Bulletin of Sri Aurobindo International

Centre of Education

Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo

 

Février 1965

 

Contents :

Table des Matières:

The Synthesis of Yoga

The Lower Triple Purusha

— Sri Aurobindo

La Synthèse des Yogas

Le Triple de Pourousha inférieur

— Sri Aurobindo

Questions And Answers

Questions And Answers on Thoughts And Aphorisms 

Notes on the Way

 (Translation)

The Mother

 Entretiens

 

Commentaires sur les Aphorismes de

Sri Aurobindo  

Notes sur le Chemin

(Original) 

 — La Mère

Sri Aurobindo —His Life and Work

Sri Aurobindo —Sa vie et son Œuvre

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

 

The Synthesis of Yoga

 

The Synthesis of Yoga

"All Life is Yoga"

 

Part II

 

THE YOGA OF INTEGRAL KNOWLEDGE

 

CHAPTER XX

 

THE LOWER TRIPLE PURUSHA

 

SUCH is the constituent principle of the various worlds of cosmic existence and the various planes of our being; they are as if a ladder plunging down into Matter and perhaps below it, rising up into the heights of the Spirit, even perhaps to the point at which existence escapes out of cosmic being into ranges of a supra-cosmic Absolute,— so at least it is averred in the world-system of the Buddhists. But to our ordinary materialised consciousness all this does not exist because it is hidden from us by our preoccupation with our existence in a little corner of the material universe and with the petty experiences of the little hour of time which is represented by our life in a single body upon tills earth. To that consciousness the world is a mass of material things and forces thrown into some kind of shape and harmonised into a system of regulated movements by a number of fixed self-existent laws which we have to obey, by which we are governed and circumscribed and of which we have to get the best knowledge we can so as to make the most of this one brief existence which begins with birth, ends with death and has no second recurrence. Our own being is a sort of accident or at least a very small and minor circumstance in the universal life of Matter or the eternal continuity of the workings of material Force. Somehow or other a soul or mind has come to exist in a body and it stumbles about among things and forces which it does not very well understand, at first preoccupied with the difficulty of managing to live in a dangerous and largely hostile world and then with the effort to understand its laws and

La Synthèse des Yogas

"Toute vie est Yoga"

 

Livre II

 

LE YOGA DE LA CONNAISSANCE INTÉGRALE

 

CHAPITRE XX

 

LE TRIPLE POUROUSHA INFÉRIEUR

 

TEL est le principe qui constitue les divers mondes de l'existence cosmique et les divers plans de notre être, c'est une sorte d'échelle qui plonge tout au fond de la Matière, et peut-être au-dessous, puis s'élève jusqu'aux sommets de l'Esprit, peut-être même jusqu'au point où l'existence s'échappe de l'être cosmique dans les sphères d'un Absolu supra-cosmique — c'est du moins ce qu'affirme la cosmologie bouddhique. Mais pour notre conscience ordinaire matérialisée, rien de tout cela n'existe, parce que tout nous est caché par les préoccupations de notre existence dans un petit coin de l'univers matériel et par les médiocres expériences de la petite heure de temps que dure notre vie dans un seul corps sur cette terre. Pour notre conscience, le monde est une masse de choses et de forces matérielles projetées dans une semblance de forme et harmonisées dans un système de mouvements réguliers, suivant un certain nombre de lois fixes et imprescriptibles auxquelles il nous faut obéir et par lesquelles nous sommes gouvernés et circonscrits, et que nous devons essayer de connaître le mieux possible, afin de profiter au mieux de cette brève et unique existence qui commence avec la naissance, finit avec la mort et ne se répète jamais deux fois. Notre être même est une sorte d'accident, ou du moins une toute petite circonstance mineure dans la vie universelle de la Matière ou dans l'éternelle continuité des œuvres de la Force matérielle. Il s'est trouvé qu'une âme ou un mental, de quelque façon, se sont mis à exister dans un corps, et qu'ils trébuchent parmi des forces et des choses qu'ils ne comprennent pas très bien, d'abord

Page – 2 - 3


use them so as to make life as tolerable or as happy as possible so long as it lasts. If we were really nothing more than such a minor movement of individualised mind in Matter, existence would have nothing more to offer us; its best part would be at most this struggle of an ephemeral intellect and will with eternal Matter and with the difficulties of Life supplemented and eased by a play of imagination and by the consoling fictions presented to us by religion and art and all the wonders dreamed of by the brooding mind and restless fancy of man.

But because he is a soul and not merely a living body, man can never for long remain satisfied that this first view of his existence, the sole view justified by the external and objective facts of life, is the real truth or the whole knowledge: his subjective being is full of hints and inklings of realities beyond, it is open to the sense of infinity and immortality, it is easily convinced of other worlds, higher possibilities of being, larger fields of experience for the soul. Science gives us the objective truth of existence and the superficial knowledge of our physical and vital being; but we feel that there are truths beyond which possibly through the cultivation of our subjective being and the enlargement of its powers may come to lie more and more open to us. When the knowledge of this world is ours, we are irresistibly impelled to seek for the knowledge of other states of existence beyond, and that is the reason why an age of strong materialism and scepticism is always followed by an age of occultism, of mystical creeds, of new religions and profounder seekings after the Infinite and the Divine. The knowledge of our superficial mentality and the laws of our bodily life is not enough; it brings us always to all that mysterious and hidden depths of subjective existence below and behind of which our surface consciousness is only a fringe or an outer court. We come to see that what is present to our physical senses is only the material shell of cosmic existence and what is obvious in our superficial mentality is only the margin of immense continents which lie behind unexplored. To explore them must be the work of another knowledge than that of physical science or of a superficial psychology.

Religion is the first attempt of man to get beyond himself and beyond the obvious and material facts of his existence. Its first essential work is to confirm and make real to him his subjective sense of an Infinite on which his material and mental being depends and the aspiration of his

préoccupés par la difficulté de survivre dans un monde dangereux et généralement hostile, puis par leur effort pour comprendre les lois de ce monde et s'en servir afin de rendre la vie aussi tolérable ou aussi heureuse que possible, pour le temps qu'elle dure. Vraiment, si nous n'étions rien de plus que ce mouvement mineur du mental individualisé dans la Matière, l'existence n'aurait rien de plus à nous offrir; ce serait au mieux, et pour la meilleure part, la lutte d'un intellect et d'une volonté éphémères contre la Matière éternelle et les difficultés de la Vie, avec le supplément adoucissant des jeux de l'imagination et les consolantes fictions que nous dispensent l'art, la religion, et toutes les merveilles dont rêvent le mental tourmenté et la fantaisie fiévreuse des hommes.

Mais parce qu'il est une âme, et pas seulement un corps vivant, l'homme ne peut pas rester longtemps satisfait de cette première vue de l'existence—la seule que justifient les faits extérieurs et objectifs de la vie — ni croire que ce soit la vraie vérité ou la connaissance totale; son être subjectif est plein de suggestions et de soupçons de réalités au-delà; il est ouvert au sens de l'infini et de l'immortalité, il est aisément convaincu qu'il existe d'autres mondes, des possibilités d'être plus hautes, des champs d'expérience plus larges pour l'âme. La science nous présente la vérité objective de l'existence et une connaissance superficielle de notre être physique et vital, mais nous sentons bien qu'il y a des vérités au-delà, qui peuvent s'ouvrir de plus en plus à nous par une culture de notre être subjectif et un élargissement de ses pouvoirs. Lorsque la connaissance de ce monde-ci nous est acquise, nous sommes irrésistiblement poussés à chercher la connaissance d'autres états d'existence par-delà; c'est pourquoi un âge fortement matérialiste et sceptique est toujours suivi d'un âge d'occultisme et de croyances mystiques, de religions nouvelles, de recherches plus profondes de l'Infini et du Divin. La connaissance de notre mentalité de surface et des lois de notre vie corporelle ne suffit pas; elle nous entraîne nécessairement vers les profondeurs mystérieuses et cachées de l'existence subjective en dessous et par-derrière, dont notre conscience de surface est une frange seulement, ou une cour extérieure. Nous finissons bien par voir que seule la coquille matérielle de l'existence cosmique est présente à nos sens physiques, et que les évidences de notre mentalité de surface sont simplement la lisière de continents immenses qui s'étendent par-derrière, encore inexplorés. Pour en

Page – 4 - 5


soul to come into its presence and live in contact with it. Its function is to assure him too of that possibility of which he has always dreamed, but of which his ordinary life gives him no assurance, the possibility of transcending himself and growing out of bodily life and mortality into the joy of immortal life and spiritual existence. It also confirms in him the sense that there are worlds or planes of existence other than that in which his lot is now cast, worlds in which this mortality and this subjection to evil and suffering are not the natural state, but rather bliss of immortality is the eternal condition. Incidentally, it gives him a rule of mortal life by which he shall prepare himself for immortality. He is a soul and not a body and his earthly life is a means by which he determines the future conditions of his spiritual being. So much is common to all religions; beyond this we get from them no assured certainty. Their voices vary, some tell us that one life on earth is all we have in which to determine our future existence, deny the past immortality of the soul and assert only its future immortality, threaten it even with the incredible dogma of a future of eternal suffering for those who miss the right path, while others more large and rational affirm successive existences by which the soul grows into the knowledge of the Infinite with a complete assurance for all of ultimate arrival and perfection. Some present the Infinite to us as a Being other than ourselves with whom we can have personal relations, others as an impersonal existence into which our separate being has to merge, some therefore give us as our goal worlds beyond in which we dwell in the presence of the Divine, others a cessation of world-existence by immergence in the Infinite. Most invite us to bear or to abandon earthly life as a trial or a temporary affliction or a vanity and fix our hopes beyond; in some we find a vague hint of a future triumph of the Spirit, the Divine in the body upon this earth,, in the collective life of man. and so justify not only the separate hope and aspiration of the individual but the united and sympathetic hope and aspiration of the race. Religion in fact is not knowledge; but a faith and aspiration; it is justified indeed both by an imprecise intuitive knowledge of large spiritual truths and by the subjective experience of souls that have risen beyond the ordinary life, but in itself it only gives us the hope and faith by which we may be induced to aspire to the intimate possession of the hidden tracts and larger realities of the Spirit. That we tarn always the few distinct truths and the symbols

faire l'exploration, il faut une autre connaissance que celle de la science physique ou d'une psychologie des surfaces.

La religion est une première tentative de l'homme pour se dépasser lui-même et dépasser les faits matériels évidents de son existence. Sa première tâche essentielle est de lui confirmer ou de lui rendre réel son sentiment subjectif d'un Infini dont dépend son être matériel et mental, et de mettre l'aspiration de son âme en présence de cet Infini-, de la faire vivre en contact avec lui. Sa fonction aussi est de l'assurer de cette possibilité dont il a toujours rêvé, mais dont la vie ordinaire ne lui donne aucune certitude : qu'il peut se transcender lui-même, sortir de la vie corporelle et de l'état mortel pour entrer dans la joie de la vie immortelle et de l'existence spirituelle. Elle le confirme encore dans le sentiment qu'il existe des mondes ou des plans d'existence autres que celui qui maintenant lui échoit, où l'état naturel n'est plus la sujétion au mal, à la souffrance, à la mort, mais où la béatitude de l'immortalité est l'éternel état. Incidemment, elle lui fournit une règle de conduite en cette vie mortelle et le prépare à l'immortalité. L'homme est une âme, non un corps, et sa vie terrestre est l'instrument qui détermine les conditions futures de son être spirituel. Tel est le fonds commun de toutes les religions, plus loin, elles ne nous donnent aucune assurance certaine. Leurs voix varient; les unes prétendent qu'une seule vie terrestre est tout ce que nous avons pour déterminer notre existence future — elles nient l'immortalité de l'âme dans le passé et affirment seulement son immortalité future; elles, vont même jusqu'à la menacer, incroyable dogme, d'un avenir de souffrance éternelle pour ceux qui ont perdu le droit chemin; d'autres, plus larges et plus rationnelles, affirment des existences successives au cours desquelles l'âme grandit dans la connaissance de l'Infini, et nous donnent l'assurance absolue que nous parviendrons tous à l'ultime perfection. Certaines nous présentent l'Infini comme un Être différent de nous avec qui nous pouvons avoir des relations personnelles; d'autres, comme une existence impersonnelle en laquelle doit se dissoudre notre être séparé; les unes nous assignent donc pour but des mondes au-delà où nous demeurerons en présence du Divin, les autres, une cessation de l'existence cosmique par immersion dans l'Infini. La plupart nous invitent à endurer ou à abandonner la vie terrestre comme une épreuve et une affliction temporaire, ou comme une vanité, et à mettre tout notre espoir en l'au-delà; quelques rares font

Page – 6 - 7


or the particular discipline of a religion into hard and fast dogmas, is a sign that as yet we are only infants in the spiritual knowledge and are yet far from the science of the Infinite.

Yet behind every great religion, behind, that is to say, its exoteric side of faith, hope, symbols, scattered truths and limiting dogmas, there is an esoteric side of inner spiritual training and illumination by which the hidden truths may be known, worked out, possessed. Behind every exoteric religion there is an esoteric Yoga, an intuitive knowledge to which its faith is the first step, inexpressible realities of which its symbols are the figured expression, a deeper sense for its scattered truths, mysteries of the higher planes of existence of which even its dogmas and superstitions are crude hints and indications. What Science does for our knowledge of the material world, replacing first appearances and uses by the hidden truths and as yet occult powers of its great natural forces and in our own minds beliefs and opinions by verified experience and a profounder understanding. Yoga does for the higher planes and worlds and possibilities of our being which are aimed at by the religions. Therefore all this mass of graded experience existing behind closed doors to which the consciousness of man may find, if it wills, the key, falls within the province of a comprehensive Yoga of knowledge, which need not be confined to the seeking after the Absolute alone or the knowledge of the Divine in itself or of the Divine only in its isolated relations with the individual human soul. It is true that the consciousness of the Absolute is the highest reach of the Yoga of knowledge and that the possession of the Divine is its first, greatest and most ardent object and that to neglect it for an inferior knowledge is to afflict our Yoga with inferiority or even frivolity and to miss or fall away from its characteristic object; but, the Divine in itself being known, the Yoga of knowledge may well embrace also the knowledge of the Divine in its relations with ourselves and the world on the different planes of our existence. To rise to the pure Self being steadfastly held to as the summit of our subjective self-uplifting, we may from that height possess our lower selves even to the physical and the workings of Nature which belong to them.

We may seek this knowledge on two sides separately, the side of Purusha, the side of Prakriti; and we may combine the two for the perfect possession of the various relations of Purusha and Prakriti in the light

une vague allusion à un triomphe futur de l'Esprit — le Divin dans un corps sur cette terre et dans la vie collective de l'homme — et justifient ainsi, non seulement l'aspiration et l'espoir particuliers de l'individu, mais l'aspiration commune de l'espèce entière et son espoir intime. En fait, la religion n'a pas la connaissance — elle est la foi et l'aspiration; certes, elle s'appuie sur une connaissance intuitive, assez imprécise, des grandes vérités spirituelles et sur l'expérience subjective des âmes qui se sont élevées au-dessus de la vie ordinaire, mais, en soi, elle nous donne seulement un espoir et une foi qui voudraient nous persuader d'aspirer à la possession intime des régions cachées et des réalités plus vastes de l'Esprit. Que nous tournions toujours en dogmes rigides et immuables les quelques vérités distinctes et les symboles ou les disciplines particulières de nos religions, est bien le signe que, pour le moment, nous sommes encore des enfants dans la connaissance spirituelle et très loin de la science de l'Infini.

Pourtant, derrière toutes les grandes religions, c'est-à-dire derrière le côté exotérique de leur foi, de leur espoir et leurs symboles, derrière les vérités éparses et les limitations des dogmes, il y a un côté ésotérique de discipline intérieure et d'illumination spirituelle par lequel il est possible de connaître les vérités cachées, de les travailler, les posséder. Derrière chaque religion exotérique, il y a un yoga ésotérique, une connaissance intuitive dont la foi est le premier stade, il y a des réalités inexprimables dont les symboles sont l'expression imagée, un sens plus profond des vérités éparses et des mystères des plans d'existence supérieurs, dont les dogmes et les superstitions elles-mêmes sont un premier indice et une grossière suggestion. Ce que la science a fait pour notre connaissance du monde matériel en substituant aux apparences immédiates et aux empirismes les vérités cachées et les pouvoirs encore occultes des grandes forces naturelles, et en remplaçant les croyances et les opinions mentales par des expériences vérifiées et une compréhension plus profonde, le yoga le fait pour les plans et les mondes d'en haut, et pour les possibilités supérieures de notre être auxquelles aspirent les religions. Par conséquent, cette masse d'expériences graduées qui attendent derrière les portes closes de la conscience — mais l'homme peut en trouver la clef, s'il le veut — relève d'un yoga compréhensif de la connaissance, qui n'a nul besoin de se borner a la recherche du seul Absolu ni à la seule connaissance

Page – 8 - 9


of the Divine. There is, says the Upanishad, a fivefold soul in man and the world, the microcosm and the macrocosm. The physical soul, self or being,—Purusha, Atman,—is that of which we are all at first conscious, a self which seems to have hardly any existence apart from the body and no action vital or even mental independent of it. This physical soul is present everywhere in material Nature; it pervades the body, actuates obscurely its movements and is the whole basis of its experiences; it informs all things even that are not mentally conscious. But in man this physical being has become vitalised and mentalised; it has received something of the law and capacities of the vital and mental being and nature. But its possession of them is derivative, superimposed, as it were, on its original nature and exercised under subjection to the law and action of the physical existence and its instruments. It is this dominance of our mental and vital parts by the body and the physical nature which seems at first sight to justify the theory of the materialists that mind and life are only circumstances, and results of physical force and all their operations explicable by the activities of that force in the animal body. In fact entire subjection of the mind and the life to the body is the characteristic of an undeveloped humanity, as it is in an even greater degree of the infra-human animal. According to the theory of reincarnation those who do not get beyond this stage in the earthly life, cannot rise after death to the mental or higher -vital worlds, but have to return from the confines of a series of physical planes to increase their development in the next earthly existence. For the undeveloped physical soul is entirely dominated by material nature and its impressions and has to work them out to a better advantage before it can rise in the scale of being.

A more developed humanity allows us to make a better and freer use of all the capacities and experiences that we derive from the vital and mental planes of being, to lean more for support upon these hidden planes, be less absorbed by the physical and to govern and modify the original nature of the physical being by greater vital forces and powers from the desire-world and greater and subtler mental forces and powers from the psychical and intellectual planes. By this development we are able to rise to higher altitudes of the intermediary existence between death and rebirth and to make a better and more rapid use of rebirth itself for a yet higher mental and spiritual development. But even so, in the physical

du Divin en soi ou du Divin dans ses relations isolées avec l'âme humaine individuelle. Il est vrai que la conscience de l'Absolu est la plus haute envolée du yoga de la connaissance, et la possession du Divin, son objectif premier, le plus grand, le plus ardent, et qu'à le négliger pour une connaissance inférieure nous entachons d'infériorité ou même de frivolité notre yoga et nous manquons son dessein caractéristique ou nous dévions; mais une fois que nous connaissons le Divin en soi, rien n'empêche que le yoga de la connaissance embrasse aussi la connaissance du Divin dans ses relations avec nous-même et avec le monde sur les différents plans de notre existence. Si nous ne perdons jamais de vue que notre élévation au Moi pur est le sommet de notre ascension subjective, nous pouvons, de cette hauteur, posséder nos états d'être inférieurs, y compris le physique et les opérations de la Nature qui en dépendent.

Nous pouvons chercher de deux côtés opposés cette connaissance, du côté Pourousha ou du côté Prakriti; et nous pouvons combiner les deux pour arriver à une possession parfaite des relations variées du Pourousha et de la Prakriti dans la lumière divine. Selon l'Oupanishad, l'homme et le monde, microcosme et macrocosme, possèdent une âme quintuple. D'abord, l'âme physique, ou le moi physique, l'être physique —Pourousha, Âtman, c'est celle dont nous sommes tous conscients pour commencer et c'est un moi qui semble n'avoir presque pas d'existence en dehors du corps et aucune action vitale ni même mentale indépendante de lui. Cette âme physique est partout présente dans la Nature matérielle, elle imprègne le corps, anime obscurément ses mouvements et constitue la base de toutes ses expériences; elle informe toutes choses, même celles qui ne sont pas mentalement conscientes. Mais dans l'homme, cet être physique s'est vitalisé et mentalisé; il participe plus ou moins de la loi de la nature vitale et mentale et des capacités de l'être vital et mental. Toutefois, la possession qu'il en a est une possession dérivée, qui s'est pour ainsi dire superposée à sa nature originelle et reste soumise à la loi de l'existence physique et aux modalités des instruments physiques. C'est cette domination des parties mentales et vitales de notre être par le corps et la nature physique qui, à première vue, semble justifier la théorie matérialiste suivant laquelle le mental et la vie seraient un simple produit de la force physique, et toutes leurs opérations réductibles à des activités de cette force dans un corps animal. En réalité, la sujétion totale du

Page – 10 - 11


being which still determines the greater part of our waking self, we act without definite consciousness of the worlds or planes which are the sources of our action. We are aware indeed of the life-plane and mind-plane of the physical being, but not of the life-plane and mind-plane proper or of the superior and larger vital and mental being which we are behind the veil of our ordinary consciousness. It is only at a high stage of development that we become aware of them and even then, ordinarily, only at the back of the action of our mentalised physical nature, we do not actually live on those planes, for if we did we could very soon arrive at the conscious control of the body by the life-power and of both by the sovereign mind, we should then be able to determine our physical and mental life to a very large extent by our will and knowledge as masters of our being and with a direct action of the mind on the life and body. By Yoga this power of transcending the physical self and taking possession of the higher selves may to a greater or less degree be acquired through a heightened and widened self-consciousness and self-mastery.

This may be done, on the side of Purusha, by drawing back from the physical self and its preoccupation with physical nature and through concentration of thought and will raising oneself into the vital and then into the mental self. By doing so we can become the vital being and draw up the physical self into that new consciousness so that we are only aware of the body, its nature and its actions as secondary circumstances of the Life-soul which we now are, used by it for its relations with the material world. A certain remoteness from physical being and then a superiority to it, a vivid sense of the body being a mere instrument or shell and easily detachable; an extraordinary effectivity of our desires on our physical being and life-environment, a great sense of power and ease in manipulating and directing the vital energy of which we now become vividly conscious, for its action is felt by us concretely, subtly physical in relation to the body, sensible in a sort of subtle density as an energy used by the mind; an awareness of the life-plane in us above the physical and knowledge and contact with the beings of the desire-world; a coming into action of new powers,—what are usually called occult-power or siddhis; a close sense of and sympathy with the Life-soul in the world and a knowledge or sensation of the emotions, desires, vital impulses of others; these are some of the signs of this new consciousness gained by Yoga.

mental et de la vie à l'égard du corps est le signe caractéristique d'une humanité non développée, comme c'est le cas, à un degré plus grand encore, chez l'animal infra-humain. Suivant la théorie de la réincarnation, ceux qui n'arrivent pas à dépasser ce stade durant leur vie terrestre ne peuvent pas, après la mort, accéder au monde mental ni même au monde vital supérieur, ils vont jusqu'aux confins d'une série de plans physiques, d'où ils doivent revenir pour continuer leur développement dans une nouvelle existence terrestre. Car l'âme physique non développée est entièrement dominée par la nature matérielle et les impressions matérielles, et il faut qu'elle en tire meilleur parti avant de pouvoir s'élever dans l'échelle de l'être.

Avec une humanité plus développée, il devient possible d'user mieux et plus librement de toutes les capacités et les expériences que nous offrent les plans vital et mental de l'être; on peut davantage faire appel à ces plans cachés et y trouver appui, se laisser moins absorber par le physique, gouverner et modifier la nature originelle de l'être physique par des forces et des puissances plus grandes — celles du vital ou monde du désir et celles du mental, encore plus grandes et plus subtiles, qui viennent des plans psychiques et intellectuels. Par ce développement, on est en mesure de s'élever à des altitudes plus hautes pendant l'existence intermédiaire qui sépare la mort de la renaissance et de se servir mieux, et plus rapidement, de la renaissance elle-même pour parvenir à un développement mental et spirituel encore plus avancé. Malgré tout, dans l'être physique, qui détermine encore la majeure partie de notre moi de veille, nous continuons d'agir sans conscience précise des mondes ou des plans qui constituent la source de notre action. En fait, c'est le plan vital et le plan mental de l'être physique que nous percevons, non le plan vital et le plan mental proprement dits, ni l'être vital et l'être mental plus grands et plus vastes que nous sommes derrière le voile de notre conscience ordinaire. Il faut un haut degré de développement pour prendre conscience de leur existence, et même alors, généralement, nous ne les percevons qu'à l'arrière-plan des activités de notre nature physique mentalisée; nous ne vivons pas vraiment sur ces plans, car si nous y vivions nous pourrions très vite arriver à un contrôle conscient du corps par le pouvoir vital, et à maîtriser l'un et l'autre, le vital et le corps, par le souverain mental; nous serions alors capables, dans une très large mesure, de déterminer

Page – 12 - 13


But all this belongs to the inferior grades of spiritual experience and indeed is hardly more spiritual than the physical existence. We have in the same way to go yet higher and raise ourselves into the mental self. By doing so we can become the mental self and draw up the physical and vital being into it, so that life and body and their operations become to us minor circumstances of our being used by the Mind-soul which we now are for the execution of its lower purposes that belong to the material existence. Here too we acquire at first a certain remoteness from the life and the body and our real life seems to be on quite another plane than material man's, in contact with a subtler existence, a greater light of knowledge than the terrestrial, a far rarer and yet more sovereign energy; we are in touch in fact with the mental plane, aware of the mental worlds, can be in communication with its beings and powers. From that plane we behold the desire-world and the material existence as if below us, things that we can cast away from us if we will and in fact easily reject when we relinquish the body, so as to dwell in the mental or psychical heavens. But we can also, instead of being thus remote and detached, become rather superior to the life and body and the vital and material planes and act upon them with mastery from our new height of being. Another sort of dynamis than physical or vital energy, something that we may call pure mind-power and soul-force, which the developed human being uses indeed but derivatively and imperfectly, but which we can now use freely and with knowledge, becomes the ordinary process of our action, while desire-force and physical action fall into a secondary place and are only used with this new energy behind them and as its occasional channels. We are in touch and sympathy also with the Mind in cosmos, conscious of it, aware of the intentions, directions, thought-forces, struggle of subtle powers behind all happenings, which the ordinary man is ignorant of or can only obscurely infer from the physical happening, but which we can now see and feel directly before there is any physical sign or even vital intimation of their working. We acquire too the knowledge and sense of the mind-action of other beings whether on the physical plane or on those above it; and the higher capacities of the mental being,—occult powers or siddhis, but of a much rarer or subtler kind than those proper to the vital plane,— naturally awake in our consciousness.

All these however are circumstances of the lower triple world of our

notre vie physique et mentale par notre volonté et notre connaissance, et de devenir le maître de notre être en faisant agir directement le mental sur la vie et sur le corps. Avec le yoga on peut, à des degrés variables, acquérir le pouvoir de transcender le moi physique et prendre possession des "moi" supérieurs par une élévation et un élargissement de la conscience et de la maîtrise de soi.

On peut y parvenir du côté du Pourousha, en se retirant du moi physique et de ses préoccupations de la nature physique, puis, par la concentration de la pensée et de la volonté, on s'élève au moi vital, puis au moi mental. Par ce processus, nous pouvons devenir l'être vital et tirer le moi physique au niveau de cette nouvelle conscience de sorte que le corps, sa , nature et ses activités sont perçus comme de simples circonstances secondaires de l'Âme de vie, que nous sommes désormais devenu, et qu'elle utilise pour ses relations avec le monde matériel. Certains symptômes se manifestent alors: d'abord, une certaine distance vis-à-vis de l'être physique, puis le sentiment d'être au-dessus de lui, une sensation très vive que le corps est un simple instrument ou une coquille aisément détachable, un extraordinaire effet de nos désirs sur notre être physique et sur le milieu où nous vivons, une grande sensation de pouvoir et d'aisance à manipuler et à diriger l'énergie vitale, dont nous sommes désormais conscient avec intensité, car son action s'éprouve concrètement, elle devient subtilement physique pour le corps et prend une sorte de densité subtile que l'on sent comme une énergie au service du mental, une perception du plan vital en nous, au-dessus de l'existence physique, et une connaissance du monde du désir, un contact avec les êtres qui y vivent; un affleurement de pouvoirs nouveaux (généralement appelés pouvoirs occultes ou "siddhis"), une sensation de proximité et de sympathie avec l'Âme de vie dans le monde, et une connaissance ou une sensation des émotions, des désirs, des impulsions vitales dans les autres — tels sont quelques-uns des signes de cette nouvelle conscience acquise par le yoga.

Mais tout cela fait partie des degrés inférieurs de l'expérience spirituelle et, en fait, est à peine plus spirituel que l'existence physique. Il faut aller plus haut et, de la même façon, nous hausser jusqu'au moi mental. Par ce processus, nous pouvons devenir le moi mental et tirer l'être physique et vital à cet autre niveau, de sorte que la vie, le corps et leurs opérations nous apparaissent comme des circonstances mineures de notre être

Page – 14 - 15


being, the trailokya of the ancient sages. Living on these we are, whatever the enlargement of our powers and our consciousness, still living within the limits of the cosmic gods and subject, though with a much subtler, easier and modified subjection, to the reign of Prakriti over Purusha. To achieve real freedom and mastery we have to ascend to a yet higher level of the many-plateaued mountain of our being.

SRI AUROBINDO

 


Suite de la page 15

 

utilisées par l'Âme mentale, que nous sommes désormais, pour exécuter ses desseins inférieurs dans l'existence matérielle. Ici aussi, nous sentons d'abord une certaine distance vis-à-vis de la vie et du corps, et notre vraie vie semble se situer sur un plan tout différent de celui de l'homme matériel, en contact avec une existence plus subtile et une lumière de connaissance plus grande que celle de la terre, une énergie beaucoup plus légère, et pourtant plus puissante; de fait, nous sommes en contact avec le plan mental et conscient des mondes mentaux : nous pouvons communiquer avec ses êtres et ses puissances. De ce plan, nous voyons le monde du désir et l'existence matérielle comme s'ils étaient au-dessous de nous et. nous pouvons les rejeter si nous le voulons, en fait, nous les rejetons sans difficulté quand nous quittons ce corps pour reposer dans les cieux du mental ou du psychique. Mais aussi, au lieu d'être distant et détaché de la sorte, nous pouvons nous élever au-dessus de la vie et du corps, au-dessus des plans vitaux et matériels, et, de cette nouvelle hauteur d'être, agir sur eux avec maîtrise. Dès lors, le processus normal de notre action suit un autre genre de dynamisme que celui de l'énergie physique ou vitale (ce que nous pourrions appeler le pouvoir mental pur et la force d'âme pure, que l'être humain développé utilise aussi, en fait, mais d'une façon dérivée et imparfaite, tandis que maintenant nous pouvons nous en servir librement et avec connaissance), et la force du désir ou l'action purement physique prennent une place secondaire et ne sont utilisées que

comme des canaux occasionnels de cette nouvelle énergie par-derrière. De même, nous sommes en contact avec le mental cosmique, en sympathie avec lui, conscient de lui; nous percevons les intentions, les courants, les forces de pensée, la lutte des pouvoirs subtils derrière chaque événement, toutes choses que l'homme ordinaire ignore, ou peut à la rigueur déduire obscurément des événements physiques, mais que nous pouvons désormais voir et sentir directement avant qu'apparaisse aucun signe physique ou même aucune intimation vitale de leurs opérations. Nous avons aussi une connaissance et une perception de l'activité mentale des autres êtres, soit sur le plan physique, soit sur les plans au-dessus, enfin, les capacités supérieures de l'être mental (pouvoirs occultes ou "siddhis", mais d'un ordre beaucoup plus rare et plus subtil que ceux du plan vital) s'éveillent naturellement dans notre conscience.

Cependant, toutes ces facultés font encore partie du triple monde inférieur de notre être, ou trailokya des anciens sages. Vivre en ces mondes, quel que soit l'élargissement de pouvoir et de conscience qu'ils apportent, c'est vivre encore dans les limites des dieux cosmiques et rester soumis, bien que d'une sujétion adoucie, beaucoup plus subtile et plus aisée, au règne de la Prakriti sur le Pourousha. Pour parvenir à la liberté et à la maîtrise réelles, il faut monter à un niveau plus haut encore sur les nombreux plateaux de la montagne de notre être.

SRI AUROBINDO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Top

Page – 16 - 17


Entretiens

 

Le 26 février 1951

 

"Aux premiers stades du Yoga, est-il bon que le sâdhak lise des livres ordinaires ?" (Entretiens suivis de Quelques Paroles, p. 53)

 

C'EST une question que l'on m'a posée bien des fois. Si quelqu'un — peut me dire l'effet que lui produit la lecture des livres ordinaires, cela m'intéressera beaucoup.

 

Les livres ordinaires me fatiguent.

 

C'est un bon signe.

 

Cela donne du repos au mental et n'a aucun effet sur moi.

 

Non ! le subconscient enregistre tout, et si vous avez l'impression qu'un livre ordinaire ne laisse aucun effet, cela veut dire que vous n'êtes pas conscient de ce qui se passe en vous. Chaque fois que vous lisez un livre où il y a une conscience très basse, cela fortifie votre subconscient et votre inconscient—cela empêche votre conscience de s'élever. C'est comme si vous jetiez des seaux d'eau sale sur les efforts que vous avez faits pour purifier votre subconscient.

C'est inévitable, mais il y a des gens qui ne s'aperçoivent même pas que leur conscience est tombée très bas.

Il existe un état où une simple conversation qui vous oblige à rester au niveau de la vie ordinaire, vous donne mal à la tête, vous tourne sur

Questions and Answers

 

February 26, 1951

 

"In the early stages of Yoga, is it good for a sadhak to read ordinary books?" (Conversations with the Mother)

 

IT is a question people have asked me many times. If anyone can — tell me the effect produced on him by reading ordinary books, it will interest me much.

 

Ordinary books tire me.

 

It is a good sign.

 

That gives rest to the mind and has no effect on me.

 

No ! The subconscient records everything, and if you have the impression that an ordinary book leaves no result, it means that you are not conscious of what is happening in you. Each time you read a book in which the consciousness is very low, it strengthens your subconscience and inconscience, it prevents your consciousness from rising upward. It is as if you poured buckets of dirty water on the efforts you have made to purify your subconscient.

It is inevitable, but there are people who do not even notice that their consciousness has gone very much down.

There is a state in which a simple conversation that compels you to remain on the level of ordinary life, gives you a headache, turns your stomach and, if it continues, may give you fever. Naturally I speak of conversations of the "gossip" type. I believe, barring a few exceptions, everybody indulges in this exercise and talks of things about which he should

Page – 18 - 19


l'estomac et, si elle continue, peut vous donner de la fièvre. Je parle naturellement de conversations du genre "potins". Je crois qu'à part quelques exceptions, tout le monde se livre à cet exercice et parle de choses qu'il devrait taire, bavarde sur les autres, etc. Cela devient si naturel que vous n'en souffrez pas. Mais si vous continuez ainsi, vous empêchez complètement votre conscience de s'élever; vous vous attachez avec des chaînes de fer à la conscience ordinaire et le travail du subconscient ne se fait pas ou n'est même pas commencé. Ceux qui veulent s'élever ont déjà bien assez de difficultés sans chercher des encouragements dehors.

Naturellement, l'effort pour maintenir la conscience à un niveau élevé fatigue au commencement, comme les exercices que vous faites pour développer vos muscles. Mais vous n'abandonnez pas la gymnastique pour autant. Alors, mentalement, il faut faire la même chose. Il ne faut pas permettre à votre mentalité de s'abaisser; le "potinage" vous dégrade et, si vous voulez faire un yoga, il faut vous en abstenir, c'est tout.

 

(Mère poursuit sa lecture)... "Vous pouvez lire des livres sacrés et cependant être très loin du Divin; et vous pouvez lire les plus stupides productions soi-disant littéraires et être tout de même en contact avec le Divin. ..Il y a un état de conscience en union avec le Divin, où l'on peut jouir de tout ce qu'on lit, ainsi que de tout ce que l'on observe... Car il n existe rien dans ce monde qui n'ait, dans le Divin, son soutien et sa vérité ultimes. Et si vous ne vous arrêtez pas aux apparences physiques, morales ou esthétiques, vous pouvez atteindre la Beauté et la Félicité même à travers ce qui affecte les sens ordinaires et leur paraît laid, pauvre, douloureux ou discordant.'" (ibid.)

 

L'état de conscience dont je parle ici est très difficile à atteindre; c'est une discipline qui demande des années et c'est une réalisation qui n'est pas à la portée de tout le monde. Il y a pourtant un état intermédiaire par lequel il faut passer : celui où l'on coupe la connexion entre soi-même et tout ce que l'on ne veut pas entendre ou voir.

be silent, chatters on other things etc. It comes to you so naturally that you are not troubled by it. But if you continue to be so, you prevent your consciousness completely from rising up; you tie yourself down with iron chains to the ordinary consciousness and the work in the subconsciousness is not done or not even begun. Those who want to rise up have already enough difficulties, without looking for outside encouragements.

Naturally, the effort to maintain consciousness at a high level is tiring in the beginning, like the exercises you do to develop your muscles. But you do not give up gymnastics for that ! So mentally also you must do the same thing. You must not allow your mind to sink: "gossiping" degrades you and, if you want to do yoga, you must abstain from that.

 

(Mother continues her reading)...You may read sacred books and yet be very far from the Divine; and you may read the most stupid, the so-called literary products and yet be in contact with the Divine.... There is a state of consciousness in union with the Divine, where you can enjoy whatever you read, as well as whatever you observe... for there is nothing in this world that has not its ultimate support and truth in the Divine.... And if you do not stop at the appearances, physical, moral or aesthetic you can reach the Beauty and the Felicity even through whatever touches the ordinary senses and appears to them ugly, poor, painful or discordant...

(ibid.)

 

The state of consciousness of which I speak here is very difficult to attain; it is a discipline that needs years and it is a realisation which is not within the reach of everybody. There is, however, an intermediate state through which one has to pass, in which you cut the connection between yourself and all that you do not want to hear or see.

 

(Mother passes on to another question).... "Evidently whatever has happened had to happen; what should not happen could not happen. Even the errors we have committed and the adversities that befell us had to be; for there was some necessity, some utility for them in our lives. But to say the truth, these things cannot be and

Page – 20 - 21


(Mère passe à une autre question)... "De toute évidence, ce qui est arrivé devait arriver ; cela n'aurait pas pu être si cela n'avait pas dû être. Même les erreurs que nous avons commises et les adversités qui sont tombées sur nous, devaient être; car il y avait en elles quelque nécessité, ou quelque utilité pour nos vies. Mais à dire vrai, ces choses ne peuvent ni ne doivent être expliquées mentalement. Car tout ce qui arrive est nécessaire, non pour des raisons mentales, mais pour nous conduire bien au-delà de tout ce que le mental peut imaginer. Et est-il nécessaire d'expliquer, après tout ? L'univers tout entier explique toute chose à chaque moment, et une chose particulière arrive parce que r'univers dans son ensemble est ce qu'il est..."

 

L'univers tout entier explique chaque chose à chaque moment. C'est très important.

 

Si l'on veut apprendre une langue, ne faut-il pas lire des livres ordinaires comme Alexandre Dumas, par exemple ?

 

Oui, si on lit pour étudier la langue, pour comprendre comment un auteur s'exprime, c'est tout à fait légitime. Mais il ne faut pas en faire une excuse pour lire n'importe quoi.

 

Les histoires imaginaires ont-elles pas de valeur?

 

Cela dépend de la qualité de l'imagination. Si vous dites que de développer l'imagination est une bonne chose, c'est vrai, seulement il faut faire attention à ne pas développer une imagination mensongère.

 

Les histoires imaginées ne mettent-elles pas en contact avec la vie, avec la vérité ?

 

Pas toujours ! Et qu'est-ce que cela veut dire "contact avec la vérité" ? — il y a une vérité dans un grain de sable. Cela ne veut rien dire.

should not be explained mentally. For whatever happens is necessary, not for mental reasons, but in order to take us beyond all that the mind is able to imagine. And is it necessary to explain, after all ? The whole universe explains each thing at each moment, and a particular thing happens, because the universe in its totality is what it is...."

 

The whole universe explains each thing at each moment. That is very important.

 

And if one wants to learn a language, is it not necessary to read ordinary books, as for example, Alexandre Dumas ?

 

Yes, if one reads to study a language, to understand how an author expresses himself, that is quite legitimate. But it should not be made an excuse for reading anything.  

 

Are not stories of imagination of value ?

 

That depends on the quality of the imagination. If you say that it is a good thing to develop one's imagination, it is true, only you must take care not to develop an untruthful imagination.

 

Do not stories of imagination put you in contact with life, with truth ?

 

Not always ! And what does it mean, "contact with truth"—there is a truth in a grain of sand. That means nothing.

Don't you think there are enough ugly things in the world without one's giving a picture of them in books ? It is a thing that always surprised me, even when I was a child—life is so ugly, so full of mean, miserable, at times even repulsive things, what then is the use of imagining things worse than they are ? If you imagined something more beautiful, a more beautiful life, that would be worth the trouble. People who take pleasure

Page – 22 - 23


Ne croyez-vous pas qu'il y ait assez de choses laides dans la vie sans en donner une image dans les livres ? C'est une chose qui m'a toujours étonnée, même quand j'étais enfant—la vie est si laide, si pleine de choses mesquines, misérables, même parfois répugnantes, à quoi sert-il d'imaginer encore pire que ce qui est ? Si l'on imaginait quelque chose de plus beau, une vie plus belle, voilà qui vaudrait la peine. Les gens qui se plaisent à écrire des choses laides font preuve d'une grande pauvreté d'esprit — c'est toujours le signe d'une pauvreté d'esprit. Il est infiniment plus difficile de raconter une histoire belle d'un bout à l'autre, que d'écrire une histoire qui finit par un drame ou une catastrophe. Beaucoup d'auteurs, s'ils devaient écrire une histoire qui finit bien, d'une belle façon, ne pourraient pas le faire — ils n'ont pas assez d'imagination pour cela. Très peu d'histoires se terminent par un soulèvement, presque toutes se terminent par une chute — pour une raison très simple, il est beaucoup plus facile de tomber que de s'élever. Il est beaucoup plus difficile de finir son histoire sur une note de grandeur, de splendeur, de faire de son héros un génie qui cherche à se dépasser lui-même, parce qu'il faut être un génie soi-même pour cela, et ce n'est pas donné à tout le monde.

 

Quand on lit des livres ordinaires, on a l'impression d'entrer dans le mental de Fauteur, ce qui n'est pas toujours agréable. J'ai remarqué aussi que lorsqu'on parle métier ou travail avec une personne du dehors, la conversation peut être bonne et intéressante, mais dès que l'on parle à cette même personne de sa vie privée, la conversation devient tout de suite pénible.

 

Oui, parce que le travail, surtout si c'est un travail technique, est l'expression du meilleur de lui-même, tandis que dans sa vie privée il descend à un niveau inférieur, à très peu d'exceptions près. Tant de savants, d'écrivains, d'artistes remarquables, qui produisent des choses remarquables, une fois rentrés chez eux sont des maris détestables, des pères désagréables, des êtres insupportables pour ceux qui les entourent. Et je parle d'une élite, de ceux qui font des études spéciales, des découvertes, qui gèrent de grandes Institutions : dehors, ce sont des gens peu ordinaires, des êtres de grandes capacités; rentrés chez

in writing ugly things show only how poor in spirit they are; it is always a sign of a poor spirit. Infinitely more difficult it is to tell a story beautiful from beginning to end than to write a story ending with a drama or a catastrophe. Many authors, if they were to write a story that ends well, in a beautiful way, would not be able to do so; they have not enough imagination for that. Very few stories end in an uplifting, almost all end by a fall—for a very simple reason, it is much more easy to fall than to rise up. It is much more difficult to end one's story in a note of greatness and splendour, to make one's hero a genius seeking to transcend himself, because one must be a genius oneself for that and this is not given to everybody.

 

When you read ordinary books., you have the impression that you are entering into the mind of the author and that is not always pleasant. I have noticed that when you talk about profession or work with an outside person, the conversation may be good and interesting, but as soon as you talk with the same person about his private life, the conversation becomes altogether painful.

 

Yes, because work, especially if it is a technical work, is the expression of the best of himself, whereas in his private life, he comes down to a lower level, almost without exception. So many remarkable scholars, writers, artists who produce remarkable things, once they enter their home, become detestable husbands, unpleasant fathers, intolerable beings for those who are around them. And I am speaking of an elite, those who do special studies, discoveries, who run big institutions; outside they are uncommon people, they are persons of great capacity; returning home they become commonplace and often intolerable—they enjoy, take rest, relax themselves. And if they begin to amuse themselves, it is the end ! I knew persons of great intelligence, admirable artists who, as soon as they began to "relax", became complete fools ! They did the most vulgar things, behaved like ill-bred children—they were relaxing. Everything comes from this "need" of relaxation; and what does that mean for most men, that means always coming down to a lower level. They do not know that for a true. relaxation one must

Page – 24 - 25


eux, ils deviennent banals et souvent insupportables — ils s'amusent, ils se reposent, ils se délassent. Et s'ils commencent à se distraire, c'est la fin de tout ! J'ai connu des personnes d'une grande intelligence, des artistes admirables qui, dès qu'ils commençaient à "se délasser", devenaient absolument idiots i Ils faisaient les choses les plus vulgaires, se conduisaient comme des enfants mal élevés — ils se délassaient. Tout vient de ce "besoin" de délassement, et qu'est-ce que cela veut dire pour la plupart des gens ? Cela veut dire, toujours, descendre à un niveau inférieur. Ils ne savent pas que pour vraiment se délasser il faut monter d'un degré de plus, il faut s'élever au-dessus de soi-même. Si l'on descend, c'est une fatigue de plus et c'est aussi un abrutissement. En outre, chaque fois que l'on descend, on augmente le fardeau du subconscient — cet énorme fardeau subconscient qu'il faut nettoyer et nettoyer si l'on veut monter, et qui est comme un boulet aux pieds. Mais il est difficile d'enseigner cela, car il faut le savoir soi-même avant de pouvoir l'apprendre aux autres.

On ne dit jamais cela aux enfants — on leur permet de faire toutes les bêtises du monde sous prétexte qu'ils ont besoin de se délasser.

Ce n'est pas en descendant au-dessous de soi-même que l'on supprime la fatigue. Il faut monter l'échelle et là, on a le vrai repos, parce qu'on a la paix intérieure, la lumière, l'énergie universelle. Et petit à petit, on se met en contact avec la vérité qui est la raison de son être.

Si vous touchez cela d'une façon définitive, cela supprime la fatigue complètement.

 

Quand on reconnaît ses fautes, on ne peut plus les commettre, n est-ce pas ?

 

Si l'on est sincère, oui. Si vous recommencez plusieurs fois la même faute, vous pouvez être sûr que vous n'êtes pas sincère quelque part. Quand on reconnaît sa faute et que l'on recommence, cela veut dire que c'est seulement une partie superficielle de la conscience qui l'a reconnue, et le reste en est parfaitement satisfait, et la légitime généralement. Vous pouvez vous dire sans risque de vous tromper : "Si je recommence la même faute, je ne suis pas sincère." Donc, essayez d'être sincère,

rise one degree higher, one must rise above oneself. If you go down, you tire yourself all the more and become dull and stupid. Besides each time you come down you increase the load of the subconscient—this huge subconscient load which one must clean and clean if one wants to mount, and which is like fetters on the feet. But it is difficult to teach that, one must know it oneself before one can teach it to others.

This is never told to children, they are allowed to do all sorts of stupidities under the pretext that they need relaxation.

It is not by coming down below oneself that one removes fatigue. One must rise up on the ladder and there one has the true rest, because one has the inner peace, the light, the universal energy. And little by little you put yourself in contact with the truth which is the purpose of your existence.

If you touch that definitively, that removes fatigue completely.

 

When one recognises one's errors, one can do them no more, is it not ?

 

If you are sincere, yes. If you do the same errors over and over again, you may be sure that you are not sincere somewhere. When you recognise your fault and begin again, it means that only a superficial part of the consciousness has recognised it and the rest is perfectly satisfied with that and generally justifies it. You can tell yourself without risking any mistake : "If I begin again the same fault, I am not sincere".' Therefore try to be sincere.

 

When you speak to others, you rarely come to an agreement, for you do not see things in the same way. Or if I see the others point of view, I cannot accept it.

 

That means that you are not plastic. You may be sure that if you find a person boring, he will also find you boring. You will arrive at nothing unless you take the attitude of putting yourself in the place of the other, it is indispensable. When someone tells you a thing that you do not understand, you must not say, "he knows nothing", but you must

Page – 26 - 27


Quand on parle aux autres, on arrive rarement à se mettre d'accord, car on ne voit pas les choses de la même façon. Ou si je vois le point de vue de l'autre, je ne peux pas l'accepter.

 

Cela veut dire que vous n'êtes pas plastique. Vous pouvez être certain que si vous trouvez une personne ennuyeuse, elle vous trouve aussi ennuyeuse. Vous n'arriverez jamais à rien si vous ne prenez pas l'attitude de vous mettre à la place de l'autre, c'est indispensable. Quand quelqu'un vous dit une chose que vous ne comprenez pas, il ne faut pas dire : "II ne sait rien", mais il faut tâcher de comprendre. Si vous voulez être tout à fait sincère, même quand un enfant vient vous raconter quelque chose que vous ne comprenez pas, il ne faut pas dire : "Cet enfant est stupide", mais : "C'est moi qui suis stupide, parce que je ne comprends pas"!

Il y a cent façons de regarder un problème. Si vous voulez trouver la solution il faut prendre tous les éléments l'un après l'autre, vous élever au-dessus d'eux et voir comment ils s'accordent.

Il y a un état de conscience, que l'on peut appeler "gnostique", où vous pouvez percevoir d la fois toutes les théories, toutes les croyances, toutes les idées que les hommes ont exprimées dans leur conscience la plus haute — les notions les plus contradictoires, n'est-ce pas, comme les théories bouddhiques, védantiques, chrétiennes, toutes les théories philosophiques, toutes les expressions de la mentalité humaine quand elle est arrivée à attraper un petit coin de la Vérité — et dans cet état, non seulement vous mettez chaque chose à sa place, mais tout vous paraît merveilleusement vrai et tout à fait indispensable pour pouvoir comprendre quoi que ce soit à quoi que ce soit. Il y a un état de conscience, ..oh, j'allais vous dire des choses que vous ne pouvez pas encore comprendre. Je vais vous donner un exemple plus simple : Anatole France disait dans l'un de ses livres : "Tant que les hommes n'essayaient pas de faire progresser le monde, tout allait bien et tout le monde était content — pas de soucis de se perfectionner ou de perfectionner le monde, par conséquent tout allait bien. Donc, la pire des choses est de vouloir faire progresser les autres; laissez-les faire ce qu'ils veulent et ne vous occupez de rien, ce sera beaucoup plus sage." Par contre, d'autres vous disent : "II y a une Vérité à atteindre; le monde est dans

try to understand. If you want to be wholly sincere, even when a child comes and tells you something that you do not understand, you must not say, "it is a stupid child", but: "It is I who am stupid, because I do not understand" !

There are a hundred ways of looking at a problem. If you want to find a solution, you must take up all the elements one after another, you should lift yourself above them and see how they are in agreement.

There is a state of consciousness that can be called "gnostic", in which you are able to see at the same time all the theories, all the ideas that men have expressed in their highest consciousness—even the most contradictory notions, like the Buddhistic, the Vedantic, the Christian theories, all the philosophical theories, all the expressions of the human mind when it succeeds in catching a little corner of the truth—and in that state, not only do you put each thing in its place, but all appears to you marvellously true and absolutely indispensable in order to be able to understand anything whatsoever with regard to anything whatsoever. There is a state of consciousness... oh, I was going to tell you things that you cannot understand now. I am giving you a more simple example. Anatole France said in one of his books : "So long as men did not try to make the world progress, everything went all right and everybody was satisfied"—no care to perfect oneself or perfect the world, therefore everything went all right. Therefore the worst thing is to want to make others progress; leave them to do as they like and have no concern with anything, that will be much more wise. On the contrary, others tell you : "There is a truth to be attained; the world is in a state of ignorance and one must at any cost, in spite of the difficulty of the journey in between, enlighten the consciousness of people and pull man out of his ignorance". But I tell you that there is a state of consciousness where the two ways of seeing are altogether equally true. Naturally, if you take only two aspects, it is difficult to see clearly; one must be able to see all the aspects of the truth as human intelligence perceives them and... something more. And then, in that state, nothing is absolutely false, nothing is absolutely bad. In that state one is free from all problems, all difficulties, all battles and the whole appears to you admirably harmonious.

But if you try to imitate this condition mentally—that is to say, make of it a mental imitation,—you may be sure of doing stupid things; you will

Page – 28 - 29


un état d'ignorance et il faut coûte que coûte, malgré la difficulté du trajet intermédiaire, éclairer les consciences et faire sortir l'homme de son ignorance." Mais je vous dis qu'il y a un état de conscience où les deux façons de voir sont absolument également vraies. Naturellement, si vous prenez deux aspects seulement, il est difficile de voir clair; il faut arriver à voir tous les aspects de la vérité perçus par l'intelligence humaine et... quelque chose de plus. Et alors, dans cet état, rien n'est absolument faux, rien n'est absolument mauvais. Dans cet état, on est libre de tous les problèmes, de toutes les difficultés, de toutes les batailles, et tout vous paraît admirablement harmonieux.

Mais si vous essayez d'imiter cette condition mentalement — vous entendez bien, d'en faire une imitation mentale—, vous pouvez être sûr que vous ferez des bêtises; vous serez un de ces individus qui ont du chaos dans la tête et qui peuvent dire les choses les plus contradictoires sans même s'en apercevoir.

Il n'y a pas de contradiction dans cette condition — c'est une totalité, et une totalité où l'on a la pleine connaissance de toutes les vérités exprimées (qui ne suffisent pas à exprimer la Vérité totale), où l'on sait la place respective de toute chose, pourquoi et en quoi se forme l'univers. Seulement—je m'empresse de vous le dire—, ce n'est pas par un effort personnel que l'on arrive à cette condition; ce n'est pas parce que l'on essaie de l'obtenir qu'on l'obtient. On devient cela, spontanément. C'est, si vous voulez, comme le couronnement d'une sincérité mentale absolue, quand vous n'avez plus de parti pris, plus de préférences ou d'attachement à une idée, quand vous n'essayez même plus de savoir la vérité.

On est simplement ouvert dans la Lumière, c'est tout.

Je vous dis cela, ce soir, parce que ce qui est fait, ce qui a été réalisé par l'un, peut être réalisé par d'autres. Il suffit qu'un corps ait pu réaliser cela, un corps humain, pour avoir l'assurance que cela peut se faire. Vous pouvez mettre cela très loin devant vous encore, mais vous pouvez dire : "Oui, la vie gnostique est certaine, parce qu'elle a commencé à se réaliser."

 

*

**

 

be one of those who have a chaos in their head and are capable of saying most contradictory things without noticing it.

In that condition there is no contradiction—it is a totality and a totality in which one has the full consciousness of all the truths that have been expressed (that are not sufficient to express the total Truth), in which one knows the respective places of all things, why and of what the universe is formed. Only—I hasten to tell you—it is not by personal effort that one reaches this condition; it is not because one tries to obtain it that one obtains it. You become that, spontaneously. It is, if you like, the crowning of an absolute mental sincerity, when you have no partiality, no preference, no attachment to an idea, when you do not even try to know the truth.

You are simply open in the Light, that is all.

I am telling it to you this evening, because what is done, what has been realised by one can be realised by others. It is sufficient that one body—one human body—has been able to realise that to have the assurance that it can be done. You may put it far away in front of you still, but you can say : "Yes, the gnostic life is certain, because it has begun to be realised."

 

*

**

 

March I, 1951

 

"...There is a plane of divine consciousness in which all is known absolutely and the whole plan of things foreseen and predetermined. That way of seeing belongs to the highest reaches of the Supermind:

it is the Supreme's own vision. But when we do not possess that consciousness, it is useless to speak in terms that hold good only in that region and are not our present way of seeing and understanding things. For at a lower level of consciousness nothing is realised or fixed beforehand: all is in the process of making. Here there are no settled facts, there is only the play of possibilities; out of the clash

Page – 30 - 31


Le Ier mars 1951

 

"...Il y a une région de conscience divine où tout est connu absolument et où le plan des choses, dans son ensemble, est prévu et prédéterminé. Cette manière de voir appartient aux sommets les plus élevés du Supramental; c'est la vision même du Suprême. Mais quand nous ne possédons pas cette conscience, il ne sert à rien de . nous exprimer en termes qui ne sont bons que dans cette région et ne correspondent pas à notre manière présente de voir et de comprendre les choses. Car, dans un domaine inférieur de conscience, rien n'est fixé ni réalisé d'avance; tout est en cours de fabrication. Ici il n'y a pas de faits préétablis, il n'y a que le jeu des possibilités; et c'est du choc de ces possibilités que jaillit la chose qui doit arriver; Dans ce domaine-ci nous pouvons choisir et sélectionner; nous pouvons refuser une possibilité et en accepter une autre; nous pouvons suivre un chemin et nous détourner d'un autre. Et cela, nous pouvons le faire, même si ce qui arrive réellement a été prévu et prédéterminé dans une région supérieure.

(Entretiens suivis de Quelques Paroles, p. 56)

 

Le mot "prédéterminé" ne correspond pas à la réalité; le mot "préexistant" serait plus exact. La conscience d'un déroulement a une réalité, ce n'est pas seulement une apparence.

Imaginez l'univers comme un tout, unique, et, en un certain sens, fini, limité, mais contenant d'une façon potentielle une quantité innombrable de possibilités dont les combinaisons sont si nombreuses qu'elles équivalent à un infini (il faut se méfier des mots, n'est-ce pas, je suis très gênée par les mots, ils n'expriment pas exactement ce que je veux dire). Donc, l'univers est objectivé par la Conscience Divine, par le Suprême, selon certaines lois déterminées dont nous parlerons plus tard. L'univers est tout entier unique, dans le sens qu'il est le Divin—il ne contient pas tout le Divin, mais c'est comme si le Divin se déployait Lui-même de façon à s'objectiver; c'est la raison d'être de la manifestation de l'univers. C'est comme si la Conscience divine se promenait dans toutes les possibilités divines suivant un trajet qu'elle aurait choisi. Alors, imaginez une multitude de possibles dont toutes

of possibilities springs the thing that has to happen. On this plane we can choose and select; we can refuse one possibility and accept another; we can follow one path., turn away from another. And that we can do, even though what is actually happening may have been foreseen and predetermined in a higher plane."

(Conversations—IV)

 

The word "predetermined" does not correspond to the reality; the word "pre-existent" would be more exact. The consciousness of an unfolding has a reality, it is not an appearance only.

Imagine the world as a single whole and, in a certain sense, finite, limited, but containing potentially a numberless quantity of possibilities whose combinations are so numerous that they are equivalent to an infinite (you must beware of words, I am very much handicapped by words, they do not express exactly what I mean to say). So, the universe is objectified by the Divine Consciousness, by the Supreme, according to certain determined laws of which we shall speak later on. The universe is a single whole, in the sense that it is the Divine—it does not contain the whole Divine, but it is as though the Divine spread Himself out so as to objectify Himself; that is the original reason for the manifestation of the universe. It is as if the Divine Consciousness is wandering in all divine possibilities following a path it had chosen. Imagine then a multitude of possibles—of which all possible combinations are equivalent to an infinite. The divine consciousness is essentially free—it wanders therein and objectifies itself. The path traversed is free in the midst of an infinite multiplicity which is at the same time pre-existent and absolutely undetermined according to the action of the free divine Will. One can imagine that this Will, being free, is able to change the course of the unfolding, change the path and although everything is pre-existent and therefore inevitable, the path, the route is free and absolutely unexpected. These changes of the route, if one can say so, may therefore change the relations between things and circumstances, and therefore the determinism is changed. This change of the circuit is called "the effect of the Grace"; well, through the aid of the Grace, if the Grace decides it, things can change, the course can be different. Things can change their place and instead of following one line follow another. One circumstance which, according to a certain determinism should be at one place, in front, for

Page – 32 - 33


les combinaisons possibles équivalent à un infini. La Conscience divine est essentiellement libre—Elle se promène là-dedans et s'objective Elle-même. Le chemin parcouru est libre au sein d'une multiplicité infinie qui est à la fois préexistante et absolument indéterminée suivant l'action de la Volonté divine libre. On peut concevoir que cette Volonté, étant libre, puisse changer le cours du déploiement, changer de trajet et, bien que tout soit préexistant et par conséquent inévitable, le chemin, le trajet est libre et absolument inattendu. Ces changements de trajet, si l'on peut dire, peuvent donc changer les relations entre les choses et les circonstances, et par conséquent le déterminisme est changé. On appelle ce changement de circuit "l'effet de la grâce", eh bien, à l'aide de la Grâce, si la Grâce le décide, les choses peuvent changer, le parcours peut être différent. Les choses peuvent changer de place et, au lieu de suivre un certain circuit, en suivre un autre. Une circonstance, qui selon certain déterminisme devrait se trouver à une place en avant, par exemple, se trouverait en arrière, et ainsi de suite. Les relations entre les choses changent, par conséquent.1

 

A quel moment le temps commence-t-il ? La Conscience qui choisit est-elle dans le temps dès qu'il y a déploiement ?

 

Non. Le temps est une succession; il faudrait que vous puissiez concevoir qu'avant de s'objectiver, la Conscience Suprême prend conscience d'Elle-même en Elle-même. Il y a une perception globale, totale et simultanée, et là il n'y a pas de temps. De même, on ne pourrait pas parler "d'espace", pour la même raison, parce que tout est simultané. C'est quelque chose de plus, cela correspond à un état de conscience subjectif plutôt qu'objectif, car le but, le mobile de la création est l'objectivation; mais il y a une première étape dans cette objectivation, où il y a pleine conscience, totale et simultanée, hors du temps et de l'espace, de

 

1 Revenant sur la définition du mot "préexistant". Mère a ajouté le commentaire suivant au moment de la publication de cet Entretien : "Le Sat, c'est-à-dire l'Existence absolue, n'est pas dans la Manifestation : cela existe sans être manifesté; c'est l'état d'existence non-manifeste. Il y a le Tat, qui est l'état de non-existence et le Sat qui est l'état d'existence; et le Tat, naturellement, n'est pas manifesté, mais le Sat aussi n'est pas manifesté : c'est seulement quand Cit-Tapas vient, la Conscience-Énergie, la Conscience qui réalise, que cela se manifeste."

example, might find itself behind and so on. Relations between things change, therefore.1

 

At what moment does time begin? Is the Consciousness that chooses, in time from the very moment of the unrolling ?

 

No, time is a succession; you must be able to conceive that the Supreme Consciousness, before objectifying itself becomes conscious of itself in itself. There is a global, total and simultaneous perception and there there is no time. Likewise one cannot speak of space, for the same reason, because all is simultaneous. It is something more; it corresponds to a state of consciousness rather subjective than objective, for the goal, the motive of creation is objectivisation; but there is a first step in this objectification where there is a plenary consciousness that is total and simultaneous, beyond time and space, of what will constitute the content of this universe, and there the universe is pre-existent, but not manifested, and time begins with objectivisation.

 

Can it be said that time begins with the supramental plane?

 

It is not the same kind of time. There is only a beginning of time and a beginning of form. Time is of a very different quality. There is a global static consciousness before arriving at the supramental level, where everything appears simultaneously—time comes in by the fact that there is a succession in the organisation of the whole. Whereas the totality that you perceive all at once on the supramental level is not a static totality; the static totality gives place to another totality giving the

 

1 Returning to the definition of the word "pre-existent". Mother added the following commentary at the time of the publication of this Conversation : Sat, that is to say, absolute Existence, is not in Manifestation; that exists without being manifested; it is the state of non-manifest existence. There is Tat which is the state of non-existence and Sat is the state of existence, and Tat naturally is not manifested, but Sat also is not manifested; it is only when Cit-Tapas comes, the Consciousness-Energy, the Consciousness which realises that Sat manifests itself.

Page – 34 - 35


ce qui constituera le contenu de cet univers; et là, l'univers est préexistant, mais non manifesté, et le temps commence avec l'objectivation.

 

Peut-on dire que le temps commence avec le plan supramental ?

 

Ce n'est pas le même genre de temps. Il y a seulement un commencement de temps et un commencement de forme. Le temps est d'une qualité très différente. Il y a une conscience globale, statique, avant d'arriver au niveau supramental, où tout paraît simultanément — le temps se produit par le fait qu'il y a une succession dans l'organisation de l'ensemble. Tandis que la totalité que vous percevez d'un coup, au niveau supramental, n'est pas une totalité statique—la totalité statique fait place à une autre totalité qui donne l'impression de temps. Ce sont des relations internes au sein du Supramental, en ce sens que l'on n'a pas conscience de quelque chose qui se produit en dehors de soi — on a seulement conscience de quelque chose qui est en soi, interne, mais les relations internes varient, ce qui donne une première impression de temps.

 

Dans cet état de conscience, on n'a pas l'impression que les choses naissent passent, disparaissent, n'est-ce pas ?

 

 Ah non ! rien de ce genre.

 

(Mère reprend sa lecture)... "La Conscience suprême connaît toute chose d'avance, parce que toute chose existe dans son éternité. Mais de par la nécessité de son jeu et afin de mettre à exécution dans le domaine physique ce qui a été préordonné dans son Soi suprême, Elle se meut ici, sur terre, comme si Elle ne connaissait pas toute l'histoire; Elle travaille comme si Elle tissait avec un fil nouveau et pas encore essayé..."

 

Si vous entreprenez un travail et que l'on vous dise d'avance que tout sera inutile et que vous n'arriverez pas à faire ce que vous voulez, le feriez-vous ? Non, n'est-ce pas ! Eh bien, c'est un peu ce qui se passe.

impression of time. There are inner relations within the Supermind, in the sense that one is not conscious of anything happening outside oneself —one is conscious only of something within oneself, internal, but the internal relations vary and that gives a first impression of time.

 

In this state of consciousness you do not have the impression of things being born, passing away, disappearing, is it not so ?

 

Oh, no ! nothing of the kind.

 

(Mother takes up reading again).... The Supreme Consciousness knows everything beforehand, because everything exists there in its eternity. But for the sake of her play and in order to carry out actually on the physical plane what is foreordained in her own supreme self, the Shakti moves here, upon earth as if she did not know the whole story; she works as if it was a new and untried thread that she was weaving..."

 

If you undertake a work and you are told in advance that all will be useless and you will not be able to do what you want, would you do it? No, is it not ? Well, something like that is happening. Ninety per cent of what you do, does not produce the expected result. There is not one person in a million who would do his work if he were told : "Do it, but the result will not be at all what you want". But in the play of forces many must work for the whole of the forces, for the totality of the forces, although individually the work has no personal utility for him who is doing it. So, if the individual had the knowledge that the role he plays in the whole is infinitesimal, he would not play it. But as soon as you go beyond that, when you do things, not with a fixed end in view, but because you know within yourself that it is the thing to be done, whatever the result, then with this kind of detachment you know and see in the higher Consciousness that all action is done only because it has to be done whatever be the result, and generally you are sufficiently clear-sighted to know, at least vaguely, what will be the result of your action. For knowing it will change nothing in your way of doing.

Instead of an explanation that goes from below upward, it would be

Page – 36 - 37


Quatre-vingt-dix fois sur cent, ce que l'on fait ne produit pas le résultat que l'on attend. Il n'y a pas une personne sur un million qui ferait son travail si on lui disait : "Fais cela, mais le résultat ne sera pas du tout celui que tu veux". Mais il est nécessaire dans le jeu des forces qu'il y ait beaucoup de gens qui travaillent pour l'ensemble des forces, pour la totalité des forces, bien que ce travail, individuellement, n'ait aucune utilité personnelle pour celui qui le fait. Alors, si l'individu avait la connaissance du rôle infinitésimal qu'il joue dans l'ensemble, il ne le jouerait pas. Mais de la minute où l'on est au-dessus de cela, où l'on fait les choses, non dans un but déterminé mais parce que l'on sait au-dedans de soi que c'est la chose à faire, quel que soit le résultat, alors, avec cette espèce de détachement vous savez et vous voyez dans la Conscience supérieure que toute action est faite exclusivement parce qu'elle doit être faite, quel que soit le résultat: et généralement vous êtes assez clairvoyant pour savoir, au moins vaguement, quel sera le résultat de cette action. Car, le sachant, cela ne changera rien à votre façon de faire.

Au lieu d'une explication qui va de bas en haut, il serait plus sage de chercher une explication qui va de haut en bas et plutôt concevoir que, petit à petit, la Conscience descend et en descendant s'obscurcit, et on ne comprend plus par quel mécanisme les choses se font — c'est ce que l'on appelle un état d'ignorance.

 

"...Pour faire un tableau, il est nécessaire d'avoir un projet de composition défini, on doit se fixer des limites, placer le tout dans un encadrement précis, mais les limites sont illusoires, le cadre n'est qu'une convention. Il y a une perpétuelle continuation du tableau qui se prolonge au-delà de tout cadre particulier, et chaque section de cette continuation pourrait être fixée, de la même manière, dans une série sans fin de cadres. Nous disons que notre but est ceci ou cela; mais nous savons que c'est seulement le commencement d'un autre but, qui est au-delà, et qui à son tour conduit à un autre, et ainsi de suite" (ibid. p. 63).

 

Si l'on me disait que les choses vont s'arrêter à un certain point, je trouverais cela très ennuyeux, si ennuyeux que je ne bougerais pas !

wiser to look for an explanation that goes from above downward and rather to conceive that little by little the consciousness goes down and as it goes down it is obscured and one does not understand any more by what mechanism things are done—that is what is called the state of ignorance.

 

"....To do a picture you need a definite scheme of composition; you have to set a limit, to put the whole thing within a fixed framework; but limit is illusory, the frame is a mere convention. There is a constant continuation of the picture that stretches beyond any particular frame, and each section of the continuation can be drawn in the same style in an unending series of frames. Our aim is this or that, we say, but we know that it is only the beginning of another aim beyond it, and that in its turn leads to yet another, and so on.

(ibid.)

If I were told that things are going to stop at a certain point, I would find it very boring, so boring that I would not move !

The only thing that consoles me is that everything continues always, infinitely, that there is always something new to be done.

Whatever be the goal attained, it is only a beginning.

 

What is the difference between the word "spiritual" and the word "psychic"?

 

It is not the same thing. The psychic is the being organised by the divine Presence and it belongs to the earth—I do not speak of the universe, only of the earth; it is only upon earth that you will find the psychic being. The rest of the universe is formed in a quite different way. The universe contains all the domains higher than the physical : there is a global physical containing the mental, the vital etc., and all the domains above the mental are domains of the spiritual order, domains which are, for us, domains of the spirit, and it is this "spirit" which little by little, progressively materialises itself to arrive at Matter as we conceive it, The beings of the Overmind for example and all the beings

Page – 38 - 39


La seule chose qui me console, c'est que tout continue toujours, infiniment, qu'il y a toujours quelque chose de nouveau à faire. Quel que soit le but atteint, ce n'est qu'un commencement.

 

Quelle différence y a-t-il entre le mot "spirituel" et le mot "psychique" ?

 

Ce n'est pas la même chose. Le psychique est l'être organisé par la Présence divine et il est propre à la terre — je ne parle pas de l'univers, seulement de la terre, ce n'est que sur la terre que vous trouverez l'être psychique. Le reste de l'univers est formé d'une façon tout à fait différente.

L'univers contient tous les domaines supérieurs au domaine physique : il y a un physique global qui comprend le mental, le vital etc., et tous les domaines au-dessus du domaine mental sont des domaines d'ordre spirituel, des domaines qui, pour vous, sont de l'esprit, et c'est cet "esprit" qui, petit à petit, progressivement, se matérialise pour arriver à la Matière telle que nous la concevons. Les êtres du Surmental, par exemple, et tous les êtres des régions supérieures n'ont pas d'être psychique — les "anges" n'ont pas d'être psychique. Ce n'est que sur la terre que la vie psychique commence, et c'est justement le procédé par lequel le Divin a éveillé la vie matérielle à la nécessité de rejoindre son origine divine. Sans le psychique, jamais la Matière ne se serait éveillée de son inconscience, jamais elle n'aurait aspiré à la vie de son origine, ou vie spirituelle. Par conséquent, l'être psychique dans l'être humain est la manifestation de l'aspiration spirituelle, mais il y a une vie spirituelle indépendante du psychique.

 

Y a-t-il une correspondance entre le monde psychique et la terre?

 

Mais je vous ai déjà dit que c'est seulement sur la terre que l'être psychique fait ses expériences pour s'individualiser. Donc, l'interdépendance est presque absolue entre le monde psychique et la terre.

of the higher regions have no psychic being—the angels have no psychic being. It is only upon earth that the psychic life commences and it is just the process by which the Divine has awakened the material life to the necessity of rejoining its divine origin. Without the psychic. Matter would never be awakened from its inconscience, would never have aspired for the life of its origin, the spiritual life. Therefore, the psychic being in the human being is the manifestation of spiritual aspiration, but there is a spiritual life independent of the psychic.

 

Is there a correspondence between the psychic world and the earth ?

 

But I have already told you that it is only upon earth that the psychic being carries on its experiences to individualise itself. Therefore there is an almost absolute interdependence between the psychic world and the earth.

 

What is the most effective means of awakening the psychic being ?

  

But it is very much awake ! And not only is it awake, but it acts, only you are not conscious. It appears to you asleep, because you are not aware of it !

In reality, without such an inner will of the psychic being, I .believe human beings would be dismal, dull, they would have quite an animal life. The slightest aspiration is always the expression of a psychic influence. Without the presence of the psychic, there would be no sense of progress nor the will for progress.

 

Would there be a sense of beauty?

 

Yes. Perhaps not the highest sense of beauty, but in the vital one finds altogether a sense of beauty and harmony. The beauty that is fundamental, profound, universal, constant belongs only to the psychic, but the sense of the beauty of form and appearance and colour, the educated, refined vital fully possesses.

Page – 40 - 41


Quel est le moyen le plus efficace d'éveiller l'être psychique ?

 

Mais il est très éveillé ! Et non seulement il est éveillé, mais il agit, mais vous n'en êtes pas conscient. Il vous paraît endormi parce que vous ne le percevez pas !

Au fond, sans cette espèce de volonté intérieure de l'être psychique, je crois que les êtres humains seraient tout à fait mornes, atones, ils auraient une vie très animale. Toute lueur d'aspiration est toujours l'expression d'une influence psychique. Sans la présence du psychique, sans l'influence psychique, il n'y aurait jamais aucun sens de progrès ni volonté de progrès,

 

Y aurait-il un sens de la beauté?

 

Oui. Peut-être pas le sens le plus haut de la beauté, mais dans le vital on trouve tout à fait le sens de la beauté et de l'harmonie. La beauté fondamentale, profonde, universelle, constante, n'appartient qu'au psychique, mais le sens de la beauté des formes, des apparences, des couleurs, le vital éduqué, raffiné, l'a tout à fait.

 

Et pas l'amour ?

 

Cela dépend de ce que vous entendez par "amour" ! Il n'y aurait pas d'amour divin, naturellement, mais toutes les passions, les attractions, les désirs existent dans le vital. Seulement, la qualité de ces mouvements a été. complètement changée du fait de la descente et de la diffusion de la Conscience divine dans la Matière. Elle a éveillé la possibilité du véritable amour; autrement, toutes ces choses que l'on prend pour de l'amour, toutes les passions, les attractions, les désirs — le besoin de dévorer —, tout cela existe très bien dans le vital. La première forme de l'amour dans la Matière est le besoin de dévorer — on veut posséder, assimiler; donc, la meilleure façon de le faire est d'avaler et de digérer ! On peut dire que le chat est plein d'amour pour ses petits quand il les mange et le tigre plein d'amour pour l'agneau qu'il dévore !

And not love?

 

It depends on what you mean by "love" ! There would not be divine love, naturally, but all passions and attractions and desires exist in the vital. Only the quality of these movements has been completely changed by the fact of the descent and diffusion of the divine Consciousness into Matter. It has awakened the possibility of true love; otherwise all those things that are taken for love, all passions and attractions and desires—the need of devouring—all that exists very well in the vital. The first form of love in Matter is the need of devouring—one wants to possess, assimilate; and the best way of doing it is to swallow, to digest ! It can be said that the cat is full of love for its kittens when it eats them and the tiger is full of love for the lamb it devours !

 

Is there a sense of beauty in flowers ?

 

Directly there is the organic life, the vital element is there and it is this vital element that gives to flowers the sense of beauty. It is not perhaps individualised in the sense we understand it, but it is a sense of the species and the species always tries to realise it. I have noticed a first rudiment of the psychic presence and vibration in the vegetable life, and truly this blossoming that one calls a flower, is the first manifestation of the psychic presence. The psychic is individualised only in man, but it was present there before him; it is not the same kind of individualisation as in man, it is more fluid,—it manifests as force, as consciousness rather than as individuality. Take the rose, for example; its great perfection of form, colour, smell expresses an aspiration and a psychic gift. Look at a rose opening in the morning at the first contact of the sun, it is a magnificent self-giving aspiration.

 

Each flower has its own significance, is it not so?

 

Not as we understand it mentally. There is a mental projection when you give a precise meaning to a flower. It cap answer, vibrate to

Page – 42 - 43


Y a-t-il un sens de la beauté dans les fleurs ?

 

Dès qu'il y a vie organique, l'élément vital est là, et c'est cet élément vital qui donne aux fleurs le sens de la beauté. Ce n'est peut-être pas individualisé au sens où nous le comprenons, mais c'est un sens de l'espèce, et l'espèce essaie toujours de le réaliser. J'ai remarqué un premier rudiment de présence, de vibration psychique dans la vie végétale, et vraiment, cet épanouissement qu'on appelle fleur, est la première manifestation de la présence psychique. Le psychique ne s'individualise que dans l'homme, mais il était présent avant lui; mais ce n'est pas le même genre d'individualisation que dans l'homme, c'est plus fluide, — cela se manifeste comme force, comme conscience plutôt que comme individualité. Prenons la rosé, par exemple; sa grande perfection de forme, de couleur, d'odeur traduit une aspiration et un don psychique. Regardez une rosé qui s'ouvre le matin au premier contact du soleil, c'est un don de soi dans l'aspiration, magnifique.

 

Chaque fleur a sa signification propre, n est-ce pas ?

 

Pas comme nous l'entendons mentalement. Il y a une projection mentale quand on donne une signification précise à une fleur. Elle peut répondre, vibrer au contact de cette projection, accepter la signification, mais la fleur n'a pas l'équivalent de la conscience mentale. Dans le règne végétal il y a un commencement de psychique, mais il n'y a pas de commencement de conscience mentale. Chez les animaux, c'est autre chose; la vie mentale commence à se former et pour eux les choses ont un sens. Mais dans les fleurs, cela ressemble plutôt au mouvement d'un tout petit enfant — ce n'est pas une sensation ni un sentiment, mais quelque chose qui tient des deux; c'est un mouvement spontané, une vibration très spéciale. Alors, si l'on est en contact avec cela, si on le sent, on reçoit une impression qui peut se traduire par une pensée. C'est comme cela que j'ai donné une signification aux fleurs et aux plantes —il y a une sorte d'identification avec la vibration, une perception de la qualité qu'elle représente et, peu à peu, par une sorte d'approximation (quelquefois cela vient subitement, parfois il faut du temps), se produit un rapprochement

the contact of the projection, accept the meaning, but a flower has no equivalent for the mental consciousness. In the vegetable kingdom there is a beginning of the psychic, but there is no beginning of the mental consciousness. In the animal it is different; the mental life begins to form and for them things have a meaning. But in the flower it is rather something like the movement of quite a babe—it is not a sensation nor a feeling, but something of both; it is a spontaneous movement, a very special vibration. So, if you are in contact with it, if you feel it, you get an impression which may be translated as a thought. That is how I gave a meaning to flowers and plants—there is a kind of identification with the vibration, a perception of the quality that it represents and little by little, through a kind of approximation (sometimes that comes all on a sudden, on other occasions time is necessary), there occurs a close approach between these vibrations (that are of the vital-emotional order) and the vibration of mental thought, and if there is a sufficient accord, you have a direct perception of what the plant may signify.

In some countries (particularly here) certain plants are used as means of worship, offering, devotion. Some plants are given on special occasions. I have often seen that this identification was quite in agreement with the nature of the plant, because it happened that spontaneously, without knowing anything, I gave the same meaning as that given in religious ceremonies. The vibration was really there in the flower itself... .Did that come from the use that has been made of it, or did it come from very far, from somewhere deep down, from a beginning of the psychic life ? Difficult to say.

 

Can it happen for the psychic being not to fall at the place where it wanted to take birth?

 

If a psychic being sees from its psychic world a light on the earth, it can rush down without knowing exactly where it is. All cases are possible. But if the psychic being is very conscious, sufficiently conscious, it will seek the light of aspiration in a precise place, because of the culture, the education it may find there. It is much more frequent than one believes, especially in somewhat educated spheres. An intelligent woman having

Page – 44 - 45


entre ces vibrations (qui sont d'un ordre vital-émotif) et la vibration de la pensée mentale, et s'il y a un accord suffisant on a une perception directe de ce que cette plante peut signifier,

Dans certains pays (surtout ici) on se sert de certaines plantes comme moyen d'adoration, d'offrande, de dévotion. Certaines plantes sont données dans certains cas spéciaux. Et j'ai vu souvent que cette identification était tout à fait en accord avec la nature de la plante parce que, spontanément, sans rien savoir, il s'est trouvé que j'ai donné la même signification que celle que l'on donnait dans les cérémonies religieuses. Cette vibration se trouvait vraiment dans la fleur elle-même... Est-ce que cela venait de l'usage que l'on en avait fait ou est-ce que cela venait de très loin, de très bas, d'un commencement de vie psychique ? il serait difficile de le dire.

 

Arrive-t-il que l'être psychique ne tombe pas à l'endroit où il voulait s'incarner ?

 

Si un être psychique voit de son monde psychique une lumière sur la terre, il peut se précipiter là sans savoir au juste où elle est. Tous les cas sont possibles. Mais si l'être psychique est très conscient, suffisamment conscient, c'est dans un endroit précis qu'il cherchera la lumière d'aspiration, à cause de la culture, de l'éducation qu'il pourra trouver là, c'est beaucoup plus fréquent qu'on ne le croit, surtout dans les sphères un peu éduquées. Une femme intelligente qui a une certaine culture artistique ou philosophique, un commencement d'individualité consciente, peut aspirer à ce que l'enfant qu'elle va mettre au monde soit le meilleur possible selon sa conception ou suivant les notions qu'elle a lues. Alors ce n'est pas tellement compliqué de trouver un endroit. Le nombre des êtres psychiques qui s'incarnent constamment étant considérable, s'il fallait chaque fois trouver des conditions exceptionnelles, ce serait difficile. Bien sûr, il y a des cas où l'être psychique semble être tombé sur la tête et comme abruti, mais c'est une malchance, dans ce cas il lui faut généralement longtemps pour se réveiller. C'est une malchance en ce sens qu'il lui manquait probablement un certain pouvoir de discernement, ou peut-être se trouvait-il en face de certaines forces qui contrecarraient

some artistic or philosophical culture, a beginning of conscious individuality may aspire that the child she is going to have may be the best possible according to her conception or according to notions she has read about. Then it is not so much complicated to find a place. The number of psychic beings that are born constantly being considerable, if one were to find each time exceptional conditions, it would be difficult. Quite true, there are cases where the psychic being seems to have fallen on its head and be dazed, but it is a bad luck, in such a case it requires generally a long time to get awakened. It is bad luck in the sense that there was missing in it a certain power of discrimination or perhaps it had to face some forces that countered its decision and won a partial victory over it. There are a thousand possibilities. One cannot say that everything goes according to one plan—the psychic beings are all different from each other.

 

*

**

 

March 3, 1951

 

...."There is even a necessity for the existence of the hostile forces. They make your determination stronger, your aspiration clearer. It is true, however, that they exist because you gave them reason to exist. So long as there is something in you which answers to them, their intervention is perfectly legitimate. If nothing in you responded, if they had no hold upon any part of your nature, they would retire and leave you".

(Conversations V)

 

The best way of facing hostile forces is always to aspire, always to keep on calling the Divine. And never to have fear.

 

The Conversation continues with the following question : "Do these hostile forces come from outside or from within?

Page – 46 - 47


sa décision et remportaient une victoire partielle sur lui. Il y a des milliers de possibilités, n'est-ce pas. On ne peut pas dire que tout se passe d'après le même plan — tous les êtres psychiques sont différents.

 

*

**

 

Le 3 mars 1951

 

... "Il y a même une nécessité dans l'existence des forces hostiles : elles rendent la résolution plus forte. Inspiration plus claire. Il est "vrai aussi qu'elles existent parce que vous leur donnez des raisons d'exister. Tant que quelque chose en vous leur répond, leur intervention est parfaitement légitime. Si rien en vous ne répondait, si elles n'avaient de prise sur aucune partie de votre nature, elles . se retireraient et vous laisseraient tranquille."

(Entretiens suivis de Quelques Paroles, p. 67)

 

La meilleure manière de faire face aux forces hosties est d'aspirer toujours, de se rappeler toujours le Divin. Et ne jamais avoir peur.

 

L'Entretien se poursuit par la question suivante :

"Les forces hostiles viennent-elles du dehors ou du dedans ?"

 

Elles viennent du dehors de la conscience ou de l'être.

 

Où s'arrête l'être ?... Quelle différence y a-t-il entre le dehors et le dedans, si la conscience est partout !

On dit toujours aux chercheurs : "Si vous voulez vous débarrasser de quelque chose, dites que c'est en dehors". Ce n'est qu'une impression, mais il est plus facile de rejeter une difficulté si l'on a l'impression qu'elle est en dehors de soi. Pourtant, je viens de vous dire le contraire, que si

"They come from outside the consciousness or the being".

 

Where does the being stop?... What is the difference between outside and inside, if the consciousness is everywhere!

The seekers are always told, "If you want to get rid of anything, say that it is outside". It is only an impression, but it is easier to throw out a difficulty if you have the impression that it is outside yourself. Yet I just now told you the opposite, that if nothing "in you" answers to the hostile forces, they will never attack you. Therefore, what is inside is also outside and what is outside is also inside ! The secret is to know, to place it just where it is most convenient for the immediate action.

If you have a big difficulty in your character, for example, the habit of flying into anger and you decide : "I must not get angry", it is very difficult, but if, on the contrary, you tell yourself: "Anger is something moving about in the whole world, it is not me, it belongs to everybody; it wanders about here and there and if I close my door, it will not enter", it is much more easy. If you think : "It is my character, I am born like that", it becomes almost impossible. It is true there is something in your character that answers to this force of anger. All movements, all vibrations are general—they enter, they come out, they move about; but they rush upon you and enter into you only to the extent you leave the door open in you. And if you have besides some affinity with these forces, you may get angry without even knowing why. Everything is everywhere and it is arbitrary to draw limits.

I read somewhere, in a book written by a rank materialist, that human beings are shut up in a bag of leather and have no contact with other beings. It is a stupidity evidently, but there are people who get help from it; this idea that they are shut up in a shell and they have no contact with others except through this shell, protects them and prevents them from receiving anything from outside. True, it is a stupidity, but stupidity is sometimes useful ! We said the other day that the mind is not an instrument for knowledge and that in the domain of ideas everything is relative, everything is a way of seeing, everything is a way of living. Every science has its language, every religion its language, every philosophy its language, every activity its own language, and the more you learn these languages, the more you have the impression that you know many things. What

Page – 48 - 49


rien "en vous" ne répond aux forces hostiles, jamais elles ne vous attaqueront. Donc, ce qui est dedans est aussi dehors et ce qui est dehors est aussi dedans ! Le secret est de savoir le mettre là où c'est le plus commode pour l'action immédiate.

Si vous avez une grosse difficulté de caractère, par exemple, l'habitude de vous mettre en colère, et que vous décidez : "II ne faut plus que je me mette en colère", c'est très difficile, mais si, au contraire, vous vous dites : "La colère est quelque chose qui circule dans le monde entier, ce n'est pas moi, elle appartient à tout le monde, elle se promène ici et là, et si je ferme ma porte, elle n'entrera pas", c'est beaucoup plus facile. Si vous pensez : "C'est mon caractère, je suis né comme cela", cela devient presque impossible. Il est vrai qu'il y a quelque chose dans votre caractère qui répond à cette force de colère. Tous les mouvements, toutes les vibrations sont générales, n'est-ce pas — ça entre, ça sort, ça se promène—, mais dans la mesure où vous avez en vous une porte ouverte, elles se précipitent sur vous et entrent en vous. Et si vous avez, en plus, une affinité avec ces forces, vous pouvez vous mettre en colère sans même savoir pourquoi. Chaque chose est partout et il est arbitraire de tracer des limites.

J'ai lu quelque part, dans un livre écrit par un matérialiste enragé, que les êtres humains sont comme enfermés dans un sac de cuir et qu'ils n'ont aucun contact avec les autres êtres. C'est une ânerie, évidemment, mais il y a des gens que cela aide; cette idée qu'ils sont enfermés dans une coquille et qu'ils n'ont de contact avec les autres qu'à travers cette coquille les protège et les empêche de recevoir n'importe quoi du dehors. C'est une ânerie, soit, mais il y a des âneries parfois utiles ! Nous avons dit, l'autre jour, que le mental n'est pas un instrument de connaissance et que dans le domaine des idées tout est relatif, tout est une façon de voir, tout est une façon de vivre. Chaque science a son langage, chaque religion a son langage, chaque philosophie a son langage, chaque activité a son langage, et plus vous apprenez ces langages, plus vous avez l'impression de savoir beaucoup de choses. Ce qui importe, c'est de connaître tous les langages. Il faut arriver au point où tous ces mouvements du mental sont pour vous des jeux tout à fait relatifs — vous pouvez jouer bien ou mal, mais ce sont des jeux. Il y a des gens qui savent s'en servir, ce sont les gens dits "intelligents" et il y a ceux qui ne savent pas s'en servir, ce sont les gens dits "bêtes".

matters is that you must know all languages. You must come to the point where all these movements of the mind are for you a play altogether relative—you may play well or ill, but it is all a play. There are. people who know how to make use of it, they are the people called "intelligent" and there are those who do not know how to make use of it, they are the people called the "stupid ones".

 

Things are in us in the measure in which we identify ourselves with them—if we push back the identification, they are outside ?

 

This is an altogether subjective way of speaking. To act, you have to make some classification and it is just for that that the mind is useful— it organises, it puts each thing in its place, it plays the game; it is this activity that creates the rules of the game and by obeying these rules it can win the game. But the true knowledge comes from elsewhere.

 

(Mother passes on to another question) "...Mental faith is not sufficient: it must be completed and enforced by a vital and even a physical faith, a faith of the body. If you can create in yourself an integral force of this kind in all your being, then nothing can resist it: but you must fix the faith in the very cells of the body. There' is, for instance, now a knowledge which has begun to spread among the scientists that could tend to prove that death is not a necessity. But the whole of humanity believes firmly in death. If this belief could be cast out, first from the conscious mind, then from the vital nature and the subconscious physical layers, death would no longer he inevitable"

(ibid.)

 

This is a negative way of looking at the problem. If one believed that immortality is possible, that would be a more active way, and not only that is possible, it will happen later on and then it would be difficult to resist it.

Page – 50 - 51


Les choses sont "en" nous dans la mesure où nous nous identifions à elles — si nous repoussons l'identification, elles sont dehors ?

 

C'est une façon de parler tout à fait subjective. Pour agir, on a besoin de faire des classifications, et c'est justement à cela que sert le mental — il organise, il met chaque chose à sa place, il joue le jeu; et c'est cette activité-là qui crée les règles du jeu, et en obéissant à ces règles il peut gagner la partie. Mais la vraie connaissance vient d'ailleurs.

 

(Mère passe à une autre question)... "La foi mentale n'est pas suffisante, elle doit être complétée et fortifiée par une foi vitale et même physique—une foi du corps. Si vous réussissez à créer en vous-même, dans tout votre être, une force intégrale de ce genre, rien ne peut lui résister; mais vous devez établir la foi jusque dans les cellules de votre corps. Il y a maintenant, par exemple, une connaissance qui commence à se répandre parmi les savants et qui tendrait à prouver que la mort n'est pas une nécessité. Mais l'humanité dans son ensemble croit fermement à la mort... Si cette croyance pouvait être rejetée, d'abord de la mentalité consciente, puis de la nature vitale et des couches subconscientes du physique, la mort ne serait plus inévitable." (ibid. p. 70)

 

C'est une façon négative de regarder le problème. Si l'on avait la foi que l'immortalité était une chose possible, ce serait une façon plus active de regarder; et non seulement qu'elle est possible, mais qu'elle se produira plus tard, on serait très fort pour résister.

 

..." Une forme fixe était nécessaire pour que la conscience individuelle organisée pût avoir un support stable. Et en même temps, ce fut la fixité des formes qui rendit la mort inévitable." (ibid. p. 72)

 

Qui va me dire ce qui constitue un individu ? Qu'est-ce qui vous donne l'impression que vous êtes une personne existante en soi ?

..."A fixed form was needed in order that the organised individual consciousness might have a stable support. And yet it is the fixity of the form that made death inevitable.

(ibid.)

 

Who will tell me what constitutes an individual ? What is it that gives you the impression that you are a person existing by himself ?

 

One can Say with Descartes: "I think therefore I am".

 

Ah, no ! that does not prove that you are individualised.

What is it that gives you the impression that you are an individual?....

When you were ten years old, you were very different from what you were when you were born, and now you are very different from what you were at ten, is it not ? The form grows within certain limits and there is a similarity, and yet it is very different from what it was at your birth; you may almost say, "it was not I". This is for the physical. Now, take your inner consciousness, at five years and now. None would say it is the same person. And your thoughts, at five years and now ? All is different. But in spite of everything what is it that gives you the impression that it is the same person that thinks ?

Let us take the example of a river following its course; it is never the same water that flows. What is the river ? There is not a drop that remains the same, no stability is there, then where is the river ? (some take this example to prove that there is no personality—they are very anxious to prove that there is no personality). For beings it is the same —the consciousness changes, ideas change, sensations change, what then is the being ? Some say that individuality is based upon memory, remembrance : you remember therefore you are an individual being. It is absolutely wrong, for even if you had no memory you would still be an individual being.

 

The river's bed constitutes the riser.

 

The bed places the river, but the bed also changes much; which means that all is inconstant, fugitive, and it is true. But it is only one part of the

Page – 52 - 53


On peut dire avec Descartes : "Je pense donc je suis".

 

Ah non ! cela ne prouve pas que vous êtes individualisé.

Qu'est-ce qui vous donne l'impression d'être un individu ?... Quand vous aviez dix ans, vous étiez très différent de ce que vous étiez à votre naissance, et maintenant vous êtes très différent de ce que vous étiez à dix ans, n'est-ce pas ? La forme se développe dans certaines limites et il y a une similitude, mais quand même elle est bien différente de ce qu'elle était à votre naissance; vous pouvez presque dire : "Ce n'était pas moi". Ceci pour le physique. Maintenant, prenez votre conscience intérieure, à cinq ans et maintenant. On ne dirait pas que c'est la même personne. Et vos pensées, à cinq ans et maintenant ? toutes sont différentes. Mais malgré tout, qu'est-ce qui vous donne l'impression que c'est la même personne qui pense ?

Prenons l'exemple d'une rivière qui suit son cours : ce n'est jamais la même eau qui coule. Qu'est-ce que la rivière ? Jamais une goutte d'eau n'est la même, il n'y a pas de stabilité là-dedans, alors où est la rivière ? (certains prennent cet exemple pour prouver qu'il n'y a pas de personnalité — ils sont très anxieux de prouver qu'il n'y a pas de personnalité). Pour les êtres c'est la même chose—la conscience change, les idées changent, les sensations changent, alors qu'est-ce que l'être ? D'aucuns disent que l'individualité est basée sur le souvenir, sur la mémoire : vous vous souvenez, donc vous êtes un être individuel. C'est absolument faux, car si vous n'aviez pas de mémoire, vous seriez toujours un être individuel.

 

Le lit de la rivière constitue la rivière.

 

Le lit situe la rivière, mais le lit change aussi beaucoup; ce qui veut dire que tout est inconstant, tout est fugitif, et c'est vrai. Mais c'est une partie seulement de la vérité, ce n'est pas le tout. Vous sentez bien qu'il y a quelque chose de "stable" en vous, n'est-ce pas, mais où se trouve cette "sensation" de stabilité ?

truth, it is not the whole. You feel quite well that there is something stable in you, isn't it, but where does this "sensation" of stability reside ?

 

If I were to place it physically, I would say it is somewhere in the chest. When I say "J" am going to do something, that is not the true "J" which speaks. When I say "J" think, it is not the true "7" which thinks—the true "Z" looks at thinking, it looks at the thoughts arriving. Naturally it is a way of speaking.

 

When the immense majority of people say "I", it is a portion of them, of their feeling, their body, their thought, indifferently, which speaks; it is a thing that always changes. Therefore, their "I" is innumerable or the "I" always varies. What is the constant thing within ?... The psychic being, evidently. For, to be constant a thing must be immortal. Otherwise it cannot be constant. Then, it must also be independent of the experiences it passes through : it cannot be the experiences themselves. Therefore, it is not certainly the bed of the river that constitutes the river, the bed is only a circumstance. If the comparison is carried a little farther (besides comparisons are worthless, people find in them what they want), it can be said that the river is a good symbol of life, what is constant in the river is the species "water". It is not always the same drop of water, but it is always water—without water there would be no river. What endures in the human being is the species consciousness. It is because it has a consciousness, it endures. The forms do not last, it is the consciousness, the power of binding all the forms together, of going through all these things, not merely keeping a memory of them (memory is something very external), but keeping the same vibration of the consciousness.

That is the great mystery of creation, for it is the same consciousness, the Consciousness is one. But the very moment this Consciousness manifests itself, exteriorises itself, spreads itself out, it divides itself into innumerable morsels for the need of expansion and each one of these fragmentations has been the beginning, the origin of the individual being. The origin of every individual form is the law of this. form or the truth

Page – 54 - 55


Si je devais la situer physiquement, je dirais que c'est quelque part dans la poitrine. Quand je dis "Je vais faire quelque chose", ce. n'est pas le vrai "moi" qui parle. Quand je dis "Je pense'', ce n'est pas le vrai "moi" qui pensele vrai "je" regarde penser, il regarde les pensées qui arrivent. Naturellement c'est une façon de parler.

 

Quand l'immense majorité des gens disent "je", c'est une partie d'eux, de leur sentiment, de leur corps, de leur pensée, indifféremment, qui parle, c'est une chose qui change toujours. Par conséquent, leur "je" est innombrable, ou le "je" varie toujours. Quelle est la chose constante là-dedans?... L'être psychique, évidemment. Car, pour qu'une chose soit constante, il faut d'abord qu'elle soit immortelle. Autrement elle ne peut pas être constante. Ensuite, il faut aussi qu'elle soit indépendante des expériences par lesquelles elle passe : elle ne peut pas être les expériences elles-mêmes. Donc, ce n'est certainement pas le lit de la rivière qui constitue la rivière; le lit est une circonstance. Si l'on pousse plus loin la comparaison (d'ailleurs les comparaisons ne valent rien, les gens y trouvent tout ce qu'ils veulent), on peut dire que la rivière est un bon symbole de la vie, que ce qui est constant dans la rivière, c'est l'espèce "eau". Ce n'est pas toujours la même goutte d'eau mais c'est toujours de l'eau — sans eau il n'y aurait pas de rivière. Et ce qui est durable dans un être humain, c'est l'espèce "conscience". C'est parce qu'il a une conscience qu'il est durable. Ce ne sont pas les formes qui sont durables, c'est la conscience, le pouvoir de lier toutes ces formes, de traverser toutes ces choses, non seulement en gardant le souvenir (le souvenir est quelque chose de très extérieur), mais en gardant la même vibration de conscience.

Et c'est cela le grand mystère de la création, car c'est la même conscience, la Conscience est une. Mais de la minute où cette Conscience se manifeste, s'extériorise, se déploie, elle se morcelle innombrablement pour les besoins de l'expansion, et chacun de ces morcellements a été le commencement, l'origine de l'être individuel. L'origine de toute forme individuelle est la loi de cette forme ou la vérité de cette forme. S'il n'y avait pas de loi, de vérité de chaque forme, il n'y aurait jamais aucune possibilité d'individualisation. Ce serait quelque chose qui s'allongerait indéfiniment, il y aurait peut-être des concentrations, des rassemblements,

of this form. If there were no law, no truth of each form, there would be no possibility of individualisation. It would be something extending indefinitely. There might be perhaps points of concentration, of gathering together, but no individual consciousness. Each form then represents one element in the change of the One into the multiple. This multiplicity implies an innumerable quantity of laws, elements of consciousness, truths that spread out into the universe and finally become separate individualities. So the individual seems more and more to go farther away from its origin by the very necessity of individualisation. But once this individualisation, that is to say, this awareness of the inner truth is complete, it becomes possible, by an inner identification, to re-establish the original unity in the multiplicity; that is the reason for the existence of the universe as we perceive it. The universe has been made so that this phenomenon may take place. The Supreme has manifested Himself to Himself so that He may be conscious of Himself.

In any case, that is the rationale of this creation. Let us be satisfied with our universe, let us make the best use possible of our life upon earth and the rest will come in its time.

It is purposely, mind you, that I have not mentioned ego as one of the causes of the sense of individuality. For the ego being a falsehood and an illusion, the sense of individuality itself would be false and illusory (as Buddha and Shankara affirm), whereas the origin of individualisation is in the Supreme Himself, the ego is only a passing deformation, necessary for the moment, that will disappear when its utility is over, when the Truth-Consciousness will be established.

 

*

**

 

March 8, 1951

 

...The true remembrance of past births may indeed be part of an integral knowledge, but it cannot be got by that way of imaginative

Page – 56 - 57


mais pas de conscience individuelle. Chaque forme représente donc un des éléments du changement de l'Unique en multiple. Cette multiplicité implique une quantité innombrable de lois, d'éléments de conscience, de vérités qui, en se déployant dans l'univers, finissent par devenir des individualités séparées. Alors, de plus en plus, l'être individuel semble s'éloigner de son origine, de par la nécessité de l'individualisation. Mais une fois que cette individualisation, c'est-à-dire cette prise de conscience de la vérité intérieure, est complète, il devient possible, par identification intérieure, de rétablir dans la multiplicité l'unité originelle, c'est cela la raison d'être de l'univers tel que nous le percevons. C'est pour que ce phénomène se produise que l'univers a été fait. Le Suprême s'est manifesté à Lui-même pour pouvoir prendre conscience de Lui-même.

En tout cas, c'est la raison d'être de cette création. Contentons-nous de notre univers, faisons le meilleur usage possible de notre vie sur terre et le reste viendra en son temp?.

C'est exprès, notez bien, que je n'ai pas mentionné l'ego comme l'une des causes du sens de l'individualité. Car l'ego étant un mensonge et une illusion, le sens de l'individualité lui-même serait mensonger et illusoire (comme l'affirment le Bouddha et Shankara), tandis que l'origine de l'individualisation étant dans le Suprême lui-même, l'ego n'est qu'une déformation passagère, momentanément nécessaire, et qui disparaîtra lorsque son utilité sera passée, quand sera établie la Conscience de Vérité.

 

*

**

 

Le 8 mars 1951

 

..."Il se peut que le vrai souvenir des existences passées fasse partie de la connaissance intégrale; mais ce souvenir ne peut être obtenu au moyen de fantaisies imaginatives. Car, bien qu'il repose pour une part sur une connaissance objective, ce souvenir dépend aussi largement de l'expérience subjective, et ceci laisse beaucoup

fancies. If it is on one side an objective knowledge, on the other it depends largely on personal and subjective experience, and here there is much chance of invention, distortion or false building. To reach the truth of past lives, your experiencing consciousness must be pure and limpid, free from any mental or vital interference, liberated from your personal notions and feelings and from your mind's habit of interpreting or explaining in its own way"

(Conversations V)

 

What should be done to get rid of mental intervention ?

 

The mind must learn to be silent—remain calm, attentive, without making a noise. If you try to silence your mind directly, it is a hard work, almost impossible; for the most material part of the mind never stops its activity—it goes on and on like a non-stop recording machine. It repeats what it records and unless there is a switch off to stop it, it continues and continues indefinitely. If, on the other hand, you can move up your consciousness into a higher domain, above the ordinary mind, this opening to the Light calms the mind, it does not stir any more, and the mental silence so obtained can become constant. Once you enter into this domain, you may very well never come out of it—the external mind always remains calm.  

The true solution is aspiration for the higher Light.

 

How to persuade the recalcitrant parts of our nature to surrender ?

 

Try to make them understand, as one does with a child that does not understand, by all kinds of means, images, explanations, symbols. Make them understand the necessity of union and harmony with the other parts of the being, speak to them reasonably, try to make them conscious of their acts and the consequences of these. Above all be patient, do not be tired of repeating the same things.

 

In this work., can the mind he of help ?

 

Yes, if a part of the mind is fully enlightened, if it is surrendered to

Page – 58 - 59


de place à l'invention, la déformation et la construction fausse. Pour atteindre la vérité des vies antérieures, la conscience qui a l'expérience doit être pure et limpide, libre de toute intervention mentale ou vitale, débarrassée de toutes les notions et les sentiments personnels, délivrée de l'habitude du mental d'interpréter et d'expliquer tout à sa manière."

(ibid. p. 80)

 

Pour se débarrasser de l'intervention mentale, que faut-il faire ?

 

Il faut que le mental apprenne à se taire — rester tranquille, attentif, sans faire de bruit. Si l'on essaie de faire taire le mental directement, c'est un dur travail, presque impossible, car la partie la plus matérielle du mental ne cesse jamais son activité — elle marche, marche, comme une machine à enregistrer qui ne s'arrêtera jamais. Elle répète tout ce qu'elle enregistre, et à moins que l'on n'ait un interrupteur pour l'arrêter, ça continue et ça continue, indéfiniment. Tandis que si l'on arrive à faire passer sa conscience dans un domaine supérieur, au-dessus du mental ordinaire, cette ouverture à la Lumière tranquillise le mental, il ne bouge plus, et le silence mental ainsi obtenu peut devenir constant. Une fois entré dans ce domaine, on peut très bien ne plus en sortir — le mental extérieur est toujours tranquille.

La seule vraie solution est l'aspiration à la lumière supérieure.

 

Comment persuader les parties récalcitrantes de notre nature de se soumettre ?

 

Tâchez de leur faire comprendre, comme l'on fait avec un enfant qui ne comprend pas, par toutes sortes de moyens, des images, des explications, des symboles. Faites-leur comprendre la nécessité de l'union, de l'harmonisation avec les autres parties de l'être; parlez-leur raison, essayez de les rendre conscientes de leurs actes et de leurs conséquences. Surtout, être très patient, ne jamais se fatiguer de répéter les mêmes choses.

the psychic light and possesses the sense of the truth, the mind can be of great help, it can explain things in the true way.

 

For previous lives., are there general rules, outlines or everything is possible ?

 

All depends on the category to which one belongs, on the degree of the psychic being's growth. If the psychic being is in an advanced stage, near maturity, the choice before death, of which I spoke to you the other day, is quite real and this choice means that everything is possible, but in other cases, the rebirth takes place almost automatically. The will of the psychic being is not developed and it does not choose. Therefore, there are no rules. It depends much on circumstances, especially upon the line of formation which the psychic being will follow and that depends on its origin. It is difficult to say. In the matter of sex, that may vary for a long time. As the consciousness grows and gains some unity of action, of consciousness, it can choose and follow one line to the exclusion of another, but before this choice, through innumerable creations you have been presumably of different sexes. That is perhaps why some women have a masculine character, and vice versa, or have tendencies opposite to their sex. But at the time of the "choice" one can decide to belong to the creatrix consciousness or to the immobile Witness. That depends upon the origin.

 

Have all the psychic beings the same origin?

 

This is how things happen. The origin of the psychic life, the divine Presence in Matter is one and the same, it is well understood, but there are beings in the higher world who have never taken a body upon earth and who want to act there, have a terrestrial action. So they wait till some psychic beings attain their full development and unite with them to do some work according to their own nature. Their consciousness is added to the psychic consciousness upon earth. These are beings that were never born

Page – 60 - 61


Dans ce travail, le mental peut-il venir en aide ?

 

Oui, si une partie du mental est pleinement illuminée, si elle est soumise à la lumière psychique et possède le sens de la vérité, le mental peut aider beaucoup, il peut expliquer les choses de la vraie manière.

 

Pour les vies antérieures, y a-t-il des règles générales, de grandes lignes, ou est-ce que tout est possible ?

 

Tout dépend de la catégorie à laquelle on appartient et du degré de développement de l'être psychique. Si l'être psychique est avancé, près de sa maturité, le choix avant la mort, dont je vous ai parlé l'autre jour, est tout à fait réel, et ce choix implique que tout est possible, mais dans les autres cas, la réincarnation se fait presque automatiquement. La volonté de l'être psychique n'est pas développée et il ne choisit pas. Donc, il n'y a pas de règles. Cela dépend beaucoup des circonstances, et surtout de la ligne de formation que suivra cet être psychique, et celle-ci dépend de son origine. C'est difficile à dire. En ce qui concerne les sexes, pendant longtemps cela peut varier. A mesure que la conscience se développe et acquiert une certaine unité d'action, de conscience, elle peut choisir de suivre une ligne à l'exclusion d'une autre, mais avant ce choix, à travers d'innombrables créations, vous avez été sans doute de sexes différents. C'est pour cela, probablement, que certaines femmes ont un caractère masculin, et vice versa, ou des tendances opposées à leur sexe. Mais au moment du "choix", on peut décider d'appartenir à la Conscience créatrice ou au Témoin immobile. Cela dépend de l'origine.

 

Les êtres psychiques ont-ils tous la même origine?

 

Voici comment les choses se passent. L'origine de la vie psychique, la Présence divine dans la Matière, est unique, c'est entendu, mais il y a dans les mondes supérieurs des êtres qui ne se sont jamais incarnés sur la terre et qui veulent y agir, avoir une action terrestre. Alors, ils attendent que certains êtres psychiques aient atteint leur plein développement et ils

upon earth, beings who materialised themselves more and more as the creation proceeded. They are perhaps the first emanations, beings sent into the universe for special reasons—men call them gods or demi-gods. So, one of these beings might have chosen, for some special reason, a psychic being in formation—he helps it, he follows its development and when this psychic is sufficiently ready and sufficiently strong to be able to support the identification, he unites with it, identifies with it to do some work upon earth. It is not very frequent, but it has happened and still happens. You find stories in ancient traditions that speak of gods incarnating themselves upon earth, some mythologies speak of them. That corresponds to something in fact. But all psychic beings are not necessarily united with a being of the higher planes.

 

Next Mother passes on to another question, that of "possession" or embodying on earth of beings of the vital world.

 

Have these vital beings a psychic being ?

 

No. I have said that the first thing they have to do to take a body is to drive away the psychic being of the person whom they possess. That may happen from the very birth. There are children that are almost still-born; they are taken to be dead and suddenly they revive—that means that a vital being has incarnated in them. I knew some such cases. That may happen also in the course of an illness. A person is very ill and, little by little he loosens his contact with the psychic being, then in a swoon or some other similar condition, he entirely cuts the contact and the vital being rushes into the body. I knew also such cases. Or it may be a slow action : the vital being enters into the atmosphere of the person, it influences him goes on influencing and finally brings about illnesses or fits, specially mental illnesses; then a time comes when the connection with the psychic being is entirely cut and the vital being takes possession of the body. There are cases of people falling very ill and coming out of the illness altogether different from what they were. Very often the thing happens in this way.

Page – 62 - 63


s'unissent à eux pour faire une œuvre selon leur nature propre. Leur conscience s'ajoute à la conscience psychique sur la terre. Ce sont des êtres qui ne se sont jamais incarnés, des êtres qui se sont matérialisés de plus en plus à mesure que la création se faisait. Ce sont peut-être des premiers émanés, des êtres envoyés dans l'univers pour des raisons spéciales — ce que les hommes appellent des "dieux" ou des "demi-dieux". Donc, un de ces êtres peut avoir choisi, pour une raison spéciale, un être psychique en formation — il l'aide, il suit son développement et, au moment où ce psychique est suffisamment prêt et suffisamment fort pour pouvoir supporter l'identification, il s'unit à lui, s'identifie à lui pour faire une œuvre sur la terre. Ce n'est pas très fréquent, mais c'est arrivé et cela arrive encore. On trouve des récits dans les anciennes traditions, où il était question de dieux qui s'incarnaient sur la terre, certaines mythologies en parlent. Cela correspond à quelque chose d'exact. Mais tous les êtres psychiques ne sont pas nécessairement unis à un être des domaines supérieurs.

 

 

Puis Mère passe à une autre question, celle des "possessions" ou de l'incarnation sur la terre des êtres du monde vital.

 

Ces êtres vitaux ont-ils un être psychique ?

 

Non ! j'ai dit que la première chose qu'ils devaient faire pour s'incarner, c'est de chasser l'être psychique de la personne qu'ils possèdent. Cela peut arriver dès la naissance. Il y a des enfants qui sont presque mort-nés, on pense qu'ils sont morts et tout d'un coup ils revivent — cela veut dire qu'un être vital s'est incarné en eux. J'ai connu des cas ainsi. Cela peut arriver aussi au cours d'une maladie : quelqu'un est très malade et, peu à peu, il relâche le contact avec l'être psychique, puis, dans un évanouissement ou quelque autre état analogue, il coupe entièrement le contact et l'être vital se précipite dans le corps. J'ai connu aussi des cas de ce genre. Ou ce peut être une action lente : l'être vital entre dans l'atmosphère de la personne, il l'influence, l'influence, et finalement cause des maladies, des crises, surtout des maladies mentales, alors, le moment

You have said that these beings of the vital were attracted by the spiritual life. Why?

 

They are attracted, but that does not mean that they have decided sincerely to follow the spiritual life. The chief character of these beings is falsehood—their nature is made up of deceit. They have a power for illusion, they can take the appearance of divine beings or higher beings, they can appear in a dazzle of light, but truly sincere people are not deceived, they feel immediately something that warns them. But if you like the marvellous, the unexpected, if you love fantastic things, if you like to live a romance, you are likely to be easily deceived.

Recently there has been a historical case, that of Hitler, who was in relation with a being whom he considered to be the Supreme; this being came to him and gave him advice, told him all that he must do. Hitler used to retire into the solitude and remain there as long as it was necessary to come in contact with his "guide" and receive from him inspirations which he carried out later on very faithfully. This being which Hitler took for the Supreme was simply an Asura, one who is called the Lord of Falsehood in occultism and this being proclaimed himself as the Lord of the Nations. He had a shining appearance and could deceive anybody except one who possessed truly the occult knowledge and could see who was there behind the appearance. He would have deceived anybody, he was truly splendid. Generally he appeared to Hitler wearing a silver cuirass and a helmet, a kind of flame coming out of his head and there was an atmosphere of dazzling light around him, so dazzling that Hitler could hardly look at him. He used to tell Hitler everything that had to be done —he played with him as though with a monkey or a mouse. He had settled it all that he would make Hitler do all possible extravagances till the day he would break his neck and that did happen. Such cases there are many, but of course, on a smaller scale.

Hitler was a very good medium, he had great mediumistic capacities, but he lacked intelligence and discrimination. That being could tell him anything and he swallowed all. It was he v/ho pushed Hitler little by little. And he was doing it as a distraction, he did not take life seriously. For these beings men are very tiny things with which to play as a cat plays with a mouse, till the day when they are eaten up.

Page – 64 - 65


venu, la connexion avec l'être psychique est tout à fait coupée et l'être vital prend possession du corps. Il y a des cas où les gens tombent très. malades et sortent de la maladie tout différents de ce qu'ils étaient avant. Très souvent cela se passe ainsi.

 

Vous avez dit que ces êtres du vital étaient attirés par la vie spirituelle, pourquoi?

 

Ils sont attirés, mais cela ne veut pas dire qu'ils aient sincèrement décidé de suivre la vie spirituelle. Le caractère principal de ces êtres est le mensonge — leur nature est faite de tromperie. Ils ont un pouvoir d'illusionnisme, ils peuvent prendre l'apparence des êtres divins ou des êtres supérieurs, ils peuvent apparaître dans un éblouissement de lumière, mais les gens vraiment sincères ne sont pas trompés, ils sentent tout de suite quelque chose qui les avertit. Mais si l'on aime le merveilleux, l'inattendu, si l'on aime les choses fantastiques, si l'on aime vivre un roman, on se laisse facilement tromper.

Il y a eu dernièrement un exemple historique, c'est le cas de Hitler qui était en rapport avec un être qu'il considérait comme le Suprême : cet être venait et lui donnait des conseils, lui disait tout ce qu'il fallait faire. Hitler se retirait dans la solitude et restait le temps qu'il fallait pour entrer en contact avec son "guide" et recevoir de lui les inspirations, qu'il mettait ensuite à exécution très fidèlement. Cet être que Hitler prenait pour le Suprême, était tout simplement un Asoura, celui que l'on appelle "Le Seigneur du Mensonge" en occultisme, et cet être se proclamait le "Seigneur des Nations". Il avait une apparence resplendissante, il pouvait donner le change à n'importe qui, sauf à celui qui avait vraiment la connaissance occulte et qui pouvait voir ce qui était là, derrière l'apparence. Il aurait trompé n'importe qui, n'est-ce pas, il était vraiment splendide. Généralement, il apparaissait à Hitler avec une cuirasse et un casque d'argent, une sorte de flamme sortait de sa tête, et il y avait une atmosphère de lumière éblouissante autour de lui, si éblouissante que Hitler pouvait à peine le regarder. Il lui disait tout ce qu'il fallait faire — il jouait avec lui comme avec un singe ou une souris. Il avait tout à fait décidé de lui faire faire toutes les extravagances possibles, jusqu'au jour

Are mentally deranged people possessed ?

 

Yes, unless there is a physical lesion, a defect in the formation or an accident, a congestion. In all other cases it is always a possession. The proof of it is that if a person is brought to you who is altogether mentally deranged and if he has a lesion, he cannot be cured, so long as the lesion is there; but if there is no physical lesion, if it is possession then one can cure him. Unfortunately these things happen to people who like them. There must be in the being much ambition, vanity joined with much stupidity and a terrible self-love—it is on such things that those beings play. I knew cases like that, of persons who were partially possessed and I succeeded in freeing them from beings v/ho possessed them. Naturally they felt some relief, a kind of ease for a time, but that did not last long; almost immediately this faded and they thought: "Now I have become quite an ordinary creature, whereas before I was an exceptional being" ! They felt within them an exceptional power, even if it were to do wrong and they were satisfied with it. Then what would they do ? They would call back with all their force the power they had lost. Of course, the being that was destroyed could not come back, but as these beings exist in thousands he was replaced by another. I have seen it happen three times consecutively in a case, so much so that in the end I had to tell the person : "I am tired, get rid of it by yourself, I do not busy myself with it any more !"

 

In such cases what happens to the psychic being?

 

Generally, it goes away.

I must tell you that the beings of the vital world are immortal—they cannot die. They can be destroyed, but it is only the pure spiritual force that can destroy them. For example, in a vital battle (there are people who have a vital combative power), the experience is always the same : if you fight in the vital world with a vital being, you can crush it, kill it, but it will be reborn always—always they form themselves again. I think there lies the origin of the legends of hydras or monsters with many heads.

Page – 66 - 67


où il se romprait le cou, ce qui est arrivé. Mais des cas comme celui-là, il y en a beaucoup, à une moindre échelle bien entendu.

Hitler était un très bon médium, il avait de grandes capacités médiumniques, mais il manquait d'intelligence et de discernement. Cet être pouvait lui dire n'importe quoi et il avalait tout. C'est lui qui le poussait peu à peu. Et cet être faisait cela comme une distraction, il ne prenait pas la vie au sérieux. Pour ces êtres-là, les hommes sont de très petites choses avec lesquelles on joue, comme un chat joue avec une souris, jusqu'au jour où on les mange.

 

Les gens mentalement dérangés sont-ils possédés?

 

Oui, à moins qu'il n'y ait une lésion physique, un défaut de formation ou un accident, une congestion. Dans tous les autres cas, ce sont toujours des possessions. La preuve en est que si l'on vous amène une personne tout à fait dérangée mentalement, si elle a une lésion, on ne peut pas la guérir, tandis que s'il n'y a pas de lésion physique, si c'est une possession, on peut la guérir. Malheureusement, ces choses n'arrivent qu'aux gens qui les aiment, il faut qu'il y ait dans l'être beaucoup d'ambition, de vanité, joint à beaucoup de stupidité et un terrible amour-propre — c'est sur ces choses-là que ces êtres jouent. J'ai connu des cas comme cela de personnes qui étaient partiellement possédées, et je suis arrivée à les débarrasser des êtres qui les possédaient. Naturellement, elles ont senti un certain soulagement, une sorte de confort pendant un certain temps, mais cela ne durait pas longtemps; presque immédiatement cela s'effaçait et elles pensaient : "Maintenant je suis devenu un être tout à fait ordinaire, tandis qu'avant j'étais un être exceptionnel" ! Ils sentaient en eux un pouvoir exceptionnel, même si c'était un pouvoir de mal faire, et ils en étaient satisfaits. Alors que faisaient-ils ? Ils appelaient de toutes leurs forces le pouvoir qu'ils avaient perdu ! Bien sûr, l'être détruit ne pouvait pas revenir, mais comme ces êtres-là existent par milliers, il était remplacé par un autre. J'ai vu cela arriver trois fois de suite dans un cas, si bien que j'ai fini par dire à cette personne :

"Je suis fatiguée, débarrassez-vous vous-même, moi je ne m'en occupe plus !"

There is only one force in the world that can destroy them categorically, that is to say, without any chance of return, and it is a force belonging to the supreme creative Power.... It is a force that comes from beyond the supramental world—it is not at the disposal of everybody. It is a luminous force, of a shining whiteness, so brilliant that if ordinary eyes looked at it, they would turn blind. A being of the vital world has just to be touched by this light to get dissolved immediately—it is liquefied like those slugs that melt in water if a little salt is put into it.

 

Was Rasputin a vital being ?

 

I have heard people saying the most extraordinary things about him —some looked upon him as an incarnate godhead, others as an incarnate devil. I can say nothing. I have had no contact with him.

 

When Hitler died-, did the Lord of Falsehood pass into Stalin ?

 

It is not exactly like that that things happen, but something similar. This being did not wait for Hitler's death, there you are wrong. These beings are not at all tied to one physical presence only. The being in question could very well possess Hitler and at the same time influence many other people. Hitler was got rid of because he had behind him a whole nation and a physical power, and if he had succeeded it would have been a disaster for humanity. But there was no illusion about it, it was not sufficient to get rid of him in order to get rid of the force that was behind him —it was not so easy. I must tell you that the origin of these beings is prior to that of the gods; they are the first emanations, the first individual beings of the universe; so they cannot be got rid of so easily, by winning one battle.

They will exist so long as they are necessary for the universal evolution. The day they lose their utility, they will be converted or will disappear.

Besides, they know that they are nearing their last hour and that is why they are doing as much havoc as they can.

Page – 68 - 69


Dans ces cas-là, qu'arrive-t-il à l'être psychique ?

 

Généralement, il s'en va. Il faut vous dire que les êtres du monde vital sont immortels— ils ne peuvent pas mourir. Ils peuvent être détruits, mais c'est seulement la force spirituelle pure qui peut les détruire. Par exemple, dans un combat vital (il y a des gens qui ont un pouvoir combatif vital), l'expérience est toujours la même : si l'on se bat dans le monde vital avec un être vital, on peut l'écraser, le tuer, mais il renaîtra toujours—ils se reforment toujours. Je crois que c'est là l'origine de ces légendes des hydres ou des monstres à plusieurs têtes.

Il n'y a qu'une force au monde qui peut les détruire d'une façon catégorique, c'est-à-dire sans espoir de retour, et c'est une force qui appartient au Pouvoir créateur suprême. C'est une force qui vient de par-delà le monde supramental — ce n'est pas à la disposition de tout le monde. C'est une force lumineuse, d'une blancheur éclatante, tellement brillante que si des yeux ordinaires la regardaient, ils en seraient aveuglés. Il suffit qu'un être du monde vital soit touché par cette lumière pour qu'il soit dissous immédiatement — il se liquéfie, comme ces limaces qui fondent en eau si l'on met un peu de sel dessus.

 

Raspoutine était-il un être vital?

 

J'ai entendu dire les choses les plus contradictoires à son sujet — certains le considéraient comme une divinité incarnée, d'autres comme un diable incarné. Je ne peux pas dire, je n'ai jamais eu de contact avec lui.

 

Quand Hitler est mort, le "Seigneur du Mensonge" est-il passé dans Staline ?

 

Ce n'est pas tout à fait comme cela que les choses se passent ! mais c'est quelque chose d'analogue. Cet être n'attendait pas la mort de Hitler, c'est là où vous faites erreur. Ces êtres-là ne sont pas du tout liés

à une seule présence physique. L'être en question pouvait très bien posséder Hitler et influencer beaucoup d'autres gens en même temps. On s'est débarrassé de Hitler parce qu'il avait derrière lui toute une nation et un pouvoir physique, et s'il avait réussi c'aurait été un désastre pour l'humanité, mais on ne se faisait pas d'illusion, il ne suffisait pas de se débarrasser de lui pour se débarrasser de la force qui était derrière lui —ce n'est pas si facile. Il faut vous dire que l'origine de ces êtres-là est antérieure à celle des dieux; ce sont les premiers émanés, les premiers êtres individuels de l'univers; alors on ne peut pas se débarrasser d'eux comme cela, en gagnant une guerre.

Tant qu'ils sont nécessaires à l'évolution universelle, ils existeront. Le jour où ils perdront leur utilité, ils se convertiront ou ils disparaîtront.

Ils savent d'ailleurs qu'ils s'approchent de leur dernière heure, et c'est pour cela qu'ils font autant de dommage qu'ils le peuvent.

Ils étaient quatre. Le premier s'est converti, l'autre s'est dissous en son origine. Deux vivent encore, et ces deux-là sont plus acharnés que tous les autres. L'un est connu en occultisme comme le "Seigneur du Mensonge", je l'ai dit, l'autre est le "Seigneur de la Mort". Et aussi longtemps que ces deux êtres-là existeront, il y aura des difficultés.

 

   

_________________

Contd. from page 69

 

They were four. The first one has been converted, another is dissolved into its origin. Two are still living and these two are more stubborn than all the others. One is known in occultism as the "Lord of Falsehood", I have told you, the other is the Lord of Death. And as long as these two beings exist, there will be difficulties.

 

THE  MOTHER

 

Top

Page – 70 - 71


Commentaires sur les Aphorismes

de Sri Aurobindo

 

(suite)

 

108

 

Quand il observait les actes de Janaka, Nârada lui-même, le sage divin, pensait que c'était un mondain adonné au luxe et un libertin. Si tu ne vois pas l'âme, comment peux-tu dire qu'un homme est libre ou esclave ?

 

CELA soulève toutes sortes de questions. Par exemple, comment se fait-il que Nârada ne pouvait pas voir l'âme ?

Pour moi, c'est très simple. Nârada était un demi-dieu, n'est-ce pas, il appartenait au monde surmental et il avait la possibilité de se matérialiser, et ces êtres-là n'ont pas de psychique. Les dieux n'ont pas en eux l'étincelle divine qui est le centre du psychique, puisque c'est seulement sur la terre (je ne parle même pas de l'univers matériel) seulement sur la terre qu'il y a eu cette Descente de l'Amour divin qui a été à l'origine de la Présence divine au centre de la Matière. Et naturellement, comme ils n'ont pas d'être psychique, ils ne connaissent pas l'être psychique. Il y a même de ces êtres qui ont voulu prendre un corps physique afin d'avoir l'expérience de l'être psychique—il n'y en a pas beaucoup.

Généralement, ils ne l'ont fait que partiellement, par une "émanation", mais pas une descente totale. On dit, par exemple, que Vivékânanda était une incarnation (un vibhuti) de Shiva; mais Shiva lui-même a clairement exprimé la volonté de ne venir sur la terre qu'avec le monde supramental. Quand la terre sera prête pour la vie supramentale, il viendra. Et presque tous ces êtres se manifesteront — ils attendent ce moment, ils ne veulent pas de la lutte et de l'obscurité de maintenant.

Et certainement, Nârada faisait partie de ceux qui venaient ici...

Questions and Answers -on

Thoughts and Aphorisms

 

(Continued)

 

108

 

When he watched the actions of Janaka, even Narada the divine sage thought him a luxurious worldling and libertine. Unless thou canst see the soul, how shalt thou say that a man is free or bound?

 

THAT raises all sorts of questions. For example, how is it that Narada could not see the soul ?

For me, it is very simple. Narada was a demi-god, is it not so ? He belonged to the overmind world and it was possible for him to materialise himself, but these beings have no psychic. The gods do not have in them the divine spark that is the centre of the psychic, because it is only. upon earth (I do not speak even of the material universe), only upon earth that there was this Descent of divine Love which was at the origin of the .divine Presence in the core of Matter. And naturally, as they do not have the psychic being, they do not know the psychic being. There are even some of these beings who wanted to take a physical body so that they may have the experience of the psychic being—there are not many of the kind.

Generally, they have done it only partially, through an "emanation", not a total descent. For example, Vivekananda is said to be an incarnation (Vibhuti') of Shiva; but Shiva clearly expressed his will to come upon earth only with the supramental world. He will come when the earth will be ready for the supramental life. And almost all these beings will manifest themselves—they are waiting for that moment. They do not want the struggle and the obscurity of the present.

Certainly Narada was one of those who came here... in reality it was

Page – 72 - 73


au fond, c'était par amusement ! il jouait beaucoup avec les circonstances. Mais il n'avait pas la connaissance de l'être psychique et cela devait l'empêcher de reconnaître l'être psychique là où il était.

Mais toutes ces choses ne peuvent pas s'expliquer : ce sont des notions, des expériences personnelles, ce n'est pas une connaissance suffisamment objective pour être enseignée. On ne peut rien dire d'un phénomène qui dépend d'une expérience personnelle et qui n'a d'autre valeur que pour celui qui a l'expérience.

Ce que Sri Aurobindo a dit était fondé sur l'érudition de la tradition de l'Inde et il disait ce qui concordait avec son expérience propre.

 

Pour voir Pâme, il faut donc connaître soi-même sa propre âme?

 

Oui, pour être en rapport avec l'âme, c'est-à-dire l'être psychique, il faut porter soi-même un être psychique, et il n'y a que les hommes — les hommes de l'évolution, ceux qui sont issus de la création terrestre — qui possèdent un être psychique.

Tous ces dieux n'ont pas d'être psychique, c'est seulement en descendant, en s'unissant à l'être psychique d'un homme, qu'ils peuvent en avoir, mais eux-mêmes n'en ont pas.

 

Le 12 janvier 1965  

 

 

 

to enjoy himself; he very much liked playing with the circumstances. But he had not the knowledge of the psychic being and that must have prevented him from recognising the psychic being where it was.

But all these things cannot be explained; they are personal notions and experiences, it is not a knowledge objective enough to be taught to others. Nothing can be said of a phenomenon which depends on one's personal experience and has value only for him who has the experience.

What Sri Aurobindo has said is based upon the study of Indian tradition and he said what was in agreement with his own experience.

 

To see the soul, one must then know one's own psychic being?

 

Yes, to be in relation with the soul, that is to say, the psychic being, one must carry in oneself a psychic being, and only men—men in the course of evolution, they who are products of the terrestrial creation— possess a psychic being.

 

12-1-1965

 

 

 

 

 

 

 

 

Top

Page – 74 - 75


Notes sur le Chemin

 

Nous commençons sous cette rubrique la publication de quelques fragments de conversations avec la Mère. Ces réflexions, ou ces expériences, ces observations très récentes, sont comme des jalons sur le chemin de la Transformation; elles ont été choisies, non seulement parce quelles éclairaient le  Travail en cours—un yoga du corps dont tous les processus sont à établir — mais parce quelles peuvent être comme une indication de l'effort à faire.

 

Le 7 octobre 1964

 

LES choses, non du point de vue ordinaire mais "du point de vue supérieur, ont pris nettement un tournant vers le mieux. Mais les conséquences matérielles sont encore là — toutes les difficultés sont comme aggravées. Seulement, le pouvoir de la conscience est plus grand — plus clair, plus précis; et aussi l'action sur ceux qui sont de bonne volonté : ils font des progrès assez considérables. Mais les difficultés matérielles sont comme aggravées, c'est-à-dire que c'est... pour voir si nous tenons le coup !

C'est comme cela.

Il n'y a pas longtemps (c'est depuis hier), quelque chose s'est clarifié dans l'atmosphère Mais le chemin est encore long—long, long. Ça je le sens très long. Il faut durer. Durer, c'est surtout cela l'impression—il faut avoir de l'endurance. Ce sont les deux choses absolument indispensables : l'endurance, et garder une foi que rien ne peut ébranler, même une négation apparemment complète, même si l'on souffre, même si l'on est misérable (je veux dire dans le

Notes on the Way

 

We begin under this title to publish some fragments of conversations with the Mother. These reflections or experiences, these observations, which are very recent, are like landmarks on the way of Transformation: they were chosen not only because they illumine the work under way—a yoga of the body of which all the processes have to be established—but because they can be a sort of indication of the endeavour that has to be made.

 

October 7, 1964

 

THINGS have clearly taken a turn for the better, not from the ordinary point of view but from the higher. But the material consequences are still there—all the difficulties are as though aggravated. Only, the power of the consciousness is greater—clearer, more precise; and also the action upon those that are of good will, they make quite considerable progress. But the material difficulties are as though aggravated, that is to say, it is...to see if we can stand the test !

It is like that.

Not long ago (since yesterday), something has cleared in the atmosphere. But the way is still long—long, long. I feel it is very long. One must last—hold on, above all that is the impression—one must have endurance. These are the two absolutely indispensable things : endurance, and a faith that nothing can shake, even an apparently complete negation, even if you suffer, even if you are miserable (I mean to say in the body), even if you are tired—must endure, must last. That is it.

But on hearing what I have been told, I mean by. people who listen

Page – 76 - 77


corps), même si l'on est fatigué — durer. S'accrocher et durer — avoir de l'endurance. Voilà.

Mais d'après ce que l'on me raconte, je veux dire ceux qui écoutent la radio, qui lisent les journaux (toutes choses que je ne fais point), le monde tout entier est en train de subir une action... qui, pour le moment, est bouleversante. Il semble que le nombre de "fous apparents" augmente considérablement. Comme en Amérique, par exemple, toute la jeunesse semble être prise par une sorte de vertige curieux, qui serait inquiétant pour les gens raisonnables, mais qui est certainement l'indication qu'une force inaccoutumée est à l'œuvre. C'est la rupture de toutes les habitudes et de toutes les règles — c'est bon. Pour le moment, c'est un peu "étrange", mais c'est nécessaire.

 

La vraie attitude, actuellement, n'est-elle pas d'essayer d'être aussi transparent que possible ?

 

Transparent, réceptif à la force nouvelle.

 

Je me pose la question, parce que l'on a l'impression que cette transparence, c'est transparent, mais c'est un peu rienun "rien" qui est plein, mais c'est quand même rien, on ne sait pas. On ne sait pas si c'est une espèce de "tamas" supérieur, ou...

 

Surtout être confiant. La grosse difficulté dans la Matière, c'est que la conscience matérielle (c'est-à-dire le mental dans la Matière) s'est formée sous la pression des difficultés — des difficultés, des obstacles, des souffrances, des luttes. Elle a été pour ainsi dire "élaborée" par ces choses, et cela lui a donné une empreinte, presque de pessimisme et de défaitisme, qui est certainement le plus grand obstacle.

C'est de cela dont je suis consciente dans mon propre travail. La conscience la plus matérielle, le mental le plus matériel est habitué à agir, à faire effort, à avancer à coups de fouet; autrement, c'est le tamas. Et alors, dans la mesure où il imagine, il imagine toujours la difficulté —toujours l'obstacle ou toujours l'opposition, et cela ralentit le

to the radio, read newspapers (all the things that I do not do), the whole world seems to be undergoing an action... which for the moment is upsetting. It seems that the number of the "apparently mad" is increasing considerably. In America, for example, the entire youth seems to have been taken up with a sort of curious brain-wave which would be disquieting for reasonable people, but which is certainly an indication that an unusual force is at work. It is the breaking up of all habits and all rules— it is good. For the moment, it is rather "strange", but it is necessary.

 

The true attitude, at present, is it not to try to be as transparent as possible?

 

Transparent, receptive to the new force.

 

I put myself the question, because the impression is that this transparence is transparent, but it is somewhat like nothingness, a nothingness that is full, all the same it is nothingness, one does not know. One does not know if it is a kind of higher tamas, or...

 

Above all to be confident. The big difficulty in Matter is that the material consciousness (that is to say, the mind in Matter) has been formed under the pressure of difficulties—difficulties, obstacles, sufferings, struggles. It has been, so to say, "worked out" by these things and that has left upon it a stamp, almost of pessimism, defeatism which is certainly the greatest obstacle.

It is of this that I am conscious in my own work. The most material consciousness, the most material mind is accustomed to act, to make an effort, to advance through whippings, otherwise, it is tamas. And then, so far as it imagines, it imagines always difficulty—always the obstacle, always the opposition,—and that slows down the movement terribly. Very concrete, very tangible and often repeated experiences are needed to convince it that behind all its difficulties there is a Grace, behind all its failures there is the Victory, behind all its pains and sufferings, all these contradictions there is Ananda. Of all efforts it is this one which has to be

Page – 78 - 79


mouvement terriblement. Il lui faut des expériences très concrètes, très tangibles et très répétées, pour le convaincre que derrière toutes ses difficultés, il y a une Grâce, que derrière tous ses insuccès, il y a la Victoire, que derrière toutes ses douleurs, ses souffrances, ses contradictions, il y a l'Ânanda. De tous les efforts, c'est celui qu'il faut répéter le plus souvent : on est tout le temps obligé d'arrêter ou d'écarter, de convertir un pessimisme, un doute ou une imagination tout à fait défaitiste.

Je parle exclusivement de la conscience matérielle.

Naturellement, quand quelque chose vient d'en haut, ça fait Brrm ! comme ça (geste aplatissement'), alors tout se tait, tout s'arrête et attend. Mais... Je comprends bien pourquoi la Vérité, la Conscience de Vérité ne s'exprime pas d'une façon plus constante, parce que la différence entre son Pouvoir et le pouvoir de la Matière, est tellement grande que le pouvoir de la Matière est comme annulé — mais alors, cela ne veut pas dire la Transformation, cela veut dire un écrasement. C'était cela que l'on faisait dans le temps : on écrasait toute cette conscience matérielle sous le poids d'un Pouvoir contre lequel rien ne peut lutter, auquel rien ne peut s'opposer. Et alors, on avait l'impression : "Ça y est! c'est arrivé", mais ce n'était pas arrivé du tout ! Parce que le reste, en bas, demeurait tel quel, sans changer.

Maintenant, on veut lui donner la pleine possibilité de changer; eh bien, pour cela, il faut lui laisser son jeu et ne pas faire intervenir un Pouvoir qui l'écrase — cela, je comprends très bien. Mais cette conscience-là a l'obstination de l'imbécillité. Combien de fois, au moment d'une souffrance, par exemple, quand une souffrance est là, aiguë, et que l'on a l'impression qu'elle va devenir intolérable, il y a le petit mouvement intérieur (dans les cellules) d'Appel—les cellules envoient leur S.O.S. —tout s'arrête, la souffrance disparaît; et souvent (maintenant de plus en plus) elle est remplacée par un sentiment de bien-être béatifique; mais cette conscience matérielle imbécile, sa première réaction : "Ah ! nous allons voir ce que ça va durer" et naturellement, par ce mouvement-là, démolit tout—il faut tout recommencer.

Je crois que pour que l'effet soit durable — pas un effet miraculeux, qui vient, éblouit et s'en va — il faut que ce soit vraiment l'effet d'une transformation. Il faut être très très patient — nous avons affaire à une

repeated most often; all the while you are obliged to stop or remove, to convert a pessimism, a doubt, or an imagination altogether defeatist.

I am speaking exclusively of the material consciousness.

Naturally, when something comes down from above, that makes, well... a crash, like that (gesture of fleeting), then all is silent, all stops and awaits. But... I understand well why the Truth, the Truth-Consciousness does not express itself more constantly, because the difference between its Power and the power of Matter is so great that the power of Matter is as it were cancelled—but then that does not mean Transformation, that means crushing. That is what they used to do in ancient times—they crushed all this material consciousness under the weight of a Power against which nothing can struggle, which nothing can oppose. And then one had the impression : "There you are ! It has been done". But it has not been done, not at all ! for, the rest, down below, remained as before, without changing.

Now, it is being given its full possibility to change; well, for that, you must allow it full play and not interpose a Power that crushes it—this I understand very well. But that consciousness has the obstinacy of the imbecile. How many times during a suffering for example, when the suffering is there, acute and one has the impression that it is going to be unbearable, there is just a little inner movement (within the cells) of Call —the cells send their S.O.S.—everything stops, the suffering disappears and often (now more and more) it is replaced by a feeling of blissful wellbeing; but the very first reaction of this imbecile material consciousness is : "Ah ! We shall see how long that lasts" and naturally, by this movement it demolishes everything—one must begin all over again.

I believe, for the effect to be lasting—not a miraculous effect that comes, dazzles and goes away—it must really be the effect of a transformation. One must be very very patient—we have to deal with a consciousness very slow, very heavy, very obstinate, that is not able to advance rapidly, that clings to what it has, to what has appeared to it as truth; even if it is quite a tiny truth, it clings to that and does not want to move. Then to cure that, one must have much patience, much patience.

The whole thing is to hold on, endure.

Sri Aurobindo said that many times in many forms : Endure and you will conquer...Bear—bear and you'll vanquish".

Page – 80 - 81


conscience très lente, très lourde, très obstinée, qui ne peut pas avancer rapidement, qui s'accroche à ce qu'elle a, à ce qui lui a paru la vérité; même si c'est une toute petite vérité, elle s'accroche à elle et ne veut plus bouger. Alors, pour guérir cela, il faut beaucoup beaucoup de patience —'beaucoup de patience.

Le tout est de durer — durer, durer..

Sri Aurobindo a dit cela, plusieurs fois, sous des formes diverses : "Endure and you'll conquer... Bear—bear and you'll vanquish."

Le triomphe est au plus endurant.

Et alors, cela paraît être la leçon pour ces agglomérats-là (Mère désigne son corps) — les corps, n'est-ce pas, m'apparaissent simplement comme des agglomérats; et tant qu'il y a une volonté derrière, de garder cela ensemble, pour une raison ou pour une autre, cela reste ensemble... Ces jours-ci, hier ou avant-hier, il y a eu cette expérience : une espèce de conscience complètement décentralisée (je parle toujours de la conscience physique, pas du tout des consciences supérieures), une conscience décentralisée qui se trouvait être ici, là, là, dans ce corps-ci, dans ce corps-là (dans ce que les gens appellent cette "personne-ci" et cette "personne-là", mais cette notion n'existe plus très bien), puis il y a eu comme une intervention d'une conscience universelle vis-à-vis des cellules, comme si elle demandait à ces cellules .pour quelle raison elles voulaient garder cette combinaison, si l'on peut dire, ou cet agglomérat ?... Justement, on leur faisait comprendre, ou sentir les difficultés qui venaient du nombre d'années, de l'usure, des difficultés extérieures, enfin toute la détérioration causée par le frottement, l'usure — et cela leur paraissait tout à fait indifférent. La réponse était assez intéressante, en ce sens qu'elles semblaient n'attacher d'importance qu'à la capacité de rester en contact conscient avec la Force supérieure. C'était comme une aspiration (pas formulée avec des mots, naturellement), ce qu'on appelle en anglais "a yearning", "a longing", de ce contact, avec la Force divine, la Force d'Harmonie, la Force de Vérité, la Force d'Amour. Et c'est à cause de cela qu'elles appréciaient la présente combinaison.

C'était tout à fait un autre point de vue.

Je l'exprime avec des mots du mental, parce qu'il n'y a pas moyen de faire autrement, mais c'était dans le domaine de la sensation plutôt qu'autre chose. Et c'était très clair — c'était très clair et très continu, il

Triumph comes to the most enduring.

And then that seems to be the lesson for these conglomerates here (Mother points to her body)—bodies appear to me simply as conglomerates and just so long as there is a will behind to keep that together for some reason or other, it remains together. These days, yesterday or the day before, there was this experience : a kind of consciousness wholly decentralised (I am speaking always of the physical consciousness, not of the higher consciousness at all), a decentralised consciousness which happened to be here, there, there, in this body, in that body (in what people call "this person" or "that person", but this notion does not exist any more very much), then there was a kind of intervention from a universal consciousness with regard to the cells, as though it asked those cells for what reasons they wanted to keep that combination, or if one can say so, that conglomerate. Indeed they were made to understand or feel the difficulties coming from the number of years, the wear and tear, the external difficulties, in sum, all the deterioration caused by friction and usage— but that seemed to them quite indifferent. The answer was rather interesting in the sense that they did not attach importance to anything other than the capacity to remain in conscious contact with the higher Force. It was like an aspiration (not formulated in words, naturally), what is called in English "yearning", "longing" for this contact with the divine Force, the Force of Harmony, the Force of Truth, the Force of Love. And it is because of that that they appreciate the present combination.

It is altogether another point of view.

I express it with the words of the mind, for there is no other way, but it was in the domain of sensation rather than any other thing. And it was very clear—it was very clear and very continuous, there were no fluctuations. At that moment, the universal consciousness intervened saying, "There the obstacles", and these obstacles were clearly seen (the kind of pessimism of the mind—a formless mind that is about to be born and organise itself in the cells), but the cells themselves cared nothing for it; it appeared to them as a kind of disease (the word is deformation, but they had the impression as of an accident or an inevitable illness or something which did not form a normal part of their development and which was imposed upon them). Then at that moment there was born a kind of "lower" power to act upon these things (this physical mind); that gave a

Page –  82 - 83


n'y avait pas de fluctuations. N'est-ce pas, à ce moment-là, cette conscience, universelle est intervenue en disant : Voilà les obstacles", et ces obstacles étaient clairement vus (cette espèce de pessimisme du mental —un mental informe, qui commence à naître et à s'organiser dans ces cellules), mais les cellules elles-mêmes s'en fichaient complètement ! cela leur paraissait être comme une maladie (le mot déforme, mais elles avaient l'impression comme d'un accident ou d'une maladie inévitable, ou de quelque chose qui ne faisait pas partie normale de leur développement et qui leur avait été imposé). Et alors, à ce moment-là, est né une sorte de pouvoir inférieur d'agir sur ces choses (ce mental physique); cela a donné un pouvoir matériel pour se séparer de ça et le rejeter. Et c'est après cela que ce tournant a eu lieu, dont je parlais tout à l'heure, tournant dans l'ensemble des circonstances, comme si, vraiment, quelque chose de décisif s'était passé. Il y a eu comme une joie confiante : "Ah ! nous sommes libres de ce cauchemar."

Et en même temps, un soulagement—un soulagement physique, comme si l'air était plus facile à respirer... oui, un peu comme si l'on était enfermé dans une coque—une coque suffocante—et que... en tout cas, une ouverture s'est faite dedans. Et on respire. Je ne sais pas si c'est plus que cela, mais en tout cas c'est comme si une déchirure s'était faite, une ouverture, et on respire.

Et c'était une action tout à fait matérielle, cellulaire.

Mais dès que l'on descend dans ce domaine-là, le domaine des cellules, même de la constitution des cellules, comme cela paraît moins lourd ! Cette espèce de lourdeur de la Matière disparaît — ça recommence à être fluide, vibrant. Ce qui tendrait à prouver que la lourdeur, l'épaisseur, l'inertie, l'immobilité, c'est quelque chose qui est ajouté, ce n'est pas une qualité essentielle à... c'est la fausse Matière, celle que nous pensons ou que nous sentons, mais pas la Matière elle-même telle qu'elle est. C'était très sensible.

 

(silence)

 

Ce que l'on peut faire de mieux, c'est de ne pas avoir de parti pris, ni d'idées préconçues, ni de principes — oh ! les principes moraux, les

material power to separate itself from that and reject it. It is after that that there was this turning of which I spoke just now, the turning in the circumstances as a whole, as if truly something decisive had happened. There was confident joy : "Ah ! We are free from this nightmare".

At the same time, a relief—a physical relief, as though the air was easier to breathe—yes, a little like one being closed in a shell—a suffocating shell—and that.. .in any case an opening was made within. And you breathe. I do not know if it was more than that, but it is as though a clearing was made, a tearing and you breathe.

And it was an altogether material, cellular action.

But as you descend into that domain, the domain of cells, even the" very constitution of the cells seems as if less heavy. This sort of heaviness of Matter disappears—it begins again to be fluid, vibrant. That would tend to prove that heaviness, thickness, inertia, immobility, is a thing added, it is not a quality essential to...it is the false Matter, that which we think and feel, but not Matter itself, as it is. It was clearly felt.

 

(silence)

 

The best one can do is not to take sides, not to have preconceived ideas or principles—Oh ! the moral principles, the set rules of conduct, what one must do and what one must not and the preconceived ideas from the moral point of view, from the point of view of progress and all the social and mental conventions... no worse obstacle than that. There are people, I know people who lost decades in surmounting one such mental construction !... If one can be like that, open—truly open in simplicity, the simplicity that knows that it is ignorant—like that (gesture upward of self-abandon), ready to receive whatever comes. Then something can happen.

And naturally the thirst for progress, the thirst for knowledge, the thirst for transformation and, above all, the thirst for Love and Truth if one keeps that, one goes quicker. Truly a thirst, a need, a need.

All the rest has no importance, it is that one has need of.

To stick to something one believed that one knows, to stick to something that one feels, to stick to something that one loves, to stick to one's habits, to stick to one's so-called needs, to stick to the world as it is, it is

Page – 84 - 85


partis pris de conduite, ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire, et les idées préconçues au point de vue moral, au point de vue progrès, et toutes les conventions sociales et mentales... il n'y a pas de pire obstacle. Il y a des gens, je connais des gens qui ont perdu des dizaines d'années pour surmonter une de ces constructions mentales !...Si l'on peut être comme cela, ouvert — ouvert vraiment dans une simplicité; n'est-ce pas, la simplicité qui sait qu'elle est ignorante — comme cela (geste vers le haut, d'abandon), prêt à recevoir tout ce qui vient. Alors quelque chose peut se produire.

Et naturellement, la soif de progrès, la soif de savoir, la soif de se transformer, et, par-dessus tout, la soif de l'Amour et de la Vérité — si l'on garde cela, on va plus vite. Une soif, vraiment, un besoin, un besoin.

Tout le reste n'a pas d'importance, c'est de ça qu'on a besoin.

S'accrocher à ce que l'on croit savoir, s'accrocher à ce que l'on sent, s'accrocher à ce que l'on aime, s'accrocher à ses habitudes, s'accrocher à ses prétendus besoins, et s'accrocher au monde tel qu'il est, c'est cela qui vous lie. Il faut défaire tout cela, une chose après l'autre. Défaire tous les liens. Et l'on a dit cela des milliers de fois, et les gens continuent à faire la même chose... Même ceux qui sont très éloquents et qui prêchent cela aux autres, ils s'ac-cro-chent — ils s'accrochent à leur manière de voir, à leur manière de sentir, leur habitude de progrès, qui paraît être, pour eux, seulement la seule.

Plus de liens—libre, libre. Toujours prêt à tout changer, excepté une chose : aspirer, cette soif.

Je comprends bien, il y a des gens qui n'aiment pas l'idée d'un "Divin", parce que, immédiatement, cela se mélange de toutes ces conceptions européennes ou occidentales (qui sont effroyables) et alors cela complique un peu leur existence — mais on n'a pas besoin de ça ! le "quelque chose" dont on a besoin, la Lumière dont on a besoin, l'Amour dont on a besoin, la Vérité dont on a besoin, la suprême Perfection dont on a besoin—et c'est tout. Les formules... moins il y a de formules, mieux c'est. Mais ça : un besoin, que seulement la Chose peut satisfaire —rien d'autre, pas de demi-mesure, seulement ça. Et puis, allez!... Votre chemin sera votre chemin, ça n'a pas d'importance—n'importe quel chemin, n'importe, même les extravagances de la jeunesse américaine actuelle peuvent être un chemin, ça n'a pas d'importance.

that which binds you. You must undo all that one thing after another. Undo all the ties. And it has been told thousands of times and people continue to do the same thing... Even they who are most eloquent and preach that to others do s-t-i-c-k. They stick to their way of seeing, their way of feeling, their habit of progress, which seems for them the only one.

No more bonds—free, free, free. Always ready to change everything, except one thing: to aspire, this thirst.

I understand well, there are people who do not like the idea of a "Divine", because, it mixes immediately with all those European or Occidental conceptions (that are horrible) and then that brings some complication into their life—but you are not in need of that ! It is the "something" one is in need of, the Light one is in need of, the Love one is in need. of, the Truth one is in need of, the supreme Perfection one is in need of—and that is all. The formulas—the less formulas are there the better. But that, a need, which the thing alone can satisfy—nothing else, no half-measure, only that. And then, you go ! ... Your way will be your way, that has no importance—whatever it is, the way does not matter, even the extravagance of the modern American youth can be a way, this has no importance.

As Sri Aurobindo says :

"If you cannot make God love you, make Him fight you. "If He will not give you the embrace of the lover, compel Him to give you the embrace of the wrestler." (Thoughts and Aphorisms) (...for surely he will conquer).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Top

Page – 86 - 87


Comme dit Sri Aurobindo : "Si tu ne peux pas avoir l'amour de Dieu (je traduis), eh bien, arrange-toi pour te battre avec Lui."1 S'il ne te donne pas l'étreinte de l'aimant, oblige-le à te donner l'étreinte du lutteur (...parce qu'il est sûr de te vaincre).

 

 

 

 

 

 

1 If you cannot make God love you, make Him fight you.

If He will not give you the embrace of the lover, compel Him to give you the embrace of the wrestler." (Thoughts and Aphorisms)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Top

Ceux qui veulent aider la Lumière de Vérité à triompher des forces d'obscurité et de mensonge, peuvent le faire en observant soigneusement la source initiale de leurs mouvements et de leurs actions afin de discerner entre les impulsions venant de la Vérité et celles venant du mensonge-, pour obéir aux premières et refuser ou rejeter les autres.

La possibilité de ce discernement spécial est un des premiers effets de l'apparition dans l'atmosphère terrestre de la Lumière de Vérité.

Il est évidemment très difficile de distinguer les impulsions venant de la Vérité, de celles venant du mensonge, à moins que l'on n'ait reçu ce don spécial de discernement apporté à la terre par la Lumière de Vérité.

Mais, pour aider dans les premiers pas, on peut prendre comme indication que tout ce qui apporte ou fait naître la paix, la foi, la joie, l'harmonie, l'unité, et ce qui élargit et élève, provient de la Vérité; tandis que ce qui suscite l'agitation, le doute, le scepticisme, le chagrin, la discorde, la désharmonie, l'étroitesse égoïste, l'inertie, le découragement et le désespoir, tout cela vient droit du mensonge.

—La Mère

 

 

Those who wish to help the Light of Truth to prevail over the forces of darkness and falsehood, can do so by carefully observing the initiating impulses of their movements and actions, and discriminate between those that come from the Truth and those that come from the falsehood, in order to obey the first and to refuse or reject the others.

This power of discrimination is one of the first effects of the Advent of the Truth's Light in the earth's atmosphere.

Indeed it is very difficult to discriminate the impulses of Truth from the impulses of falsehood, unless one has received this special gift of discrimination that the Light of Truth has brought.

However, to help at the beginning, one can take as a guiding rule that all that brings with it or creates peace, faith, joy, harmony, wideness, unity and ascending growth comes from the Truth; while all that comes with it restlessness, doubt, scepticism, sorrow, discord, selfish narrowness, inertia, discouragement and despair comes straight from the falsehood.

— The Mother

Page – 88 - 89


Sri Aurobindo—His Life and Work

 

Sri Aurobindo in Bengal— VIII

 

"...The force of-a great stream of aspiration must be poured over the country, which will sweep away as in a flood the hesitations, the selfishnesses, the fears, the self-distrust, the want of fervour and the want of faith which stand in the way of ' the spread of the great national awakening of 1905. A mighty fountain of the spirit must be prepared from which this stream of aspiration can be poured to fertilise the heart of the nation. When this is done, the aspiration towards liberty will become universal and India be ready for the great effort."

 

The need of the Moment

(Bande Mataram, March 22, 1908)

 

ON June 2, 1907, the weekly edition of the Bande Mataram was started. In its second issue, dated 9th June, Sri Aurobindo's  patriotic poem, Vidula, began to be published in a serial form. We shall deal with this poem when, in due course, we take up the study of Sri Aurobindo's poetry. Here we quote only a few lines from the introductory paragraph. Both the poem and its introduction breathe the patriotic fervour, spirit of freedom and impatience of servitude, which were inspiring Sri Aurobindo's thoughts, writings, and activities in Bengal at that time.

"There are few more interesting passages in the Mahabharata than  the conversation of Vidula with her son. It comes into the main poem as an exhortation from Kunti to Yudhisthir to give up the weak spirit of submission, moderation, prudence, and fight like a true warrior and Kshatriya for right and justice and his own. But the poem bears internal evidence of having been written by a patriotic poet to stir his countrymen to revolt against the yoke of the foreigner...The poet seeks to fire the spirit

Sri Aurobindo — Sa vie et son œuvre

 

Sri Aurobindo au Bengale — VIII

 

"... Il faut que se déverse sur le pays un grand et fort courant d'aspiration qui balaie, comme par une inondation, les hésitations, les égoïsmes, les craintes, le manque de confiance en soi, la ferveur insuffisante et le manque de foi qui, tous et toutes, s'opposent à l'extension du grand réveil national de 1905. Il faut que se prépare une puissante source de l'esprit d'où ce courant d'aspiration puisse aller fertiliser le cœur de la nation. Quand ce sera fait, l'aspiration à la liberté deviendra générale et l'Inde sera prête pour le grand effort."

The need of the Moment

(Bandé Mâtaram, 22 mars 1908)

 

L'ÉDITION hebdomadaire du Bandé Mâtaram commença à paraître le 2 juin 1907. Le poème patriotique Vidula de Sri Aurobindo, publié en feuilleton, débuta dans le deuxième numéro du 9 juin. Nous reviendrons plus tard sur ce poème, en étudiant la poésie de Sri Aurobindo. Nous ne citerons ici que quelques lignes de son introduction. Tous deux, poème et introduction, respirent la ferveur patriotique, l'esprit de liberté et la hâte de secouer le joug qui inspiraient, à cette époque, Sri Aurobindo dans ses pensées, ses écrits et toute son activité au Bengale.

"Peu de passages du Mahâbhârata sont plus intéressants que la conversation de Vidula avec son fils. Elle vient, dans le poème principal, comme une exhortation de Kunti à Yudhishthir pour qu'il renonce à la faiblesse d'un esprit de soumission, de modération et de prudence, pour combattre comme un vrai guerrier, comme un kshatriya, pour le droit, la justice et les siens. Mais, en scrutant le poème, on s'aperçoit qu'il a été écrit par un patriote dans le but de secouer ses compatriotes pour qu'ils se révoltent contre le joug de l'étranger... Le poète s'efforce d'enflammer l'esprit du peuple vaincu et assujetti, et de la pousser à rejeter un asservissement

Page – 90 - 91


of the conquered and subject people and impel them to throw off the hated subjection. He personifies in Vidula the spirit of the motherland speaking to her degenerate son and striving to wake in him the inherited Aryan manhood and the Kshatriya's preference of death to servitude."

We may note here that in the 30th June issue of the weekly Bande Mataram appeared the first instalment of Sri Aurobindo's drama, Perseus the Deliverer. In it, not the spirit of patriotism and revolt against political subjection and slavery, but the gigantic clash between the forces of Light and the forces of darkness, is portrayed in the guise of a romantic Greek myth. We shall study it also in our section on Sri Aurobindo's poetry.

Both the popular papers, Yugantara and Bande Mataram were gall and wormwood to the British bureaucracy, which were watching for an opportunity to sweep down upon them and smother them to death. And an opportunity always comes handy to an autocrat. On the 7th June, 1907, the Bengal Government issued a warning to the Yugantara that police action would be taken against it if it persisted in publishing inflammatory, seditious articles. On the 8th June, 1907, a similar warning was given to the Bande Mataram. On the 3rd July, Yugantara office was searched. Bhupendra Nath Datta, youngest brother of Swami Vivekananda, declared that he was the editor of the paper and courted arrest.1 He was sentenced to one year's rigorous imprisonment, as we have already stated. His statement to the Court was a model of fearless defiance of the British Law and stark refusal to defend his case. On the 30th July, 1907, the Bande Mataram office was searched. On the l6th August a warrant was issued against Sri Aurobindo, who was charged with sedition for having published in the Bande Mataram, of which he was alleged to be the editor, English translations of some articles originally published in the Yugantara. On receiving the warrant, Sri Aurobindo went to the police court and offered himself for arrest. But, as there was no proof available of his being the editor of the Bande Mataram, he was soon acquitted. Bepin Chandra Pal, who was called as a witness, refused point-blank to give

 

1 He refused to defend himself under Sri Aurobindo's instructions, "...the Yugantar under Sri Aurobindo's orders adopted the policy of refusing to defend itself in a British Court..."— Sri Aurobindo on Himself and on The Mother

abhorré. Vidula personnifie l'esprit de la patrie qui parle à son fils dégénéré et s'efforce d'éveiller en lui la virilité aryenne de ses ancêtres et qu'en vrai kshatriya il préfère la mort à la servitude."

Notons ici que dans son numéro du 30 juin le Bandé Mâtaram commençait la publication du drame de Sri Aurobindo : Persée le Libérateur. Ce qui est présenté dans ce drame, sous la forme d'un mythe grec romantique, ce n'est plus l'esprit patriotique et la révolte contre l'asservissement politique, mais le heurt gigantesque entre les forces de lumière et les forces de l'ombre. Ce drame sera également étudié avec la poésie de Sri Aurobindo.

La popularité des deux journaux, le Yugântara et le Bandé Mâtaram était insupportable à l'administration britannique qui guettait avec impatience l'occasion de s'abattre sur eux pour les étouffer. Et toute occasion est bonne pour les autocrates. Le 7 juin 1907 le gouvernement du Bengale avertit le Yugântara d'avoir à cesser de publier des articles séditieux et incendiaires, faute de quoi la police interviendrait. Le 8 juin 1907 un avertissement semblable était donné au Bandé Mâtaram. Le 3 juillet on perquisitionnait aux bureaux du Yugântara. Bhupendra Nâth Datta, frère cadet du Swâmî Vivékânanda, se présenta comme directeur du journal, recherchant l'arrestation.1 Comme nous l'avons déjà dit, il fut condamné à un an de prison ferme. Sa déclaration à la cour fut un modèle de défi courageux à la loi britannique et de refus total de se défendre. Le 30 juillet 1907 on perquisitionnait aux bureaux du Bandé Mâtaram. Le 16 août un mandat était lancé contre Sri Aurobindo, accusé de sédition, comme directeur du Bandé Mâtaram, pour y avoir publié des traductions en anglais d'articles du Yugântara. Sri Aurobindo se présenta aussitôt à la police pour se faire arrêter. Il fut toutefois bientôt relâché faute de pouvoir prouver qu'il était le directeur responsable du Bandé Mâtaram. Bépin Chandra Pal, appelé comme témoin, refusa carrément de déposer et de participer d'une façon quelconque au procès. Il fut condamné à six mois de prison pour outrage à magistrat. Upâdhyâya Brahmabândhab, directeur du Sandhyâ, fut arrêté le 31 août, mais, comme il l'avait prédit lui-même, il échappa aux rigueurs de la loi britannique en quittant ce monde après

 

1 Suivant les instructions de Sri Aurobindo il refusa de se défendre, "...obéissant aux ordres de Sri Aurobindo le Yugântara adopta la politique de refuser de se défendre devant un tribunal britannique..." Sri Aurobindo on Himself and on The Mother

Page – 92 - 93


evidence or take any part in the prosecution, and was sentenced to six months' simple imprisonment on a charge of contempt of court. Upadhyaya Brahmabandhab, editor of the Sandhya, was arrested on the 3ist August, but, as he had predicted, he escaped the penalty of the British Law by departing from this life after a short illness. Thus the British Government strove to gag all public expression of nationalist feeling and yearning for freedom. But the suppression of the human spirit is a vain endeavour—it serves only to feed the spirit's flame and stimulate its will to achieve its end. It was during Sri Aurobindo's arrest that Rabindranath composed his famous poem as his tribute to Sri Aurobindo's' greatness. Later, he saw Sri Aurobindo at 12, Wellington Street and congratulated him on his acquittal.

The Bande Mataram case brought Sri Aurobindo at once into the full blaze of publicity, which he had studiously avoided so long. He became overnight, not only the undisputed leader of the Nationalist Party in Bengal, but one of the foremost leaders of the Nationalists in India. Writing on this subject, he says : "Sri Aurobindo had confined himself to writing and leadership behind the scenes, not caring to advertise himself or put forward his personality, but the imprisonment and exile of other leaders and the publicity given to his name by the case compelled him to come forward and take the lead on the public platform."1

On the 2nd August, 1907, Sri Aurobindo resigned his post at the National College. About his resignation he writes : "At an early period he left the organisation of the College to the educationist Satish Mukherjee and plunged fully into politics. When the Bande Mataram case was brought against him he resigned his post in order not to embarrass the College authorities but resumed it again on his acquittal. During the Alipore case he resigned finally at the request of the College authorities."2 On the 22nd August Sri Aurobindo spoke to the students of the National College who had called a meeting to express their profound regret at his resignation of the post of the principalship of the College. We quote below only a few sentences from that speech :

"In the meeting you held yesterday I see that you expressed sympathy with me in what you call my present troubles. I don't know whether

 

1 & 2 Sri Aurobindo on Himself and on The Mother

une courte maladie. C'est ainsi que le gouvernement britannique s'efforçait de bâillonner toute expression publique de sentiment nationaliste et d'aspiration à la liberté. Mais l'esprit humain ne se laisse pas étouffer ainsi, il réagit avec une vigueur accrue et une volonté plus forte d'atteindre son but. C'est pendant que Sri Aurobindo était arrêté que Rabindranâth composa le fameux poème où il rendait hommage à la grandeur de Sri Aurobindo. Plus tard il vint au 12 Wellington Street pour féliciter Sri Aurobindo de son acquittement.

Le procès du Bandé Mâtaram mit aussitôt Sri Aurobindo en vedette, ce qu'il avait toujours soigneusement évité. Du jour au lendemain, il devint, non seulement le chef indiscuté du parti Nationaliste au Bengale, mais aussi l'un des principaux chefs des nationalistes de l'Inde. A ce sujet, il écrit : "Sri Aurobindo s'était borné à écrire et à agir en sous-main, il ne désirait pas se faire de la publicité ni se mettre en avant, mais l'emprisonnement ou l'exil d'autres dirigeants et la publicité faite sur son nom à la suite du procès le forcèrent à se montrer et à monter sur l'estrade au premier rang."1

Le 2 août 1907 Sri Aurobindo démissionnait du Collège National. A ce propos il écrit : "Bientôt il abandonna le Collège à l'éducateur Satish Mukherjee et plongea tout entier dans la politique. Quand on lui fit le procès du Bandé Mâtaram il démissionna pour ne pas gêner les autorités du Collège mais il reprit son poste après son acquittement. Pendant, le procès Surtout il démissionna définitivement à la demande des autorités du Collège."2 Les élèves du Collège National s'étaient réunis pour exprimer leur profond regret de voir Sri Aurobindo démissionner du poste de proviseur du Collège. Nous extrayons du discours qu'il leur fit le 22 août les quelques phrases suivantes :

"Dans votre réunion d'hier vous avez exprimé de la sympathie pour moi dans ce que vous appelez mes ennuis actuels. Je ne sais pas du tout si ce sont des ennuis car les expériences que je vais avoir sont depuis longtemps prévus et inévitables dans l'accomplissement de la mission que j'ai reçue dès mon enfance3 et je les vois venir sans regret. Ce dont je voudrais être sûr, ce n'est pas tant de votre sympathie pour moi dans mes ennuis, mais de votre sympathie pour la cause au service de laquelle j'aurai à subir

 

1 & 2 Sri Aurobindo on Himself and on the Mother

3 C'est nous qui soulignons

Page – 94 - 95


I should call them troubles at all, for the experience that I am going to undergo was long foreseen as inevitable in the discharge of the mission that I have taken up from my childhood,1 and I am approaching it without regret. What I want to be assured of is not so much that you feel sympathy for me in my troubles but that you have sympathy for the cause, in serving which I have to undergo what you call my troubles. If I know that the rising generation has taken up this cause, that wherever I go, I go leaving behind others to carry on my work, I shall go without the least regret. I take it that whatever respect you have shown to me today was shown not to me, not merely even to the Principal, but to the country, to the Mother in me,2 because what little I have done has been done for her, and the slight suffering that I am going to endure will be endured for her sake... When we established this college and left other occupations, other chances of life, to devote our lives to this institution, we did so because we hoped to see in it the foundation, the nucleus of a nation, of the new India which is to begin its career after this night of sorrow and trouble, on that day of glory and greatness when India will work for the world. What we want here is not merely to give you a little information, not merely to open to you careers for earning a livelihood, but to build up sons for the Motherland to work and to suffer for her... There are times in a nation's history when Providence places before it one work, one aim, to which everything else, however high and noble in itself, has to be sacrificed. Such a time has now arrived for our Motherland when nothing is dearer than her service, when everything else has to be directed to that end. If you will study, study for her sake; train yourselves body and mind and soul for her service. You will earn your living that you may live for her sake. You will go abroad to foreign lands that you may bring back knowledge with which you may do service to her. Work that she may prosper. Suffer that she may rejoice.. ."3

This lofty, ardent, inspiring tone characterised all that Sri Aurobindo spoke and wrote in his political days in Bengal. But there are three things in the above extract which attract our special attention : First, "the experience that I am going to undergo was long foreseen as inevitable in the

 

1 & 2 Italics are ours.

3 Speeches of Sri Aurobindo

ce que vous appelez mes ennuis. Si je peux savoir que la génération qui monte a embrassé cette cause, que, où que j'aille, d'autres seront derrière moi pour continuer mon travail, alors je partirai sans le moindre regret. J'admets que le respect que vous m'avez montré aujourd'hui ne m'étais pas destiné, même pas au proviseur du collège, mais en fait au pays, à la Mère qui est en moi1; le peu que j'ai fait, je l'ai fait pour elle, et les quelques souffrances qui vont m'être imposées, je les subirai pour l'amour d'elle... Lors que nous avons fondé ce collège et abandonné d'autres occupations, d'autres orientations, pour nous consacrer à cet établissement, c'est parce que nous espérions y voir la base, le noyau de la nation, de l'Inde nouvelle qui doit connaître un nouvel éveil après une nuit de tristesse et de confusion, en un jour de gloire et de grandeur où l'Inde travaillera pour le monde. Ce que nous désirons ici, ce n'est pas simplement vous donner des renseignements, vous ouvrir des carrières où vous puissiez gagner votre vie, c'est faire de vous des fils de la patrie, prêts à travailler et à souffrir pour elle... Il y a des moments de l'histoire d'une nation où la providence lui présente un travail et un but auquel tout doit être sacrifié, même ce qui, en soi, est noble et élevé. Nous sommes à un tel moment de notre histoire, rien ne doit nous être plus cher que le service de notre patrie, tout ce que nous faisons doit être tourné vers ce but. Si vous étudiez, étudiez par amour pour elle, entraînez votre corps, votre esprit, votre âme, en vue de son service. Gagnez votre vie pour pouvoir vivre pour elle. Voyagez à l'étranger pour en rapporter les connaissances qui vous permettront de mieux la servir. Travaillez pour qu'elle soit prospère. Souffrez pour qu'elle puisse être heureuse..."2

Ce ton élevé, ardent et inspiré caractérise toutes les paroles et tous les écrits de Sri Aurobindo pendant qu'il faisait de la politique au Bengale. Trois points dans cet extrait méritent une attention spéciale. D'abord : "les expériences que je vais avoir sont depuis longtemps prévues et inévitables dans l'accomplissement de la mission que j'ai reçue dès mon enfance..." Ensuite : "...le respect que vous m'avez montré aujourd'hui ne m'était pas destiné, pas même au proviseur du collège, mais en fait au pays, à la Mère qui est en moi..." Enfin : "...en un jour de gloire et

 

1 C'est nous qui soulignons.

2 Speeches of Sri Aurobindo (Discours de Sri Aurobindo)

Page – 96 - 97


discharge of the mission that I have taken up from childhood..." Second, "whatever respect you have shown to me today was shown not to me, not merely even to the Principal, but to your country, to the Mother in me..." Third, "that day of glory and greatness when India will work for the world."

The first point brings home to us again the fact that Sri Aurobindo had a more or less definite conception—it was, indeed, a foreknowledge1 —even in his childhood, of the mission of his life. This foreknowledge is not something very rare, it has been a usual, if rather extraordinary, phenomenon in the lives of the supreme prophets, poets, and pioneers. Goethe had it, Sri. Ramakrishna and Swami Vivekananda had it. The second point indicates his Yogic identification with Mother India in whom he had realised the Divine Mother. He was well advanced in Yoga at the time when he spoke these words, as his letters to his wife attest. No other leader, even in his most inspired flights, would have presumed to speak of "the Mother in me"! The utter effacement of his personal self in the Divine Mother had resulted in this identification. The third point is a reiteration of what he always knew and preached, whenever he spoke of the future greatness of India, that "India will work for the world." Pits nationalism, as we have already said before; was supernational, it was universal. India is rising, not for herself, but for the world, for all humanity.

The Midnapore Provincial Conference took place from 7th to 9th November, 1907. Dr. R. C. Majumdar says in his monumental (three volume) History of the Freedom Movement in India that it was as the leader of the Nationalists that Sri Aurobindo took part in this Conference, "a conference made memorable by the first open rupture between the Moderates and the Extremists of our province." About the same conference Sri Aurobindo writes : "He (Sri Aurobindo) led the party at the session of the Bengal Provincial Conference at Midnapore where there was a vehement clash between the two parties (the Nationalists or Extremists and the Moderates). He now for the first time became a speaker on the public platform..."2 Surendra Nath Banerjee, Shyam Sundar Chakravarty and many other leaders of both the parties had gone to Midnapore.

 

1 He uses the word "foreseen".

2 Sri Aurobindo on Himself and on The Mother

de grandeur où l'Inde travaillera pour le monde."

Le premier point nous fait sentir à nouveau le fait que Sri Aurobindo a eu dès l'enfance le sentiment d'avoir une mission à remplir, c'était en fait une prescience...1 Cette prescience n'est pas quelque chose de très rare; ce phénomène, assez extraordinaire il est vrai, se retrouve fréquemment dans la vie de grands prophètes, de poètes et de précurseurs. Goethe, Shrî Râmakrishna et le Swâmî Vivékânanda l'ont présenté. Le deuxième point nous montre l'identification yoguique de Sri Aurobindo avec notre Mère l'Inde en qui il voyait la Mère Divine. Il était alors déjà avancé dans le yoga, ainsi qu'en font foi ses lettres à sa femme. Aucun autre chef politique, dans son élan le plus inspiré, n'aurait osé parler de "la Mère qui est en moi" ! cette identification était le résultat de l'effacement total de sa propre personne devant la Mère Divine. Le troisième point est la répétition de ce que Sri Aurobindo a toujours avancé en parlant de la grandeur future de l'Inde, "l'Inde travaillera pour le monde". Ainsi que nous l'avons déjà dit, son nationalisme était supranational, il était universel. L'Inde s'élève, non pas pour elle-même, mais pour le monde, pour toute l'humanité.

Du 7 au 9 novembre 1907 se tint la conférence provinciale de Midnâpore. Le docteur R. C. Majumdâr dit dans sa monumentale History of the Freedom Movement in India (trois volumes) que Sri Aurobindo participa à cette conférence comme chef des nationalistes, "conférence mémorable par la rupture ouverte qui s'y produisit pour la première fois entre les extrémistes et les modérés de notre province." De son côté Sri Aurobindo s'exprime ainsi : "II (Sri Aurobindo) menait la délégation du parti à la conférence provinciale du Bengale à Midnâpore où un violent conflit éclata entre les deux partis (les nationalistes ou extrémistes et les modérés). C'est alors que, pour la première fois, il devint orateur de réunion publique. .."2 Parmi les nombreux chefs des deux partis qui ce trouvaient à Midnâpore on peut citer Surendra Nâth Banerjee et Shyâm Sundar Chakravarty. La délégation des modérés était conduite par Surendra Nâth et le président désigné était K. B. Datta. Mais, après la dissension les nationalistes tinrent une conférence séparée sous l'autorité

 

1 Il emploie le mot : "prévu".

2 Sri Aurobindo on Himself and on The Mother

Page – 98 - 99


The Moderates were led by Surendra Nath and the President-elect was K. B. Datta. But after the rift, the Nationalists held a separate Conference under the leadership of Sri Aurobindo, and also elected him their President. The Midnapore clash and rupture were only a prelude to what was going to take place at the Surat Congress.

Writing on the Midnapore Conference, Dr. R. C. Majumdar says : "...Towards the end of the year (1907), the same fear (that the Moderates would make an attempt to omit the resolutions already passed on Self-government, Swadeshi, Boycott, and National Education at the Calcutta session of the Congress in 1906) was further enhanced by the incidents at the District Congress Conference, held at Midnapore (Bengal). Surendra Nath tried his best to convince Aravinda that the Moderate policy would not only bring about the re-union of Bengal but even a great measure of self-government within a short period. Aravinda, however, did not yield. Rowdyism broke out on account of differences between the two parties, particularly on the refusal of the Chairman to discuss Swaraj, and the police had to be called in to restore order."1

The twenty-third Indian National Congress commenced its proceedings at Surat on 26th December, 1907. We have from Sri Aurobindo himself a pretty long description of what happened at this Congress : "...The session of the Congress had first been arranged at Nagpur, but Nagpur was a predominantly Mahratta city and violently extremist. Gujarat was at that time predominantly Moderate, there were very few Nationalists and Surat was a stronghold of Moderatism though afterwards Gujarat became, especially after Gandhi took the lead, one of the most revolutionary of the provinces. So the Moderate leaders decided to hold the Congress at Surat. The Nationalists however came there in strength from all parts, they held public conference with Sri Aurobindo as President and for some time it was doubtful which side would have the majority... It was known that the Moderate leaders had prepared a new constitution for the Congress which would make it practically impossible for the extreme party to command a majority at any annual session for many years to come. The younger Nationalists, especially those from Maharashtra, were determined to prevent this by any means and it was decided

 

1 History of the Freedom Movement in India, Vol. II

de Sri Aurobindo qu'ils élirent président. Le conflit et la rupture de Midnâpore n'étaient que le prélude de ce qui allait se passer au congrès de Surat.

Au sujet de la conférence de Midnâpore, le docteur R. C. Majumdâr dit encore : ".. .Vers la fin de l'année (1907)5 incidents qui marquèrent la conférence régionale du congrès à Midnâpore (Bengale) aggravaient encore la crainte que les modérés n'essayassent d'oublier les résolutions déjà adoptées à la session de Calcutta du congrès (1906) sur le gouvernement autonome, le Swadéshî, le boycottage et l'éducation nationale. Surendra Nâth essaya de son mieux de convaincre il que la politique modérée amènerait non seulement la réunification du Bengale, mais aussi, à bref délai, une large mesure d'autonomie. Mais il ne céda pas. Le tumulte éclata à la suite de désaccords entre les deux partis, notamment lorsque le président refusa de mettre le Swarâj en discussion, et on dut appeler la police pour rétablir l'ordre... "1

Les délibérations du vingt-troisième Congrès National Indien commencèrent le 26 décembre 1907 à Surat. Sri Aurobindo a lui-même donné un récit assez long de ce qui s'est passé à ce congrès : ".. .Cette session du congrès avait d'abord été prévue à Nâgpur, mais Nâgpur est une ville à prédominance mahratte et violemment extrémiste. Bien que plus tard, spécialement après que Gândhî ait pris la direction, le Gudjerât soit devenu l'une des provinces les plus révolutionnaires, il était alors en majorité modéré, il y avait très peu de nationalistes et Surat était une forteresse du modérantisme. Aussi les chefs modérés décidèrent-ils de tenir le congrès à Surat. Toutefois les nationalistes étaient venus de toute part en force, ils tinrent des réunions publiques avec Sri Aurobindo comme président, et pendant un certain temps on ne pouvait savoir qui aurait la majorité. ..On savait que les chefs modérés avaient préparé un nouveau règlement du congrès qui devait rendre pratiquement impossible aux extrémistes, pendant de longues années, d'avoir la majorité aux sessions annuelles. Les jeunes nationalistes, spécialement ceux du Mahârâshtra, étaient résolus à s'y opposer par tous les moyens et prirent la décision d'aller jusqu'à la rupture s'ils ne parvenaient pas à enterrer le projet. Tilak et les autres chefs ignoraient cette décision, mais elle était

 

1 History of the Freedom Movement m India, Volume II

Page – 100 - 101


by them to break the Congress if they could not swamp it; this decision was unknown to Tilak and the older leaders. But it was known to Sri Aurobindo.1 At the session Tilak went on to the platform to propose a resolution regarding the presidentship of the Congress; the President appointed by the Moderates refused to him the permission to speak, but Tilak insisted on his right and began to read his resolution and speak. There was a tremendous uproar, the young Gujerati volunteers lifted up chairs over the head of Tilak to beat him. At that the Mahrattas became furious, a Mahratta shoe came hurtling across the pavilion aimed at the President, Dr. Rash Behari Ghosh, and hit Surendra Nath Banerjee on the shoulder. The young Mahrattas in a body charged up to the platform, the Moderate leaders fled; after a short fight on the platform with chairs, the session broke up not to be resumed."2

Nevinson in his book. The New Spirit in India, has given a graphic description of this tumult and uproar at the Surat Congress where he was present. K. M. Munshi, an ex-Governor of the U.P. has also given a detailed description of the same fray in the Bhavan's Journal of November 27, 1960.

 

(To be continued)

 

1 "Very few people knew that it was I (without consulting Tilak) who gave the order that led to the breaking of the Congress and was responsible for the refusal to join the new-fangled Moderate Convention..." Sri Aurobindo on Himself and on The Mother

2 Sri Aurobindo on Himself and on The Mother

connue de Sri Aurobindo.1 En séance, Tilak monta à la tribune pour proposer une résolution sur la présidence du congrès; le président, nommé par les modérés, lui refusa la parole mais Tilak, fort de son droit, insista et commença à lire sa résolution et à parler. Un tumulte formidable se déchaîna, les jeunes volontaires goudjerâtis brandissant des chaises au-dessus de la tête de Tilak et menaçant de le frapper. Voyant cela les Mahrattes prirent feu, une chaussure mahratte voltigeant à travers la salle visait le président, le docteur Râsh Behârî Ghosh, mais heurta Surendra Nâth Banerjee à l'épaule. Les jeunes Mahrattes envahirent l'estrade en groupe compact, les dirigeants modérés s'enfuirent; après une courte lutte sur l'estrade, à coups de chaises, la session fut interrompue définitivement."2

Dans son livre The New Spirit in India,3 Nevinson donne un récit vivant du tumulte au congrès de Surat, auquel il assistait. Une description détaillée de la même bagarre se trouve dans le numéro du 27 novembre 1960 du Bhavan's Journal sous la signature de K.M. Munshi, ancien gouverneur des U.P.

 

à suivre

 

 

1 "Très peu de gens savent que c'est moi qui ai donné (sans consulter Tilak) l'ordre qui a conduit à la rupture du congrès et que je suis responsable du refus d'aller à la convention modérée nouvelle manière." Sri Aurobindo on Himself and on The Mother

2 Sri Aurobindo on Himself and on The Mother

3 L'Esprit Nouveau en Inde (Note du traducteur)

Top

Page – 102 - 103


Report on the Quarter

 

Education Academic

 

IN the series of extension lectures. Dr. J. N. Chubb gave a talk on "Reality and the Laws of Thought" on the 2nd January, 1965.

On January i9th Nolini spoke on "Rishi Dirghatama" and on "Two Modern French Poems."

We had also a series of lectures by members of our staff as follows :—

On January 22nd Lata, who had been on a scholarship to France for studying the French Pedagogic System and had taken a course of dramatics in Germany, gave a talk on her impressions of the countries she had visited. .

Bharatidi (Mlle Karpelles) spoke on "Buddhist India" with the help of lantern slides.

On January 23rd Aster who is now preparing her doctoral thesis on "Sri Aurobindo and Bergson" at the Sorbonne in Paris spoke on "Some Aspects of European Life and Culture".

Dr. M. Venkataraman continued his lectures on Higher Mathematics.

Prof. E. Geneslay, Membre du Conseil de la Société Astronomique de France (Member of the Council of the Astronomical Society of France) gave a series of talks on the teaching of French. Prof. Geneslay has also taken up regular classes in French and astronomy for teachers and students.

The new session of the Centre of Education commenced on the i6th December. There were 78 new admissions of which 47 were boys and 31 girls.

There was an annual meeting of the teachers on the i3th December when Pavitra, the Director, welcomed new members of the staff and reaffirmed the ideals of our system of education in the light of Sri Aurobindo and the Mother. Some important problems were discussed and the members of the Academic Board and the Boards of studies were announced. An outline of the constitution of our Centre of Education was given.

Rapport Trimestriel

 

Vie académique

 

LA nouvelle année scolaire de notre Centre d'Éducation a commencé le 16 décembre 1964. Nous avons compté 78 élèves nouveaux, parmi lesquels 47 garçons et 31 filles.

La réunion annuelle des professeurs avait eu lieu le 13 décembre. Pavitra, en tant que directeur du Centre, a souhaité la bienvenue aux nouveaux professeurs et réaffirmé l'idéal de notre système d'éducation, basé sur les enseignements de Sri Aurobindo et de la Mère. Il a donné un aperçu de la constitution de notre Centre. Un certain nombre de problèmes ont été discutés et les noms des membres du Comité académique et du Comité des études ont été annoncés.

Un nouveau cours de technologie a été inscrit au programme cette année. La Mère a donné à cette occasion le message suivant :

 

"Quand tu sens que tu ne sais rien, alors tu es prêt pour apprendre."

 

Ce cours comprendra deux classes de niveaux différents et de chacune huit élèves. On enseignera dans les deux classes, outre la technologie, les matières d'enseignement général; mais le cours le plus avancé conduira au niveau universitaire, tandis que l'autre insistera davantage sur la formation pratique.

Un autre cours a commencé cette année, comprenant l'enseignement ménager et la formation d'infirmières.

Dans la série des conférences de complément, le professeur Venkataraman a poursuivi son cours de mathématiques supérieures.

Le 2 janvier 1965, le professeur J. N. Chubb a parlé de "La réalité et les lois de la pensée".

Le 19 janvier, Noiini nous a entretenu du rishi Dîrghatama et nous

Page – 104 - 105


A course of Technology was inaugurated this year with the Mother's message in French as follows :

 

"When you feel that you know nothing then you are ready to learn."

 

There are two Courses—the Senior Course with eight students and a Junior Technology Course also with eight students. In both courses, besides studies in Technology, general subjects will be taught; but while the Senior Course is expected to lead to a University level, the Junior Course will have more emphasis on practical training.

A Nursing and Home Science Course was also started this year.

 

Education Physical

 

As announced in our last issue, the Gymnastic Season started on the 24th September. The competitions began on the i8th October with the Mother's message in French

 

Gymnastic Competition 1964.

The 18th October is a good day.

Gymnastics is a good art and you will be good Gymnasts.

Blessings.

THE MOTHER

 

In the competitions, Olympic Gymnastics formed the major part while there were also Gymnastic Tests and Mass Exercises. There were the usual items and grading. The Grade I did not participate as they were being trained by the German coach, Shanta (Ilona Eckgold). The Group 'A' had their own events.

The competitions ended on the 24th October and then started the preparations for the demonstration on the 2nd December.

The new sessions commenced on the i6th December with the programme remaining the same except for a few minor changes. After regrouping, the present arrangement of groups is as follows ;—

a présenté deux poèmes français modernes.

Parmi les autres causeries et conférences, nous pouvons citer :

Les impressions de voyage de Latâ, qui a fait un stage en France pour l'étude du système pédagogique français et suivi un cours d'art dramatique en Allemagne,

Une causerie de Bhâratidi (Mlle Karpelès), avec projections, sur l'Inde bouddhiste,

Quelques aspects de la vie et de la culture européennes, vues par Aster, qui est en train de préparer à la Sorbonne, à Paris, une thèse sur Sri Aurobindo et Bergson;

Toute une série d'entretiens sur l'enseignement du français par M. Geneslay, professeur en retraite et membre du conseil de la Société astronomique de France; M. Geneslay a entrepris en outre des cours réguliers de français et d'astronomie.

 

Éducation physique

 

La saison de gymnastique avait commencé le 24 septembre. Les compétitions de leur côté se sont ouvertes le 18 octobre avec ce message de la Mère :

 

"Concours de gymnastique 1964.

Le i8 octobre est un beau jour.

La Gymnastique est un bel art.

Et vous serez de beaux Gymnastes.

Bénédictions."

La Mère

 

La gymnastique olympique constituait la partie la plus importante de ces compétitions; mais il y avait aussi des épreuves et des exercices d'ensemble sur les mêmes matières et avec les mêmes subdivisions que d'habitude. La Iere division, qui avait été entraînée par la monitrice allemande, Shântâ (Ilona Eckgold), n'a pas pris part aux compétitions. Le groupe A a eu ses épreuves particulières.

Les compétitions se sont terminées le 24 octobre. Ensuite ont commencé les préparatifs de la démonstration du 2 décembre.

Page – 106 - 107


Group A

Group B

Group C

Group D

Group E

Group F

(6-15 Yrs.)

(16-18 Yrs.)

(18-25 Yrs.)

(18-25 Yrs.)

(26-40 Yrs.)

(26-40 Yrs.)

Boys 90

Boys 34

Boys --

Boys 52

Men  --

Men  63

Girls 80

Girls 26

Girls 66

Girls --

Women 49

Women --

Group G

(Above 40 Yrs.)

Men  --

Women 40

Group H

(Above 40 Yrs.)

Men  83

Women --

Non-Group (Mixed)

 

Men  89

Women 25

Capt.& Inst.(Mixed)

 

Men  24

_______

435

Women 19

_________

305

  

From 1965 it has been decided to award a special prize to the best all-round athlete (a boy and a girl). This will be the "Sports Star" and the award will be decided on the following points :—

1. Regular and consistent participation in all the activities of Physical Education including competitions and physical demonstrations.

2. An all-round excellence in the various physical education activities.

3. A good sense of discipline and personal behaviour and sporting spirit.

4. Enthusiasm to learn, will to progress and an earnest application to achieve these ends.

5. A marked improvement in health and physique.

 

Although the games season will commence from the Ist March, some tournaments have already started so that they could end in June with those of other games.

 

Entertainment and Exhibitions .

 

On the 30th October the Kindergarten Section presented a programme of songs and dances in colourful costumes.

The Saturday evening programmes of the year ended on the 31st

Le programme de la nouvelle année reprit le 16 décembre, avec peu de changement sur l'année précédente. Les nouveaux groupes se répartissent ainsi :

 

Groupe

Age

 

Garçons ou

hommes

Filles ou femmes

A

B

C

D

E

F

G

H

Hors-groupe

Capit. et instr.

6 à 15 (mixte)

16 à 18 (mixte)

18 à 25 (fille)

18 à 25 (garçons)

26 à 40 (femmes)

26 à 40 (hommes)

plus to 40 (femmes)

plus de 40(hommes)

enfants (mixte)

(mixte)

90

34

--

52

--

63

--

83

89

24

____

435

80

26

66

--

49

--

40

--

25

19

____

305

 

Il a été décidé d'accorder à partir de 1965 aux meilleurs athlètes (un garçon et une fille) un prix spécial appelé l'Étoile des Sports, qui sera attribué d'après les critères ci-dessous :

1. Participation régulière à toutes les activités de l'éducation physique, y compris compétitions et démonstrations.

2. Première place dans les diverses activités d'éducation physique.

3. Sens de la discipline, bonne conduite, esprit sportif.

4. Bonne volonté pour apprendre, volonté de progresser, application pour y parvenir.

5. Amélioration marquée de l'état corporel et de la santé.

Quelques tournois ont déjà commencé afin de terminer en juin la saison des jeux dont le début officiel se place en mars.

 

Activités culturelles

 

Le jardin d'enfants nous a offert le 30 octobre un programme de chants et danses en costumes pittoresques.

Page – 108 - 109


December with competitions of (a) fancy dress of different professions (primary classes) (b) recitations (secondary classes) and (c) exhibition (secondary and higher courses). In this last item, a student, or a group, spoke on a chosen theme with exhibits. Subjects such as "Indian Classical Dances", "Musical Instruments of India" etc. were selected and effectively presented.

There were two exhibitions during this quarter. One was on Children's Art from the 23rd to the 2yth November, on Drawing, Painting, Paperwork, Claywork, Embroidery, Leather-work, Carpentry and Shell-work.

The second exhibition from 30-10-64 to 2-11-64 was by the children of the Free Progress class of 4 to 6 on the "Marvellous Secrets of Nature". Pictures, specimens and charts were prepared by the children and explained by them to the visitors in French and English.

The Twentyfirst Anniversary of our School was celebrated on the Ist, 2nd and 3rd December. On the Ist December there was a very fine presentation of Sri Aurobindo's "The Hour of God" in recitation, mime and dance—with The Mother Herself reading the inspired words of the great piece. The accompanying music was an extraordinarily fine composition based on a musical theme given by The Mother and composed and orchestrated by Sunil. It was a really impressive and memorable presentation.

On the 2nd December was the Physical Demonstration at the Sports Ground. There were eight items but the programme was made short and crisp by a very fine organisational work that made one event follow the other in quick succession. The demonstration was much appreciated by the large audience of Ashram members and the public.

On the 3rd December was presented at the Theatre the last eight scenes of Sri Aurobindo's "The Viziers of Bassora". This colourful and dramatic piece was much appreciated by the public audience. An earlier show on the 30th November was for the Ashram members.

A Saturday programme of pieces of La Fontaine was arranged specially for Pavitra's birthday on the i6th January.

On the 24th January the Hindi Section presented a short Hindi play and songs and recitations.

There were the usual picnics by the various groups at the Lake and

Les programmes du samedi après-midi se sont terminés le 31 décembre par un concours de costumes, de récitations et d'expositions. Dans cette dernière catégorie, un étudiant ou un groupe parlait et présentait le sujet qu'il avait choisi : danses classiques de l'Inde, instruments musicaux de l'Inde, etc.

Il y eut ce trimestre deux expositions :

Une exposition d'art enfantin en novembre : dessin, peinture, objets en papier, modelage, broderie, cuir, etc.

Une exposition intitulée "Les merveilles de la nature" organisée par les enfants des classes de Libre Progrès (10 à 14 ans). Peintures, dessins et spécimens étaient présentés et commentés aux visiteurs en français et en anglais par les élèves eux-mêmes.

Le vingt-et-unième anniversaire de l'École a été célébré les Ier, 2 et 3 décembre. Le Ier décembre, présentation de L'Heure de Dieu de Sri Aurobindo, avec récitations, mimes et danses. Nous avons entendu les belles paroles de cette œuvre lues par la Mère elle-même et enregistrées sur bande. La musique d'accompagnement était basée sur un thème donné par la Mère, composé et orchestré par Sunil.

Le 2 décembre, démonstration d'éducation physique au terrain de sports. Huit parties très bien organisées et sans aucune interruption.

Le 3 décembre, présentation au théâtre des huit dernières scènes de The Viziers of Bassora, pièce de Sri Aurobindo, dont une première représentation avait été donnée le 30 novembre pour les membres de l'Ashram.

Un choix de fables de La Fontaine mimées par des élèves fut présenté le samedi 16 janvier, pour l'anniversaire de Pavitra.

Le 24 janvier, la section de hindi a joué une pièce en hindi avec chants et récitations.

Les pique-niques habituels eurent lieu au Lac ou en d'autres sites des environs. Une de nos photos représente un groupe en excursion au barrage de Sathanur.

Le 24 novembre, il y eut méditation le matin, et le soir darshan de la Mère. Puis au terrain de jeux se déroula le programme habituel, défilé et concert de la fanfare de J.S.A.S.A., suivi de la distribution des prix du Centre d'Éducation pour les études et les compétitions d'athlétisme et de gymnastique. La journée se termina par une méditation et des projections de photographies en couleur de la Mère.

Page 110 - 111


elsewhere. We publish pictures of a picnic group at the Sathanur Dam.

On the 24th November we had a meditation in the morning and The Mother's Darshan in the evening.

At the Playground there was the usual programme of the March Past and a concert by the J.S.A.S.A. Band. After this was the Prize Distribution for the Centre of Education and of the Athletic and Gymnastic competitions. This was followed by a meditation during which coloured slides of The Mother were shown.

On the 5th December, the anniversary of Sri Aurobindo's passing, we had a meditation in His room and around it. Then on the 9th December we had a meditation at His Samadhi.

On the 24th December The Mother gave a Darshan. This was very largely attended by many persons from all over the country as it was at a very convenient holiday time.

On the 25th December we had our usual Christmas Tree Distribution at the Theatre. Again there were colourful and gay decorations and a special display of an electric train system which had been sent as a present from a friend in France.

The Mother's message for Christmas was :—

 

'If you want peace upon earth, first establish peace in your heart.

If you want union in the world, first unify the different parts of your own being.

Blessings.

 

On New Year's Day we heard Mother's message

 

"Salute to the Advent of the Truth"

 

to the accompaniment of a great piece of orchestral music composed on a theme which was specially given by Mother for the New Year.

We had a number of visitors to our Centre from France.

On the 2Ist October there was a visit of Professor Jacques Millot, Director of the "Musée de 1'Homme", Paris and Madame Millot.

On 16th January there was the visit of the French Delegation of 8 members of Parliament touring South East Asia led by the Vice President

Le 5 décembre, anniversaire du "retrait" de Sri Aurobindo, une méditation eut lieu dans son appartement et aux alentours.

Le 9 décembre, méditation autour du Samâdhi.

Le 24 décembre. Mère a donné un darshan, auquel assistèrent un grand nombre de personnes venues de toutes les parties de l'Inde.

Le 25 décembre. Arbre de Noël, gaîment décoré, et distribution de cadeaux, comme tous les ans. Une attraction spéciale était un train électrique avec un grand circuit. Ce train avec tous ses accessoires était un cadeau d'un ami de France.

Le message de la Mère pour Noël était le suivant :

 

"Si vous voulez la paix sur la terre, établissez-la

d'abord dans votre cœur.

Si vous voulez l'union du monde, unifiez d'abord

les différentes parties de votre propre être.

Bénédictions.'"

La Mère

 

Le jour de l'an nous avons entendu le message de la Mère, "Salut à toi. Vérité!", avec accompagnement musical, orchestré sur un thème donné par la Mère spécialement à l'occasion de l'année nouvelle.

Le 21 octobre, visite du professeur Jacques Millot, directeur du Musée de l'Homme à Paris, et de M"" Millot.

Le 16 janvier, visite d'une délégation de huit membres du Parlement français, sous la direction de M. Schmittlein, vice-président de l'Assemblée nationale française. Le consul général et le vice-consul général de France accompagnaient la délégation.

 

Publications nouvelles

 

1. Agenda 1965, avec citations (en anglais) de "The Synthesis of Yoga" de Sri Aurobindo.

2. Sri Aurobindo or the Adventure of Consciousness, traduction anglaise du livre de Satprem. Édité par India Library Society, New York.

3. On the Veda, Sri Aurobindo, nouvelle édition.

4. Sri' Aurobindo and His Ashram, nouvelle édition revisée et augmentée.

Page – 112 - 113


of the French Assembly, Mr. Schmittlein. The French Consul General and Vice Consul General accompanied the Delegation. They expressed keen interest in our work.

 

New Publications

 

1. Diary for 1965 with quotations from Sri Aurobindo's The Synthesis of Yoga.

2. Sri Aurobindo or Adventure of Consciousness, English Edition of Satprem's French original. Published by India Library Society, New York.

3. On the Veda by Sri Aurobindo, New Edition.

4. Sri Aurobindo and His Ashram, a revised and enlarged Edition.

5. Séance Commemorative de Sri Aurobindo à la Sorbonne, yd Edition.

6. Meditations on Savitri, Vol. III.

 

________________

Suite de la page 113

 

5. Séance Commémorative de Sri Aurobindo à la Sorbonne; nouvelle édition.

6. Meditations on Savitri, Vol. III.

Top

Page – 114


Illustrations

 

 

Commencement of Gymnastic Competitions

Commencement des épreuves de gymnastique  

 

 

A Gumnastic Class

Une class de gymnastique

Page I


Twenty-second Anniversary of the Centre of  Education

December 1, 1964

Vingt-deuxième anniversaire du Centre International d'Éducation

— décembre 1er 1964

 

 

 

Scenes from the Hour of God

Scènes de L'Heure de Dieu

Page II


 

 

Scenes from the Hour of God

Scènes de L'Heure de Dieu

Page III


 

 

Tableaus from the Hour of God

"Sleeping or Unprepared"

"Misuse of the moment"

Tableaux vivants de L'Heure de Dieu — "Sommeil et absence de préparation"

"Mauvais emploi de l'occasion"

Page IV


 

 

Tableaus from the Hour of God

"Destruction"

Confidence and aspiration

Tableaux vivants de L'Heure de Dieu — "Destruction"

"Rejet de toute crainte"

Page V


 

Physical culture Demostrations,

December 2, 1964

Démonstration de culture physique

— 2 décembre 1964

 

 

The Band

La fanfare

Page VI


 

 

Physical culture Demostrations,

December 2, 1964

Démonstration de culture physique

— 2 décembre 1964

Page VII


 

 

Physical culture Demostrations,

December 2, 1964

Démonstration de culture physique

— 2 décembre 1964

Page VIII


 

 

Physical culture Demostrations,

December 2, 1964

Démonstration de culture physique

— 2 décembre 1964

Page IX


 

 

Physical culture Demostrations,

December 2, 1964

Démonstration de culture physique

— 2 décembre 1964

Page X


 

 

Physical culture Demostrations,

December 2, 1964

Démonstration de culture physique

— 2 décembre 1964

Page XI


 

Scenes from "Viziers of Bassora" a play by Sri Aurobindo

Scènes des Vizirs de Bassorah, drame de Sri Aurobindo

Page XII


 

 

Scenes from "Viziers of Bassora" a play by Sri Aurobindo

Scènes des Vizirs de Bassorah, drame de Sri Aurobindo

Page XIII


 

 

Scenes from "Viziers of Bassora" a play by Sri Aurobindo

Scènes des Vizirs de Bassorah, drame de Sri Aurobindo

Page XIV


 

 

Scenes from "Viziers of Bassora" a play by Sri Aurobindo

Scènes des Vizirs de Bassorah, drame de Sri Aurobindo

Page XV


 

 

Year-end picnic to Sathanur Dam

Pique-nique de fin d'année au barrage de Satnhanur

Page XVI


Top

HOME