Bulletin of Sri Aurobindo International

 

Centre of Education

 

Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo

 

Avril 1968

 

Contents :

Table des Matières:

The Synthesis of Yoga

The Yoga of Divine Love

The Divine Personality

La Synthèse des Yogas

Le Yoga de l'Amour Divin

La Personalité Divine

Questions And Answers

Notes on the Way

 (Translation)

The Mother

Entretiens

Notes sur le Chemin

(Original) 

 — La Mère

Sri Aurobindo —

His Life and Work

Sri Aurobindo —

Sa vie et son Œuvre

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

 

The Synthesis of Yoga

 

The Synthesis of Yoga

" All Life is Yoga"

 

Part III

 

THE YOGA OF DIVINE LOVE

 

CHAPTER V

 

THE DIVINE PERSONALITY

 

ONE question rises immediately in a synthetic Yoga which must not only comprise but unify knowledge and devotion, the difficult and troubling question of the divine Personality. All the trend of modern thought has been towards the belittling of personality; it has seen behind the complex facts of existence only a great impersonal force, an obscure becoming, and that too works itself out through impersonal forces and impersonal laws, while personality presents itself only as a subsequent, subordinate, partial, transient phenomenon upon the face of this impersonal movement. Granting even to this Force a consciousness, that seems to be impersonal, indeterminate, void in essence of all but abstract qualities or energies, for everything else is only a result, a minor phenomenon. Ancient Indian thought starting from quite the other end of the scale arrived on most of its lines at the same generalisation. It conceived of an impersonal existence as the original and eternal truth; personality is only an illusion or at best a phenomenon of the mind.

On the other hand, the way of devotion is impossible if the personality of the Divine cannot be taken as a reality, a real reality and not a hypostasis of the illusion. There can be no love without a lover and beloved. If our personality is an illusion and the Personality to whom our adoration rises only a primary aspect of the illusion, and if we believe that, then love and adoration must at once be killed, or can only survive in the illogical passion of the heart denying by its strong beats of life the clear and dry truths of the reason. To love and adore a shadow of our minds or a bright

La Synthèse des Yoga

"Toute Vie est Yoga"

 

Livre III

 

LE YOGA DE L'AMOUR DIVIN

 

CHAPITRE V

 

LA PERSONNALITÉ DIVINE

 

UNE question se pose aussitôt dans un yoga synthétique qui doit non seulement inclure, mais unifier la connaissance et la dévotion, c'est la difficile et troublante question de la Personnalité divine. Toute la pensée moderne a eu tendance à rabaisser cette personnalité ; elle a seulement vu, derrière les faits complexes de l'existence, une grande force impersonnelle, un devenir obscur, qui s'exprimait également à travers des forces impersonnelles et des lois impersonnelles, tandis que la personnalité se présentait seulement comme un phénomène subséquent, subordonné, partiel et transitoire, à la surface de ce mouvement impersonnel. Même si l'on attribuait une conscience à cette Force, elle semblait impersonnelle, indéterminée, vide de tout en essence, sauf de qualités ou d'énergies abstraites ; car tout le reste n'était qu'un résultat, un phénomène mineur. Partant de l'autre bout de l'échelle, l'ancienne pensée indienne est arrivée à la même généralisation dans la plupart de ses lignes de recherche. Elle a conçu une existence impersonnelle comme la vérité originelle et éternelle, et la personnalité comme une simple illusion ou, au mieux, comme un phénomène du mental. "

Pourtant, la voie de la dévotion est impossible si l'on ne peut accepter comme réelle la personnalité du Divin, y voir une réalité réelle et non une hypostase ou une illusion. Il ne peut pas y avoir d'amour sans un amant et un bien-aimé. Si notre personnalité est une illusion et la Personnalité vers qui s'élève notre adoration, seulement un aspect premier de cette illusion, et si nous y croyons, alors l'amour et l'adoration doivent

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cosmic phenomenon which vanishes from the eye of Truth, may be possible, but the way of salvation cannot be built upon a foundation of wilful self-deception. The Bhakta indeed does not allow these doubts of the intellect to come in his way; he has the divinations of his heart, and these are to him sufficient. But the sadhaka of the integral Yoga has to know the eternal and ultimate Truth and not to persist to the end in the delight of a Shadow. If the impersonal is the sole enduring truth, then a firm synthesis is impossible. He can at most take the divine personality as a symbol, a powerful and effective fiction, but he will have in the end to overpass it and to abandon devotion for the sole pursuit of the ultimate knowledge. He will have to empty being of all its symbols, values, contents in order to arrive at the featureless Reality. .......

We have said, however, that personality and impersonality, as our minds understand them, are only aspects of the Divine and both are contained in his being ; they are one thing which we see from two opposite sides and into which we enter by two gates. We have to see this more clearly in order to rid ourselves of any doubts with which the intellect may seek to afflict us as we follow the impulse of devotion and the intuition of t love or to pursue us into the joy of the divine union. They fall away indeed from that joy, but if we are too heavily weighted with the philosophical mind, they may follow us almost up to its threshold. It is well, therefore, to discharge ourselves of them as early as may be by perceiving the limits of; the intellect, the rational philosophic mind, in its peculiar way of approaching the truth and the limits even of the spiritual experience which sets out from the approach through the intellect, to see that it need not be the whole integrality of the highest and widest spiritual experience. Spiritual intuition is always a more luminous guide than the discriminating reason, and spiritual intuition addresses itself to us not only through the reason, but through the rest of our being as well, through the heart and life also. The integral knowledge will then be that which takes account of all and unifies their diverse truths. The intellect itself will be more deeply satisfied if it does not confine itself to its own data, but accepts truth of the heart and the life also and gives to them their absolute spiritual value.  

The nature of the philosophical intellect is to move among ideas and to give them a sort of abstract reality of their own apart from all their concrete representations which affect our life .and personal consciousness. Its   

être immédiatement anéantis, ou ils ne peuvent survivre que dans l'illogique passion d'un cœur qui dément les vérités claires et sèches de la raison par les puissants battements de sa vie. Aimer et adorer une ombre de notre mental ou un phénomène cosmique brillant qui s'évanouit à l'œil de la Vérité, est peut-être possible, mais la voie du salut ne peut pas se construire sur la base d'une illusion délibérée. Certes, le bhakta ne permet pas à ces doutes intellectuels de se mettre en travers de son chemin, il possède les divinations de son cœur, et pour lui, elles sont suffisantes. Mais le sâdhak du yoga intégral doit connaître la Vérité ultime et éternelle et il ne peut s'obstiner jusqu'au bout dans les délices d'une Ombre. Si l'impersonnel est la seule vérité durable, une synthèse solide est impossible. Tout au plus pourra-t-il prendre la personnalité divine comme un symbole, une fiction puissante et efficace, mais finalement il devra la dépasser et abandonner la dévotion pour la seule poursuite de la connaissance ultime. Il faudra qu'il vide l'être de tous ses symboles, toutes ses valeurs, tout son contenu, pour arriver à la Réalité sans traits.

Pourtant, nous avons dit que la personnalité et l'impersonnalité telles que notre mental les comprend, sont seulement des aspects du Divin et que l'une et l'autre sont contenues en son être, ce sont une seule et même chose que nous voyons de deux côtés opposés et en laquelle nous entrons par deux portes opposées. C'est cela qu'il nous faut voir plus clairement afin de nous débarrasser de tous les doutes dont l'intellect peut chercher à nous affliger quand nous suivons l'impulsion de la dévotion et l'intuition de l'amour, ou dont il voudrait nous poursuivre jusque dans la joie de l'union divine. En vérité, ils tombent devant cette joie, mais si nous sommes trop pesamment alourdis par un mental philosophique, ils peuvent nous poursuivre jusqu'à son seuil. Il vaut donc mieux s'en décharger aussitôt que possible en reconnaissant les limites de l'intellect et du mental philosophique rationnel dans sa manière particulière de s'approcher de la vérité, et même les limites de l'expérience spirituelle qui part de cette approche par l'intellect, et voir qu'elle ne représente pas nécessairement l'intégralité totale de l'expérience spirituelle la plus haute et la plus vaste. L'intuition spirituelle est toujours un guide plus lumineux que les distinctions de la raison, et l'intuition spirituelle s'adresse à nous non seulement à travers la raison, mais également à travers le reste de notre être, à travers le cœur et la vie aussi. La connaissance intégrale est donc celle qui tiendra

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bent is to reduce these representations to their barest and most general terms and to subtilise even these if possible into some final abstraction. The pure intellectual direction travels away from life. In judging things it tries to get back from their effects on our personality and to arrive at whatever general and impersonal truth may be behind them, it is inclined to treat that kind of truth as the only real truth of being or at least as the one superior and permanent power of reality. Therefore it is bound by its own nature to end in its extremes at an absolute impersonality and an absolute abstraction. This is where the ancient philosophies ended. They reduced everything to three abstractions, existence, consciousness and bliss of being, and they tended to get rid of the two of these three which seemed dependent on the first and most abstract, and to throw all back into a pure featureless existence from which everything else had been discharged, all representations, all values, except the one infinite and timeless fact of being. But the intellect had still one farther possible step to take and it took it in Buddhistic philosophy. It found that even this final fact of existence was only a representation; it abstracted that also and got to an infinite zero which might be either a void or an eternal inexpressible.

The heart and life, as we know, have an exactly opposite law. They cannot live with abstractions; they can find their satisfaction only in things that are concrete or can be made seizable, whether physically, mentally or spiritually, their object is not something which they seek to discriminate and arrive at by intellectual abstraction; a living becoming of it or a conscious possession and joy of their object is what they seek. Nor is it the satisfaction of an abstract mind or impersonal existence to which they respond, but the joy and the activity of a being, a conscious Person in us, whether finite or infinite, to whom the delights and powers of his existence are a reality. Therefore when the heart and life turn towards the Highest and the Infinite, they arrive not at an abstract existence or non-existence, a Sat or else a Nirvana, but at an existent, a Sat Purusha, not merely at a consciousness, but at a conscious Being, a Chaitanya Purusha, not merely at a purely impersonal delight of the Is, but at an infinite I Am of bliss, an Anandamaya Purusha; nor can they immerge and lose his consciousness and bliss in featureless existence, but must insist on all three in one, for delight of existence is their highest power and without consciousness delight cannot be possessed. That is the sense of the supreme

compte de tout et qui unifiera les diverses vérités. L'intellect lui-même sera plus profondément satisfait s'il ne s'enferme pas dans ses propres données et qu'il accepte aussi la vérité du cœur et de la vie, et leur donne leur valeur spirituelle absolue.

La nature de l'intellect philosophique est de se mouvoir parmi les idées et de leur donner une sorte de réalité abstraite, indépendante, en dehors de toutes les représentations concrètes qui affectent notre vie et notre conscience personnelle. Il est enclin à réduire ces représentations à leurs termes les plus nus et les plus généraux et, si possible, à subtiliser aussi ceux-ci pour en faire une abstraction finale. La direction purement intellectuelle s'écarte toujours de la vie. Quand l'intellect juge des choses, il essaye de se retirer de leurs effets sur notre personnalité et d'arriver à la vérité générale et impersonnelle qui peut se trouver derrière, puis il a tendance à traiter ce genre de vérité comme la seule vérité réelle de notre être, ou du moins comme le seul pouvoir de réalité ayant une valeur supérieure et permanente. Par suite, poussé à l'extrême, sa nature même l'oblige à aboutir à une impersonnalité absolue et à une abstraction absolue. C'est à cela qu'aboutissaient les anciennes philosophies. Elles réduisaient tout à trois abstractions : l'existence, la conscience et la félicité d'être, puis elles tendaient à se débarrasser des deux dernières, qui semblaient dépendre de la première, la plus abstraite, et à tout rejeter dans une existence pure et sans forme d'où tout le reste avait été émané — toutes les représentations, toutes les valeurs —, sauf le seul fait de l'être, infini et hors du temps. Mais l'intellect pouvait faire encore un pas de plus, et il l'a fait avec la philosophie bouddhique. Il a trouvé que même le fait final de l'existence n'était qu'une représentation, il a fait abstraction de cela aussi et il est arrivé à un zéro infini, qui pouvait être un vide ou un inexprimable éternel.

Comme nous le savons, le cœur et la vie ont une loi exactement opposée. Ils ne peuvent pas vivre dans les abstractions ; ils ne peuvent trouver leur satisfaction que dans les choses concrètes ou saisissables ; physiquement, mentalement ou spirituellement, leur objet n'est pas un "quelque chose" qu'ils cherchent à discerner ou à atteindre par une abstraction intellectuelle, mais un devenir vivant, une possession consciente de cet objet et la joie de cet objet, voilà ce qu'ils cherchent. Ils ne sont pas sensibles non plus aux satisfactions d'un mental abstrait ou d'une

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figure of the intensest Indian religion of love, Sri Krishna, the All-blissful and All-beautiful.

The intelligence can also follow this trend, but it ceases then to be the pure intellect, it calls in its power of imagination to its aid, it becomes the image-maker, the creator of symbols and values, a spiritual artist and poet. Therefore the severest intellectual philosophy admits the Saguna, the divine Person, only as the supreme cosmic symbol; go beyond it to reality and you will arrive, it says, at last to the Nirguna, the pure Impersonal. The rival philosophy asserts the superiority of the Saguna; that which is impersonal is, it will perhaps say, only the material, the stuff of his spiritual nature out of which he manifests the powers of his being, consciousness and bliss, all that expresses him; the impersonal is the apparent negative out of which he looses the temporal variations of his eternal positive of personality. There are evidently here two instincts, or, if we hesitate to apply that word to the intellect, two innate powers of our being which are dealing each in its own manner with the same Reality.

Both the ideas of the intellect, its discriminations, and the aspirations of/the heart and life, their approximations, have behind them realities at which they are the means of arriving. Both are justified by spiritual experience; both arrive at the divine absolute of that which they are seeking. But still each tends, if too exclusively indulged, to be hampered by the limitations of its innate quality and its characteristic means. We see that in our earthly living where the heart and life followed exclusively fail to lead to any luminous issue, while an exclusive intellectuality becomes either remote, abstract and impotent or a sterile critic or dry mechanist. Their sufficient harmony and just reconciliation is one of the great problems of our psychology and our action.

The reconciling power lies beyond in the intuition. But there is an intuition which serves the intellect and an intuition which serves the heart and the life, and if we follow either of these exclusively, we shall not get much farther than before; we shall only make more intimately real to us, but still separately, the things at which the other and less seeing powers are aiming. But the fact that it can lend itself impartially to all parts of our being, — for even the body has its intuitions, — shows that the intuition is not exclusive, but an integral truth-finder. We have to question the intuition of our whole being, not only separately in each part of it, nor in

existence impersonnelle, mais à la joie et à l'activité d'un être, d'une Personne consciente en nous, finie ou infinie, pour qui les félicités et les puissances de l'existence sont une réalité. Ainsi, quand le cœur et la vie se tournent vers le Très-Haut et l'Infini, ce n'est pas à une existence abstraite ou à une non-existence, à un Sat ou à un Nirvana qu'ils arrivent, mais à une existence concrète, un Sat Pourousha; ce n'est pas seulement à une conscience qu'ils tendent, mais à un Être conscient, un Chaïtanya Pourousha; pas seulement à la félicité purement impersonnelle du "C'est", mais à la béatitude infinie du "Je suis", un Ânandamaya Pourousha, ils ne peuvent pas non plus s'immerger et perdre la conscience et la félicité de ce "Je suis" dans une existence sans traits, et ils insistent pour avoir la possession des trois en un, car la félicité de l'existence est leur pouvoir le plus haut, et sans conscience, la félicité ne peut pas être possédée. Tel est le sens de la suprême représentation de la religion de l'amour la plus intense en Inde, Shrî Krishna, le Bienheureux et le Totalement Beau.

L'intelligence aussi peut suivre cette tendance, mais elle cesse alors d'appartenir à l'intellect pur , elle fait appel à son pouvoir d'imagination, elle devient le faiseur d'images, le créateur de symboles et de valeurs, l'artiste et le poète spirituels. C'est pourquoi la philosophie intellectuelle la plus stricte n'admet le Sagouna, la Personne divine, que comme un symbole cosmique suprême, et dit : allez au-delà de ce symbole à la réalité même et vous arriverez finalement au Nirgouna, à l'Impersonnel pur. La philosophie rivale affirme la supériorité du Sagouna et dira peut-être: ce qui est impersonnel n'est que le matériau, la substance de la nature spirituelle par laquelle le Personnel manifeste les pouvoirs de son être, de sa conscience et de sa félicité et tout ce qui l'exprime, l'impersonnel est le négatif apparent hors duquel il libère les variations temporelles du positif éternel de sa personnalité. Ici, nous sommes évidemment devant deux instincts, ou, si nous hésitons à appliquer ce mot à l'intellect, deux pouvoirs innés de notre être qui, chacun à sa manière, invoquent la même Réalité.

L'un et l'autre de ces pouvoirs — les idées de l'intellect et ses discernements, les aspirations du cœur et de la vie et leurs approximations — reposent sur des réalités dont ils sont seulement les voies d'accès. L'un et l'autre sont justifiés par l'expérience spirituelle ; l'un et l'autre arrive

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a sum of their findings, but beyond all these lower instruments, beyond even their first spiritual correspondents, by rising into the native home of the intuition which is the native home of the infinite and illimitable Truth, rtasya sve dame, where all existence discovers its unity. That is what the ancient Veda meant when it cried, "There is a firm truth hidden by truth (the eternal truth concealed by this other of which we have here these lower intuitions), there the ten hundred rays of light stand together, that is One." "rtena rtam apihitam dhruvam., daśa śatā saha tasthus tad ekam" (Rig Veda V.62.I.)

The spiritual intuition lays hold always upon the reality, it is the luminous harbinger of spiritual realisation or else its illuminative light; it sees that which the other powers of our being are labouring to explore; it gets at the firm truth of the abstract representations of the intellect and the phenomenal representations of the heart and life, a truth which is itself neither remotely abstract nor outwardly concrete, but something else for which these are only two sides of its psychological manifestation to us. What the intuition of our integral being perceives, when its members no longer dispute among themselves but are illumined from above, is that the whole of our being aims at the one reality. The impersonal is a truth, the personal too is a truth; they are the same truth seen from two sides of our psychological activity; neither by itself gives the total account of the Reality, and yet by either we can approach it.

Looked at from one side, it would seem as if an impersonal Thought were at work and created the fiction of the thinker for the convenience of its action, an impersonal Power at work creating the fiction of the doer, an impersonal existence in operation which uses the fiction of a personal being who has a conscious personality and a personal delight. Looked at from the other side, it is the thinker who expresses himself in thoughts which without him could not exist and our general notion of thought symbolises simply the power of the nature of the thinker; the Ishwara expresses himself by will and power and force; the Existent extends himself in all the forms integral and partial, direct, inverse and perverse of his existence, consciousness and bliss, and our abstract general notion of these things is only an intellectual representation of the triple power of his nature of being. All impersonality seems in its turn to become a fiction and existence in its every movement and its every particle nothing but the life, the

à l'absolu divin de ce qu'ils cherchent. Mais chacun, pourtant, s'il est suivi trop exclusivement, risque d'être entravé par les limitations de sa qualité innée et de ses moyens particuliers. Nous nous apercevons dans notre existence terrestre, que si le cœur et la vie sont exclusivement suivis, ils n'arrivent à aucune solution lumineuse, tandis qu'une intellectualité exclusive s'avère lointaine, abstraite et impuissante, un critique stérile, une mécanique desséchée. L'un des grands problèmes de notre psychologie et de notre action est de trouver leur harmonie suffisante et leur juste réconciliation.

Le pouvoir réconciliateur se situe au-delà, dans l'intuition. Mais il y a une intuition au service de l'intellect et une intuition au service du cœur et de la vie, et si nous suivons l'une des deux exclusivement, nous ne serons pas beaucoup plus avancés qu'avant ; nous rendrons seulement plus intimement réelles pour nous, mais en les séparant encore, les expériences auxquelles visent les autres pouvoirs moins clairvoyants. Mais le fait que l'intuition puisse se prêter impartialement à toutes les parties de notre être (car le corps lui-même a ses intuitions), montre que l'intuition n'est pas exclusive : c'est une trouveuse de vérité intégrale. Nous devons interroger l'intuition de notre être tout entier, non seulement séparément dans chaque partie de notre être, et non seulement dans la somme de leurs découvertes, mais au-delà de tous ces instruments inférieurs, au-delà même de leurs premières correspondances spirituelles, et nous élever jusqu'à la demeure naturelle de l'intuition, qui est la demeure naturelle de la Vérité infinie et illimitée, ritasya své damé, là où toute existence découvre son unité. C'est cela que l'ancien Véda voulait dire quand il déclarait : "II y a une Vérité ferme cachée par la vérité (c'est-à-dire la Vérité éternelle recouverte par cette autre vérité dont nous recevons ici-bas les intuitions inférieures) ; là, les dix centaines de rayons de lumière se tiennent ensemble : cela est Un", "riténa ritam apihitam dhrouvam...dasha shatâ saha tasthous tad ékam."

L'intuition spirituelle saisit toujours la réalité, c'est l'annonciatrice lumineuse de la réalisation spirituelle, sinon sa clarté illuminatrice, elle voit ce que les autres pouvoirs de notre être s'efforcent d'explorer ; elle atteint la vérité ferme des représentations abstraites de l'intellect et des représentations phénoménales du cœur et de la vie, et cette vérité n'est ni lointainement abstraite ni extérieurement concrète, mais quelque

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consciousness, the power, the delight of the one and yet innumerable Personality, the infinite Godhead, the self-aware and self-unfolding Purusha. Both views are true, except that the idea of fiction, which is borrowed from our own intellectual processes, has to be exiled and each must be given its proper validity. The integral seeker has to see in this light that he can reach one and the same Reality on both lines, either successively or simultaneously, as if on two connected wheels travelling on parallel lines, but parallel lines which in defiance of intellectual logic but in obedience to their own inner truth of unity do meet in infinity.

We have to look at the divine Personality from this standpoint. When we speak of personality, we mean by it at first something limited, external and separative, and our idea of a personal God assumes the same imperfect character. Our personality is to us at first a separate creature, a limited mind, body, character which we conceive of as the person we are, a fixed quantity ; for although in reality it is always changing, yet there is a sufficient element of stability to give a kind of practical justification to this notion of fixedness. We conceive of God as such a person, only without body, a separate person different from all others with a mind and character limited by certain qualities. At first in our primitive conceptions this deity is a thing of much inconstancy, freak and caprice, an enlarged edition of our human character; but afterwards we conceive of the divine nature of personality as a quite fixed quantity and we attribute to it those qualities alone which we regard as divine and ideal, while all the others are eliminated. This limitation compels us to account for all the rest by attributing them to a Devil, or by lending to man and original creative capacity for all that we consider evil, or else, when we perceive that this will not quite do, by erecting a power which we call Nature and attributing to s that all the lower quality and mass of action for which we do not wish to make the Divine responsible. At a higher pitch the attribution of mind and character to God becomes less anthropomorphic and we regard him as an infinite Spirit, but still a separate person, a spirit with certain fixed divine qualities as his attributes. So are conceived the ideas of the divine Personality, the personal God which vary so much in various religions.

All this may seem at first sight to be an original anthropomorphism terminating in an intellectual notion of the Deity which is very much at variance with the actualities of the world as we see it. It is not surprising

chose d'autre, et ces aspects sont seulement les deux côtés de sa manifestation psychologique en nous. Quand les membres de notre être ne se disputent plus entre eux et sont illuminés d'en haut, l'intuition de notre être intégral perçoit que notre être tout entier vise à la Réalité une. L'impersonnel est une vérité, le personnel aussi est une vérité, c'est la même vérité vue de deux côtés de notre activité psychologique, ni l'un ni l'autre à lui seul ne donne un compte rendu total de la Réalité, et pourtant par l'un ou l'autre, nous pouvons nous approcher de cette Réalité.

Si l'on regarde d'un côté, il semblerait qu'une Pensée impersonnelle soit à l'œuvre et ait créé la fiction d'un penseur pour la commodité de son action, qu'un Pouvoir impersonnel soit à l'œuvre et ait créé la fiction d'un auteur, qu'une Existence impersonnelle opère et utilise la fiction d'un être personnel doté d'une personnalité consciente et d'une félicité personnelle. Si l'on regarde de l'autre côté, c'est le penseur qui s'exprime en pensées, et celles-ci ne pourraient pas exister sans lui, et notre notion générale de pensée symbolise simplement le pouvoir de la nature du penseur ; l'Ishwara s'exprime par la volonté, le pouvoir et la force ; l'Existant se répand dans toutes les formes, intégrales ou partielles, directes, inverses ou perverses de son existence, de sa conscience et de sa félicité, et notre notion abstraite, générale, de ces choses n'est qu'une représentation intellectuelle du triple pouvoir de sa nature d'être. Toute l'impersonnalité à son tour semble devenir une fiction, et l'existence en chacun de ses mouvements et chacune de ses particules n'est rien autre que la vie, la conscience, le pouvoir et la félicité de la Personnalité unique et pourtant innombrable, de la Divinité infinie, du Pourousha conscient de lui-même et de son propre déroulement. Les deux points de vue sont vrais, excepté que l'idée de fiction, empruntée à nos propres procédés intellectuels, doit être bannie, et à chacun doit être donné sa propre validité. Le chercheur intégral doit voir la question dans cette lumière et comprendre qu'il peut soit simultanément comme deux roues jointes qui voyagent sur des routes parallèles — mais des routes parallèles qui, en dépit de la logique intellectuelle et conformément à leur vérité d'unité intérieure, se rencontrent à l'infini.

Nous devons donc examiner la Personnalité divine de ce point de vue. Quand nous parlons de personnalité, nous entendons tout d'abord

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that the philosophical and sceptical mind should have found little difficulty in destroying it all intellectually, whether in the direction of the denial of a personal God and the assertion of an impersonal Force or Becoming or in that of an impersonal Being or an ineffable denial of existence with all the rest as only symbols of Maya or phenomenal truths of the Time-consciousness. But these are only the personifications of monotheism. Polytheistic religions, less exalted perhaps, but wider and more sensitive in their response to cosmic life, have felt that all in the cosmos has a divine origin, therefore they conceived of the existence of many divine personalities with a vague sense of an indefinable Divine behind, whose relations with the personal gods were not very clearly conceived. And in their more exoteric forms these gods were crudely anthropomorphic ; but where the inner sense of spiritual things became clearer, the various godheads assumed the appearance of personalities of the one Divine,—that is the declared point of view of the ancient Veda. This Divine might be a supreme Being who manifests himself in various divine personalities or an impersonal existence which meets the human mind in these forms, or both views might be held simultaneously without any intellectual attempt to reconcile them, since both were felt to be true to spiritual experience.

If we subject these notions of the divine Personality to the discrimination of the intellect, we shall be inclined to reduce them, according to our bent, to fictions of the imagination or to psychological symbols in any case, the response of our sensitive personality to something which is not this at all, but is purely impersonal. We may say that That is in reality the very opposite of our humanity and our personality and therefore in order to enter into relations with it we are impelled to set up these human fictions and these personal symbols so as to make it nearer to us. But we have to judge by spiritual experience, and in a total spiritual experience we shall find that these things are not fictions and symbols, but truths of divine being in their essence, however imperfect may have been our representations of them. Even our first idea of our own personality is not an absolute error, but only an incomplete and superficial view beset by many mental errors. Greater self-knowledge shows us that we are not fundamentally the particular formulation of form, powers, properties, qualities with a conscious I identifying itself with them, which we at first appear to be. That

quelque chose de limité, d'extérieur et de séparé, et notre idée d'un Dieu personnel reflète ce même caractère imparfait. Notre propre personnalité est pour nous, tout d'abord, une créature séparée, un mental, un corps et un caractère séparés que nous considérons comme la personne que nous sommes, une quantité fixe, car bien qu'en fait elle soit en perpétuel changement, il y a cependant un élément de stabilité suffisant pour donner une sorte de justification pratique à notre notion de fixité. Nous concevons Dieu comme une personne de ce genre, seulement sans corps ; une personne séparée, différente de toutes les autres, avec un mental et un caractère limités par certaines qualités. Dans nos conceptions primitives, sa divinité est tout d'abord une chose inconstante, bizarre et capricieuse, une version agrandie de notre caractère humain ; mais plus tard, nous concevons la nature divine de la personnalité comme une quantité tout à fait fixe et nous lui attribuons les seules qualités que nous considérons comme divines et idéales, tandis que toutes les autres sont éliminées. Cette limitation nous oblige, pour expliquer tout le reste, à attribuer à un Diable ou à prêter à l'homme une capacité créatrice originelle qui aurait produit tout ce que nous considérons comme mauvais ; ou quand nous nous apercevons que ceci ne fait pas tout à fait l'affaire, à ériger un pouvoir que nous appelons la Nature, en lui attribuant toutes les qualités inférieures et toute la masse d'actions dont nous ne désirons pas rendre le Divin responsable. A un degré supérieur, notre attribution d'un mental et d'un caractère à Dieu, devient moins anthropomorphique et nous le considérons comme un Esprit infini, mais encore comme une personne séparée, un esprit ayant certaines qualités divines définies pour attribut. Ainsi se sont conçues les idées de la Personnalité divine et du Dieu personnel, qui varient tellement d'une religion à l'autre.

A première vue, tout ceci peut avoir l'air d'un anthropomorphisme originel aboutissant à une notion intellectuelle de la Divinité, qui diffère beaucoup des réalités du monde tel que nous le voyons. Il n'est pas surprenant que la pensée philosophique et sceptique ait eu peu de mal à détruire tout cela intellectuellement, soit dans le sens d'une négation du Dieu personnel et d'une affirmation de la Force ou du Devenir impersonnel, soit dans le sens d'un Être impersonnel ou d'une ineffable négation de l'existence, tout le reste n'étant que des symboles de Maya ou des vérités phénoménales de la conscience temporelle. Mais ce ne sont là que

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is only a temporary fact, though still a fact, of our partial being on the surface of our active consciousness. We find within an infinite being with the potentiality of all qualities, of infinite quality, anantaguna, which can be combined in any number of possible ways, and each combination is a revelation of our being. For all this personality is the self-manifestation of a Person, that is to say, of a being who is conscious of his manifestation.

But we see too that this being does not seem to be composed even of infinite quality, but has a status of his complex reality in which he seems to stand back from it and to become an indefinable conscious existence, anirdeśyam. Even consciousness seems to be drawn back and leave merely a timeless pure existence. And again even this pure self of our being seems at a certain pitch to deny its own reality, or to be a projection from a selfless1 baseless unknowable, which we may conceive of either as a nameless somewhat, or as a Nihil. It is when we would fix upon this exclusively and forget all that it has withdrawn into itself that we speak of pure impersonality or the void Nihil as the highest truth. But a more integral vision shows us that it is the Person and the personality and all that it had manifested which has thus cast itself upward into its own unexpressed absolute. And if we carry up our heart as well as our reasoning mind to the Highest, we shall find that we can reach it through the absolute Person as well as through an absolute impersonality. But all this self-knowledge is only the type within ourselves of the corresponding truth of the Divine in his universality. There too we meet him in various forms of divine personality; in formulations of quality which variously express him to us in his nature; in infinite quality, the Anantaguna, in the divine Person who expresses himself through infinite quality; in absolute impersonality, an absolute existence or an absolute non-existence, which is yet all the time the unexpressed Absolute of this divine Person, this conscious Being who manifests himself through us and through the universe.

Even on the cosmic plane we are constantly approaching the Divine on either of these sides. We may think, feel and say that God is Truth, Justice, Righteousness, Power, Love, Delight, Beauty; we may see him as a universal force or as a universal consciousness. But this is only the abstract way of experience. As we ourselves are not merely a number of

 

1 anātmyam anilayanam. Taittiriya Upanishad.  

des personnifications du monothéisme. Les religions polythéistes, moins exaltées peut-être, mais plus larges et plus sensitives dans leur réponse à la vie cosmique, ont senti que tout dans le cosmos avait une origine divine; elles ont donc conçu l'existence d'un grand nombre de personnalités divines tout en gardant le vague sentiment d'un indéfinissable Divin par-derrière, dont les relations avec les dieux personnels n'étaient pas très clairement définies. Sous leurs formes exotériques, ces dieux étaient grossièrement anthropomorphiques ; mais quand le sentiment intérieur des réalités spirituelles s'est fait plus clair, ces divinités ont pris l'apparence de personnalités diverses d'un Divin unique , tel est le point de vue déclaré du Véda ancien. Ce Divin peut être un Être suprême qui se manifeste en des personnalités divines variées, ou une existence impersonnelle qui s'approche du mental humain par ces formes divines , ou encore, on peut affirmer simultanément les deux manières de voir sans tenter le moins du monde de les réconcilier intellectuellement, puisque l'une et l'autre sont également vraies pour l'expérience spirituelle.

Si nous soumettons ces notions de la Personnalité divine au discernement de l'intellect, nous aurons tendance, selon notre penchant, à les réduire à des fictions de l'imagination ou à des symboles psychologiques, ou en tout cas à y voir la réponse de notre sensibilité personnelle à quelque chose qui n'est pas du tout cela et qui est purement impersonnel. Nous pouvons dire qu'en réalité Cela est l'opposé même de notre humanité et de notre personnalité, et que, par conséquent, pour entrer en relation avec Cela, nous sommes contraints de poser ces fictions humaines et ces symboles personnels afin de Le rendre plus proche de nous. Mais nous devons juger par l'expérience spirituelle, or, dans une expérience spirituelle totale, nous nous apercevons que ces choses ne sont pas des fictions ni des symboles, mais, dans leur essence, des vérités de l'être divin, si imparfaites qu'aient pu en être nos représentations. Même notre première conception de notre propre personnalité n'est pas une erreur absolue, c'est seulement une vue superficielle et incomplète tissée de bien des erreurs mentales. Une connaissance de soi plus grande nous montre que nous ne sommes pas fondamentalement cette formulation particulière faite d'une forme, de pouvoirs, de propriétés et de qualités, avec un "je" conscient qui s'identifie à tout cela, comme nous semblons l'être tout d'abord. Ceci n'est qu'un fait temporaire (mais un fait tout de même) de notre être partiel

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qualities or powers or a psychological quantity, but a being, a person who 1 so expresses his nature, so is the Divine a Person, a conscious Being who thus expresses his nature to us. And we can adore him through different forms of this nature, a God of righteousness, a God of love and mercy, a God of peace and purity ; but it is evident that there are other things in the divine nature which we have put outside the form of personality in which we are thus worshipping him. The courage of an unflinching spiritual vision and experience can meet him also in more severe or in terrible forms. None of these are all the Divinity ; yet these forms of his personality are real truths of himself in which he meets us and seems to deal with us, as if the rest had been put away behind him. He is each separately and all altogether. He is Vishnu, Krishna, Kali; he reveals himself to us in humanity as the Christ personality or the Buddha personality. When we look beyond our first exclusively concentrated vision, we see behind Vishnu all the personality of Shiva and behind Shiva all the personality of Vishnu. He is the Ananta-guna, infinite quality and the infinite divine Personality which manifests itself through it. Again he seems to withdraw into a pure spiritual impersonality or beyond all idea even of impersonal Self and to justify a spiritualised atheism or agnosticism, he becomes to the mind of man an indefinable, anirdeśyam. But out of this unknowable the conscious Being, the divine Person, who has manifested himself here, still speaks, "This too is I, even here beyond the view of mind, I am He, the Purushottama."

For, beyond the divisions and contradictions of the intellect there is another light and there the vision of a truth reveals itself which we may thus try to express to ourselves intellectually. There all is one truth of all these truths, for there each is present and justified in all the rest. In that light our spiritual experience becomes united and integralised; no least hair's breadth of real division is left, no shade of superiority and inferiority remains between the seeking of the Impersonal and the adoration of the divine Personality, between the way of knowledge and the way of devotion.

 

SRI AUROBINDO

 

 

 

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à la surface de notre conscience active. Nous découvrons au-dedans un être infini ayant la potentialité de toutes les qualités, d'une infinité de qualités, anantagouna, qui peuvent se combiner de toutes les manières possibles , et chaque combinaison est une révélation de notre être. Car toute cette personnalité est la manifestation d'une Personne, c'est-à-dire d'un être qui est conscient de sa manifestation.

Mais nous découvrons aussi que cet être ne semble même pas se composer de qualités infinies, et qu'il y a un état de sa réalité complexe où il semble se tenir en arrière de ses qualités et devenir une existence consciente indéfinissable, anirdéshyam. Même la conscience semble se retirer pour ne laisser qu'une existence pure hors du temps. Et encore, même ce moi pur de notre être semble, à un certain degré, nier sa propre réalité, ou être la projection d'un Inconnaissable sans base et sans moi1, que nous pouvons concevoir comme un "quelque chose" sans nom, ou comme un Nihil. C'est seulement quand nous nous fixons sur cela exclusivement et que nous oublions tout ce que cela a retiré en lui-même, que nous parlons de l'impersonnalité pure ou du Nihil vide, et nous disons que c'est la vérité la plus haute. Mais une vision plus intégrale nous montre que c'est la Personne et la personnalité, avec tout ce qu'elle avait manifesté, qui s'est elle-même projetée vers le haut dans son propre absolu inexprimé. Et si nous apportons au Suprême notre cœur autant que notre mental raisonnant, nous nous apercevons que nous pouvons Le trouver à travers la Personne absolue autant qu'à travers l'impersonnalité absolue. Mais toute cette connaissance de soi est seulement le type en nous d'une vérité correspondante du Divin dans son universalité. Là aussi, nous Le trouvons sous des formes variées de personnalité divine : dans des formules de qualité qui nous expriment diversement sa nature, dans l'infinité de qualités, l'Anantagouna, dans la Personne divine qui s'exprime par une infinité de qualités, ou dans l'impersonnalité absolue (l'existence absolue ou la non-existence absolue) qui n'en est pas moins, tout le temps, l'Absolu inexprimé de cette même Personne divine ou de cet Être conscient qui se manifeste à travers nous et à travers l'univers.

Sur le plan cosmique aussi, nous nous approchons du Divin par l'un ou l'autre de ces côtés. Nous pouvons penser, sentir et dire que Dieu est

 

1 anâtmyam anilayanam (Taïttirîya Oupanishad).

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Vérité, Justice, Rectitude, Pouvoir, Amour, Félicité, Beauté, nous pouvons le voir comme une force universelle ou une conscience universelle. Mais c'est seulement la manière abstraite d'avoir l'expérience. De même que nous ne sommes pas, nous-mêmes, simplement un certain nombre de qualités ou de pouvoirs, ou une quantité psychologique, mais un être, une personne qui exprime ainsi sa nature, de même le Divin est une Personne, un Être conscient qui exprime ainsi sa nature pour nous. Et nous pouvons l'adorer à travers différentes formes de sa nature : un Dieu de rectitude, un Dieu d'amour et de miséricorde, un Dieu de paix et de pureté ; mais il est évident qu'il y a d'autres choses dans la nature divine en dehors de la forme de personnalité sous laquelle nous l'adorons. Le courage d'une vision et d'une expérience spirituelles intrépides, peut le rencontrer aussi sous des formes plus sévères ou plus terribles. Rien de tout cela n'est toute la Divinité , pourtant ces formes de personnalité sont des vérités réelles de lui-même à travers lesquelles il nous rencontre et semble avoir affaire à nous comme si tout le reste avait été écarté et mis derrière lui. Il est chacune de ces formes, séparément et toutes ensemble. Il est Vishnou, Krishna, Kâlî ; il se révèle à nous dans l'humanité à travers la personnalité du Christ ou la personnalité du Bouddha. Quand nous regardons par-delà notre première vision exclusivement concentrée, nous voyons toute la personnalité de Shiva derrière Vishnou, et derrière Shiva, toute la personnalité de Vishnou. Il est l'Anantagouna, d'une infinité de qualités, et la Personnalité divine infinie qui se manifeste à travers cette infinité. Ou encore, il semble se retirer dans une pure impersonnalité spirituelle,ou même par-delà toute idée de Moi impersonnel et justifier un athéisme spiritualisé ou un agnosticisme, il devient pour le mental humain un indéfinissable anirdéshyam. Mais du fond de cet inconnaissable, l'Être conscient, la Personne divine qui s'est manifestée là, dit encore : "Ceci aussi est moi, même ici, par-delà la vue du mental, je suis Lui, le Pouroushôttama".

Car, par-delà les divisions et les contradictions de l'intellect, il est une autre lumière où la vision de la vérité se révèle, et nous pouvons essayer de nous l'exprimer intellectuellement. Là, tout est l'unique vérité de toutes ces vérités, car là, chacune est présente dans tout le reste et justifiée par le reste. Dans cette lumière, notre expérience spirituelle s'unifie et devient intégrale ; il n'y reste même pas l'épaisseur d'un cheveu de vraie division,

pas l'ombre d'une supériorité ou d'une infériorité ne subsiste entre la recherche de l'Impersonnel et l'adoration de la divine Personnalité, entre la voie de la connaissance et la voie de la dévotion.

 

SRI AUROBINDO

 

It is the final discovery that one makes that in this world everything depends upon consciousness and its movements, even the things that seem not to do so.

 

SRI AUROBINDO

 

 

On découvre finalement que dans le monde tout dépend de la conscience et de ses mouvements, même les choses qui ne semblent pas en dépendre.

 

SRI AUROBINDO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Entretiens

 

Le 27 mai 1953

 

"II y a un état de conscience en union avec le Divin, dans lequel on peut jouir de tout ce qu'on lit ainsi que de tout ce que l'on observe, même du livre le plus banal ou des choses les moins intéressantes. On peut entendre de la très pauvre musique — ce genre de musique qui donne généralement envie de s'enfuir — et quand même y trouver un plaisir, non pas dans sa forme extérieure, mais dans ce qui se trouve par-derrière. On ne perd pas le discernement entre la bonne et la mauvaise musique, mais on passe par-delà l'une et l'autre également, pour atteindre à ce qu'elles expriment. Car il n'existe rien dans ce monde qui n'ait, dans le Divin, son soutien et sa vérité ultimes."

(Entretiens 1929, p. 37)

 

Qu'est-ce qui se trouve "par-derrière" la forme extérieure de la musique ?

 

LA musique est un moyen d'exprimer certaines pensées, certains sentiments, certaines émotions, certaines aspirations. Il y a même un domaine où tous ces mouvements sont là, et de là, en les faisant descendre, ils prennent une forme musicale. Celui qui est un très bon compositeur, avec une certaine inspiration, produira une très belle musique, parce que c'est un bon musicien. Celui qui est un mauvais musicien peut avoir aussi une très bonne inspiration, il peut recevoir quelque chose qui est bien, seulement comme il n'a pas la capacité musicale, ce qu'il produits terriblement banal, ordinaire et pas intéressant. Mais si l'on passe par-delà, si l'on va justement à l'endroit où il y a cette origine de la musique — dé l'idée, de l'émotion, de l'inspiration — si l'on va là, on peut goûtera ces choses sans du tout être gêné par les formes ; cette forme musicale banale peut être reliée à cela, parce que c'est cela qui a été l'inspiration de celui qui a écrit cette musique. Naturellement, il y a des cas où il n'y a pas

Questions and Answers

  

May 27, 1953

 

"There is a state of consciousness, in union with the Divine in which you can enjoy all you read, as you can all you observe, even the most indifferent books or the most uninteresting things. You can hear poor music, even music from which you would like to run away, and yet you can, not for its outward self but because of what is behind, enjoy it. You do not lose discrimination between good music and bad music, but you pass through either into that which it expresses.. For there is nothing in the world which has not its ultimate truth and support in the Divine".

(Conversations with the Mother, No. IV)

 

What is there "behind" external form of music ?

 

MUSIC is a means of expressing certain thoughts, feelings, emotions, certain aspirations. There is even a region where all these movements exist and from there, as and when they are brought down, they take a musical form. One who is a very good composer, with some inspiration, will produce a very beautiful music, for he is a good musician. A bad musician can have also very good inspiration; he can receive something which is good, but as he possesses no musical capacity, what he produces will be terribly commonplace, ordinary, uninteresting. But if you go beyond, if you reach just the place where there is this origin of music —of the idea and emotion and inspiration—if you reach there, you can taste these things without being obstructed by the forms; the commonplace musical form can be linked with that, because that was the inspiration of the writer of the music. Naturally, there are cases where there is no inspiration, or where the origin is merely a kind of mechanical music. In any case, it is not always interesting. But what I mean is that there is an inner condition in which the external form is not the most

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d'inspiration, où l'origine est simplement une sorte de mécanique musicale. Ce n'est pas toujours intéressant dans tous les cas. Mais je veux dire qu'il y a une condition intérieure dans laquelle la forme extérieure n'est pas la chose la plus importante ; c'est l'origine de la musique, c'est l'inspiration qui est au-delà, qui est importante ; ce ne sont pas purement les sons, c'est ce que les sons expriment.

 

Alors l'expression ne peut pas être mieux que l'inspiration ?

 

Il y a des musiques qui n'ont pas d'inspiration, qui sont comme des mécaniques. Il y a des musiciens qui ont une grande virtuosité, c'est-à-dire qui ont appris la technique à fond et qui exécutent, par exemple sans faire de fautes, les choses les plus rapides et les plus difficiles. Ils peuvent faire de la musique, mais cela n'exprime rien : c'est comme une machine. Cela ne veut rien dire, sauf qu'ils ont beaucoup d'habileté. Parce que le plus important, c'est l'inspiration, dans tout ce que l'on fait ; dans toutes les productions humaines, le plus important est l'inspiration. Naturelle ment, il faut que l'exécution soit à la hauteur de l'inspiration ; pour pou voir exprimer vraiment bien les choses les plus hautes, il faut avoir une très bonne technique. Ce n'est pas pour dire que la technique n'est pas nécessaire, elle est même indispensable, mais elle n'est pas seule à être indispensable, elle est moins importante que l'inspiration.

La qualité essentielle de la musique dépend de la place d'où vient cette musique, de son origine.

 

Qu'est-ce que cela veut dire, son origine ?

 

Son point de départ. Comme la source est l'origine de la rivière.

 

Il y a beaucoup d'origines pour toute chose ?   

 

Toute la vie physique a la vie vitale et mentale comme origine. La réalité mentale et vitale elles-mêmes ont une autre origine, et ainsi de suite. Rien ne peut être manifesté physiquement sur la terre qui n'ai à

important thing; it is the origin of the music, the inspiration that is behind which is important, it is not purely the sound but that which the sound expresses.

 

So the expression cannot be better than the inspiration ?

 

 There is a music that has no inspiration, it is as though mechanical. There are musicians who possess a great virtuosity, that is to say, who have thoroughly mastered the technique and who, for example, can execute, without making any mistake, the quickest and the most difficult things. They can play music, but that expresses nothing; it is like a machine. It means nothing, except that they have great skill. For what is most important is the inspiration, in all that one does, in all human creations the most important thing is inspiration. Naturally, execution must be on the same level as the inspiration, you must possess a very good technique if you are to express truly well the highest things. This is not to say that technique is not necessary, it is even indispensable, but it is not the only indispensable thing, it is less important than inspiration.

 The essential quality of music depends on where the music comes from, upon its origin.

  

What does "its origin" mean?

  

 Its starting point. Just as the spring is the origin of the river.

  

Are there many origins for everything ?

 

All physical life has the vital and mental life as its origin. The mental and the vital reality have themselves another origin, and so on. Nothing can be manifested physically upon earth that has not a higher truth at its origin, otherwise the world would not exist. If it were a flat thing having its origin in itself, it would very soon cease to exist. It is because there is a force which pushes, an energy which pushes towards manifestation that  

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son origine une vérité supérieure, autrement le monde n'existerait pas. Si c'était une chose plate, qui ait son origine en elle-même, elle cesserait d'exister très vite. C'est parce qu'il y a une force qui pousse, une énergie qui pousse vers la manifestation, que la vie continue à exister. Autrement  elle s'épuiserait très vite.

 

Si chaque chose qui est manifestée dans le monde physique, a pour origine la Vérité supérieure, qu'est-ce qui la rend laide quand elle s'exprime ? Pourquoi y a-t-il des choses laides alors ?

 

Parce qu'il y a des forces qui interviennent entre l'origine et la manifestation.

Si je te demande à toi : "Est-ce que tu connais la vérité de ton être ?" Qu'est-ce que tu diras ?... Tu la connais ? Eh bien, c'est la même chose pour tout. Et toi, pourtant, tu es déjà un être pensant suffisamment évolué, qui a déjà passé par toutes sortes de raffinements. Tu n'es plus tout à fait comme, disons le lézard, qui court sur le mur ; et pourtant tu serais incapable de dire quelle est la vérité de ton être. C'est justement le secret de toutes les déformations dans le monde. C'est parce qu'il y a toute l'inconscience qui s'est produite par le fait de la séparation de l'Origine. C'est cette inconscience qui fait que l'Origine, elle est là, mais elle ne peut pas se manifester. Elle est là, c'est pour cela que le monde existe. Mais dans son expression elle est déformée, parce qu'elle se manifeste à travers l'inconscience, l'ignorance et l'obscurité.

C'est quelque chose que je vais essayer d'expliquer dans le prochain numéro du Bulletin1. Mais enfin, en très court résumé, c'est ceci :  

Pour créer l'univers tel qu'il était, la Volonté était une projection individuelle — individuelle, tu comprends, un morcellement : au lieu d'être une unité qui contient tout, c'est une unité qui est faite d'innombrables petites unités qui sont des individualisations, c'est-à-dire des choses qui se sentent séparées. Et du fait que c'est séparé de tous les autres, c'est cela qui en toi te donne l'impression que tu es un individu. Autrement tu aurais l'impression que tu es une masse fluide. Par exemple,

 

1 Voir Les Quatre Austérités (la tapasyâ de l'amour).

life continues to exist. Otherwise it would very soon exhaust itself.

 

If everything that is manifested in the physical world has as its origin the higher Truth, what is it that makes it ugly when it expresses itself? Why are there ugly things at all?

 

 Because there are forces that intervene between the origin and the manifestation.

 If I ask you, "Do you Know the truth of your being?" What will you say ?... Do you know it ? Well, it is the same for everything. And yet you are already a sufficiently evolved thinking being, having passed through all kinds of refinements. You are not quite like, let us say, a lizard that crawls on the wall; and yet you would not be able to say what the truth of your being is. That is just the secret of all deformations in the world. It is because there is all the inconscience created by the fact of separation from the Origin. It is because of this inconscience that the Origin, which is always there, is not able to manifest itself. It is there and that is why the world exists. But it is deformed in its expression, because it manifests itself through inconscience, ignorance and obscurity.

 It is a thing I shall try to explain in the next number of the Bulletin1. But after all, very briefly summed up, it is this.

 In creating the universe as it was, the Will was an individual projection—individual means scattering: instead of being a unity containing all, it was a unity made of innumerable small unities that are individualisations, that is to say, things that feel themselves separated. The very fact of being separated from others gives you the feeling that you are an individual. Otherwise, you would have the feeling that you were a fluid mass. For example, if instead of being conscious of your external form and of all that in your being makes of you a separate individuality, you were conscious of the vital forces moving everywhere or of the inconscient that is at the basis of all, you would then have the feeling of a mass moving with all kinds of contradictory movements but which could not be separated from each other; you would not have at all the feeling of being an individual:

  

 1 See The Four Austerities (the tapasyā of love).

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au lieu d'être conscient de ta forme extérieure et de tout ce qui dans ton être fait de toi une individualité séparée, si tu étais conscient des forces vitales qui se meuvent partout, ou bien de l'inconscience qui est à la base de tout, tu aurais l'impression d'une masse mouvante avec toutes sortes de mouvements contradictoires mais que l'on ne pourrait pas séparer l'un de l'autre , tu n'aurais pas du tout l'impression d'être un individu : tu aurais l'impression de quelque chose comme une vibration dans un tout. Eh bien, la Volonté originelle était de former des êtres individuels qui seraient capables de redevenir conscients de leur origine divine. Le procédé d'individualisation a fait que, pour être un individu, il faut se sentir séparé. De la minute où l'on est séparé, on est coupé de la conscience originelle, au moins apparemment, et on tombe dans l'inconscience, puisque la seule chose qui est la Vie de la vie, c'est l'origine, si vous vous coupez de cela, la conscience naturellement se change en inconscience. Et alors, c'est cette inconscience même qui fait que vous ne vous rendez plus compte de la vérité de votre être... C'est un processus. On ne peut pas discuter si c'était inévitable ou évitable : le fait est que c'est comme cela. Ce processus de formation, de création, a fait que la pureté ne se manifeste plus dans son essence et sa pureté, mais à travers la déformation de l'inconscience et de l'ignorance. Si tu m'avais répondu immédiate ment : "Mais oui, je sais la vérité de mon être !" c'était fini, il n'y avait plus de problème.  

C'est pour cela qu'il y a toutes les laideurs, qu'il y a la mort. C'est pour cela qu'il y a les maladies, c'est pour cela qu'il y a la méchanceté;  c'est pour cela qu'il y a la souffrance. Il n'y a pas d'autre remède, il n'y a qu'une seule façon pour toutes ces choses. Cela se produit dans des domaines différents et avec des vibrations différentes, mais la cause de tout cela est la même. C'est cette inconscience qui s'est produite à cause de la nécessité de la formation individuelle. Je le dis encore, je n'affirme pas que c'était indispensable. Cela, c'est un autre problème que peut-être, plus tard, nous serons à même de résoudre ; mais enfin pour le moment, nous sommes obligés de constater que c'est comme cela.  

Et alors, le remède ? Puisque telle est la cause, le seul moyen de tout arranger, c'est de reprendre conscience. Et c'est très simple, c'est très simple.  

Admets qu'il y ait dans l'univers deux éléments opposés et contradictoires,

you would have the feeling of something like a vibration in the midst of a whole. Well, the original Will was to form individual beings capable of becoming once again conscious of their divine origin. Because of the process of individualisation, it happens that one must feel separate if one is to be an individual. The moment you are separated, you are cut off from the original consciousness at least apparently and you fall into the inconscient. For the only thing which is the Life of life, being the Origin, if you cut yourself away from that, the consciousness naturally is changed into unconsciousness. And then it is due to this unconsciousness that you are no longer aware of the truth of your being.... It is a process. You cannot argue whether it is inevitable or evitable; the fact is it is like that. This process of formation and creation has brought about this result that the purity does not manifest itself any more in its essence and purity, but through the deformation of unconsciousness and ignorance.... If you had answered me immediately saying "Yes, of course, I know the truth of my being! " it would have finished there, there would have been no problem any longer.

 That is why there is all this ugliness, there is death; that is why there is illness; that is why there is wickedness ; that is why there is suffering. There is no other remedy, there is only one for all these things. That is there in different domains and with different vibrations, but the cause of all that is the same. It is their inconscience produced because of the necessity of individual formation. I say again, but I do not assert that it was indispensable. That is another problem which perhaps later on we shall be ready to solve; but for the moment we are obliged to state that it is so.

 And then, the remedy? Since such is the cause, the only way to settle things is to resume consciousness. It is so simple, so simple.

 Let us admit that there are in the universe two opposing and contradictory forces, as some religions have preached: there was good and there was evil, and there will always be the good and the evil, it will be a conflict and battle and struggle. One that is stronger, whether it is the good or the evil, will win; if it is more of the good, the good will win and if it is more of the evil, the evil will win; but the two will always exist. If it were like that, it would be hopeless ; one would have to say then that it is neither difficult nor is it easy, it is impossible. One would not be able to come out.

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comme certaines religions l'ont prêché : il y avait le bien et le mal, et il y aura toujours le bien et le mal, ce sera un conflit, une bataille, une lutte. Celui qui sera le plus fort, que ce soit le bien ou le mal, triomphera : s'il y a un peu plus de bien ce sera le bien, s'il y a un peu plus de mal ce sera le mal ; mais les deux existeront toujours. Si c'était comme cela, ce serait sans espoir, et alors il n'y aurait pas à dire ni que c'est difficile ni que c'est facile : ce serait impossible. On ne pourrait pas s'en sortir. Mais il se trouve que ce n'est pas comme cela.

Il se trouve qu'il n'y a qu'une Origine, et que cette origine, c'est la perfection de la Vérité, puisque c'est la seule chose qui soit vraiment existante ; et en s'extériorisant, en se projetant au-dehors, en s'éparpillant, cela produit ce que nous voyons, et des tas de petits cerveaux qui sont tous très gentils, très brillants, mais qui sont à la recherche de quelque chose qu'ils n'ont pas encore attrapé — mais qu'ils peuvent attraper, parce que la chose qu'ils cherchent; est au-dedans d'eux. Cela, c'est une certitude. Cela peut prendre plus ou moins de temps, mais c'est sûr d'arriver. Le remède est au centre même du mal, voilà.

On a appelé cela de toutes sortes de noms, chacun l'a présenté à sa façon. Selon l'angle on a une expérience. Tous les gens qui ont trouvé le Divin au-dedans d'eux, l'ont trouvé d'une certaine façon, après une certaine expérience et sous un certain angle, et cet angle était pour eux évident. Et alors, s'ils ne sont pas bien sur leurs gardes, ils commencent à dire : "Pour trouver le Divin, il faut faire ceci et cela. Et c'est comme cela, et c'est ce chemin-là qu'il faut suivre", parce que c'est celui qui leur a réussi. Quand on est un peu plus loin, quand on a un peu plus d'expérience, on se rend compte que ce n'est pas nécessairement comme cela, que cela peut être par des millions de moyens... Il n'y a qu'une chose qui est sûre, c'est que ce que l'on trouve est le même. Et c'est cela qui est remarquable, c'est que quel que soit le chemin suivi, quelle que soit la forme qu'on lui ait donné, le résultat est le même. Leur expérience à tous est la même. Quand ils ont touché à la Chose, c'est pour tous la même chose. C'est justement la preuve qu'ils ont touché à Ça, parce que c'est la même chose pour tous. Si ce n'est pas la même chose, cela veut dire qu'ils n'ont pas encore touché à Ça. Quand ils ont touché Ça, c'est la même chose. Et à Cela, vous pouvez donner tous les noms que vous voulez, cela ne fait rien.

But it happens that it is not so.

 The truth is that there is only one origin and that this origin is the perfection of Truth, for it is the only thing that truly exists, as it exteriorises itself, projects itself outside, scatters itself, it brings forth what we see, masses of small brains that are quite fine and brilliant, which are however in search of something they have not yet seized, but which they can seize, because the thing they are in search of is within themselves. That is a certainty. It may take more or less time, but it is sure to come. The remedy is at the very core of the evil.

They called it by various names, each one presenting it in his own way, according to the angle of one's experience. All those who have found the Divine within themselves, found Him in a certain way, following a certain experience and under a certain angle, and this angle for them was self-evident. But then if they are not on their guard, they begin to say: "To find the Divine, you must do this and do that. And it is in that way and it is that path one should follow", because for them that was successful. When you go a little further, when you have a little more experience, you become aware that it is not necessarily like that, it can be done through millions of ways.... There is only one thing that is certain, it is this that the thing found is always the same. And that is remarkable, whatever the path followed, whatever the form given to it, the result is always the same. The experience of all is the same. When they have touched the Thing, it is for all the same thing. And tills is just the proof that they have touched That, because it is the same thing for all and if it is not the same thing it means that they have not yet touched the Thing; when they have touched it it is the same thing. To that, you may give any name you choose, it makes no difference.

Words are words ; after all, they mean nothing, unless something is there behind. Have you never noticed that when you speak to some people, you may express yourself quite clearly and yet they do not understand, and to others you have to say two words and they understand immediately ? you did not have this experience ? No ? I had it often. Therefore, it does not depend on the external form of the words that one utters but on the force of the thought that one puts into them; and the greater, the stronger, the more precise, and the clearer the thought-force the more is the chance of what you say being understood by people who are able to

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Les mots sont des mots. Au fond, cela ne veut rien dire s'il n'y a pas quelque chose derrière. Tu n'as jamais remarqué que quand tu parles à certaines gens, tu peux t'exprimer tout à fait clairement, ils ne comprennent rien ; et à d'autres gens, tu dis deux mots, ils comprennent tout de suite. Tu n'as pas eu cette expérience? Non? Moi, je l'ai eue souvent. Par conséquent, cela ne dépend pas de la forme extérieure, des mots que l'on dit, mais de la force de pensée que l'on met dedans ; et plus la force de pensée est grande, puissante, précise, claire, plus ce que vous dites a une chance d'être perçu par les gens qui sont capables de recevoir cette force-là. Mais si quelqu'un parle sans penser, généralement il est impossible de comprendre ce qu'il dit. Ça fait une sorte de bruit, c'est tout. Par exemple, quand vous avez l'habitude de parler avec quelqu'un, d'échanger vos idées, et que vous vous êtes ajustés mentalement, c'est-à-dire que vous avez pris la précaution de dire : "Quand je dis ce mot-là, je veux dire cela" et que l'autre a dit : "Quand je dis ce mot-là, je veux dire cela", et ainsi de suite; quand on a pris l'habitude de l'échange, que l'on a établi une sorte de contact entre cerveau et cerveau — même ne serait-ce que cela —, on se comprend très facilement. Mais avec des gens qui viennent tout à fait d'ailleurs, avec qui vous n'avez jamais parlé, il vous faut un petit moment d'ajustement, d'adaptation pour comprendre ce qu'ils veulent dire avec les mots qu'ils emploient... Qu'est-ce qui fait que vous vous comprenez? C'est justement cette espèce de sens mental qui est derrière les mots. Quand la pensée est pensée fortement, on a une puissance de vibrations, et c'est cela qui est perçu, le mot n'est qu'un moyen intermédiaire. On peut développer cela au point d'avoir un contact mental direct avec un minimum de mots, ou même pas de mots du tout, mais alors il faut avoir une très grande force de concentration de pensée. Et pour tout ce que l'on fait, c'est comme cela. Quand la conscience est développée derrière, quand on a le pouvoir de la concentrer, alors on peut faire n'importe quoi, cette conscience agira.1 Ce n'est certainement pas la mécanique corporelle qui vous fait agir, la mécanique est simplement un instrument, pas plus. Le jour où vous attrapez cela

 

1 Au moment de la première publication de cet entretien, en 1968, Mère a ajouté le commentaire suivant ; "Ce qui est important, c'est de garder la conscience de la Présence, c'est-à-dire que la Présence doit être concrète, et alors tout ce que l'on fait et tout ce que l'on dit — quoi que ce soit que l'on fasse et quoi que ce soit que l'on dise —, c'est cette Présence qui s'exprime."

receive that force. But if one speaks without thinking then it is generally impossible to understand what he says , it makes a kind of noise, that is all. For example, when you have the habit of speaking with someone, exchange ideas with him, when between you there is mutual adjustment mentally, that is to say when you have taken the precaution of saying, "When I say this word, I mean this" and when the other one says, "When I say that word, I mean that", and so on, when you are in the habit of mutual exchange, when you have established a kind of contact between brain and brain—even if it be only that—you understand each other quite easily. But with people who come altogether from elsewhere, with whom you have never spoken, you need a little time just to adjust and adapt yourself to understand what they mean by the words they use.... What is it that makes you understand? It is just the kind of mental sense that is behind the words; when the thought is strongly thought, there is a powerful vibration and it is that which is sensed, the word is only an intermediary means. You can develop this sense to such an extent that you can have a direct mental contact with a minimum of words, or even without any words at all, but then you must have a very great force of thought concentration. And for all that one does, it is the same. When there is a developed consciousness behind, when you have the power to concentrate it, you can do anything you like—this consciousness will act.1 Certainly it is not the bodily mechanism that makes you act, the mechanism is simply an instrument, nothing more. The day you catch it (it is invisible, but you can catch it), and when you catch it and put it into your movement, this movement becomes conscious and you do well whatever you do. The day you do not catch it, it slips from you as water through your fingers: and then you are clumsy, you do not understand, you do not know what to do. Therefore, it is not the physical mechanism that counts, it is what is behind.

  

 1 At the time of the first publication of this talk, (in 1968)3 Mother added the following commentary : "What is important is to keep the consciousness of the Presence, that is to say, the Presence must be concrete, and then all that one does and all that one says—whatever one may do and whatever one may say—it is the Presence that expresses itself."  

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(c'est invisible, mais on peut le saisir), quand on attrape cela et qu'on le met dans son mouvement, ce mouvement devient conscient et on fait bien tout ce que l'on fait. Le jour où on ne l'attrape pas, cela vous échappe comme de l'eau à travers les doigts ; et alors vous êtes maladroit, vous ne comprenez pas, vous ne savez pas ce qu'il faut faire. Par conséquent ce n'est pas la mécanique physique qui compte, c'est ce qui est derrière.

 

De quel plan vient la musique, généralement ?

 

Cela va en échelons. Il y a toute une catégorie de musique qui vient d'un vital supérieur, qui est très prenante, un petit peu (pour ne pas dire exactement) vulgaire, c'est quelque chose qui vous tord les nerfs. Cette musique n'est pas forcément désagréable, mais généralement ça vous prend là, dans les centres nerveux. Il y a donc une musique qui a une origine vitale. Il y a une musique qui a une origine psychique — c'est tout à fait autre chose. Et puis il y a une musique qui a une origine spirituelle: c'est tout à fait brillant et cela vous emporte, cela vous prend tout entier. Mais si vous voulez exécuter exactement cette musique-là, il faut être capable de la faire passer par le passage vital. Votre musique qui vient d'en haut peut être extérieurement tout à fait plate si vous n'avez pas cette intensité de vibration vitale qui lui donnera sa splendeur et sa puissance. J'ai connu des gens qui avaient vraiment une inspiration tout à fait haute, et cela devenait très plat parce que le vital ne bougeait pas. J'avoue que par leurs pratiques spirituelles, ils avaient endormi complètement leur vital — il dormait littéralement, il n'agissait pas du tout — et la musique venait tout droit dans le physique, et si l'on était branché sur l'origine de la musique, on voyait que c'était quelque chose de très merveilleux, mais extérieurement cela n'avait pas de force, c'était une petite mélodie très pauvre, très mince ; il n'y avait pas toutes les puissance de l'harmonie. Quand on peut faire jouer le vital, alors toute la puissance de vibration est là. Si l'on met dedans cette origine supérieure, cela de vient de la musique de génie.

Pour la musique, c'est très particulier ; c'est difficile, cela a besoin d'un intermédiaire. Et c'est comme cela pour toute chose, pour la littérature aussi, pour la poésie aussi, pour la peinture aussi, pour tout ce

From what plane does: the music come generally ?

 

 It goes by steps. There is a category of music that comes from the higher vital, which is very catching, somewhat (not to say exactly) vulgar, it is something that twists your nerves. This music is not necessarily unpleasant, but generally it seizes you there, by the nervous centres. So there is a music that has a vital origin. There is a music that has a psychic origin—it is an altogether different thing. And then there is a music that has a spiritual origin: it is so bright, it carries you away, wholly captures you. But if you want to execute exactly this music you must be able to take it through the vital passage. Your music coming from above can be externally quite flat if you do not possess the intensity of vital vibration that gives it its splendour, its strength. I knew people who had truly a very high inspiration and it became quite flat, because the vital did not stir. I must admit that by their spiritual practices they put completely to sleep their vital—it slept literally, it was not active at all—and the music came straight into the physical, and if one had made the connection with the origin of music, one would have seen that it was something wonderful, but externally it had no force, it was a little melody, very poor, very thin; there was none of the strength of harmony. When you can bring the vital to play then all the strength of vibration is there. If you bring it in there, this higher origin, it becomes the music of a genius.

 For music it is very special, it is difficult, it needs an intermediary. It is like all other things, for literature also, for poetry, for painting, for everything that you do. The true value of one's creation depends on the origin of one's inspiration, on the level, the height where you find it. But the value of execution depends on the vital force which expresses it; to complete the genius both must be there, which is rare. Generally it is the one or the other, more often, the vital. And then there are other kinds of music that are given—the music of cafe-concert, of cinema; it is of such an extraordinary skill, and at the same time is of an exceptional platitude, of an extraordinary vulgarity. But it is of an extraordinary skill, it seizes you by the solar plexus and it is this music that you remember; it grasps you at once and holds you and it is very difficult to free yourself from it, for it is well-made music, music very well made. It is made vitally with vital vibrations, but what is behind is frightful.

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que l'on fait. La valeur véritable de ce que l'on crée dépend de l'origine de son inspiration, du plan, de la hauteur à laquelle on la trouve. Mais la valeur de l'exécution dépend de la puissance du vital qui l'exprime. Pour que le génie soit complet, il faut que les deux y soient. C'est très rare. Généralement c'est l'un ou l'autre, plus souvent le vital. Et alors, il y a de ces musiques que l'on donne — les musiques de café-concert, de cinéma — c'est d'une habileté extraordinaire, et en même temps c'est d'une platitude extraordinaire, d'une vulgarité extraordinaire. Mais comme c'est d'une habileté extraordinaire, cela vous attrape dans le plexus solaire et c'est de cette musique dont on se souvient, immédiatement cela vous prend et ça vous tient, et c'est très difficile de s'en débarrasser, parce que c'est bien fait, c'est de la musique qui est bien faite. Elle est faite vitalement avec des vibrations vitales, mais ce qui est derrière est épouvantable.

Mais imaginez cette même puissance vitale d'expression, avec l'inspiration venant de tout en haut — la plus haute inspiration possible, quand tous les cieux s'ouvrent à nous —, alors cela devient merveilleux. Il y a certaines choses de César Franck, il y a certaines choses de Beethoven, certaines choses de Bach, il y en a d'autres aussi qui ont cette inspiration et cette puissance. Mais c'est un moment, ça vient comme un moment, cela ne dure pas. Vous ne pouvez pas prendre toute l'œuvre d'un artiste comme située à ce niveau-là. L'inspiration vient comme un éclair ; quelquefois elle dure assez longtemps, quand l'œuvre se tient, et quand ça, c'est là, alors cela produit le même effet, c'est-à-dire, si vous avez un esprit attentif et concentré, tout d'un coup cela vous soulève, ça soulève toutes vos énergies, c'est comme si l'on vous ouvrait la tête comme cela, et cela vous lance en l'air dans des hauteurs extraordinaires et des lumières magnifiques. Cela produit en quelques secondes l'effet que l'on obtient avec tant de difficultés par des années de yoga. Seulement, généralement, après on peut tomber, parce qu'il n'y a pas la base de la conscience ; on a l'expérience et après on ne sait même pas ce qui est arrivé. Mais si l'on est préparé, si justement on a préparé sa conscience par le yoga et que cela vous arrive, c'est presque une chose définitive.

But imagine this very vital power of expression, with the inspiration coming from on very high—the highest inspiration possible, when the whole heaven opens before us—then that becomes wonderful. There are certain things in Cesar Franck, certain things in Beethoven, certain things in Bach, there are others also who have this inspiration and power. But it is only a moment, it comes as a moment and does not last. You cannot take the entire work of an artist as being on that level. The inspiration comes like a flash, sometimes it lasts sufficiently long, then the work stands together, and when tills thing is there, the same effect is produced, that is to say, if you are attentive and concentrated, that lifts you up at once, lifts up all your energies, it is as though someone opened out your head and you were hurled into the air to tremendous heights and magnificent lights. It produces in a few seconds results that are obtained with so much difficulty and so many years of Yoga. Only, in general, one may fall down afterwards, because the consciousness is not there as the basis. You have the experience and afterwards you do not even know what had happened. But if you are prepared, if you have indeed prepared your consciousness by yoga and then the thing happens in that case it is a definitive thing.

 

What makes the great difference between European and Indian music. Is it the origin or the expression?

  

 It is both but in an inverse sense.

 This very high inspiration comes rarely in European music; rare also is the psychic origin, very rare. Either it comes from very high or it is vital. The expression is almost always, except in a few rare cases, a vital expression—interesting, powerful. Most often, the origin is purely vital. Sometimes it comes from the very top, then it is wonderful. Sometimes it is psychic, particularly in what has been religious music, but this is not very frequent.

 Indian music, almost always, when it is good musicians, has a psychic origin; for example, the ragas have a psychic origin, they come from the psychic. The inspiration does not often come from above. But Indian music is very rarely dressed with a strong vital. It has rather an inner and intimate origin. I have heard a great deal of Indian music, a great

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Qu'est-ce qui fait cette grande différence entre la musique européenne et la musique indienne c'est l'origine ou l'expression ?

 

Ce sont les deux, mais en sens inverse.

Cette très haute inspiration n'arrive que rarement dans la musique européenne ; rarement aussi il y a une origine psychique, très rarement, Ou bien cela vient de très haut, ou bien c'est vital. L'expression est presque toujours, à part quelques cas très rares, une expression vitale — intéressante, puissante. La plupart du temps, l'origine est purement vitale. Quelquefois cela vient de tout en haut, alors c'est merveilleux. Quelquefois c'est psychique, surtout dans ce qui a été une musique religieuse, mais ce n'est pas très fréquent.

La musique indienne, presque toujours, quand ce sont de bons musiciens, a une origine psychique, par exemple les râga ont une origine psychique, cela vient du psychique. L'inspiration ne vient pas souvent de plus haut. Mais la musique indienne est très rarement revêtue d'un vital puissant. C'est plutôt d'origine intérieure et intime. J'ai entendu beaucoup de musique indienne, beaucoup, j'ai rarement entendu de la musique indienne qui ait une puissance vitale, très rarement ; peut-être. pas plus de quatre ou cinq fois. Mais très souvent, j'ai entendu de la musique indienne qui avait une origine psychique ; elle se traduit presque directement dans le physique. Et vraiment il faut alors se concentrer, et comme c'est — comment dire ? — très mince, très ténu, qu'il n'y a pas ces vibrations vitales intenses, on peut très facilement glisser là-dedans et remonter à cette origine psychique de la musique. Cela vous fait cet effet, c'est une espèce de transe extatique, comme d'une intoxication. Cela vous fait un peu entrer en transe. Alors, si on écoute bien et qu'on se laisse aller, on va comme cela et on glisse, on glisse dans une conscience psychique. Mais si on reste seulement dans la conscience extérieure, c'est tellement mince qu'il n'y a aucune réponse du vital ; cela vous laisse plat comme tout. Quelquefois, il y avait une force vitale, alors cela devenait  bien... Moi, j'aime beaucoup cette musique-là, cette espèce de thème qui se développe en un jeu. C'est très essentiellement musical, le thème; et alors il se développe avec des variations, d'innombrables variations, et c'est toujours le même thème qui se développe d'une façon ou de l'autre. Il y avait des musiciens qui étaient vraiment musiciens, en Europe, et ils

deal; I rarely heard Indian music having vital strength, very rarely, perhaps not more than four or five times. But very often I have heard Indian music having a psychic origin, it translates itself almost directly into the physical; and truly one must then concentrate oneself; and as it is,—how to say—very thin, very tenuous; there are none of these intense vital vibrations, one can easily glide within and rise up to the psychic origin of the music. It makes that effect on you, it is a kind of ecstatic trance, as though of an intoxication. It makes you somewhat enter into trance. Then if you listen well and let yourself go, then you move on and glide, glide into a psychic consciousness. But if you remain only in the external consciousness, the thing is so thin that there is no response from the vital, it leaves you altogether flat. Sometimes, there was a vital force, then it became quite good.. .1 myself like this music very much, this kind of theme developing into a play. The theme itself is essentially very musical: then it develops with variations, innumerable variations, and it is always the same theme which develops in one way or another. In Europe there were musicians who were truly musicians and they too had the thing: Bach had it, he used to do in the same way, Mozart had it, his music was purely musical, he had no intention of expressing any other thing, it was music for the sake of music. But this manner of taking a certain number of notes in a certain relation (they are variations though almost infinite) personally I find it wonderful to put you in repose and you enter deep within yourself. And then, if you are ready, it gives you the psychic consciousness: something that withdraws you from the external consciousness, which makes you enter elsewhere, enter within yourself.

 

Under what form does music appear in the great composers ? That is to say, is it only melody that comes or is it what one hears ?

 

 But this depends on the musician. It is just what I was saying. For example, here in India, the science of harmony does not exist much, so the thing is translated by melody. As soon as the vital intervenes there comes a harmonic complexity in the music. That gives it a richness, a fullness which it did not have.

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avaient cela aussi : Bach avait cela, il faisait des choses comme cela; Mozart avait cela, sa musique était purement musicale, il n'avait pas l'intention d'exprimer autre chose, c'était de la musique pour la musique. Mais cette façon de prendre un certain nombre de notes dans une certaine relation (ce sont comme des variations presque infinies), moi, je trouve cela  merveilleux pour vous mettre au repos, et vous entrez au-dedans profondément. Et alors, si vous êtes prêt, cela vous donne la conscience psychique: quelque chose qui vous fait reculer de la conscience extérieure, qui vous fait entrer autre part, entrer au-dedans.

 

Sous quelle forme la musique se manifeste-t-elle chez les grands compositeurs ? C'est-à-dire, est-ce seulement la mélodie qui vient, ou bien ce que l'on entend ?

 

Mais cela dépend du musicien. C'est justement ce que je disais. Par exemple, ici dans l'Inde, la science harmonique n'existe pas beaucoup, alors cela se traduit par la mélodie. Dès que le vital intervient, il y a une sorte de complexité harmonique qui se produit dans la musique. Cela lui donne une richesse, une plénitude qu'elle n'avait pas trouvée.

 

Mais c'est la mélodie qui vient ?

 

Non, c'est la musique, et la musique n'est pas nécessairement une mélodie. C'est une relation de sons qui n'est pas nécessairement mélodique. La mélodie fait partie de cette relation de sons.

 

"Quand votre résolution a été prise, quand vous avez décidé que votre vie entière serait consacrée au Divin, il vous reste encore à vous en souvenir à chaque moment et à la mettre à exécution dans tous les détails de votre existence. Vous devez sentir à chaque pas que vous appartenez au Divin : vous devez avoir constamment l'expérience que dans tout ce que vous pensez et faites, c'est toujours la Conscience Divine qui agit à travers vous."

(Ibid., p. 31)

But is it the melody that comes?

  

 No, it is the music, and music is not necessarily melody. It is a relation of sounds which is not necessarily melodic. Melody forms part of this relation of sounds.

 

"When the resolution has been taken, when you have decided that the whole of your life shall be given to the Divine, you have still at every moment to remember it and carry it out in all the details of your existence. You must feel at every step that you belong to the Divine; you must have the constant experience that, in whatever you think or do, it is always the Divine Consciousness that is acting through you"

(Conversations with the Mother IV)

 

When one is conscious does one perceive the Divine in His form in everything ?

 

 Oh! you expect to see a divine form in everything?...I do not know, that may happen. But I have the feeling that a large portion of it is imagination, because it is not like that. You change consciousness, you change the status of consciousness, you change the status of perception.

 If I understand well what you mean to say, you expect to see a form, like, for example, the form of Krishna or the form of Christ, of Buddha in every person? That seems to me childishness. But after all, I do not say that it cannot happen, I think it must happen. But there is in it much of human consciousness added to the perception, otherwise that would not be what I have said just now, that is, for those who have the consciousness of the Divine, when they are in contact with the Divine, whoever they may be, whatever age, whatever country they may belong to, the experience is the same. Whereas if it were, as you say, the Indians would see one of their divinities, the Europeans one of theirs, the Japanese one of their own and so on. It would no more be a pure perception, there would be an addition of their own mental formation. It is no more the Thing in its essence and purity, which is beyond all form.

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Est-ce que, quand on est conscient, on perçoit le Divin dans sa forme en toute chose ?

 

Oh ! c'est-à-dire que tu t'attends à voir une forme divine dans; chaque chose !... Je ne sais pas, cela peut arriver. Mais j'ai l'impression qu'il y a une grande partie d'imagination là-dedans, parce que ce n'est pas comme cela. On change de conscience — on change d'état de conscience et on change d'état de perception.

Si je comprends bien ce que tu veux dire, tu t'attends à voir une forme, comme par exemple la forme de Krishna, ou la forme du Christ, du Bouddha, dans chaque personne ? Cela me paraît être un enfantillage. Mais enfin, je ne dis pas que cela ne puisse pas se produire. Je pense que cela doit se produire. Mais là-dedans, il y a beaucoup de la conscience humaine  ajoutée à la perception, parce que ce ne serait plus justement ce que je viens de vous dire : pour ceux qui ont la conscience du Divin, quand ils ont le contact avec le Divin, qui que ce soit, à quelque époque qu'ils appartiennent, à quelque pays qu'ils appartiennent, l'expérience est la même. Tandis que si c'était comme tu le dis, les Hindous verraient une de leurs divinités, les Européens une de leurs divinités, les Japonais une de leurs divinités, et ainsi de suite. Alors ce ne serait plus une perception pure, il y aurait déjà une addition de leur propre formation mentale. Ce n'est plus la Chose dans son essence et sa pureté, qui est au-delà de toute forme.

Mais on peut avoir une perception, et une perception très concrète de la Présence Divine, oui. On peut avoir un contact très personnel avec le Divin, oui. Mais pas comme cela. Et c'est inexprimable, excepté pour ceux qui ont eu l'expérience. Si l'on n'a pas une expérience, je pourrais vous en parler pendant des heures, vous n'y comprendriez rien ; cela échappe à toute explication. Ce n'est que quand on a l'expérience qu'on peut comprendre.

Et que voulez-vous, quand on parle des choses ou quand on écrit sur les choses, nécessairement il y a une addition mentale, autrement on ne pourrait pas parler et on ne pourrait pas écrire. Eh bien, cette addition mentale fait que chacun a tâché de donner une explication à son expérience, et alors ils ont dit ou écrit des choses comme cela: "Je vois les images de Dieu". Ce sont des façons de parler. Il se peut que la chose dont tu parles arrive : d'être tout d'un coup dans un état et de voir une

But one may have a perception, and a very concrete perception of the Divine Presence, yes, one may have a very personal contact with the Divine, yes. But not like that. It is inexpressible, except for those who have had the experience you do not have an experience, I could speak to you for hours, you would understand nothing, it escapes all explanation. It is only when you have an experience that you can understand.

 But there is no help. When you speak or write about things, there is necessarily a mental addition, otherwise you would not be able to speak, you would not be able to write. Well, it is this mental addition that has made everyone try to give an explanation of his experience, and then they wrote or spoke things like that: "I see images of God". These are ways of saying. Not that the thing you say may not happen: to be in a particular state and see a Divine Presence and this Presence may even take the form familiar to you—one is accustomed to associate certain forms with the Divine, according to one's education, tradition and that takes an external form. But it is not the supreme essence of the experience, it is the form, and that gives a sort of restriction to the experience, that takes away from it its universality and a large portion of its power.

  

Obviously, what has happened had to happen, it would not have happened, if it had not been intended. Even the mistakes that we have committed and the adversities that befell us had to be; because there was some necessity in them, some utility for our lives. But in truth these things cannot be explained mentally and should not be. For all that happened was necessary, not for any mental reason, but to lead us to something beyond what the mind imagines. But is there any need to explain after all? The whole universe explains everything at every moment and a particular thing happens because the whole universe is what it is.

(Conversations with the Mother IV)

 

How does the universe explain at every moment the universe ?

  

 It is not what I said. If you want an explanation of something, it is the universe that explains this something. And all is explained by the all. You can explain nothing except by the whole universe and the whole universe

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Présence Divine et que cette Présence prenne une forme qui vous est familière — on est habitué à associer certaines formes avec le Divin, par suite de l'éducation, de la tradition, et cela prend une forme extérieure. Mais ce n'est pas l'essence suprême de l'expérience, c'est la forme, et cela doit donner une sorte de restriction à l'expérience, cela doit lui enlever son universalité et une grande partie de sa puissance.

 

"De toute évidence-, ce qui est arrivé devait arriver ; cela 'n'aurait  pas pu être si cela n'avait pas dû être. Même les erreurs que nous avons commises et les adversités qui sont tombées sur nous, devaient être ; car il y avait en elles quelque nécessité, quelque utilité pour nos vies. Mais à dire vrai, de semblables choses ne peuvent ni ne doivent être expliquées mentalement. Car tout ce qui arrive est nécessaire, non pour quelque raison mentale, mais pour nous conduire bien au-delà de tout ce que le mental peut imaginer. Et est-il nécessaire d'expliquer, après tout ? L'univers tout entier explique toute chose à chaque moment, et une chose particulière arrive parce que l'univers dans son ensemble est ce qu'il est."

(Ibid., p. 37)

Comment l'univers explique-t-il à chaque moment l'univers ?

 

Ce n'est pas ce que j'ai dit. Si tu veux une explication de quelque chose, c'est un univers qui explique ce quelque chose ; et toute chose s'explique par toute chose ; et tu ne peux rien expliquer excepté par l'univers tout entier, et l'univers tout entier s'explique par toute chose... Tu peux voir : si tu lis toutes les explications qui sont données dans toute les sciences, toutes les connaissances humaines, toujours on explique une chose par une autre, et si l'on veut expliquer l'autre on l'explique par une autre, et si l'on veut expliquer l'autre on l'explique encore par une autre. On continue ainsi et on va faire le tour de l'univers pour expliquer une chose. Seulement, généralement, les gens sont fatigués au bout d'un moment, ils acceptent la dernière explication et ils s'en tiennent là. Autre ment, s'ils continuaient pour trouver une explication, il faudrait faire le tour de tout, et on reviendrait toujours au même point. Les choses sont comme cela parce qu'elles sont comme cela, parce qu'elles devaient être

is explained by all... Just see: if you read all the explanations given in all the sciences, all the branches of human knowledge; everywhere one thing is explained by another, and if you want to explain this other you explain it by yet another and if you want to explain this one too, you explain it by yet another. So you continue and you go round the universe to explain one thing. Only in general people get tired after a time and they accept the last explanation and stick to it. Otherwise, if they continued to find an explanation, they would have to make a tour round all and come back to the same point. Things are so, because they are so, because they had to be so, otherwise they would not be. Things are so, because they are as they are. And no doubt is possible, that indeed is the supreme wisdom.

 

Is there not a physical law that is able to explain everything in the universe ?

 

 Find out, I will be very glad.

  

Can it be found by science ?

 

 Yes, if it moves in a very definite direction, if it progresses sufficiently, if it does not stop on the way, they will find the same thing as that found by the mystics, by all religious people, by everybody, because there is only one thing to find, there are no two. There is only one. So you can go a long way, you can turn round and round and round, and if you turn and turn sufficiently long without stopping, you will be obliged to come to the same spot. Once you come there, you feel as though there is nothing at all to find. As I just now told you, there is nothing to find. It is that, the power.1 It is that, that is all. It is so.

  

 1 Later on, a disciple asked Mother what she meant by, "It is that, the power". Mother answered, "Yes they will find the same thing as found by the mystics, as found by the religious people, as found by everybody—it is that, the power. It is that which one finds, it is Power. And to That, essentially, you can give neither a name nor a definition.. .it is now the big quarrel about Auroville: in the Charter I put the "Divine Consciousness" (to live in Auroville one must be a "willing servitor of the Divine Consciousness"), but they say: it makes you think of God ; I said (laughing) as for me, it does not make me think of God... So some translated as "the highest consciousness", others put other things. I agreed with the Russians to put "perfect Consciousness", but it is an approximation. .. it is That—you can neither name nor define—it is the supreme Power. It is Power that one finds. And the supreme Power is only an aspect: the aspect concerning the creation.

 Vide Notes on the Way, March 13,16,1968.  

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comme cela, autrement elles ne seraient pas. Les choses sont comme cela parce qu'elles sont comme elles sont. Il n'y a pas de doute. Et cela, c'est vraiment une sagesse suprême.

 

N'y a-t-il pas une loi physique qui puisse expliquer toute chose dans l'univers ?

 

Trouve-la, je serais très contente.

 

Est-ce que Von peut trouver par la science ?

 

Oui, si elle s'en va dans une direction très définie, si elle progresse suffisamment, si elle ne s'arrête pas en route, ils trouveront la même chose que les mystiques ont trouvée, que les gens religieux ont trouvée, que tout le monde a trouvée, parce qu'il n'y a qu'une chose à trouver et il n'y en a pas deux. Il n'y en a qu'une. Alors on peut faire beaucoup de chemin, on peut tourner et tourner et tourner, et si l'on tourne assez longtemps sans s'arrêter, on est obligé d'arriver au même endroit. Une fois que l'on est arrivé là, on a l'impression qu'il n'y a rien à trouver du tout. Comme je viens de dire, il n'y a rien à trouver. C'est cela, le pouvoir.1 C'est cela, c'est tout. C'est comme cela.

Encore une question ?

 

1 Plus tard, un disciple a demandé à Mère ce qu'elle entendait par "c'est cela, le pouvoir". Mère a .répondu : "Oui, ils trouveront la même chose que les mystiques ont trouvée, que les religieux ont. trouvée, que tout le monde a trouvée — c'est cela, le pouvoir. C'est ce qu'on trouve qui est le pouvoir. Et Ça, essentiellement, on ne peut pas lui donner un nom ni une définition... C'est la grande querelle maintenant à propos d'Auroville : moi, dans la "charte", j'ai mis "Conscience Divine" (pour séjourner à Auroville, il faut être le "serviteur volontaire de la Conscience Divine"), alors ils disent:   cela fait penser à Dieu. J'ai dit (riant): moi, cela ne me fait pas penser à Dieu !... Alors les uns traduisent "la plus haute conscience", les autres mettent autre chose. Je suis tombée d'accord avec les Russes pour mettre "Conscience parfaite", mais c'est une approximation... Et c'est Cela — qu'on ne peut pas nommer et qu'on ne peut pas définir — qui est le Pouvoir suprême. C'est le pouvoir qu'on trouve. Et le Pouvoir suprême est seulement un aspect : l'aspect qui concerne la création." (Voir Notes sur le Chemin des 13 et 16 mars 1968)

A question still?

 

Can the Divine withdraw from us ?

 

 That is an impossibility. Because if the Divine withdrew from a thing, that thing would immediately collapse, it would not exist. To say more clearly : The Divine is the only existence.1

 If the Divine withdrew, it would mean that He would withdraw from the universe, there will be no more universe (it is an image to make you understand the thing, I speak of an impossibility.) Human beings may withdraw from the Divine and they do it very often; but the Divine withdrawing from human beings is an impossible thing.

 

By following the way of music and art or any other thing does not one arrive at the realisation and the transformation ?

 

 Who has told you that? Do you know whatever is happening in you? Don't you believe that there are many people who have realised the Divine, who spoke nothing of it, knew nothing of it?2 There are people who have spoken—philosophers, whose very profession necessarily is to express what happened to them, but there are people who had experiences but never said anything. And I know there are artists who purely by their art arrived at the divine realisation.

  

 1 At the time of the publication of this talk. Mother added: "Now I would have answered: it is as if you asked whether the Divine could withdraw from Himself ! (Mother laughs'). Well, that is the trouble; when you say Divine they understand God.... But there is only That, That alone exists. That, what is it ? That alone exists.

 Vide Notes on the Way, March 13, 1968.

 2 The disciple asked the Mother how could one realise the Divine and know nothing of it ? The Mother answered : it is once more the same thing. One might add : "and know nothing of it mentally". They were not saying : "I have realised the Divine", because that did not correspond to any mental conception

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Est-ce que le Divin peut se retirer de nous ?

 

C'est une impossibilité. Parce que si le Divin se retirait de quelque chose, immédiatement cela s'écroulerait, parce que cela n'existerait pas. Pour dire plus clairement : Il est la seule existence.1

Si le Divin se retirait, cela voudrait dire qu'il se retirerait de l'univers, il n'y aurait plus d'univers (c'est une image pour faire comprendre la chose : je parle d'une impossibilité). Les êtres humains peuvent se retirer du Divin, et ils le font assez souvent. Mais que ce soit le Divin qui se retire des êtres humains, c'est une impossibilité.

 

Pourquoi, en suivant le chemin de la musique ou de l'art, ou d'autre chose, ne peut-on pas arriver à la réalisation divine et à la transformation ?  

 

Qui vous a dit cela ? Vous savez tout ce qui se passe en vous? Vous ne croyez pas qu'il y a beaucoup de gens qui ont réalisé le Divin, qui n'en ont jamais rien dit et qui n'en savaient rien ?2 Il y a des gens qui l'ont dit — des philosophes, dont c'est nécessairement la profession d'exprimer ce qui leur est arrivé. Mais il y a des gens qui ont eu des expériences, qui n'ont jamais rien dit ; et je sais qu'il y a des artistes qui par leur art, purement, sont arrivés à la réalisation divine.

Mais quant à la transformation, je serais contente si vous pouviez me montrer un exemple. Je serais contente de le voir. Un exemple. Quel que chemin que l'on suive, que ce soit le chemin religieux, le chemin philosophique, les chemins yoguiques, le chemin mystique, personne n'a réalisé une transformation.

 

1 Au moment de la publication de cet entretien. Mère a ajouté ceci : "Maintenant, j'aurais répondu : c'est comme si tu demandais si le Divin pouvait se retirer de Lui-même ! (Mère rit) C'est cela, le malheur, c'est que l'on dit "Divin" et ils comprennent "Dieu"... Il n'y a que Ça : Ça seul existe. Ça, quoi ? Ça seul existe !" (Voir Notes sur le Chemin du 13 mars 1968)

2 Un disciple a demandé à Mère comment on pouvait réaliser le Divin et n'en rien savoir. Mère a répondu : "C'est encore la même chose. On pourrait ajouter : "Et qui mentalement n'en savaient rien". Ils ne disaient pas : "J'ai réalisé le Divin" parce que cela ne correspondait à aucune conception mentale."

As for transformation, I would be glad if you could show me an instance; I would be glad to see it. One example. Whatever way one follows, whether it is the religious way, the philosophical way, the yogic ways, the mystic way, none has realised transformation.

  

Since art does not arrive at transformation, it is not of much value !

 

 But who has ever reached there till now, will you tell me ? Neither philosophy, nor religion, nor yoga. you put the value in realisation and in the transformation of the world, for example, one single individual transformation, admitting that it is possible, and I do not believe it, then nothing has any value, because nothing has yet reached there till now, don't you understand?

  

Yes, I understand that.

 

 Then why do you say all at once that art has no value? Nothing has any value, because nothing has led towards that? But everything helps; the whole universe is helping the transformation.

  

But it may happen that the artist when he has reached a certain height where he is master of his art, must stop his job to proceed towards the transformation of his life?

 

 Why? For the transformation of his life ? Who has told you that? you were doing a manual work, there are any number of artists who had wonderful conversion. There is the example of a shoe-maker who became one of the greatest Yogis of the world. It does not depend on what one does, happily! You must sit in meditation, like that, with an orange robe on, under a tree, to be able to realise the Divine?

 So I do not understand anything of what you say.  

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Puisque l'art n'arrive pas à la transformation, cela n'a pas grande valeur !

 

Mais qui est-ce qui y est jamais arrivé jusqu'à présent ? Voulez-vous me le dire ? Ni la philosophie, ni la religion, ni le yoga. Si vous mettez la valeur dans la réalisation et la transformation du monde, par exemple une seule transformation individuelle, en admettant que ce soit possible, et je ne crois pas, alors rien n'a aucune espèce de valeur, parce que jamais rien n'est arrivé là jusqu'à présent. Comprenez pas ?

 

Oui, cela je comprends.

 

Alors pourquoi tout d'un coup dites-vous que l'art n'a pas de valeur? Rien n'a de valeur parce que rien n'a mené vers cela ? Mais tout aide. L'univers tout entier aide à la transformation.

 

Mais il peut arriver qu'après avoir atteint une hauteur où il est le maître de son art, l'artiste doive arrêter son métier pour procéder à la transformation de sa vie ?  

 

Pourquoi ? Pour la transformation de sa vie ? Qui vous a dit cela ? Si vous faisiez un travail manuel, il y a eu nombre et nombre d'artistes qui ont eu une conversion merveilleuse. On a l'exemple d'un cordonnier qui est devenu l'un des plus grands yogi du monde. Cela ne dépend pas de ce que l'on fait, heureusement ! Il faudrait s'asseoir en méditation, comme cela, avec une robe orange, sous un arbre, pour pouvoir réaliser le Divin?

Alors je ne comprends pas du tout ce que vous dites.

 

Il peut arriver un moment où il faut changer d'activité ?

 

Mais par n'importe quel chemin, si vous le suivez assez sincèrement et d'une façon assez constante, vous arrivez, par n'importe quel chemin — je vous dis, vous pouvez faire des chaussures et trouver le Divin. Il y a eu des exemples illuminants, qui sont incontestables. Peu importe ce que l'on fait. Il y a des exemples nombreux de gens qui faisaient du jardinage,

There may come a time when one must change one's activity ?

  

 In any path whatever, if you follow it sincerely and constantly to a sufficient degree, you arrive, by any path whatsoever—I tell you, you make shoes and find the Divine. There are illuminating examples, that are unconstestable. It matters little what one does. There are numerous examples of people who were doing gardening, or cultivating and who found the Divine while they were working physically; they had no need to stop their work to do this. You do not understand? You believe one must have, what—a philosophical knowledge?

  

No, it is not that., but I do not know how to express myself...

  

 No, I understand very well what you mean to say, but excuse me it is a stupidity.

 *

 **

 

June 3, 1953

 

"Freedom and fatality, liberty and determinism are truths that obtain on different levels of consciousness."

 (Conversations with the Mother IV)

 

What are these different levels of consciousness?

 

But I have explained it later on. All that follows is the explanation.

I have already spoken to you of the different planes of consciousness. Well, on the material plane, purely material (separating it from the vital plane), it is an absolute mechanism where all things are linked together as sequences, and as I said the other day, if you want to find the cause of one thing or what is the result of a thing, you will find another and yet an"  

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qui cultivaient, et qui ont trouvé le Divin, tout en travaillant matériellement ', ils n'avaient pas du tout besoin d'arrêter leur travail pour le faire. Vous ne comprenez pas ? Vous croyez qu'il faut avoir quoi?—Une connaissance philosophique ? j

 

Non, ce n'est pas cela, mais je ne sais pas comment m'exprimer...

 

Non, je comprends très bien ce que vous voulez dire, mais excusez-moi, c'est une sottise.

 

*

**

Le 3 juin 1953

 

"La liberté et la fatalité, le libre-arbitre et le déterminisme sont des vérités qui appartiennent à des états de conscience différents."

(Entretiens 1929, p. 40)

Quels sont ces états de conscience différents ?  

 

Mais je l'ai expliqué après. Tout ce qui suit est l'explication.

Je vous ai déjà parlé de différents plans de conscience. Eh. bien, dans le plan matériel, purement matériel (si on le sépare du plan vital), c'est un mécanisme absolu où toutes les choses s'enchaînent en conséquence les unes des autres ; et comme je le disais l'autre jour, si vous voulez trouver quelle est la cause d'une chose, ou quel est le résultat d'une chose, vous en trouverez une autre et encore une autre, et vous ferez tout le tour de l'univers. Et c'est comme cela, tout est absolument mécanisé. Seulement, dans ce plan purement matériel peut intervenir — et en fait intervient déjà dans la nature végétale — le plan vital. Le plan vital a entièrement un autre déterminisme, un déterminisme qui lui est propre. Mais quand vous faites entrer le déterminisme vital dans le déterminisme physique, cela fait une sorte de combinaison qui change tout. Et au-dessus du plan vital, il y a le plan mental. Le plan mental aussi a son déterminisme propre où toutes les choses s'enchaînent d'une façon rigoureuse.

other and you will make a tour round the universe; it is like that, all is absolutely mechanised. Only, in this purely material plane, there can intervene the vital plane and it already does intervene in the vegetable nature. The vital plane has an altogether different determinism, its own determinism. But when you introduce the vital determinism into the determinism of the physical, that produces a kind of combination that changes everything; and above the vital plane there is the mental plane. The mental plane also has its own determinism where things are linked together rigorously.

But that is the movement that you may call "horizontal". you take a vertical movement, the mental descending into the vital and the vital descending into the physical, you have three determinisms that intervene and naturally produce something altogether different. Where the mental intervenes the determinism will be necessarily different from the one where it does not intervene. That is to say, in the higher animal life there is already a mental determinism which intervenes and is altogether different from the determinism of the vegetable plane.

 Above these planes there are others—above each plane there are others, following one another till the highest plane. The highest plane is the plane of absolute freedom. And if you are able in your consciousness to pass through all these planes, so to say, in a vertical line, and reach the highest plane, and by means of this connection, can bring down perfect freedom into the material determinisms, you change everything. And all the intermediaries change the whole thing. Then because of the very changes from level to level it gives the appearance of complete freedom;  because the intervention or descent of one plane into another has unforeseen consequences for the other plane, the lower plane. The higher plane can foresee, but the lower ones cannot. Therefore since these consequences are unforeseeable, that gives wholly the impression of the unexpected, of freedom. And if only you remain consciously and constantly on the highest level, that is to say, the supreme Consciousness, then there you can see that all is determined absolutely but at the same time because of the complexity of the interlinking of these determinisms, all is absolutely free. It is the Plane where there are no more contradictions, where all things are and are in harmony without contradicting one another.

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Mais cela, c'est le mouvement que vous pourriez appeler "horizontal". Si vous prenez un mouvement vertical et que le mental descende dans le vital et que le vital descende dans le physique, voilà trois déterminismes qui vont intervenir, et qui naturellement produisent quelque  chose de tout à fait différent. Et là où le mental est intervenu, le déterminisme sera nécessairement dînèrent de l'endroit où il n'intervient pas; c'est-à-dire que dans la vie animale supérieure, il y a déjà un déterminisme mental qui intervient et qui est tout à fait différent des déterminismes du plan végétal.

Au-dessus de ces plans, il y en a d'autres — au-dessus de chaque plan il y en a d'autres, ainsi de suite jusqu'au plan suprême. Le plan suprême, c'est le plan de la liberté absolue. Si vous êtes capable dans votre conscience, de traverser tous ces plans, pour ainsi dire en une ligne verticale, et d'aller jusqu'au plan suprême, et par cette connexion de faire descendre ce déterminisme de liberté parfaite dans les déterminismes matériels, vous changez tout. Et tous les intermédiaires changent tout. Alors à force de changements de plan en plan, cela donne tout à fait l'apparence de la liberté complète; parce que l'intervention ou la descente d'un plan dans un autre a des conséquences imprévisibles pour l'autre plan, pour le plan inférieur. Le plan supérieur peut prévoir, mais les plans inférieurs ne le peuvent pas. Alors comme ces conséquences sont imprévisibles, cela donne tout à fait l'impression de l'inattendu et de la liberté. Et ce n'est que si vous restez d'une façon consciente et cons tante dans le plan le plus élevé, c'est-à-dire la Conscience suprême, que là vous pouvez voir que, à la fois, tout est absolument déterminé mais que, par la complexité de l'enchevêtrement de ces déterminismes, tout est absolument libre. C'est le Plan où il n'y a plus de contradictions, où toutes les choses sont, et sont en harmonie sans se contredire.

 

Dans les plans inférieurs, on ne peut pas dire ce qui arrivera à un moment ?

 

Cela dépend. Il y a des plans où se trouvent les consciences qui for ment, qui font des formations et qui essayent de les faire descendre sur la terre et de les manifester. Ce sont les plans où il y a les grands jeux de

In the lower planes one is not able to say what will happen at a particular moment ?

 

That depends. There are planes where exist the consciousnesses that build, that build the formations and try to send them down upon earth and manifest them. These are planes where the great forces are at play, the forces struggling with each other to organise things in one way or another. On these planes all the possibles are there, all the possibles that present themselves but have not yet come to the decision as to which one is to come down.... Suppose a plane full of the imaginations of people who want certain things to be realised upon earth—they invent a novel, they narrate stories, they produce all kinds of phenomena, it amuses them very much. It is a plane of form-makers and they are there to imagine all kinds of circumstances and events ; they play with the forces ; they are like the authors of a theatrical piece and they prepare everything there and see what is going to happen. All these formations are facing each other, and it is those that are the strongest, the most successful or the most persistent or those that have the advantage of a favourable set of circumstances which dominate. They meet and out of the conflict some other thing results; you lose one thing and take up another, you make a new combination; and then all on a sudden, you find, pluff! it is coming down. it comes down with a sufficient force, it sets moving the earth atmosphere and things combine; as for example, if you give a blow with your fist into the saw-dust, you know surely how to do it? You lift your hand, give a formidable blow : all the dust organises around your fist. Well, it is like that. These formations come down into matter with such force, and everything organises itself automatically, mechanically as around the blow of the fist. And your organisation is about to realise itself, sometimes with small deformations because of the resistance, but it will realise itself finally, even as the person narrating the story up above wanted it more or less to be realised. then you are for some reason or other in the secret of the person who had constructed the story and if you follow the way in which he creates his path to reach the earth down here and if you see how a blow of the fist acts on earthly matter, then you will be able to tell what is going to happen, because you have seen it in the world above, and as it takes some time to make the whole journey, you see in advance. And the higher

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forces, de forces qui sont en lutte les unes avec les autres pour organiser les choses d'une manière ou de l'autre. Dans ces plans, sont tous les possibles, tous les possibles qui se présentent et qui ne sont pas encore arrivés à la décision de ce qui descendra... Supposez un plan qui soit plein de toutes les imaginations de gens qui veulent que certaines choses se réalisent sur la terre — ils inventent un roman, ils racontent des histoires, ils produisent toutes sortes de phénomènes, cela les amuse beaucoup. C'est un plan de formateurs, et ils sont là à imaginer toutes sortes de circonstances, d'événements ; ils jouent avec les forces , ils sont comme les auteurs d'une pièce de théâtre et ils préparent tout cela là et puis ils voient ce qui va se produire. Toutes ces formations sont en présence l'une de l'autre, alors ce sont celles qui sont les plus fortes, les mieux réussies ou les plus insistantes, ou celles qui ont l'avantage d'un concours de circonstances plus favorables, qui dominent. Elles se rencontrent, puis du conflit il résulte encore quelque chose d'autre : on perd une chose et on en prend une autre, on fait une nouvelle combinaison, et puis tout d'un coup, on trouve, ploff ! cela descend. Alors si cela descend avec une force suffisante, cela met en mouvement l'atmosphère terrestre et les choses se combinent, comme par exemple quand on donne un coup de poing dans la sciure de bois, vous savez comment cela fait, n'est-ce pas ? Vous prenez votre main, vous donnez un coup de poing formidable : tout s'organise autour de votre poing. Eh bien, c'est comme cela. Ces formations-là descendent avec cette force dans la matière, et tout s'organise automatiquement, mécaniquement autour du coup de poing. Et puis voilà que votre circonstance va se réaliser, quelquefois avec des petites déformations à cause de la résistance, mais enfin cela se réalisera comme la personne qui a raconté l'histoire là-haut, a voulu plus ou moins que cela se réalise. Alors, si vous êtes pour une raison quelconque dans les secrets de la personne qui a construit l'histoire, si vous suivez la façon dont elle crée son chemin pour arriver jusqu'à la terre, et si vous voyez comment un coup de poing agit sur la matière terrestre, alors vous pouvez dire ce qui va arriver, parce que vous avez vu dans le monde là-haut, et comme cela prend un peu de temps pour faire tout ce trajet, vous voyez d'avance. Et plus vous montez haut, plus vous prévoyez d'avance ce qui va se passer. Et si vous dépassez trop, si vous allez trop loin, alors tout est possible.

C'est un déroulement qui suit une grande route, qui est pour vous

you rise, the more you foresee in advance what is going to happen. And if you pass beyond, go still farther, then anything is possible.

 It is an unfolding that follows a highway but which is for us unknowable; because all will be unfolded in the universe, but in what order and in what way? There are decisions that are taken up there which escape our ordinary consciousness, then it is very difficult to foresee. But there also, if you enter consciously and if you can be present up there.... How to explain that? All is there, absolute, static, eternal:  but all these will unroll themselves in the material world, naturally more or less one after another, because in the static existence all can be up there, but in the becoming all become in time, that is to say, one thing after another. Well, what path will the unrolling follow? There up it is the domain of absolute freedom.... Who tells you that an aspiration sufficiently sincere, a prayer sufficiently intense is not capable of changing the path of the unrolling?

 It means that all is possible.

 Now, one must have a sufficient aspiration and a prayer sufficiently intense. But that has been given to human nature. It is the marvellous grace, one of its kind, given to human nature; only one does not know how to make use of it.

 This comes to mean that in spite of all most absolute determinisms in the horizontal line, if one can cross all these horizontal lines and reach the highest point of consciousness, one is able to change things that are in appearance absolutely determined. So you can call it by whatever name you like, but it is a kind of combination of an absolute determinism and an absolute freedom. You may pull yourself out of it in the way you like, but it is like that.

 I forgot to say in that book (perhaps I did not forget, I simply felt that it was not necessary to say it) that all these theories are only theories, that is to say, mental conceptions that are merely representations more or less imaging the reality; but it is not the reality at all. When you say "determinism" and when you say "freedom", you say only words and all that is a very incomplete, very approximate and very weak description of what is in reality within you, around you and everywhere; to be able to begin to understand how the universe is, you must come out of your mental formulas, otherwise you will never understand anything.  

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inconnaissable ; parce que tout se déroulera dans l'univers, mais dans quel ordre et de quelle façon ? Il y a des décisions qui se prennent là-haut qui échappent à notre conscience ordinaire, et alors c'est très difficile à prévoir. Mais là aussi, si vous entrez consciemment et que vous pouvez assister de là-haut... Comment vous expliquer cela ? Tout est là, d'une façon absolue, statique, éternelle , mais tout cela va se dérouler dans le monde matériel, naturellement plus ou moins une chose après l'autre, parce que dans l'existence statique tout peut être là, mais dans le devenir tout devient dans le temps, c'est-à-dire une chose après l'autre. Eh bien, quel chemin suivra le déroulement? Là-haut, c'est le domaine de la liberté absolue... Qui vous dit qu'une aspiration suffisamment sincère, qu'une prière suffisamment intense, n'est pas capable de faire changer le chemin du déroulement ?  

Cela veut dire que tout est possible.

Maintenant, il faut avoir l'aspiration suffisante et la prière suffisamment intense. Mais cela, c'est donné à la nature humaine. C'est l'uni de ces grâces merveilleuses qui est donnée à la nature humaine, seulement on ne sait pas s'en servir.

Ce qui revient à dire qu'en dépit des déterminismes les plus absolus en ligne horizontale, si l'on sait franchir toutes ces lignes horizontales et arriver jusqu'au Point suprême de la conscience, on est capable de faire changer les choses qui en apparence sont absolument déterminées. Alors vous pouvez appeler cela du nom que vous voulez, mais c'est une sorte de combinaison d'un déterminisme absolu avec une liberté absolue. Vous  vous en tirerez comme vous voulez, mais c'est comme cela.

J'ai oublié de dire dans ce livre (peut-être que je n'ai pas oublié, mais j'ai senti qu'il était inutile de le dire) que toutes ces théories ne sont que des théories, c'est-à-dire des conceptions mentales qui sont seulement des représentations plus ou moins imagées de la réalité ; mais ce n'est pas la réalité du tout. Quand vous dites le "déterminisme" et quand vous dites la "liberté", vous dites des mots, et tout cela n'est qu'une description très incomplète, très approchée et très affaiblie de ce qui est en vérité au-dedans de vous, autour de vous et partout ; et pour que vous puissiez commencer à comprendre comment est l'univers, il faut que vous sortiez de vos formules mentales, autrement vous ne comprendrez jamais rien

A dire vrai, si vous vivez seulement une petite minute, toute courte

To say the truth, if you live only a minute, quite a short minute of this absolutely sincere aspiration or this prayer of a sufficient intensity, you will know more things than by meditating for hours.

 

"The Supreme Consciousness gives to the individual in the active life of the world his sense of freedom and independence and initiative. These things in him are Her pragmatic tools or devices and it is through this machinery that the movements and issues planned and foreseen elsewhere are realised here."

(Conversations with the Mother IV)

 

These "things in him", that is to say, in the individual are: the sense of freedom, independence and initiative. You know what is independence? It is precisely the freedom of choice. Independence means the freedom of choice and initiative means the fact of choosing. First of all, one feels that one is free; then one feels that none can prevent him from choosing; and finally one uses his freedom of choosing and one decides, These are the three steps. So these three steps : the feeling that you are free, the idea that you are going to use this freedom for choosing and then the choice—these three things, I call them the pragmatic tools and devices.

I am sorry, my children, the thing is said in a form a little too philosophical which I do not now approve very much. I was obliged to speak a language which now appears to me a little too complicated. But what is to be done, it was like that. I was saying that these three things, the feeling of freedom, the will to choose and the choice made are the devices that Nature uses in ourselves to make us act, otherwise we would not move.

If we did not have this illusion that we are free, this second illusion that we can use our freedom for choosing and the third illusion of choosing, well, we would not move. Nature gives us these three illusions and makes us move, for she needs that we must move.

 Her, with a capital H, I said it was the Supreme Consciousness, but in fact it is Nature and it is the trick of Nature; for the Supreme Consciousness has no tricks, it is Nature that has tricks. The Supreme Consciousness simply enters into all things with all her consciousness, because  

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minute, de cette aspiration absolument sincère ou de cette prière d'une intensité suffisante, vous saurez plus de choses que si vous méditez pendant des heures.

 

"La Conscience Suprême donne à l'individu dans la vie active du monde, le sentiment de liberté, d'indépendance et d'initiative. Ces  choses en lui sont les instruments et les procédés pragmatiques dont Elle se sert et à travers lesquels les mouvements et les circonstances  prévus et décrétés ailleurs sont réalisés ici-bas:"

(Ibid., p. 39)  

 

Ces "choses en lui", c'est-à-dire dans l'individu, ce sont : le sentiment de liberté, d'indépendance et d'initiative. Tu sais ce que c'est que l'indépendance ? C'est justement la liberté de choix. L'indépendance, c'est la liberté de choix, et l'initiative, c'est le fait de choisir. D'abord, on sent qu'on est libre ; et puis on sent que personne ne peut vous empêcher de choisir , et finalement on use de sa liberté pour choisir et on décide. Ce sont les trois étapes. Et alors ces trois étapes : le sentiment que tu es libre, l'idée que tu vas te servir de ta liberté pour choisir, et puis le choix — ces trois choses, je les appelle les instruments et les procédés pragmatiques.

Je suis désolée, mes enfants, c'est dit dans des formes un petit peu trop philosophiques que je n'approuve pas beaucoup maintenant. J'étais obligée de parler un langage qui me paraît maintenant un peu trop compliqué. Mais enfin, c'était comme cela. Je disais que ces trois choses-là, ce sentiment de liberté, cette volonté de choisir, et le choix que l'on fait, ce sont les procédés dont la Nature se sert au-dedans de nous pour nous  faire agir, autrement on ne bougerait pas.  

Si nous n'avions pas cette illusion que nous sommes libres, cette seconde illusion que nous pouvons nous servir de notre liberté pour choisir, et cette troisième illusion de choisir, eh bien, nous ne bougerions pas.  Alors la Nature nous donne ces trois illusions et nous fait bouger, parce qu'elle a besoin que nous bougions.

Elle, avec "E" majuscule, j'ai dit que c'était la Conscience Suprême, mais en fait, c'est la Nature et c'est le truc de la Nature; parce que la  Conscience Suprême n'a pas de trucs, c'est la Nature qui a des trucs. La

it is the consciousness; and with that she seeks to move the inconscience towards consciousness, simply, without any trick. She has no need of tricks, She is everywhere. She is at work everywhere and she puts consciousness into unconsciousness. When you light a lamp in a dark room, as soon as you turn on the electricity, the room is no more dark. As soon as you put consciousness in, there is no more unconsciousness. That is what She does. Wherever She sees unconsciousness, she tries to enter. Sometimes the doors are closed by key, then it takes a little more time, but sometimes the doors open, then She rushes in immediately, the unconsciousness disappears and consciousness comes—without any need of tricks or any intermediaries. She becomes conscious. But material Nature, the physical Nature is not like that, she is full of tricks, she makes you move all the time, she pulls the puppet strings; for her you are so many little dolls: she pulls the strings and you are made to move. She puts all kinds of illusions in your head so that you may do the things that she wants, without even your wanting. She does not need that you should want : she pulls the string and you do it.

That is why sometimes we quarrel, but that we must not say.

 

You say here that we are "seized in the chain of Karma", but then sometimes when the Divine Grace acts, that contradicts...

 

 Wholly, the Divine Grace wholly contradicts Karma; That melts it as butter when put in the sun.

 That is what I was saying just now. What you have told me is another way of saying. I was putting myself in your place and asking:  There it is, if you have an aspiration sincere enough or a prayer intense enough, you can bring down in you Something that will change everything, everything—truly it changes everything. An example may be given that is extremely limited, very small, but which makes you understand things very well: a stone falls quite mechanically, say, a tile falls; if it gets loose, it will fall, does it not? but if there comes for example, a vital or mental determinism of someone who passes by and does not want the thing to fall and places his hand, it will fall on his hand, but it will not fall on the ground. So he has changed the destiny of the stone or the tile. Another

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Conscience Suprême, tout simplement Elle entre en toute chose avec toute sa conscience, parce que c'est la conscience ; et avec cela, Elle essaie de faire mouvoir toute cette inconscience vers la conscience, simplement, sans trucs. Elle n'a pas besoin de trucs : Elle est partout. Elle  agit partout et Elle met la conscience dans l'inconscience. Quand on allume une lampe dans une chambre sombre, dès qu'on tourne l'électricité, la chambre n'est plus sombre. Dès qu'on met la conscience, il n'y a plus d'inconscience. Alors c'est ce qu'Eue fait. Partout où Elle voit l'inconscience. Elle essaye d'entrer. Quelquefois les portes sont fermées à clef, alors cela prend un peu plus longtemps, mais quelquefois les portes s'ouvrent, alors Elle se précipite immédiatement, l'inconscience disparaît et la conscience vient — sans besoin d'aucun truc ni d'aucun intermédiaire. Elle devient consciente. Mais la Nature matérielle, la Nature physique n'est pas comme cela, elle est pleine de trucs. Elle vous fait marcher tout le temps, elle tire les fils des marionnettes ; pour elle, vous êtes autant de petits pantins : on tire les fils et puis on les fait mouvoir. Elle vous met toutes sortes d'illusions dans la tête pour que vous fassiez les choses qu'elle veut sans même que vous le vouliez. Elle n'a pas besoin  que vous le vouliez : elle tire la ficelle et vous le faites. 

C'est pour cela que nous nous querellons quelquefois, mais cela, il né faut pas le dire !   

 

Tu as dit ici que l'on est pris dans la chaîne du karma" (p. 40), mais alors parfois, quand la Grâce Divine agit, cela contredit...

 

Complètement, la Grâce Divine contredit complètement le karma; tu sais, cela le fait fondre comme quand on met du beurre au soleil.

C'est ce que je disais tout à l'heure. Ce que tu viens de me dire est une autre façon de parler. Moi, je me mettais à votre place et je disais: voilà, si vous avez une aspiration assez sincère ou une prière assez intense, vous pouvez faire descendre en vous Quelque chose qui changeras tout, tout—véritablement on change tout. On peut donner un exemple, qui est extrêmement limité, tout petit, mais qui fait bien comprendre les choses: mécaniquement, une pierre tombe; disons qu'une tuile tombe; si elle se détache, elle tombera, n'est-ce pas ; mais s'il vient un déterminisme,

determinism has come in, and instead of the stone falling on the head of someone, it falls upon the hand and it will not kill any body. This is an intervention from another plane, from a conscious will that enters into the more or less unconscious mechanism.

 

So the consequences of Karma are not rigorous?

 

 No, not at all. In all religions there are people who have said that, who have given such absolute rules, but I believe it is for substituting themselves for Nature, for pulling the strings. There is always this kind of instinct that wants to take the place of Nature, to pull the strings of people; so they are told : "there is an absolute consequence of all that you do".... It is a concept necessary at a given moment of evolution to prevent people from being in a completely unconscious egoism, in a total unconsciousness of the consequences of what one does. There is no lack of people who are still like that, I believe it is the majority; they follow their impulse and do not even ask whether what they have done would have any consequences for them and for others. So it is good that someone tells you straight, with a severe look: "Take care, that has consequences that will last for a very long time!" And then there are others who come and tell you: "You will pay for it in another life". That, however, is one of those fantastic stories.... But, it does not matter: this also can be for the good of people. There are religions which tell you: "Oh! you commit that sin, you will go into hell for eternity". So you imagine!... So people have such fright that it stops them a little, it gives them just a moment for reflection before obeying an impulse—not always; sometimes the reflection comes afterwards, a little too late.

 It is not absolute. These are still mental constructions, more or less sincere, cutting things into small bits, like that, neatly cut, that tell you:  "Do this or do that. it is not this, it will be that". Oh! how troublesome life is like that! so people go mad, frightened! "Is it like that or that ?" And they would like very much if it were neither this nor that. What to do ? They have only to mount upstairs. They must be given the key to open the door. There is a door to the staircase, a key is needed. The key, as I told you just now, is the aspiration sufficiently sincere or  

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par exemple vital ou mental, de quelqu'un qui passe et qui ne veut pas que cela tombe et qui met sa main, cela tombera sur la main, mais cela ne tombera pas par terre. Alors il a changé la destinée de cette pierre ou de cette tuile. C'est un autre déterminisme qui est venu, et au lieu que  la pierre vienne tomber sur la tête de quelqu'un, elle tombe dans la main et elle ne tuera personne. Cela, c'est l'intervention d'un autre plan, d'une volonté consciente qui entre dans un mécanisme plus ou moins inconscient.

 

Alors les conséquences du karma ne sont pas rigoureuses ?

 

Non, pas du tout. Les gens qui ont dit cela dans toutes les religions, qui ont donné de ces règles si absolues, moi, je crois que c'était pour se substituer à la Nature et pour tirer les ficelles. Il y a toujours cette espèce d'instinct de vouloir se substituer à la Nature et de tirer les ficelles des gens. Alors on leur dit : "Il y a une conséquence absolue à tout ce que vous faites"... C'est un concept qui est nécessaire à un moment donné de l'évolution pour empêcher les gens d'être dans un égoïsme complètement in conscient et dans une inconscience totale des conséquences de ce que l'on fait. Il ne manque pas de gens qui sont encore comme cela, je crois que c'est la majorité ; ils suivent leurs impulsions et ne se demandent même pas si ce qu'ils ont fait va avoir des conséquences pour eux et pour les autres. Alors c'est bon que quelqu'un vous dise tout d'un coup, avec un air sévère : "Prenez garde, cela a des conséquences qui dureront pendant un temps très long l" Et puis, il y a ceux qui sont venus vous dire: "Vous payerez cela dans une autre vie". Cela, c'est une de ces histoires fantastiques... Mais enfin, cela ne fait rien, cela aussi peut être pour le .bien des gens. Il y a d'autres religions qui vous disent : "Oh ! si vous  faites ce péché-là, vous irez en enfer pour l'éternité". Tu vois cela d'ici! ... Alors les gens ont tellement peur que cela les empêche un peu, cela leur donne juste une seconde de réflexion avant d'obéir à l'impulsion — et pas toujours, quelquefois la réflexion vient après, un peu tard.

Ce n'est pas absolu. Ce sont encore des constructions mentales, plus ou moins sincères, qui coupent les choses en petits morceaux comme cela, bien nettement coupés, et qui vous disent : "Fais ça ou fais ça. Si ce n'est

the prayer sufficiently intense. I said "or", but I do not think it is "or". There are people who like better one and others the other. But in both there is a magical power, you must know how to make use of it.

 There is something very beautiful in both, I will speak to you one day, I will tell you what there is in aspiration and what there is in prayer and why the two are both beautiful.... Some dislike prayer, if they entered deep in their heart, they would find it was pride—worse than that, vanity. And then there are those who have no aspiration, they try and they cannot ; it is because they have not the flame of the will, it is because they have not the flame of humility.

 Both are needed. There must be a very great humility and a very great will to change one's Karma.

 

 THE MOTHER  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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pas ça, ce sera ça." Oh ! comme c'est embêtant la vie comme cela! Et alors les gens s'affolent, ils sont épouvantés : "C'est ça ou bien ça?" Et s'ils ont envie que ce ne soit ni ça ni ça, comment faire ? — Ils n'ont qu'à monter à l'étage supérieur. Il faut leur donner la clé pour ouvrir la porte. Il y a une porte à l'escalier, il faut une clé. La clé, c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure, c'est l'aspiration suffisamment sincère ou la prière suffisamment intense. Et j'ai dit "ou" ; je ne crois pas que ce soit "ou". Il y a des gens qui aiment mieux l'un et il y a des gens qui aiment mieux l'autre. Mais il y a un pouvoir magique dans tous les deux, il failli savoir s'en servir.

Il y a quelque chose de très beau dans les deux, je vous en parlerai un jour, je vous dirai ce qu'il y a dans l'aspiration et ce qu'il y a dans la prière, et pourquoi tous les deux sont beaux... Certains détestent la prière ; s'ils allaient tout au fond de leur cœur, ils verraient que c'est un orgueil — pire que cela, une vanité. Et alors, il y a ceux qui n'ont pas d'aspi ration, qui essaient, qui ne peuvent pas; c'est parce qu'ils n'ont pas la flamme de la volonté, c'est parce qu'ils n'ont pas la flamme d'humilité,

Il faut les deux : il faut une très grande humilité et une très grande volonté pour changer son karma.

Voilà, au revoir mes enfants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Notes sur le Chemin

 

Le 13 mars 1968

 

A propos d'un ancien entretien de 1953 où un disciple demandait à Mère si le Divin pouvait "se retirer de nous", Mère avait répondu :

 

"C'est une impossibilité. Parce que si le Divin se retirait de quelque chose, immédiatement cela s'écroulerait, parce que cela ri' existerait pas. Pour dire plus clairement : Il est la seule existence."

(27 mai 1953)

MAINTENANT, j'aurais répondu : c'est comme si tu demandais si le Divin pouvait se retirer de Lui-même ! (Mère rit) C'est cela, le malheur, c'est que l'on dit "Divin" et ils comprennent "Dieu"... Il n'y a que Ça : Ça seul existe. Ça, quoi ? Ça seul existe !

 

(silence)

 

Ce matin encore, j'étais en train de regarder, de voir, et c'était comme si je disais au Divin : "Pourquoi prends-tu plaisir à Te nier Toi-même ?" ...N'est-ce pas, pour une satisfaction logique, nous disons : tout ce qui est obscur, tout ce qui est laid, tout ce qui n'est pas vivant, tout ce qui n'est pas harmonieux, tout cela n'est pas divin — mais comment est-ce possible?... C'est seulement une attitude d'action. Et alors en se mettant dans la conscience de l'action, je disais : "Mais pourquoi est-ce que Tu prends plaisir à être comme cela !" (Mère rit)

C'était une expérience très concrète des cellules, et avec le sentiment (pas sentiment : ni sentiment ni sensation), une sorte de perception qu'on est juste, juste en bordure du grand secret... Tout d'un coup, il y a un ensemble de cellules, ou une fonction du corps qui s'amuse à se mettre

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de travers — pourquoi ? Quel sens y a-t-il là-dedans ? Et la réponse était... C'était comme si tout cela aidait à briser les limites.

Mais pourquoi, comment ?...

Mentalement, on peut tout expliquer, mais cela ne signifie rien du tout : pour le corps, pour la conscience matérielle, c'est abstrait. La conscience matérielle, quand elle saisit quelque chose, elle le sait cent fois mieux que l'on ne peut le savoir mentalement. Quand elle le sait, elle a le pouvoir : ça donne le pouvoir. Et c'est cela qui s'élabore lentement, lentement. Et pour une conscience ignorante : lentement et douloureusement. Mais pour la vraie conscience, ce n'est pas cela ; la douleur, la joie, tout cela, c'est une façon... une façon si absurde de voir les choses — de les sentir, de les voir.

Il y a une perception de plus en plus concrète que tout, qu'il n'y a rien qui ne contienne sa joie d'être, parce que c'est la façon d'être : sans joie d'être, il n'y a pas d'être. Mais ce n'est pas ce que nous comprenons mentalement par joie d'être. C'est... quelque chose qui est difficile à dire. Et cette perception de la souffrance et de la joie, presque du mal et du bien, tout cela, ce sont des nécessités de travail, pour permettre au travail de se faire dans un certain ensemble d'inconscience. Parce que la vraie conscience est quelque chose de tout à fait, tout à fait différent. Et cela c'est ce que cette conscience des cellules est en train d'apprendre, et d'apprendre par une expérience concrète, et toutes ces appréciations  de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, de ce qui est une souffrance et de ce qui est une joie, tout cela, ça paraît fumeux. Mais encore la Chose —la Vérité—la Chose concrète n'est pas encore attrapée. Elle est en route, on sent qu'elle est en route, mais ce n'est pas encore cela. Si on l'avait... on serait le maître tout-puissant. Et il est possible que l'on ne puisse l'avoir que lorsque le monde dans sa totalité ou dans un ensemble suffisant sera prêt pour la transformation.

Cela, c'est une spéculation, ce qu'on pourrait appeler une inspirations, mais cela appartient encore au domaine là-haut.

De temps en temps, c'est comme si l'on effleurait la perception de la toute-puissance : on est sur le point, ah ! (Mère fait le geste de saisir la chose)... mais ça s'en va.

Quand on aura ça, le monde pourra changer. Et quand je dis "on", je ne parle pas d'une personne... Il y a peut-être quelque (chose qui équivaut

Notes on the Way

 

March 13, 1968

 

About a former talk of 1953 in which a disciple asked the Mother if the Divine "could withdraw from us"; Mother had answered:

 

"It is an impossibility. Because if the Divine withdrew from anything that would immediately collapse, for it would not exist. To say more clearly: The Divine is the only existence".

 (May 27, 1953)

 

NOW I would have answered : it is as though you asked whether the Divine could withdraw from Himself! (Mother laughs). That is the trouble, when one says "Divine" they understand "God"... There is only That : That alone exists. That, what is it ? That alone exists!

 

(silence)

 

 Even this morning, I was looking, seeing and it was as though I was saying to the Divine : "Why do you take pleasure in denying yourself ?" ...To satisfy our logic we say : all that is obscure, all that is ugly, all that is not living, all that is not harmonious, is not divine—but how is it at all possible ?... It is only an attitude for action. Then by placing myself in the consciousness of action, I said : "But why do you take pleasure in being like that!" (Mother laughs)

 It was a very concrete experience of the cells, and with the feeling (not feeling : neither feeling nor sensation), a kind of perception that you are just, just on the border of the great secret... All on a sudden, a whole set of cells or a certain bodily function takes the fancy of putting itself  

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à la Personne, mais cela... Cela aussi, je ne suis pas sûre que ce ne soit pas une projection de notre conscience sur quelque chose qui nous échappe.

Sri Aurobindo disait toujours que si l'on allait assez loin, par-delà l'Impersonnel, si on allait au-delà, on trouvait quelque chose que nous pouvions appeler la Personne, mais qui ne correspond à rien du tout de ce que nous concevons comme la Personne.

Et alors là, il n'y a plus que Ça. Et c'est Ça qui a le pouvoir. Mais même quand nous disons "il n'y a plus que Ça" (riant') nous le situons dans quelque chose d'autre !... Les mots, les langages sont impropres à ex primer quelque chose qui dépasse la conscience. Dès que l'on formule, ça descend.

 

*

**

 

Le 16 mars 1968

 

On a l'impression d'être tout le temps—tout le temps—en route vers une grande découverte, et puis on la fait, la découverte, et puis on s'aperçoit qu'elle a toujours été faite!... C'est seulement qu'on la regarde d'une autre manière.

Ce matin, une expérience qui paraissait une révélation extraordinaire et... c'est une chose qui était toujours sue. Alors on la mentalise, du moment où on la mentalise, cela devient clair, mais ce n'est plus ça. N'est-ce pas, on peut dire que cette création-ci est la "création de l'équilibre"1, et 'que c'est justement l'erreur mentale de vouloir choisir une chose et d'en rejeter une autre, que toutes les choses doivent être ensemble ; ce qu'on appelle bien, ce qu'on appelle mal, ce que l'on appelle bon et ce

 

1 Rappelons une ancienne note de Mère : "Les traditions disent qu'un univers est créé, puis qu'il est retiré dans le pralaya, puis un nouveau vient et ainsi de suite; et d'après eux, nous serions le septième univers, et étant le septième univers, nous sommes celui qui ne retournera pas dans le pralaya, mais qui progressera constamment, sans recul." (Entretiens 1950-51, p. 28) Voir également à Propos des 4 et 9 mars 1966 (Bulletin d'avril 1966, p. 56).

across—why ? What meaning is there in that... It was as though all that helped to break the limits.

 But why, how ?...

 You can explain everything mentally, but that signifies nothing at all:  for the body, for the material consciousness it is abstract. The material consciousness, when it seizes something, it knows the thing a hundred times better than one can know it mentally. And when it knows it has the power : to know gives power. And that works itself out slowly, slowly. And for the ignorant consciousness, slowly and painfully. But for the true consciousness, it is not so : pain, delight, all this is a way... so absurd a way of seeing things—of feeling them, seeing them.

 There is a perception more and more concrete that everything, that there is nothing that does not contain the delight of being, because it is the way of being : without the delight of being, there is no being. But it is not what men understand mentally by this delight of being. It is... something that is difficult to say. And this perception of suffering and delight, almost of evil and good, all that, they are necessities for the work, to allow the work to be done in a sum-total of inconscience. Because the true consciousness is something altogether, altogether different. And that, it is that which this consciousness of the cells is now learning and learning through a concrete experience and all these appreciations of what is good and what is bad, of what is suffering and what is delight, all this appears as fume. But still the Thing—the Truth—the concrete Thing is not yet seized. It is on the way, one feels that it is on the way, but it is not yet that. one had it... one would be the omnipotent master. And it is possible that one can get it only when the entire world or a sufficient whole will be ready for transformation.

 This is speculation, one might call it an inspiration, but it belongs yet to the domain high above.

 From time to time, it is as though one just touched upon the perception of the all-power: one is just on the point, ah! (Mother makes the gesture of catching the thing)... but it goes off.

 When one will have that, the world will be able to change. And when I say "one", I do not speak of any person.. .There is perhaps something which is equivalent to the Person, but that... That also, I am not sure if it is not a projection of our consciousness upon something which is beyond us.

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que l'on appelle mauvais, ce qui vous semble plaisant et ce qui vous semble déplaisant, tout cela doit être ensemble. Et ce matin c'était la découverte que la Séparation — cette Séparation qui a été décrite de toutes sortes de façons différentes, quelquefois épisodique, quelquefois simplement abstraite, quelquefois philosophique, quelquefois... tout cela, ce sont seulement des explications, mais il y a quelque chose, qui probablement est simplement l'Objectivation (Mère fait le geste de pousser en avant l'univers, hors du Non-manifeste), mais c'est encore une façon d'expliquer. Cette soi-disant Séparation, qu'est-ce que c'est exactement ? On ne sait pas. Ou peut-être qu'on le sait, je ne sais pas. Cela a justement créé (mettons-le en couleur) le noir et le blanc, la nuit et le jour (cela, c'est déjà plus mélangé, mais le noir et le blanc aussi sont mélangés), mais c'est la tendance à faire deux pôles : la chose agréable, la chose bonne, la chose désagréable, la chose mauvaise. Et dès que l'on veut retourner à l'Origine, les deux ont tendance à se refondre. Et c'est dans l'équilibre parfait, c'est-à-dire où il n'y a plus de division possible et où l'un n'a pas d'influence sur l'autre, où les deux ne font plus qu'un, qu'est cette fameuse Perfection, que l'on essaye de reconquérir.

Le rejet de l'un et l'acceptation de l'autre, c'est un enfantillage. C'est  une ignorance. Et toutes les traductions mentales, comme celle d'un Mal éternellement mal, qui donne naissance à l'idée de l'enfer ; d'un Bien éternellement bien... tout cela, c'est tout, tout des enfantillages.

 

(silence)

 

Il se peut (il se peut, parce que dès que l'on veut formuler, on mentalise, et dès qu'on mentalise, c'est réduit, diminué, limité, cela perd la puissance de la vérité, enfin...) que dans cet univers tel qu'il est constitué, la perfection soit... (Mère reste longtemps absorbée) Cela échappe aux mots. On pourrait dire comme cela (c'est sec et sans vie) : c'est la conscience de l'unité du tout perçue dans l'individu — perçue, vécue, réalisée. Mais ce n'est rien, ce ne sont rien que des mots... L'univers semble avoir été créé pour réaliser ce paradoxe de la conscience du tout, vivante (pas seulement perçue, mais vécue) dans chacune des parties, chaque élément constitutif du tout.

Alors, pour la formation de ces éléments, cela a commencé par la

Sri Aurobindo used to say always that if one went far enough, beyond the Impersonal, if one went further beyond, one would find something that we could call Person, but which corresponded to nothing that we conceive of as Person.

 So then, there is only That there; and it is That which has Power. But even when we say, "there is only That" (laughing) we place it in some other thing!... Words, languages are unfit to express something that is beyond consciousness; as soon as you formulate, that sinks down.

 

*

**

 

March 16, 1968

 

 You have the feeling that all the time—all the time—you are on the way towards a great discovery, and then you do make the discovery, and you find out that it has been made always!... Only you look at it in another way..

 This morning, an experience that seemed to be an unusual revelation and... it is a thing that was always known. Then you mentalise it : the very moment you mentalise, it becomes clear, but it is no longer what it was. Well, one may say that this creation is a "creation of equilibrium",1 and it is just the mental error which wants to choose one thing and reject another, all things have to be together : what you call good and what you call evil, what you call fair and what you call foul, what seems to you pleasant and what seems to you unpleasant, all that, must be together. And this morning, it was the discovery of the Separation—this separation that has been described in all sorts of different ways, sometimes as a story, sometimes merely in an abstract manner, sometimes philosophically, sometimes... all that, they are only explanations, but there is something, which is probably the simple Objectivisation (Mother makes a gesture of pushing the universe out, out of the Non-manifest), but this also is a way

 

1 Let us recall a former note of the Mother : "Traditions say that a universe is created, then it is withdrawn into pralaya, then a new one comes and so on ; according to them, we are the seventh universe and being the seventh, we are the one that will not return into pralaya, but will progress constantly, without falling back", (Questions and Answers 1950-51.) See also A Propos of March 4 and 9, 1966 (Bulletin April, 1966).  

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Séparation, et c'est la Séparation qui a donné naissance à cette division entre ce que l'on appelle le bien et le mal ; mais au point de vue sensation — sensation dans la partie la plus matérielle — on peut dire que c'est la souffrance et l'Ânanda. Et le mouvement est de faire cesser toute séparation et de réaliser la conscience totale dans chacune des parties (ce qui au point de vue mental, est une absurdité, mais c'est comme cela).

Pour mon goût, c'est beaucoup trop philosophique, ce n'est pas assez concret, mais l'expérience de ce matin était concrète, et elle était concrète parce que issue de sensations extrêmement concrètes dans le corps, de la présence de cette constante dualité (en apparence), d'une opposition (non seulement opposition, mais négation l'une de l'autre) entre... nous pouvons prendre comme symbole la souffrance et l'Ânanda. Et l'état véritable — qui paraît impossible à formuler en mots pour le moment, mais qui était vécu et senti —, c'est une totalité qui contient tout, mais au lieu de contenir tout en éléments qui s'affrontent, c'est une harmonie du tout, un équilibre du tout. Et quand cet équilibre sera réalisé dans la création, cette création pourra... (si l'on dit des mots, ce n'est plus ça) on pourrait dire : continuer à progresser sans rupture. Ce n'est pas ça.

Vu encore dans la conscience imparfaite actuelle, il y a eu ces jours-ci, d'une façon répétée (mais tout cela, méthodique et organisé par une organisation d'ensemble infiniment supérieure à tout ce que nous pouvons imaginer), un état, qui est l'état déterminant la rupture d'équilibre, c'est-à-dire la dissolution de la forme, ce que l'on appelle d'habitude la "mort", et cet état jusqu'à l'extrême limite, comme une démonstration, avec en même temps l'état (pas la perception : l'état) qui empêche cette rupture d'équilibre et qui permet la continuité du progrès sans rupture. Et cela donne, dans la conscience corporelle, la perception simultanée (pour ainsi dire simultanée) de ce que l'on pourrait qualifier l'extrême angoisse de la dissolution (quoique ce ne soit pas tout à fait cela, mais enfin) et puis l'extrême Ânanda de l'union—les deux simultanés.

Alors, traduit dans les mots ordinaires : l'extrême fragilité — plus que fragilité — de la forme, et l'éternité de la forme.  

Et ce n'est pas seulement l'union, mais la fusion, l'identification des deux qui est la Vérité.  

Quand c'est mentalisé, cela devient clair pour tout le monde — cela perd sa qualité essentielle, le quelque chose qui ne peut pas se mentaliser.

of explaining. This so-called Separation, what is it exactly? One does not know. Or perhaps one knows, I don't know. It is just That which has created (let us put it in colour) black and white, night and day (this is already a more mixed thing, but black and white also are a mixed thing), but the tendency is to put up two poles : the pleasant, the good thing and the unpleasant, the bad thing. But as soon as you seek to return to the Origin, the two tend to fuse into each other. And it is in the perfect equilibrium, that is to say, where no division is possible any more, where one does not influence the other, where the two are only one that there is the famed Perfection which one is trying to reconquer.

 The rejection of one and the acceptance of the other is childishness. It is ignorance. And all mental translations, like that of an Evil eternally evil, giving rise to the idea of hell, and of a Good eternally good... all that, all are childishness.

 

(silence)

 

 It may be (it may be, because as soon as you want to formulate, you mentalise and as soon as you mentalise, it is reduced, diminished, limited, it loses the force of truth...) that in this universe as it is constituted petition is... (Mother remains absorbed for a long time). Words fail. One could say like that (it is dry and lifeless) : it is the consciousness of the unity of the whole felt in the individual—felt, lived, realised. But that is nothing, these are nothing but words... The universe seems to have been created to realise this paradox of the consciousness of all, living (not merely perceived but lived) in every part, in every element constituting the whole.

 Then as to the formation of these elements, it began by the Separation and it is the Separation which gave birth to this division between what one calls the good and the bad, but from the point of view of sensation -sensation in the most material part—one can say it is suffering and Ananda. The movement then is to stop all separation and realise the total consciousness in every part (which is from the mental point of view an absurdity, but it is like that).

 For my taste it is much too philosophical, it is not sufficiently concrete, but the experience of this morning was concrete and it was concrete as it came out of extremely concrete sensations in the body—that of the  

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C'est la conscience des deux états qui doit être simultanée ?

 

...Pas divisée. C'est l'union des deux états qui fait la conscience véritable, l'union des deux—"union" implique encore division—l'identification des deux qui fait la conscience véritable. Et alors on a la sensation que c'est cela, c'est cette conscience-là, qui est le Pouvoir suprême. N'est-ce pas, le pouvoir est limité par les oppositions et les négations: le pouvoir le plus puissant, c'est celui qui domine le plus , mais c'est une imperfection complète. Mais il y a un Pouvoir tout-puissant qui est fait de la fusion des deux. Ça, c'est le Pouvoir absolu. Et si Ça, c'était réalise physiquement... probablement ce serait la fin du problème.

Justement, les quelques heures que j'ai vécues comme cela, ce  matin, c'était l'impression qu'on a tout maîtrisé et tout compris — et "compris", cette sorte de compréhension qui fait le pouvoir absolu. Seulement, naturellement, cela ne peut pas se dire.  

C'est cela que les gens qui ont dû avoir l'expérience, ou toucher à l'expérience, ont traduit en disant que ce monde était le monde de l'équilibre ; c'est-à-dire que c'est la simultanéité sans division, de tous les contraires. Dès qu'il y a une divergence quelconque — pas même divergence, une différence quelconque —, c'est le commencement de la division. Et tout ce qui n'est pas cet état-là, ne pouvait pas être éternel ; c'est seule ment cet état qui... pas contient, mais exprime (ou quoi ?) l'éternité.  

Il y a eu toutes sortes de philosophies qui ont essayé d'expliquer cela,  mais c'est en l'air, c'est mental, spéculatif. Mais cela, c'est vécu — "vécu" je veux dire : être ça.

 

Est-ce que c'est l'équivalent matériel d'une expérience psychologique que l'on a, où la perception du mal disparaît complètement dans la perception d'un Bien absolu, même dans le mal?

 

Oui, c'est cela. On pourrait dire qu'au lieu d'être une conception mentale justement, c'est une réalisation concrète du fait.

 

presence of this constant duality (in appearance), an opposition not merely opposition, but the negation of one by the other, between... We may take as a symbol suffering and Ananda. And the true state—which it seems impossible to formulate in words for the moment, but which is lived and felt—, it is a totality containing all, but instead of containing all as elements confronting one another, it is a harmony of all, an equilibrium of all. And when this equilibrium will be realised in the creation, this creation will be able to... (if words are said, it is no longer that) one could say, continue to progress without a break; it is not that.

 There was also seen in the present imperfect consciousness in these days and repeatedly (but all that methodical and organised through an organisation of the whole infinitely superior to any we can imagine), a state which is the one determining the rupture of the equilibrium, that is to say, the dissolution of the form, what is usually called "death", and this state up to its extreme limit, as a demonstration, along with, at the same time, the state (not the perception, but the state) preventing this rupture of equilibrium and permitting the continuity of the progress without rupture. And that gives, in the body consciousness the simultaneous perception (so to say, simultaneous) of what one might qualify as the extreme agony of dissolution (although it is not quite that, but still) and then the extreme Ananda of union—the two simultaneous.

 Thus translated in ordinary words : extreme fragility—more than fragility—of the form and the eternity of the form.

 And it is not merely union, but the fusion, the identification of the two which is the truth.

 When it is mentalised, it becomes clear for everybody—it loses its essential quality, something that cannot be mentalised.

 

It is the consciousness of the two states that must be simultaneous ?

 

 ...Not divided. It is the union of the two states that makes the true consciousness, the union of the two—"union" implies still division— the identification of the two that makes the true consciousness. And then one has the feeling that it is that, it is that consciousness that is the supreme Power. The power is limited by oppositions and negations, is it not ?

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The most powerful power is the one that dominates most; but it is wholly an imperfection; there is however an all-powerful Power which is made of the fusion of the two. That is absolute Power. And if That was realised physically.. .probably it would be the end of the problem.

Indeed during the few hours I lived like that this morning, the feeling was that everything has been mastered and everything understood and "understood", in that way of comprehension which is absolute power. But naturally that cannot be said.

It is that which people who must have had the experience or a touch of the experience translated by saying that this world was a world of equilibrium : that is to say, it is simultaneity without division of all contraries. As soon as there is some divergence—not even divergence, any difference—that is the beginning of division. And whatever is not that state cannot be eternal, it is that state alone which...not merely contains but expresses (or what else ?) the eternity.

There have been all kinds of philosophies that tried to explain that, but it is in the air, it is mental, it is speculative. But that, it is lived— —"lived", I mean, "to be that".

 

Is it the material equivalent of a psychological experience one has in which the perception of the evil disappears completely in the perception of an absolute Goody even in the evil ?

 

Yes, it is that. One might say that instead of being just a mental conception, it is a concrete realisation of the fact.

THE MOTHER

La transformation n'exige-t-elle pas un très haut degré d'aspiration, de soumission et de réceptivité ?

 

La Transformation exige une consécration totale et intégrale. Mais n'est-ce point l'aspiration de tout sâdhak sincère ?

 

Totale veut dire verticalement dans tous les états d'être, depuis le plus matériel jusqu'au plus subtil.

 

Intégrale veut dire horizontalement dans toutes les parties différentes et souvent contradictoires qui constituent l'être extérieur physique, vital et mental

   

 

 

Does not transformation exact a high degree of aspiration, surrender and receptivity?

 

Transformation exacts a total and integral consecration. But is it not the aspiration of all sincere sadhaks?

 

Total means in all the states of being vertically from the most material to the most subtle.

 

Integral means horizontally in all the different and often contradictory parts of the being which constitute the external being : physical, vital and mental.

THE MOTHER

 

 

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Sri Aurobindo—His Life and Work

 

CHAPTER XXI

 

Sri Aurobindo in Bengal

 

"All life is a field for the practice of religion, and worldly life, too, is a part of it. Religion does not consist only in the cultivation of spiritual knowledge or the development of the heart's devotion. Doing of work, too, is religion. It is this great teaching that is a permanent leaven of all our literature — Esa dharma sanātanah (this is the eternal religion).

 There is a general notion that action forms, indeed, part of religion, but not action of all kinds. It is only those actions that are imbued with sattwic feeling or stem from the ethical consciousness of the doer and conduce to renunciation deserve to be called religious action. This...is a mistaken notion. If sattwic action is religious, so is rajasic action. being kind to all creatures is religious, so is the slaying of one's country's enemies in a righteous battle. to sacrifice one's happiness, wealth and even life for the good of others is an act of religion, so is it to take proper care of one's body, which is a means of religious progress. Politics, too, is religion, and poetry, and painting, and the regaling of others with sweet music. Any action, be it great or small, which has no taint of selfishness in it, is a religious action ...The highest and best religion is that which makes us perform all our actions as an offering, a sacrifice to Him, and regard them equally as done by His Nature."

 

Free rendering of some lines from Sri Aurobindo's articles in his Bengali paper, Dharma.

Sri Aurobindo—Sa Vie et son Œuvre

 

CHAPITRE XXI

 

Sri Aurobindo au Bengale

 

"Toute la vie est un terrain pour la pratique de la religion et la vie dans le monde en est aussi une partie. La religion ne consiste pas seulement à cultiver la connaissance spirituelle ou à développer la dévotion du cœur. Accomplir des travaux est, aussi, la religion. Ésha dharmah sanâtanah (ceci est la religion éternelle).

Il existe une idée assez répandue que l'action fait bien partie de la religion, mais pas n'importe quelle action. Seuls peuvent être qualifiés de religieux les actes qui sont imprégnés de sentiment sâttvique ou qui, fruits de la conscience morale de l'auteur, conduisent au renoncement. Ceci... est une idée fausse. Si l'action sâttvique est religieuse, l'action râdjasique l'est aussi. S'il est religieux d'être bon pour toutes les créatures, il ne l'est pas moins de massacrer les ennemis de son pays dans une bataille juste. Si le sacrifice de son bonheur, de sa richesse et même de sa vie, au bien des autres est un acte de religion, c'en est un aussi de prendre convenablement soin de son corps, moyen de progrès religieux. La politique, elle aussi, est de la religion, ainsi que la poésie, la peinture, et la création de musique douce pour charmer les autres. Toute action, qu'elle soit petite ou grande, est religieuse s'il n'y a en elle aucune trace d'égoïsme... La religion la plus haute et la meilleure est celle qui nous fait accomplir tous nos actes comme une offrande, comme un sacrifice pour Lui, et qui les considère également comme accomplis par Sa Nature."

 

Traduction libre de quelques lignes du journal en bengali de Sri Aurobindo: Dharma.

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THE Karmayogin prospered. Its philosophical articles were a distillation of ancient Hindu wisdom presented through the prism of a synthetising vision. What had appeared disparate, anomalous and ambiguous was discovered as integral parts of an organic whole. Each strand of Indian spirituality, each phase of Indian culture, even each thread of the epic tapestry of ancient India was viewed and interpreted in a new light. Philosophy and history, allegory and legend, logic and satire, all came handy in a masterly dealing with the problems of national politics. The freshness, force, and piquancy of its reviews endeared the Karmayogin to its readers, and its popularity increased to such an extent that a cheaper edition was urgently called for. On the 1st January, 1910, the Karmayogin came out with the following notice :

 "The difficulty felt by many students and educated men of small means in buying the Karmayogin at its ordinary price of two annas, has been so much pressed on our attention that we have found it necessary to bring out a cheaper edition at one anna a copy.... The Karmayogin... is now sufficiently successful to allow of a concession of this kind being made without financial injury..."

 The publication of Sri Aurobindo's "An Open Letter to my Countrymen" was followed by a lull. For a few days rumours of his arrest ceased. But they revived again, for the British Government felt unsafe so long as the Sri Aurobindo was at large. On the 8th January the Karmayogin wrote under the heading, "The Menace of Deportation" :

 "Once more rumours of deportation are rife, proceeding this time from those pillars of authority, the police. It seems that these gentlemen have bruited it abroad that twenty-four men prominent and unprominent are within the next six or seven days to be deported from Bengal, and so successfully has the noise of the coming Coup d'État been circulated that the rumour of it comes to us from a distant corner of Behar. It appears  that the name of Sj Aurobindo Ghose crowns the police list of those who are to be spirited away to the bureaucratic Bastiles. The offence for which this inclusion is made is, apparently, that he criticises the Government, by which we presume it is meant that he publicly opposes the Reforms.  It is difficult to judge how much value is to be attached to the rumour, but we presume that at least a proposal has been made. If  we are not mistaken, this will make the third time that the deportation of the Nationalist

LE Karmayogin prospérait. Ses articles philosophiques étaient une présentation subtile de la sagesse antique hindoue telle que la voyait un esprit synthétique. Ce qui avait semblé disparate, anormal ou ambigu apparaissait comme parties intégrantes d'un tout organisé. Chaque élément de la spiritualité indienne, chaque aspect de la culture indienne, chaque détail de la glorieuse épopée historique de l'Inde ancienne était envisagé et interprété sous une lumière nouvelle. La philosophie et l'histoire, l'allégorie et la légende, la logique et la satire, tout trouvait sa place dans l'exposé magistral des problèmes de la politique nationale. La fraîcheur, la force et le mordant de ses critiques faisaient aimer le Karmayogin par ses lecteurs et sa popularité augmentait tellement qu'une édition meilleur marché était réclamée à cor et à cri. Le Ier janvier 1910, l'avis suivant parut dans le Karmayogin:

"On a tellement attiré notre attention sur la difficulté qu'éprouvent beaucoup d'étudiants et de personnes instruites sans moyens à acheter le Karmayogin à son prix habituel de deux anna, que nous avons jugé nécessaire de faire paraître une édition meilleur marché à un anna... Le Karmayogin... a maintenant suffisamment réussi pour qu'une telle concession puisse être faite sans dommage financier..."

Une accalmie suivit la publication de la "Lettre ouverte à mes compatriotes" de Sri Aurobindo. Les bruits de son arrestation cessèrent pendant quelques jours. Mais ils reprirent, car le gouvernement britannique avait un sentiment d'insécurité tant que Sri Aurobindo était en liberté. Le 8 janvier on lisait dans le Karmayogin, sous le titre La Menace de Déportation :

"Des bruits de déportation courent de nouveau, émanant cette fois de la police, ces piliers de l'autorité. Il semble que ces messieurs aient répandu de tous côtés le bruit que dans six ou sept jours, au plus, vingt-quatre personnes, les unes éminentes, les autres moins connues, doivent être exilées du Bengale ; et le bruit de ce coup d'état1 a été mis en circulation avec tant de succès qu'il nous est revenu d'un coin éloigné du Bihar. Il semble que le nom de Monsieur Aurobindo Ghose couronne la liste policière de ceux qui doivent être entraînés vers les bastilles de l'administration. Le crime pour lequel ce nom est compris est, apparemment, que celui qui le porte critique le gouvernement, et nous supposons que l'on

 

1 En français dans le texte (N. d. T.)

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leader has been proposed by the persistence of the police. The third is supposed to be lucky, and let us hope it will be the last. The Government ought to make up its mind one way or the other, and the country should know whether they will or will not tolerate opposition within the law, and this will decide it. Meanwhile, why does the thunderbolt linger? Or is there again a hitch in London ?"

 Sri Aurobindo's A System of National Education began in the 12th January issue of the Karmayogin. Sri Aurobindo's translation of the Mundaka Upanishad was begun on the 5th Feb, 1910. In the 19th February issue Sri Aurobindo started his poem, Baji Prabhou. It was prefaced by the following note : "This poem is founded on the historical incident of the heroic self-sacrifice of Baji Prabhou Despande who, to cover Shivaji's retreat, held the pass of Rangana for two hours with a small company of men against twelve thousand Moguls. Beyond the single fact of this great exploit there has been no attempt to preserve historical  accuracy".

 We quote a few lines from the poem which reminds us in its concentrated force and graphic intensity of Matthew Arnold's Sohrub and Rustum, though the episode here is pitched in a higher key and the tone is nobler.

 

"A noon of Deccan with its tyrant glare

Oppressed the world; the hills stood deep in haze,

And sweltering athirst the fields glared up

Longing for water in the courses parched

Of streams long dead. Nature and man alike,  

Imprisoned by a bronze and brilliant sky,  

Sought an escape from that wide trance of heat....

"Tanaji Malsure, not in this living net

Of flesh and nerve, nor in the flickering mind

Is a man's manhood seated. God within

Rules us, who in the Brahmin and the dog  

Can, if He will, show equal godhead. Not

By men is mightiness achieved, Baji

Or Malsure, 'tis but a name, a robe,

And covers one alone. We but employ  

veut dire par là qu'il s'oppose publiquement aux "Réformes". Il est difficile d'apprécier quel crédit il faut faire à ces rumeurs, mais nous supposons que, pour le moins, une proposition a été faite. Si nous ne nous trompons pas, ce sera la troisième fois que l'obstination de la police propose l'exil du chef nationaliste. On dit que la troisième fois est la bonne, espérons que ce sera la dernière. Le gouvernement devrait se décider d'une manière ou d'une autre et le pays devrait savoir si le gouvernement tolère l'opposition dans le cadre de la loi, il en a ici l'occasion. Entretemps, pourquoi la foudre tarde-t-elle à frapper ? Y aurait-il encore quelque chose qui accroche à Londres ?"

A System of National Education1 de Sri Aurobindo commença à paraître dans le Karmayogin le 12 janvier. La traduction par Sri Aurobindo de la Moundaka Oupanishad commença le 5 février 1910. Dans le numéro du 19 février commençait le poème de Sri Aurobindo Baji Prabhou. A titre de préface se trouvait la note suivante : "Ce poème est basé sur le fait historique du sacrifice de Baji Prabhou Despande qui, pour couvrir la retraite de Shivaji, tint pendant deux heures avec quelques hommes le défilé de Rangana contre douze mille Mogols. En dehors du fait même de ce grand exploit, on n'a pas essayé de respecter l'exactitude historique."

Nous allons citer quelques vers de ce poème qui, par la vigueur de ses descriptions et sa force concentrée, nous rappelle Sohrab and Rustum de Matthew Arnold, bien qu'ici l'action se déroule sur un plan plus élevé et que le style soit plus noble.

 

"Midi au Deccan avec son obsédant éblouissement

Oppressait le monde ; les collines plongeaient dans une brume épaisse,

Et les champs, étouffant de soif, luisaient,

Impatients que l'eau revienne dans le cours desséché

De fleuves .morts depuis longtemps. La nature autant que l'homme,

Emprisonnés dans un ciel brillant, de bronze,

Cherchaient à échapper à cette vaste extase de chaleur..."

"Tanaji Malsouré, ce n'est pas dans ce filet vivant

De chair et de nerf, ni dans la pensée vacillante

 

1 Un système d'éducation nationale (N. d. T.)

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Bhavani's strength, who in an arm of flesh

Is mighty as in the thunder and the storm..."

 

On the 24th January Shamsul Alam, Deputy Superintendent of the Intelligence Dept., was shot dead in the High Court by a youth of about twenty. Samsul was the right hand man of Mr. Norton in the Alipore Bomb Case.

Under "Facts and Opinions," we have the following in the Karmayogin of the 29th January, 1910 :

"The startling assassination of Deputy Superintendent Shamsul Alam on Monday in the precincts of the High Court, publicly, in day-light, under the eyes of many and in a crowded building, breaks the silence which had settled on the country, in a fashion which all will deplore.... All we can do is to sit with folded hands and listen to the senseless objurgations of the Anglo-Indian Press, waiting for a time when the peaceful expression and organisation of our national aspirations will no longer be penalised. It is then that Terrorism will vanish from the country and the nightmare be as if it never had been."

This daring assassination of the arch detective drove the Government crazy, and in its distraction it clutched at deportation as the only means to shore up its power and prestige. Sri Aurobindo decided to leave Bengal,

Romantic yarns have been spun by some of the enthusiastic biographers and fellow-workers of Sri Aurobindo round his departure from Calcutta. We have no space here for a consideration of those fantasies and fabrications. We quote from Sri Aurobindo himself what he has said about his departure.

"Here are the facts of that departure. I was in the Karmayogin Office when I received the word, on information given by a high-placed police official, that the Office would be searched the next day and myself arrested, (The Office was in fact searched but no warrent was produced against me; I heard nothing more of it till the case was started against the paper later on, but by then I had already left Chandernagore for Pondicherry.) While I was listening to animated comments from those around on the approaching event, I suddenly received a command from above, in a Voice well-known to me, in three words : "Go to Chandernagore." In ten minutes or so I was in the boat for Chandernagore. Ramachandra  

Qu'est située l'humanité de l'homme. Dieu en nous

Nous dirige, et chez le Brahmane comme chez le chien

Peut, s'il veut, montrer une égale divinité. Ce ne sont

Pas les hommes qui réalisent la puissance, Baji

Ou Malsouré, ce n'est qu'un nom, un vêtement,

Qui recouvre l'Un unique. Nous ne faisons qu'employer

La force de Bhavânî qui donne à un bras de chair

La puissance de la foudre et de l'orage..."

 

Le 24 janvier, le surintendant adjoint des Services de renseignement, Shamsul Alam, était tué au tribunal d'un coup de feu tiré par un jeune homme d'environ vingt ans. Or, Shamsul avait été le bras droit de Monsieur Morton au procès de la bombe Prabhou

Nous lisons dans le Karmayogin du 29 janvier 1910, sous le titre Faits et Opinions :

"L'assassinat étonnant du surintendant adjoint Shamsul Alam lundi dans l'enceinte du tribunal, publiquement, en plein jour, sous les yeux de beaucoup de personnes et dans un bâtiment plein de monde, rompt le calme qui s'était établi dans le pays, d'une manière que tout le monde déplorera... Tout ce que nous pouvons faire, c'est rester les mains jointes à écouter les objurgations absurdes de la presse anglo-indienne en attendant le moment où l'expression pacifique de nos aspirations nationales et leur organisation ne seront plus punies. C'est alors que le terrorisme disparaîtra du pays et que le cauchemar semblera n'avoir jamais existé."

Cet assassinat audacieux d'un grand détective affola le gouvernement qui, dans son trouble, s'accrocha à la déportation comme le seul moyen d'étayer son pouvoir et de relever son prestige.

L'enthousiasme de certains biographes ou compagnons de Sri Aurobindo leur a fait raconter des histoires romanesques sur son départ de Calcutta. Nous n'avons pas le loisir d'examiner ici ces fantaisies et ces inventions. Voici ce que Sri Aurobindo a dit lui-même de son départ :

"Ce départ eut lieu de la manière suivante: j'étais au bureau du Karmayogin quand, à la suite d'un renseignement fourni par un haut fonctionnaire de la police, je fus avisé qu'une perquisition devait être faite le lendemain au bureau et que je serais arrêté. (En fait, le bureau fut bien

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Majumdar guided me to the Ghat and hailed a boat and I entered into it at once along with my relative Biren Ghosh and Moni (Suresh Chandra Chakravarti) who accompanied me to Chandernagore, not turning aside to Bagbazar or anywhere else. We reached our destination while it was still dark; they returned in the morning to Calcutta. I remained in secret entirely engaged in sadhana and my active connection with the two newspapers ceased from that time. Afterwards, under the same 'sailing orders' I left Chandernagore and reached Pondicherry on April 4, 1910.

 "I may add in explanation that from the time I left Lele at Bombay after the Surat Sessions and my stay with him in Baroda, Poona and Bombay, I had accepted the rule of following the inner guidance implicitly and moving only as I was moved by the Divine. The spiritual development during the year in jail had turned this into an absolute law of the being. This accounts for my immediate action in obedience to the Adesh (Command) received by me..."1

 Referring to the same subject in a refutation of some of the misstatements which had appeared in the Press, Sri Aurobindo said again, "Sri Aurobindo's departure to Chandernagore was the result of a sudden decision taken on the strength of an odes from above and was carried out rapidly and secretly without consultation with anybody or advice from any quarter. He went straight from the Dharma office to the Ghat —he did not visit the Math, nobody saw him off, a boat was hailed, he entered into it with two young men and proceeded straight to his destination. His residence at Chandernagore was kept quite secret; it was? known only to Sj Motilal Roy who arranged for his stay and to a few others. Sister Nivedita was confidentially informed the day after his departure and asked to conduct the Karmayogin in place of Sri Aurobindo to which she consented..."2  

 When Sri Aurobindo's boat touched Chandernagore, Biren went to Charu Chandra Roy, a distinguished citizen of the town who was a fellow-prisoner of Sri Aurobindo in the Alipore jail to request him to make some arrangement for Sri Aurobindo's stay. "Charu Chandra was afraid. and did not know what to do. In the meantime, when Biren and Suresh

 

1 & 2 Sri Aurobindo on Himself and on the Mother.  

fouillé mais aucun mandat d'arrêt me concernant ne fut exhibé ; je n'en entendis plus parler jusqu'à ce que le journal fût de nouveau poursuivi plus tard, mais j'avais alors quitté Chandernagor pour Pondichéry). Tandis que j'écoutais les commentaires animés des personnes présentes sur l'événement attendu, je reçus soudain, d'une voix que je connaissais bien, un ordre d'En-haut, juste trois mots : "Va à Chandernagor". Dix minutes après j'étais sur le bateau de Chandernagor. Ramachandra Majumdar me conduisit au Ghat et appela un bateau sur lequel je montai aussitôt avec mon parent Biren Ghosh et Moni (Suresh Chandra Chakravarti), ils m'accompagnèrent jusqu'à Chandernagor sans s'éloigner, ni à Bagbazar, ni ailleurs. Il faisait encore nuit quand nous sommes arrivés à destination et ils rentrèrent à Calcutta le matin. Je restai caché, entièrement occupé par la sâdhanâ, et mes relations actives avec les deux journaux ont cessé à. ce moment. Par la suite, obéissant aux mêmes "ordres de route", je quittai Chandernagor pour arriver à Pondichéry le 4 avril 1910.

"Je peux ajouter, à titre d'explication, que du moment où j'ai quitté Lélé, après la session de Surat, et après être resté avec lui à Barodâ, à Poona et à Bombay, j'ai adopté la règle de suivre aveuglément mon guide intérieur, et de n'agir que lorsque le Divin m'actionne. Le développement spirituel qui s'est accompli durant l'année de prison a changé cette acceptation en loi absolue de l'être. Cela explique la mise en action immédiate de l'âdésha (ordre) que j'avais reçu..."1

Toujours au sujet de son départ, et pour réfuter des récits inexacts parus dans la presse, Sri Aurobindo dit encore : "Le départ pour Chandernagor a été le résultat d'une décision subite de Sri Aurobindo, prise à la suite d'un âdésha venu d'En-haut et mise à exécution rapidement et en secret, sans consultation de qui que ce soit et sans conseil reçu. Il est allé directement du bureau du Dharma au Ghat, il n'a pas rendu visite au Math, personne n'a assisté à son départ ; on a appelé un bateau, il y est monté avec deux jeunes gens et il est allé directement à sa destination. Sa résidence à Chandernagor est demeurée tout à fait secrète; seuls la connaissait Motilal Roy qui avait arrangé son séjour et quelques autres. Nivédita avait été prévenue confidentiellement le lendemain de son départ, on lui avait demandé de diriger le Karmayogin à la place de

 

1 Sri Aurobindo on Himself and on the Mother (Sri Aurobindo parle de lui et de la Mère) .e) .

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were thinking of going back to the boat with a disappointing reply, one Sishir Ghose took them to Motilal Roy. Motilal, on coming to know about it, readily accepted to accommodate Sri Aurobindo. He went to the boat and brought it near to the place where he stayed. Sri Aurobindo disembarked and was taken to his house. His request to keep his arrival secret was complied with and Motilal Roy made arrangements to keep him underground."1

 In Sri Aurobindo's Uttarpara Speech we have had passing glimpses of his spiritual life as it was shaping in the Alipore jail, and we can very well see how he was being directed by the Divine in all the movements ( his life and to what new avenues of work he was being led. We find another instance of the divine guidance in the sudden, unpremeditated way he left Calcutta under the divine Adesh (Command). He did not pause to reflect on the pros and cons of the course dictated. He did not make any arrangements about his stay at Chandernagore. He did not care to consider what would be the consequences of his departure. He left because he was asked to leave. Why should he bother about himself and what would happen to him when he knew in every fibre of his being that the Infinite Love had taken charge of him ? He belonged neither to himself nor to the world, but to God alone and he was happy to be thus possessed and moved by Him for the fulfilment of His work.

 

"My soul unhorizoned widens to measureless sight,

My body is God's happy living tool,

My spirit a vast sun of deathless light."2

(To be continued)
 

1 Life of Sri Aurobindo—A. B. Purani (Suresh was in the boat. It was only Biren who went to U Charu Chandra Roy)

 2 From "Transformation", a poem by Sri Aurobindo.  

 

 

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Sri Aurobindo et elle y avait consenti..."1

A l'arrivée du bateau de Sri Aurobindo à Chandernagor, Biren alla trouver Charu Chandra Roy pour lui demander de prendre des dispositions pour le séjour de Sri Aurobindo. Charu Chandra Roy, citoyen éminent de la ville, avait été un compagnon de Sri Aurobindo à la prison Prabhou "Charu Chandra avait peur et ne savait pas quoi faire. Biren et Suresh envisageaient de retourner au bateau avec la mauvaise nouvelle lorsque Sisir Ghose les mena voir Motilal Roy. Mis au courant de la situation, Motilal accepta aussitôt de recevoir Sri Aurobindo chez lui. Il alla au bateau et l'emmena près de l'endroit où il habitait. Sri Aurobindo débarqua et fut conduit chez Motilal. Faisant droit à la demande de Sri Aurobindo Motilal Roy prit des dispositions pour tenir son arrivée secrète et pour qu'il reste caché.2

Dans son discours d'Outtarpârâ Sri Aurobindo nous avait donné quelques brèves indications sur la forme prise par sa vie spirituelle à la prison Prabhou, et nous pouvons bien comprendre que tous les mouvements de sa vie étaient dirigés par le Divin et qu'il était amené à travailler par des voies nouvelles. Nous trouvons, dans sa manière soudaine et improvisée de quitter Calcutta, un nouvel exemple de cette intervention divine. Il ne prit pas le temps de réfléchir aux raisons pour ou contre la décision qui lui était dictée. Il ne prit aucune disposition pour son séjour à Chandernagor. Il ne se souda pas d'examiner les conséquences de son départ. Il partit parce qu'on lui demandait de partir. Pourquoi se préoccuper de lui et de ce qui lui arriverait alors qu'il savait dans toutes les fibres de son être que l'Amour infini l'avait pris en charge ? Il ne s'appartenait plus, ni appartenait-il au monde, mais à Dieu seul et il était heureux d'être Son instrument pour l'accomplissement de Son travail.

 

"Mon âme, sans horizon, s'élargit en une vision infinie,

Mon corps est l'heureux outil vivant de Dieu,

Mon esprit est un immense soleil d'immortelle lumière."3

(à suivre)

 

1 Sri Aurobindo on Himself and on the Mother (Sri Aurobindo parle de lui et de la Mère)

2 Vie de Sri Aurobindo par A. B. Purani ; en fait Biren est allé seul voir Charu Chandra Roy, Suresh était resté sur le bateau.

3 Extrait de "Transformation", poème de Sri Aurobindo.

 

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Report on the Quarter

 

Darshan

 

THE 21st February, being the ninetieth birthday of the Mother, was a very special occasion. The Mother's message for the day was;

"The best way to hasten the manifestation of the Divine's Love is to collaborate for the triumph of the Truth."

 

In the morning there was a meditation around the Samadhi followed by a visit to Sri Aurobindo's room. The Mother's Darshan in the evening was attended by a record number of people from the Ashram and visitors who had come from all over the country and various parts of the world, Later, at the playground, there was a march past with the Ashram band followed by a slide show of paintings of Savitri accompanied by recorded readings of the text by the Mother Herself with special music of a very high quality composed by Sunil. The slide show was given in five parts on subsequent evenings.

The All India Radio broadcast on that day an all India programme on the Sri Aurobindo Ashram called "The Lotus and the Star", named after the symbols of the Mother and Sri Aurobindo. The Pondicherry Station had also another special programme on the Ashram "The Harmony of Life".

Both programmes were well prepared and were well appreciated.

The 29th February was the third leap year celebration of the descent' of the Supermind in 1956 "The Golden Day of Lord". The programme was similar to that of the 2ist with the Mother's Darshan in the evening, A special medallion was distributed to all on that day with the Mother's message :

 

"Truth alone can give to the world the power of receiving and manifesting the Divine's Love."

Rapport Trimestriel

 

Darshan

 

LE 21 février de cette année était le 90e anniversaire de la Mère. Le message de la Mère à cette occasion très spéciale fut :

"Le plus sûr moyen de hâter la manifestation de l'Amour Divin, c'est de collaborer au triomphe de la Vérité."

 

La matinée a été marquée par une méditation autour du Samâdhi, suivie d'un passage dans la chambre de Sri Aurobindo. Un nombre considérable de membres de l'Ashram et de visiteurs de l'Inde entière et d'autres pays assista au Darshan lui-même en fin de l'après-midi. Plus tard, au Terrain de Jeux eut lieu le défilé des participants à l'éducation physique aux sons de la fanfare de l'Ashram, le défilé fut suivi d'une projection de vues en couleurs de tableaux illustrant Sâvitrî accompagnée de l'audition du poème lui-même, lu et enregistré par la Mère et d'une musique de très haute qualité spécialement composée par Sunil. La projection de ces vues en couleurs fut répétée en cinq parties les soirées suivantes.

La Radio Indienne, sur tous les programmes ce soir-là, diffusa un programme sur l'Ashram de Sri Aurobindo intitulé "Le Lotus et l'Étoile", allusion aux symboles de Sri Aurobindo et de la Mère. La Radio de Pondichéry diffusa en outre un autre programme sur l'Ashram, avec pour titre "L'Harmonie de la vie". Ces deux programmes étaient bien préparés et furent pleinement appréciés.

Le 29 février était le troisième anniversaire de la descente du Supramental — "Le Jour d'or du Seigneur" — le 29 février 1956. Le programme de la journée fut semblable à celui du 21, avec le Darshan de la Mère en fin d'après-midi. Un médaillon spécial fut distribué en même temps que le message suivant à tous ceux qui ont assisté à cette journée:

 

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On the 28th February was the inauguration of Auroville and its dedication, an event of great historical importance. A special supplement reporting this unique occasion accompanies this issue.

 

Education Academic. Extension Lectures

 

 On the 19th January, Alex, one of our English teachers, spoke on the music of Bach.

 On the 20th January there was a recorded talk by our Director, Pavitra, in French on 'Dialogue between East and West'.

 On the 20th and 27th January, Viswa, a Science teacher, spoke in French on the implications of heart transplanting.

 On the 3rd February, Nolini gave a talk on contemplations on Sri Aurobindo's 'Savitri'. '

 Also on the 3rd February, Scott, one of our teachers, spoke on 'Sense Memory Tests' with demonstrations and music.

 On the 10th February, Jean Pierre and Promesse, two Science teachers, held a discussion in French on "The first steps on the Moon".

 On the 17th February, Dr. Paul Edmonston, a Professor of Art from the U.S.A. spoke on "The Image of Man in Contemporary Art" and discussed various aspects of art education.

 Arindam Basu formerly of Durham University, and now a professor of Philosophy here, is giving a series of lectures in English on Sri Aurobindo's The Life Divine, and in Bengali, on the teachings of Sri Aurobindo and The Mother.

 

Education Physical

 

 From the 16th December 1967, being the start of our new academic  year, we have readjusted our groups as follows including the new additions.

 

 

Group A.    

A1 —

A2 —

A3 —

A4 —

23 boys, 17 girls

22 boys, 18 girls

23 boys, 7 girls

19 boys, 11 girls

"Seule la Vérité peut donner au monde le pouvoir de recevoir et de manifester l'Amour Divin."

 

Le 28 février eut lieu l'inauguration et la consécration d'Auroville, événement d'importance historique. Un supplément spécial à ce numéro du Bulletin donne le compte rendu de cette cérémonie.

 

Vie académique. Cours et conférences

 

Le 19 janvier, Alex, un de nos professeurs d'anglais, parla de la musique de Bach.

Le 20 janvier, nous eûmes une causerie enregistrée en français intitulée "Dialogue entre l'Orient et l'Occident", par notre directeur, Pavitra (P.B.Saint-Hilaire).

Les 20 et 27 janvier, Viswa, professeur de sciences naturelles, parla en français des "Conséquences des greffes du cœur".

Le 3 février, Noiini fit une causerie sur les contemplations de la Sâvitrî de Sri Aurobindo.

Le même jour, Scott, un de nos professeurs, parla des "Tests de la mémoire sensorielle" avec démonstration et musique à l'appui.

Le 10 février, Jean-Pierre et Promesse, deux professeurs de sciences, conduisirent une discussion sur les "Premiers pas sur la lune".

Le 17 février, Paul Edmonston, professeur de Beaux-Arts aux États-Unis, parla de "l'Image de l'homme dans l'art contemporain" et discuta plusieurs aspects de l'éducation artistique.

Arindam Basu, antérieurement professeur à l'Université de Durham et maintenant professeur de philosophie au Centre International d'Éducation, commença une série de conférences en anglais sur La Vie Divine de Sri Aurobindo, et une autre série en bengali sur l'enseignement de Sri Aurobindo et de la Mère.

 

Éducation physique

 

A dater du 16 décembre 1967, qui marque le début de notre nouvelle année scolaire, la répartition des membres par groupes est la suivante:

 

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A5 —

13 boys, 17 girls

Group B.  —

B1 —

B2 —

26 boys, 14 girls

20 boys, 19 girls

Group C.  —

C1 —

C2 —

30 girls

68 girls

Group D. —

D1

D2 —

19 boys

72 boys

Group E. —

E —

60 girls

Group F. —

F —

54 men

Group G.

G —

36 ladies

Group H. —

H —

79 men

Captains Instructors.

— 32 boys, 22 girls

Non Group.

134 men, 60 ladies.

Total —  

 

915 (536 boys and men, 379 girls and ladies).

 

The Group C has been subdivided into two, 18 to 20 years and 20 to 25 years, and the Group D similarly into two groups.

 Normal group activities will continue till the end of March 1968, after which there will be two months of concentrated training. Competitions and tournaments started on the 1st April. The Mother's message for this is :

"The first condition for acquiring power is to be obedient.

The body must learn to obey before it can manifest power; and physical education is the most thorough discipline for the body.

So be eager and sincere in your efforts for physical education and you will acquire a powerful body.

My blessings are with you."

 Tournaments in Cricket and Table Tennis were however already completed. There were 82 entries in the former, in 3 divisions. In Table Tennis Singles league. Singles Knock out and Doubles there were a total of 235 entries.

 

Groupe A — 

AI — t>

A2 —

A3 —

A4 —

A5—

23 garçons, 17 filles;

22 garçons, 18 filles;

23 garçons, 7 filles;

19 garçons, 11 filles;

13garçons, 17 filles.

Groupe B —

BI —

B2 —

26 garçons, 14 filles;

20 garçons, 19 filles.

Groupe C — 

C1 — C2 —

30 filles;

68 filles.

Groupe D— 

D1—D2—

19 garçons;

72 garçons.

Groupe E —

E —

60 filles.

Groupe F —

F —

 54 hommes.

Groupe G —

G —

36 dames.

Groupe H—

H —

79 hommes.

Capitaines et moniteurs — 

32 garçons, 22 filles.

Sans-groupe —

 

134 hommes,

60 dames.

Total —

 

915 (536 garçons et hommes, 379 filles et dames).

 

Le Groupe C a été subdivisé en deux: de 18 à 20 ans, et de 21 à 25 ans. Le Groupe D a de même été subdivisé en deux.

Les activités normales de groupe continueront jusqu'à la fin de mars 1968, après quoi viendront deux mois d'entraînement intensif. Les compétitions et les tournois ont commencé le Ier avril. Voici le message donné par la Mère à cette occasion:

 

"La première condition pour acquérir la puissance est d'être obéissant.

"Le corps doit apprendre à obéir avant d'être capable de manifester de la puissance; et l'éducation physique est la discipline corporelle la plus complète.

"Ainsi donc, soyez ardents et sincères dans vos efforts en éducation physique et vous acquerrez un corps puissant.

"Mes bénédictions sont avec vous."

La Mère

 

Les tournois de cricket et de tennis de table sont déjà achevés. Pour le cricket, il y a eu 82 inscriptions. Pour le tennis de table, en simple championnats et en simple tournois, et en double, le total a été de 235 inscriptions.

 

 

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The New Age Association

 

The Fourteenth Seminar of the Association was held on the 25th  February 19683 specially to celebrate the Mother's 90th birthday. The subject given by the Mother was :

 "What we expect from the Mother". At the beginning the Mother's answers to four questions specially given by Her for this Seminar were read. Then five members spoke on the subject. Some poems on the Mother and extracts from the writings of Sri Aurobindo and the Mother were also read.

 

Eye Education

 

In the school for perfect eyesight a girl with defective vision in one eye since birth was cured by giving that eye suitable exercises.  

 

Exhibitions and Entertainments

 

 During the Darshan period there were the following exhibitions.

 Batik and Painting; Handloom products, Dolls, New pictures by Ashram artists; Embroidery, Ashram Publications, and paintings by Huta on Sri Aurobindo's short poems.

 On the 5th January, the young children presented a programme of dance and music.  

 On the 15th January, children of the Dortoir entertained us with songs, plays and recitations.

 On the 7th February, Mr. Rolf Gelewski, the well known German character dancer gave a solo recital of improvised character dancing, The programme was arranged by the courtesy of Max Muller Bhavan, Madras. Mr. Gelewski danced to various types of music, jazz, classical and religious.

 Mr. Rolf Gelewski returned again to give special dance performances on the 25th and 28th to selected pieces of 'Savitri' music. This was very well received by all who saw it including the visitors and delegates to the, Auroville dedication ceremony.

 On the 15th February there was a programme of songs, music and

Association du Nouvel Âge

Le 14e colloque de l'Association se tint le 25 février, dans le but de célébrer le 90e anniversaire de la Mère. Le sujet proposé par la Mère a été :

 

"Ce que nous attendons de la Mère"

 

La séance commença par la lecture des réponses de la Mère à quatre questions qu'elle avait posées pour ce colloque. Cinq membres parlèrent ensuite sur le sujet. Lecture fut faite enfin de quelques poèmes sur la Mère et d'extraits des œuvres de Sri Aurobindo et de la Mère.

 

Santé des yeux

 

A "l'École de la vision parfaite", une fille affligée depuis sa naissance de la vision défectueuse d'un œil fût guérie par des exercices appropriés.

 

Activités culturelles

 

Les expositions suivantes ouvrirent leurs portes pendant la période des Darshan:

Bâtik et peinture sur étoffes, étoffes, tapis et produits du tissage à la main; poupées, nouvelles peintures par les artistes de l'Ashram, broderies; publications de l'Ashram, peintures de Huta sur de courts poèmes de Sri Aurobindo.

Le 5 janvier, les petits enfants présentèrent un programme de danse et de musique.

Le 15 janvier, les enfants du Dortoir nous divertirent par des chants, des récitations et de courtes pièces de théâtre.

Le 7 février, Mr. Rolf Gelewski, le danseur allemand bien connu, nous donna un récital de danses de genre. Le programme avait été arrangé par les soins du Max Müller Bhavan de Madras. Mr. Gelewski dansa sur plusieurs types de musique. Jazz, classique, religieuse.

Mr. Gelewski revint quelques jours plus tard pour donner un gala de danse les 25 et 28 février sur une sélection de morceaux de la musique de

 

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recitation on Avirbhav "The Advent of the Divine Mother".

 On the 19th and 28th February, our ballet class gave a performance on Hans Anderson's story "Les fleurs d'Ida".

 On the 27th February, our dancing classes demonstrated dance styles in Kathak, Bharatnatyam, Kathakali, Manipuri and folk dancing, to music composed by our teachers.

 The Saturday Programmes included plays and recitations in French and English and Quiz items and programmes of songs and readings from Sri Aurobindo and The Mother.

 At the Library there were weekly programmes of recorded classical music, Indian and European.

 Among the films shown during this quarter were Prastar Saskshar' (Bengali); 'Lawrence of Arabia'; 'Khandan' (Hindi); 'Pagla Thakur' (Bengali); 'The Sound of Music'; 'Kazaki' (Hindi); and 'The Fabulous World of Jules Verne'.

 

General

 

 Ranajit Sarkar, one of our teachers who had been to France on a French Government scholarship has now returned with his doctorate from the University of Aix-Marseille on The Poetry of Sri Aurobindo in its relation to occidental literature.

 

New Publications

 

La Mère — Entretiens-1956

Satprem — Sri Aurobindo or the

Adventure of Consciousness  

Sâvitrî. Ces danses reçurent un accueil chaleureux de tous, y compris les visiteurs et les délégués à la cérémonie d'inauguration d'Auroville.

Le 15 février, nous entendîmes un programme de musique instrumentale et vocale, et de récitation sur Âvirbhâv "L'avènement de la Mère Divine".

Les 19 et 28 février, notre classe de ballet donna une représentation dansée de l'histoire d'Andersen, "les Fleurs de la petite Ida".

Le 27 février, nos classes de danse indienne firent une démonstration des styles Kathak, Bhâratnâtyam, Kathâkalî, Manipuri, et de danses folkloriques indiennes, la musique avait été composée par nos professeurs.

Les Programmes du Samedi de ce trimestre consistèrent en pièces de théâtre et récitations en français et en anglais, d'un programme de "Quiz", de chants et de lectures de Sri Aurobindo et de la Mère.

La Bibliothèque nous offrit ses programmes hebdomadaires de musique enregistrée classique — indienne aussi bien qu'européenne.

Parmi les films, citons "Prastar Sâkshar" (bengali); "Lawrence of Arabia"; "Khandan" (hindi); "Pâglâ Thâkour" (bengali); "Thé Sound of Music"; "Kazâki" (hindi); et "The Fabulous World of Jules Verne".

 

Général

 

Ranajit Sarkar, un de nos professeurs, qui a bénéficié d'une bourse du Gouvernement français pour compléter ses études en France, vient de revenir avec un doctorat de l'Université d'Aix-Marseille. Sa thèse portait sur le sujet "La Poétique de Sri Aurobindo et ses rapports avec les littératures occidentales".

 

Nouvelles publications

 

La Mère — Entretiens-1956

Satprem — Sri Aurobindo or thé

Adventure of Consciousness

 

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Illustration

 

 

Décoration au Terrain de jeux pour l'anniversaire

de naissance de la Mère

Decoration in the playground on the

Mother's birthday

Page – I


 

Récital de Sarod par Nandalal Ghose

Sarod recital by

Nandalal Ghose

Danse style Manipuri

Manipuri dance

 

 

Scène de ballet

Scene from a Ballet

Page – II


 

Le danseur allemand Rolf Gelewski

German dancer Rolf Gelewski

Page – III


 

Exposition de publications de l'Ashram

An exhibition of Ashram publications

 

 

Exposition de poupées faites par le Département

"Cottage Industries" (artisanat)

An exhibition of dolls made at the

Cottage Industries Department

Page – IV


 

Exposition d'étoffes

tissées à la main

An exhibition of Hand-woven Fabrics

Exposition de broderies

An exhibition at the

Embroidery Department

Page – V


 

Réunion des délégués à l'inauguration d'Auroville

Youth Conference on "Auroville Project"

 

 

Repas des délégués à la salle à manger

Auroville delegates in the dining hall

Page – VI


 

Inauguration du bureau de poste d'Auroville le 26.2.1968

Inauguration of Auroville Post Office on 26.2.1968

Page – VII


 

Le Darshan de la Mère le 21.2.1968

The Mother's Darshan on 21.2.1968

Page – VIII


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