit pas quelque chose de vague et d'indéfinissable ou d'imparfaitement réalisé qui dépende du support mental et des limitations mentales, il cherche à dépasser le mental et à trouver la connaissance, la volonté, la perception, la sensibilité, l'intuition supramentales, l'origine dynamique qui met en mouvement l'action vitale et physique, bref, tout ce qui constitue le fonctionnement naturel de l'être spirituel. Il accepte la vie humaine, mais il tient compte de la vaste action supraterrestre derrière l'existence terrestre matérielle, et il s'unit à l'Être divin d'où procède la suprême origine de tous ces états inférieurs et partiels afin que la vie entière puisse

Page – 12 - 13


but the putting on of a pure spiritual nature and being, and since that is not possible here on earth, it looks for its consummation by a transference to another world or a shuffling off of all cosmic existence.

But the integral Yoga founds itself on a conception of the spiritual being as an omnipresent existence, the fullness of which comes not essentially by a transference to other worlds or a cosmic self-extinction, but by a growth out of what we now are phenomenally into the consciousness of the omnipresent reality which we always are in the essence of our being. It substitutes for the form of religious piety its completer spiritual seeking of a divine union. It proceeds by a personal effort to a conversion through a divine influence and possession; but this divine grace, if we may so call it, is not simply a mysterious flow or touch coming from above, but the all pervading act of a divine presence which we come to know within as the power of the highest Self and Master of our being entering into the soul and so possessing it that we not only feel it close to us and pressing upon our mortal nature, but live in its law, know that law, possess it as the whole power of our spiritualised nature. The conversion its action will effect is an integral conversion of our ethical being into the Truth and Right of the divine nature, of our intellectual into the illumination of divine knowledge, our emotional into the divine love and unity, our dynamic and volitional into a working of the divine power, our aesthetic into a plenary reception and a creative enjoyment of divine beauty, not excluding even in the end a divine conversion of the vital and physical being. It regards all the previous life as an involuntary and unconscious or half-conscious preparatory growing towards this change and Yoga as the voluntary and conscious effort and realisation of the change, by which all the aim of human existence in all its parts is fulfilled, even while it is transfigured. Admitting the supracosmic truth and life in worlds beyond, it admits too the terrestrial as a continued term of the one existence and a change of individual and communal life on earth as a strain of its divine meaning.

To open oneself to the supracosmic Divine is an essential condition of this integral perfection; to unite oneself with the universal Divine is another essential condition. Here the Yoga of self-perfection coincides with the Yogas of knowledge, works and devotion, for it is impossible to change the human nature into the divine or to make it an instrument of the divine knowledge, will and joy of existence, unless there is a union

devenir consciente de sa source divine et sentir en chaque acte de la con naissance, de la volonté, du sentiment, de la sensation et du corps, l'impulsion divine qui la met en mouvement. Il ne rejette rien d'essentiel dans le but mondain, mais l'élargit, découvre et vit le sens plus grand et plus vrai qui lui est maintenant caché, et transfigure cette chose limitée, terrestre, mortelle, en une image des valeurs infinies, divines et immortelles.

Le yoga intégral rejoint l'idéal religieux sur plusieurs points, mais il va au-delà en lui donnant une largeur plus grande. L'idéal religieux tourne les yeux, non seulement au-delà de cette terre, mais loin d'elle, vers le ciel, ou même au-delà de tous les cieux, vers une sorte de Nirvana. Son idéal de perfection se limite aux seuls changements intérieurs ou extérieurs qui, en fin de compte, serviront à détourner l'âme de la vie humaine et à l'amener à l'au-delà. D'ordinaire, son idée de perfection consiste en un changement éthico-religieux, une purification radicale de l'être actif et émotif, souvent accompagnée d'un rejet ascétique des impulsions vitales et de leur annulation, qu'elle considère comme le plus complet sommet de l'excellence, en tout cas, le mobile, la récompense ou l'aboutissement d'une vie de piété et de conduite édifiante, est d'ordre supraterrestre. Pour autant qu'elle admette un changement dans la con naissance, la volonté et la sensibilité, c'est pour les tourner vers un autre objet que les buts de la vie humaine, et finalement conduire à un rejet de tous les objets terrestres de la sensibilité, de la volonté et de la connaissance. Sa méthode — et peu importe qu'elle insiste sur l'effort personnel ou sur l'influence divine, sur le travail et la connaissance ou sur la Grâce — ne cherche pas un développement à la manière de la méthode mondaine, mais plutôt une conversion ; mais finalement, son but n'est pas une con version de notre nature mentale et physique, c'est de revêtir une nature et un être spirituels purs ; et comme ce n'est pas possible ici-bas, sur la terre, elle cherche sa perfection dans quelque transfert en un autre monde ou en se débarrassant de toute existence cosmique.

Mais le yoga intégral se fonde sur la conception que l'être spirituel est une existence omniprésente dont la plénitude ne vient pas essentielle ment d'un transfert en d'autres mondes ni d'une extinction de soi cosmique, mais d'une croissance qui nous fait sortir de ce que nous sommes maintenant phénoménalement et nous fait entrer dans la conscience de la

Page – 14 - 15


with the supreme Being, Consciousness and Bliss and a unity with its universal Self in all things and beings. A wholly separative possession of the divine nature by the human individual, as distinct from a self withdrawn absorption in it, is not possible. But this unity will not be an inmost spiritual oneness qualified, so long as the human life lasts, by a separative existence in mind, life and body; the full perfection is a possession, through this spiritual unity, of unity too with the universal Mind, the universal Life, the universal Form which are the other constant terms of cosmic being. Moreover, since human life is still accepted as a self-expression of the realised Divine in man, there must be an action of the entire divine nature in our life, and this brings in the need of the supramental conversion which substitutes the native action of spiritual being for the imperfect action of the superficial nature and spiritualises and trans figures its mental, vital and physical parts by the spiritual ideality. These three elements, a union with the supreme Divine, unity with the universal Self, and a supramental life action from this transcendent origin and through this universality, but still with the individual as the soul-channel and natural instrument, constitute the essence of the integral divine perfection of the human being.

 

SRI AUROBINDO

réalité omniprésente que nous sommes depuis toujours en l'essence de notre être. Il remplace la piété religieuse par la recherche spirituelle plus complète de l'union divine. Il procède par l'effort personnel pour arriver à une conversion par l'influence divine et par une possession divine ; mais cette grâce divine, si nous pouvons l'appeler ainsi, n'est pas simplement une coulée ou un mystérieux contact d'en haut ; c'est l'action universelle d'une présence divine que nous apprenons à reconnaître au-dedans et qui est le pouvoir du Moi et Maître suprême de notre être entrant dans l'âme et la possédant de telle sorte que non seulement nous le sentons proche de nous et faisant pression sur notre nature mortelle, mais que nous vivons dans sa loi, nous connaissons cette loi et la possédons comme le pouvoir même de notre nature spiritualisée. La conversion effectuée par l'action de ce Moi suprême est une conversion intégrale de notre être éthique en la Vérité et le Bien de la nature divine, une conversion intégrale de notre connaissance intellectuelle en l'illumination de la connaissance divine, de notre amour émotif en un amour divin et en une unité divine, de notre pouvoir dynamique et volitif en une action du pouvoir divin, de notre sentiment esthétique en une réception complète et une jouissance créatrice complète de la beauté divine, et finalement, elle n'exclue pas une conversion divine de l'être vital et physique. Le yoga intégral considère toute la vie qui a précédé comme une croissance involontaire et inconsciente ou semi consciente, préparatoire, conduisant à ce changement, et le yoga, comme l'effort volontaire et conscient pour opérer ce changement, qui remplira tout le but de l'existence humaine et toutes ses parties en même temps qu'il les transfigurera. Il admet la vérité supracosmique et la vie dans les mondes au-delà, mais il admet aussi la vie terrestre comme un prolonge ment de l'unique existence, et le changement de la vie individuelle et collective sur la terre comme l'une des notes de sa signification divine.

S'ouvrir au Divin supracosmique est une condition essentielle de la perfection intégrale; s'unir au Divin universel est une autre condition essentielle. Ici, le yoga de la perfection de soi coïncide avec le yoga de la connaissance, des œuvres et de la dévotion; car il est impossible de changer la nature humaine en une nature divine ni d'en faire un instrument de la connaissance, de la volonté et de la joie de l'existence divine, s'il n'y a pas une union avec l'Être, avec la Conscience et la Béatitude suprêmes, et une unité avec son Moi universel en toutes choses et dans tous les

Page – 16 - 17


êtres. Il n'est pas possible que l'individu humain possède la nature divine s'il reste complètement séparé et ne s'absorbe pas en elle par un retrait au-dedans. Mais cette unité ne sera pas une union spirituelle intérieure qui serait amoindrie par une existence séparative dans le mental, dans la ne et dans le corps tant que dure la vie humaine ; la perfection complète comprend aussi, de par cette unité spirituelle, une possession de l'unité avec le Mental universel, la Vie universelle, la Forme universelle, qui sont les autres termes constants de l'être cosmique. En outre, puisque nous continuons d'accepter la vie humaine comme une expression du Divin accompli dans l'homme, il faut que la nature divine entière puisse fonctionner dans notre vie, et ceci introduit la nécessité de la conversion supra mentale qui remplace le fonctionnement imparfait de la nature superficielle, par le fonctionnement naturel de l'être spirituel, et qui spiritualise et transfigure nos parties mentales, vitales et physiques par l'idéalité spi rituelle. Ces trois éléments — l'union avec le Divin suprême, l'unité avec le Moi universel et un fonctionnement supramental de la vie, issu de cette origine transcendante et passant par cette universalité, mais gardant toujours l'individu comme canal de transmission psychique et instrument naturel—constituent l'essence de la perfection divine intégrale de  l'être humain.  

SRI AUROBINDO

.... A sincere heart is worth all the extraordinary powers in the world.

 

2.9.1935

*

 

... It is not for changing or moulding character that this Ashram exists. It is for moulding spirituality and transforming the consciousness.

 

30.6.1938

SRI AUROBINDO

 

*

**

 

... Un cœur sincère vaut tous les pouvoirs extraordinaires du monde.

 

2.9.1935

 

... Ce n'est pas pour changer ni modeler les caractères que cet Ashram existe. C'est pour modeler la spiritualité et transformer la conscience.

 

30.6.1938

SRI AUROBINDO 

Top

Page – 18 - 19


Sri Aurobindo Says

 

THE scientific, rationalistic, industrial, pseudo-democratic civilisation of the West is now in process of dissolution and it would be a lunatic absurdity for us at this moment to build blindly on that sinking foundation. When the most advanced minds of the Occident are beginning to turn in this red evening of the West for the hope of a new and more spiritual civilisation to the genius of Asia, it would be strange if we could think of nothing better than to cast away our own self and potentialities and put our trust in the dissolving and moribund past of Europe.

 (Arya, August 1920, p. 274 )

*

**

 

The gross body is an engine, a means of communication and action of the spirit upon the world and it is only a small part of the instrumentation. It is absurd to make so much of it as all that. It is a sort of false materialism intended to placate minds that have a scanty knowledge of Science, But what is the use of that? Everybody now knows that Science is not a statement of the truth of things, but only a language expressing a certain experience of objects, their structure, their mathematics, a coordinated and utilisable impression of their processes—it is nothing more. Matter itself is something (a formation of energy perhaps?) of which we know superficially the structure as it appears to our mind and senses and t certain examining instruments (about which it is now suspected that they largely determine their own results. Nature adapting its replies to the instrument used) but more than that no Scientist knows or can know,

(Letters, I, 373-374)

*

**

 

As for the detachment of which you speak, it comes by attaining the poise of the Spirit, the equality of which the Gita speaks always, but also by sight, by knowledge. For instance, looking at what happened in 1914

Sri Aurobindo a Dit

 

LA civilisation scientifique, rationaliste, industrielle et pseudo-démocratique de l'Occident est maintenant en voie de dissolution, et ce serait en ce moment, pour nous, une absurdité lunatique de construire aveuglément sur ces fondations croulantes. Quand les mentalités les plus avancées de l'Ouest commencent, en ce crépuscule rouge de l'Occident, à se tourner vers le génie de l'Asie dans l'espoir d'une civilisation nouvelle et plus spirituelle, il serait étrange que nous ne puissions penser à rien de mieux qu'à rejeter notre propre individualité et nos potentialités pour donner notre confiance au passé moribond de l'Europe, en train de se désagréger.

(Arya, décembre 1920, p. 274)

 

*

**

 

Le corps grossier est une machine, un moyen de communication et d'action de l'esprit sur le monde, et ce n'est qu'une petite partie des instruments. Il est absurde d'en faire autant de cas. C'est une sorte de faux matérialisme pour concilier les intelligences dotées d'une mince Connaissance scientifique. A quoi cela sert-il ? Chacun sait maintenant que la Science n'est pas un énoncé de la vérité des choses, mais seulement un langage pour exprimer une certaine expérience des objets, leur structure, leur mathématique, une impression coordonnée et utilisable de leurs processus — et rien de plus. La Matière elle-même est quelque chose (une formation d'énergie, peut-être ?) dont nous connaissons superficielle ment la structure telle qu'elle apparaît à notre mental et à nos sens et à certains instruments d'examen (dont on soupçonne maintenant qu'ils déterminent largement leurs propres résultats, la Nature adaptant ses réponses à l'instrument utilisé), mais les savants n'en savent pas plus et ne peuvent pas en savoir davantage.

(Lettres, I. 373-374)

 

 

 

*

**

 

 

 

Page – 20 - 21


or for that matter, at all that is and has been happening in human history — the eye of the yogin sees not only the outward events and persons and causes, but the enormous forces which precipitate them into action. If the men who fought were instruments in the hands of rulers and financiers, etc., these in turn were mere puppets in the clutch of these forces. When one is habituated to see the things behind, one is no longer prone to be touched by the outward aspects—or to expect any remedy from political, institutional or social changes, the only way out is through the descent of a consciousness which is not the puppet of these forces but is greater than they are and cam force them either to change or disappear.

(July 17, 1931)

*

**

 

Whatever point the adverse forces choose for attack, however it may seem to the external human mind, becomes a crucial point and; yield it up may be to yield to them one of the keys of the fortress. Even if it is a small postern door, it is enough for them if they can enter.

Nothing is really small and unimportant in the Great Path. Especially, when the struggle has come down to the physical level, these distinctions cease to have any value; for these "small" things have a not easily calculable index value and are of great importance. On that level to lose a small post may be to make certain the loss of the big battle.

All have had to pass through the ordeal and test through which you are passing. We would have avoided it for you if it had been possible, but since it has come we look to you to persist and conquer. Patience, quiet endurance, calm resolution to go through to the end and triumph, these  are the qualities now required of you—the less spectacular but more  substantial of the warrior virtues.

Also, perspicacity and vigilance. Do not shut your eyes to the difficulty in you or turn away from it, but also let it not discourage you. Victory  is certain if we persevere, and what price of difficulty and endeavour can  be too great for such a conquest ?

(1927)

Quant au détachement dont vous parlez, il vient quand on trouve l'équilibre de l'Esprit, l'égalité dont parle la Guîtâ, mais aussi par la vision, par la connaissance. Par exemple, quand on regarde ce qui est arrivé en 1914 (et à vrai dire, tout ce qui arrive et est arrivé dans l'histoire humaine), l'œil du yogi ne voit pas seulement les événements extérieurs, les personnes et les causes extérieures, mais les forces énormes qui précipitent ceux-ci en action. Si les hommes qui ont combattu, étaient des instruments entre les mains des chefs d'État et des financiers, etc., ceux-ci à leur tour étaient de simples marionnettes entre les griffes de ces forces. Quand on est habitué à voir les choses derrière, on n'est plus enclin à s'émouvoir des aspects extérieurs — ni à attendre aucun remède des changements poli tiques et sociaux ou des changements d'institution. La seule solution est dans la descente d'une conscience qui ne sera pas la marionnette de ces forces, mais plus grande qu'elles, et qui pourra les forcer à changer ou à disparaître.

(17-7-1931)

 

*

**

 

Quel que soit le point que les forces adverses choisissent pour attaquer, si petit semble-t-il au mental humain extérieur, il devient un point crucial, et le céder, c'est peut-être leur céder l'une des clefs de la forteresse. Même si c'est une petite poterne, il leur suffit de pouvoir entrer.

Rien n'est vraiment petit ni sans importance sur le Grand Chemin. Surtout quand le conflit est descendu au niveau physique, ces distinctions cessent d'avoir aucune valeur, car ces "petites" choses ont une valeur indicatrice qui n'est pas aisément calculable et sont d'une grande importance. A ce niveau-là, perdre un petit poste, c'est peut-être rendre certaine la perte de la grande bataille.

Tous doivent passer par l'épreuve et la mise à l'essai par lesquels vous passez maintenant. Nous vous l'aurions évité si cela avait été possible, mais puisque c'est venu, nous comptons sur vous pour persister et vaincre. La patience, une endurance tranquille, une calme résolution d'aller jus qu'au bout et de triompher, telles sont les qualités requises maintenant — ce sont les vertus les moins spectaculaires mais les plus substantielles du guerrier.

Aussi, la perspicacité et la vigilance. Ne fermez pas les yeux sur la

Page – 22 - 23


Immortality is one of the possible results of supramentalisation, but it is not an obligatory result and it does not mean that there will be an eternal or indefinite prolongation of life as it is. That is what many think it will be, that they will remain what they are with all their human desires and the only difference will be that they will satisfy them endlessly, but such an immortality would not be worth having and it would not be long before people are tired of it. To live in the Divine and have the divine Consciousness is itself immortality and to be able to divinise the body also and make it a fit instrument for divine works and divine life would be its material expression only.

(Letters, 11,337)

 

*

**

  

It is absolutely idle to think of transforming the body when other1 things that are so much easier to do—though of course none is easy— are not done. The inner must change before the outermost can follow. So what is the use of such a concentration—unless one thinks that every thing else is perfect, which would be a rather astonishing claim. What has to be done with the body at first is to make it open to the Force, so as to receive strength against illness and fatigue—when they come, there, must be the power to react and throw them off and to keep a constant flow  of force into the body. If that is done, the rest of the bodily change can  wait for its proper time.

(Letters, II, 337-338)

 

*

**

 

As for sitting on the fence between two quite opposite ways of living, it is, no doubt, an unprofitable method of passing the time. You have come here to practise sadhana with a mind full of doubts and a vital being always drawn towards comfort and satisfaction and success in the ordinary human life. It is not surprising that you should not have profited by your stay.

I may add, in reference to what you wrote in a former letter, that this Ashram is not precisely intended to be a factory for the fabrication of supermen. To come to this Yoga merely with the idea of being a super man would be an act of vital egoism which would defeat its own object,

difficulté qui est en vous et ne lui tournez pas le dos, mais aussi ne la laissez pas vous décourager. La victoire est certaine si nous persévérons ; le prix de la difficulté et de l'effort ne peut être trop grand pour une pareille conquête.

 

(1927)

*

**

 

L'immortalité est l'un des résultats possibles de la supramentalisation, mais ce n'est pas un résultat obligatoire et cela ne veut pas dire que ce sera une prolongation éternelle ou indéfinie de la vie telle qu'elle est. C'est ce que beaucoup de gens pensent, ils croient qu'ils resteront ce qu'ils sont, avec tous leurs désirs humains, et que la seule différence sera qu'ils pourront les satisfaire indéfiniment. Mais pareille immortalité ne vaudrait pas la peine d'être obtenue et avant qu'il soit longtemps, les gens en seraient fatigués. Vivre dans le Divin et avoir la Conscience divine, est en soi l'immortalité, et être capable de diviniser le corps aussi et d'en faire un bon instrument des œuvres divines et de la vie divine, serait seulement l'expression matérielle de cette Conscience.

(Lettres, II. 337)

 

*

**

 

Il est tout à fait oiseux de penser à transformer le corps quand d'autres choses bien plus faciles à faire (quoique, bien entendu, aucune ne soit facile), ne sont pas faites. Le dedans doit changer avant que le dehors puisse suivre. Ainsi, à quoi sert cette concentration (sur le corps) — à moins de penser que tout le reste soit parfait, ce qui serait une déclaration plutôt étonnante. Ce qu'il faut commencer par faire avec le corps, c'est de l'ouvrir à la Force afin qu'il reçoive l'énergie contre la maladie et la fatigue : quand celles-ci viennent, il faut avoir le pouvoir de réagir et de les rejeter, et de garder un courant de force constant dans le corps. Ceci fait, le reste de la transformation corporelle peut attendre son heure.

 

(Lettrés, H. 337-338)

*

**

 

Page – 24 - 25


Those who put this object in the front of their preoccupations invariably come to grief, spiritually and otherwise. The aim of this Yoga is, first, to enter into the divine consciousness by merging into it the separative ego (incidentally, in doing so one finds one's true individual self which is not the limited, vain and selfish human ego but a portion of the Divine) and, secondly, to bring down the supramental consciousness on earth to trans form mind, life and body. All else can be only a result of these two aims, not the primary object of the Yoga.

The extreme difficulty of these two aims has never been concealed from the sadhakas; on the contrary, difficulties and dangers have been overemphasised rather than minimised. If still they choose and persist in this path, it is supposed that they are ready to risk everything, sacrifice everything, surrender everything in order to achieve this end or help towards its achievement.

(October 12, 1930)

 

*

**

 

I told you you were not to try to decide by your mind. You persistently go on repeating, "must decide. I must decide. I must take a decision. I must take a resolution." You are always repeating this I, I, I  must decide, as if you knew better than myself and the Mother! "I must understand, I must decide !" And always you find that your mind can decide nothing and understand nothing. And yet you go on repeating the same falsehood.

I tell you plainly once again that all your so-called experiences are worth nothing, mere vital ignorance and confusion. The only experience you need is the experience of the presence of the Mother, the Mother's light, the Mother's force, and the change they bring on you.

You have to throw away all other influences and open yourself only to the Mother's influence. 

You have to think and talk no longer about energies flowing out and' your energies and others' energies. The only energy you have to feel is the descent and inflow and action of the Mother's force.

These were my instructions and so long as you carried them out, you were progressing rapidly.

Throw all these incoherent false experiences away. Go back to the

Quant à ménager la chèvre et le chou et à tergiverser entre deux manières de vivre complètement opposées, c'est sans aucun doute une méthode peu profitable de passer le temps. Vous êtes venu ici pour pratiquer la sâdhanâ avec un mental plein de doutes et un être vital toujours attiré par le confort, les satisfactions et le succès dans la vie ordinaire. Il n'est pas surprenant que vous n'ayez pas profité de votre séjour.

Je peux ajouter, comme suite à ce que vous écriviez dans une lettre précédente, que cet Ashram n'est pas exactement destiné à être une fabrique de surhommes. Venir à ce yoga simplement avec l'idée d'être un surhomme, serait un acte d'égoïsme vital qui irait à l'encontre de ses propres intentions. Ceux qui mettent ce but au premier plan de leurs pré occupations, inévitablement tournent mal, spirituellement et autrement. Le but de ce yoga est, d'abord, d'entrer en la conscience divine en y fusionnant son ego séparatif (incidemment, quand on fait cela, on découvre son vrai moi individuel, qui n'est pas le vain ego humain centré sur soi et limité, mais une parcelle du Divin), ensuite, de faire descendre la conscience supramentale sur la terre et de transformer le mental, la vie et le corps. Tout le reste ne peut être qu'un résultat de ces deux buts, non le premier but du yoga.

L'extrême difficulté de ces deux buts n'a jamais été cachée des sâdhak, au contraire, les difficultés et les dangers ont été accentués plutôt que minimisés. Si, malgré tout, ils choisissent ce chemin et y persistent, il est entendu qu'ils sont prêts à tout risquer, tout sacrifier, tout abandonner afin de réaliser ce but ou d'aider à sa réalisation.

(12 octobre 1930)

 

*

**

 

Je vous ai dit de ne pas essayer de décider par votre mental. Vous persistez à répéter : "Je dois décider. Je dois décider. Je dois prendre une décision. Je dois prendre une résolution." Vous n'arrêtez pas de répéter ce je, je, je dois décider, comme si vous saviez mieux que moi et que la Mère ! "Je dois comprendre, je dois décider !" Et chaque fois, vous découvrez que votre mental ne peut rien décider et rien comprendre. Et malgré tout, vous continuez à répéter le même mensonge.

Page – 26 - 27


single rule I gave you. Open to the Mother's presence, influence, light, force—reject everything else. Only so will you get back clearness (in stead of this confusion), peace, psychic perception and progress in the sadhana.

(May 26, 1930)

*

**

 

I have already told you more than once—plainly enough, I thought,-— that to stay here is your only chance for your spiritual life's fulfilment, Work or no work is a secondary matter. I have nothing to add except that "purification" through work or a return here better prepared would certainly not be the result of your departure. The most likely near result would be the repetition of a former experience, and for the future a long and perhaps permanent drifting away from myself and the Yoga.

All this talk about purification by work and better preparedness by departure is sheer self-deception, the usual trick of the vital being trying to get a high-sounding justification for the indulgence of its own impulses. X did not go to purify himself by work; he went because his vital being was hungry for action, fame, popularity, public praise, power, leadership, domination over others, what the world calls greatness. It had never renounced personal ambition, self-esteem and pride. He himself declared, when going, that he had a work of his own, a destiny of his own and that that work and destiny were rendered abortive and his great capacities were in prison while in Pondicherry. It is grotesque to suggest that work done in this spirit can purify or prepare for Yoga. The only work that spiritually purifies is that which is done without personal motives, without desire for fame or public recognition or worldly greatness, without insistence on one's own mental motives or vital lusts and demands or physical preferences, without vanity or crude self-assertion or claim for position or prestige, done for the sake of the Divine alone and at the command of the Divine, All work done in an egoistic spirit, however good for people in the world of the Ignorance, is of no avail to the seeker of the Yoga.

(April 23, 1930)

*

**

Je vous dis clairement encore une fois que toutes vos soi-disant expériences ne valent rien : de la pure ignorance vitale et de la confusion. La seule expérience dont vous ayez besoin, c'est l'expérience de la présence de la Mère, de la lumière de la Mère, de la force de la Mère, avec le changement qu'elles apportent en vous.

Vous devez rejeter toutes les autres influences et vous ouvrir seule ment à l'influence de la Mère.

Vous ne devez plus penser et parler des énergies qui se déversent et de vos énergies et des énergies des autres. La seule énergie que vous devez sentir, est la descente et l'influx et l'action de la force de la Mère.

Telles étaient mes instructions, et tant que vous les mettiez en pratique, vous progressiez rapidement.

Rejetez ces fausses expériences incohérentes. Revenez à l'unique règle que je vous ai donnée. Ouvrez-vous à la présence de la Mère, à l'influence, la lumière, la force de la Mère — rejetez tout le reste. Ainsi seulement, vous retrouverez la clarté au lieu de cette confusion, et la paix, la perception psychique et le progrès dans la sâdhanâ.

 

(26 mai 1930)

 

*

**

 

Je vous ai déjà dit plus d'une fois — assez clairement je pense — que de rester ici est votre seule chance pour l'accomplissement de votre vie spirituelle. Travail ou non, est une question secondaire. Je n'ai rien à ajouter, excepté qu'une "purification" par le travail ou un retour ici après vous être mieux préparé, ne serait certainement pas le résultat de votre départ. Le résultat immédiat serait très probablement une répétition de l'ancienne expérience, et pour l'avenir, une longue dérive, peut-être permanente, loin de moi et du yoga.

Toute cette histoire de purification par le travail et de meilleure préparation par un départ, est simplement une tromperie de soi-même, le truc habituel de l'être vital qui essaye d'obtenir une justification ronflante pour satisfaire ses propres impulsions. X... n'est pas parti pour se purifier par le travail ; il est parti parce que son être vital était affamé d'action, de gloire, de popularité, de louanges publiques, de pouvoir, d'autorité, de domination sur les autres : ce que le monde appelle grandeur. Il n'avait jamais renoncé à l'ambition personnelle, à sa propre estime et à la vanité.

Page – 28 - 29


It is certainly not very Yogic to be so much harassed by the importunity of the palate. I notice that these petty desires, which plenty of people who are not Yogis at all nor aspirants for Yoga know how to put in their proper place, seem to take an inordinate importance in the consciousness of the sadhaks here—not all, certainly, but many. In this as in many other matters they do not seem to realise that, if you want to do Yoga, you must take more and more in all matters, small or great, the Yogic attitude. In our path that attitude is not one of forceful suppression, but of detachment and equality with regard to the objects of desire. Forceful suppression1 stands on the same level as free indulgence, in both cases, the desire remains ; in the one it is fed by indulgence, in the other it lies latent and exasperated by suppression. It is only when one stands back, separates oneself from the lower vital, refusing to regard its desires and clamours as one's own, and cultivates an entire equality and equanimity in the consciousness with respect to them that the lower vital itself becomes gradually purified and itself also calm and equal. Each wave of desire as it comes must be observed, as quietly and with as much unmoved detachment as you would observe something going on outside you, and allowed to pass, rejected from the consciousness, and the true movement, the true consciousness steadily put in its place.

What if people were to remember that they were here for Yoga, make that the salt and savour of their existence and acquire samatā of the Palate! My experience is that if they did that, all the trouble would disappear and even the kitchen difficulties and the defects of the cooking would vanish.

(August 28, 1930)

 

*

**

 

Think of your work only when it is being done, not before and not after.

Do not let your mind go back on a work that is finished. It belongs to the past and all rehandling of it is a waste of power.

Do not let your mind labour in anticipation on a work that has to be done. The Power that acts in you will see to it at its own time.

 

1 Fasting comes under the head; it is of no use for this purpose. Abandon that idea altogether,

Lui-même a déclaré, quand il est parti, qu'il avait son propre travail, sa propre destinée, et que ce travail et cette destinée étaient gaspillés ici, que ses grandes capacités étaient en prison tant qu'il était à Pondichéry. Il est grotesque de suggérer qu'un travail dans cet état d'esprit peut purifier ou préparer au yoga. Le seul travail qui purifie spirituellement, est celui que l'on fait sans motif personnel, sans désir de réputation ou de reconnaissance publique ni de grandeur mondaine , sans insister sur ses propres motifs mentaux ou sur les appétits et les exigences du vital ; sans préférences physiques, sans vanité ou grossière affirmation de soi, sans revendications de position ou de prestige : un travail fait pour le Divin seul et sur l'ordre du Divin. Tout travail accompli dans un esprit égoïste, si bon soit-il pour les gens dans le monde de l'Ignorance, n'est d'aucune valeur pour le chercheur du yoga.

(23 avril 1930)

 

*

**

 

Il n'est certainement pas très yoguique de se laisser tant tourmenter par les importunités du palais. Je remarque que ces petits désirs — que beaucoup de gens qui ne sont pas du tout des yogi ni des aspirants du yoga, savent mettre à leur place — semblent prendre une importance exagérée dans la conscience des sâdhak ici (pas tous certainement, mais beaucoup). En cela, comme en beaucoup d'autres domaines, ils ne semblent pas réaliser que si l'on veut faire le yoga, il faut de plus en plus et dans tous les domaines, petits ou grands, prendre l'attitude yoguique. Pour notre chemin, cette attitude n'est pas de suppression violente, mais de détachement et d'égalité vis-à-vis des objets du désir. La suppression violente1 se situe au même niveau que l'assouvissement sans frein : dans les deux cas, le désir reste ; dans l'un, il est nourri par l'assouvissement, et dans l'autre, il reste latent et exaspéré par la suppression. C'est seulement quand on se tient en arrière, se sépare du vital inférieur, refusant de considérer comme siens ses désirs et ses clameurs, et que l'on cultive vis-à-vis d'eux une égalité et une équanimité complètes dans la conscience, que le vital inférieur se purifie graduellement et devient calme et égal. Chaque vague de désir lorsqu'elle vient, doit être observée aussi tranquillement et avec

 

1 Le jeûne fait partie de la même catégorie, il ne sert à rien dans ce domaine. Abandonnez complètement cette idée.

Page – 30 - 31


These two habits of the mind belong to a past functioning that the transforming Force is pressing to remove and the physical mind's persistence in them is the cause of your strain and fatigue. If you can remember to let your mind work only when its action is needed, the strain will lessen and disappear. This is indeed the transitional movement before the supramental working takes possession of the physical mind and brings into the spontaneous action of the Light.

(12-8-1927)

 

*

**

 

As for the people who want to draw others to the yoga, I should say that if they draw themselves nearer to the inner goal that would be a more fruitful activity. And in the end it would "draw" much more people in a better way than writing of many letters.

(Lettres, 1,814)

 

SRI AUROBINDO

______________

Suite de la page 31

 

un détachement aussi imperturbable que si l'on observait quelque chose qui se produisait en dehors de soi, et on doit la laisser passer, rejetée delà conscience, et mettre à sa place fermement le vrai mouvement, la vraie conscience.

Si seulement les gens se rappelaient qu'ils étaient ici pour faire le yoga, s'ils faisaient de cela le sel et la saveur de leur existence et acquerraient la samatâ1 du palais ! Mon expérience est que s'ils faisaient cela, tous les ennuis disparaîtraient, et même les difficultés de cuisine ou les défauts de cuisson s'évanouiraient !

(28 août 1930)

 

*

**

1 Égalité

Pensez à votre travail seulement quand vous le faites, pas avant et pas après.

Ne laissez pas votre mental revenir sur un travail qui est fini. Il appartient au passé et tout remaniement serait un gaspillage de pouvoir.

Ne laissez pas votre mental ruminer en anticipation sur un travail qui doit être fait. Le Pouvoir qui agit en vous, fera le nécessaire au moment voulu.

Ces deux habitudes du mental appartiennent à un fonctionnement passé que la pression de la Force transformatrice veut faire disparaître, et la persistance du mental physique à les perpétuer est la cause de votre tension et de votre fatigue. Si vous pouvez vous souvenir de ne laisser votre mental travailler que quand son action est nécessaire, la tension diminuera et disparaîtra. C'est en fait le mouvement de transition avant que le fonctionnement supramental prenne possession du mental physique et y amène l'action spontanée de la Lumière.

(12-8-1927)

 

*

**

 

Quant aux gens qui veulent attirer les autres au yoga, je dirais que s'ils s'attiraient eux-mêmes un peu plus près du but intérieur, ce serait une activité plus fructueuse. Et finalement, ils "attireraient" beaucoup plus de monde et d'une meilleure manière qu'en écrivant une quantité de lettres.

(Lettres, I. 814)

 

SRI AUROBINDO

 

 

 

 

 

 

Top

Page – 32 - 33


Sri Aurobindo

 

Conversations avec Pavitra

 

Note de l'éditeur

 

Ces conversations se sont déroulées entre le 18 décembre 1925 et le 20 novembre 1926. Pavitra, un ancien polytechnicien français, était arrivé à Pondichéry le 17 décembre 1925, venant d'une lama série de Mongolie où l'avait poussé sa recherche spirituelle, après avoir passé quatre années au Japon. Il n'a plus jamais quitté Pondichéry, où il a vécu pendant quarante-quatre ans au service de Sri Aurobindo et de la Mère. Il vient de quitter son corps le 16 mai 1969. Ces brèves conversations ont été notées de mémoire, en français la plupart du temps, sauf vers la fin. Elles ne représentent donc pas les paroles exactes du Maître, mais une notation aussi fidèle que possible. Pavitra avait alors 31 ans.

 

Vendredi 18 décembre 1925

 

VOTRE retour en France actuellement serait une défaite. Vous voir éloigneriez de l'état de conscience que vous avez entrevu. Ce pour rait même être pire. Peut-être après quelques années vous reprendriez vous, mais en tout cas, ce serait négliger une opportunité et manquer à ce que vous avez à faire.

Vous apportez la sincérité du cœur dans votre recherche et l'aptitude de votre mental à apprendre (réserver le jugement). Mais votre activité mentale est nuisible, il faut faire taire votre mental.

Une nouvelle conscience cherche à s'exprimer en vous. Il y a dans l'Inde des personnes, des yogi qui peuvent vous aider en cela et vous donner la nouvelle naissance. Quelques difficultés dans leur recherche, car vous ne parlez pas leur langue et ils sont souvent d'un abord rébarbatif. C'est cependant une des solutions devant vous.

Sri Aurobindo

 

Conversations with Pavitra

 

Editor's Note

 

These conversations were held from December 18, 1925 to November 20, 1926. Pavitra, a French engineer of the Polytechnic School, arrived at Pondicherry on the 17th of December, 1925, having come from a Mongolian lamasery where his spiritual search had driven him, after his having spent four years in Japan. He never left Pondicherry again, where he lived for forty-four years in the service of Sri Aurobindo and the Mother. He left his body on May 16, 1969. These brief conversations were noted from memory, most of the time in French, except towards the end. Hence, they do not represent the exact words of the Master, but are as faithful a record as possible. Pavitra was then 31 years old.

 

Friday, December 18, 1925

 

YOUR going back to France at the moment would be a defeat. You would fall off from the state of consciousness of which you have caught a glimpse. It could even be worse. Perhaps after a few years you would get over it, but in any case, you would be missing an opportunity and failing in what you have to do.

You bring a sincerity of heart in your search and the aptitude of your mind for learning (for reserving your judgment). But your mental activity is harmful; you must make your mind silent.

A new consciousness is seeking expression in you. There are in India people, yogis, who can help you in this and give you a new birth. But there will be some difficulties in finding them, for you do not speak their language and they are often hard of access. This, however, is one of the solutions before you.

Page – 34 - 35


Cette conscience spirituelle vous donnera moukti. Personnellement, mon yoga serait terminé si mon but était la libération. Moukti n'est que la première partie. La seconde consiste à faire descendre la lumière dans tous les véhicules, à les rendre parfaits et à devenir "the embodiment of Truth". La vérité et la puissance universelle agiront à travers vous et au moyen de vous. Il arrive que des personnes soient des instruments plus ou moins inconscients de Shakti 3 mais il s'agit de rester parfaitement conscient.

Cette perfection de l'homme est difficile — très, très difficile et c'est le travail de toute une vie. On peut échouer et gâcher sa vie. C'est en réalité si dur que je ne conseille à personne ce chemin. Cependant, il y a en vous une aspiration puissante et quelque chose qui cherche à des cendre. Je place donc cet idéal devant vous. Si vous le choisissez, restez ici, parmi nous, et voyez ce que je peux vous donner et ce que vous pouvez prendre de moi avant d'aller plus loin.

 

*

**

 

Dimanche 20 décembre 1925

 

Il y a en nous une région qui est au-dessus de l'espace et du temps, immobile, immuable, tout d'abord ; elle ne participe pas aux vagues des émotions et des pensées. Le premier but est de centrer sa conscience en  cette région et de l'y maintenir : c'est moukti. En nous, au-delà de notre personnalité, se révèle Pourousha, avec plusieurs attributs qui se dévoilent r successivement.

Tout d'abord, il apparaît le témoin des actions et des sensations,  inaffecté, inaltérable.

Ensuite, il se manifeste comme dispensateur de sanctions : Il adhère  ou refuse son acquiescement à un mouvement de Prakriti : désir ou  pensée, ou encore action. Lorsqu'un tel ordre est donné, comme par exemple le refus de participer à telle émotion, bien que le passé soit encore fort, l'être se détourne de cette émotion.

This spiritual consciousness will give you mukti. Personally, my yoga would be finished if my goal were liberation. Mukti is only the first part. The second is to bring down the light into all the instruments, to make them perfect and to become the embodiment of Truth. The universal truth and power will then act through you and by your instrumentation. It is true that people are more or less unconscious instruments of the Shakti, but it is a question of remaining perfectly conscious.

This perfection of man is difficult—very, very difficult, and it is a life-time's work. One may fail and make a mess of one's life. It is in fact so hard that I do not advise anyone to take this path. However, there is a powerful aspiration in you and something which is seeking to come down. So I put this ideal before you. If you choose it remain here, with us, and see what I can give you and what you can take from me before going farther.

 

*

**

 

Sunday, December 20, 1925

 

There is in us a region which is above space and time, immobile, immutable, at first; it does not participate in the waves of emotions and thoughts. The first step is to centre one's consciousness in this region and keep it there: this is mukti. In us, beyond our personality, the Purusha is seen, with many attributes which are successively unveiled.

First of all, he appears as the witness of actions and sensations, un touched, unalterable.

Then he manifests as the giver of sanctions : he approves or refuses his consent to a movement of Prakriti: desire or thought or even action. When such an order is given, as for instance, the refusal to take part in a certain emotion, though the past is yet strong, the being turns away from that emotion. .

Then, Purusha is the Knower and in him is the knowledge. This knowledge has several forms: the lowest is intuition, then comes the knowledge in unity. In any case, the senses are no longer avenues of knowledge : it comes directly.

Page – 36 - 37


Puis Pourousha est le connaisseur (Knower) et en lui, est la connaissance. Cette connaissance a plusieurs formes : la plus basse est l'intuition, puis vient la connaissance unitive. En tout cas, les sens ne sont plus les avenues de la connaissance : celle-ci se fait directement.

Enfin et dernièrement, Pourousha se révèle comme Îshwara, le Seigneur. Régissant et agissant par ses instruments, il prend enfin dans sa main son royaume.

L'établissement se fait en deux temps.

D'abord, le contact est mental — zone du mental spirituel (bouddhi?). L'homme reconnaît son mental, ses émotions et son corps comme non lui. Il se trouve existant au-dessus d'eux — au-dessus de la forme spatiale et temporelle. Il a la paix et la certitude.

Pour arriver là, la première chose (et spécialement pour vous) c'est d'arrêter-les pensées à volonté. Il faut d'abord mentalement (car on n'est pas encore capable d'autre chose) se séparer du mental, le regarder et F étudier. Lorsque cela est fait, il devient facile d'arrêter les pensées, C'est la première leçon de Yoga. Ainsi, en causant avec vous en ce moment, je n'ai pas de pensées. Je vois ce qui m'environne mais sans penser (à moins que je ne le désire et que je n'appelle la pensée). Lorsque j'ai commencé le Yoga, je suis allé trouver Lélé et lui ai demandé de m'aider. H m'a ordonné de m'asseoir près de lui et de pratiquer cette séparation mentale. Au bout de trois jours, j'avais réussi et tué les pensées.

Il y a d'autres moyens d'y parvenir, comme celui de s'asseoir et de s'ouvrir à l'influx d'en haut pour que cette opération soit accomplie d'en haut sans effort personnel pour cela. A vous, je conseille la première méthode. Jusqu'à cette première réalisation, tout est mental. Et l'intuition n'est que fragmentaire, incertaine et discontinue. Il faut aller au-delà, Peu à peu, l'aspiration forte provoque (quelquefois brusquement) l'irruption dans la conscience de quelque chose de nouveau. Quelquefois c'est une paix, solide comme le roc. Quelquefois une lumière presque physique qui illumine toutes choses, intérieures et extérieures. Quelquefois une direction. En tout cas, à la paix ineffable succède la connaissance.

Puis tout cela descend de haut en bas. Et non comme chez les Tantrika en partant du chakram inférieur. Mais au contraire en partant du haut.

Donc — pour vous — premier but : vous séparer de votre mental

Finally, Purusha reveals himself as Ishwara, the Lord. Governing and acting through his instruments he at last takes his kingdom in his hands.

This is accomplished in two stages.

At first the contact is mental—zone of the spiritual mind (Buddhi ?). Man recognises his mind, his emotions and his body as not-himself. He feels himself existing above them—above the spatial and temporal form. He has peace and certitude.

To reach this, the first thing (and specially for you) is to stop the thoughts at will. One must first separate oneself mentally from the mind (for one is not yet capable of doing it otherwise), must look at it and study it. When that is done it becomes easy to stop the thoughts. This is the first lesson of Yoga. Thus, whilst talking with you at this moment, I have no thoughts. I see what is around me but without thinking (unless I want to do so and call the thought). When I began Yoga I went in search of Lele to ask him to help me. He ordered me to sit beside him and practise this mental separation. At the end of three days I had succeeded and slain the thoughts.

There are other means of arriving at this, like the one of sitting down and opening oneself to the influx from above, so that this working may be accomplished from above without any personal effort. To you I would recommend the first method. Till this first realisation everything is mental. And intuition is only fragmentary, uncertain and intermittent. One must go beyond. Little by little, strong aspiration brings about (sometimes suddenly) the irruption into the consciousness of something new. Some times it is a peace, solid like a rock. Sometimes a light, almost physical, which illumines all things, inner and outer. Sometimes a guidance. In any case, ineffable peace is followed by knowledge.

Besides, all this descends from above below. And not as with the Tantriks starting from the lower cakra. But on the contrary from above.

So—for you—the first aim: to separate yourself from your mind and know it as outside you. To take the attitude of the witness. Let the thoughts come but do not let yourself be carried away by them. Practise during meditation. Then, you will have to infuse into daily life what you establish first in meditation.

 

*

**

 

Page – 38 - 39


et le reconnaître comme extérieur à vous. Prendre l'attitude du témoin. Laisser la pensée venir mais ne vous laissez pas entraîner par elle, Pratiquez pendant la méditation. Ensuite, il faudra faire passer dans l'existence journalière ce que vous établissez d'abord dans la méditation.

 

*

**

 

Mardi 22 décembre 1925

 

Il me semble qu'il y a dans le mental deux niveaux: le premier s'occupe d'images et de formes ; le deuxième de mots et d'idées. Au-delà est le principe de compréhension (bouddhi). Je peux m'isoler facilement du mental inférieur. Lorsque je rappelle à ma mémoire une idée ou une phrase que je viens d'émettre, je peux aussi rester détaché. Mais lorsque je raisonne, par exemple, je suis un avec mon mental (plus exactement bouddhi est uni à manas).

 

Cela est exact — mais il y a une troisième chose encore, c'est le mental en lui-même, différent des formes et des idées qu'il génère. C'est un principe qui pénètre tout l'univers — calme et transparent. La plupart des personnes, et vous aussi, vous vous identifiez à ce mental et à ses activités : vous confondez le mental et ses activités. Il faut arriver à vous séparer de Prakriti et vous reconnaître comme Pourousha.

La méthode qu'on m'a enseignée, à moi, est de tuer toutes les pensées lorsqu'elles se présentaient à moi, tout simplement en les fixant.

Vous dites que vous dormez, car en effet la seule forme de silence que l'homme ordinaire reconnaisse pour le mental, est le sommeil. Mais il faut surmonter cela — c'est un obstacle connu, que tous doivent sur monter. Rejetez le sommeil comme vous rejetez les autres affections de la nature inférieure. Vous en avez la puissance étant Pourousha.

Alors, l'une des deux choses suivantes adviendra : ou bien vous resterez pleinement conscient mais le mental vide, ou bien vous aurez cette conscience mais non en l'état de veille, c'est-à-dire que vous serez en samâdhi.

Tuesday, December 22, 1925

 

It seems to me that there are two levels in the mind: the first attends to images and forms; the second to words and ideas. Beyond this is the principle of comprehension (Buddhi). I can easily dissociate myself from the lower mind. When I recall to memory an idea or phrase which I have just expressed, I can also remain detached. But when for instance, I reason, I am one with my mind (more exactly Buddhi is joined to manas).

 

This is true—but there is yet a third thing, it is the mind in itself, different from the forms and ideas it produces. It is a principle which pervades the whole universe—calm and transparent. Most people—and you also—identify yourself with the mind and its activities: you confuse the mind and its activities. You must succeed in separating yourself from Prakriti and knowing yourself as the Purusha.

The method I was taught was to kill all thoughts when they appeared before me, quite simply by looking at them steadily.

You say that you sleep, for indeed the only form of silence ordinary man knows for the mind is sleep. But this must be overcome—it is a known obstacle which all must overcome. Reject sleep as you reject other ills of the lower nature. You have the strength to do it, being the Purusha.

Then one of the following two things will happen: either you will remain fully conscious but with the mind empty, or you will have this consciousness but not in the waking state, that is, you will be in Samadhi.

So, this work is the first step for you.

 

*

**

Page – 40 - 41


Ainsi, ce travail est le premier pas pour vous.

 

*

**

 

Vendredi 25 décembre 1925

 

En restant attentif —face à mes pensées —j'ai appris qu'elles dis paraissent aussitôt que je les fixe. Le moyen de les tuer est donc de veiller attentivement et dès que l'on est conscient d'une, l'anéantir ainsi. Cela réussit bien pour la région des mots mais moins pour celle des images. Je peux arriver à rester ainsi, seulement conscient de mon attention. Mais le mental n'est pas mort. Je le sens derrière la porte. A certains moments, j'ai l'impression que je perdrai bientôt conscience (?).

 

Bien, mais vous êtes encore conscient de votre effort pour tuer les pensées. C'est naturel, mais avec le temps cela disparaîtra aussi.

Quant à la perte de conscience, n'ayez pas peur. Il se pourrait que, outre les deux alternatives présentées la dernière fois, vous tombiez dans une inconscience dont vous ne garderiez aucun souvenir. Il faut tâcher d'éviter cela et d'arriver soit à la veille sans mental, soit à samâdhi.

 

La lecture est-elle nuisible ? Je n'en ai pas grand besoin, et quelque fois le travail mental m'est pénible.

 

Il ne faut pas prendre de règle mentale. Faites suivant vos demandes intérieures. La lecture n'est pas nuisible en elle-même.

*

**

 

Friday, December 25, 1925

 

Remaining attentive—facing my thoughts—I found that they disappeared immediately on my looking steadily at them. The means of killing them, hence, is to watch attentively and, as soon as one becomes conscious of any, destroy it thus. This succeeds quite well in the region of words but less in that of images. I can manage to remain thus, conscious only of my attention. But the mind is not dead. I feel it behind the door. At certain moments I have the impression that I shall soon lose consciousness (?).

 

Good, but you are still conscious of your effort to kill the thoughts. This is natural, but in time this will disappear also.

As for the loss of consciousness, do not fear. It might happen that, besides the two alternatives put before you last time, you could fall into an unconsciousness of which you would not keep any memory. You must try to avoid that and to attain either the waking state without mind or Samadhi.

 

Is reading harmful ? I do not need it much, and sometimes mental work is painful to me.

 

You must not make any mental rules. Do according to your inner needs. Reading is not harmful in itself.

 

*

**

Page – 42 - 43


Mercredi 30 décembre 1925

 

Je réussis pendant quelques instants à me maintenir attentif, vide de pensées — mais alors les sensations reprennent une puissance nouvelle. Je n'arrive pas à me détourner d'un bruit une fois que mon attention s'y est fixée, car je n'ai pas d'objet de concentration.

 

Le premier pas n'est pas de se retirer de toute pensée et sensation, mais de les considérer comme extérieures à soi. Il y a deux régions dans le mental, l'une active, l'autre calme et attentive, non entraînée par les mouvements de la nature. C'est cette distinction que vous devez faire. Vous voulez aller trop vite en supprimant même la pensée : "Je ne suis pas cela." Actuellement cette pensée est votre instrument.

Restez spectateur de vos pensées et sensations, en reconnaissant qu'elles sont en dehors de vous et ne vous affectent pas. Ensuite, la conscience supérieure (Purusha consciousness) descendra et prendra possession de votre mental.

Mais ne luttez jamais, car, dans le mental, ce que vous rejetez vie ment revient avec une force plus grande.

Lutter, c'est entrer dans toutes sortes de difficultés.

 

*

**

 

Lundi 4 janvier 1926

 

Je réussis à accrocher ma conscience de façon à rester éveillé, immobile, dans le silence. Cet état ne dure que quelques instants. Il se trouve que ma conscience est alors centrée en un point voisin du centre sourciller. Cet exercice implique une grande fatigue du cerveau et un travail dans les trois centres : solaire, sourciller et occipital.

 

Plus tard, cet effort cérébral disparaîtra, car vous ne travaillerez pas

Wednesday, December 30, 1925

 

I succeed for a few minutes in keeping myself attentive, empty of thought—but then the sensations return with a new strength. I do not succeed in turning away from a noise once my attention is caught there, for I have no object of concentration.

 

The first step is not to withdraw from all thought and sensation, but to consider them as outside oneself. There are two regions in the mind, one active, the other calm and attentive, not dragged away by the movements of nature. It is this distinction that you must make. You want to go too fast by suppressing even the thought: 'I am not that'. At the moment this thought is your instrument.

Remain the spectator of your thoughts and sensations, recognising that they are outside you and do not affect you. Then the higher conscious ness (Purusha consciousness) will descend and take possession of your mind.

But never struggle, for, in the mind, what you reject violently returns with a greater force.

To struggle is to enter into all sorts of difficulties.

 

*

**

 

Monday, January 4, 1926

 

I succeed infixing my consciousness so as to remain awake, immobile, in the silence. This state lasts only for a few moments. It happens that my consciousness is then centred in a point next to the eyebrow centre. This exercise involves a great fatigue of the brain and a work in the three centres: solar, eyebrow and occipital.

 

Later, this cerebral effort will disappear, for you will not work with

Page – 44 - 45


avec le cerveau. C'est l'état intermédiaire. Votre conscience se centrera à un certain moment en dehors de votre corps physique — au-dessus de votre tête —, puis elle s'épanouira et vous deviendrez conscient de son unité avec les autres centres.  

Le centre de la gorge n'est pas intéressé car ce n'est pas un centre mental, mais seulement vocal. La plupart des personnes qui travaillent avec le mental émotionnel restent au niveau du plexus solaire.

 

Si l'on prend conscience de son unité avec le tout, devient-on par ce fait capable d'identifier sa conscience avec celle d'un autre centre de conscience ?

 

Pas tout de suite. Il y a deux étapes. D'abord, vous percevrez votre unité avec les autres centres de conscience "dans le Silence". C'est dans le transcendant que vous percevrez l'identification. Plus tard, vous réa liserez cette union même dans l'activité manifestée — dans le jeu des forces — et à ce moment, l'union dont vous parlez est possible.

 

Je n'arrive pas encore à réaliser pratiquement l'indépendance de mon être réel avec mon corps physique — indépendance que je conçois mentalement. Réaliserai-je cette division ?

 

Cela viendra nécessairement et vous réaliserez que votre corps est un instrument que vous pouvez mettre de côté. C'est le premier aspect de Moukti : la reconnaissance que vous êtes libre de votre corps.

 

De même, certaines imperfections telles que le désir d'approbation, de considération, sont très forts, bien que mentalement je les combatte.

 

Oui, et votre être est encore bien plus complexe que vous ne l'imaginez. Le moment viendra où vous observerez votre être intérieur comme s'il était extérieur. Et il y a une partie de votre conscience qui accorde sa sanction à ce mouvement de la nature. Car il y a en vous quelque chose

the brain. This is an intermediate state. Your consciousness will be centred at a particular moment outside your physical body—above your head—, then it will expand and you will become aware of its unity with the other centres.

The throat-centre is not involved for it is not a mental centre, but only vocal. Most people who work with the emotional mind remain at the level of the solar plexus.

 

If one becomes aware of one's unity with the whole, does one consequently become capable of identifying one's consciousness with that of another centre of consciousness ?

 

Not all at once. There are two stages. First, you will feel your unity with the other centres of consciousness 'in the silence'. It is in the Transcendent that you will feel the identification. Later, you will realise this union even in the manifested activity—in the play of forces—and at that moment the union you speak about is possible.

 

I do not yet succeed in realising actually the independence of my real being from my physical body—an independence which I can conceive mentally. Will I realise this division ?

 

This will necessarily come and you will realise that your body is an instrument which you can put aside. This is the first aspect of Mukti: the recognition that you are free from your body.

 

All the same, certain imperfections like the desire for approbation, for consideration, are very strong, though mentally I fight them.

 

Yes, and your being is much more complex still than you imagine. The time will come when you will observe your inner being as though it were outside. And there is a part of your consciousness which gives its sanction to this movement of nature. For there is in you something which

Page – 46 - 47


qui désire cette approbation, bien que votre mental lutte. Mais le mental ne peut que refréner — il ne peut rien changer.

 

Pour que ce changement — cette transmutation —puisse s'effectuer-, il est, d'après les idées que je me forme, nécessaire d'atteindre la conscience cosmique, et de s'emparer ainsi du "dissolvant universel" comme disent les alchimistes. Ensuite ne peut-on pas transmuer ?

 

Non, cela ne suffit pas. Lorsque vous redescendez de votre conscience cosmique, les mêmes tendances sont là qui peuvent toujours être rappelées à la vie. Mais au-delà de l'aspect immanent de la Puissance absolue, aspect que vous réalisez dans l'expérience de la conscience cosmique, il y a ce que l'on peut appeler l'aspect transcendant, qui est créateur et sans limitations. C'est lui, le dissolvant qui détruit et qui crée. Le Pourousha vital qui consentait à tel mouvement de la nature, doit faire sa soumission à la vie plus haute et la transformation est possible.

Il y a plusieurs niveaux dans la conscience incarnée. Les Oupanishad parlent de cinq Pourousha reliés aux cinq kôsha.1

 

Dans le cas où l'âme réussit à s'évader du monde des formes et à entrer au Nirvana, à s'abîmer dans le Silence, cette fusion et perte de l'individualité est-elle définitive ?

 

Naturellement c'est ce que beaucoup recherchent. L'Absolu a deux aspects comme Pourousha : le Pourousha immobile transcendant, et le Pourousha mobile, comme dit la Guîtâ. L'âme peut réaliser son unité avec le premier : Prakriti disparaît et l'âme s'évade du monde manifesté qu'elle considérait comme un mensonge, une illusion ou un piège dangereux. Mais ceci ne peut satisfaire. Car l'absolu comprend aussi le Pourousha mobile, et l'âme doit, si elle veut l'union intégrale, réaliser son unité avec le divin dans la manifestation, comme avec le transcendant,

D'ailleurs, dire que l'âme s'est absorbée définitivement dans l'Absolu,

 

1 Les cinq "enveloppes" ou corps subtils qui constituent l'homme.

desires this approbation, although your mind struggles. But the mind can only restrain—it cannot change anything.

 

That this change—this transmutation—may be effective, it is necessary, according to my own ideas, to attain the cosmic conscious ness and to get possession thus of the 'universal solvent as the alchemists say. Then can't one transmute ?

 

No, this does not suffice. When you come down again from your cosmic consciousness, the same tendencies are there which can always be restored to life. But beyond the immanent aspect of the absolute power, the aspect which you realise in the experience of the cosmic consciousness, there is what may be called the transcendent aspect, which is creative and without limitations. This is the solvent which destroys and creates. The vital Purusha who consented to a certain movement of nature, must surrender to the higher life and the transformation is possible.

There are several levels in the incarnated consciousness. The Upanishads speak of five Purushas bound to the five Koshas.1

In the case in which the soul succeeds in escaping from the world of forms and entering into Nirvana, in sinking into the silence, is this fusion and loss of individuality final ?

 

Naturally, this is what many seek. The Absolute has two aspects as Purusha : the transcendent, immutable Purusha and the mutable Purusha, as the Gita says. The soul can realise its union with the first : Prakriti disappears and the soul escapes from the manifested world which it considered a falsehood, an illusion or a dangerous trap. But this cannot satisfy. For the Absolute contains also the mutable Purusha and the soul, if it wants integral union, must realise its unity with the Divine in the manifestation, as with the Transcendent.

Besides, to say that the soul has become finally absorbed in the Absolute

 

1 The five envelopes or five subtle bodies which constitute man.

Page – 48 - 49


est une façon de parler. Cette libération est-elle définitive? Je ne suis pas près de l'accorder.

L'absolu a un aspect qui se connaît, s'aime etc. par notre intermédiaire. Et c'est là la raison de la manifestation.

 

*

**

 

Vendredi 8 janvier 1926

 

Ce qui avait paru si simple, est devenu très difficile. Ces jours derniers, j'ai eu le plus grand mal à me séparer de mon mental inférieur. Il me fallait une grande énergie pour rester éveillé, attentif, et ne pas me laisser entraîner par le flot des images mentales, sans queue ni tête, espèce de rêve éveillé. Peut-être est-ce une réaction temporaire ?

 

Que faites-vous lorsque vous essayez de calmer votre mental ?

 

J'accroche ma conscience à un point et je tâche de rester attentif, à surveiller le jeu du mental inférieur. Si j'atteins cette attitude, il se calme. Deux postures: une avec image, une avec langage. Celle avec langage est plus difficile. Elle est automatique: ne s'accroche pas à des sujets bien définis, mais à ce qui me préoccupe le plus, ou à la dernière chose à laquelle j'ai pensé — le déclenchement est souvent produit par les sens.

 

A quel point essayez-vous de fixer votre conscience?

 

Normalement, au niveau d'Âjnâ.1

 

Âjnâ est le centre qui correspond au mental automatique et c'est cette

 

1 Le centre entre les sourcils.

is only a way of speaking. Is this liberation final ? I am far from granting this.

The Absolute has an aspect which knows itself, loves itself, etc. through us as intermediaries. And that is the reason of the manifestation.

 

*

**

 

Friday, January 8, 1926

 

What seemed so simple has become very difficult. These last few days I have had the greatest difficulty in separating myself from my lower mind. It needed a great deal of energy to remain awake, attentive, and not to let myself be carried away by the stream of mental images, without head or tail, a sort of waking dream. Perhaps this is a temporary reaction ?

 

What do you do when you try to quiet your mind ?

 

I fix my consciousness on a point and try to remain attentive, to watch the play of the lower mind. If I attain this attitude it becomes quiet. Two postures: one with images, one with language. The one with language is more difficult. It is automatic: does not hook itself to well-defined objects, but to what preoccupies me most, or to the last thing I have thought about—the unhooking is often produced by the senses.

 

On what point do you try to fix your consciousness?

 

Normally at the level of the Ajñā1

Ajñā is the centre which corresponds to the automatic mind and it

 

1 The centre between the eyebrows.

Page – 50 - 51


position dynamique qui est en action chez vous. C'est elle qui constitue le mental de la plus grande partie des gens, et si vous en êtes conscient — si vous percevez son action pendant vos occupations ordinaires —, les autres en sont inconscients.

Le mental vrai (thought-mind) est plus haut. Cela, c'est le mental automatique qui n'est plus pour vous d'aucune utilité. C'est un déchet (waste) de la nature.

Avez-vous jamais essayé d'employer la volonté ?

 

Naturellement, mais j'ignore si c'est bien la volonté que j'ai utilisé.

 

La volonté a trois degrés et il faut avant tout la distinguer de l'effort qui est purement mental. Le premier degré est le désir — correspondant au plexus solaire. Le deuxième, îshitâ ou aïshwarya, est une espèce de commandement (commande, d'ordre, qui sanctionne ou non l'œuvre de Prakriti. Lorsqu'il a été reconnu qu'une chose doit être ou ne pas être, il doit entrer en action. C'est un pouvoir indispensable pour le Yoga que nous suivons. On peut y faire appel par une consécration et l'on devient conscient de son action. Cette action est trouble et imparfaite au début, mais avec le temps, elle se perfectionne. L'effort mental, avec le temps, peut réussir, mais l'action de la volonté vraie est infiniment plus rapide.

 

J'ai expérimenté cette action lorsque, par un appel qui est en même temps une offrande, j'atteins les couches les plus hautes de mon être. J'ai physiquement la sensation d'une action qui descend au-dessus de ma tête.

 

C'est cela. Tâchez de temps en temps d'y faire appel. Une action constante est encore impossible — mais reprenez contact de temps à autre,

La troisième action de la volonté est un contrôle, une possession absolue de Prakriti par Pourousha (washitâ ?).

 

*

**

 

 

 

is this dynamic position which is working in you. It is this which constitutes the mind of the majority of men, and if you are conscious of it—if you notice its action during your ordinary occupations—others are not conscious of it.

The real mind (thought-mind) is higher. The other is the automatic mind which is no longer of any use to you. It is a waste of nature.

Have you ever tried to use the will ?

 

Naturally, but I do not know if it is really the will which I have used.

 

The will has three grades and it must be distinguished before all from the effort which is purely mental. The first grade is desire—corresponding to the solar plexus. The second, īśitā or aiśvarya is a kind of command, of order, which either sanctions or not the work of Prakriti. When it is known that a thing must or must not be, it ought to come into action. This is an indispensable power for the Yoga we follow. One can call it by a consecration and one becomes aware of its action. This action is disturbed and imperfect at the beginning, but in time it is perfected. Mental effort may succeed in time, but the action of the true will is infinitely more rapid.

 

I have experienced this action when, by a call which is at the same time an offering, I reach the highest layers of my being. I have, physically, the sensation of an action descending above my head.

 

That's it. Try from time to time to invoke it. A continuous action is yet impossible—but get back the contact now and then.

The third action of the will is a control, an absolute possession of Prakriti by the Purusha (vaśitā ?).

 

*

**

 Page – 52 - 53


Lundi il janvier 1926

 

La doctrine fondamentale de la S.T., à mon avis, est l'existence des "Maîtres". D'une part, c'est le message nouveau (les autres doctrines: Karma, réincarnation, étant purement philosophiques et déjà con nues). D'autre part, c'est un point vital pour les dirigeants de la S.T. qui affirment être dirigés par ces mêmes Maîtres, a). Au point de vue logique et philosophique, l'existence de Siddha ayant rendu par faits leurs véhicules et restant pour diriger l'humanité, est raison nable et même très probable. Je l'admets sur ce terrain, b). Écartant l'idée que les dirigeants de la S.T. soient consciemment trompeurs, comment rendre compte de leurs assertions sur leurs relations avec les maîtres — sur les plans supérieurs, mais aussi sur le plan physique ? HPB, HSO, CWL, par exemple, ont rencontré des maîtres vivants. Si l'on admet ces assertions, comment expliquer le peu de spiritualité de la S.T. en général, et la direction générale, éthique, morale, mais pas spirituelle ? Il y a là quelque chose d'erroné dont je ne peux trouver la cause, mais qui m'a tenu à part du mouvement (missionnarisme, sectarisme etc., etc.).

Ce sont des questions très importantes pour moi.

 

Il y a en effet deux questions bien différentes. Leurs vraies solutions ne sont pas d'ordre mental, mais peuvent être appréhendées par la seule réalisation spirituelle. Voici cependant ce que je peux en dire.

En ce qui concerne la première, je dirai seulement que l'existence d'êtres parfaits, c'est-à-dire, "n'ayant plus rien à apprendre" comme vous dites, est problématique. Il y a toujours à apprendre dans l'Infini. Le Bouddha qui a fait le vœu de rester sur la terre jusqu'à ce que le dernier des hommes soit entré au Nirvana, n'est pas Gautama, mais Amida.

L'autre question est de juger les relations des leaders de la S.T. avec les maîtres, c'est-à-dire de déterminer la nature des expériences psychiques de ces personnes. Tout dans leurs œuvres, et en particulier le peu de spiritualité vraie que l'on rencontre, me fait penser qu'ils n'ont jamais dépassé le plan vital — qui correspond à ce qu'ils appellent le plan astral, J'écarte le cas de tromperie. Il y a d'abord à envisager l'illusion volontaire

Monday, January 11, 1926

 

The fundamental doctrine of the T.S., in my opinion, is the existence of the Masters. On one side this is the new message (the other doctrines: Karma, reincarnation, being purely philosophical and already known). On another, this is a vital point for the leaders of the T.S. who affirm that they are guided by these very Masters. a) From the logical and philosophical point of view, the existence of Siddhas who have perfected their vehicles and remain to guide humanity, is reasonable and even very probable. I admit it on this ground, h) Putting aside the idea that the leaders of the T.S. are consciously deceitful, how to account for their assertions about their relations with the masters—on the higher planes, but also on the physical plane ? HPB, HSO, CWL, for example, have met living masters. If one admits these statements, how to explain the little spirituality of the T.S. in general, and the general trend, ethical, moral, but not spiritual? There is something erroneous there of which I cannot find the cause, but which has made me stand aside from the movement (missionary, sectarian, etc., etc.). These are very important questions for me.

 

There are as a matter of fact two very different questions. Their true answers are not of a mental order, but can be understood only through spiritual realisation. However, here's what I can say about it.

About the first point, I shall say only that the existence of perfect beings, that is, of those "having nothing more to learn" as you say, is problematical. There is always something to learn in the Infinite. The Buddha who took a vow to remain on earth until the last man should enter Nirvana, is not Gautama but Amida.

The other question is to judge the relations of the leaders of the T.S. with the masters, that is, to determine the nature of the psychical experiences of these people. Everything in their works, and particularly the little true spirituality one meets with, makes me think that they have never gone beyond the vital plane—which corresponds to what they call the astral plane. I set aside the case of deception. First, there is to be considered  

Page – 54 - 55


(wilful self-deceit) le fait que sur ce plan, nous voyons ce que nous désirons mentalement voir. C'est là un royaume complexe et merveilleux, où le vrai et le faux s'enchevêtrent inextricablement. Tout se présente sous une forme logique et séduisante, organisée, mais finalement illusoire.

HPB. était une femme étonnante, aux fortes intuitions, mais chez qui tout se mélangeait, incapable de discuter critiquement les faits psychiques. Elle ne le désirait pas, d'ailleurs. Ce qui lui importait, c'était de lancer un mouvement. Et cette impulsion, ce désir d'organiser, de prendre de l'influence, est la caractéristique du plan vital. Il y a là, des influences de toutes sortes, dont le seul désir est de s'emparer de ceux qui s'élèvent pour s'en servir à leurs fins. Non seulement le faible est leur proie, mais le fort peut l'être également, car c'est spécialement le fort qu'elles visent. Après HPB., il y a eu AB. Au début, elle a simplement suivi les lignes de HPB., puis c'est CWL. qui l'a influencée. Elle l'a d'ail leurs reconnu à un moment donné de sa vie (the. glamour he has put on me... mais comme elle n'avait rien par elle-même, elle est revenue. Et ce qu'il y a de particulier dans le plan vital, c'est que quelqu'un qui y possède une certaine réalisation, peut faire avoir cette même réalisation à une autre personne. Il ne faut pas appliquer à ce plan les critérium de la vie ordinaire ; c'est la faute que font les spirites, métapsychistes etc. Je le sais par expérience. J'ai d'anciens disciples qui ont dévié sans que je puisse les ramener, tellement la force de déception est grande. D'autres m'écrivent des lettres pleines de visions qu'ils ont perçues ; ils m'ont vu et je leur aurais donné certaines instructions. Or ce n'était pas moi, et ces instructions, je les répudierais. Il est arrivé que plusieurs ont eu la même vision au même instant, en tenant compte des petites déformations de détail.

D'autre part, si les maîtres dirigeant la S.T. sont parfaits, ils ont certainement perçu la nature de ces influences et aussi savent la valeur de la spiritualité vraie. Comment n'ont-ils pas mis en garde leurs disciples et pourquoi rencontre-t-on tellement peu de cette spiritualité ? J'ai vu des Théosophes, quelques-uns ont eu des aperçus (glimpses) de la vie spirituelle, mais chez aucun de ceux que je connais, elle ne s'est organisée véritablement. Alors que chez d'autres individus, qui ne prétendent pas être dirigés par des maîtres parfaits, l'on trouve souvent beaucoup plus de spiritualité, tels certains Yogi et autres.

wilful self-deceit, the fact that on this plane we see what we men tally want to see. This is a complex and marvellous realm, where the true and the false are inextricably entangled. Everything appears under a logical and seductive form, organised but finally illusory.

HPB was an amazing woman, with strong intuitions but wherein everything was mixed up, incapable of discussing critically psychical facts. She did not want it, besides. What mattered to her was to launch a movement. And this impulse, this desire to organise, to exercise an influence, is the characteristic of the vital plane. There are influences of all sorts there, whose one desire is to take possession of those who are rising high in order to use them for their own ends. Not only the weak are their prey, but the strong can be so equally, for it is specially the strong they aim at. After HPB, there was A.B. In the beginning she simply followed the lines of HPB, then it was CWL who influenced her. She recognised him, how ever, at a certain moment of her life (the glamour he has put on me...), but as she had nothing of her own, she returned. And what is special about the vital plane is that anyone who has a certain realisation there, can make another person get the same realisation. One must not apply the criteria of ordinary life to this plane, this is the mistake that many spiritists, metapsychists, etc. make. I know it by experience. I have old disciples who have deviated, without my being able to bring them back, so great is the force of deception. Others write to me letters full of visions they have had; they have seen me and I am supposed to have given them instructions. Now, it was not I, and those instructions I would disown. It so happened that several of them had the same vision at the same time, not taking into account small variations of detail.

On the other hand, if the masters directing the T.S. are perfect, they have certainly noticed the nature of these influences and also know the value of true spirituality. How is it they have not warned their disciples and why does one find so little of this spirituality ? I have met Theosophists, some of them have had glimpses of the spiritual life, but in none of those I know has it been truly organised. Whilst in other men, who don't claim to be guided by perfect masters, one often finds much more spirituality, as in some Yogis and other people.

Their conception is mental and ethical, not spiritual. And as ethical, it has nothing remarkable.

Page – 56 - 57


Leur conception est mentale et éthique, pas spirituelle. Et comme éthique, elle n'a rien de remarquable.

Dans la vie spirituelle, il faut toujours être prêt à rejeter tout système et toutes constructions. Telle forme est utile, puis devient nuisible. Dans ma vie spirituelle, depuis quarante ans, j'ai trois ou quatre fois complètement dépouillé et brisé le système auquel j'étais parvenu.

Si nos disciples de X... n'ont pu être ramenés, la faute en est à leur ambition, cette espèce d'ambition spirituelle, si dangereuse pour le Yogi, qui nous doue d'une importance spéciale dans la vie humaine. C'est un gros danger, qui me paraît avoir aussi fait tomber les Théosophes.

Il y a un fond de vérité spirituelle, bien petit, entouré d'une masse de faits et de données psychiques erronées. Et avec le temps, même le noyau devient atteint.

Je réponds à votre question parce que, en perçant le voile, vous serez amené dans cette région "psychique". A peine i% peuvent passer à travers, par suite de leur pureté mentale — leur mental ne s'attachant pas aux objets pour y trouver de la satisfaction. Et il y a un gros danger, une pression puissante. Il faut être très fort et tenir à la vérité pour résister, C'est pour cela que je réponds et non pour parler de la S.T. Je n'ai rien contre elle ni contre aucun des Théosophes, auxquels je souhaite à tous grand bien. Je ne m'oppose pas à eux.

Quant au fait que certains ont vu un maître physiquement, il y a une explication possible. Ces influences du plan vital, lorsque les conditions sont favorables, peuvent très bien se matérialiser : elles ont une maîtrise suffisante de la matière pour cela. Il faut naturellement leur permettre ces conditions.

 

Mais si les Asoura peuvent faire cela, les Saura ne le peuvent-ils pas?

 

Évidemment, mais ils le font bien moins fréquemment ; ils n'ont aucune hâte d'imposer leur direction. Et il faut alors des conditions particulières très strictes — il faut être dans la marche absolue vers la vérité,

In spiritual life, one must always be ready to reject every system and all constructions. For a time a certain form is useful, then it becomes harmful. In my spiritual life, since I was forty1 I have three or four times completely discarded and broken the system I had arrived at.

If our disciples at X could not be brought back, the fault lies in their ambition, that kind of spiritual ambition, so dangerous for a yogi, which endows us with a special importance in human life. It is a big danger, which seems to me to have made the Theosophists also fall.

There is a core of true spirituality there, very small, surrounded by a mass of erroneous facts and psychical data. And in time even the core becomes affected.

I am replying to your question because, breaking through the veil, you will come to this psychical region. Hardly 1% can go through, as a result of their mental purity—their mind does not get attached to objects to find satisfaction in them. And there is a big danger, a powerful pressure. One must be very strong and hold on to the truth in order to resist. It is for this reason that I am answering and not in order to speak about the T.S. I have nothing against it nor against any of the Theosophists to all of whom I wish the best. I am not against them.

As for the fact that some have seen a master physically, an explanation is possible. These influences of the vital plane, when conditions are favourable, can very easily materialise: they have a sufficient mastery over matter to do this. Of course they must be given these conditions.

 

But if the Asuras can do this, cannot the Suras do so ?

 

Evidently, but they do it much less frequently, they are not at all in haste to impose their guidance. And then very strict special conditions are necessary—one must be on the absolute march towards the truth.

 

If these are the conditions of the vital plane, is it nevertheless possible to manage to extricate oneself? These forces obey lawsby knowing them one can free oneself from them.

 

1 The French phrase here says "for the last forty years".

Page – 58 - 59


Si telles sont les conditions du plan vital, est-il néanmoins possible d'arriver à s'en dégager ? Ces forces obéissent à des lois — en les connaissant on s'en libère.

 

Sans aucun doute cela est possible. Même les illusions obéissent à des lois. Il y a là un aspect de l'occultisme vrai, pas celui des Théosophes, Cet occultisme cherche à comprendre et à réaliser, et non pas à édifier mentalement. Il prolonge en quelque sorte la science.

 

*

**

 

Vendredi 15 janvier 1926

 

Je progresse, mais lentement. Je n'ai pas trouvé l'application de la volonté telle que vous l'avez décrite. Il se passe à ce propos une chose curieuse. Dans la méditation, lorsque je cherche en moi un appui supérieur, lorsque j'essaie de faire appel aux parties plus pro fondes de mon être, je ne rencontre que le vide et je suis dans l'in capacité de faire aucun "mouvement interne". Naturellement dans la vie courante, soit sous l'impulsion d'une excitation extérieure, soit de proprio, de tels mouvements suivis d'effet sont fréquents. Et en général, bien que la méditation ait des effets très sensibles sur mon état général, elle n'a jamais eu de résultats "sensibles".

 

Il y a deux forces principales qui servent à l'ascension de l'homme. L'une est l'aspiration, elle est émotive et a son centre au plexus solaire, L'autre est supramentale et son centre est au-dessus de la tête. Vous agissez, dans la vie courante, à l'aide de la première. En méditation, votre conscience se reporte dans le mental supérieur. Le silence recherché ne l'est pas pour lui-même, mais seulement pour permettre à cette force supérieure de descendre et de rejoindre l'autre. Vieille allégorie du feu qui monte et du Soleil qui descend. Mais votre mental n'a pas l'habitude de laisser passer consciemment cette force et il ne sait pas agir en conséquence.  

Undoubtedly this is possible. Even illusions obey laws. Here there is an aspect of true occultism, not that of the Theosophists. This occultism seeks to understand and realise, and not to edify mentally. It extends in a way (the field of) science.

 

*

**

 

Friday, January 15, 1926

 

I am progressing, but slowly. I have not been able to apply the will as you described it. In this connection a curious thing happens. In meditation when I look for a higher support in myself, when I try to invoke the deeper parts of my being, I meet only a void and I am incapable of making any ''inner movement. Naturally, in ordinary life, either under the impulsion of outer excitement or de proprio, such movements followed by results are frequent. And usually, though meditation has very perceptible effects on my general state, it has never had any tangible results.

 

There are two principal forces which help in the ascent of man. One is aspiration; it is emotive and has its centre in the solar plexus. The other is supramental and its centre is above the head. You act in ordinary life with the help of the first. In meditation your consciousness goes back into the higher mind. The silence aspired for, is not for itself, but only in order to let this higher force descend and rejoin the other. The old allegory of the climbing fire and the descending Sun. But your mind is not used to letting this force pass consciously and consequently it does not know how to act. There is no effort to be made then. In your case it is better to remain immobile. Naturally, this depends on different cases, there are people, very active above the head, who draw easily from this force. Later one succeeds in calling it down at will.

Page – 60 - 61


Il n'y a pas alors à faire des efforts. Dans votre cas, il vaut mieux rester immobile. Naturellement cela dépend des cas , il y a des personnes très actives du sommet de la tête, qui puisent facilement à cette force. Plus tard, on arrive à y faire appel à volonté.

 

Lorsque je me place intérieurement pour faire le silence, j'ai remarqué que je centre ma conscience en m'appuyant sur le corps physique. Puis mon attention s'enfonce peu à peu. Un moment arrive où je dois laisser ce point d'appui. Alors je ne sais pas où fixer ma conscience. Ou bien elle revient à l'extérieur et je deviens alors tout à fait éveillé et attentif au monde extérieur, ou bien je tombe aussi dans un état de demi-rêve, bien que conservant pendant un temps ma conscience attentive.

 

Il n'est pas nécessaire de fixer la conscience nulle part. Lorsque vous participerez de la conscience supérieure, vous la trouverez diffuse, englobant tout et sans centre particulier. On se fait à soi-même son centre (au-dessus de la tête). Au début, ce que vous faites est naturel, mais laissez aller. Quant à l'attention au monde extérieur, vous percevrez aussi à un moment tous les phénomènes — bruits, etc. — comme en faisant partie ; vous les comprendrez dans votre conscience, "ils s'y passeront".

L'état de demi-rêve n'est pas à craindre, mais conservez votre conscience attentive ; elle se déplacera alors probablement vers l'intérieur. Mais êtes-vous arrivé .à calmer votre mental ?

 

Oui, dans le premier état où je prends un appui. Lorsque je lâche l'appui, je ne peux pas encore immobiliser les images qui passent.

 

Quelles sortes d'images ? Les objets et êtres vus et connus, ou in connus pour vous ?

 

Je ne sais. Quelques-uns me paraissent nouveaux, mais peut-être les ai-je déjà perçus.

When I prepare myself inwardly to practise silence, I have noticed that I centre my consciousness by taking the help of the physical body. Then my attention sinks deeper little by little. A moment comes when I must leave this point of support. Then I do not know where to fix my consciousness. Either it returns to external things and I then become quite awake and attentive to the outer world, or I fall into a half-dream state, although keeping my consciousness for a time attentive.

 

It is not necessary to fix the consciousness anywhere. When you begin to participate in the higher consciousness, you will find it diffuse, englobing everything and without any particular centre. One makes for oneself one's own centre (above the head). In the beginning, what you are doing is natural; but let go. As for attention to the outer world you will see also at one time all the phenomena, noises, etc. as though you were a part of them; you will embrace them in your consciousness, "they will occur in it".

The half-dream state is not to be feared, but keep your consciousness attentive, it will then probably shift inwards. But have you succeeded in quietening your mind?

 

Yes, in the first state in which I take a support. When I let go the support, I cannot yet stop the passing images.

 

What kind of images ? Objects and beings seen and known, or un known to you ?

 

I do not know. Some seem to me new, but perhaps I have already seen them ?

 

And what do you do then ?

Page – 62 - 63


Et que faites-vous alors ?

 

J'essaie de les effacer.

 

Il ne faut pas faire cela. Restez et observez. Peut-être ces images montrent-elles un rudiment de clairvoyance. Peut-être percevez-vous des événements qui se passent au loin. Il faut prendre l'attitude scientifique et voir ce que c'est. Ce peut être une faculté précieuse.

 

J'ai bien entendu parler de cette faculté, mais je ne pensais pas que les images incohérentes que je perçois, puissent y conduire.

 

Cela peut être le début.

 

Tout ce que vous avez dit concernant la S.T. est, sans aucun doute, absolument vrai. J'ai compris et je n'objecte rien. J'ai l'impression d'un lien qui s'est coupé. Mais je voudrais poser une question encore ? La force qui est derrière moi, que je perçois et qui me guide, que j'appelle mon maître (sans l'avoir jamais perçu) et que certains psychistes ont reliée à un Maîtrecette force, qui est-elle ?

 

Ce sont des problèmes que l'on ne peut résoudre uniquement avec" le mental. Lorsque votre être psychique sera éclos, vous verrez et comprendrez.

Cela se peut. Mais il y a bien des choses. Tous ceux qui sont forte ment poussés vers la vie supérieure, ont une expérience analogue. Le mental travestit et habille la force d'une forme qui lui plaît ou à laquelle il est habitué : Christ pour un Chrétien, etc. D'abord, il y a la force universelle, le Pourousha, dont l'action est effective et dirigeante. Puis il y a les intermédiaires dans le grand plan, à tous les niveaux. Puis, ceux que vous ' devez rencontrer peuvent aussi vous influencer, souvent à leur insu, Lorsque l'être psychique est épanoui et qu'il a pris pied sur le terrain spirituel, il peut juger. L'être mental ne le peut pas.

 

(à suivre)

I try to efface them.

 

You must not do that. Wait and observe. Perhaps these images show a rudiment of clairvoyance. Perhaps you are seeing events which are happening at a distance. You must take the scientific attitude and see what it is. This may be a precious faculty.

 

I have heard much about this faculty, but I did not think that the incoherent images I see could lead to it.

 

This may be the beginning.

 

All that you said about the T.S. is undoubtedly absolutely true. I have understood and raise no objection. I have the feeling of a link which has been cut. But I would like to ask one more question. The force which is behind me, which I feel and which guides me, which I call my master (without ever having seen him) and which some psychicists have connected with a Master—what is this force?

 

These are problems which cannot be solved solely with the mind. When your psychic being opens, you will see and understand.

This can happen. But there are many things. All those who have a strong urge towards the higher life, have a similar experience. The mind travesties and clothes the force in a form which pleases it or to which it is accustomed : Christ for a Christian, etc. First, there is the universal force, the Purusha, whose action is effective and guiding. Then there are the intermediaries in the great plan, at all levels. Then, those you are destined to meet can also influence you, often without their knowing it. When the psychic being has opened and has set foot on spiritual ground, it can judge. The mental being cannot.

 

(To be continued)

 

Top

Page – 64 - 65


Pour être capable de recevoir la nouvelle conscience sans la déformer:

 

Il faut pouvoir se tenir

dans la lumière de la Conscience Suprême

sans faire d'ombre.

LA MÈRE

16.4.1969

 

To be able to receive the new consciousness without deforming it:

 

One must be able to stand

in the light of the Supreme Consciousness

without casting a shadow.

THE MOTHER

16.4.1969

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Top

Notes sur le Chemin

Le 17 mai 1969

 

Est-ce qu'il est possible que l'individualité soit dissoute après la mort ?

 

CES notions d'individualité... elles ont beaucoup, beaucoup changé pour moi, beaucoup. Encore toute la matinée de ce matin... Mais depuis longtemps, depuis au moins un mois, c'est autre chose.

Quand les hommes parlent d'individualité, il y a toujours comme un... au moins un arrière-fond de séparation, c'est-à-dire quelque chose qui existe indépendamment et qui a son destin propre ; et maintenant, telle que la conscience dans ce corps la connaît, c'est presque comme une pulsation de "quelque chose" qui momentanément a une action séparée, mais qui est profondément, essentiellement, toujours un, comme quelque chose qui est projeté comme cela (geste d'expansion) momentanément avec une forme, et puis qui... (geste de contraction) qui peut à volonté annuler cette forme. C'est très difficile à expliquer, mais le sens, en tout cas de la permanence de la séparation, a tout à fait disparu, tout à fait. L'univers est une extériorisation (même geste de pulsation) de la Conscience Suprême, c'est notre incapacité de vision totale qui nous permet d'avoir ce sens de fixité : il n'y en a pas, c'est quelque chose comme des pulsations ou des... vraiment un jeu de formes — il n'y a qu'un être. Il n'y a qu'un être. Il n'y a qu'une, qu'une Conscience, qu'un Être. La séparation, c'est vrai ment. .. Je ne sais pas ce qui est arrivé. Et c'est cela qui a fait tout le "mischief" — tout le malheur, toute la misère... Ce corps vient, pendant quelques jours, de passer par une série d'expériences (beaucoup trop longues pour raconter), par tous les états de conscience dans lesquels on peut passer, depuis le sens de l'unique réalité de ça (Mère pince la peau de ses mains), de la substance, avec toutes les misères, toute la souffrance qui est la conséquence de ce que l'unique réalité, c'est la matière ; depuis ça, jusqu'à la libération. Cela a été heure après heure, un travail.  

Page – 66 - 67


Mais déjà, avant cela, la conscience des cellules avait réalisé l'unité — l'unité vraie, essentielle — et qui peut devenir totale, si cette espèce d'illusion disparaît. N'est-ce pas, l'illusion qui a créé toute cette misère était vécue d'une façon tellement intense que ça devenait presque insupportable, avec toutes les horreurs et toutes les épouvantes que cela a créées dans la conscience humaine et sur la terre... Il y a eu des choses effroyables. Et juste après — juste après — la libération.

Ce qui reste à vivre, c'est-à-dire l'expérience qui reste à faire, c'est... le prochain progrès de la création, de la matière — le prochain pas pour retourner à la Conscience véritable. Ça, c'est...

Il semble qu'il a été décidé que quelque chose comme un commence ment, ou un essai d'expérience, va être fait (Mère touche son corps).

C'est une question d'intensité de foi, et du pouvoir de supporter que donne cette foi. Tout dépend de la capacité de passer à travers les expériences nécessaires.

En tout cas, toutes les anciennes notions, toutes les anciennes façons de comprendre les choses, tout cela est bien fini, c'est passé.

Et tout cela, nécessairement c'est le chemin du retour, il a fallu passer par là et il faut encore passer par là — mais pas la même chose — mais toujours avancer jusqu'à ce qu'on puisse... jusqu'à ce que ça soit prêt pour vivre la Vérité. Je ne sais pas, l'impression est que cela va aussi vite qu'il est possible d'aller ; vraiment la Conscience est en train de nous faire avancer aussi vite qu'il est possible. Ce n'est plus l'heure d'une somnolence qui s'étale.

 

(long silence)

 

Mais par individualité, je n'entends pas un ego : j'entends le quelque chose qui est identique à travers toutes les vies, la chose semblable qui progresse à travers toutes les vies, qui poursuit son développement.

 

Ça, c'est le Suprême.  

Notes on the Way

 

May 17, 1969

 

Is it possible for the individuality to get dissolved after death ?

 

THESE notions about individuality.... They are very much changed for me, very much. Even the whole of this morning.... But for a long time, for about a month, it has been different.

When people speak of individuality, there is always as though... at least in the background, some separation, that is to say, something existing independently and having its own destiny, but now, such as the consciousness in this body knows it, it is almost like a pulsation of "some thing" which for the moment has a separate action, but is in the depth, in essence always one, as something projected like this (gesture of expansion), for the moment in a form and then it can... (gesture of contraction) can at will annul the form. It is very difficult to explain, but the feeling of a permanent separation has disappeared altogether. The universe is an exteriorisation (the same gesture of pulsation) of the Supreme Conscious ness : our incapacity for a total vision gives us the sense of fixity : it is not there, it is something like the pulsations or the... in fact, it is a play of forms—there is only one being. There is only one being, only one, one Consciousness, one Being. The separation, it is in reality.... I do not know what had happened. That has done all the mischief—all the un happiness, all the misery.... This body has just passed, for some days, through a series of experiences, too long to narrate, through all the states of consciousness that one can pass through, starting from the sense of the sole reality of that (Mother pinches her skin with her hand), of the substance, with all the miseries and sufferings, consequence of the belief that Matter is the sole reality, yes, it is that (same gesture); from that up to the liberation. It was hour after hour a labour.

But even before this, the consciousness of the cells had realised

Page – 68 - 69


Oui, mais il y a quelque chose qui...

 

C'est le Suprême conscient de Lui-même...

 

Oui. ...

 

Partiellement.

 

Oui, c'est cela, il y a quelque chose...

 

Le Suprême conscient de Lui-même partiellement.

 

Qui poursuit une voie de développement.

 

Oui, c'est le procédé.

C'est le procédé qui a été utilisé pour l'évolution.

 

Oui, c'est cela que j'appelle individualité.

 

Ça, c'est entendu. Ça, c'est le procédé, cela a été le procédé de la création.

Et c'est parce que c'était le procédé de la création, que les hommes ont confondu cela avec...  

 

La séparation.

 

La séparation, l'ego.

Mais cela, c'est évident (ce "quelque chose" qui persisté). Ça reste, ça ne peut pas disparaître.

 

(silence)

the unity, the true essential unity, which could become the total unity, if that sort of illusion disappeared. Indeed, the illusion that created the misery was lived so intensely that it became almost unbearable with all the horrors and frightfulnesses created by it in the human consciousness and upon earth.... There had been things... frightful. And just after—just after—the liberation.

What still remains to live, that is to say, the experience still to realise is... the next forward move of creation, of matter—the next step to re turn to the true Consciousness. That, it is....

It seems decided that something like a beginning, a trial experience is about to be gone through (Mother touches her body).

It is a question of the intensity of faith and the power to bear which this faith lives. All depends on the capacity of passing through the necessary experiences. .

In any case, all the old notions, the old ways of understanding things, all that is gone, gone for good, has passed away.

And all that necessarily is the way of return, one had to go through that, one has still to go through that—but not the same thing, still always moving forward until one can... until that is capable of living the Truth. I do not know, the feeling is that it is moving as fast as it is possible; in deed, the Consciousness is at work making us move as fast as it is possible. It is no longer the hour of lingering somnolence.

 

(long silence)

 

But by individuality I do not mean an ego : I mean that something which remains the same through all lives, the same thing which progresses through all lives, following up its growth.

 

That, it is the Supreme.

 

Yes, but there is something which...

 

It is the Supreme conscious of Himself...

Page – 70 - 71


Qu'est-ce qui va se passer, je ne sais pas.

Le corps ne se préoccupe pas du tout, il est comme cela (Mère ouvre les mains), ça, tout le temps : "Ce que Tu voudras. Seigneur, ce que Tu voudras..." et avec un sourire et une joie parfaite — comme ça, comme ça, comme ça (Mère fait un geste mouvant comme pour désigner ce côté du monde ou l'autre, ou toutes sortes d'autres côtés)... Très étrangement, on lui a donné une conscience qui n'a plus rien à voir avec le temps ; tu comprends, il n'y a pas "quand il n'était pas", il n'y a pas "quand il ne sera plus", il n'y a pas... Ce n'est pas comme cela, c'est tout quelque chose qui bouge. Mais c'est vraiment très intéressant. Et toutes, toutes ces réactions, ces sensations, ces sentiments, tout cela a tout à fait changé, changé même d'apparence. C'est autre chose.

N'est-ce pas, les états dans lesquels on pouvait être quand on était dans les consciences les plus hautes, celles qui s'unissaient, qui étaient une automatiquement avec la Conscience Suprême, qui avaient la conscience du tout — cet état-là est devenu l'état naturel du corps. Sans effort, spontané : il ne peut pas être autrement. Alors qu'est-ce qui va se passer, comment cela va se traduire ? Je ne sais pas.

C'est contraire à toutes les habitudes.

Est-ce que cette conscience sait ce qu'il faut faire matériellement ?.„ Je ne sais pas. Mais le corps ne s'en préoccupe pas, il fait à la seconde la seconde ce qu'il a à faire sans se poser de questions. Pas de complications et pas de plan, rien, rien.

Voilà.

On verra, c'est intéressant.

 

*

**

 

Le 24 mai 1969

 

C'est difficile... Les Anglais diraient : it's not a joke... Tout, tout se désorganise, tout se désorganise. On voit bien que ça se désorganise vers une organisation supérieure, c'est-à-dire un élargissement, une libé ration — ça, c'est vrai... Mais rien, rien ne va plus à la façon ordinaire,

Yes.

 

 ...Partially.

 

Yes, that's it, there is Something...

 

The Supreme conscious of Himself partially.

 

That follows a path of growth.

 

Yes, that is the process.

It is the process used for the evolution.

 

Yes, it is that which I call individuality.

 

That is understood. That is the process, that has been the process of creation.

Because it was the process of creation, men confused it with...

 

Separation.

 

Separation, ego.

That, of course, is evident (this "something" which persists). That remains, that cannot disappear.

 

(silence)

 

What is going to happen, I do not know.

The body is not concerned at all with itself, it is like this (Mother opens out her hands), it is all the time : "What thou wiliest, O Lord, what Thou wiliest..." and with a smile and perfect joy—like this, like this

Page – 72 - 73


(silence)

 

Le corps est arrivé à un état de conscience où il sait que la mort peut faire un changement, mais n'est pas — n'est pas une disparition (pas une disparition de la conscience). Et alors, cette idée qu'ont l'immense majorité des êtres humains : le repos de la mort... (Mère pose sa main sur sa bouche, comme devant une énorme sottise). Même pas cette consolation. Pour la majorité des gens, c'est le contraire d'un repos. Et alors là aussi, mais d'une façon encore plus aiguë et plus intense : "Le seul, le seul, unique espoir, c'est... Seigneur, Toi. Être Toi, qu'il n'y ait que Toi, que cette séparation, que cette différence disparaisse, c'est monstrueux!" que ça disparaisse. Alors, que ce soit comme Tu veux : Toi, en pleine activité, ou Toi, en complet repos, cela n'a aucune espèce d'importance; que ce soit comme ceci ou comme ça, de toute façon cela n'a aucune, aucune importance ; ce qu'il y a d'important, c'est que ce soit Toi.

C'est la certitude absolue (Mère ferme ses deux poings) qu'il n'y a qu'une porte de sortie de tout cela, une seule — une seule, il n'y en a pas deux, il n'y a pas un choix, il n'y a pas plusieurs possibilités, il n'y en a qu'une: c'est... la Porte suprême. La Merveille des Merveilles. Tout le reste... tout le reste, ce n'est pas possible.

Et tout cela, c'est l'expérience de ça (Mère désigne son corps) ; ce n'est pas mental, c'est tout à fait, tout à fait matériel.

Je vois, n'est-ce pas, parce que la conscience des gens m'est ouverte (il n'y a pas de différence, c'est tout à fait ouvert), alors je vois : dans l'immense majorité, immense majorité, l'idée, quand les choses deviennent vraiment pénibles : "Oh ! (il y a toujours cette espèce d'idée) oh ! un jour, ce sera fini" — quelle blague!

 

(silence)

 

Mais pourquoi ? Pourquoi ?... De temps en temps, le corps .... s'inquiète : pourquoi ? Pourquoi, pourquoi tout ça, pourquoi ?... Quand il voit, quand il est en contact avec la souffrance, les gens, les misères, les difficultés, pourquoi, pourquoi ? Pourquoi ?... Pourquoi ?

Puisque cette création peut être une merveille identique à la Conscience Suprême, pourquoi, pourquoi a-t-il fallu tout cela (Mère dessine un cercle qui revient au point de départ) ?

(Mother makes a gesture indicating this side of the world or the other side or all kinds of other sides).... Very strangely, it has been given a consciousness having nothing to do with time; you understand, there is no more "when it was not", no more "when it will not be", no more.... It is not like that, it is wholly something moving. But truly this is very interesting. And all, all the reactions, sensations, feelings all has changed altogether, changed even in appearance. It is a different thing.

Those states in which one could be when one is in the highest consciousness, those that unite, those that were automatically one with the Supreme Consciousness, that possess the consciousness of all—that state has become the natural state of the body. Effortless, spontaneous: it cannot be otherwise. So what is going to be, how is that going to be translated? I do not know.

It is contrary to all habits.

Does this consciousness know what it has to do materially?... I do not know. But the body does not concern itself with it; it goes on doing from second to second what it has got to do, without putting questions. No complications, no planning, nothing, nothing.  

There you are.

We shall see, it is interesting.

 

*

**

 

May 24, 1969

 

It is difficult.... In English one would say : it's not a joke.... Every thing, everything is getting disorganised, everything is getting disorganised. One sees very well, however, that the disorganisation is moving towards a higher organisation, that is to say, a widening, a liberation— that is true.... But nothing, nothing is going the ordinary way.

Page – 74 - 75


De temps en temps, ça lui vient.

Enfin, évidemment c'est imbécile parce que ça ne sert à rien — c'est comme ça, c'est comme ça. Tous les pourquoi n'empêcheront pas que ce soit comme ça. Tout ce que l'on a à faire, c'est de trouver le moyen que ce ne soit plus comme cela, c'est tout.

 

(silence)

 

Je pense toujours au Bouddha et à tous ceux-là : on va aller se fondre dans le Seigneur, et puis il n'y aura plus rien ! (Mère prend sa tête entre ses mains).

Et alors, pour que leur théorie soit vraisemblable, ils disent (riant) que c'est une "erreur", et ils ne voient pas l'imbécillité de leur théorie, que le Seigneur Suprême peut avoir fait une erreur... et s'en repentir et s'en retirer !

Ces gens, tous ces gens, plus ils sont convaincus, plus on a l'impression qu'ils sont enfermés dans des œillères.

(silence)

 

Mais en fait, ton corps est un symbole de toute la terre.

 

Ça a l'air d'être comme cela.

 

Alors, tout vient à toi pour être purifié.

 

Oui, mais moi, ça ne me console pas.

 

Oui, mais j'ai l'impression qu'une fois que quoi que ce soit t'a touchée, ça ne peut plus revenir dans le monde comme c'était avant.

 

Ça paraît comme cela, il arrive tout le temps des choses extraordinaires. Tout le temps, tout le temps, à chaque minute, j'entends des choses vraiment extraordinaires.

(silence)

 

The body has reached a state of consciousness in which it knows that death may make a change, but not—it is not disappearance (disappearance of the consciousness). So then, this idea that the vast majority of people have: the repose of death... (Mother places her hand upon her mouth, as if before a mighty stupidity"). Not even this consolation. For the majority of people it is the contrary of rest. And there also, but in a way still more acute and intense : "The only, only, one hope is... 0 Lord, Thou. To be Thou, Thou alone art there and may this separation, this difference disappear, it is monstrous ! May that disappear, so that it be as Thou wiliest : Thyself, in full activity, or Thyself, in complete rest, it has no importance, either this way or that, it has no importance at all, no importance at all, what is important is that it is Thyself."

It is absolute certitude (Mother closes both her fists) that there is only one door of exit from all that, one only—only one, there are no two, there is no choice, not several possibilities, but only one... the supreme Door, the Marvel of marvels. All the rest... all the rest, it is not possible.

And all that, it is the experience of this (Mother points to her body), it is not mental, it is altogether, altogether material.

I am seeing, for the consciousness of people is open to me (there is no difference, it is altogether open), so I am seeing : in the vast majority, the vast majority, the idea, when things become truly painful : "Oh ! (there is always this sort of idea) Oh, one day, it will all end"—what nonsense !

 

(silence)

 

But why ? Why ?... From time to time the body becomes anxious: Why ? Why, why all this, why ? When it sees, when it is in contact with suffering, with people, with miseries and difficulties, why, why ? Why... why ?

Since this creation can become a wonder, one with the Supreme Consciousness, wherefore then was the need of all that (Mother describes a circle coming back to the starting point) ?

From time to time, this happens to it.

Page – 76 - 77


Mais ça ne le console pas !... Il n'a pas d'amour-propre.

 

Oui, mais ça sert à quelque chose.

 

Ah ! oui.

 

Ça purifie — ça doit purifier le monde.

 

Il ne s'inquiète même pas de sa purification... Je ne sais pas comment expliquer... C'est nuit et jour, sans arrêt : "Ce que Tu voudras. Seigneur, ce que Tu voudras...", n'est-ce pas, le "voudras" au lieu du "veux" parce que ce n'est pas seulement comme cela (geste tourné au-dedans), c'est comme cela (geste tourné au-dehors., répandu'). "Ce que Tu voudras, ce que Tu veux", c'est tout. Ça, c'est son état perpétuel.

 

(silence)

 

En tout cas (ça, c'est très clair), la Conscience qui est à l'œuvre pour l'aider dans le travail, lui a fait comprendre par-fai-te-ment que de s'en aller, n'est pas une solution. Même si, avant, il y avait une curiosité de savoir ce qu'il sera, cette curiosité est partie, alors le désir de rester, il y a fort longtemps que c'est parti ; le possible désir de s'en aller quand ça devient, un peu... suffocant, c'est parti avec l'idée que cela ne changera rien du ; tout. Alors, il ne lui reste qu'une chose, c'est de perfectionner l'acceptation. C'est tout.

 

*

**

Le 28 mai 1969

 

Il n'y a qu'une solution, c'est le contact direct du physique avec le Suprême. C'est la seule chose.  

Evidently, it is meaningless, for it serves no purpose—it is so, it is so. All the why's will not prevent it from being so ; all that one has to do is to find out the means that makes it no more so, that is all.

 

(silence)

 

I think always of Buddha and all of them : all go to get dissolved in the Lord and then there will be nothing ! (Mother holds her head within her hands)

Therefore, in order to make their theory appear something like truth, they say (laughing) that it is an "error", they do not see the absurdity of their theory, as if the Supreme Lord could commit an error... and had only to repent and withdraw !

About these-people, all these people the more they are convinced, the more one has the feeling that they have shut themselves in their blinkers.

 

(silence)

 

But, in fact, your body is a symbol of the whole earth.

 

It looks like that.

 

So everything comes to you to get purified.

 

But that does not console me.

 

Yes, but I have the feeling that once a thing, whatever it is, has touched you, it cannot go back into the world the same as it was before.

 

It looks like that, always extraordinary things are happening. All the time, all the time, at every minute, I hear of things really extraordinary. But that does not console it... it has no amour-propre.

Page – 78 - 79


Voilà.

Mais les cellules du corps... (je ne sais pas si c'est spécial à ce corps, je  ne peux pas croire que le corps soit tellement exceptionnel), mais elles sont absolument convaincues, et elles essayent, elles essayent, elles essayent, tout le temps, tout le temps, tout le temps, à chaque misère, à chaque difficulté, à chaque... il n'y a qu'une solution—qu'une seule chose: "Toi, Toi seul, à Toi — Toi seul existes." C'est cela qui s'est traduit dans la conscience des gens, comme les Bouddhistes et autres, par l'illusion du monde, mais c'était une demi-traduction.

Mais la vraie solution, c'est ça : "Toi seul existes. Toi seul", tout le reste... Tout le reste, c'est misère. Misère, souffrance... obscurité.

Peut-être que—peut-être que... Évidemment, dans la conception de Sri Aurobindo, le Supramental échappait à toute cette misère.

Il n'y a que Ça. Autrement, c'est difficile.

Peut-être que les demi-mesures maintenant ne suffisent plus... je ne sais pas. Peut-être qu'il est temps de prendre position tout à fait.  

Ce corps, lui, il a pris position. Mais je sentais que... Il faut être très, très endurant — très endurant —, alors je ne poussais pas les autres à le : faire, mais tout cela fait peut-être dire que peut-être il est temps. Je ne sais pas.

 

*

**

 

Le 31 mai 1969

 

La nuit d'avant-hier, j'ai passé plus de trois heures avec Sri Aurobindo et je lui montrais tout ce qui allait descendre pour Auroville. C'était assez intéressant. Il y avait des jeux, il y avait de l'art, il y avait même delà cuisine ! Mais tout cela, très symbolique. Et je lui expliquais comme sur une table, devant un grand paysage, je lui expliquais sur quel principe on allait organiser les exercices physiques et les jeux. C'était très clair, c'était très précis, je faisais même comme une démonstration, et c'était comme si je lui montrais en tout petit, une représentation toute petite de ce

Yes, but it serves some purpose.

 

Ah ! yes.

 

It purifies—it must purify the world.

 

It has no anxiety for its purification... I do not know how to explain.... It is day and night, without break : "As Thou wiliest, O Lord, as Thou wiliest...", yes, "wiliest", not "wantest", because it is not merely like this [gesture turned inward), it is also like this (gesture turned outward, spread out). "As Thou wiliest, as Thou wantest", that's all. Such is its perpetual condition.

 

(silence)

 

In any case (it is quite clear), the Consciousness which is at work to help it in its labour, has made it perfectly understand that to go away is not a solution. Even if it had, before, a curiosity to know what it will be, the curiosity has gone, then the desire to stay on, that also went away long ago. The possibility of a desire to go away, when it becomes... a little suffocating, that also has gone with the idea that it will change nothing at all. So, there is left only one thing for it, to perfect its acceptance. That's all.

 

*

**

 

May 28, 1969

 

There is only one solution, the direct contact of the physical with the Supreme. That is the only thing.

There you are.

But the cells of the body... (I do not know if it is particular to this

Page – 80 - 81


qui allait se faire. Je bougeais des gens, des choses (geste, comme sur m, échiquier). Mais c'était très intéressant, et il était très intéressé : il donnait comme des grandes lois d'organisation (je ne sais pas comment expliquer). Il y avait de l'art et c'était joli, c'était bien. Et comment rendre les maisons agréables et belles, avec quel principe de construction. Et puis la cuisine aussi, c'était très amusant, chacun venait avec son invention... Ça a duré plus de trois heures — trois heures de nuit, c'est énorme ! Très intéressant.

 

Pourtant, les conditions de la terré semblent très loin de tout cela...

 

(Après une hésitation) Non... C'était juste là, ça ne paraissait pas "étranger" à la terre. C'était une harmonie. Une harmonie consciente derrière les choses : une harmonie consciente derrière les exercices physiques et le jeu; une harmonie consciente derrière la décoration, l'art; une harmonie consciente derrière la nourriture...

 

Je veux dire que tout cela a l'air d'être aux antipodes de ce qui est maintenant sur la terre.

 

Pas...

 

Non?

 

J'ai vu X... aujourd'hui et je lui disais que toute l'organisation artistique, sportive, même culinaire, et toutes les autres, étaient prêtes dans le physique subtil — prêtes à descendre et à s'incarner —, et je lui ai dit : "Il n'y a besoin que d'un peu de terre (geste au creux des mains), un peu de terre pour que l'on fasse pousser la plante... Il faut trouver un peu de terre pour faire pousser..."

 

(silence)

body, I cannot believe that this body is so exceptional), but they are absolutely convinced, and they try, try, try all the while, all the while, with every misery, with every difficulty, with every... there is only one solution: "Thou, Thou alone, to Thee alone—Thou alone existest". It is that which is translated in the consciousness of people, like the Buddhists and others, as world illusion, but it is only a half-translation.

The true solution is there: "Thou alone existest. Thou alone", all the rest.... All the rest is misery. Misery, suffering... obscurity.

Perhaps—perhaps it is.... Evidently in the conception of Sri Aurobindo, the Supramental escapes from all this misery.

There is only That. Otherwise, it is difficult.

Perhaps the half-measures no longer suffice... I do not know. Perhaps it is time to take one's stand definitely.

As for this body, it has taken its stand. But I thought.... One must be very very enduring—very enduring—, so I did not urge on others to do it, but all that amounts to saying that perhaps it is time. I do not know.

 

*

**

 

May 31, 1969

 

The night before yesterday, I spent more than three hours with Sri Aurobindo and I was showing him all that was about to come down for Auroville. It was quite interesting. There were games, there was art, there was even cooking ! But all that was very symbolic. And I was explaining to him as though on a table, in front of a vast landscape. I was explaining to him the principle on which physical exercises and games were going to be organised. It was very clear, very precise, I was giving as though a demonstration, and I was showing on a smaller scale, a miniature representation of what was going to be done. I was moving people and things (gesture, as though on a chess-board'). But it was very interesting, and he too was very much interested : he was laying down the broad laws

Page – 82 - 83


Je ne sais pas si c'est une perception juste, mais depuis quelques mois, j'ai l'impression que la terre n'a jamais été dans autant d'obscurité, J'ai l'impression d'une obscurité formidable.

 

Oui, oui. Mais il y a les deux. C'est vrai. La confusion — c'est une confusion —, une confusion obscure, oui. Une confusion obscure, mais ça, c'est ce que Sri Aurobindo disait toujours : la confusion devient beau coup plus intense et obscure au moment où la lumière doit venir. C'est juste. Ça paraît être un chaos obscur. Et les Chinois...

 

Mais Douce Mère, sais-tu qu'en Occident, les livres qui ont de l'influence (non seulement de l'influence, mais qui sont lus et dévorés par toute la jeunesse), ce sont les livres de Mao-Tse-Tung.

 

Et qu'est-ce qu'il dit, cet homme-là ?

 

Cet homme-là, il dit que le "pouvoir sort de la poudre des fusils".

 

(Mère reste silencieuse)

 

C'est cela qui est lu en Occident. Et le dernier grand livre à succès, c'est un livre qui s'appelle quelque chose comme "les maudits", et qui est une apologie de la violence : il faut s'emparer du pouvoir par la violence. C'est cela qui a du succès en Occident, c'est cela que tous les étudiants dévorent. 1

 

Oh ! une apologie de la violence...

 

1 Il s'agit d'un livre de Frantz Fanon: The wretched of the earth, dont le thème central est: "Seule la violence paye" (cité par The Indian Express du 30 mai). "The practice of violence binds men together as a whole, since each individual forms a violent link in the great chain, a part of the great organism of violence which has surged upward." Ce livre est préfacé par Jean-Paul Sartre, qui dit encore plus clairement : "Irrepressible violence... is man recreating himself." It is "mad fury" through which "the wretched of the earth" can "become men". "To shoot down a European is to kill two birds with one stone... there remains a dead man and a free man."

of organisation (I do not know how to explain). There was art and it was so beautiful, it was quite good. And how to make the houses pleasant and pretty, upon what principle of construction. And then even the kitchen, it was so amusing, everyone has brought forward his invention.... This went on for three hours—three hours of night, it was enormous! Very interesting.

 

Yet, conditions upon earth seem to be very far from all that...

 

(After some hesitation) No.... It was just there, it did not seem to be foreign to earth. It was a harmony. A conscious harmony behind the things : a conscious harmony behind the physical exercises and the games : a conscious harmony behind the decoration, the art, a conscious harmony behind food...

 

I mean that all this seems to be at the antipodes of what is there now upon earth.

 

Not...

 

No?

 

I saw X... today and I was telling him that the whole organisation in respect of art and sports and food and all others were ready in the subtle physical—ready to come down and take body—and I told him: "What is needed is just a handful of earth (gesture indicating the hollow of the palm), a handful of earth where one could grow the plant.... One must find a handful of earth to let it grow..."

 

(silence)

 

I do not know whether it is a correct perception or not., but it is now for months that I have been having the feeling that the earth

 

Page – 2 - 3


Un évangile de la violence.

 

Ça, c'est le vital en plein.

 

Oui.

 

Oh ! cela inexpliqué toutes les visions que j'ai eues. Je croyais... Je m'en prenais à mon corps, je me disais : ce pauvre corps, il a un atavisme malencontreux : tout le temps des imaginations effroyables, effroyables — et ce n'étaient pas des imaginations, il était conscient de ce qui se passait... oh !...

C'est très intéressant ce que tu viens de me dire, parce que hier (ces jours-ci,ces trois jours-ci), devant l'horreur de la perception des choses, ce corps (qui est bien l'opposé d'un sentimental, il n'a jamais, jamais été sentimental), il a pleuré... Il ne pleurait pas physiquement, naturellement, mais c'était... Et il a dit, dans une intensité intérieure : "Oh ! pourquoi ce monde existe-t-il ?" Comme cela, tellement c'était... c'était affreux, triste, misérable... tellement c'était misérable et... si horrible, n'est-ce pas, oh !... Mais tout de suite, il a la Réponse—et ce n'est pas une réponse avec des mots, c'est simplement... comme une immensité qui s'ouvre dans la Lumière. Alors, il n'y a plus rien à dire.

Mais comment Ça, cette immensité, peut devenir ça?... Je ne sais pas, La question : comment Ça, c'est devenu ça. C'est comme cela que c'est venu : "Comment Ça, cette Merveille, a pu devenir ça, cette chose hideuse — monstrueuse? "

Mais le procédé pour rechanger ça en Ça, je ne sais pas... Le procédé, c'est... abdication (comment peut-on dire ?) don de soi (ce n'est pas cela), Mais tout, tout lui paraissait si horrible. Il y a eu une journée très, très, très difficile. Et c'est curieux, j'ai su à ce moment-là, que c'était la répétition exacte de l'expérience que le Bouddha Siddhartha avait eue, et que c'était dans cette expérience qu'il avait dit : il n'y a qu'une sortie : le Nirvana. Et en même temps, j'ai eu l'état de conscience véritable : sa solution et la véritable. C'était vraiment intéressant. Comment la solution bouddhique est seulement un pas de fait — un pas. Et c'est par-delà ça (ce n'est pas sur un autre chemin, mais c'est par-delà ça) qu'est la vraie   

has never been in such darkness. I feel it is a formidable darkness.

 

Yes, yes. But the two are there. It is true. The confusion—it is a confusion, a dark confusion, yes. A dark confusion, but it is what Sri Aurobindo was always saying : the confusion becomes all the more intense and dark at the time the light is about to dawn. It is so. It appears as a dark chaos. And the Chinese...

 

Mother, do you know that in the West the books that have influence (not only influence, but are read and devoured by young people) are the books of Mao-Tse-Tung.

 

What does the man say?

 

He says, "power springs from the barrel of a gun".

 

(Mother remains silent)

 

That is what is read in the West ? And the last great book that has the boom, is one entitled something like "the Wretched', which is an apology for violence: power must be seized by violence. It is this which has success in the West, it is that that all students swallow.1

 

Oh ! an apology for violence...

 

A mission of violence.

 

1 The reference is to a book by Frantz Fanon : The Wretched of the Earth, the central theme of which is : "Violence alone pays" (quoted by the Indian Express, May 30,1969). "The practice of violence binds men together as a whole, since each individual forms a violent link in the great chain, a part of the great organism of violence which has surged upward". This book has been prefaced by Jean Paul Sartre, who says still more clearly : Irrepressible violence... is man recreating himself". It is the "mad fury" through which "the wretched of the earth" can "become men". "To shoot down a European is to kill two birds with one stone... there remains a dead man and a free man".

Page – 86 - 87


solution. C'était une expérience décisive.

 

(long silence)

 

Mais qu'est-ce que c'est que cette création ?... N'est-ce pas, séparation, et puis méchanceté, cruauté — la soif de nuire, pourrait-on dire —, alors la souffrance, justement la joie de faire souffrir, et alors toute la maladie, la décomposition, la mort — la destruction. Tout cela, ça fait partie de la même chose. Qu'est-ce qui est arrivé ?... Et l'expérience que j'ai eue, c'était l'irréalité de ces choses, comme si l'on était entré dans un mensonge irréel, et que tout disparaît quand on sort de ça — ça n'existe pas, ça n'est pas. C'est cela qui est effrayant ! que ce qui, pour nous, est si réel, si concret, si effroyable, que tout cela, ça n'existe pas. Que c'est... on est entré dans le Mensonge. Pourquoi ? Comment ? Quoi ?...

Mais jamais, jamais dans toute, toute l'existence de ce corps, pas une une fois il n'a senti une... une douleur aussi totale et aussi profonde que ce jour-là... oh !... quelque chose qui le... (Mère serre sa gorge). Et alors, au bout de ça, la Béatitude. Et puis pfft ! ça s'est effacé, comme si : "Pas encore, pas encore, ce n'est pas encore le moment." Et comme si tout cela, tout cela qui est si affreux, n'existait pas.

Au fond, probablement—probablement—c'est seulement la terre (ça, je ne sais pas). Cela ne paraît pas comme cela, parce que la lune, c'est très concrètement une dévastation. Enfin, il y a tout de même une sensation très forte, très précise, que c'est quelque chose de limité qui est comme cela, dans ce Mensonge. Et irréel. Et que nous sommes tous dans le Mensonge et l'Irréalité, c'est pour cela que c'est comme ça. Et ce qui était intéressant, c'était que cette fuite dans le Nirvana, n'était pas la solution, n'était qu'un remède — un remède pour un temps (comment expliquer ? Je ne sais pas), partiel. Un remède partiel et, on pourrait presque dire, momentané.

Et alors, ça, c'est un paroxysme à un moment. Après vient le long chemin : il faut continuer, continuer le travail progressif de transformation. Et puis, la minute suivante, c'est ce que Sri Aurobindo a appelé l'être supramental. C'est comme le passage de l'un vers l'autre.

Mais comment tout cela changera ? Je ne sais pas.

That is the vital in its fullness.

 

Yes.

 

Oh ! That explains all the visions I have had. I thought... I was blaming my body, I was saying : this poor body, it has an unfortunate atavism : always horrible, horrible imaginations—and they were not imaginations, it was conscious of what was happening.... Oh!...

It is very interesting what you have just told me, because yesterday (these days, these three days), in front of the horror in the perception of things, this body (that is the very opposite of being sentimental, it was never, never sentimental), this body wept.... It was never given to weeping physically, naturally, but it was.... And it said, with an inner intensity: "Oh ! why does this world exist?" In that way, it was so much... so horrid, sad, miserable... so miserable it was and... so horrible. Oh ! But immediately it got the answer—it was not an answer in words, it was simply... as though a vastness opening into the Light. Then, nothing to say thereupon.

But how can That, the Vastness become this ?... I do not know. The question : How That became this ? It is in that way that it came to me: "How That, the Marvel could become this, this hideous, monstrous thing?"

But the procedure of changing this back again into That, I do not know.... The procedure is... abdication (how to say), self-giving (not that). But everything, everything appeared to it so gruesome. It was a whole day, very, very, very difficult. Strangely enough, I knew at the moment that it was the exact repetition of the experience that Siddhartha Buddha had and it was while in the experience that he had said : there is only one way out : Nirvana. And at the same time I was in the condition of true consciousness : his solution and the true one. It was really interesting. How the Buddhist solution was one step taken—one step. Beyond that (not in another line, but beyond the same) lies the true solution. It was a decisive experience.

 

(long silence)

Page – 88 - 89


Oui) l'autre jour j'ai eu une perception, mais tellement concrète, que la terre était comme sous un manteau noirc'est ce que tu appelles le Mensonge, l'Illusion. C'était quelque chose qui couvrait la terre.

 

Oui, oui.

 

J'ai senti cela, mais très concrètement, un manteau noir.

 

Oui, c'est cela.

 

Seulement, il faudrait le tirer pour tout le monde...

 

(Après un silence) Je ne peux pas dire (c'est inexprimable), c'était quelque chose qui contenait l'horreur, l'épouvante, la douleur — et une compassion, oh ! intense... Jamais, jamais ce corps n'avait senti comme cela. Ça l'a d'ailleurs mis dans un état assez... assez critique pour quelques heures. Et après, c'était comme si tout, tout venait — chaque chose —avec un Sourire, et une Lumière resplendissante, comme si (traduite l'image des enfants) comme si le Seigneur disait : "Tu vois, je suis par tout. Tu vois, je suis en toute chose." Et c'était incroyable —incroyable... Mais il n'y a pas de communication entre les deux.

N'est-ce pas, c'était le moment où le corps disait : "Comment? Il va falloir con-ti-nuer ça ? Il faut, il faut con-ti-nuer ça ? Le monde, les gens, toute la création, con-ti-nuer ça ?..." Ça paraissait... J'ai tout d'un coup compris : ah ! c'est cela qu'ils ont traduit par l'"enfer perpétuel". C'est cela. C'est quelqu'un qui a eu cette perception.

Et tous les moyens — que l'on pourrait appeler artificiels, y compris le Nirvana — tous les moyens d'en sortir ne valent rien. A commencer par l'imbécile qui se tue pour "mettre fin" à sa vie, ça, c'est... de toutes les imbécillités, c'est la plus grande, ça rend son cas encore pire. Depuis ça, jusqu'au Nirvana (où l'on s'imagine qu'on peut sortir), tout cela, tout ça, ça ne vaut rien. C'est à différents stades, mais ça ne vaut rien. Et alors, après cela, au moment où vraiment on a l'impression d'un enfer perpétuel,  

But what is after all this creation?... Well, separation, and then wickedness, cruelty—the thirst for doing harm, one might say—then suffering, just the joy of inflicting suffering, and then all illness and decomposition and death—destruction. All that, forming part of the same thing. What is it that has happened ?... And the experience that I had was of the unreality of these things, as though you entered into an unreal falsehood and all disappears as you come out of it—it does not exist, it is not. This is what is frightful ! What is for us so real, so concrete, so terrifying, all that does not exist. It is... you have entered into Falsehood. Why ? How? What?...

But never, never in the whole life-long existence of this body, not for once even, had it felt... such a total, such a deep pain as on that day.... Oh !... something which... (Mother presses her throat}. And then at the end of that, the Bliss. And then puff ! It is wiped off, as though : "Not yet, not yet, it is not yet the time". As though all that, all that is so frightful did not exist.

In the end, probably—probably it is only the earth (I do not know that). It does not seem to be so, for the moon is a very concrete desolation. Still there is however a very strong feeling and very exact that it is some- thing limited that is like that, in Falsehood. And unreal. And we are all in Falsehood and Unreality, that is why it is like that. And what was interesting was that this escape into Nirvana was not the solution, only a remedy, remedy for a time (how to explain ? I do not know), partial. A partial cure, one might almost say, for a moment.

And then, that was the paroxysm of a moment. Afterwards comes the long way : one must carry on, carry on progressively the work of transformation. And then, the next minute, it is what Sri Aurobindo has called the supramental being. It is as though the passage from one to the other.

But how will all that change ? I do not know.

 

Yes, the other day, I had a perception, it was so concrete, that the earth was as though under a dark robe—it is what you call Falsehood, Illusion. It was something that covered the earth.

 

Yes, yes.

Page – 90 - 91


tout d'un coup... (rien qu'un état de conscience, ce n'est pas autre chose que cela), tout d'un coup, un état de conscience... où tout est lumière, splendeur, beauté, bonheur, bonté... Et tout cela, inexprimable, Et c'est comme cela: "Tiens, voilà", et puis pfft! Ça se montre et puis hop! parti. Et alors, la Conscience qui voit, qui s'impose et qui dit : "Maintenant, next step, le prochain pas." Et alors c'est cela, c'est en présence de tout cela, que ce corps a eu... jamais, jamais dans toute sa vie il n'a éprouvé une douleur pareille, et encore maintenant...

Est-ce ça, est-ce ça, le levier ?... Je ne sais pas. Mais le salut est physique — pas du tout mental, mais physique. Je veux dire que ce n'est pas la fuite, c'est ici. Ça, je l'ai senti très fort.

Mais le corps a eu quelques heures très difficiles. Et toujours, pour lui, ça lui est égal, il dit "bon", il est tout à fait prêt à la dissolution ou... Il n'était pas question de cela. Il n'était pas question de cela, il était question de... savoir recevoir la Guérison... Et comment elle est ? — Inexprimable avec nos moyens.

Mais ce n'est pas que ce soit voilé ou caché ou quoi : c'est là. Pour quoi ? Qu'est-ce qui, dans le tout, vous enlève le pouvoir de vivre ça ? Je ne sais pas. C'est là. C'est là. Et tout le reste, y compris la mort et tout, cela devient vraiment un mensonge, c'est-à-dire quelque chose qui n'existe pas.

 

Oui, c'est un manteau à tirer.

 

Si ce n'était que cela, ce n'est rien!

 

Non, je veux dire que tout cela, cette Illusion, c'est comme un manteau à tirer sur la terre.

 

Oui, c'est cela. Mais oui, c'est cela ! Mais est-ce seulement la terre? Je ne sais pas. Ils vont se promener là-haut pour voir !

Tout ce que je sais, l'impression que j'ai, c'est que c'est concentré ici. C'est ici la concentration, c'est ici le travail. Mais il se peut que ce soit... tout le système solaire, je ne sais pas.

I felt that, but very concretely, a black robe.

 

Yes, it is that.

 

Only it must be pulled off from the whole world...

 

(After some silence) I cannot say it (it is inexpressible) it is something that contained horror, fright, pain—and a compassion. Oh! so intense.... Never, never had this body felt like that. And besides it put the body in a condition quite... quite critical for some hours. And afterwards it was as though everything—each and everything—came with a Smile and a shining Light, as though (translated in a children's image) the Lord was saying : "You see, I am everywhere. You see I am in everything". And it was incredible—incredible.... But there is no communication between the two.

Well, it was as at the time when the body was saying : "How is it ? One must con-ti-nue like that ? One must con-ti-nue that ? The world, people, the whole creation, to continue that?..." That appeared... I understood all at once : ah ! It is that they have translated as "eternal hell". It is that. It is someone who has had that perception.

And all the means—that could be called artificial, including Nirvana —all the means of coming out of that are worthless. Beginning with the idiot who kills himself to "put an end" to his life, this, of course, is, of all idiocies the most idiotic, it makes the case still worse. Starting from there right up to Nirvana (where one imagines to be able to go out), all that, all that is worth nothing. They are all at different levels, but all are worth nothing. And then thereafter at the time when you have really the feeling of an everlasting hell, all of a sudden... (nothing but a state of conscious ness, it is nothing else but that), all of a sudden, a state of consciousness... in which all is light, splendour, beauty, happiness, goodness.... And every thing inexpressible. And it is like that : "There, there you are" and then puff ! It appears and then, hop! off it goes. And then the Consciousness which sees, which presses itself and says : "Now, the next step." So, it is that, it is the presence of all that that the body had.... Never, never in all its life had it felt such pain, and even now...

Page – 92 - 93


(silence)

 

Mais on ne peut pas sortir tout seul.

 

Oui !... Douce Mère, l'autre jour tu as dit quelque chose. Tu as dit: "Il est temps de prendre position." Tu as dit: "Luis le corps, a pris position", mais jusqu'à présent tu n'osais pas pousser les autres à le faire, et tu as dit: "Maintenant, il est temps de prendre position."

 

Oui, je crois.

 

Mais qu'est-ce que tu entends par "prendre position" ?

 

Ça, cette conscience dans laquelle le corps est maintenant, que tout cela est irréel.

Le corps, si on lui demandait, il dirait : je ne sais pas si je vis, je ne sais pas si je suis mort. Parce que c'est vraiment comme cela. Pendant quelques minutes, il a tout à fait l'impression d'être mort, à d'autres moments, il a l'impression d'être vivant. Il est comme cela. Et il sent que ça dépend exclusivement de... si on perçoit la Vérité ou pas.

(silence)

 

De quoi est-ce que ça dépend ?...

 

(silence)

 

D'après ce que les autres disent, ou écrivent, ou leur expérience, j'ai vu que l'immense majorité de l'humanité, ce qu'elle craint le plus, c'est cette perception-là, que c'est un Mensonge, et tout ce qui mène vers ça, J'ai connu des gens (ils m'ont écrit) qui justement ces jours-ci ont eu des frayeurs épouvantables parce que tout d'un coup, ils étaient pris de forai il y avait quelque chose qui commençait à les toucher : la perception de

Is that, is that the lever ?... I do not know. But the salvation is physical—not at all mental, but physical. I mean to say that it is not escape, it is here. This I felt very strongly.

But the body had a few very difficult hours. And always, for it, it is all the same, it says, "well and good", it is quite ready for the dissolution or.... There was no question of that. The question was not that; the question was, to know how to receive the Cure.... And how it is?—With our means it is inexpressible.

But it is not for that veiled or hidden or whatever : it is there. Why ? What is it in the whole that takes away from you the power to live it ? I do not know. It is there. It is there. And all the rest, including death and all, becomes truly a falsehood, that is to say, something that does not exist.

 

Yes, it is a robe that is to be taken off.

 

If it were only that, it would be nothing.

 

No, I mean that all this, this illusion is like a robe that has to be taken off from the earth.

 

Yes, it is that. Yes, it is that ! But is it only the earth? I do not know. They are going up there to see !

All that I know, the feeling I have, is that it is concentrated here. Here is the concentration, here is the work. May be it is also... the whole solar system, but I do not know.

(silence)

 

But one cannot get out of it all alone.

 

Yes!... Mother, the other day you said something. You said: "It is time to take one's stand". You said: "The body, on its side, has

Page – 94 - 95


l'irréalité de la vie. Alors, cela indique l'immensité du chemin à par courir. Ce qui fait que tout espoir d'une solution proche, paraît un enfantillage. A moins que... les choses se passent autrement.

Si cela doit suivre le mouvement que ça a suivi jusqu'à présent... Il y en a eu des siècles et des siècles et des siècles... Alors, le surhomme, ce ne serait encore qu'une étape, et après il y aurait encore beaucoup d'autres choses...

 

Chaque fois que je pense à cela, j'ai toujours l'impression que là seule solution, c'est que tu aies un corps glorieux, visible pour tous, alors tout le monde pourrait venir voir—venez voir le Divin, comment c'est !

 

(Mère rit) Ça, ce serait bien commode

 

Ce serait un tel bouleversement de toutes leurs notions...

 

Oui, bien sûr ! Ça, ce serait bien commode. Est-ce que ce comme ça ?.. Ça, sûrement, je suis tout à fait d'accord ! Et je serais très contente que ce soit n'importe qui, je n'ai pas le moindre désir que ce soit à moi !

 

Venez voir le Divin, comment c'est !

 

Oui, comment c'est ! (Mère reste longtemps à "regarder")

 

*

**

 

Le 4 juin 1969

 

J'ai beaucoup regardé après que tu es parti, la dernière fois, toute la journée... Il y a le sens que ce serait une merveilleuse solution (le corps

taken its stand", but till now you did not dare push others to do the same and you said: "Now it is time to take one's stand".

 

Yes, I believe so.

 

But what do you mean by "taking one's stand".

 

That this consciousness in which the body is now and all that is unreal.

The body, if it were asked, would say : "I do not know if I am alive, I do not know if I am dead. Because it is so truly. During some minutes it has altogether the feeling that it is dead ; at other moments it has the feeling that it is alive. It is like that. And it feels that the thing depends exclusively upon... whether one sees the Truth or not.

(silence)

 

Upon what does that depend?...

 

(silence)

 

That, according as others say or write or experience, I have seen that what the vast majority of mankind fears most is the perception that it is a Falsehood and all that leads towards it. I know people (who have written to me) who had quite lately terrible frights because all of a sudden they were seized by force, something there was that began to touch them : the perception of the unreality of life. So that shows the vastness of the way to follow. It means that all hope of a near solution seems to be a childishness. Unless... things take another turn.

If it is to follow the movement it has been following till now... it would take centuries and centuries and centuries.... Then the superman would still be only a stage and afterwards there would be many other things...

Page – 2 - 3


glorieux'). Quand tu l'as dit, il y a quelque chose qui est devenu concret tout d'un coup.1 Mais aucun sens personnel dedans... le corps n'a pas du tout, du tout, ni l'ambition ni le désir ni même l'aspiration de devenir ça (ce corps glorieux)., mais il y avait seulement une espèce de joie à la possibilité que "ça" soit — ça soit —, n'importe qui, n'importe où, n'importe comment : que ce soit. Et j'ai regardé très, très attentivement ; pas une minute il n'y a eu l'idée : il faut que ce soit ça (Mère pince la peau de ses mains), tu comprends ? C'était : que cette incarnation, que cette manifestation soit — pas choisir une personne ou une autre, ou un lieu ou un autre, non, tout cela n'existait pas : c'était la chose elle-même qui était comme une solution merveilleuse. Et puis, c'est tout.

Et alors, la conscience s'est mise à observer : s'il n'y a rien dans ce corps qui "aspire" même à être ça, cela prouve que ce n'est pas son travail. Alors est venu cet extraordinaire Sourire (je ne sais pas comment expliquer) qui était comme cela, qui a passé, qui a dit... (on pourrait le traduire d'une façon tout à fait enfantine) : "Ce n'est pas ton affaire !" Et c'est tout. Et puis c'était fini, je ne m'en suis plus occupée, "Pas ton affaire" dans le sens : cela ne te regarde pas ; que ce soit ça ou ça ou ça, ce n'est pas ton affaire. C'est tout.

Mais ce qui est devenu son affaire, d'une façon tellement, tellement intense que c'est presque inexprimable, c'est : "Toi, Toi, Toi, Toi,,," qu'aucun mot ne peut traduire : le Divin, pour mettre un mot. C'est tout. Pour tout — manger : le Divin ; dormir : le Divin ; souffrir : le Divin... comme cela (Mère tourne ses deux mains vers le haut). Avec m sorte de stabilité, d'immobilité.

 

 

1 En effet. Mère était restée très longtemps à "regarder", avec une expression qu'il faut voir pour croire, et le disciple avait senti comme une cataracte de puissance lumineuse qui descendait,

Each time I think of that, I always have the feeling that the only solution is that you should have a glorious body, visible to every one, then all could come and see—come and see the Divine, how it  is!

 

(Mother laughs). That would be very convenient indeed !

 

It would be such an upsetting of all their notions...

 

Yes, certainly ! It would be so convenient. Would it be like that? ... As to that, surely, I am in full agreement with you ! And I would be very glad if it were anyone, does not matter who, I have not the least desire that it should be myself.

 

Come and see the Divine, how it is!

 

Yes, how it is ! (Mother remains gazing for a long time.)

 

*

**

 

June 4, 1969

 

I looked into the matter a great deal after you had left me, last time, the whole day.... There is some sense in that being a wonderful solution (the glorious body). When you said it, something became concrete all of a sudden.1 But there was no personal sense in that.... The body has no ambition or desire whatsoever or even the aspiration to become that (the glorious body), but there was only a kind of delight in the possibility of

 

1 Indeed for a long time Mother kept on "gazing", with an expression which one must see in order to believe and the disciple felt as though a cataract of luminous power was pouring down.

Page – 98 - 99


that being done; if it were done, it matters not who or where or how: only if it were done. And I looked at it with very very close attention; not for a moment did it have the idea : it must be this (Mother pinches her skin with her fingers), you understand ? It was : let there be this incarnation, this manifestation—choosing one person or another, one place or another, no, nothing of that kind existed : the thing by itself was the» wonderful solution. That's all. 'I

So the consciousness began to observe : if there was anything in this body which "aspired" to be that : it would prove that this was not its work. Then there came that wonderful Smile (I do not know how to ex press) it was there, it passed and said... (one could translate it in a quite childlike manner) : "It is not your business !" That is all. There is the end. I was not busy with it anymore. "Not your business" in the sense, it does "not concern you : whether it is this or that or that, it is not your business. That is all.

But what has become its business,—in such an intense way that it cannot be expressed—is : "Thou, Thou, Thou, Thou...", no word can translate it; the Divine, to use one word. It is all, it is for all—to eat: the Divine; to sleep: the Divine; to suffer: the Divine... soon (Mother points both hands upward). With a kind of stability, immobility

 

THE MOTHER

Telle est l'attitude à prendre vis-à-vis des religions

 

Une bonne volonté bienveillante vis-à-vis de tous les croyants.

Une indifférence éclairée envers toutes les religions.

 

Toutes les religions sont des approximations partielles d'une unique Vérité qui est loin au-dessus d'elles.

   

 

(Avril 1969)

 

 

The attitude to be taken towards religions

 

A benevolent good-will towards all worshippers.

An enlightened indifference towards all religions.

 

All religions are partial approaches to the one simple Truth that is far above them.

THE MOTHER

(April 1969)

 

 

Top

Page – 100 - 101


Sri Aurobindo—His Life and Work

 

Sri Aurobindo at Pondicherry — IV

 

"A son of the two Mothers, he attains to kingship in his discoveries of knowledge, he moves on the summit, he dwells in his high foundation."

Rig Veda, 1.10.2.

 

WE have already quoted Nolini Kanto's description of Pondicherry as if it was when Sri Aurobindo came and settled here. Let us supplement it by a short history of the ancient town and its suburbs as published by = 1 (a symbolic figure), the quarterly organ of Auroville.1 We find in it that in olden times the whole place was flourishing both spiritually and materially, and was considered an important centre of learning and commerce in South India.

"The origins of Pondicherry go back into the night of time. Pondicherry .means 'the new suburb'. The original name of the town, no longer used, was Vedapuri, and a big temple still stands today, the Vedapurishwara temple, dedicated to the great god, Siva, the god of the Contemplatives. Vedapuri means 'City of Knowledge'. The patron saint of Vedapuri was Sri Agastya, legends of whose life tell of his coming from the

 

1 Auroville or the City of the Dawn, an international city, has been a creation of the Mother of the Sri Aurobindo Ashram and founded under her inspiration and guidance in Sri Aurobindo'! name. It is about four miles from Pondicherry. In the Charter of Auroville the Mother says,

1. Auroville belongs to nobody in particular.

Auroville belongs to humanity as a whole. But to live in Auroville one must be the willing servitor of the Divine's Consciousness.

2. Auroville will be the place of an unending education, of constant progress, and a youth that never ages.

3. Auroville wants to be the bridge between the past and the future. Taking advantage of ail discoveries from without and from within, Auroville will boldly spring towards future realisations,

4. Auroville will be a site of material and spiritual researches for a living embodiment of an actual Human Unity.

 

THE MOTHER

Sri Aurobindo—Sa Vie et son Œuvre

 

Sri Aurobindo à Pondichéry — IV

 

"Fils des deux Mères, il atteint à la royauté dans sa dé couverte de la connaissance, il se déplace sur le sommet, il de meure sur sa base élevée."

Rig Véda, I.10.2.

NOUS avons déjà donné la description par Nolini Kanta de Pondichéry telle qu'elle était lorsque Sri Aurobindo s'y est installé. Ajoutons-y une courte histoire de cette ancienne ville et de ses faubourgs pâme dans "=1" (égale un), la revue trimestrielle d'Auroville.1 Nous y trouvons que, dans les temps anciens, la ville était florissante, autant matériellement que spirituellement, et qu'elle était considérée comme un centre important de savoir et de commerce en Inde du sud.

"L'origine de Pondichéry se perd dans la nuit des temps. Pondichéry veut dire : "le nouveau faubourg". Le premier nom de la ville, qui n'est plus employé, était Védapourî, et le Védapourîshwara, un grand temple consacré à Shiva, le dieu des contemplatifs, s'y trouve encore aujourd'hui. Védapourî veut dire : "Ville du savoir". Le saint patron de Védapourî était Shrî Il qui, selon la légende, vint des lointains Himalaya, voyageant vers le sud, et se fixa au pays des Tamouls pour leur enseigner les Véda. Pendant des milliers d'années, Védapourî fut une école où les

 

1 Auroville, cité de l'Aurore, ville internationale, a été créée par la Mère de l'Ashram de Sri Aurobindo et placée par elle sous l'égide de Sri Aurobindo. Elle se trouve à environ six kilomètres de Pondichéry. La Mère a donné à Auroville la charte suivante :

 

1.—Auroville n'appartient à personne en particulier. Auroville appartient à toute l'humanité dans son ensemble.

Mais pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la. Conscience Divine.

2.—Auroville sera le lieu de l'éducation perpétuelle, du progrès constant et d'une jeunesse qui ne vieillit pas. 

3.—Auroville veut être le pont entre le passé et l'avenir.

Profitant de toutes les découvertes intérieures et extérieures, elle veut hardiment s'élancer vers les réalisations futures.

4.—Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète.

Page – 102 - 103


far Himalayas, travelling south and settling in the country of the Tamils to teach the people the Veda. For thousands of years Vedapuri was a school for young Brahmins where they learnt to chant the Vedic hymns in Sanskrit and to perform complicated sacrifices in the proper way.

"Buddhism came and went, and then in the first and second centuries of our era we find on that same Coromandel Coast a Roman settlement mentioned in the Periple by Ptolemy of Alexandria. Heavily loaded ships from the far Mediterranean, swept by the constant trade winds, arrived via Cleopatra's Nile—Red Sea Canal at Poduke as our town was then called. A Roman emporium, a trader's town where Mediterranean wines and swords, Germanic slaves and Roman gold were exchanged for the spices and silks, precious stones, cottons and peacocks of India. The poet prince Ilango, brother of the Chera King Kovalan, describes how 'Auroville' -appeared in the first century. The text is translated from the original picturesque Tamil.

 

" 'The sun shone over the open terraces, over the ware houses near the harbour, and over the turrets with their air-holes like the eyes of the deer (a description of windows built with a Roman arch). In different places the observer's attention was arrested by the sight of Yavanas (a name for Greeks and Romans) whose prosperity never waned.

" 'In the harbour were to be seen sailing vessels with many sailors from distant lands. To all appearances they lived as one Community. In the streets of the City hawkers went about with cosmetics, bath powders, cool pastes, flowers, incense and fragrant perfumes, In certain places weavers were seen dealing in fine fabrics of silk, animal hair and cotton, Whole streets were full of cloth, corals, sandalwood and myrrh, besides a wealth of rare ornaments, perfect pearls, gems and gold beyond all reckoning.'

 

"The description of the City itself and the central highway leading it also has its poetic charm :

 

" 'Entering into the central highway of the city, rich with the wealth of sea-borne ( and reaching down to the sea-shore where flags of foreign countries fly high, one is impressed by these stretches of white sand where are displayed various kinds of goods brought in by ships of foreign merchants who have left their houses and settled here.

" ' Here burning in the evening were myriads of lamps : lamps of those who sold coloured powders, who sold sandalwood, jasmine flowers, scents, and all varieties of sweets; the lamps of dexterous goldsmiths, and of those who, sitting in a row, sold pittu; the broad black lamps placed on lampstands by the sellers of muffins ; the lamps offish-mongers glimmering

jeunes brahmanes apprenaient à psalmodier les hymnes védiques en sanscrit et à accomplir correctement des sacrifices compliqués.

"Le bouddhisme naquit et disparut, puis nous trouvons, au premier et deuxième siècle de notre ère, sur cette même côte de Coromandel, un établissement romain dont Ptolémée d'Alexandrie fait mention dans son Périple. Venant de la lointaine Méditerranée et poussés par les vents alizés, des navires lourdement chargés, ayant passé du Nil à la Mer Rouge, par le canal de Cléopâtre, arrivaient à Poduke, nom de notre ville à cette époque. C'était un grand marché romain, une ville de commerçants où les vins et les glaives méditerranéens, les esclaves germains et l'or romain s'échangeaient contre les épices, la soie, les pierres précieuses, le coton et les paons de l'Inde. Le prince-poète Ilango, frère de Kovalan, roi des Chera, décrit comment "Auroville" se montrait au premier siècle. Le pittoresque texte original est en tamoul.

 

Le soleil brillait sur les terrasses découvertes, les magasins proches du port, et les tourelles avec leurs soupiraux qui ressemblaient à un œil de cerf (allusion aux fenêtres sur montées d'une arche romane). A différents endroits l'attention du visiteur était captée par les Yavana (nom donné aux Grecs et aux Romains) dont la prospérité ne déclinait jamais.

On pouvait voir, dans le port, des voiliers dont les nombreux marins venaient de contrées lointaines. Selon toute apparence ils vivaient en communauté. Des colporteurs parcouraient la ville, vendant des produits de beauté, sels pour le bain et des crèmes ainsi que des fleurs, de l'encens et des parfums odorants. On pouvait voir, à certains endroits, des tisserands faisant le commerce de fins tissus de soie, de laine ou de coton. Des rues entières étaient pleines d'étoffés, de coraux, de bois de santal et de myrrhe, voisinant avec des richesses incalculables de bijoux rares, de perles parfaites, de pierres précieuses et d'or.

 

"La description de la ville elle-même et de la grande avenue qui y menait ne manque pas de charme poétique :

 

Passant par l'avenue centrale de la ville, riche de toutes les marchandises venues par mer, on descend jusqu'au rivage où flottent haut les drapeaux des pays étrangers et on est frappé par ces étendues de sable blanc où sont exposées toutes sortes de choses apportées par les vaisseaux de marchands étrangers qui ont quitté leurs foyers pour s'installer ici.

Le soir d'innombrables lampes sont allumées ; lampes des vendeurs de poudres de couleur, des vendeurs de bois de santal, de fleurs de jasmin, de parfums, de toutes sortes de sucreries ; lampes des orfèvres habiles et de ceux qui, assis en rang, vendent des pittou1 ; larges lampes noires, posées sur des candélabres, des vendeurs de petits pains, lampes des

 

1 Sorte de galettes de riz sucrées (N.d.T.)

Page – 104 - 105


here and there; and high above all the bright beacon lights erected to guide ships to the shore. There were lamps taken out to sea by fishermen in their boats as they went with their nets, night-long lights set out by foreigners speaking strange languages, and finally the lamps lit by the watchmen of the ware houses containing valuable merchandise from away countries.' '

 

"Recent archaeological excavations of a hill called Arikamedu, south of Pondicherry, have yielded Greek and Roman coins and imported Mediterranean pottery, reminiscent of a trade very much to the detriment of the Roman empire. Such was the eagerness of Roman ladies to possess the colourful silks and fine muslins of India that Rome lost all its gold reserves in this exchange, but it benefited the kings of the Coromandel Coast, who became fabulously rich and were able to build the huge temple towns of Rameshwaram and Chidambaram, of Madurai and Trichinopoly, and—only a hundred miles from where Auroville is being built— the magnificent Versailles of India—Mahabalipuram. Vedapuri itself fell asleep. The destructive force of Islam came and went, the Portuguese came and called the town 'Puducheira' and Dutch 'Poebser', and the Danes —all trying to get some of the gold the Romans had lost,—and built their trading offices, their 'comptoirs'. In the 17th century came the French, who built on the shore the largest and most powerful fortress in southern India. As a fortress it was very successful, also as a safe place for investments in gold during troubled times. It quickly became rich, too rich for the jealous British in Madras, who razed it to the ground.

"Rebuilt in the 18th century in the French provincial style the town can be seen from the hills of Auroville, now a part of free India. Only a few small fisherman's villages without history stand today where the 20th century with its big bulldozers, is moving in to build the City of a New Dawn."

The above extracts show how important were Pondicherry and its suburbs both culturally and commercially in the good old days of the Roman Empire and—who knows?—even before that. Let us hope some day a more authentic light will be shed on the history of the Aryan, the Indus-Valley and the Dravidian cultures. And at no distant date the Whole world will turn to Pondicherry again not only for culture and education and commerce and industry but for the Light of the New Dawn,

marchands de poisson miroitant ça et là ; et, dominant le tout, les phares brillants destinés a guider les navires vers le rivage. Des lampes sont emportées en mer par les pêcheurs sur leurs barques quand ils partent avec leurs filets ; d'autres brûlent toute la nuit, allumées par des étrangers qui parlent de curieux langages ; enfin les lampes des gardiens des magasins où sont entreposées les marchandises de valeur provenant de pays lointains.

 

"Des fouilles récentes à Arikamédou, colline au sud de Pondichéry, ont fait découvrir des monnaies grecques et romaines et des poteries importées de pays méditerranéens, indices d'un commerce qui était très déficitaire pour l'empire romain. Le goût des dames romaines pour les soies aux couleurs vives et les fines mousselines de l'Inde était tel que Rome y perdit toutes ses réserves d'or ; par contre les rois de la côte de Coromandel en profitèrent et devinrent fabuleusement riches. Ils purent ainsi construire les grands temples et les villes de Raméshwaram, de Chidambaram; de Madurai, de Trichinopoly et enfin, à cent cinquante kilomètres seulement de l'emplacement d'Auroville, le magnifique Mahâbalipouram, Versailles de l'Inde. La ville elle-même de Védapourî s'endormit. La force destructive de l'Islam y passa; puis vinrent successive ment les Portugais qui nommaient la ville Puducheira, les Hollandais qui l'appelaient Poebser et les Danois, tous essayant de s'approprier un peu de l'or que les Romains avaient laissé et installant leurs établissements commerciaux, leurs "comptoirs". Au dix-septième siècle ce fut le tour des Français qui bâtirent sur le rivage la plus grande et la plus puissante forteresse de l'Inde méridionale. C'était une excellente place forte et l'or s'y trouvait en sécurité en ces temps troublés. Elle devint rapidement riche, tellement qu'elle éveilla la jalousie des Anglais de Madras qui vinrent la raser.

"Reconstruite au dix-huitième siècle dans le style provincial français, la ville, qui fait maintenant parti de l'Inde libre, peut se voir depuis les collines d'Auroville. Seuls quelques petits villages de pêcheurs, sans va leur historique, existent actuellement à l'endroit où le vingtième siècle, avec ses bulldozers, s'apprête à bâtir la ville de l'Aurore nouvelle."

Les lignes qui précèdent montrent l'importance culturelle et commerciale que Pondichéry et sa banlieue avaient acquise au bon vieux temps de l'Empire romain (et peut-être même avant ?). Espérons qu'un jour les civilisations aryenne et dravidienne ainsi que celle de la vallée de l'Indus nous seront mieux connues. Et aussi, le temps n'est pas éloigné où

Page – 106 - 107


To return to our narrative. Financial stringency obliged Sri Aurobindo to move from St. Louis Street to a small house in the Mission Street.

Ramaswamy Iyengar came again and stayed with Sri Aurobindo in this house. Amrita, who was at that time in his early teens and a school student, as we have said above, made friends with Ramaswamy, and it was through him that he got admission into Sri Aurobindo's house and had his first darshan1 of him.

As he says in "Old Long Since":2

"In the Matakoil Street, now called Mission Street, Sri Aurobindo lived for six months in a house with a tiled roof. That house has at present undergone a radical change; the very spot is unrecognised. It was in this house that I had Sri Aurobindo's darshan....

"During his stay in this house I had the habit of meeting Ramaswamy Iyengar every evening on the beach.... His heart started melting towards me little by little even as ants slowly and persistently leave a trail on granite. The result was that he began to welcome me to his room. The school remained closed two days in the week, Sundays and Thursdays. Those days I could meet Iyengar in Sri Aurobindo's house at about 4 p.m. From 4 to 5 p.m. we would be alone conversing with each other. Our relation thus began to ripen. After 5 we would go straight to the beach and join other friends.

"Bejoy Nag's relative, Nagen Nag, who was suffering from tuberculosis, came to Pondicherry with his friend and attendant, Biren Roy, and stayed at this house. His doctor had advised him a change of air and he hoped that Sri Aurobindo would cure him by his yogic power.

"Some evenings when engaged in conversation with Iyengar on the verandah outside his room, I would see Sri Aurobindo come out from the back portion of the house to the hall in front, take his seat on the same mat with the sick man, put to him some questions and return to his room. I was lucky to have Sri Aurobindo's Darshan in this manner several times without going near him. At that time I could not speak English well. On his way to the front part of the house and back from there, Sri Aurobindo's

 

1 'Darshan' means the holy sight of a god or of a spiritual or saintly person.

2 Mother India—October, 1962.

le monde entier se tournera de nouveau vers Pondichéry, non seulement pour son commerce, sa culture et son éducation, mais aussi pour la Lumière de l'Aurore nouvelle.

Revenons à notre sujet. Des considérations financières obligèrent Sri Aurobindo à déménager de la rue Saint-Louis pour aller dans une petite maison de la rue des Missions.

Ramaswamy Iyengar, revenu, habita dans cette maison avec Sri Aurobindo. Amrita, jeune adolescent qui allait encore à l'école se lia d'amitié avec Ramaswamy et put, grâce à lui, être admis dans la maison et avoir son premier darshan1 de Sri Aurobindo.

Nous lisons dans Old Long Since2 d'Amrita :

 

"Sri Aurobindo vécut pendant six mois dans une maison à toit de tuiles de la rue Matakoil, que l'on appelle maintenant rue des Missions. La maison est complètement transformée et l'endroit est méconnaissable. C'est dans cette maison que j'ai eu le darshan de Sri Aurobindo...

"Pendant qu'il habitait dans cette maison j'avais l'habitude de rencontrer Ramaswamy Iyengar tous les soirs sur la plage... Peu à peu il me prit en affection, un peu comme les fourmis, lentement et avec persistance, finissent par marquer leur trace sur le granit. Finalement il se mit à m'accueillir dans sa chambre. L'école était fermée deux jours par semaine, le jeudi et le dimanche. Ces jours-là, je pouvais voir Iyengar vers quatre heures de l'après-midi dans la maison de Sri Aurobindo. Nous causions tous deux seuls de quatre heures à cinq heures. Notre amitié commença ainsi à mûrir. Après cinq heures nous allions directement à la plage retrouver d'autres amis.

"Nagen Nag, parent de une Nag, vint à Pondichéry avec son ami et infirmier Biren Roy et descendit dans cette maison. Il était atteint de tuberculose et son docteur lui avait prescrit un changement d'air; il espérait être guéri par le pouvoir yoguique de Sri Aurobindo.

"Certains soirs, alors que je causais avec Iyengar dans la véranda devant sa chambre, il m'arrivait de voir Sri Aurobindo sortir du fond de la maison pour venir dans la salle de devant, s'asseoir sur la même natte

' On a le darshan d'un dieu, d'un saint ou d'une personne spirituelle qu'on est admis à voir. ' Il y a bien longtemps. Mother India, octobre 1962.

Page – 108 - 109


preoccupation seemed to be wholly with what he had come for. He would pay little attention, as it were, to any other thing around him. And yet, 1 was told, nothing could escape his notice.

"During this period I requested Iyengar once or twice to introduce me to Sri Aurobindo. But my requests seemed to carry no weight with him,

"Sri Aurobindo's birthday was drawing near—August 15, 1913. I requested Iyengar once more. I appealed to him to take me to Sri Aurobindo on his birthday. He replied, wonderful to say, in a consenting tone. I felt an immense joy. s

"On the 15th August Iyengar asked me to come at about 4.30 p.m. I reached there slightly earlier. All the invitees started coming one by one from all sides. By about 5 or 5.15 all of them had arrived. It was probably one hour before sunset. This I surmised by the dimness of the light inside the house. , ;. m

"In the hall of the front portion of the house some twenty or twenty five banana leaves were laid out on three sides just as it is done in a marriage feast.

"As far as I can remember, no sooner was the main gate bolted from within than Sri Aurobindo came into the hall and stood on one side; some one garlanded him with a rose garland, all present clapped their hands, and Sri Aurobindo spoke something in English. All this I can recollect but vaguely. This vagueness of memory is due, I suppose, to an over whelming joy and palpitation in me on that occasion.

"All of us sat down before the banana leaves as we do at a collective dinner. I was one of the guests, with eyes full of delight I saw Sri Aurobindo as he stood before each banana leaf, looked at the person seated there, gently passed on to the next and thus to the last person—mean while someone walking by his side served various kinds of sweets and other preparations.

"In the courtyard a big jar full of water was kept and by its side a small tumbler. We took some refreshments and after washing our hands we gathered together and kept chatting for a short while. In the meantime Sri Aurobindo had gone to the verandah of the middle portion of the house and sat there in a chair kept for him before a table covered with a cloth, Evidently he was waiting for some other item in the programme. By then it had become dark. In each section of the house one or two lighted hurricane-lamps

que le malade, lui poser quelques questions et retourner dans sa chambre. J'ai eu ainsi le bonheur d'avoir plusieurs fois le darshan de Sri Aurobindo sans m'approcher de lui. A cette époque je ne parlais pas bien l'anglais. Pendant qu'il marchait ainsi dans la maison, Sri Aurobindo semblait entièrement absorbé par ce qu'il venait faire. Il ne portait, pour ainsi dire, aucune attention à ce qui se passait autour de lui. Et pourtant, disait-on, rien ne lui échappait.

"Pendant cette période je demandai une ou deux fois à Iyengar de me présenter à Sri Aurobindo. Il semblait n'attacher aucune importance âmes requêtes. . . , ; ; .

"Le 15 août 1913, anniversaire de Sri Aurobindo, approchait et je renouvelai une fois encore ma demande à Iyengar Je le suppliai de m'amener à Sri Aurobindo le jour de son anniversaire. Chose extraordinaire, il y consentit. Ma joie était immense.

"Le jour venu, Iyengar me demanda de venir dans l'après-midi vers quatre heures et demie. J'arrivai un peu plus tôt. Les invités commençaient à venir, un par un, de tous côtés. Vers cinq heures et quart ils étaient tous là. On était probablement à une heure du coucher du soleil. Du moins la lumière diffuse qui régnait dans la maison le laissait supposer.

"De vingt à vingt-cinq feuilles de bananier étaient disposées, comme pour un repas de noces, sur trois des côtés de la salle de devant.

"Autant que je m'en souvienne, Sri Aurobindo entra dans la salle aussitôt la porte d'entrée verrouillée de l'intérieur, et resta debout sur un côté, quelqu'un lui passa une guirlande de rosés autour du cou ; toutes les personnes présentes applaudirent et Sri Aurobindo dit quelques mots en anglais. Tout cela je ne me le rappelle que vaguement. Cette incertitude de mémoire est due, je suppose, à la joie qui me submergeait et à la profonde émotion qui m'étreignait.

"Nous étions tous assis devant les feuilles de bananier comme pour un repas en commun. J'étais l'un des invités ; plein de joie, je voyais Sri Aurobindo s'arrêter devant chaque feuille de bananier, regarder la personne assise derrière, passer lentement au suivant, et ainsi jusqu'au dernier, en même temps quelqu'un, qui marchait à côté de lui, servait des sucreries et des mets variés.

"Il y avait dans la cour un grand récipient plein d'eau avec, à côté, un petit gobelet. Après avoir mangé et bu, et nous être lavé les mains, nous

Page – 110 - 111


were put up. The guests took leave one by one or by twos an& threes and went home.

"I kept on waiting, not knowing what to do. As soon as the guests left, Iyengar came and told me that three big persons, namely, Bharati, Srinivasachari and V.V.S. Ayer, would see Sri Aurobindo to pay their respects to him. If I could wait till they left, there would only be the in mates of the house, five or six, alone with Sri Aurobindo. He had a mind to take me then to Sri Aurobindo. But for that Sri Aurobindo's permission  was required, he said finally. I nodded assent immediately. It might have already struck seven or gone on to seven-fifteen. A fear lurked in me that I would be questioned at home, 'Why this delay ?' But still I ventured to give my consent. '  

"Iyengar once again asked me, 'Do you intend to see Sri Aurobindo; with Bharati and others? Or with the inmates?' I could not make out  what answer to give. Whether in the midst of Bharati and others or in the midst of the inmates of the house Sri Aurobindo would be the same Sri Aurobindo. I began to revolve in my mind how there could be any difference. A little while, it might be less than a minute, I wavered in mind; and replied, 'When the inmates are there.' 'If so, you must wait for some  time,' said Iyengar and left.

"At about 8.15 p.m. Iyengar came to me and said : 'You may get Sri Aurobindo's Darshan as you pass before his table. Go with folded hands. But no permission to speak with him. While passing by his right, just stand in front, stop awhile, join your hands, silently take leave of him and go home'. Iyengar's words were imprinted upon my mind.

"I was soon called in. I got up and approached Sri Aurobindo's table. From the ceiling hung a hurricane-lamp that served to dispel the darkness only partially. Going round Sri Aurobindo by way of pradakshinā I stood in his presence with joined palms and made my obeisance to him. Sri Aurobindo's eyes, it seemed, burned brighter than the lamp light for me; as he looked at me, in a trice all gloom vanished from within me, and his image was, as it were, installed in the sanctum sanctorum of my being. Nothing was very clear to me. I went behind him, stood again in front, offered my homage to him and, not knowing whether to stay or go, I staggered perplexed. Sri Aurobindo made a gesture with his heavenly hands to one of those who stood there. A sweet was given me once again,

nous sommes réunis et avons continué à bavarder pendant quelque temps. Dans l'intervalle Sri Aurobindo était allé dans la véranda, au milieu de la maison, et s'était assis dans un fauteuil, devant une table recouverte d'une nappe. Il attendait évidemment la suite du programme. La nuit était alors tombée. Une ou deux lampes-tempête furent allumées dans chaque partie de la maison. Les invités prirent congé soit individuellement soit par groupes de deux ou trois et rentrèrent chez eux.

"Attendant toujours, je ne savais pas quoi faire. Dès le départ des invités, Iyengar vint me dire que trois personnes importantes, Bharati, Srinivasachari et V.V.S. Ayer, allaient voir Sri Aurobindo pour lui présenter leurs respects. Si je pouvais attendre leur départ, il ne resterait plus avec lui que cinq ou six personnes, qui habitaient dans sa maison. L'idée d'Iyengar était de me présenter alors à Sri Aurobindo, mais, me dit-il, il fallait pour cela obtenir sa permission. J'acquiesçai immédiatement. Sept heures avaient sans doute déjà sonné et il était peut-être près de sept heures un quart. La crainte d'être interrogé à la maison : "Pourquoi es-tu en retard ?" se cachait bien quelque part en moi, j'osai pourtant donner mon accord. .

"Iyengar me demanda une fois de plus : "Avez-vous l'intention de voir Sri Aurobindo avec (thought-mind et ceux qui sont avec lui ou avec les habitants de la maison ?" Je ne savais pas quelle réponse faire. Qu'il soit au milieu de (thought-mind et de quelques autres personnes, ou au milieu des habitants de la maison, Sri Aurobindo serait toujours le même Sri Aurobindo. Je commençai à retourner dans ma tête comment il pouvait y avoir une différence quelconque. Après un peu d'hésitation, moins d'une minute peut-être, je répondis : "Quand les habitants de la maison seront là." — "Dans ce cas vous devez attendre quelque temps", dit Iyengar en s'en allant.

"Il était environ huit heures et quart quand Iyengar vint me dire : "Vous pouvez avoir le darshan de Sri Aurobindo en passant devant sa table. Allez-y les mains jointes. Il n'est pas permis de lui parler. En passant vers sa droite, arrêtez-vous un moment devant lui, joignez vos mains, prenez congé silencieusement et rentrez chez vous." Les paroles d'Iyengar étaient gravées dans mon esprit.

"On me fit bientôt entrer. Je me levai et m'approchai de la table de Sri Aurobindo. Une lampe-tempête, qui ne dissipait qu'imparfaitement

Page – 112 - 113


I felt that he had accepted me, though I did not quite know it. I left Sri Aurobindo's house and proceeded towards my own.

...............................................................................

 

"I started now frequenting Sri Aurobindo's house. My family members knew nothing of it. I became acquainted with one or two of the in'. mates—particularly Bejoy Kumar. He used to send letters twice or thrice per month by registered post—called Poste Recommandée in French—to Chandernagore. As intimacy with him grew, he began to send letters through me. There was no fixed hour for this work. He used to send for me at any time between 12 noon and 3 p.m. He ordered me not to disclose this posting of letters to anyone."

 

Sri Aurobindo's household moved to 41, Rue Francois Martin in October, 1913. Nagen Nag and Biren Roy also moved with them. Ramaswamy went back to Tanjore before the end of the year.

 

(To be continued)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Top

les ténèbres, pendait du plafond. Tournant autour de Sri Aurobindo comme pour faire la pradakshinâ1, je m'arrêtai devant lui les mains jointes, et m'inclinai respectueusement. Les yeux de Sri Aurobindo me semblaient briller davantage que la lampe ; lorsqu'il me regarda, toute mélancolie disparut de moi instantanément, et son image s'imprima profondément au saint des saints de mon être. Rien n'était bien net pour moi. Je passai derrière lui, revint de nouveau devant lui, lui présentai mes respects, et, ne sachant que faire, chancelai embarrassé. Sri Aurobindo fit un geste de sa main divine à l'un de ceux qui étaient là. On me donna encore un bonbon. Je quittai alors la maison de Sri Aurobindo pour me diriger vers la mienne.

.......................................................................................

 

"Je commençai alors à fréquenter la maison de Sri Aurobindo. Les membres de ma famille n'en savaient rien. Je liai connaissance avec un ou deux des habitants, en particulier avec Bejoy Kumar. Celui-ci avait l'habitude d'envoyer deux ou trois fois par mois des lettres recommandées à Chandernagore. Comme nous devenions plus intimes, il commença à me charger de l'expédition de ses lettres. Il n'y avait pas d'heure fixe pour ce travail. Il me faisait venir n'importe quand entre midi et trois heures. J'avais l'ordre de ne révéler à personne cette expédition de lettres."

 

La maisonnée de Sri Aurobindo déménagea en octobre 1913 pour aller 41 rue François Martin. Nagen Nag et Biren Roy vinrent aussi. Ramaswamy retourna à Tanjore avant la fin de l'année.

 

(à suivre)

 

1 Tourner autour du gourou ou de la divinité dans le sens des aiguilles d'une montre de manière que le disciple les voie toujours à sa droite (N.d.T.)

Page – 114 - 115


Report on the Quarter

Darshan

 

"The best possible way is to allow the Divine Grace to work in you, never to oppose it, never to be ungrateful and turn against it—but to follow it always to the goal of Light and Peace and unity and Ananda."

 

THIS message of Sri Aurobindo printed in a facsimile of his own writing was distributed on the Darshan Day of the 24th April, this being the 49th Anniversary of Mother's final arrival at Pondicherry in 1920.

As usual, there was a Meditation around the Samadhi in the morning followed by a visit to Sri Aurobindo's room and in the evening the Darshan of The Mother. Later, at the playground there was the March Past with a recital by our Band. 'g

On the 4th April, which marked the 59th Anniversary of Sri Aurobindo's arrival at Pondicherry in 1910, there was a Meditation at; the Playground in the evening.

 

Education Academic

 

Extension Lectures.

On 28.3.69 Nolini spoke on "The Body Immortal" and "The Ladder of Unconsciousness", on 15.7.69 he spoke on "The Mounting Fire",

On 5.4.69 Dr. N. C. Surya of our Medical section spoke on "The Properties of the Nervous System as applied to Human Behaviour", and on 24.5.69, on "Physiology of Speech" (Saturday Programme).

On 3.5.69 Dr. R. C. Adhikari of Varanasi, spoke on "Gerontology or the Science of Aging", on 10.5.69, on "Decay and Death", on 28.6,69, on "Mind and Matter", all for our Higher Course students. Dr. Adhikari also addressed groups of our School students on historical and allied subjects.

On 29.5.69 Shri N. Chatterji and Shri Senapati, Engineers of Tata

Rapport Trimestriel

 

Darshan

 

"Le meilleur moyen possible est de laisser la Grâce Divine travailler en vous. Il ne faut jamais la contredire, jamais être ingrat et se retourner contre elle ; mais au contraire, la suivre toujours vers le but de Lumière, de Paix, d'Unité et d'Ananda."

 

CE message de Sri Aurobindo imprimé en fac simiîe de son écriture  a été distribué le 24 avril, quarante-neuvième anniversaire de l'arrivée définitive de la Mère à Pondichéry en 1920.

Comme d'habitude il y a eu, dans la matinée, une méditation autour du Samâdhi, suivie d'une visite de la chambre de Sri Aurobindo. Vers la fin de l'après-midi la Mère a donné son Darshan et, plus tard a eu lieu le défilé au Terrain de jeux accompagné par notre fanfare qui a donné ensuite un récital.

Le 4 avril, cinquante-neuvième anniversaire de l'arrivée de Sri Aurobindo à Pondichéry en 1910, une méditation avait eu lieu dans la soirée au Terrain de jeux.

 

Vie académique. Cours et conférences

 

Le 28 mars Nolini a fait une causerie en anglais sur "Le corps immortel" et sur "L'échelle de l'inconscience", le 15 juillet il en a fait une autre sur "Le feu qui monte".

Le docteur N. C. Surya, de notre section médicale a fait, le 5 avril, une causerie en anglais sur "Les propriétés du système nerveux du point de vue du comportement humain", et le 24 mai une autre sur "La physiologie du langage".

Le professeur R. C. Adhikari, de Varanasi a fait trois conférences aux étudiants de notre Cours Supérieur : le 3 mai sur "La gérontologie, science de vieillir", le i o mai sur "Le déclin et la mort" et le 28 juin sur "L'esprit et la matière". Il a aussi fait des causeries à des groupes d'élèves

Page – 116 - 117


Iron & Steel Co. Ltd., held a seminar with our Technology students on "Problem of Steel-making".  .

On 7.6.69 Dr. M.. Venkataraman gave a talk on "Game Theory".

On 4.7.69 Arindam spoke on "Detachment".

 

Education Physical

 

During April we had our first season of concentrated training and in May the second season. The subjects for the groups during those two seasons were as follows :

 

1st Season :

Men

Ladies Juniors Children

— Athletics

— Games

— Aquatics

— Gymnastics

2nd Season :

Men

Ladies Juniors Children

— Gymnastics

— Aquatics

— Athletics

— Games

      

The first Season opened with a message from The Mother broadcast in Her own voice. It was :

 

"Since the beginning of this year a new consciousness is at work upon earth to prepare the men for a new creation, the superman. For this creation to be possible the substance that constitutes man's body must undergo a big change, it must become more receptive to the consciousness and more plastic under its working.

These are just the qualities that one can acquire through physical education.

So, if we follow this discipline with such a result in view, we are sure to obtain the most interesting result.

My blessings to all, for progress and achievement."

 

The report on the events in the two seasons is as follows :

1st Season. — Groups D, F H — Total entries 111. The competition grouping was according to capacity. The highest entry was 93 in the 100m run. There were 10 entries for the Decathlon and 13 for the

de l'école sur des thèmes historiques et connexes.

Le 29 mai Shrî N. Chatterji et Shrî Senapati, ingénieurs de la Société Tata Iron and Steel, ont tenu; avec nos étudiants du cours de technologie, un séminaire sur "Le problème de la fabrication de l'acier".

Le 7 juin le professeur M. Venkataraman a fait une causerie en anglais sur "La théorie des jeux".

Arindam a parlé le 4 juillet du "Détachement".

 

Éducation Physique

 

Nous avons eu en avril la première période d'entraînement intensif et la seconde en mai. Les exercices des différents groupes ont été les suivants :

 

Première période :

hommes

dames

juniors

enfants

— athlétisme

— jeux

— sports aquatiques

— gymnastique

Deuxième période :

hommes dames juniors enfants

— gymnastique

— sports aquatiques

— athlétisme

— jeux

 

La première période a été ouverte par le message suivant de la Mère, transmis en anglais par hauts-parleurs:

 

"Depuis le commencement de cette année, une nouvelle conscience est à l'œuvre sur la terre pour préparer les hommes à une nouvelle création, le surhomme. Pour que cette création soit possible, la substance qui constitue le corps de l'homme doit subir un grand changement, elle doit devenir plus réceptive à la conscience et plus plastique sous son travail.

Ce sont justement les qualités que l'on peut acquérir par l'éducation physique.

Ainsi, si nous suivons cette discipline avec un tel résultat en vue, nous sommes sûrs d'obtenir le résultat le plus intéressant.

Mes bénédictions à tous, pour le progrès et l'accomplissement."

Page – 2 - 3


Pentathlon.

The competitions ended with the Tug of War, Relay races and Novelty Races on the last day. 8 Ashram records were broken particularly of the loom, the 2com and 40om runs where the records had stood from; II to 14 years. Some age group records were also lowered.

Ladies — Games — Groups C, E &' G. Total entries were more then 100,1 Games like Football, Volley Ball, Basket Ball, Hockey and Soft Ball were included in the competitions.

Juniors — Aquatics — Group B

Total entries — 52 for swimming events, 48 for Diving events.

The competitions included standard and non standard events and also under water swimming and medley races. It concluded on the 30th April with relay races.

One Ashram (Lady's) record was broken and 9 age group ones.

Children — Gymnastics — Group A. Total entries 170.

There were standard events for the older children and non standard ones for the others. Mass Exercise competitions in teams were also held.

2nd Season Men — Gymnastics — Groups D, F &' H. Total entries 84.

Olympic Gymnastic and Gymnastic Test events competitions were held. After the conclusion on the 3ist May, there was an attractive display on the 4th June.

Ladies—Aquatics—Groups C, E 6s Captains. Total entries; 58.

The Competitions ended on the 3ist May with Relay Races.

4 Ashram records and 7 age group records were broken.

Juniors — Athletics — Group B. Total entries 85. At the end of the competitions were the Pentathlon, Tug of War, Relay Races and the Novelty Races on the last day.

Children — Games — Group A. Total entries 170. For the old children there were the standard games and for the others non standard ones.

The Table Tennis and Cricket tournaments had been concluded earlier.

For Table Tennis there were 130 entries and for Cricket 105.

Voici le détail des épreuves des deux périodes :

Première période. Groupes D, F et H — Nombre total d'inscriptions : III. Les groupes de compétition ont été formés suivant les aptitudes. Le plus grand nombre d'inscription a été de 93 dans la course de 100 mètres. Il y a eu dix inscriptions pour le décathlon et 13 pour le pentathlon.

Les compétitions se sont terminées, le dernier jour, par la lutte à la corde, les courses de relais et les courses de fantaisie. Huit records de l'Ashram ont été battus, notamment ceux des courses de 100 mètres, 200 mètres et 400 mètres qui avaient tenu depuis il à 14 ans. Quelques records de groupes d'âge ont aussi été abaissés.

Dames — jeux — groupes C, E et G. Nombre total d'inscriptions : 506. Les compétitions ont compris des jeux comme le football, le volley ball, le basket-ball, le hockey et le soft-ball.

Juniors — sports — groupe B

Total des inscriptions : 52 pour les épreuves de natation

48 pour les épreuves de plongeon

Les compétitions ont comporté des épreuves normales et des épreuves spéciales y compris la natation sous l'eau et des courses de fantaisie. Pour terminer, des courses de relais eurent lieu le 30 avril.

Un record féminin de l'Ashram et neuf records de groupes d'âge ont été battus.

Enfants — gymnastique — groupe A. Nombre total d'inscriptions : 170.

Les enfants les plus âgés ont subi des épreuves normales et les autres des épreuves spéciales. Il y a eu également des compétitions d'exercices d'ensemble en équipes.

Deuxième période. Hommes—gymnastique—groupe D, F et H. Nombre total d'inscriptions : 84.

Les compétitions ont compris des épreuves de gymnastique olympique et d'exercices gymnastiques. Elles se sont terminées le 31 mai et une démonstration attrayante a eu lieu le 4 juin.

Dames — sports aquatiques — groupes C, E et capitaines. Nombre total d'inscriptions : 58.

Les compétitions se sont terminées le 31 mai par les courses de relais.

Quatre records de l'Ashram et sept records de groupes d'âge

Page – 120 - 121


New Age Association

 

The Seventeenth Seminar of the New Age Association was held on the 27th April 1969. The two subjects chosen by The Mother were:

1. Why is our Yoga an adventure?

2. The Power of Faith.

At the beginning The Mother's answers to three questions relating to the subjects were read. Then four members spoke. Some extracts from the writings of Sri Aurobindo and The Mother were read at the end.

 

Eye Education

 

The first anniversary of the School for Perfect Eyesight was celebrated on the 5th May. Mother sent Her Blessings for the occasion.

 

Entertainments and Exhibitions

 

On the 24th April there was an exhibition of our Handloom products,

On the 28th April, Miss Rutty Patel of Bombay showed slides of her paintings and gave a commentary on them.

On the 21st May, Ashram artists held a Sangit Marg of Indian Classical music.

On the 11th June Prof. Govindgopal Mukhopadhyaya of West Bengal gave a recital of Sanskrit Hymns concluding with Nishikanta's Bengali song, 'The Mother of Flaming Mantra'.

On the 14th June, in the Saturday Programme our Dramatics Class presented scenes from 'Alice in Wonderland'.

On the 21st June our children presented a programme of dances, recitations and songs on 'Invoking the Rains'. This was repeated on the 24th June. It formed part of the Saturday Programme.

The Science Laboratory celebrated its i3th year in its new premises on the 26th June with a display of flowers and pictures of flowers indicating their significances as given by The Mother.

On the 18th and 19th July there was an exhibition of the books and photos of Pavitra showing various phases and activities of his life in the Ashram and before.

ont été battus.

Juniors — athlétisme — groupe B. Total des inscriptions : 85. Les compétitions se sont terminées par le pentathlon, la lutte à la corde, les courses de relais et les courses de fantaisie le dernier jour.

Enfants — jeux — groupe A. Total des inscriptions : 170.

Les jeux normaux ont été pratiqués par les enfants les plus âgés, les autres ayant des jeux spéciaux.

Les tournois de tennis de table et de cricket s'étaient terminés plus tôt.

Il y a eu 130 inscriptions pour le tennis de table et 105 pour le cricket.

 

Association du Nouvel Âge

 

Le dix-septième séminaire de l'Association du Nouvel Âge s'est tenu le 27 avril 1969. Les deux sujets choisis par la Mère étaient les suivants :

1. Pourquoi notre yoga est-il une aventure ? :

2. Le pouvoir de la foi

Au début on a lu les réponses de la Mère à trois questions se rapportant à ces sujets. Quatre membres de l'Association ont alors pris la parole. A la fin, on a lu des citations d'oeuvres de Sri Aurobindo et de la Mère.

 

Éducation de la vue

 

Le premier anniversaire de "l'École pour une Vision Parfaite" a été célébré le 5 mai. La Mère a envoyé ses bénédictions à cette occasion.

 

Spectacles et expositions

 

Le 24 avril, exposition de nos travaux de tissage.

Le 28 avril, M1 Rutty Patel de Bombay a commenté des projections de ses peintures.

Le 21 mai, des artistes de l'Ashram ont donné un récital de musique classique indienne.

Le 11 juin, le professeur Govindagopal Mukhopadhyaya du Bengale occidental a donné un récital d'hymnes sanskrits terminé par la chanson bengalie de Nishikanta : "La Mère du Mantra flamboyant".

Page – 122 - 123


In the Saturday Programmes were included other items in Telegu, Hindi, Bengali, Sanskrit, French and English, and selected extracts from the recorded readings of Savitri by The Mother accompanied with Sunil's music. There was also the French version of some of these extracts done by The Mother.

At the Library, there were the usual programmes of Indian and European recorded music.

Among the films we saw during this quarter were "Bridge on the River Kwai", Majhli Didi (Hindi), "World without Sun", Pava Mannippam (Tamil), Shaheed (Hindi), Chhattrapati Shivaji (Hindi), besides French Documentaries.

 

General

 

On the 15th June was inaugurated the "Auroville Electronics and Allied Industries".

On the 23rd June, was inaugurated the Block Making Unit (Auroville) at the Industrial Estate, Pondicherry. The Mother's Message was;

"To do always our best in all sincerity,

To be always our best in all sincerity,

BLESSINGS."  

On the 1st July 1969, our Nature-Cure Section started its 2nd Yea" self-study classes in "Know your body from within", "Healing from within", and "Nature Cure Nursing", with The Mother's Blessings,

 

Visiting Committee  

 

The Government of India had constituted a committee to visit the Ashram to assess its educational activities for financial assistance. The committee composed both official and non official members as follows; 

Dr. K. Srinivasa Iyengar. Formerly, Vice-Chancellor of the Andhra University.

Dr. Avinashilingam Chettiar, Director, Sri Ramakrishna Mission Vidyalaya, Coimbatore.

Prof. P. N. Mathur of the Banasthali Vidyapith (Rajasthan).

Le 14 juin, notre classe d'art dramatique a présenté, dans le cadre des Programmes du Samedi, quelques scènes de "Alice au pays des mer veilles" (en anglais).

Le 21 juin, nos enfants ont présenté un programme de danses, de récitations et de chansons sur le thème "Invocation à la pluie". Ce spectacle, qui faisait partie des Programmes du Samedi, a été donné une deuxième fois le 24 juin.

Les laboratoires scientifiques ont organisé, pour célébrer le treizième anniversaire de leur installation dans les locaux actuels, une exposition de fleurs naturelles et de photographies de fleurs en indiquant leur signification, d'après l'enseignement de la Mère.

Du 18 au 20 juillet, les livres de Pavitra et des photos, montrant divers aspects de son activité à l'Ashram et avant, ont été exposés à l'école.

Les Programmes du Samedi ont compris aussi des représentations en télougou, en hindi, en bengali, en sanskrit, en français et en anglais, ainsi que des enregistrements de passages de Savitri lus par la Mère et accompagnés par la musique de Sunil. Les passages lus en français avaient été traduits par la Mère.

La Bibliothèque a donné comme d'habitude des programmes hebdomadaires de musique enregistrée indienne et occidentale.

Parmi les films présentés ce trimestre, citons : Bridge on the River Kwai, Majhli' Didi (hindi), World without Sun, Pava Mannipam (tamoul), Shaheed (hindi), Chhattrapati Shivaji (hindi), ainsi que des documentaires français.

 

Informations générales

 

Le 15 juin les "Auroville Electronics and Allied Industries" ont été inaugurées.

Le 23 juin a été inauguré l'atelier de clichés (Auroville) à la Cité industrielle de Pondichéry — la Mère a donné à cette occasion le message suivant :

"En toute sincérité, faire toujours le mieux qu'on peut.

En toute sincérité, être toujours le mieux qu'on peut.

Bénédictions."

 

Le Ier juillet 1969 notre section de cure naturiste a commencé la

Page – 124 - 125


Shri R. S. Chitkara, Deputy Educational Adviser, Ministry of Education. Government of India, and

Shri V. Raghavan, Internal Financial Adviser, Ministry of Education Government of India.

The Committee visited us from the 10th to the 14th July.

 

Visitor

 

Dr. Gaurinath Sastri, Vice-Chancellor, Varanasi Sanskrit University.

 

New Publications

 

Sri Aurobindo — On Yoga II—Letters on Yoga —Tome One

La Mère —Entretiens—1957

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Top

deuxième année de ses classes d'auto-observation : "Connaissez votre corps du dedans", "Guérison du dedans" et "Soins de la Cure Naturiste". La Mère a envoyé ses bénédictions.

 

Visite de comité

 

Le gouvernement de l'Inde a formé un comité pour visiter l'Ashram et apprécier son activité dans le domaine de l'éducation en vue d'une aide financière. Les membres, fonctionnaires ou non, de ce comité étaient les suivants :

M. K. Srinivasa Iyengar, ancien recteur de l'Université d'Andhra

M. Avinashilingam Chettiar, directeur du Sri Ramakrishna Mission Vidyalaya, Coimbatore

Professeur P. N. Mathur du Banasthali Vidyapith (Rajasthan)

Shrî R. S. Chitkara, Conseiller adjoint d'éducation. Ministère de l'Éducation, Gouvernement de l'Inde

Shrî V. Raghavan, Conseiller financier privé. Ministère de l'Éducation, Gouvernement de l'Inde

Ce comité nous a rendu visite du 10 au 14 juillet.

 

Visiteur

 

M. Gaurinath Sastri, Recteur de l'Université sanskrit Varanasi.

 

Nouvelles publications

 

Sri Aurobindo—On Yoga II—Letters on Yoga—Tome One

La Mère —Entretiens—1957

Page – 126 - 127


Illustrations

 

 

Sj.Golwalkar at Sri Aurobindo's Samadhi

Shrijut Golwalkar au Samadhi de Sri Aurobindo

 

Page – I


 

Piano recital by Guy Lafond

Guy Lafond au piano

 

 

A Class for flute players

Classe de flûte

 

Page – II


 

Cultural programme

Spectacles varies

 

Page – III


 

Marbling group at work

La groupe des marbreurs au travail

 

 

Flower Exhibition

Exposition de fleurs

 

Page – IV


 

Anniversary of the School for

Perfect Eye Sight

Anniversaire de l'école pour

une vision parfaite

 

 

New Age Association Seminar

Séminaire de l'Association du nouvel age

 

Page – V


 

Opening of the block-making unit

Ouverture de l'atelier de cliches

 

Page – VI


 

Laying of the foundation stone of the "Sweet House"

Pose de la première pierre de "Sweet House"

 

Page – VII


 

Tournaments of games

Tournois

 

Page – VIII


 

Athletics competitions

Concours d'athlétisme

 

Page – IX


 

Swimming Competitions

Concours de natation

 

Page – X


 

Gymnastic Display

Exhibition de gymnastique

 

Page – XI


 

Novelty Races

Courses de fantaisie

 

Page – XII


 

A rocket and a map of the moon's surface made by the students being shown to the Commission from the Ministry of Education

La Commission du Ministère de l'Éducation examine la maquette d'une fusée et un plan en relief de la surface lunaire préparés par les écoliers

 

Page – XIII


 

Opening of the Auroville Electronics and Allied Industries

Inauguration de "Auroville Electronics and Allied Industries"

 

Page – XIV


 

"Forecomers" - A development block in Auroville

"Forecomers" -  ensemble en construction à Auroville

 

 

Laying the foundation of Auroson's Home

Pose de la première pierre de la maison d'Auroson

 

Page – XV


 

Two views of "Relaxcell" at promesse

"Relaxcell" à Promesse

 

Page – XVI


Top

Home